Devise : la victoire ou la mort
E loge funèbre du Capitaine (h) Lucien BELASCO
Mon ancien, Lucien BELASCO, tu nous a quittés le
20 avril 2012.
2012 année de la commémoration de la fin des
combats en Algérie.
Cette Algérie tu étais à Constantine le 7 décembre 1919,
et pour laquelle tu as vaillamment combattu.
Lucien, était un pied-noir de la 3ème génération, d’un père menuisier
profondément catholique et d’une mère enseignante issue de l’Ecole normale,
qui décède alors qu’il n’avait que 9 ans.
Lucien se destine à l’enseignement et passe par l’Ecole Normale qui forme les
instituteurs. Il fréquente ses camarades de quartier, parle couramment l’arabe
local, comprend et écrit l’arabe littéraire.
Septembre 1939 : la France déclare la guerre à l’Allemagne.
Juin 1940 : c'est la défaite des troupes françaises et, le 22, la signature de
l'armistice. Mais l'Algérie et l'empire colonial français ne tombe pas sous la
domination nazie.
Le jeune Lucien BELASCO, reconnu bon pour le service en 1939, est mobilisé
en juin 1940 au 3ème Régiment de Zouaves il suit la Préparation militaire
supérieure. Il est nommé sergent de réserve en octobre, puis est envoyé dans
un camp de Chantiers de jeunesse.
Démobilisé en janvier 1941, il est rappelé au service actif en décembre 1942
après le débarquement des alliés en Afrique du Nord et l’invasion de la zone
libre par les Allemands en novembre de la même année.
Affec au 7ème Régiment de Tirailleurs Algériens, le sergent BELASCO
participe à la campagne de Tunisie destinée à repousser les allemands venus
tendre la main à l’Afrika Corps en retraite, Il commande un groupe d’infanterie
de janvier à mai 1943 et a l'honneur de défiler dans Tunis libérée.
Suivent 5 mois de préparation à la campagne d’Italie, le Corps
expéditionnaire français, qui comprendra jusqu’à 100 000 hommes, aux ordres
du général Juin, va se couvrir de gloire et susciter l’admiration des chefs alliés.
La quasi-totalité de cette troupe est originaire du Maghreb, tunisiens,
marocains, pieds-noirs et français musulmans d’Algérie réunis.
Le 7ème RTA, qui fait partie de la 3ème Division d’Infanterie Algérienne dite
« division des 3 croissants » commandée par le général de MONSABERT, est
un régiment prestigieux, portant fourragère de la Légion d’Honneur après avoir
gagné six palmes et une étoile de vermeil pendant la 1ère guerre mondiale,
débarque en Italie en décembre 1943.
En Italie, les forces alliées piétinent, tentant de franchir le Garigliano et de
s’ouvrir la route de Rome.
Les deux divisions françaises engagées, la 2ème Division d’Infanterie Marocaine
du général DODY et la 3ème DIA sont alignées sur un front de montagnes dans
les Apennins barrant l’accès de la vallée du Rapido, cours supérieur du
Garigliano, fossé de la vaste plaine de Cassino.
Le 12 janvier 1944, l’attaque est lancée. Au prix de lourdes pertes, les deux
divisions s’emparent de tous les sommets dominants le Rapido jusque sur sa
rive droite, et enfoncent la ligne de défense allemande Gustav. Le 7ème RTA
enlève les sommets du Mona Casale. La plaine de Cassino s’étale sous les
yeux des français, encadrée par deux pitons, à gauche, le mont Cassin, à
droite, le Belvédère.
Le 25 janvier, nouvelle attaque. Cette fois, il s’agit de traverser la plaine pour
s’emparer du Belvédère et des sommets voisins sous le feu des allemands.
Ceux-ci se défendent vigoureusement. La bataille fait rage avec un déluge
d’artillerie. Jusqu’au 4 vrier, attaques et contre attaques se succèdent, les
sommets pris, perdus et repris plusieurs fois au prix de pertes humaines
énormes. Puis, les lignes se stabilisent, parfois à quelques dizaines de mètres
de distance.
