un temps de guerre froide. Cela explique les propos de Stiglitz assez durs à leur égard : « Le
problème, ce n’est pas la mondialisation mais les institutions économiques internationales,
notamment le FMI, qui ont imposé un certain nombre d’idées: le fanatisme du marché, une certaine
vision du capitalisme à l’américaine, vu comme le meilleur, voire le seul, système économique
universel ». Elles ont de fait participé à ce mythe du capitalisme libéral comme menant
nécessairement à la démocratie, fait que Naomi Klein, dans son ouvrage la stratégie du choc,
critique au plus haut point. Cette idée d'un possible rattrapage des pays en développement ne doit
pas être abandonnée, mais si la globalisation a permis une forte croissance de certains d'entre eux,
elle a aussi entraîné la mise en place de la théorie des avantages comparatifs dans une nouvelle
forme – celle du modèle Hecksher-Ohlin-Samuelson – où il y aurait des pays qualifiés et des pays
qui ne le seraient pas, pour faire très simple, ce que ne manque pas de rappeler Benjamin Mkapa,
ancien président de la République Unie de Tanzanie : « le programme d’enseignement primaire ne
donne pas forcément des compétences techniques à ceux qui suivent l’éducation de base, il n’est
donc pas très surprenant que certains parents et enfants jugent l’instruction inutile et préfèrent,
entrer prématurément sur le marché du travail non qualifié ».
B. « Réformons les institutions internationales ».
« Refondre le capitalisme », réformer les institutions internationales, telles
sont les propositions suscitées par la crise. Pour reprendre la critique de Stiglitz, « certaines règles
inégales du commerce, comme celle régissant la propriété intellectuelle, sont le fruit de pressions
des laboratoires pharmaceutiques et de l’industrie des loisirs. Elles vont à l’encontre des intérêts de
la communauté scientifique et de ceux qui se soucient de la santé et du bien-être des pauvres ». Il y
a donc un premier problème au niveau de l'effectivité des règles internationales, du à la fois au
lobbying des multinationales qui n'ont pas, il est vrai d'intérêt à innover si leur innovation ne leur
garantit pas un monopole temporaire suffisant, mais aussi aux Etats eux-mêmes. Les plus riches, en
plus de détenir le pouvoir décisionnel, préfèrent bien souvent payer des amendes que de respecter
les règles qu'eux-mêmes se sont pourtant données. Le principal problème de l'économie globale
reste finalement l'absence de gouvernance économique globale légitime qui fait, toujours selon
Stiglitz, que « la mondialisation a été trop rapide et mal gérée ». Si gouvernance économique
mondiale il y a, on peut lui faire le même reproche que celui adressé par Jean-Paul Fitoussi à la
gouvernance européenne : trop de règles (qui, au demeurant, ne sont pas respectées), pas assez de
choix.