Quelques notions d’addictologie L’addictologie est l'étude des addictions, c'est-à-dire de la dépendance physiologique et psychologique à une substance ou à un comportement. I – L’addiction. L'addiction ou la dépendance est une conduite qui repose sur une envie répétée et irrépressible, en dépit de la motivation et des efforts du sujet pour s'y soustraire. Le sujet se livre à son addiction (par exemple: utilisation d'une drogue, ou participation à un jeu d'argent) malgré la conscience aiguë qu'il a le plus souvent d'abus et de perte de sa liberté d'action, ou de leur éventualité. Les problèmes engendrés par une addiction peuvent être d'ordre physique, psychologique, relationnel, familial, et social. La dégradation progressive et continue à tous ces niveaux rend le retour à un comportement contrôlé de plus en plus problématique. L'addiction se rapporte autant à des conduites telles que le jeu compulsif, la dépendance au jeu vidéo à Internet et aux jeux de rôle2 en ligne, les conduites à risques ou la pratique d'exercices sportifs inadaptés entraînant un syndrome de surentraînement qu'à la dépendance à des produits comme l'alcool, le tabac ou les psychotropes qui jouent sur le système de la récompense du SNC. II – Le système de la récompense et du plaisir. L’utilisation des drogues jouent notamment sur le système de récompense qui est un système fonctionnel cérébral localisé dans le cerveau moyen (mésencéphale). Ce système est nécessaire à la survie car il fournit la motivation nécessaire à la réalisation d'actions ou de comportements bénéfiques visant à préserver l'espèce ou l'individu (recherche de nourriture, reproduction, évitement de dangers,...). Le système de la récompense agit par conditionnement en adjoignant une sensation de plaisir à ces comportements bénéfiques. Ce système est par conséquent la cible de nombreuses substances chimiques responsables des phénomènes d'addiction (dépendance). Bien que de nombreux types de neurones soient impliqués, les neurones dopaminergiques (utilisant la dopamine comme neurotransmetteur) ainsi que les neurones produisant le neurotransmetteur sérotonine semblent y jouer un rôle important. Le système de la récompense agit de la manière suivante : Lorsqu'une action bénéfique est réalisée, un signal nerveux est transmis au cortex cérébral qui traite l'information afin de déterminer si oui ou non elle sera sujette à récompense. Si c'est le cas, des hormones spécifiques sont produites et transmises aux neurones producteurs de dopamine. Ce neurotransmetteur est responsable de la sensation de plaisir. III – Les substances et comportements modifiant le fonctionnement du système nerveux central. III– 1 – Les toxines neurotoxiques. Certains micro-organismes synthétisent des toxines capables d’interférer avec l’action des neurotransmetteurs au niveau de la synapse. C’est notamment le cas de Clostridium botulinum, qui est responsable du botulisme. Sa toxine inhibe la production d’acétylcholine au niveau des jonctions neuromusculaires provoquant des paralysies. III – 2 – Les substances stimulantes. Le tabac est un excitant car il contient de la nicotine. Elle se fixe sur des récepteurs communs à l’acétylcholine au niveau des synapses du système nerveux végétatif provoquant la vasoconstriction des organes internes, une augmentation des sécrétions digestives… Le café avec la caféine augmente l’excitabilité neuronale en abaissant le seuil d’apparition du potentiel d’action. III – 3 – Les substances stimulantes psychotropes. Les molécules de cette famille ont en commun leur action sur le système nerveux central et notamment sur les régions responsables de l’activité psychique (système limbique et les aires associatives). Leurs utilisations engendrent une certaine tolérance (augmentation des doses à force de le consommer) et aussi une dépendance qui les classe parmi les drogues. L’alcool (ou éthanol) est réputé comme stimulant. En fait, la molécule active est l’acétaldéhyde, molécule résultant du métabolisme de l’alcool. Son effet s’exerce surtout sur le SNC et plus précisément le système limbique. L’action de l’éthanol présente trois phases : - - - Alcoolémies inférieures à 1g/L : excitation psychomotrice qui correspond à la levée de certaines inhibitions liées aux réflexes conditionnés venus de l’éducation, des contraintes sociales…c’est donc une inhibition de certains mécanismes inhibiteurs, et non pas une