C’est au cours de cette bataille du Belvédère que le sergent Lucien BELASCO,
dernier cadre en état de se battre parmi les officiers ou sous-officiers de sa
compagnie, a mérité cette citation comportant l’attribution de la Croix de
guerre avec palme , c'est-à-dire avec citation à l'ordre de l'armée :
" Jeune sous-officier d’une ardeur et d’un courage crâne . Seul sous-officier
de sa compagnie, a entraîné ses hommes à l’attaque de la position ennemie du
col Abate.
Le 2 février 1944, payant d’exemple, faisant feu lui-même sur l’ennemi,
grièvement blessé à la main au cours de cette attaque, n’a quitté sa position
qu’après l’avoir fortement organisée. "
Le mont Cassin, dernier verrou sur la route de Rome est conquis par les
tirailleurs marocains en mai et les troupes françaises défilent dans Rome le 8
juin.
Le sergent Belasco ne connaîtra pas ce moment d’ivresse, assombri par la
masse des camarades tués ou blessés au combat : pour la seule 3ème DIA, plus
de 1800 tués.
Nommé sergent-chef le 13 février, il est rapatrsanitaire en Algérie deux jours
après.
Promu sergent-major, il est démobilisé fin août 1945.
L’Armée tente de le réintégrer avec le grade de sous-lieutenant d’active mais,
après réflexion, Lucien Belasco préfère reprendre son beau métier
d’instituteur. Il reste cependant très actif comme officier de Réserve
participant à l’encadrement de la Préparation militaire, dans les Unités
Territoriales, dès 1946. Puis comme rappelé, pendant 4 ans, jusqu'en 1962, il
commande à Jemmapes dans le Constantinois une Unité Territoriale de 60
hommes.
L’estime de ses concitoyens de Jemmapes l’a porté à la tête du Comité de
salut public en 1958 avec l’immense espoir, vite déçu, de conserver l’Algérie
française.
En 1969, dans l'Hérault, il est admis à l’honorariat de son grade de capitaine.
Au cours de ses activités de réserviste, Lucien BELASCO a obtenu un
témoignage de satisfaction à l’ordre de la Région, un à l’ordre de la Division,
une lettre de félicitations du ministre. Tous mettent en exergue ses qualités de
pédagogue, d’instructeur, son dynamisme, son sens de la discipline et sa
volonté d’accomplir les missions qui lui étaient dévolues.
Promu chevalier de la Légion d’Honneur en 1966, notre camarade était titulaire
de la Croix de guerre 1939/45 avec palme, de la croix du combattant, de la
Médaille commémorative de la campagne d’Italie, de la Médaille
commémorative d’Afrique du Nord, de la Médaille coloniale avec agrafe
« Tunisie », et de la daille des blessés. Il avait également reçu les palmes
académiques.
Il terminera sa carrière civile comme inspecteur des écoles et reprendra du
service à titre bénévole dans l’enseignement catholique à son retour en France
en 1962.
Notre section des Décorés de la Légion d’Honneur au Péril de Leur Vie est fière
de t’avoir compté parmi ses membres.
Elle prend part au chagrin de ton épouse et de ta famille et salue une dernière
fois un « brave » qui a si bien servi la Patrie.
Adieu Lucien, notre grand ancien, tu demeureras pour chacun d'entre nous un
exemple de courage et de fidélité
La cravate du drapeau était décorée de la Légion d'Honneur, de
la Croix de Guerre 1914/1918 avec 6 palmes et une étoile de
vermeil, de le Croix de guerre 1939/1945 avvec 3 palmes, de la
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieures, du Mérite
militaire chérifien.
Inscriptions sur le drapeau du 7ème RTA
Insigne de la 3ème DIA
La Victoire est celle de Cirta
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