Pour les documents => http://ufr-comete.u-paris10.fr/index.php Chapitre : Stress I - Le stress en action… Le stress se définit comme une situation au cours de laquelle un organisme apporte une réponse à un agent stressant (cause). L’agent stressant provoque une réaction d’éveil (émotionnel). Réponses au stress : ensemble des processus physiologiques et comportementaux par lesquels l’organisme tente de faire face aux évènements stressants. Quelque soit la nature de l’agent stressant, les réponses physiologiques sont assez identiques. La première réponse, qui vient immédiatement lors de l’agression, est dit rapide et fait intervenir le système nerveux sympathique (orthosympathique) ainsi que deux messages chimiques : la noradrénaline et l’adrénaline. La seconde réponse est + progressive, elle est lié à l’activation en chaîne de réponses hormonales sur plusieurs niveaux dont le messager chimique chez l’humain principal est le cortisol. Exemple : un tigre pourchassant une gazelle. Les deux sont stressés, les deux vont donc avoir une poussé d’adrénaline et de noradrénaline. A la suite de la libération de ces messages chimiques ont va constater une augmentation de la fréquence cardiaque (par l’activité des 2 agents), une augmentation de la force des contractions cardiaques (par l’action de l’adrénaline), une distribution du sang allant préférentiellement vers les muscles et vers l’encéphale (par l’action de l’adrénaline), une augmentation des échanges respiratoires c’est-à-dire que les bronches sont + dilatées (par l’action de l’adrénaline), une dégradation des réserves telles que le sucre et la graisse (par l’action de l’adrénaline), une meilleure utilisation des réserves (par l’action de l’adrénaline), une augmentation de la vigilance et de l’anxiété (par l’action de la noradrénaline). Le problème avec cette première réponse au stress réside dans le fait que c’est une situation très coûteuse pour l’organisme, le système cardiaque s’use (hypertension artérielle), les réserves diminuent,… On ne peut donc pas rester dans cet état. C’est la réponse qui permet de faire face à la situation. Ensuite, en supposant que les deux soient toujours vivant, vient une deuxième phase où vont être libérés des messagers chimiques appelés corticostéroïdes (cortisol ou corticostérone), ceci dans le but de récupérer l’énergie qui vient d’être dépensée et notamment en reconstituant les réserves de glucose à partir des acides aminés (néoglucogenèse), au besoin cette récupération peut être fait 1 par une fonte musculaire pour récupérer des acides aminés. Pour récupérer de l’énergie on va éviter d’en gaspiller par ailleurs, d’où une mise en veilleuse des autres fonctions (système immunitaire,…). Cette deuxième période est donc une période de récupération. Pour récapituler : Au plus fort de l’action au moment où il faut « combattre ou fuir » libération de noradrénaline et d’adrénaline. Par la suite, libération de corticostéroïde comme le cortisol. II – Les messagers chimiques libérés lors du stress Le stress met en jeux des messages chimiques qui sont des molécules qui véhiculent une information entre plusieurs cellules. Il s’agit d’hormones et de neuromédiateurs. Les hormones sont liées au système endocriniens. Les principaux producteurs d’hormones sont : l’hypothalamus, l’hypophyse, la thyroïde et parathyroïde, les glandes surrénales, le pancréas, et dépendamment du sexe les ovaires ou les testicules. Les neuromédiateurs sont produits par le système nerveux et sont libérés au niveau de synapses. Les hormones et les neuromédiateurs vont constituer les 2 grands systèmes de communication entre les cellules. Quelles sont les points communs et les différences entre les deux ? Système nerveux Système endocrinien Neuromédiateurs Hormones 2 Messagers chimiques Synthétisés à partir de précurseurs, Stockés dans des vésicules, Libérés par exocytose (expulser des vésicules), Qui se fixe à des récepteurs (protéines). Caractère discret et local de la diffusion Diffusion à grande distance (circulation (synapse) sanguine) Effet immédiat et de courte durée dans Effet à moyen ou long terme et de le cas de la neurotransmission ; longue durée. Effet à long terme et plus prolongé dans le cas de la neuromodulation. Entraînent l’ouverture sélective de Agissent sur la synthèse des protéines certains canaux ioniques (Na+, K+, Cl- par l’ADN (hormones stéroïdes) ou ) : cas des récepteurs ionotropiques ou entraînent l’activation des seconds entraînent l’activation d’autres messagers (hormones peptidiques et messagers chimiques intracellulaires, catécholamines) les seconds messagers : cas des récepteurs métabotropiques Un dernier type de cellule est les cellules neuroendocrines (hypothalamus) qui sont des cellules nerveuses qui libèrent leurs messagers chimiques dans le sang. Elles reçoivent des messages nerveux et envoie des messages hormonaux. Pour agir les messagers chimiques se fixent sur des récepteurs protéiques. Les récepteurs sont situés : - sur la membrane : pour neuromédiateurs, hormones protéiques, catécholamines (hormones à neuromédiateurs) - dans la cellule (cytoplasme, noyau) : pour hormones capables de traverser les membranes comme les stéroïdes Le fait de traverser ou non la membrane est une question de solubilité dans les lipides. En fonction de leur nature, les molécules peuvent la traverser (stéroïde) ou non (protéine). Les hormones qui traversent les membranes peuvent agir directement sur la synthèse des protéines, exercer leur action sur le cerveau car elles traversent la barrière hémato-encéphalique (barrière sang – cerveau), cela veut donc dire qu’elles peuvent être libérées à la périphérie et agir sur le cerveau. La barrière hémato-encéphalique permet d’être un filtre entre ce qui vient du sang et filtrer ce qui pourrait être toxique pour le cerveau. Cette barrière c’est le fait que au niveau du cerveau les cellules des