Les facteurs microbiens activant la réponse du système immunitaire sont les composants de la
paroi bactérienne et les protéines sécrétées par les bactéries. Les lipopolysaccharides (LPS) ou
endotoxines bactériennes, sont les composants majeurs de la paroi des bacilles à Gram
négatif [9]. Les LPS se lient à une protéine inflammatoire appelée LPS-binding protein (LPB)
qui transfère le LPS sur un récepteur de membrane (CD14) que l'on trouve sur la surface des
monocytes des macrophages et des polynucléaires neutrophiles [10]. L'activité des LPS est
modulée par de nombreuses protéines, notamment la bactericidal-permeability increasing
protein (BPI). Cette protéine est produite par les polynucléaires neutrophiles et permet
d'éviter la liaison aux LPB. La transduction du signal induit par les LPS commence avec
l'activation des récepteurs Toll (TLR4) sur les CD14 [11]. Le LPS active également la voie
classique et alterne du complément conduisant à la production d'anaphylotoxines C3a et C5a.
Bien que le peptidoglycane soit considérablement moins puissant que le LPS, de nombreuses
données suggèrent que la réponse clinique est similaire lors de l'infection à bactéries à Gram
positif. Ceci est dû à la reconnaissance par les mêmes récepteurs Toll.
Des toxines peuvent être sécrétées par les bacilles à Gram négatif et les cocci à Gram positif.
La plupart de ces toxines sont des enzymes qui ont pour cible des éléments intracellulaires des
cellules hôtes. Pour Pseudomonas aeruginosa [12], on peut noter la présence de nombreuses
toxines comme par exemple, l'élastase, la protéase alcaline, l'exotoxine A qui inhibe la
synthèse protéique, la cytotoxine (protéine qui forme des pores) et deux types d'hémolysine
(phospholipase et ramnolipides).
Facteurs liés à l'hôte
L'homéostasie est définie comme la maintenance et la régulation du milieu intérieur. Quand le
corps est agressé par les agents étrangers, des éléments régulateurs sont mis en jeu pour
éradiquer ces agents étrangers sans dommage pour l'hôte. Ceci implique l'activation de
système pro-inflammatoire et anti-inflammatoire qui sont régulés et contrôlés de manière très
fine. Le système des cytokines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires est étroitement lié à
d'autres systèmes d'homéostasie, notamment le système de la coagulation, mais également aux
médiateurs lipidiques, aux protéines de l'inflammation, au système endocrinien, à des
phénomènes d'apoptose, à la production de monoxyde d'azote (NO) et au système
antiradicalaire. Tous ces systèmes sont liés de façon très complexe avec des boucles de
régulation positive ou négative. Le sepsis conduit à une dérégulation de l'ensemble des
mécanismes d'homéostasie.
Cytokines pro-inflammatoires et anti-inflammatoires
Les cytokines sont des protéines solubles activant et régulant des lymphocytes B et T. Ces
protéines sont produites par de nombreuses cellules hématopoïétiques et non
hématopoïétiques. Les cytokines peuvent être divisées en trois groupes, les cytokines
d'immunorégulation (interleukine-2, interleukine-3, interleukine-4), les cytokines pro-
inflammatoires (interleukine-1 , TNF- , interleukine-6 et interleukine-8), les cytokines anti-
inflammatoires (interleukine-4, interleukine-10, interleukine-13). Les monocytes, les
macrophages et les cellules TH CD4+ sont les sources les plus importantes de cytokines. Chez
la plupart des patients infectés, l'organisme est capable de rétablir une balance entre les
médiateurs pro-inflammatoires et les médiateurs anti-inflammatoires ; l'homéostasie s'en
trouve restaurée. Chez certains patients cependant, cette balance est déséquilibrée et il en
découle un syndrome de réponse inflammatoire systémique, voire un syndrome de défaillance
multiviscérale quand le processus pro-inflammatoire est excessif [13]. Quand la réponse anti-