Symétries brisées
Tout d’abord on remarque que toutes les particules élémentaires connues ont un spin. Aucune
particule élémentaire de spin 0 n’a été observée à ce jour, ce qui est mystérieux. On remarque
ensuite que les masses de ces particules vont de pratiquement 0 pour les neutrinos (on va y
revenir) à 175 GeV pour le quark top, alors que rien ne différencie vraiment ces particules
pour expliquer cette différence de 12 ordres de grandeur. Quelle est l’origine des masses si
différenciées des particules ? L’existence d’un boson de Higgs (de spin 0 !) ou d’autres
modèles invoquant des particules dites supersymétriques (dont un grand nombre de spin 0
également) permettent de résoudre cette question dite de ‘brisure de symétrie électrofaible’ (la
symétrie qui est brisée est la symétrie entre photons et boson Z qui ont des masses si
différentes). La recherche du boson de Higgs ou de ses succédanés sera l’enjeu majeur de la
prochaine étape dans l’exploration vers les hautes énergies dans le nouveau collisionneur à
protons LHC au CERN dont le démarrage est prévu en 2007.
Une symétrie qui est brisée fortement par le Modèle Standard est la ‘parité’. Il semble naturel
en effet que les lois de la nature ne dépendent pas du fait que l’on ait choisi les repères
orthonormés directs plutôt qu’indirects, et donc on s’attend à ce que chaque phénomène soit
répliqué à l’identique si on renverse le sens des axes. Pas du tout. Chaque fois que l’on
observe un neutrino il est ‘gauche’ (son spin est inverse à la direction de propagation) et
l’antineutrino lui est toujours droit. Nous n’avons jamais observé de neutrino droit ou d’anti-
neutrino gauche. Si les neutrinos sont sans masse cette propriété est éternellement vraie et
interdit absolument qu’un neutrino se transforme en antineutrino.
Figure 7 les neutrinos brisent la symétrie de parité de façon maximale. Lors de la production ou interaction de
neutrinos ils sont toujours gauches (spin, flèche rouge, dans le sens inverse du mouvement, flèche noire, en haut
à gauche) et non droits comme illustré en bas à gauche, et qui est la configuration que l’on obtiendrait en
faisant l’image de la situation précédente dans un miroir (penser au spin comme à un tire-bouchon). Le
contraire est vrai pour les antineutrinos, à droite de la figure.
Une autre symétrie qui est chère aux physiciens des particules est la symétrie entre matière et
antimatière. Dans toutes les réactions connues et observées le nombre NF de fermions et NA
d’anti-fermions sont tels que NF-NA est constant. Le nombre de fermions est conservé, et l’on
ne peut que créer des paires de fermion-antifermion. On arrive alors a une contradiction
profonde.
Nous imaginons le Big Bang comme un état ou le monde ne serait qu’énergie à l’état pur. De
cet état infiniment simple et symétrique le monde aurait du évoluer vers un monde peuplé
d’autant de particules que d’antiparticules, puis, particules et antiparticules s’annihilant, vers
un état peuplé uniquement d’énergie (de photons donc). En fait on n’est pas très loin de cette
situation : le nombre de fermions dans l’univers, estimé à partir de la quantité de matière
visible ou manquante, est environ 10-9 fois le nombre de photons, ce qui est extrêmement
faible. Les scénarios dans lequel l’anti-matière aurait pu se séparer de la matière dans