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PSYCHOLOGIE ET NEUROPSYCHOLOGIE COGNITIVE I
Année académique 2010-2011
Titulaire: Philippe Mousty& Wim Gevers
PSYCHOLOGIE ET NEUROPSYCHOLOGIE COGNITIVE I ..................................................... 1
2.4 Les processus perceptifs de haut niveau - Représentation 3D ............................................... 1
2.4.1. Approches théoriques générales ..................................................................................... 2
2.4.1.1.Théories constructivistes ou indirectes (Bruner, 1957 ; Gregory,1972) .................. 2
2.4.1.2 Théories directes (Gibson, 1950, 1966,…) .............................................................. 3
2.4.1.3. Cycle perceptif de Neisser - compromis entre les deux approches précédentes ..... 3
2.4.2. Reconnaissance des patrons visuels ............................................................................... 4
2.4.2.1. Théorie des gabarits (Template theories) ................................................................ 4
2.4.2.2. Théorie des traits (Feature theories) ........................................................................ 4
2.4.2.3 Descriptions structurales .......................................................................................... 5
2.4.3. Reconnaissance des objets ............................................................................................. 6
2.4.3.1. Modèle de Humphreys & Bruce (1989) .................................................................. 6
2.4.3.2. Modèles fondés sur l’extraction de composantes .................................................... 7
Modèle de Marr & Nishihara (1978) ............................................................................ 7
Modèle de Biederman (1987) ......................................................................................... 8
2.5. Les Troubles .......................................................................................................................... 9
2.5.1. Les Troubles vus au cours magistral .............................................................................. 9
2.5.2. Evaluation des troubles de l'identification visuelle des objets (TP) ............................. 12
2.5.2.1. Etape A: Préambule à l'évaluation ........................................................................ 12
2.5.2.2. Etape B: Evaluation du traitement perceptif ......................................................... 12
2.5.2.3. Etape C: Evaluation des traitements associatifs .................................................... 12
2.6. Conclusions ......................................................................................................................... 13
2.4 Les processus perceptifs de haut niveau - Représentation 3D

Nous pouvons reconstruire une représentation 3-D, stable et indépendante du point de vue de
l’observateur, à partir de photos 2-D ou d’objets 3-D qui sont projetés sur la rétine en 2-D.

Un objet peut être identifié en dépit du fait qu’il soit partiellement masqué, qu’il soit perçu
selon différents angles de vue,…

Evidence neuropsychologique en faveur d’un niveau de représentation indépendant du point
de vue de l’observateur :
o Patients avec lésion pariétale droite : capables de nommer et définir les propriétés
d’objets seulement si ceux-ci sont présentés dans un angle de vue conventionnel
(Warrington & Taylor, 1978)
-> agnosie de transformation (Humphreys & Riddoch, 1987)
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-> le passage de 21/2-D à 3-D n’est plus efficient.
o Patients avec lésion pariétale gauche : capables de décrire très précisément les objets
perçus dans des angles de vue conventionnels ou non-conventionnels, mais incapables
de les nommer et de définir leurs propriétés (alors qu’ils les connaissent si on les
interroge verbalement)
-> agnosie associative d'accès sémantique
-> disconnexion entre représentation de la forme de l’objet ("description
structurale") et sa représentation sémantique

Nous pouvons aussi, sans effort, catégoriser les formes et les objets que nous percevons alors
qu’ils peuvent présenter des caractéristiques visuelles très différentes en termes de taille,
couleur, forme,…
p.ex., on identifie un cocker et un dalmatien comme des chiens alors qu’un chat pourrait
partager davantage de caractéristiques communes avec le cocker

Ces processus extrêmement complexes ont donné lieu à de nombreuses approches théoriques
2.4.1. Approches théoriques générales
2.4.1.1.Théories constructivistes ou indirectes (Bruner, 1957 ; Gregory,1972)






La reconnaissance des formes est un processus constructif, pas seulement déterminé par la
stimulation mais sous l’influence de processus descendants (« top-down » plus important que
dans le théorie de David Marr)
Elle résulte de l’interaction entre le stimulus et les hypothèses faites par le système perceptif
sur la base de ses connaissances antérieures.
Elle est également influencée par nos motivations, attentes, désirs, …
Ceci permettrait d’expliquer de nombreuses illusions perceptives. C’est l’argumentation
principale.
La ligne de droite nous paraît plus longue que celle de gauche alors qu’elles sont de longueur
égale. Selon Gregory, l’illusion de Müller-Lyer montrerait que nous appliquons aux formes et
objets nos connaissances antérieures : les angles formés par les flèches donnent l’impression
que les lignes verticales sont les coins extérieurs ou intérieurs d’un volume (pièce,
bâtiment,…). Ce serait donc un effet de perspective.
Remarque: cette interprétation basée sur l'utilisation d'indices de profondeur est insuffisante
pour expliquer le fait que l'illusion persiste, même si elle est moins forte, lorsque les angles
sont, p. ex., remplacés par des ellipses).
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2.4.1.2 Théories directes (Gibson, 1950, 1966,…)


