qui vont éventuellement différer sur une même maladie. A Strasbourg, un des critères qu’on
prend en compte, c’est le vécu des familles : il y a des familles qui vont mieux vivre la maladie…
on va plutôt dire moins mal la vivre … alors que d’autres vont la vivre de façon très
dramatique. On peut aussi avoir des variations de la sévérité d’une même maladie d’une
famille à l’autre.
Le service de DPI travaille t-il aussi sur des DPN ?
Non, pas du tout. Ce sont deux choses différentes.
On a entendu parler du DPNI aux Etats-Unis… Est-ce que vous pouvez nous renseigner,
même si cela ne rentre pas dans votre domaine de travail ?
Oui, donc le DPNI, le diagnostic prénatal non invasif, existe déjà en France. C’est une
technologie qui est nouvelle, sans l’être. Il y a dans la circulation sanguine d’une femme
enceinte, des cellules et de l’ADN qui proviennent du fœtus. On commence à arriver à faire des
analyses génétiques là-dessus. C’est relativement limité. Ce qu’on fait bien, c’est le sexage :
déterminer si c’est un garçon car on retrouve le chromosome Y. Il y a un certain nombre de
maladies, qu’on appelle les maladies liées au chromosome X, que seul le garçon développe.
Donc ça, c’est déjà pratiqué en France et il y a eu une très grosse augmentation de cette activité
tout récemment. Mais pour l’instant, c’est à des coûts tels que c’est peu pratiqué.
A l’aide du DPI, pourrait-on détecter un gène lié à la couleur des yeux ou cheveux par
exemple ?
Oui, on peut à peu près tout détecter, tant qu’on connaît les gènes qui sont impliqués. Cela dit,
ce n’est pas parce qu’on peut le faire qu’on va le faire et qu’on va nécessairement avoir une
demande pour le faire ! En ce qui me concerne, moi et mes collègues en France, le DPI est une
pratique médicale liée à la détection de pathologies, donc … trouvez-moi une explication pour
me dire que les yeux bleus ou les yeux clairs c’est une pathologie… Par ailleurs, les couples
prêts à passer par un DPI doivent être conscients que c’est lourd, c’est difficile à faire et ça ne
marche pas toujours! Et il y a des règles de l’hérédité qu’on ne peut pas non plus outrepasser.
Tant que ça reste au niveau de la demande privée, au niveau d’un couple, c’est une anecdote,
en revanche si ça devient une politique nationale, là, on serait dans l’épuration de l’espèce… La
problématique serait complètement différente.
Pourquoi n'est-il pas autorisé dans certains pays (Allemagne par exemple)?
C’est un problème historique. Ils ont un rapport à la sélection de l’espèce qui les fait hésiter
encore à autoriser cette pratique. Mais c’est en discussion depuis très longtemps, et ça devrait
quand même bientôt changer… De même, la pratique de la FIV est très compliquée en
Allemagne : ils n’ont pas le droit de mettre plus de 3 ovocytes en fécondation… Et ce n’est pas
beaucoup.