Dr Anne MALGOIRE LORIN : Les Etapes du Developpement Affectif de l’enfant, illustrées de dessins
Dr Anne Malgoire Lorin
Pédopsychiatre
malgoirelorin@orange.fr
Cours préparation concours IUFM
L’affectivité est le domaine des émotions et des sentiments.
Le développement affectif est une longue suite d’expériences plus ou moins conflictuelles, entre le sujet et son
entourage, mais aussi à l’intérieur du sujet (perspective psycho-dynamique).
Le développement affectif sera envisagé du point de vue de la théorie psychanalytique, dont l’apport a été
fondamental. D’autres données tirées de l’observation clinique, de travaux de psychologie expérimentale, et de
l’éthologie seront évoquées.
INTRODUCTION
« Les dangers pulsionnels rendent les hommes intelligents » Anna FREUD, 1936.
L’œuvre de Freud est une immense réponse (inachevée…) à la question : quelle est la cause de nos actes ?
comment fonctionne notre vie psychique ?
Quelques notions psychanalytiques de base :
1- l’inconscient
Il y a dans le comportement humain, des actes inattendus, qui surgissent dans notre conscient et dépassent nos
intentions : actes manqués, lapsus, oublis, rêves, apparition de telle ou telle idée, comportements affectifs, choix
amoureux inexpliqués. Ils sont surprenants et énigmatiques pour la conscience du sujet.
Ces actes non intentionnels font supposer l’existence d’un inconscient qui agit en nous sans que nous le
sachions, et détermine ce que nous sommes.
2 - les pulsions
Les pulsions sont ce qui nous anime depuis notre naissance, le moteur de notre existence. Elles donnent
naissance à nos émotions, nos espoirs, nos craintes, nos conflits, nos comportements, nos actes. (3)
Elles sont l’expression concrète et psychologique des intérêts profonds de l’être humain.
- Pulsion de vie (eros) :
La Libido est l’énergie de la pulsion de vie. Son but, c’est le nouage des liens entre notre psychisme, notre corps,
les êtres et les choses (9).
Elle se manifeste différemment tout au long du développement ; elle investit des zones du corps privilégiées
dites zones érogènes (orale, anale, phallique) avant de se centrer sur la sexualité génitale adulte.
- Pulsion de mort (thanatos) :
Elles visent à la déliaison, au détachement de la libido des objets, et au retour de l’être vivant à la tension zéro
(9).
Elles «tendent à la réduction complète des tensions, c'est-à-dire à ramener l’être vivant à l’état anorganique. »(6)
Elles sont tournées vers l’intérieur : autodestructrices, et vers l’extérieur : pulsions d’agression et de destruction.
Pulsion de vie et pulsion de mort sont antagonistes et indissociables.
Au-delà de leur différence, pulsion de vie (augmenter la tension) et pulsion de mort (retour à la tension zéro) ont
un trait commun : elles tendent à reproduire, répéter une situation passée : plaisante ou déplaisante. La tendance
à la répétition des échecs et des souffrances compulsion de répétition - s’explique par cette compulsion à
reprendre ce qui n’a pas été achevé, avec la volonté de le compléter (9).
3 - Les instances de la personnalité : la 2ème topique Freud 1920
Elles nous gouvernent
- Le çà :
C’est le pôle pulsionnel de notre personnalité, le réservoir de l’énergie psychique. Ses contenus sont
inconscients.
Il obéit au principe de plaisir.
Il entre en conflit avec le Moi et le Surmoi.
- Le Moi
C’est le médiateur entre : les exigences pulsionnelles du çà, les contraintes de la réalité, les exigences du Surmoi.
Il est chargé des intérêts de la totalité du sujet. Il assure la stabilité et l’identité de la personne. Il doit préserver
son autonomie.
Il est chargé de la lutte contre l’angoisse liée aux conflits, par les mécanismes de défense.
- Le Surmoi : instance « morale », interdictrice, interne, inconsciente.
Il « est l’héritier du complexe d’Œdipe » Freud. Il se construit par identification aux images parentales
intériorisées. Il prend à son compte les exigences attribuées aux parents. Il se montre souvent plus sévère que les
parents eux-mêmes.
- L’Idéal du moi : autre instance morale :
Modèle idéal à partir des valeurs morales et éthiques auxquelles le sujet cherche à se conformer
Héritier du « narcissisme (idéalisation du moi) et des identifications aux parents et aux idéaux collectifs » (6):
Fais ceci ; sois comme ton père ; pense comme lui ; sens comme lui.
4 - Le refoulement :
« Opération par laquelle le sujet cherche à repousser ou à maintenir dans l’inconscient des représentations
(images, pensées, souvenirs) liées à une pulsion » (6)
C’est une chape d’énergie qui empêche le passage des contenus inconscients vers le préconscient (9).
LES STADES DU DEVELOPPEMENT
Les premières expériences affectives sont fondamentales pour l’avenir psychologique de l’enfant et de l’adulte.
Mais, Anna FREUD comparait la vie à une partie d’échecs : les premiers coups sont très importants, mais tant
que la partie n’est pas terminée, il reste de jolis coups à jouer.
