CONSEIL SUPERIEUR D`HYGIENE

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CONSEIL SUPERIEUR D’HYGIENE
1. IMPORTANCE DES FACTEURS PSYCHOSOCIAUX DANS LE TRAITEMENT DES
PATIENTS HOSPITALISES
2. ORGANISATION DE LA PRISE EN CHARGE DES BESOINS PSYCHOSOCIAUX
DES PATIENTS HOSPITALISES
Comme on l’a vu dans le chapitre 1. il existe un consensus pour que dans l’évaluation et la
prise en charge de problèmes de santé de patients hospitalisés, à côté des approches classiques
de type biomédical, soit également tenu compte des particularités psychologique de la
personne et des conditions sociales d’environnement dans lesquelles elle vit.
Aujourd’hui on dispose sur le plan scientifique d’évidences nombreuses qui indiquent
l’interaction permanente de ces trois dimensions bio psycho sociale sur le fonctionnement
d’un individu et aussi donc, sur le dysfonctionnement en cas de pathologies (réf.).
Dans ces conditions, il y a donc lieu de promouvoir la présence dans l’ensemble des hôpitaux
généraux d’une organisation structurelle qui, de façon généralisée, dans toutes ces institutions,
soit responsable de la prise en compte (identification, information au patient, initiation du
traitement si nécessaire, orientations ultérieures à la sortie) et aussi, traces laissées au dossier
des soins (dossier médical, dossier infirmier) permettant d’avoir un minimum de données
psychosociales en complément des données biomédicales. Ceci bien évidemment dans le
respect des droits des patients et de la protection de la vie privée. Ceci contribue largement à
une prise plus efficiente des besoins des patients, réduit les coûts hospitaliers par une
diminution de la durée de séjour et fournit, dans le cadre du bilan de santé et de l’orientation
thérapeutique globale, le minimum d’information indispensable au médecin traitant lors de la
sortie du patient, médecin traitant, qu’il soit généraliste ou spécialiste. Ainsi, le problème des
co-morbidités fréquentes (anxiété, état dépressif, début d’involution psychique etc.) associées
à la pathologie médicale, non diagnostiquées et non traitées, compliquent le traitement général
du patient, allonge la durée de séjour hospitalier, etc.
Si dans le réseau des hôpitaux généraux existe actuellement – et ce depuis pas mal de temps –
une organisation de la prise en charge des besoins sociaux (service social) justifiée par le fait
que l’aide sociale est directement liée et est aussi très visible à la bonne suite des soins
médicaux (poursuite du séjour hospitalier vers une centre de revalidation, aide lors du retour à
domicile à suppléer les déficits d’autonomie, etc.) il n’en va certainement pas de même pour
la fonction psychologique à l’hôpital général. Cette fonction psychologique existe, toutefois,
bien évidemment, dans les service psychiatriques d’hôpitaux généraux, comme elle existe
dans les hôpitaux psychiatriques, que ce soit pour des patients adultes, pour des enfants, des
adolescents et aussi en psychogériatrie.
Dans l’ensemble des autres services on trouve, actuellement, une grande diversité d’options
organisationnelles pour prendre en charge – souvent de façon très modeste, parfois de façon
plus importante – les problématiques psychologiques.
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Les diverses options organisationnelles sont, à titre d’exemple et de façon non exhaustive :
o une présence de la fonction psychologique obligatoire, depuis peu, par exemple dans
les unités de soins palliatifs
o dans le cadre de programmes de réadaptation à travers des conventions particulières
avec, par exemple, l’INAMI, on les trouve en cardiologie ou en cancérologie
o dans certains hôpitaux et dans certains services particuliers, suite à des initiatives
personnelles des autorités de ces institutions, existent deçi-delà, la présence, sur fonds
propres, de personnel prenant en charge les dimensions psychologiques des patients.
Par exemple, dans la psychiatrie de liaison, dans certains services de garde générale,
service de gynécologie, de pédiatrie néo-natale, etc.
o enfin, dans d’autres hôpitaux généraux, hôpitaux ou services généraux, par
conventions interinstitutionnelles ou interservices, soit de service psychiatrique
d’hôpital général, lorsqu’il existe à l’intérieur de l’hôpital, soit de centres ambulatoires
de santé mentale ou encore d’hôpitaux psychiatriques vers l’hôpital, etc.
Il est à remarquer que dans tous ces cas où existe un début de préoccupation de prise en
charge psychologique des patients, l’activité repose sur des initiatives personnelles, donc, sur
quelques personnalités et souvent ces initiatives disparaissent au moment où ces mêmes
personnalités ont des activités dans d’autres secteurs ou quittent le service.
Il est a rappeler qu’en ce qui concerne la psychiatrie dite « de liaison », c’est-à-dire,
l’intervention d’un médecin psychiatre pour avis et début de prise en charge psychiatrique
dans un service hospitalier autre qu’un service de psychiatrie, il existe une nomenclature
depuis plusieurs années. Toutefois, comme elle est réservée aux médecins psychiatres elle ne
permet pas de couvrir l’intervention d’une équipe multidisciplinaire avec psychiatres,
psychologues, travailleurs sociaux spécialisées, etc. chaque fois que nécessaire. Il est aussi à
remarquer qu’il existe en Belgique deux rapports récents du Groupe permanent
« Psychiatrie » du Conseil National des Etablissements Hospitaliers, l’un concernant
l’organisation de la psychiatrie de liaison ; l’autre concernant la fonction psychologique à
l’hôpital général et psychiatrique qui ont proposé déjà en (mettre les dates exactes lorsque ces
rapports ont été entérinés par le CNEH) qui ont précisé des pistes intéressantes de
l’organisation structurelle de la prise en compte des dimensions psychologiques et
psychosociales intégrées à côté de l dimension biomédicale des patients hospitalisés. Il existe
aussi une littérature internationale à ce sujet, entre autres, les recommandations faites par le
« Royal College of Physicians » et le « Royal College of Psychiatrists » intitulé « The
psychological care of medical patient on practical ??? ». A sa 2ème édition en 2003 et des
rapports en Belgique, tels ceux de De Bie et Coll et de Allemeesch et Coll 2002/2003.