vaisseaux sanguins ont des jonctions serrés (bien serrées les unes contres les autres) et en + sont entourés par une deuxième couche faites par des cellules de la glie qui sont appelés des astrocytes. Du coup pour passer du sang au liquide autour des neurones il faut traverser tout ça. 3 Les hormones du stress sont produites par une glande située au dessus de chacun des reins et qui s’appelle la glande surrénale. Chaque surrénale comprend 2 parties : - une partie centrale qui est d’origine nerveuse que l’on appelle la médullosurrénale (médulla) - une partie périphérique qui n’est pas un tissu nerveux et que l’on appelle la corticosurrénale (cortex surrénalien) La médullosurrénale produit et libère dans le sang 2 hormones : il s’agit de l’adrénaline (80 à 90% du total) et de la noradrénaline (10 à 20% du total). La noradrénaline est également produite par le cerveau, c’est alors un neuromédiateur. La corticosurrénale produit une famille d’hormones, les corticostéroïdes, en particulier le cortisol. III – Une courte visite au « chef d’orchestre » La libération de la noradrénaline de l’adrénaline et du cortisol, sont sous le contrôle du cerveau et en particulier d’une région située à la base du cerveau et appelée l’hypothalamus, le « cher d’orchestre » des régulations vitales. L’hypothalamus est constitué de cellules nerveuses et de cellules neuoendocrines (somas, axones et terminaisons nerveuses). Des cellules gliales servent, entre autres, de support structural (elles servent également à isolées les cellules les unes des autres). Les corps cellulaires des neurones et des cellules neuroendocrines s’agglomèrent pour former des zones bien délimitées : les noyaux. Parmi les noyaux de l’hypothalamus, celui qui recevra le + d’attention dans le cadre de ce cours sur le stress est le noyau paraventriculaire. L’hypothalamus est : - un centre nerveux impliqué dans un certain nombre de régulations viscérales (circulation sanguine, digestion,…) - une structure qui sécrète des hormones qui vont commander une grande partie du système endocrinien Par des régulations hormonales et nerveuses, l’hypothalamus gouverne les grandes fonctions qui permettent l’équilibre de l’organisme (homéostasie) et une relation harmonieuse avec son environnement. Pour réaliser cela, l’hypothalamus se trouve soumis au contrôle de structures corticales ou sous corticales et travaille en coopération avec elles : formation réticulé (éveil), thalamus (traitement des informations sensorielles), système limbique (gestion des émotions), cortex (pensée consciente),… IV – Les deux grands systèmes de réponse au stress 1) Le système nerveux orthosympathique Le système nerveux se compose du système nerveux central (encéphale + moelle épinière) et du système nerveux périphérique (nerfs crâniens et 4 rachidiens). Ce dernier a des voies qui vont de la périphérie vers le cerveau ou la moelle épinière, on les appelles des voies afférentes qui permettent la perception, et des voies efférentes qui vont permettrent la motricité. Dans les voies efférentes il y a deux sous-systèmes, le système nerveux somatique qui permet la motricité volontaire, et le système nerveux végétatif qui permet la motricité involontaire (viscères). Dans le système nerveux végétatif on a le système nerveux parasympathique qui est prépondérant lors du repos (digestion,…) et le système nerveux orthosympathique/sympathique qui est prépondérant lors de l’action (a les mêmes effets décrit dans l’exemple avec le tigre et la gazelle).. Ces deux systèmes sont antagonistes la plupart du temps (on ne devrait pas travailler alors qu’on digère). Le système nerveux végétatif (SNV) est divisé en 2 : le système orthosympathique et parasympathique. Sur les organes et les muscles il y a en général une double innervation (on a des fibres des deux systèmes). Dans la plupart des cas, à quelques exceptions près, quand les systèmes sont antagonistes, l’un des systèmes sert de frein, l’autre sert d’accélérateur. L’orthosympathique (dont fait partie la médullosurrénale) c’est le système prépondérant lors de l’action, et donc le système qui se sert de la noradrénaline et l’adrénaline. Le parasympathique lui est activé lors du repos, de la digestion et utilise le messager chimique appelé l’acétylcholine. L’hypothalamus est le centre supérieur de contrôle et d’intégration du système nerveux végétatif. Des neurones hypothalamiques, en particulier, des neurones en provenance du noyau paraventriculaire, des noyaux latéraux et postérieurs envoient des projections vers le bulbe rachidien et la moelle épinière. Ces neurones hypothalamiques établissent des synapses avec les neurones préganglionnaires du tronc cérébral (SNParasympathique), de la moelle épinière thoracique et lombaire (SNOrthosympathique) et les neurones parasympathiques de la moelle épinière sacrée (région du sacrum). 2) L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien L’hypothalamus est fait de cellules nerveuses et de cellules neuroendocrines qui sont des cellules nerveuses mais messagers chimiques dans le sang. Les corps cellulaires (neurone et cellule neuroendocrien) s’agglomèrent : noyaux Double fonction de l’hypothalamus : centre nerveux et structure qui sécrète des hormones qui commandent une grande partie du système endorcrinien. Barrière hémato-encéphalique. L’hypothalamus est en quelque sorte la porte de sortie des hormones produis au niveau de l’encéphale qui leur permet de communiquer avec le reste du corps. 