Cette approche donne au contraire la priorité aux processus ascendants.
La stimulation est suffisamment riche pour permettre la reconnaissance des formes et des
objets grâce à l’extraction d’invariances (constance des propriétés de l’objet)

Le sens des objets est contenu dans les objets eux-mêmes par les affordances (les
caractéristiques fonctionnelles des objets sont contenues dans la stimulation) sans nécessité de
recourir aux connaissances en mémoire.
Wikipedia dit que affordance = capacité d'un objet à suggérer sa propre utilisation

La reconnaissance des objets se fait de manière automatique, sans effort, gâce au processus de
résonance (par analogie avec un récepteur radio qui peut capter les ondes d’un émetteur s'il
est réglé sur le bon canal de fréquence)
2.4.1.3. Cycle perceptif de Neisser - compromis entre les deux approches précédentes

Il reste toute une série de phénomènes perceptifs sans explication sérieuse (voir Lemaire,
1999, pp. 53-59, pour quelques exemples)

Dans de nombreuses circonstances, la perception visuelle combine des processus ascendants
et descendants
L’importance relative de ces processus pourrait dépendre notamment des conditions de
vision: les processus descendants/approche indirecte joueraient un rôle plus important quand
ces conditions sont médiocres. Si très bonne condition de vision, le processus du bas vers le
haut/approche directe est plus important. Ex de la cave de Bourgogne.


Ulric Neisser (1967) a proposé une conception qui concilie les approches directe et indirecte
en combinant processus ascendants et descendants.
Lemaire: nous ne cherchons pas de chimpanzé en haut de la Tour Eiffel à Paris, mais nous
essayons de répérer le Sacré-Coeur ou Notre-Dame. C'est ce que Neisser appelle
l'échantillonage des stimuli.
Fonctionne en boucle. Shémas en mémoire = connaissance acquise ; Environnement stimuli =
prise d’info.
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

Malheureusement cette théorie du cycle perceptif est trop générale et ne spécifie pas assez les
processus impliqués dans la reconnaissance des formes et des objets
D’une manière générale, les approches théoriques classiques ont sous-évalué la complexité
des processus
2.4.2. Reconnaissance des patrons visuels

De nombreux travaux ont porté sur la reconnaissance des symboles alphanumériques (lettres,
chiffres) qui peuvent varier considérablement dans leurs caractéristiques visuelles.
Ces théories sont modalisable, un scanner peut reconnaître les caractéristiques des caractères.

Ces différentes théories partagent l’idée générale que l’information extraite des processus de
traitements de plus bas niveaux doit être « appariée » avec des informations stockées
préalablement en mémoire
2.4.2.1. Théorie des gabarits (Template theories)




Existence de copies miniatures en mémoire (gabarits = forme prototypique) pour chaque
patron visuel : la reconnaissance du patron dépend du degré de similitude avec un gabarit
disponible (principe du meilleur appariement)
Cette conception est irréaliste car il y a trop de variabilités dans la stimulation pour aboutir à
un seul gabarit vu la très grande de chacune des formes.
Pour répondre à ce problème, deux adaptations de la théorie ont été proposées :
o Processus préalable de normalisation de la stimulation pour aboutir à une
représentation standardisée avant l’appariement aux gabarits
o Gabarits multiples (plusieurs prototype pour chacune des formes) pour un même
patron (ou objet) visuel
Ces solutions sont insatisfaisantes car inefficaces par rapport à la diversité de certains patrons
visuels (ex : reconnaissance de bâtiments) ou trop peu « économiques »
2.4.2.2. Théorie des traits (Feature theories)



Modèle plus généralisable
Chaque patron visuel est composé de traits distinctifs,
o Visages : nez, yeux, bouches, ….(chacun ayant des particularités)
o Lettres : lignes horizontales ou verticales, angles, courbes,…
La combinaison de ces traits distinctifs permettrait d’identifier un patron visuel

Exemple : le Pandemonium (Selfridge, 1959; Neisser 1967) :
chaque lettre est analysée en fonction de ses traits locaux
constitutifs. En mémoire, chaque lettre est représentée par un «
démon » qui contient la liste de ses traits distinctifs.

