approximation à peu près exacte de ces proportions relatives dans l’ensemble du sac, puisqu’un
nombre suffisant de poignées constituerait l’ensemble des haricots contenus dans le sac. La
caractéristique essentielle de l’induction, celle qui en donne la clef, c’est qu’en prenant la conclusion à
laquelle nous sommes ainsi parvenus comme majeure d’un syllogisme, et en prenant comme mineure
une proposition énonçant que tels ou tels objets appartiennent à la classe en question, l’autre prémisse
de l’induction s’ensuivra déductivement. Ainsi dans l’exemple ci-dessus, nous avons conclu que dans
tous les livres en anglais, les “e” représentent environ 11 1/4 % des lettres. En prenant ceci comme
majeure, et en prenant comme mineure la proposition que A, B, C, D, E, F et G sont des livres rédigés
en anglais, il s’ensuit déductivement que dans A, B, C, D, E, F et G environ 11 1/4 % des lettres sont
des “e”. Ainsi, Aristote a pu définir l’induction comme l’inférence de la majeure d’un syllogisme à
partir de sa mineure et de sa conclusion. La fonction d’une induction est de substituer à une série de
nombreux sujets un seul qui les embrasse tous et un nombre indéfini d’autres. C’est donc une espèce
de “réduction du divers à l’unité”.
On peut définir l’hypothèse comme un argument qui tient pour acquis qu’un caractère dont on
sait qu’il en implique nécessairement un certain nombre d’autres, peut être probablement prédiqué de
tout objet qui a tous les caractères dont on sait qu’ils sont impliqués par le caractère en question. De
même que l’induction peut être considérée comme l’inférence de la majeure d’un syllogisme, de
même l’hypothèse peut être considérée comme l’inférence de la mineure à partir des deux autres
propositions. Ainsi, l’exemple ci-dessus consiste en deux inférences de cette sorte de la mineure des
syllogismes suivants :
1. Tout texte de quelque longueur rédigé en anglais et dans lequel tels et tels caractères
désignent des “e”, des “t”, des “a” et des “s” possède à peu près 11 1/4 % de la première
sorte de signes, 8 1/4 de signes de la seconde, 8 de la troisième et 7 1/2 de la quatrième.
Ce texte codé est un texte rédigé en anglais, d’une certaine longueur, dans lequel tels et
tels caractères dénotent des “e”, des “t”, des “a” et des “s” respectivement.
Ce texte codé possède environ 11 1/4 % de caractères de la première sorte, 8 1/2 de la
seconde, 8 de la troisième et 7 1/2 de la quatrième.
2. Un passage écrit avec un alphabet de ce genre a du sens quand telles et telles lettres
sont respectivement substituées à tels et tels caractères.
Ce passage codé est écrit avec un alphabet de ce genre.
Cet écrit codé présente du sens lorsque ces substitutions sont effectuées.
La fonction de l’hypothèse est de substituer à une grande série de prédicats qui ne forment pas
en eux-mêmes une unité, un prédicat unique (ou un petit nombre) qui les implique tous et qui (sans
doute) en implique également un nombre indéfini d’autres. C’est par conséquent aussi une forme de
réduction du divers à l’unité
. Tout syllogisme déductif peut être réduit à la forme suivante :
Plusieurs personnes versées dans la logique ont objecté que j’ai ici utilisé fautivement le terme hypothèse, et que ce que je
désigne ainsi est un argument par analogie. Il est suffisant de répondre que l’exemple du chiffre a été donné comme
illustration correcte de l’hypothèse par Descartes (Règle 10, Œuvres choisies, Paris, 1865, p. 334), par Leibniz (Nouveaux
Essais, lib. 4, ch. 12, § 13, Ed. Erdmann, p. 383 b), et (comme je l’ai appris de D. Stewart : Works, vol. 3, pp. 305 sq.) par
Gravesande, Boscovich, Hartley, et G.L. Le Sage. Le terme Hypothèse a été utilisé dans les sens suivants : — 1. Pour le
thème ou proposition formant le sujet du discours. 2. Pour une assomption. Aristote divise les thèses ou propositions
adoptées sans aucune raison en définitions et hypothèses. Celles-ci sont des propositions énonçant l’existence de quelque
chose. Ainsi, le géomètre dit, « Soit un triangle ». 3. Pour une condition en un sens général. On dit que nous cherchons
autre chose que le bonheur , dans certaines circonstances. La meilleure république est idéalement parfaite, la
seconde la meilleure sur terre, la troisième la meilleure , conditionnellement. La liberté est la ou
condition de la démocratie. 4. Pour l’antécédent d’une proposition hypothétique. 5. Pour une question rhétorique qui
assume des faits. 6. Dans le Synopsis de Psellos, pour la référence d’un sujet aux choses qu’il dénote. 7. Plus
communément, à l’époque moderne, pour la conclusion d’un argument à partir de la conséquence et du conséquent à
l’antécédent. C’est ainsi que j’utilise ce terme. 8. Pour une conclusion telle qu’elle est trop faible pour être une théorie
acceptée dans le corps d’une science.