5 Au niveau de l’encéphale vont être produite des protéine qui ne traverse pas la barrière, sans cette porte de sortie, elles resteraient sur place. L’hypothalamus est relié à l’hypophyse qui est située immédiatement endessous. Cette structure va libérer des hormones dans le sang qui vont commander certaines glandes endocrines (thyroïde, corticosurrenale, ovaires, testicules) et qui également agissent directement sur certains tissus (glandes mammaires, muscles et os, reins,…). Dans l’hypothalamus on a 2 sortes de cellules neuroendocrines : - les éléments magnocellulaires (grandes cellules) : leurs axones sortent de l’hypothalamus et se terminent dans l’hypophyse postérieure ou neurohypophyse. - Les éléments parvocellulaires (petites cellules) : leurs axones se terminent au niveau du plancher de l’hypothalamus ; déversent leurs hormones dans les vaisseaux sanguins qui relient l’hypothalamus à l’hypophyse antérieure ou adénohypophyse. La neurohypophyse est donc un prolongement de l’hypothalamus avec les terminaisons nerveuses des neurones magnocellulaires. Elle est incapable de fabriquer des hormones par elle-même, c’est un lieu où aboutissent des hormones produites dans l’hypothalamus. L’adénohypophyse a des cellules qui sont spécialisées dans la fabrication d’hormones, cependant elle n’a pas de liaison nerveuse avec l’hypothalamus. Du coup elle utilise pour se déplacer la voie sanguine par un système de réseau sanguin, le système porte hypothalamo-hypophysaire. Il n’y a pas de barrière hémato-encéphalique au niveau de ce système donc les hormones peuvent passer comme elles veulent dans ce système. L’hypothalamus commande l’adénohypophyse. Cet axe est donc une « fusée » à trois étages : hypothalamus/hypophyse/surrénale. La première hormone s’appelle la CRH (corticolibérine), elle est produite et libérée par des éléments parvocellulaires que l’on trouve dans le noyau paraventriculaire. Ce système est dit asservi, il y a un contrôle périphérique du centre de commande, ou rétrocontrôle. La CRH est produit par l’hypothalamus qui entraîne la production de l’ACTH (ou hormone corticotrope) par l’adénohypohyse qui entraîne à son tour la production de cortisol par les corticosurrénales. Le rétrocontrôle fonctionne parce qu’il existe des récepteurs du cortisol au niveau central (hypothalamus, hypophyse,…). 6 V - A quoi servent les hormones de la coticosurrénale ? On a 2 surrénales identiques, chacune comprenant 2 parties : - une centrale qui est un système nerveux appelé la médullosurrénale - une partie périphérique qui n’est pas un tissu nerveux appelé la corticosurrénale Le cortex surrénalien produit des hormones appelées stéroïdes (dérivées du cholestérol). Ce sont des hormones solubles dans les lipides qui traversent les membranes, et est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique. Il existe 3 grands groupes de corticoïdes : - les glucocorticoïdes (cortisol, corticostérone) qui sont en charge d’une partie du métabolisme du glucose (sucre) - les minéralocorticoïdes (aldostérone) qui est en charge de l’équilibre de substances minérales (sodium, potassium) - les androgènes surrénaliens (hormones apparentés à la testostérone) qui auraient un rôle dans le comportement sexuel, et qui en cas d’excès peut provoquer par exemple de l’hirsutisme (système capillaire de type masculin),… Il y a 2 grands types de récepteurs pour les glucocorticoïdes : - récepteur de type I - récepteur de type II Les glucocorticoïdes se fixent préférentiellement sur les récepteurs de type I (puis II ensuite). Les minéralocorticoïdes se fixent sur les récepteurs de type I. Le cortisol a comme fonction d’agir sur le métabolisme (lors du jeûne notamment). Il favorise la fabrication du glucose (dans le foie) à partir de glycérol (graisses) ou d’acides aminés (protéines), c’est la phénomène de la néoglucogenèse. Le glucose est le carburant principal des cellules, surtout des cellules nerveuses. Le cortisol favorise la fonde des réserves de lipides, ça libère des acides gras qui peuvent être utiliser par les cellules (sauf nerveuses) pour faire de l’énergie. Cette fonte des réserves de graisse est appelée lipolyse. Le taux de cortisol est maximum au réveil (car période de jeûne nocturne). Effet catabolique : en cas de jeûne prolongé (famine, privations,…migrations chez les animaux), le cortisol (ou la corticostérone) provoque une dégradation des protéines du muscle (fonte musculaire) entraînant une libération d’acides aminés permettant de refaire du glucose. Un autre effet du cortisol est un effet anti-inflammatoire/anti-immunitaire. Il modère l’action du système immunitaire et empêche ses débordements. Il bloque la réponse immunitaire sans soigner la cause de l’inflammation. On utilise du cortisol ou de ses dérivés (cortisone) dans certaines maladies qui mettent en cause le système immunitaire : arthrite rhumatoïde, allergie, sclérose en plaques,… 7 VI – Une courte histoire du stress Walter Cannon (1871-1945), dès les années 20-30, attire l’attention sur le rôle de la médullosurrénale et de l’adrénaline dans des situations où il faut « combattre ou fui » (fight or flight). Hans Selye (1907-1982), médecin, étudie la physiologie et en particulier les hormones. En 1935/36, il observe une série de symptômes chez des rats qu’il utilise dans ses expériences : - une augmentation de la taille (hypertrophie) des corticosurrénales - une diminution des défenses immunitaires au niveau du thymus, de la rate, des ganglions lymphatiques ou des lymphocytes - une ulcération du tube digestif Le thymus est une glande endocrine chez l’enfant et l’adolescent, elle sert d’organe immunitaire, de stockage et de maturation lymphocytes. La rate sert entre autre comme organe immunitaire secondaire et sert à stocker des lymphocytes. Ces symptômes sont la conséquence de « mauvais traitements » prolongés…les corticosurrénales sont trop sollicitées. En écrivant ses mémoires (1975), Seyle a avoué qu’il était très maladroit. Les observations cliniques de personnes en état de choc vont dans le même sens. Dans l’élaboration de sa théorie il dit qu’il a observé une réaction non-spécifique (quelque soit le type donc) de l’organisme lorsque son intégrité est menacée. A ce moment là il ne parle pas de stress mais de syndrome général d’adaptation, une réponse adaptative