stimulation. Pour les alcoolémies comprises entre 1 et 3g/L : inhibition des circuits neuronaux de contrôle et de coordination des mouvements entrainant une incoordination motrice. Alcoolémies supérieures à 3g/L : généralisation de l’inhibition nerveuse une perte de conscience et un coma, qui en cas d’absence de traitement, peut entrainer la mort. La consommation chronique de l’alcool peut avoir des effets sur l’ensemble du métabolisme de l’organisme et sur la structure des tissus avec notamment la destruction du tissu nerveux et de la gaine de myéline…De plus, on observe les problèmes familiaux qui s’y ajoutent comme le chômage, maltraitance… Le cannabis est un produit d’origine végétale obtenu à partir d’une variété de chanvre. La molécule active est le THC (tétrahydrocannabinol) présente dans les feuilles et la sève. L’action du THC est psychotrope. Il agit sur le SNC. Le cannabis induit dans un premier temps une exaltation de l’humeur. La vitesse de la réaction est augmentée et apparaît une hypersensibilité des sens. A des doses plus importantes, ce dernier entraîne des périodes d’euphorie non justifiée alternant avec des épisodes d’agressivité et puis apparaissent des hallucinations (« trips »). Après une utilisation fréquence et prolongée peuvent apparaître des troubles de la mémoire, des syndromes confusionnels… III – 4 – Les drogues et toxicomanies. Toute substance psychotrope pouvant entraîner une dépendance est considérée comme une drogue. La consommation régulière de drogues est définit comme la toxicomanie. - - - - Opiacées : La morphine et les molécules apparentes (ex héroïne, méthadone…) agissent sur le SNC et notamment les centres de la douleur, permettant de la diminuer. Tout d’abord, leur consommation entraine un état d’euphorie et une sensation de détente. Les risques liés à l’utilisation des morphiniques sont liés à leur effet d’inhibition des centres bulbaires de la respiration, des centres cardiovasculaires… Lors utilisation réside dans le fait que le contrôle de la douleur est due par des molécules proches de la morphine (les endorphines), et l’apparition de la douleur signifie un manque relatif de ces substances. C’est ce manque qui conduit à l’excès de la consommation des morphiniques qui peut déclencher les réactions secondaires. Cocaine : cette molécule est extraite d’une plante, le cocaîer. Elle a des effets stimulants sur l’activité psychique. A des petites doses, elle provoque une euphorie et une stimulation intellectuelle. A des doses plus importantes, elle induit l’apparition d’hallucinations et parfois de épisodes de délires. Amphétamines : Ces substances ont été utilisées comme médicaments stimulants ou anorexigènes. Elles sont stimulantes car elle provoque la libération de noradrénaline et de dopamine. Cela entraine tout d’abord une stimulation importante diminuant la fatigue, la faim et une augmentation de la vigilance. Après quelques heures, les effets se dispersent, entrainant une fatigue importante, une anxiété et des insomnies. Sur le plan physique, on peut noter une accélération du rythme cardiaque. La substance la plus connue est l’ecstasy. Le LSD est une substance psychotrope de synthèse qui se présente sous forme de comprimés. Elle bloque les récepteurs de la sérotonine. Ses principaux effets sont hallucinogènes, et ses effets secondaires sont surtout végétatifs (naussées, palpitations…). III – 5 – Le comportement addictif dû à des conduites. L’addiction peut également être due par des comportements. On observe les dépendances sexuelles, l’utilisation abusive des jeux vidéo, mais aussi les troubles alimentaires comme la boulimie, l’anorexie. IV – Quelques médicaments agissant sur le SNC. - - Les antalgiques : molécules capable de diminuer ou d’abolir la sensation douloureuse. On observe ceux ayant une action centrale sur les centres de la douleur (comme la morphine), ou ceux ayant une action périphérique sur le foyer qui génère la douleur. Les anesthésiques : molécules capables de supprimer de manière transitoire la sensibilité consciente dans un territoire ou dans l’ensemble de l’organisme. Les tranquillisants sont les molécules du sommeil entrainant une diminution de la vigilance, un endormissement et diminuant l’anxiété. Les neuroleptiques sont des médicaments qui bloquent l’action de la dopamine dans le SNC en bloquant ces récepteurs. Ils ont un effet anti-hallucinatoire et antidélirant.