Bien sûr, Sigmund FREUD est le père fondateur de la psychanalyse et le 1er à étudier la sexualité infantile : en
particulier les stades génitaux avec le complexe d’Œdipe ; ces travaux ont été poursuivis par Anna Freud,
Mélanie KLEIN et D.W.WINNICOTT qui se sont particulièrement intéressés aux stades précoces prégénitaux-
(M KLEIN conflits intra psychiques, WINNICOTT conflits inter psychiques).
Les différents stades ne sont pas nettement séparés les uns des autres. Ils passent plus ou moins graduellement
l’un dans l’autre et se chevauchent.
On distingue les stades prégénitaux et les stades génitaux.
1°) LE STADE ORAL :
De la naissance jusqu’à 15 mois.
Stade prégénital
A) LES INTERETS DU NOURRISSON :
Ils sont plus limités que ceux de l’enfant plus grand.
a) Gratifications orales alimentaires : le plaisir d’être nourri, par la tétée.
b) Gratifications orales non alimentaires : le plaisir tiré de la succion : de la tétine, du pouce.
c) Autres gratifications : tactiles (contact peau à peau)[ application : « bébé kangourous »], kinesthésiques (
besoin d’être tenu, bercé), auditives, olfactives ( reconnaissance de l’odeur de la mère dés les 1ers jours) mais
aussi chaleur. Un maternage de bonne qualité suppose la prise en compte de tous ces besoins.
BOWLBY (1958) a insisté sur l’importance des liens non alimentaires entre le bébé et la mère, un besoin
primaire d’attachement, de contact interpersonnel et social : s’exprimant dans des conduites visant à retrouver ou
à maintenir la proximité avec la mère (ou son substitut).
Exp. HARLOW : de jeunes singes macaques rhésus séparés précocement de leur mère, mis en contact avec une
mère artificielle nourricière en fil de fer ou avec une mère artificielle non nourricière de contact agréable,
choisissent le leurre maternel en tissu.
B) LA RELATION D’OBJET :
a) pendant les premières semaines :
Il n’y a pas de distinction claire entre le sujet et le monde extérieur
Il y a alternance entre états de tension et de bien être ; déplaisir / plaisir ; besoins de l’enfant et réponses
maternelles
Le bébé est actif dans la relation.
La protection contre les stimuli externes est double :
- du côté du bébé : il a une barrière : il module sa vigilance, son attention
- du côté de la mère : rôle capital de pare excitation.
Freud : états de bien être = narcissisme primaire
Klein : états de bien être= bon objet / tension : mauvais objet que l’enfant tente d’écarter
Données récentes : basées sur l’observation directe :
Compétences du nourrisson : capacité à participer activement à l’interaction avec son entourage, sa mère en
particulier : Orientation sociale primaire BOWLBY (2), « Amour primaire » BALINT
b) l’accès à une relation objectale :
L’enfant identifie le monde extérieur en différenciant le personnage humain, des choses, dont l’enfant dispose
longtemps, comme des parties de lui-même.
2 modèles de développement :
1- Les processus d’intégration : l’intégration progressive d’expériences de reconnaissance partielle amène à la
reconnaissance d’autrui
- SPITZ (10): 3 périodes importantes appelées « organisateurs » (phases critiques et vulnérables)
+ Réponse sociale de sourire : 8ème semaine
Au sein de la dyade mère nourrisson : plaisir de la mère, renforcement des interactions ; répétitions
d’expériences qui permettent à l’enfant de relier la représentation de quelque chose d’extérieur à ce qu’il éprouve
en lui-même.
+ Angoisse du 8ème mois :
L’enfant ne répond plus par le sourire à n’importe quel adulte : distinction familier/ étranger
Devant l’étranger, en l’absence de la mère : l’enfant baisse les yeux, se détourne, voire pleure.
Conceptions actuelles :
La reconnaissance de la mère comme objet total se fait progressivement à une période antérieure au 8ème mois
Et, l’angoisse de perte de la mère est plus précoce que l’apparition de réactions manifestes de peur face à un non
familier.
Conceptions modernes des affects primaires (ENGEL) :
Il existe 2 grands types d’affects qui sont des comportements de base chez l’homme et dans d’autres espèces,
réponse psycho biologique de l’organisme à des situations traumatiques :
- l’affect angoisse : réponse à un danger menaçant
- l’affect dépressif : réponse à un danger qui s’est réalisé
+ Le non : 3ème organisateur, entre 12 et 18 mois :
Le non est dit ou exprimé par geste avec un plaisir manifeste.
L’enfant imite le geste de la mère qui interdit un certain nombre de choses ; ce qui lui permet de « s’identifier à
l’agresseur », et d’acquérir un certain pouvoir sur le monde extérieur.
2- Les processus de différenciation :
Perception syncrétique (appréhension globale et indifférenciée) du monde extérieur dont se dégage
progressivement autrui et soi
- MALHER (7): - 1ère phase qualifiée d’ « autistique », ou de fusion, de symbiose ; de la naissance à 6 mois.
- Puis processus de séparation- individuation :
1- différenciation, exploration : de 6 mois à 1 an, à proximité de la mère
2- phase d’exercices et d’entraînement : progrès instrumentaux considérables, l’enfant se lance à l’aventure, mais
revient souvent vers la mère (fin de 1ère année, début 2ème année)
3- phase de rapprochement (cf. début du stade anal)
- WINNICOTT(11 et 12) : pédiatre puis pédopsychiatre anglais
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