permettant la survie de l’organisme, et ce en 3 phases : - la réaction d’alarme Elle se caractérise par l’activité des médullosurrénales (cf. Cannon). - la phase de résistance . Elle suit la phase aiguë précédente. Elle se trouve sous la dépendance des corticosurrenales. - la phase d’épuisement (quand ça dure trop longtemps) Lorsque les surrénales sont trop sollicitées elles s’arrêtent de fonctionner. En fait si il y a épuisement c’est celui de l’organisme dans son ensemble, pas des surrénales. Le stress avait été utilisé par Cannon dès 1914 dans une publication concernant les rapports entre émotions et réponses hormonales : il parlait de stress émotionnel. En 1936, Seyle préféra parler de syndrome général d’adaptation puisqu’il s’agissait d’une réponse physiologique non reliée au comportement comme le stress de Cannon. Ce n’est que par la suite en 1846 lorsqu’il élabora l’ensemble de sa théorie en intégrant les 3 phases successives, qu’il utilisa le terme de stress. Sous a plume le stress a désigné successivement : - le stimulus, l’agent agresseur - la réponse de l’organisme - l’interaction entre le stimulus et la réponse organique 8 VII – Lorsque l’intégrité de l’organisme est menacée Par exemple, une rencontre avec un serpent (circuits de la peur et du stress) va avoir plusieurs étapes : - une interprétation subjective du stimulus : les voies sensorielles amènent l’information vers le thalamus 2 circuits : o cortical cortex visuel primaire associatif activation des réponses motrices conscientes vers le système limbique qui va permettre de déclencher les réponses émotionnelles o sous-cortical directement vers l’amygdale ce qui induit une réponse rapide en fournissant une réponse moins élaborée cependant, préparant l’organisme à l’action L’hypothalamus est relié à différents système impliqués dans la régulation des réponses émotionnelles, notamment le système limbique (amygdale qui gère les émotions, hippocampe qui a un rôle dans la mémorisation,…) et le cortex préfrontal. - activation de l’hypothalamus (en particulier du noyau paraventriculaire) : o activation du système nerveux orthosympathique le but est d’approvisionner rapidement les cellules de l’encéphale et les cellules des muscles en quantités importantes d’oxygène et de glucose (ou d’acides gras) et favoriser le métabolisme de ces cellules l’adrénaline engendre une distribution du sang essentiellement vers les muscles et l’encéphale, cela est dû au fait que les muscles lisses (internes, dont certains sont situés autour des vaisseaux sanguins) se ferment à certains endroits (vasoconstriction) tandis qu’à d’autres endroits ils se relâchent et s’ouvrent (vasodilatation). Cette réaction mécanique dépend donc de l’adrénaline qui a besoin de récepteur alpha et bêta, elle se lie d’abord au bêta puis aux alpha lors de forte concentration comme pendant le stress (la noradrénaline se lie au récepteur alpha) ; quand les premiers sont activés ils provoquent la vasoconstriction, quand les seconds sont activés ils provoquent une vasodilatation. Au niveau de la périphérie (peau) et des viscères les récepteurs alpha sont + nombreux que les bêta (vaisseaux sanguins), au niveau du centre (vaisseaux profonds du cœur, des muscles squelettiques et du cerveau) les récepteurs bêta sont majoritaires. Ce système de vannes permet de distribuer le sang selon les besoins. 9 Lors du stress l’adrénaline qui est en forte quantité se fixe sur les récepteurs bêta de l’encéphale, des muscles et du cœur entraînant une vasodilatation et se fixe sur les récepteurs alpha, les vaisseaux de la peau et des viscères entraînant une vasoconstriction. o activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien activation rapide du système mais les glucocorticoïdes comme le cortisol ne sont libérés de façon importante qu’après 15min environ, il permet aux cellules de récupérer une partie de l’énergie dépensée suite à l’action de l’adrénaline. Pendant cette période, sous l’influence du cortisol, il y a une mise en veilleuse des fonctions non indispensables à la survie (système immunitaire, reproduction,…) pour faire des économies. - retour à la normale o les évènements stressants sont de courte durée généralement o l’organisme mobilise toutes ses ressources, fait face à l’événement, puis arrête le processus : régulations nerveuses centrales et rétrocontrôle négatif du cortisol sur ses récepteurs de l’hypothalamus et de l’adénohypophyse (surtout type II) o l’hippocampe joue un rôle important dans l’arrêt de la réponse hormonale o forte densité de récepteurs au cortisol de type I et II dans l’hippocampe o l’hippocampe possède des neurones dont les axones se projettent vers l’hypothalamus (GABAergiques, inhibiteur du neurone récepteur) o l’hippocampe détecte le cortisol dans le sang et envoie des ordres vers l’hypothalamus pour freiner l’activité du système hypothalamo-hypophyso-surrénalien o mécanisme de rétrocontrôle complémentaire qui va venir rajouter des informations sur le premier rétrocontrôle o des lésions bilatérales de l’hippocampe réduisent le rétrocontrôle o en cas de prolongation du cortisol, les cellules de l’hippocampe peuvent être détruit o le cortex préfrontal joue un rôle assez similaire à celui de l’hippocampe VIII – Le stress : une réponse utile ou nuisible ? 1) Nuisible On va pouvoir observer les effets nocifs du stress lorsque l’organisme est soumis à de fortes contraintes pendant une période assez longue (Selye et ses rats,…). 