Document annexe :
Guide pour les toxines amnésiantes (ASP) mai 2003
Article trouvé sur : http://www.ifremer.fr/envlit/documentation/documents.htm#1
Historique
Les premiers cas d’intoxications se sont déclarés fin 1987 lorsque de graves
empoisonnements alimentaires alarmèrent la population canadienne.
145 personnes, ayant consommé des moules récoltées dans l'estuaire de l'Ile-du-Prince Edouard,
présentèrent des troubles digestifs, neurologiques et surtout une perte de mémoire. Parmi ces
victimes, quatre personnes sont mortes et d'autres ont présenté des séquelles neurologiques
permanentes (Bates 1989; Smith 1993).
Ce nouveau syndrome est connu sous la dénomination anglosaxonne d'Amnesic Shellfish
Poisoning (ASP). Un nom et une abréviation française ont été également donnés : Intoxication
Amnésiante par Fruits de Mer (IAFM).
Données physico-chimiques
Après des recherches intensives, la phycotoxine responsable de ces intoxications
amnésiantes a été identifiée comme étant l'acide domoïque (Wright et al., 1989), composé
précédemment isolé au Japon, à partir de l'algue rouge Chondria armata domoi (Takemoto
et Daigo, 1958).
Activité toxique
Les premiers symptômes, de type gastro-intestinal (vomissements, diarrhées, nausées...)
surviennent dans un délai de 2 à 24 heures après consommation des moules contaminées.
Entre 24 et 48 heures, ce sont des symptômes neurologiques qui sont observés (maux de
tête persistants, désorientation et une confusion).
Dans les cas les plus graves, il apparaît une perte de mémoire, des dommages cérébraux et
parfois des convulsions et un coma pouvant conduire à la mort (Olney, 1994).
Les fruits de mer intervenant dans les premiers cas d'intoxications de 1987 au Canada,
étaient des moules, mais la toxine mise en cause a également été retrouvée dans d'autres
bivalves (coques, palourdes, couteaux...).
L’acide domoïque peut s’accumuler également dans d’autres organismes marins non filtreurs
comme par exemple les anchois. S’il est sans effet sur ces derniers, il peut être mortel pour les
oiseaux marins qui les consomment.
Détection
Ifremer a retenu la méthode suivante appelée « méthode de Quilliam » (1995) :
L'extraction est réalisée avec du méthanol 50 % suivie d’une étape de purification sur
cartouche échangeuse d’anions et d’une analyse par CLHP/UV *.
Un résultat est considéré comme positif lorsque l’échantillon contient plus de 20 µg d’acide
domoïque/g de chair.
Situation en France
La France n’est pas à l’abri de la dissémination mondiale de ces toxines (via les eaux de ballast,
transferts de coquillages…) puisqu’en 1998, des traces d’acide domoïque ont été détectées dans
les glandes digestives de moules en provenance des côtes d’Armor liées à la présence locale de P.
pseudodelicatissima (clone producteur de l’acide domoïque au Canada). En 1999, année de mise
en place de la surveillance des toxines amnésiantes, seules des traces de toxines largement
inférieures au seuil de sécurité sanitaire ont été mises en évidence dans des bivalves en
provenance de différents sites de la Bretagne, de la Charente Maritime et de la Méditerranée (Amzil
et Motteau, 2000). Par contre, durant le mois de mai 2000, les taux de toxines ASP ont dépassé le
seuil de sécurité sanitaire en Bretagne ouest, avec des maxima de 53 µg et 32 µg d’acide
domoïque par g de chair, respectivement dans des donax (Donax trunculus) et des moules (Amzil ,
2001).
* Chromatographie Liquide Haute Performance, avec détection UV à 242 nm (longueur d’onde
d’absorption des doubles liaisons conjuguées de l'acide domoïque).