Au nom de la nation française, je remercie les Etats-Unis d’Amérique
de la décision qu’ils viennent de prendre, sur l’initiative du Président
Roosevelt, en ce qui concerne l’armement des peuples qui combattent
pour la liberté.
Cette décision a une portée morale immense.
Elle aura, dans l’ordre matériel, des conséquences colossales.
Du point de vue moral, cette décision signifie que l’Amérique a pris
ouvertement parti. Elle a jugé, une fois pour toutes, que la tyrannie
des Dictateurs constitue le plus grand danger et la plus grande infamie
qui aient jamais menacé le monde.
L’Amérique a résolu d’assurer la défaite de l’ennemi par le plus vaste
effort d’armement que l’univers n’ait jamais vu.
Mais en outre, les Etats-Unis , témoins très bien renseignés,
manifestent avec éclat leur confiance dans la victoire des alliés. Car un
peuple aussi avisé , quelles que puissent êtres ses sympathies, , ne
prêterais pas à fonds perdus d’aussi gigantesques ressources à des
gens qu’il croirait condamnés.
Du point de vue matériel, le concours illimité de l’Amérique apporte à
nos alliés et aux Français Libres la certitude d’une supériorité
croissante et implacable des moyens. Cette guerre est une guerre
mécanique.
La puissance militaire s’y mesure presque exclusivement au nombre et
à la qualité des machines de combat. Il n’y a pas eu, depuis le premier
jour du conflit, il n’y aura pas, jusqu’au dernier, de résultats tactiques,
ni stratégiques, importants, sinon par l’action des engins mécaniques.
Or, l’industrie américaine est en mesure de produire, et va produire
effectivement, pour les donner aux Alliés, tant de chars, que l’ennemi,
martyrisé plus durement chaque jour, n’échappera pas à l’écrasement
final.
Aucun homme sensé ne niera qu’il doive se produire jusque-là de
multiples péripéties. L’ennemi auquel nous avons affaire est tout à fait
capable de remporter encore des succès.
Mais la décision prise par les Etats-Unis le place dans une situation
sans issue. Le filet est jeté sur le fauve.