10 En situation chronique de stress on a des pathologies qui se développent et en particulier : - ulcère digestifs o estomac : sécrétion d’acide chlorhydrique (qui attaquent les tissus) et d’enzymes (qui agissent sur les protéines) de digestion pour les aliments o l’estomac devrait s’auto-digérer, si cela n’arrive pas c’est qu’il existe des systèmes de protection o l’estomac investit beaucoup d’énergie pour se défendre de ses propres sécrétions d’acide mucus protecteur substances basiques (bicarbonate) cellules épithéliales constamment renouvelées o ulcère correspond à un trou dans la paroi de l’estomac provoqué par une tel érosion de l’épithélium de l’estomac qui va laisser à nu des couches sous-jacentes risque d’hémorragie interne o 3 raisons possibles : le stress engendre une baisse de l’activité du parasympathique et une augmentation de l’orthosympathique, cela se traduit par un ralentissement des fonctions digestives ce qui ralentie la sécrétion d’acide mais également du mucus et des sécrétions basiques engendrant une baisse des protections pour raison d’économie. Le problème est quand le stress va disparaître, l’activité digestive est rapidement stimulée, l’acide va être rapidement sécrété + rapidement que le mucus et les sécrétions basiques, il agit donc dans un milieu moins protégé. Si cela se répète on débouche donc sur un ulcère. Ce n’est pas la période de stress en tant que telle qui provoque l’ulcère mais l’alternance de périodes de stress et de rémission. Lors du stress, l’afflux sanguin est redirigé essentiellement vers l’encéphale et les muscles, ce qui veut dire que l’estomac est un peu négligé. Comme il y a moins de sang, le renouvellement des cellules de l’épithélium est moins fréquent, il s’amincit et est donc + vulnérable. Une bactérie (Helicobacter pylori) habite dans l’estomac, elle est impliquée dans les ulcères à 80% pour certains, apparemment on peut l’attraper essentiellement pendant l’enfance et se développer dans l’estomac et provoquer ulcère et cancer. Elle est capable de produire des 11 sécrétions basiques pour survivre dans l’environnement dans l’estomac. Le stress provoque une hausse des glucocorticoïdes qui ont un effet anti-immunitaire, cela empêche du coup l’organisme de se défendre efficacement contre la bactérie, favorisant ainsi les ulcères. - déficience immunitaire o système immunitaire : défendre l’organisme de l’attaque des agents pathogènes (agents infectieux) tel que les virus, bactéries,… o son fonctionnement est très complexe o il réagit de manière spécifique aux agents pathogènes, il n’y a pas de réaction uniforme o il a une caractéristique importante qu’est celle de reconnaître le « soi » du « non-soi », nos cellules et les cellules reconnues comme étranger o il a une mémoire pouvant réagir immédiatement de manière adaptée à un agent pathogène qu’il a déjà rencontré, c’est le principe de la vaccination o il est éparpillé dans tout l’organisme et concentré à environ la taille de l’encéphale o il est formé de globule blanc (leucocytes) que l’on rencontre dans les vaisseaux sanguins et la lymphe ou qui sont fixés dans les tissus o parmi eux, il y a les lymphocytes (2 mille milliards chez un individu adulte), les macrophages,… o 2 types de lymphocytes : les lymphocytes T (cellules T) fabriqués dans la moelle osseuse mais dont la maturation (différenciation) se fait dans le Thymus les lymphocytes B (cellules B) qui naissent et se différencient dans la moelle osseuse o En + du thymus, divers organes vont stocker les lymphocytes : la rate, les amygdales, les végétations, l’appendice, les plaques de Peyer du tube digestif, les ganglions lymphatiques,… o Le système immunitaire reconnaît le « soi » du « non-soi » parce que toutes les cellules, à l’exception des globules rouges et des spermatozoïdes présentent à leur surface des glycoprotéines CMH (codées par les gènes du Complexe Majeur d’Histocompatibilité1) 1 Compatibilité tissulaire, du tissu 12 o Ces CMH sont différents d’un individu à l’autre : deux personnes prises au hasard ont une chance de 1/40 000 de présenter des protéines identiques qui sont un bon marqueur du « sois » biologique. o Le système immunitaire se base sur cette signature des cellules pour reconnaître ce qui fait partie de l’organisme et ce qui n’en fait pas partie. o Réponse aux agents infectieux : 2 modalités de réponse immunitaire : Immunité à médiation cellulaire (venir à bout des cellules déjà infectées). Un virus infiltré dans l’organisme va être captué par une cellule présentant de l’antigène comme les macrophages. Ces derniers via leur récepteur protéinique et leur message chimique interleukine2 1 va réagir avec une cellule T auxiliaire qui produit l’interleukine 2 qui va permettre la prolifération de cellules T cytotoxiques qui vont permettre la suppression des cellules infectés. Immunité à médiation humorale (agents pathogènes libres encore présent dans le sang). Le début est pareil que pour l’autre réponse (virus macrophage cellule T auxiliaire). La cellule T auxiliaire va cette fois activé des lymphocytes B ou D qui ont déjà d’elle même reconnus l’agent infectieux, elles se retrouvent + stimulés pour cet agent infectieux. Va se retrouver activer la production de par les cellules B/D des protéines nommés plasmocyte qui sont des anticorps. Le but de ces derniers est de ce fixer sur les éléments pathogènes encore dans le sang et de les rendre visible en les marquant, permettant une destruction rapide par d’autres éléments du système immunitaire. Une partie des cellules ayant réagit vont survivre après l’infection, ces cellules sont appelées cellules mémoire. o Lors d’un stress prolongé, on a une baisse des défenses immunitaires (immunodépression). Les glucocorticoïdes sont les agents principaux de cette immunodépression ont un rôle anti-inflammatoire ou antiimmunitaire. Les glucocorticoïdes perturbent les relations entre les cellules : baisse des récepteurs aux cytokines (interleukine 2), baisse de la libération des cytokines (interleukine 1) Bloquent la maturation des lymphocytes (régression du thymus) ; provoquent la destruction des lymphocytes. 