Sympo_Lille

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Santé physique et idéations suicidaires chez les médecins généralistes.
L’influence du burnout.
Didier Truchot, Florent Lheureux et Xavier Borteyrou.
Université de Franche-Comté
L’influence du burnout sur la santé physique et psychologique a été démontrée dans plusieurs
études. Toutefois, à ce jour, ce sont principalement les causes du burnout plutôt que ses
conséquences qui ont été étudiées. Au cours de cette recherche nous nous intéressons à
l’impact du burnout sur la santé physique et les idéations suicidaires chez les médecins
généralistes, un groupe professionnel à risque.
En effet, chez les médecins, le taux de mortalité lié à des problèmes cardio-vasculaires est
identique, sinon plus élevé que celui d’autres professions (Rimpelä, Nurminen, Pulkkinen,
Rimpelä & Valkonen, 1987). Les recherches indiquent qu’ils ont de hauts niveaux de stress,
moins de satisfaction professionnelle et une santé mentale plus pauvre (Hay & Marshall,
1987 ; Sutherland & Cooper, 1992). Caplan (1994) trouve que les médecins généralistes
anglais ont des scores de dépression plus élevés que les cadres du « National Health
Service », le système national de santé du Royaume-Uni. Et 27% d’entre eux ont des scores
indiquant une dépression « limite » ou avérée. Ils ont par ailleurs davantage d’idéations
suicidaires. Les problèmes de santé des médecins généralistes contribuent aussi à diminuer la
qualité des soins. Firth-Cozens (1998) suggère que la détérioration de la santé psychologique
chez les médecins est non seulement associée à une perturbation du sommeil mais également
à des erreurs cliniques.
Au cours de cette étude, nous étudions l’influence du burnout sur la santé physique et
psychologique, notamment les idéations suicidaires auprès de médecins généralistes.
Au total, 1805 médecins généralistes français répartis sur 5 régions (Basse Normandie,
Bretagne, Bourgogne, PACA, Pays de Loire) ont répondu à un questionnaire, administré par
téléphone, et comprenant entre autres les mesures suivantes :
1
1890 médecins généralistes ont répondu à un questionnaire téléphonique. Les questions
posées concernaient en premier lieu l'état de santé physique des répondants (présence/absence
de troubles chroniques, symptômes mineurs, IMC, idéation suicidaire) ainsi que plusieurs
comportements
de
santé
(consommation
d'alcool,
de
tabac,
d'anti-dépresseurs et d'anxiolytiques). Le burnout (MBI-HSS), ainsi que l'engagement au
travail (UWES) ont été également mesurés. L'analyse de ces données (corrélations,
régressions linéaires hiérarchiques et analyses médiationnelles, Baron & Kenny, 1986) a
principalement permis de mettre en évidence un lien important (r =.57) entre l'épuisement
émotionnel (EE) et le nombre de symptômes rapportés (ex : troubles du sommeil, de
l'appétit, tachycardie, fatigue, etc.). Un lien notable est également relevé entre l'EE et la
consommation d'anxiolytiques (r =.24), d'anti-depresseurs (r =.19) et l'idéation suicidaire (r
=.17). En outre, l'influence de l'EE sur ces trois derniers facteurs apparaît médiatisée par le
nombre de symptômes ressentis (Z de Sobel p<.05).
Nous discuterons ces résultats au regard des questions actuelles portant sur le lien entre
burnout et suicide.
Empathie clinique, empathie émotive et burnout des medecins generalistes
Franck Zenasni*, Emilie Boujut*, Sophie Lelorain** et Serge Sultan***
*Université Paris Descartes
**Université de Lille 3
***UQAM, Montréal
La nécessité de l'empathie dans la pratique clinique apparait comme évidente. Elle est
associée à une meilleure pratique des soins et une meilleure satisfaction des patients. Des
auteurs proposent différentes composantes pour caractériser l'empathie clinique. Morse (1992)
propose
une
distinction
selon
les
composantes
émotive,
cognitive,
morale
et
comportementale. Quelle que soit la définition, une analyse de la littérature montre l'existence
de liens potentiels entre l'empathie clinique et le burnout des soignants. Le Burnout touche 12
% des médecins généralistes (Soler, 2008). Il est décrit selon 3 composantes : l'épuisement
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émotionnel, la dépersonnalisation et l'accomplissement personnel. Trois hypothèses coexistent
(Zenasni et al, 2012) et supposent (1) un impact négatif du burnout sur l'empathie (hypothèse
de l'épuisement), (2) un impact favorable de l'empathie sur la diminution du Burnout
(hypothèse de l'accomplissement personnel) et (3) un impact del'empathie favorisant le
burnout (hypothèse de dépersonnalisation). L'objectif de cette recherche est de tester ces
hypothèses en contrôlant les effets possibles de co-variables sociodémographiques (Age,
sexe) et de pratique professionnelle (Expérience de psychothérapie, appartenance à un
groupe de supervision, temps de consultation).
L'étude a été réalisée auprès de 308 médecins généralistes de 27 à 75 ans (M = 51,1 SD =
9,5): 158 hommes et 150 femmes. Les médecins généralistes ont complété la version française
de l'échelle d'empathie clinique de Jefferson (JSPE) qui mesure 3 facteurs: la prise de
perspective, les soins compassionnels et la capacité à se mettre à la place du patient ; l'échelle
de Burn-out de Maslach (MBI,) ; et l'échelle d'empathie de Toronto (TEQ) qui évalue
l'empathie affective.
Des régressions et une modélisation en équation structurale montrent que l'empathie clinique
est négativement associée et donc potentiellement impactée par le Burnout. Ce dernier
explique 12.6% de la variance des scores de « prise de perspective », 6.5% de la variance du
score de « soins compassionnels » et 10.54% de la variance des scores de « se mettre à la
place du patient ». Le temps de consultation crée du facteur de Burnout et positivement
associé à l'empathie, n'est pas un facteur médiateur.