Le Pandemonium (et d’autres modèles similaires) ont tenté de
décrire les processus (activation, inhibition, poids des connexions)
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qui permettraient l’appariement entre le niveau des détecteurs de traits et le niveau des
détecteurs des lettres.

Les travaux classiques de Neisser sur la recherche visuelle ont fourni un appui à cette théorie:
il est plus rapide de rechercher un Z parmi des caractères curvilignes (O G C ..) que parmi des
caractères angulaires (W N V…)

D’autres travaux plus récents ont montré que, si l’analyse des traits est vraisemblablement
importante dans l’analyse des lettres, ce n’est pas uniquement la nature des traits distinctifs
qui importe mais aussi d’autres variables (p.ex. leur fréquence spatiale; Harvey et al, 1983)

Influence du contexte : (ce n'est donc pas un processus complétement ascendant)
o Effet de restauration des lettres : la reconnaissance des lettres bénéficierait-elle de
la reconnaissance du mot ?
o Effet de supériorité des objets : un trait est plus facilement interprété s’il fait partie
d’un objet ou d’une forme cohérente. On met plus de temps à reconnaître une
lettre si elle ne fait pas partie d’un mot.

Enfin, une simple liste de traits est insuffisante pour spécifier de nombreux patrons visuels (T
et L partagent les mêmes traits ; / \ - peuvent composer un A mais aussi de nombreux autres
patrons) => nécessité de prendre en compte les relations spatiales entre les traits
2.4.2.3 Descriptions structurales


Description structurale = ensemble de propositions qui « décrit les composantes d’une
configuration et rend explicite l’arrangement structural de ses parties » (Bruce & Green,
1990)
Exemple : la description structurale de la lettre T pourrait comprendre les cinq propositions
suivantes : (NB, c’est peu économique)
o Il y a deux parties
o Une partie est une ligne horizontale
o Une partie est une ligne verticale
o La ligne verticale est en dessous de la ligne horizontale
o La ligne verticale est bisectrice de la ligne horizontale

Avantages : certains paramètres peuvent être obligatoires, d’autres pas (ex : la longueur des
lignes) => grandes flexibilité et richesse des descriptions

Limites :
o Si les descriptions structurales peuvent satisfaire pour la reconnaissance de patrons
2-D, elles ne le sont plus pour les patrons 3-D ou deviendraient trop coûteuses.
o Faiblesses théoriques :
 Les informations contextuelles ne sont pas prises en compte
 Comment s’effectue l’appariement entre descriptions structurales et
connaissances stockées en mémoire ?
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2.4.3. Reconnaissance des objets
2.4.3.1. Modèle de
Humphreys & Bruce (1989)

Reconnaissance des objets,
modèle cognitif : 1 boîte est
un ensemble de traitement.
Ce modèle est réalisé à partir
des patients cérébro-lésé,
observation de plusieurs cas
de dissociations des
différentes composantes de
cette architecture.

Différente forme d’agnosie
(agnosie = trouble de
l'identification via un certain canal) :
o Précoce : aperceptive
o Reconnaissance : associative
Exemples:
HJA (Humpreys & Riddoch, 1987)
 Ne peut plus (ou alors très lentement) reconnaître les
objets
 Décisions objets/non-objets proches du niveau du hasard
 Plus facile avec silhouettes que dessins (plus de traits à
intégrer)
 Peut pourtant recopier parfaitement des dessins
 Connaissances sémantiques intactes (définitions
correctes)
-> atteinte du système de classification perceptive
Patients avec encéphalite herpétique (Warrington &
Shallice, 1984)
 Grande difficulté à reconnaître les objets
 Définitions inadéquates quant aux propriétés perceptives
des objets (couleur, forme,…)
 Propriétés fonctionnelles des objets : définitions
généralement correctes (Silveri & Gainotti, 1988)
-> atteinte des connaissances structurales des objets
Cas d’anomie : difficultés spécifiques à récupérer le nom des
objets
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
Cette théorie offre un cadre théorique général très utile mais ne détaille pas les processus de
classification perceptive (voir les modèles qui suivent) Précision de ce qu’il se passe à
l’intérieur d’une boîte.
2.4.3.2. Modèles fondés sur l’extraction de composantes
Modèle de Marr & Nishihara (1978)
 La construction d’une représentation 3-D (indépendante du point de vue de l’observateur)
suppose que plusieurs critères soient satisfaits:
o Accessibilité : la représentation peut être facilement construite et accédée
o Applicabilité : la représentation construite s’applique aux différentes formes d’une
même catégorie
o Unicité : toutes les formes ou points de vue d’un objet aboutissent à une même
représentation
o Stabilité : la représentation inclut les similitudes entre les différentes formes
o Sensibilité : elle inclut aussi les détails saillants qui permettent de les distinguer




