Une étude réalisée en 2004, dans le service de pédopsychiatrie du CHU de Besançon,
retrouve une fréquente importante de l’absence psychique du père avec une excitation
souvent importante de la mère. Les 22 cas étudiés (uniquement des garçons avec une fratrie
nombreuse dans 98% des cas) mettent en avant que la mise en agitation semble être alors
un moyen de réagir face à une détresse, à un vécu d’angoisse archaïque. L’hyperactivité se
développe au moment de la socialisation. M. Berger parle d’un défaut dans la relation à
l’objet primaire. Winnicott et E. Bick évoque une insuffisance de la fonction maternelle, un
holding défectueux qui amènent les enfants à s’agripper par l’hyperactivité à
l’environnement, les objets, les choses de manière à sentir rassembler, sorte de processus
auto-calmant. « Toute carence dans les expériences qui permettent de passer par les
processus d’omnipotence et de continuité de l’existence peuvent être à l’origine d’agitation,
d’hyperkinésie et d’inattention appelées plus tard inaptitude à se concentrer » (Winnicott).
La mère est alors un support d’excitation par rapport à l’environnement et n’a pas de
fonction de pare-excitation ce qui conduit l’enfant dans une incapacité à être seul ou à être
en interaction avec autrui. La différenciation réel/ imaginaire est fragile au départ de la prise
en charge ce qui entraîne un débordement anxieux et une incapacité à mettre en
représentation psychiques certains affects. Les mères sont souvent envahies par des
conflits de couple avec une difficulté à investir leur fils qui est assimilé à leur échec
sentimentale et à la souffrance morale qui en découle. Ce qui peut expliquer toute
l’ambivalence qu’elles ont à l’égard de leur enfant. La dissolution du couple, l’éloignement
éventuel d’un parent conduit l’enfant à maintenir un attachement fort à l’objet maternel par le
biais de leur comportement et des préoccupations qu’ils provoquent. Cette étude retrouve,
par ailleurs, un e fréquence des troubles anxieux (75% des cas, ce qui est supérieur à e qui
est décrit dans la littérature), une souffrance morale dans 40% des cas, une fragilité
narcissique et une fréquence des échecs scolaires en lien avec l’incapacité à établir des
liens avec ses pairs et des distorsions relationnelles qui s’expriment par des comportements
agressifs et l’exclusion des activités de groupe, un développement précoce et enfin, une
intelligence normale.
On peut concevoir que l’hyperactivité soit liée à une vulnérabilité neuro-biologique ou
génétique (2 gènes ont d’ailleurs été incriminés dans des études récentes : le DAT1 (gène
transporteur de la dopamine) et le gène du RD4 de la dopamine, de plus on retrouve dans la
littérature environ 20% ATCD d’hyperactivité chez un des parents), mais aussi à une
vulnérabilité environnementale, notamment dans l’importance qu’a le climat affectif durant la
petite enfance pour l’organisation de l’attention chez le petit, l’hyperactivité pourrait découler
du trouble de l’attention.