Le caractère naturel de ce chômage n'implique pas que le sous-emploi ne doive pas être combattu,
mais il devrait l'être de manière adéquate. Le taux de chômage naturel peut correspondre à n'importe
quel taux observé ; l'important est de déterminer celui à partir duquel le taux d'inflation augmente.
La courbe de Phillips de court terme reliait la variation du salaire nominal au taux de chômage. Les
salariés étaient donc supposés n'être sensibles qu'aux salaires nominaux alors que ce sont les salaires
réels qui leur importent. En outre, dans les économies modernes, les contrats de travail et le niveau des
salaires sont négociés pour des durées relativement longues. Pour préserver voire augmenter leur
pouvoir d'achat, les salariés doivent donc reformuler des anticipations sur l'inflation. Le graphique
présente la manière dont ces anticipations sont intégrées dans l'analyse et la courbe de Phillips de long
terme qui s'en déduit. Sur ce graphique, les anticipations sont adaptatives.
Les anticipations sont adaptatives lorsque les agents économiques forment des prévisions sur une
variable en se basant sur les valeurs passées de celle-ci et en réduisant progressivement leurs erreurs.
La courbe de Phillips de long terme
CP(10) est une courbe de Phillips de court terme tracée
pour des anticipations d'inflation constantes à 10% ; ces
anticipations sont le fait des agents économiques, et plus
particulièrement des salariés. Au point A, l'inflation
observée est de 10% et le chômage est de 8%. En ce point,
l'inflation n'accélère pas et elle est associée à un taux de
chômage qui peut être qualifié de chômage naturel.
Voulant réduire ce chômage, les pouvoirs publics
relancent l'activité économique par un accroissement de la
demande : le chômage baisse à 3% mais l'inflation
observée s'élève à 13%, alors que
les anticipations demeurent à 10%
: c'est le trajet AB sur la courbe
CP (10). Cependant, au point B,
l'inflation observée n'est plus égale
à l'inflation anticipée. De ce fait,
les salariés révisent leurs
anticipations à la hausse. En effet,
l'inflation à 13% ayant réduit leurs
revenus réels, ils demandent un
accroissement de leurs salaires
nominaux, ce qui, pour un taux
d'inflation donné, augmente le
salaire réel payé par les
entreprises. En conséquence,
celle-ci réduisent leur demande de
travail ; le chômage revient a son
taux naturel ; c'est le trajet BC.
Cependant, le taux d'inflation s'est
accru de 10% à 13% ; c'est ce
qu'illustre le trajet AC (13) pour
former la courbe de Phillips de
long terme CPL, qui est verticale.
Cette analyse met en évidence la responsabilité des politiques de relance de la demande dans le
développement de l'inflation et du chômage.