La construction de cette représentation 3-D est basée sur l’idée que le système va extraire les
primitives de l’objet : composantes élémentaires de structure conique ou cylindrique,
caractérisées par un axe principal.
L’arrangement spatial et la longueur de ces axes vont permettre au système de catégoriser les
objets
De plus en plus détaillée et précise.
La mémoire contiendrait pour chaque objet un répertoire de modèles 3-D organisé
hiérarchiquement : chaque objet peut être décrit à différents niveaux de sa stucture (forme
générale <-> détails locaux)
o Un modèle assez général suffira pour distinguer un bipède d’un quadrupède
o Un modèle plus détaillé sera nécessaire pour distinguer un homme d’un singe (ex. :
longueur des axes des primitives correspondant aux membres sup. et inf.)
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

Pour isoler (segmenter) les différentes primitives des objets complexes, le système perceptif
se baserait sur des algorithmes exploitant la concavité des contours (zones où le contour de
l’objet « pointe » vers son centre)
Différents algorithmes ont été proposés pour rendre compte de la manière dont la concavité
des contours pourrait être exploitée pour segmenter un objet en parties  implémentable dans
des programmes.
Modèle de Biederman (1987)




Dans la lignée des travaux de Marr et Nishihara, d’autres modélisations plus récentes ont
repris l’idée que la représentation 3D des objets pourrait reposer sur l’assemblage de parties
composites, mais les propriétés volumétriques de celles-ci diffèrent
Ainsi, dans le modèle de Biederman, ces primitives, appelées géons (geometric ions), sont
constituées d’un nombre limité (36) de formes (briques, cylindres, sphères, arcs, coins, etc…)
Ces formes sont présentes dans la majorité des objets.
L’originalité du modèle réside dans le fait que chaque géon aurait des propriétés spécifiques
et invariantes (non-accidentelles) déjà disponibles dans l’esquisse primale (ligne, angle…)
L’agencement des points de l’esquisse peut en effet se caractériser par la curvilinéarité, le
parallélisme, la symétrie, la co-linéarité et la présence de co-terminaisons
o Brique = parallélisme, pas de courbes
o Cylindre = parallélisme, curvilinéarité

Un géon pourrait ainsi être activé malgré les variations importantes de l’image dues à des
propriétés accidentelles : changements de point de vue, présence de bruit, indisponibilité de
certains contours de l’objet (interposition),…

Le mécanisme proposé par Marr et Nishihara (extraction des axes des primitives et
segmentation au niveau des zones concaves du contour) ne serait donc pas indispensable

Le système perceptif peut donc également détecter les propriétés invariantes des objets dans
l’image (propriétés non-accidentelles) et les assigner à des propriétés du monde extérieur ….
…. parfois erronément
Le recours à ces propriétés non-accidentelles pourrait expliquer de nombreuses illusions
optico-géométriques


Arguments expérimentaux favorables au modèle de Biederman:
 Des dessins dégradés qui détériorent l’information sur les concavités des contours
sont reconnus plus lentement que des dessins dégradés dont les éléments
manquants préservent cette information  concavité des contours très importante.
 Pour des temps de présentation très brefs (65 msec), des dessins lacunaires dont les
parties manquantes sont des sous-objets (ci-contre, avion du dessus) sont reconnus
plus difficilement que quand les parties manquantes n’affectent que des parties du
contour (avion du milieu).
Evaluation des modèles basés sur l’extraction de composantes
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

Conceptions beaucoup plus réalistes de la complexité des processus que les modèles
antérieurs (voir sections 2.4.1 et 2.4.2)
Plusieurs limitations cependant :
o Modèles peu efficaces pour certains objets dépourvus de parties constituantes
saillantes (ex : nuages)
o Modèles peu efficaces pour discriminer des formes ou des objets très similaires
o Rendent difficilement compte de l’avantage offert par des angles de vue
conventionnels, prototypiques sur des angles de vue non conventionnels (Palmer
et al., 1981)
o Rendent difficilement compte de l’avantage offert par le contexte dans certaines
études (Palmer, 1975)
Expérience de Palmer (1975) :




