S2 Le conte merveilleux LM1 (1697) « Le petit Poucet » de Charles Perrault Objectif : établir la carte d’identité d’un conte merveilleux Texte 1 : « Il était une fois » Il était une fois un bûcheron et une bûcheronne qui avaient sept enfants, tous garçons. L’aîné n’avait que dix ans, et le plus jeune n’en avait que sept. On s’étonnera que le bûcheron ait eu tant d’enfants en si peu de temps ; mais c’est que sa femme allait vite en besogne*, et n’en avait pas moins que deux à la fois. Ils étaient fort pauvres, et leurs sept enfants les incommodaient* beaucoup parce qu’aucun d’eux ne pouvait encore gagner sa vie. Ce qui les chagrinait encore, c’est que le plus jeune était fort délicat* et ne disait mot : prenant pour bêtise ce qui était une marque de bonté* de son esprit. Il était fort petit, et quand il vint au monde, il n’était guère plus gros que le pouce, ce qui fit qu’on l’appela le petit Poucet. Ce pauvre enfant était le souffre-douleur de la maison, et on lui donnait toujours tort. Cependant il était le plus fin, et le plus avisé* de tous ses frères, et s’il parlait peu, il écoutait beaucoup. Il vint une année très fâcheuse*, et la famine* fut si grande que ces pauvres gens résolurent de se défaire* de leurs enfants.[…] Gustave Doré 1862, gravure Vocabulaire : La besogne (n.f) : nom familier pour parler du travail. Incommoder (v) : gêner Délicat (adj) : fragile de santé Bonté (n.f) : l’intelligence Avisé (adj) : intelligent Fâcheuse (adj) : très mauvaise La famine (n.f) : l’absence de nourriture Se défaire de quelqu’un (v) : abandonner 1. Par quelle formule ce texte commence-t-il ?Il était une fois 2. Pouvez-vous dire quand et où se passe cette histoire ? On sait que cela se passe dans une forêt (« bûcheron ») dans le passé (« il était une fois »). 3. Dans quelles conditions vivent le bûcheron et sa famille ? Ils vivent dans la pauvreté (« année fâcheuse et famine ») 4. Quel événement va aggraver leur situation ? C’est la famine. 5. Faites le portrait du petit Poucet (âge, physique, caractère) en n’utilisant jamais le verbe « être » et « avoir » mais d’autres synonymes comme devenir, paraître, sembler, avoir l’air, rester, devenir , demeurer, acquérir, porter…. Le Petit Poucet , âgé de sept ans a l’air minuscule mais très avisé et malin. Il ne parle jamais mais il écoute beaucoup. Il paraît délicat mais il montrera l’inverse. A retenir : -La situation initiale : est la 1° étape d’un récit. Elle présente les personnages, le lieu et l’époque. -L’élément perturbateur : est le problème qu’il va falloir résoudre. Texte 2 : Un lieu dangereux à traverser Abandonnés dans la forêt par leurs parents qui ne peuvent plus les nourrir, le petit Poucet et ses frères se retrouvent seuls. La nuit vint, et il s’éleva un grand vent qui leur faisait des peurs épouvantables. Ils croyaient n’entendre de tous côtés que des hurlements de loups qui venaient à eux pour les manger. Ils n’osaient presque se parler ni tourner la tête. Il survint une grosse pluie qui les perça jusqu’aux os ; ils glissaient à chaque pas et tombaient dans la boue, d’où ils se relevaient tout crottés, ne sachant que faire de leurs mains. Le petit Poucet grimpa au haut d’un arbre pour voir s’il ne découvrirait rien ; ayant tourné la tête de tous côtés, il vit une petite lueur* comme d’une chandelle, mais qui était bien loin par-delà la forêt. […] La lueur( n.f) : petite lumière 1 . Ici, selon vous, la forêt représente : un endroit protecteur- un lieu de rêverie -un danger effrayant ? Justifiez votre réponse en citant le texte. C’est un danger effrayant car il y a des loups, de la boue, un vent puissant et trop d’arbres . 