2 c’est un cytokine, un message chimique du système immunitaire 13 o Le système immunitaire assure sa propre régulation par le biais du système hypothalamo-hypophyso-surrénalien. o On a montré que l’interleukine 1 agit sur l’hypothalamus pour augmenter la production de CRH o On a montré que l’interleukine 1 agit sur l’adénohypophyse pour augmenter la production d’ACTH o A des concentrations supra-physiologiques, l’interleukine 1 stimule directement la libération des glucocorticoïdes par les surrénales o Les lymphocytes produiraient eux-mêmes de l’ACTH (en quantité suffisante) o Ce moyen de régulation évite les débordements du système immunitaire (maladies auto-immunes) - dégénérescence de tissu nerveux o l’hippocampe est connecté avec l’hypothalamus et joue un rôle important dans l’arrêt de la réponse à un stress. Les cellules de l’hippocampe disposent de récepteurs sur lesquels se fixe le cortisol. o Un stress prolongé induit un régression uni ou bilatérale de la taille de l’hippocampe. o Normalement l’hippocampe agit sur l’hypothalamus pour faire baisser le taux de cortisol o Dans le cas d’une exposition continue au stress, cette forme de régulation, de même que les autres s’avère insuffisante. Les neurones hippocampiques finissent par être endommagés par la présence continue de cortisol et dégénèrent. o L’hippocampe endommagé est de moins en moins capable de réduire le niveau de cortisol. Cela met en place un « cercle vicieux ». o Cette destruction des neurones de l’hippocampe va entraîner des déficits mnésiques. On le voit dans le cas d’utilisation excessive de corticostéroïdes exogènes, du syndrome de Cushing, de la dépression, du stress post traumatique et de la maladie d’Alzheimer. o Un aspect positif est que ce phénomène est peut être réversible ou du moins en partie dans la mesure où à côté de l’hippocampe on va trouver des régions où certaines cellules ne sont pas complètement développées. La réponse au stress est une réponse utile car il constitue une réponse tout à fait adaptée aux situations d’urgence rencontrées en nature par les proies comme par les prédateurs tout au long de leur vie. Un stress de courte durée n’est pas pathogène. 14 Au début de l’humanité, nos ancêtres étaient souvent soumis à des situations d’urgence et n’avaient que deux possibilités : fuir ou combattre. C’est beaucoup moins souvent notre cas dans nos sociétés modernes. La vie que nous menons nous expose à des contraintes d’une autre nature (notamment sociales) qui peuvent être génératrices de stress chronique. Il y a donc un problème d’adaptation à notre environnement que notre espèce a transformé et qui a évolué + vite que nous. IX – Stress psychologique et stress psychosocial 1) Situations génératrices de stress Il y a stress physique lorsque l’équilibre d’un organisme se trouve confronté à un défi par un agent externe ; l’animal confronté à un prédateur et qui doit fuir se trouve dans cette situation. Il y a stress psychologique lorsqu’un individu anticipe, de manière justifiée ou non, l’arrivée d’un événement menaçant pour son organisme. Il y a stress psychosocial lorsqu’un individu anticipe, de manière justifié ou non, l’arrivée d’un événement menaçant pour son organisme en raison de la présence de tel ou tel congénère. L’activation du stress par la présence permanente d’un congénère perçu comme une menace provoque les mêmes réponses biologiques qu’une agression physique réelle. La différence réside dans le fait que la réponse au stress physique est relativement brève et adaptée à la situation alors que la réponse au stress psychosocial est de longue durée et devient assez vite inadaptée. L’augmentation de la pression artérielle, la mobilisation des réserves d’énergie, l’arrêt des fonctions digestives, reproductrices, la baisse des réponses immunitaires sont utile à court terme mais deviennent néfastes à long terme. De fait, les individus exposés de façon chronique au stress psychosocial ont une probabilité + grande que les autres de développer un certain nombre de pathologies. Le stress apparaît lorsque des individus sont confrontés à la nouveauté, l’incertitude et la frustration où lorsqu’ils perdent ou n’ont pas le contrôle des évènements. Des rats qui peuvent mettre fin à des chocs électriques ou empêcher leur apparition en faisant tourner une roue développent moins d’ulcères que des rats recevant exactement les mêmes chocs mais sans avoir la possibilité de contrôler leur déclenchement. Toutefois cela n’est efficace que si le caractère incertain de la situation est levé par la présentation d’un signal sonore indiquant au rat qu’il a produit la bonne réponse (Weiss, 1972). Les rats ainsi entraînés à éviter les chocs électriques (les actifs), développent des ulcères lorsque l’on retire le dispositif (roue) alors même qu’on n’envoie plus de choc électrique. 15 2) De l’utilité d’un exutoire et d’un soutien social Lors d’un stress, développement de comportements sans bénéfice apparent pour celui qui les produit : toilettage compulsif, bâillements, mouvements ou balancements stéréotypés, etc… On parle de : - comportements de substitution : les comportements n’appartiennent pas au répertoire normalement attendu - comportements redirigés : les comportements appartiennent au répertoire attendu mais sont dirigés vers la « mauvaise cible » Ces comportements sont des indicateurs de stress ; ils sont facilités par une libération importante de CRH dans l’encéphale. Ces comportements ont-ils une utilité ? Ce qui ressort des études menées à ce sujet c’est que les comportements de substitution ou redirigés permettent à l’individu de limiter les effets du stress. Parmi ces comportements, ceux redirigés vers des congénères semblent particulièrement efficace. De l’utilité d’un exutoire : Des rats qui sont soumis par paires à des chocs électriques et qui réagissent aux chocs en engageant un simulacre de combat présentent une réponse hypophysosurrénalienne (ACTH, corticostérone) + faible que des rats choqués isolément. De l’utilité d’un soutien social : L’attachement à un congénère permet de réduire le