Paradigme d'amorçage: présentation d’une image représentant une scène visuelle (amorce)
suivie d’un objet (cible) sur lequel on mesure la variable dépendante (% RC)
Trois conditions expérimentales :
o C1 : contexte congruent : cuisine -> frigo
o C2 : contexte incongruent : cuisine -> boîte aux lettres
o C3 : contexte neutre : cuisine -> chaise
Résultats: meilleures performances pour C1 que pour C3 et pour C3 que pour C2
Conclusion : on a encore besoin de recherche pour trouver un modèle idéal.
2.5. Les Troubles
2.5.1. Les Troubles vus au cours magistral
De l'oeil au cortex visuel primaire
NB anopsie = privation de la vue,

Les troubles sensoriels de la
vision peuvent être nombreux
et concerner tant l'oeil luimême (myopie, strabisme,
cataracte, glaucome, ...), ses
muscles (nystagmus, ...) et les
structures de le rétine
(daltonisme, dégénérescence
maculaire,...) que les voies optiques qui acheminent les informations jusqu'au cortex visuel et
qui peuvent engendrer des alétartions des champs visuels (hémianopsie, quadranopsie, ...)

Nous ne développerons pas ces troubles qui sont plus l'objet d'étude des ophtalmologies que
des neuropsychologues. Toutefois, certains troubles comme l'héminégligence ou l'agnosie des
couleurs peuvent parfois se confondre avec eux.
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Il est donc crucial de pouvoir les diagnostiquer.

Les troubles de la perception visuelle peuvent toucher des étapes relativement précoces ou
plus tardives du traitement perceptif

On parlera dans ce cas d'agnosies visuelles, car ils concernent l'habileté de reconnaissance
(gnosies) visuelle des formes et des objets de notre environnement

Lissauer (1890) distinguait déjà deux grandes catégories d'agnosies visuelles: "aperceptives"
et "associatives":
o Aperceptive: altération de la perception
o Associatives: altération de la capacité à associer le résultat de la perception avec
les connaissances en mémoire
V
o
i
r
l
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p
l
e
s
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n
2
.
4

En se basant sur ces modèles, on peut donc distinguer plus finement différentes formes
d'agnosies visuelles possibles en fonction des étapes du traitement qui seraient sélectivement
altérées.

Parmi les agnosies aperceptives:
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o Etape 1: "agnosie de la forme": incapacité à discriminer les traits et les formes
géométriques élémentaires (incapacité de même les copier). Forme d'agnosie
extrêmement invalidante, souvent consécutive à des lésions très étendues du cortex
occipital
o Etape 2: "agnosie intégrative": altération de la capacité d'intégration des informations
pour en extraire les formes globales, un "tout perceptif", discrimination figure-fond
difficile ou altérée (test des figures enchevêtrées)
o Etape 3: "agnosie de transformation": le patient ne peut fournir de description de l'objet
que celle qu'il perçoit (dépendante du point de vue de l'observateur). Identification
difficile ou impossible des objets dans angles de vue non canoniques
o Etape 4: le patient ne reconnaît pas l'objet
o soit parce que l'association entre la représentation 3D et ses connaissances en
mémoire (représentations structurales) ne peut se faire correctement
o soit parce que ses connaissances en mémoire, elles-mêmes, sont altérées
o Etape 5: "agnosie d'accès sémantique": les étapes précédentes sont intactes (le patient peut
par exemple discriminer un objet d'un non-objet quelque soit l'angle de vue de la
présentation visuelle) mais il ne peut plus identifier l'objet et en fournir les fonctions alors
que si on l'interroge verbalement, il démontre que ses connaissances sémantiques sont
intactes
o Etape 6: "agnosie sémantique": altération des représentations sémantiques elles-mêmes, le
trouble n'est généralement pas spécifique à la modalité visuelle et peut parfois être très
spécifique de certaines catégories (objets vivants ou non, animaux, visages, ...)
o la prosopagnosie est un trouble qui peut, parfois sélectivement, affecter la
reconnaissance des visages (familiers et non familiers)

