L'étude du comportement prix des firmes depuis Bertrand (1883) n'a cessé de faire l'objet
de plusieurs études théoriques. La modélisation de ce comportement dans une économie ouverte
se fait soit par une différenciation verticale, soit par une différenciation horizontale des biens
échangés. Les modèles de différenciation verticale sont initialement développés par Gabszewicz
et Thisse (1979, 1980), Gabszewicz, Shaked, Sutton et Thisse (1981) et par Shaked et Sutton
(1982, 1983). Cette modélisation suppose l'endogénèité de la qualité des biens, dans un jeu à deux
ou à trois étapes dans lequel les firmes choissent leur niveau de qualité avant de passer à une
concurrence par les prix.
Par rapport à cette littérature, nous proposons un modèle de concurrence prix avec une
différenciation verticale des produits et une hétérogénéité des firmes en considérant la qualité
comme exogène. Ce modèle est une extension de celui de Tirole (1988)
présenté en économie
fermée et avec symétrie de coûts. Nous raisonnons sur une économie fermée avec un bien de deux
qualités différentes. En supposant que chaque qualité est produite par une seule firme, les deux
firmes présentes sur le marché supportent des coûts de production asymétriques. On établit
premièrement les conditions d'équilibre d'une concurrence par les prix (à la Bertrand) en autarcie.
Dans une deuxième étape, nous considérons deux pays identiques avec des firmes hétérogènes au
niveau des coûts de production et nous étudions les effets possibles de l'ouverture à l'échange sur
le comportement prix des firmes et sur l'équilibre.
L'ouverture au libre échange permet de déduire des avantages spécifiques de certaines firmes par
rapport à leurs concurrents étrangers. Ces avantages spécifiques s'expliquent par une hétérogénéité
des performances des firmes en terme de coûts de production. A l'équilibre, seules les firmes qui
présentent des coûts faibles restent actives sur le marché puisque l'équilibre impose que ces
dernières fixent un prix inférieur au coût de production de leurs rivales à coûts élevés.
Voir Tirole : La théorie de l'organisation industrielle, Tome II , p 189-193