2. La forêt est souvent présente dans les contes. Pour quelles raisons selon vous ? C’est un endroit dangereux qui peut cacher des ogres, des sorcières et dans lequel on se perd. 3 . Quel sens peut-on donner à la petite lumière aperçue dans la nuit ? C’est la sortie de la forêt, un feu follet, une lampe, l’endroit où vivent des hommes. A retenir : Dans les contes, les lieux font souvent peur comme :des grottes, un cimetière, une maison hantée, une cave, les bois, un grand parc ;un arbre , un château, des ruines. Texte 3 : Une aide féminine Cependant, ayant marché quelques temps avec ses frères du côté qu’il avait vu la lumière, il la revit en sortant du bois. Ils arrivèrent enfin à la maison où était cette chandelle, non sans bien des frayeurs*, car souvent ils la perdaient de vue, ce qui leur arrivait toutes les fois qu’ils descendaient dans quelques fonds*. Ils heurtèrent* à la porte, et une bonne femme vint leur ouvrir. Elle leur demanda ce qu’ils voulaient ; le petit Poucet lui dit qu’ils étaient de pauvres enfants qui s’étaient perdus dans la forêt, et qui demandaient à coucher par charité*. Cette femme, les voyant tous si jolis, se mit à pleurer, et leur dit : « Hélas !mes pauvres enfants, où êtes-vous venus ? Savez-vous bien que c’est ici la maison d’un ogre qui mange les petits enfants ? » […] La femme de l’ogre , qui crut qu’elle pourrait les cacher à son mari jusqu’au lendemain matin, les laissa entrer, et les mena se chauffer auprès d’un bon feu. […] Frayeur (n ;f) : une grande peur Un fond (n ;m) : trou, une vallée Heurter (v) : frapper Charité (n .f) : la bonne action 1. Comment la femme de l’ogre réagit-elle en voyant les enfants ? Elle a pitié des enfants, elle pleure. 2. Que décide-t-elle de faire ? Elle décide de les cacher. A retenir : dans les contes, le héros rencontre des personnages qui l’aident à affronter des épreuves. Ce sont des auxiliaires ou adjuvants. Lecture de l’image : 1- Comment l’illustrateur rend-il le lieu inquiétant ? Il y a un immense arbre au premier plan. Au second, la maison porte des têtes d’animaux ; il y a une chauve-souris et il fait nuit. 2- Comment apparaît la femme de l’ogre ? Comme une femme gentille et prévenante. Figure 1 (1832-1883) « Le petit Poucet » par Gustave Doré Texte 4 : Un personnage terrible à affronter Comme ils commençaient à se chauffer, ils entendirent heurter trois ou quatre grands coups à la porte : c’était l’ogre qui revenait. Aussitôt sa femme les fit cacher sous le lit et alla ouvrir la porte. L’ogre demanda d’abord si le souper était prêt, et si on avait tiré du vin, et aussitôt se mit à table. Le mouton était encore tout sanglant, mais il ne lui en sembla que meilleur. Il flairait* à droite et à gauche, disant qu’il sentait la chair fraîche. « Il faut, lui dit sa femme, que ce soit ce veau que je viens d’habiller*, que vous sentez. -Je sens la chair fraîche, te disje encore une fois, reprit l’ogre, en regardant sa femme de travers, et il y a ici quelque chose que je n’entends* pas. » En disant ces mots, il se leva de table et alla droit au lit. « Ah ! dit-il, voilà donc comme tu veux me tromper, maudite femme ! Je ne sais à quoi il tient que je ne te mange aussi : bien t’en prend d’être une vieille bête. Voilà du gibier qui me vient bien à propos pour traiter trois ogres de mes amis, qui doivent me venir voir ces jours-ci. » Il les tira de dessous le lit l’un après l’autre. Ces pauvres enfants se mirent à genoux en lui demandant pardon, mais ils avaient à faire au plus cruel de tous les ogres, qui bien loin d’avoir de la pitié les dévorait déjà des yeux, et disait à sa femme que ce serait là de friands* morceaux lorsqu’elle leur aurait fait une bonne sauce. Il alla prendre un grand couteau et approchant de ces pauvres enfants, il l’aiguisait sur une longue pierre, qu’il tenait de sa main gauche. […] Flairer (v) : sentir Habiller (v) : préparer Entendre (v) : comprendre Friand(adj) : bon, croustillant 1. Comment l’ogre s’aperçoit-il de la présence du petit Poucet et de ses frères ? Il les sent (odorat, ouïe, vue, toucher, goût) 2. Comment les paroles de l’ogre