stress. Des données montrent que les processus d’attachement se traduisent par une libération importante d’ocytocine qui, comme la plupart des hormones hypophysaires, joue le rôle de neuromédiateur. Elle favorise par exemple l’attachement entre la mère et l’enfant. Une libération importante d’ocytocine aurait pour effet de réduire considérablement la libération des hormones du stress. Situation de stress psychosocial (protocole) : On amène la personne servant de sujet pour l’expérience devant un jury et il doit faire un exposé sur un sujet qu’il connaît mal, cela occasionne un stress. De + le tout est filmé. Le jury interromps parfois abruptement l’exposant. Dans cette situation de stress psychosocial, on a mis les gens dans 4 situations sociales : - pas de support social + placebo - support social (quelqu’un vient soutenir sans parler le sujet) + placebo - pas de support social + ocytocine - support social + ocytocine On observe la quantité de cortisone salivaire sécrété. 16 Le taux le + élevé extrême est relevé dans le cas de non support social + placebo. Le taux le + bas extrême est relevé dans le cas d’un support social + ocytocine. Chez certains primates, comme le macaque japonais, on a pu montrer que des actes de réconciliation avaient lieu après une agression entre 2 individus proches (apparentés) et que ces actes de réconciliation réduisaient considérablement les indices comportementaux du stress comme les comportements autocentrés (comportements de substitution). X – Les subordonnés sont-ils toujours les plus stressés ? Saplosky travailla sur le comportement et la réactivité surrénalienne chez les babouins. Il a étudié un groupe de babouin d’environ 30 individus et étant très hiérarchisés (dominance) surtout chez les mâles. Lorsqu’on a à faire à un groupe stable (pas de mort, de naissance, de nouveaux arrivants), les actes de violence sont plutôt rares mais les menaces sont fréquentes. Les dominants accaparent les ressources et la reproduction. La présence d’un congénère d’un statut supérieur (qui accapare les ressources, fait planer la menace d’une agression, etc…) est source d’incertitude, de frustration et de perte de contrôles des évènements. Comme conséquences on va dénombrer : - mâles subordonnés hypersécrétion chronique de CRH, ACTH et cortisol au repos. Le stress n’entraîne qu’une augmentation modeste de ces hormones . Mauvais rétrocontrôle. - Mâles dominants faibles concentrations de CRH, d’ACTH et cortisol. Lors du stress, la libération de ces hormones est importante. Bon rétrocontrôle. - mâles subordonnés inconvénients de taux élevés de cortisol (pathologies,…) sans les avantages (aspect adaptatif de la réponse au stress). On a donc des conséquences sur l’état de santé de l’individu, les hormones du stress ne jouent plus leur rôle en cas d’agression, il y a un problème de mémorisation des évènements stressants (voir + loin,…). On a fait des observations sur une autre espèce, les vervets, nés en milieu nature puis capturés et mis en cage (car ils sont considérés comme un fléau agricole au Kenya). On a observé que la captivité exacerbe les relations de dominance. Les animaux qui subissent un dominant très agressif tombent malade et qui meurent finalement de stress. A l’autopsie on s’est aperçu qu’une bonne partie 17 d’entre eux présentaient des ulcères gastriques, une hypertrophie des surrénales et des lésions dans l’hippocampe. On observe également chez les babouins l’utilité d’un exutoire et d’un soutien social. Parmi les animaux dominants, on a établi que ceux qui avaient les taux de cortisol les + faibles étaient les animaux qui montraient une meilleure aptitude à se défouler sur un subordonné après une défaite. La place dans la hiérarchie dépend largement du statut maternel. Elle n’est pas remise en question très fréquemment. Elle est maintenue par l’intimidation des subordonnés. Ce sont les subordonnés qui sont les + soumis au stress. Les dominants ont peu d’incertitude, ils contrôlent la plupart des situations, n’anticipent pas en permanence l’arrivée d’évènements menaçants, ce qui engendre moins de stress. Les subordonnés eux sont en situation de grande incertitude, ils ne contrôlent pas la plupart des situations et anticipent en permanence l’arrivé d’évènements menaçants, ce qui engendre un fort stress. Lorsque le mâle situé au sommet de la hiérarchie vieillit ou disparaît, la structure hiérarchique est déstabilisée : les dominants s’affrontent pour essayer d’accéder à la première place. Des coalitions se font et se défont, engendrant une + grande incertitude, ce qui augmente le stress pour les dominants et donc une hypersécrétion de CRH, d’ACTH et de cortisol au repos. Le stress n’entraîne qu’une augmentation modeste de ces hormones. Mauvais rétrocontrôle. Une fois que la hiérarchie est de nouveau établie, les dominants, même s’ils ne sont pas tout au sommet, retrouvent des profils hormonaux conformes à leur statut social. Il existe une grande variété de situations, le cas des babouins n’est pas généralisable. Plusieurs facteurs modulent les rapports entre statut social et stress. Sans être exhaustif, on peut citer : - style de dominance : réaffirmer fréquemment sa supériorité ou simplement intimider les subordonnés - mode de reproduction : coopérative (au sein d’une famille pour élever les jeunes) ou non - stabilité de la hiérarchie : stable ou instable - stratégies des animaux subordonnés : possibilité d’éviter les dominants, soutien social de la part des congénères ? 