Si la description qui vient d'être faite de différentes formes d'agnosie visuelle peut
correspondre à des cas de patients présentant un profil relativement épuré, la réalité du terrain
est souvent beaucoup plus complexe. Voir TP.
JB (Riddoch & Humphreys, 1987) : cas d’aphasie optique
 Grande difficulté à reconnaître, nommer ou définir des objets
présentés visuellement, et à les dessiner de mémoire
 Pas de problème si ces objets sont présentés tactilement
 Sur base leurs noms, capable de classifier des objets, de mimer
leur fonction
-> systèmes de cassifications sémantique et perceptive ainsi que de
dénomination sont intacts
-> atteinte des connexions entre classification perceptive et classification sémantique
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2.5.2. Evaluation des troubles de l'identification visuelle des objets (TP)
2.5.2.1. Etape A: Préambule à l'évaluation

Déterminer si les facultés sensorielles élémentaires sont intactes
o Absence de lésion périphérique (diminution de l'acuité visuelle, altération de la
motricité oculaire, diminution du champ visuel, ..)
o capacités de traitement neuro-sensoriel (sensibilité à la lumière, couleur, ..)
2.5.2.2. Etape B: Evaluation du traitement perceptif

Est-ce que le patient est capable d'encoder et d'analyser les propriétés de base de la forme des
objets: la taille, l'orientation, la localisation, la longueur ?
o NB: il est capable de réaliser ces tests perceptuels tout en étant incapable de
reconnaître et d'identifier les objets sur lesquels les traitements sont effectués car
aucune de ces épreuves n'implique l'accès aux connaissances sur les objets.
(1) : Esquisse primaire
(2) : Représentation 2D 1/2
(3) : Représentation 3D
Un patient qui ne présente aucun
problème à ces épreuves
perceptuelles est capable
 d'encoder les dimensions de
base
 de lier ces dimensions dans
un percept organisé et de le séparer de l'environnement
 d'encoder ces propriétés quel que soit le point de vue sous lequel l'objet est vu
=> pas d'agnosie aperceptive dans ce cas
2.5.2.3. Etape C: Evaluation des traitements associatifs

Si le patient n'a ni décifit sensoriel, ni déficit perceptif, pourquoi ne parvient-il pas à dire
o Il ne le reconnaît pas ?
o Il ne l'identifie pas ?
o Il ne parvient pas à le dénommer ?
1. Connaissances structurales

Epreuves évaluant l'accès aux connaissances structurales à partir de la modalité visuelle
a) Décision d'objet (objet vs non objet, par exemple dessin construit en changeant la tête
ou le corps d'un dessin réel)
b - c) Appariement ou complétion de dessin
d) Connaissances visuelles fines (âne avec oreilles hautes, basse, crinière ou non, etc)
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e) Apprentissage de non objets: on examine si
le patient parvient à créer une représentation
de cet objet dans le stock de descriptions
structurales)

Epreuves évaluant l'accès aux connaissances
structurales à partir d'une autre modalité
Permet de déterminer si le trouble est
dû à l'accès au stock à partir de la
modalité visuelle (agnosie visuelle) ou
s'il est dû à un déficit en tant que tel du
système mnésique contenant le stock des descriptions structurales
f) Décision sur la véracité de phrases énonçant une propriété physique (structurale) d'un
objet, en modalité auditive ou écrite (girafe long cou ou serpent 4 pattes)
g) Dessin de mémoire (entrée auditive ou écrite)
attention à d'éventuels pb praxiques, ou à un éventuel déficit d'imagerie
2. Connaissances sémantiques

Epreuves évaluant l'accès aux connaissances sémantiques à partir de la modalité
visuelle
a) Appariement mot-image avec proximité visuelle et sémantique
b) Classement d'image par catégories sémantiques ex test pyramides et palmiers

Epreuves évaluant l'accès aux connaissances sémantiques à partir d'une autre modalité
permet de voir si le trouble est du à une agnosie visuelle ou à un déficit du système
mnésique sémantique en tant que tel
c) classement de mots écrits ou oraux par catégories sémantiques
d) vérification de phrases énonçant des propriétés sémantiques (auditif ou écrit)
e) tâches d'identification d'objets dans d'autres modalités (tactiles, sons, mots)
2.6. Conclusions



Les travaux s’accordent sur un ensemble de caractéristiques majeures des processus
perceptifs:
o Diversité des traits et indices utilisés à différents niveaux du traitement,
o Interaction entre processus ascendants et descendants, etc.
Ces processus ont donné lieu à de nombreuses modélisations qui doivent encore être affinées
pour lever certaines difficultés.
La cognition visuelle ne saurait être réduite à la description des processus perceptifs traités
dans cette partie du cours. Elle implique d’autres processus essentiels tels que l’attention et la
mémoire qui seront traités ultérieurement
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