montrent-elles ses intentions ? Il a l’intention de les manger 3. Comment peut-on qualifier ce personnage ? Il est impitoyable Dressez un portrait de l’ogre en commençant par son physique puis en parlant de son caractère. ( Utilisez au moins cinq adjectifs qualificatifs !) C’est un être immense, avec une longue barbe. Ce que l’on voit le plus chez lui sont ses dents pointues qui brillent au soleil. Il oublie souvent de se laver et de se coiffer. C’est un homme effroyable, toujours de méchante humeur et impitoyable puisqu’il menace même sa femme de la manger. A retenir : Dans les contes, le merveilleux est aussi représenté par des personnages bons ou méchants, aux pouvoirs magiques comme ici l’homme qui est un ogre. ou bien une sorcière, une fée… Texte 5 : Une ruse pour rester en vie Parvenant à différer le repas de l’ogre, sa femme fait coucher le petit Poucet et ses frères dans la même chambre que les sept filles de l’ogre. Le petit Poucet (1), qui avait remarqué que les filles de l’ogre (2) avaient des couronnes en or sur la tête, et qui craignait qu’il ne prît à l’ogre (3) quelques remords* de ne les avoir pas égorgés dès le soir même, se leva vers le milieu de la nuit, et prenant les bonnets de ses frères et le sien, il alla tout doucement les mettre sur la tête des sept filles de l’ogre (4), après leur avoir ôté leurs couronnes d’or qu’il mit sur la tête de ses frères et sur la sienne, afin que l’ogre (5)les prît pour ses filles , et ses filles pour les garçons qu’il voulait égorger. La chose réussit comme il l’avait pensé ; car l’ogre (6), s’étant éveillé sur le minuit, eut regret d’avoir différé au lendemain ce qu’il pouvait exécuter la veille ; il se jeta donc brusquement hors du lit , et prenant son grand couteau : « Allons voir , dit-il, comment se portent nos petits drôles ; n’en faisons pas à deux fois. » Il monta donc à tâtons à la chambre de ses filles, et s’approcha du lit où étaient les petits garçons qui dormaient tous, excepté le petit Poucet (7), qui eut bien peur lorsqu’il sentit la main de l’ogre (8)qui lui tâtait la tête, comme il avait tâté celle de tous ses frères. L’ogre (9), qui sentit les couronnes d’or : « Vraiment, dit-il, j’allais faire là un bel ouvrage* ; je vois bien que je bus trop hier au soir. » Il alla ensuite au lit de ses filles, où ayant senti les petits bonnets des garçons : « Ah ! les voilà, ditil, nos gaillards ! travaillons hardiment*. « En disant ces mots, il coupa sans balancer la gorge à ses sept filles. Fort content de cette expédition, il alla se recoucher auprès de sa femme. Aussitôt que le petit Poucet (10) entendit ronfler l’ogre (11), il réveilla ses frères et leur dit de s’habiller promptement *et de le suivre. Ils descendirent doucement dans le jardin et sautèrent par-dessus les murailles. Ils coururent presque toute la nuit, toujours tremblant et sans savoir où ils allaient.[…] Un remord (n ;m) : un regret Un ouvrage (n ;m) : un travail Hardiment : (adv) : avec courage Promptement (adv) : vite, rapidement 1. Remplacez les mots « Ogre » et « petit Poucet » par des synonymes, pronoms ou autres groupes nominaux. 1 Le jeune garçon 7 le benjamin 2 le méchant homme 8 l’assassin 3 celui-ci 9 le tueur 4 du monstre 10 Il 5 leur père 11 le meurtrier 6 l’homme 2. Quelle précaution le petit Poucet prend-il avant de se mettre au lit ? Il échange les bonnets et les couronnes. 