Récemment, l’OMS – Santé Mentale Europe, a promulgué un plan d’action signé par
l’ensemble des ministres de la santé publique de 52 pays d’Europe en faveur de la promotion
plus effective des aspects de santé mentale pour l’ensemble de la population, y compris
lorsque celle-ci fait l’objet d’un traitement médical. De nombreux paragraphes de la
déclaration d’Helsinki 2005 (annexe le plan) insistent sur le fait qu’il y a lieu, entre autres, de
favoriser largement l’accès aux soins de santé mentale pour, bien évidemment, l’ensemble de
la population et, en particulier, pour les personnes présentant des pathologies médicales dans
lesquelles les aspects psychologiques et psychosociaux jouent un rôle important de comorbidité (« pas de santé sans santé mentale », etc.). Il y a lieu, enfin, de faire remarquer que
le nombre de pathologies à évolution chronique est en augmentation croissante les dernières
années (à documenter) et que pour celles-ci, à côté du besoin indispensable d’identifier et de
traiter adéquatement les moments aigus de la pathologie, il y a lieu, pour être efficaces, de
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prendre en compte la prise en charge de la personne tout au long de son processus de
pathologie chronique, à travers des modalités complémentaires qui prennent en charge, par
exemple, la compliance au traitement, la psychoéducation du patient, l’intervention – si
nécessaire – de l’entourage et de diverses aides de type psychologique et social, des
problèmes de co-morbidité associée à l’évolution chronique des pathologies : anxiété,
dépression, involution, etc. L’ensemble de ces aspects est relativement peu enseigné au cours
des études médicales, alors que cela traduit un besoin croissant de la population présentant des
problématiques de santé.
En ce qui concerne l’organisation pratique et structurelle de l’intervention psychologique à
l’hôpital général et compte tenu des recommandations déjà formulées en Belgique, plusieurs
modalités se présentent, elles ont toutes leurs avantages et inconvénients.
On peut résumer ces diverses propositions de la façon suivante.
o Dans tout hôpital général devrait exister structurellement une unité ou service de
psychologie clinique en liaison directe hiérarchique avec la direction médicale,
infirmière et direction générale de l’hôpital, ceci sous la responsabilité d’un
psychologue ayant les qualifications requises pour cette direction. Les divers
psychologues exerçant à l’hôpital général devraient le plus possible être intégrés dans
les équipes multidisciplinaires, médicale et de nursing, dans les diverses unités
spécialisées de l’hôpital et y acquérraient ainsi une spécialisation (cardiologie,
transplantation rénale, chirurgie, gynécologie, pédiatrie, etc.), tout en bénéficiant
d’une coordination et de supervisions à l’intérieur de l’unité ou du service de
psychologie clinique. De tels professionnels devraient également pouvoir être intégrés
pour participer aux activités dites « de psychiatrie » et de « psychologie de liaison »
pour avis, début de prise en charge, éventuellement liaison ensuite avec le réseau de
santé mentale ambulatoire auprès des patients hospitalisés à l’hôpital général et dont
l’état nécessite ce type de prise en charge. Ceci n’est pas possible actuellement.
o A tous les niveaux de passage des patients, au départ du service des urgences, ensuite
en hospitalisation médicale, un minimum d’identification de l’existence de
problématiques psychologiques et psychosociales associées aux pathologies médicales
devrait pouvoir être faite en routine, tant par le personnel médicale que de nursing et
bénéficier – si possible, là aussi – de personnel type « psychologue ».
o Dans le cadre des politiques actuelles menées en vue de la rationalisation et de
l’efficience des activités locorégionales des institutions hospitalières, celles-ci – à
travers les propositions dites « bassin de soins », dites « de réseau et circuits de soins »
devraient avoir une réflexion sur la coordination de telles activités de santé mentale
qui pourraient être partagées entre plusieurs institutions hospitalières au niveau local.
o Enfin, ces institutions hospitalières pourraient aussi s’appuyer sur un certain nombre
d’initiatives prises ces dernières années au niveau supra hospitalier et qui peuvent
aider le personnel hospitalier en matière d’orientation des prises en charge de patients
nécessitant une intervention de santé mentale. Telles sont, en Flandres, l’initiative dite
« De Lijn » ; en Région de Bruxelles-Capitale, « Eole » ; et pour l’ensemble du pays,
la « Fondation Julie Renson » etc.
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Une recommandation générale est également de pouvoir avoir un aperçu – pour l’ensemble du
pays- de l’importance de la présence de personnel spécialisés en santé mentale, travaillant
actuellement dans les hôpitaux généraux. Ces données ne font pas l’objet, aujourd’hui, d’un
rapport disponible.
Par ailleurs, comme mentionné ci-dessus, l’identification précoce et minimale de données de
type psychologique par le personnel de première ligne des hôpitaux généraux devrait pouvoir
faire l’objet, aussi, d’étude de faisabilité.
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