SEQUENCE 1 Formes du récit aux XXème et XXIème siècles
Romans et nouvelles du XXème et XXIème siècles
« Petites histoires à lire entre les lignes » ( Chapitre I du manuel)
Objectifs : - Découvrir une nouvelle à chute
- Définir le genre de la nouvelle
- Comprendre la notion d’implicite ( ici, comprendre ce qu’il y a « entre les lignes » de ces « petites
histoires »)
- S’entraîner à formuler une réponse rédigée et justifiée.
Une nouvelle est un récit bref, centré sur une intrigue, comportant peu de personnages ( Voir
photocopie : « La nouvelle, un genre narratif court ».
Ce qui est « implicite » c’est ce qui n’est pas exprimé directement, qui est sous-entendu. ( Contrairement à
l’explicite qui est formulé clairement et ne peut être interprété que d’une seule façon)
Texte support : p.20, Claude BOURGEYX, « Lucien » in Les petits outrages
Observez la formulation d’une réponse correctement exprimée : Réponse rédigée avec vos mots à l’aide
de phrases syntaxiquement correctes + justifications : appui sur le texte, citations insérées avec des
guillemets.
Vous devez TOUJOURS justifier vos réponses, même si cela ne vous est pas explicitement demandé.
* Une curieuse aventure
1) Dans le 1er paragraphe, la situation de Lucien est confortable, heureuse : il est « dans sa position
favorite », au chaud et se sent parfaitement bien , installé « douillettement », « détendu, heureux de
vivre ». Il ressent une grande plénitude , « une sorte de béatitude » , il a l’impression de « flotter ».
La situation initiale de cette courte nouvelle présente donc Lucien qui vit dans un bonheur parfait.
2)a) L’emploi du GN « le malheureux » (l.7) provoque un effet de rupture, sans transition avec ce qui
précède. Il participe à la mise en place de l’élément modificateur de la situation initiale.
b) Plusieurs métaphores permettent l’expression de la soudaine souffrance de Lucien : il est « pris
dans un étau », « broyé par les mâchoires de quelque fléau », « un carcan l’emprisonnait de la tête
aux pieds »
Nous remarquons que les termes choisis pour ces métaphores évoquent l’idée de compression
violente, douloureuse. Un étau est un outil destiné à serrer fortement, un fléau est aussi un outil
employé pour battre le grain , c’est aussi une arme redoutable ( un fléau d’armes) , un carcan est un
instrument utilisé pour la torture (sorte de collier de fer). Le verbe « broyer » est ici suffisamment
explicite pour comprendre la douleur de Lucien, qui se trouve soudain dans une situation à
l’opposé de celle qu’il vivait jusqu’à présent : alors qu’il avait la sensation qu’il était « léger,
presque aérien », il ressent soudain des pressions douloureuses intolérables , « épouvantables ».
(VOIR : P. 424 « Réviser les figures de style »
3)a) Lorsque Lucien dit « C’est la fin. » (l.19), cela signifie qu’il pense qu’il va mourir. Et le lecteur est
amené à partager cette idée.
b) Certains passages permettent d’évoquer cette idée de mort imminente. En effet , il se sent « emporté
vers un territoire inconnu », « incapable de résister à ce flot qui le submergeait, l’entraînant loin des
rivages familiers ». Lucien sent qu’il est en train de quitter son environnement paisible et douillet :
« le néant l’attirait », « il crut entendre une musique abyssale » . Le terme « passage » dans
l’expression « Il devrait franchir le passage en solitaire » évoque le passage de la vie à la mort.
* La chute
4) Cette question permet d’aborder la notion de point de vue . Se reporter à la fiche d’exercices
photocopiée .
a)La nouvelle est menée à la 3ème personne, le narrateur est extérieur (statut du narrateur). Cependant, le
point de vue est celui de Lucien le personnage dans presque toute la nouvelle. C’est donc un point de vue
interne : le lecteur connaît les sensations de Lucien à travers les perceptions de ce personnage, il vit les
événements en même temps que lui et peut s’identifier à lui.
b) Le lecteur comprend ce qui arrive à Lucien avec le nom « sage-femme » (l.23) et la dernière
phrase « Lucien était né ».
c) L’originalité de ce point de vue interne vient du fait que le lecteur partage, sans pouvoir l’identifier, le
point de vue d’un nouveau-né en train de vivre sa propre naissance. Ce point de vue provoque un effet de
surprise, car le lecteur s’attendait plutôt à la narration d’une agonie et d’une mort.
5)a) La relecture du texte permet alors de donner à ce dernier un tout autre éclairage et toute sa
signification.
Par exemple « Lucien était douillettement recroquevillé sur lui-même », « il s’y sentait flotter » sont des
passages qui évoquent la position fœtale dans le ventre de la mère , dans le liquide amniotique.
Les passages évoquant les « douleurs épouvantables », « un étau », le verbe « broyer », le « fléau », « le
carcan », font références aux contractions de la mère au moment de l’accouchement, et peut-être à
l’utilisation d’un forceps (instrument en forme de pince, destiné à saisir la tête de l’enfant afin d’en
faciliter la naissance lors d’accouchements difficiles)
La venue au monde de Lucien est signalée par les passages concernant le « déchirement en lui », « la
lumière intense qui l’aveugla soudain » et le cri qu’il pousse. Lucien passe ainsi du monde douillet du
ventre de sa mère à la lumière crue de l’extérieur.
b) L’étymologie du prénom Lucien est le mot latin « lux » qui signifie « la lumière ». Il annonce la venue au
monde : Lucien est celui qui voit le jour.
Dégager l’essentiel : Une nouvelle à chute est un récit bref comportant un dénouement surprenant,
inattendu : son véritable sens n’est révélé que dans les derniers mots.
L’implicite
Selon vous, que peut-il y avoir « entre les lignes « de cette « petite histoire » ?
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