3. L’adjectif qui qualifie le mieux le petit Poucet est : Drôle rusé * (malin) peureux* (avoir peur) A retenir : Les péripéties sont les événements que le héros doit surmonter. Par ses qualités, le héros parvient à triompher des forces maléfiques. Le conte est aussi une leçon de vie ; Texte 6 :L’objet magique L’ogre découvre qu’il a tué ses propres filles. Fou de colère, il réveille sa femme qui s’est évanouie à la vue de l’horrible spectacle. « Donne-moi vite mes bottes de sept lieues, lui dit-il, afin que j’aille les attraper. « Il se mit en campagne*, et après avoir couru bien loin de tous côtés, enfin il entra dans le chemin où marchaient ces pauvres enfants qui n’étaient plus qu’à cent pas du logis de leur père. Ils virent l’ogre qui allait de montagne en montagne, et qui traversait des rivières aussi aisément* qu’il aurait fait le moindre ruisseau. Le petit Poucet qui vit un rocher creux proche le lieu où ils étaient, y fit cacher ses six frères, et s’y fourra aussi, regardant toujours ce que l’ogre deviendrait. L’ogre qui se trouvait fort las* du long chemin qu’il avait fait inutilement (car les bottes de sept lieues fatiguent fort* leur homme ), voulut se reposer et par hasard, il alla s’asseoir sur la roche où les petits garçons s’étaient cachés. Comme il n’en pouvait plus de fatigue, il s’endormit après s’être reposé quelques instants, et vint à ronfler si effroyablement que les pauvres enfants n’eurent pas moins peur que quand il tenait son grand couteau pour leur couper la gorge. Le petit Poucet en eut moins de peur, et dit à ses frères de s’enfuir promptement* à la maison pendant que l’ogre dormait bien fort, et qu’ils ne se missent point en peine* de lui. Ils crurent son conseil, et gagnèrent vite la maison. Le petit Poucet, s’étant approché de l’ogre, lui tira doucement ses bottes, et les mit aussitôt. Les bottes étaient fort grandes et fort larges ; mais comme elles étaient fées, elles avaient le don de s’agrandir et de s’apetisser* selon la jambe de celui qui les chaussait, de sorte qu’elles se trouvèrent aussi justes à ses pieds et à ses jambes que si elles avaient été faites pour lui. [… ] Se mettre en campagne (verbe) : se mettre en route Aisément(adverbe) : facilement Las (adj) : fatigué Fort ( adv) : beaucoup Se mettre en peine pour quelqu’un (verbe) : se faire du souci S’apetisser (verbe) : rétrécir 1. Quel objet le petit Poucet dérobe-t-il à l’ogre ? Des bottes de sept lieues 2.Pourquoi cet objet est magique ? Elles s’adaptent aux pieds de celui qui les chausse. 3.Dans le passage en gris, relevez tous les verbes conjugués et précisez pour chacun d’eux leur sujet. Verbe conjugué 1 eut 2 dit 3 dormait 4 missent 5 crurent 6 gagnèrent 7 tira 8 mit 9 étaient 10 étaient Sujet Le petit Poucet Le petit Poucet L’ogre ils ils ils Le Petit Poucet Le Petit Poucet Les bottes elles 11 avaient 12 chaussait 13 se trouvèrent 14 avaient été faites elles Qui elles elles A retenir : Dans les contes, les objets magiques. permettent au héros d’acquérir de nouveaux pouvoirs et de triompher des épreuves Texte 7 : Un dénouement heureux Le petit Poucet revient chez l’ogre en l’absence de ce dernier et se fait remettre toute sa fortune. Devenu riche, il devient « courrier » du roi, c’est-à-dire celui qui ports ses messages. Après avoir fait pendant quelque temps le métier de courrier, et y avoir amassé beaucoup de biens*, il revint chez son père, où il n’est pas possible d’imaginer la joie qu’on eut de le revoir. Il mit toute sa famille à son aise*. Il acheta des offices* de nouvelle création pour son père et pour ses frères ; et par là il les établit* tous, et fit parfaitement bien sa cour en même temps. Moralité : On ne s’afflige* point d’avoir beaucoup d’enfants, Quand ils sont tous beaux, bien faits et grands, Et d’un extérieur qui brille ; Mais si l’un d’eux est faible, ou ne dit mot , On le méprise*, on le raille*, on le pille* : Quelquefois cependant c’est ce petit marmot* Qui fera le bonheur de toute la famille. 1 . Comment est désormais considéré le petit Poucet par ses proches ? Utilisez un adjectif qualificatif : sauveur, héroïque A qui s’adresse cette moralité ? Reformulez-la avec vos propres mots : Elle s’adresse aux enfants. Ce n’est pas parce que l’on est petit que l’on ne sait rien faire. A retenir : Le conte sert à raconter une histoire et à tirer une leçon, appelée morale