Les détails des résultats seront présentés et discutés à la lumière d'une étude qualitative avec
des internes en médecine générale en cours. Par ailleurs, en raison des limites d'interprétation
liées au design de la recherche présentée, nous présenterons la mise en place actuelle d'une
étude longitudinale.
Mesure et analyse qualitative de la dissonance émotionnelle chez des
professionnels lors des situations de soin en gériatrie.
3
Gérard Guilbon et Nicole Rascle
Université de Bordeaux2
Cette présentation s’inscrit dans le cadre des travaux portant sur les émotions au travail. En
effet, les contextes professionnels imposent des règles de comportements et déterminent des
pratiques organisationnelles reposant sur un processus émotionnel au travail non sans effet sur
les individus et donc in fine sur l’organisation elle-même (Brotheridge et Grandey, 2002i).
Notre étude à design expérimental, a été réalisée sur un échantillon de 25 personnes (23
femmes et 2 hommes) présentant une expérience en gériatrie. La moyenne d’âge est de 42,8
ans. Nous leur avons proposé de visualiser deux films de 4 minutes basés sur un soin de
nursing (toilette) auprès d’une personne âgée dépendante dont le premier est un soin très
« technique » souvent observable dans les EHPAD et le second est basé sur la méthode
Gineste et Marescotti centrée sur l’individu avec sollicitation par la voix, le regard et le
toucher. Nous leur avons donné la consigne d’afficher un large sourire et d’être dans
l’approbation de ce qu’elles allaient voir tout au long du visionnage des deux films. Avant la
diffusion des films, nous avons recueilli la représentation qu’elles se faisaient du soin auprès
des personnes âgées et avons administré un questionnaire de stress, de régulation
émotionnelle. Durant l’exposition aux films, nous avons recueilli la fréquence cardiaque et
après la diffusion des films nous avons recueilli, lors d’une auto confrontation, les émotions
ressenties ainsi que le ressenti global. Nos résultats mettent en évidence que la situation de
dissonance émotionnelle (induite lors du premier film) impacte significativement la variabilité
de la fréquence cardiaque particulièrement lorsqu’elle s’accompagne d’un sourire forcé et que
les émotions ressenties lors de ces films soulignent la valence négative du processus
émotionnel lors de la situation de dissonance (au premier film) à la différence de la valence
positive du processus émotionnel lors du second film (méthode Gineste et Marescotti). Il
semble donc que l’état de dissonance émotionnelle induise d’une part un virage émotionnel
signalé par la fréquence cardiaque impliquant ainsi une sollicitation de l’axe sympathique du
système nerveux autonome mais d’autre part induise également un sentiment de valence
négative perçu comme un effort. Nous discuterons nos résultats qui sous-tendent, comme dans
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d’autres travaux qu’une confrontation couteuse émotionnellement et répétée dans la relation
aux autres peut apparaître comme un élément fondamental dans la genèse du stress chronique.
Début de carrière d’enseignants et conservation des ressources : impact sur
le burnout
Nicole Rascle et Laurence Janot
Université de Bordeaux2
Cette recherche s’inscrit dans le cadre du modèle de conservation des ressources d’Hobfoll
(1989). Par ressources, il est entendu les moyens dont chacun dispose pour permettre la
meilleure adaptation au stress, comme les ressources sociales, les ressources financières ou
de statut social, les compétences personnelles et les dispositions. Ce modèle fait non
seulement l’hypothèse que la perte de ressources peut générer du stress et de l’épuisement
(spirale de la perte), mais que dans le cadre de l’adaptation à une situation perturbante, le fait
de disposer de ces ressources permet de mieux y faire face (spirale du gain). Or, pour un
enseignant, l’accompagnement des collègues, comme le fait de disposer d’un bon sentiment
d’efficacité personnelle sont des dimensions essentielles pour le débutant qui prend sa
première affectation (Janot et Rascle, 2008).
Notre étude consiste donc à examiner à partir d’un suivi de deux années de débutants
enseignants, le rôle à long terme de la perte ou du gain des ressources sociales (climat de
travail) et personnelles (sentiment d’auto-efficacité) sur l’évolution des scores de burnout
(épuisement émotionnel et dépersonnalisation).
Le design de l’étude est longitudinal. Cinq temps de mesure sont réalisés : (T1) en fin de
formation, (T2) premier trimestre de la première année d’affectation, (T3) dernier trimestre de
la première année, (T4) premier trimestre de la deuxième année, (T5) dernier trimestre de la
deuxième année . Durant ces 5 temps, sont évalués le burnout (Maslach, 2007) le climat de
travail (Janot, 2010), le sentiment d’efficacité (Schwarzer, 1992), les stratégies de coping
(coping centré le problème, coping enseignement traditionnel ; Laugaa, 2005) auprès de 84
enseignants (population ayant répondu à tous les temps de mesure).
Une analyse des résultats menée à partir d’un modèle multi niveau de croissance, met en
évidence 1) que l’évolution de la dépersonnalisation et de l’épuisement émotionnel suivent
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une courbe ascendante constante linéaire dans le temps, quelque soient les sujets 2) la
variabilité dans la progression de l’épuisement émotionnel dépend d’une part du manque de
ressources dans le temps ( sentiment d’efficacité personnelle et
parallèlement de la préférence d’adoption
climat de travail) et
d’un coping enseignement traditionnel en
comparaison avec des stratégies centrées sur le problème 3) la variabilité dans la progression
de la dépersonnalisation dépend elle essentiellement du manque de ressources dans le temps.
Nous discuterons ces résultats dans le cadre du modèle de conservation des ressources.
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