18 Style de dominance : Babouins : hiérarchie dépend largement du statut maternel, peu souvent remise en question,… Lycaons ou lémurs : les animaux dominants doivent fréquemment réaffirmer leur supériorité par des agressions de leurs congénères. Les taux de glucocorticoïdes sont + élevés chez les dominants que chez les subordonnés,… Mode de reproduction : Reproduction coopérative : la « famille élargie » (frères, sœurs, enfants) du couple dominant constitue le groupe social de base ; tous les individus participent à l’élevage des jeunes… les dominants assurent la défense du groupe et agressent peu les subordonnés. Stabilité de la hiérarchie : Cf. les babouins Stratégies des animaux subordonnés : possibilité d’éviter les dominants, soutient social de la part des congénères ? Soutien social : voir + haut Il est indispensable d’avoir de l’espace pour échapper aux dominants…Problèmes liés à la captivité… XI – Statut social et réponse surrénalienne chez l’enfant Travaux déjà anciens menés par l’équipe du professeur Montagner à Besançon dans les années 70-80. On confrontent ces données anciennes aux données récentes concernant le statut social et le stress. Le but est de déterminer les relations entre le statut social des enfants et leur profil hormonal (cortisol). Ils ont étudiés des enfants de moins de 3 ans en crèche et des enfants de 3/4 ans à l’école maternelle. Pour tenter de voir les relations entres les enfants ils ont fait des observations lors d’activités spontanées. Parmi les comportements exprimés spontanément : - des comportements de cohésion : sourire, embrasser, aller vers l’autre sans le menacer, offrir un jouet,… - des comportements qui entraînent la rupture : menacer par des cris, tirer les cheveux, griffer, mordre,… On a fait des recueil des urines des enfants (collaboration des parents et des personnels des crèches et des écoles) tout au long de la journée de 7 à 20 heures. On faisait un dosage des produits de dégradation du cortisol, les 17-OHCS (17hydroxycortiscostéroïdes), mesure indirecte de la libération de cortisol. 19 On observe de nombreux profils comportementaux avec des « dominants » et des « subordonnés ». Parmi les dominants : - des enfants dominants-agressifs : agressions spontanées fréquentes, répétées et durables ; séquences comportementales ambiguës ou alternent menaces – agression – apaisement ; ils dominent les autres parce qu’ils sont agressifs - des leaders : suivis et imités par les autres enfants ; séquences comportementales non ambiguës, comportements d’apaisement (offrir un jouet) sont fréquents, comportements d’agression rares Ces profils comportementaux s’affirment vers 2/3 ans. Les dominants-agressifs ont, quelle que soit l’heure de la journée, des concentrations + élevées de cortisol que les leaders, cela est vrai aussi bien en crèche qu’à l’école. La notion de dominance ne suffit pas à rendre compte du statut social de ces enfants ni à expliquer à elle seule les différents profils hormonaux. Les enfants qu’ils soient leaders ou dominants par agression peuvent être considérés comme socialement « dominants » pourtant leurs profils hormonaux sont très différents. Ce qui est pertinent c’est le style de dominance (cf. plus haut). Les enfants leaders s’engagent peu souvent dans des actes d’agression. Chez ces enfants, l’activation des hormones du stress est peu importante. Par contre, les enfants dominants par agression s’engagent fréquemment dans des actes d’agression qui maintiennent les autres sous leur « domination » et de ce fait sollicitent de manière important la libération des hormones du stress. D’après les auteurs de cette étude, les enfants agressifs sont des enfants qui ont des difficultés d’adaptation à leur milieu et qui réagissent de manière excessive aux changements (de personnes, par exemple). Ils réagissent en devenant + agressifs et sont, selon les auteurs, + souvent malades que les enfants leaders. D’après les auteurs, les dominants-agressifs seraient des enfants eux-mêmes agressés, au moins verbalement, par leurs parents. XII – Vie sociale et mémoire : effets des médiateurs du stress sur la mémoire La plupart des espèces évolués vivent dans des groupes sociales ce qui demande une mémorisation d’un grand nombre d’informations. Mémoriser revient aussi à faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l’est pas. Pour un organisme l’importance d’un événement est définie par rapport à son impact potentiel sur la survie de l’individu ou son intégrité physique ou mentale. Les situations d’éveil comme le stress sont importantes dans les processus de mémorisation. 20 Plus une information revêt d’importance, + l’attention qui lui est portée est grande et + elle sera solidement mémorisée. Un événement traumatisant, contrairement à une situation banale, est suffisamment saillant pour capter toutes les ressources attentionnelles d’un individu, ce qui optimise son emmagasinage et sa consolidation en mémoire. Activation orthosympathique et mémoire : Une augmentation importante des catécholamines dans l’amygdale optimise la consolidation en mémoire des évènements traumatisants. L’amygdale est une région riche en récepteurs alpha et bêta adrénergiques. Lorsque des récepteurs bêta adrénergiques sont activés, l’amygdale accorde une « connotation émotive », importante, aux informations à mémoriser. Une attention soutenue est alors portée aux évènements et l’hippocampe permet une bonne consolidation des informations en mémoire. On présente à 2 groupes A & B de sujets des histoires à valence émotive neutre (condition neutre) et, à deux autres groupes C & D, des histoires à valence émotive négative (condition émotive). Deux groupes, A & C reçoivent un placebo, tandis que les deux autres B & D reçoivent du propanolol, un bêta bloquant. Tâche de mémoire incidente, c’est-à-dire pour laquelle l’expérimentateur n’avise pas les sujets qu’ils doivent ultérieurement se rappeler le matériel présenté. Un test de rappel a eu lieu une semaine + tard. Les sujets du groupe placebo C se rappellent un + grand nombre d’éléments de l’histoire émotive que les sujets du groupe propanolol D, tandis que, dans la condition neutre, la performance au rappel des 2 groupes A & B est similaire. Activation de la corticosurrénale et mémoire : On va voir des effets négatifs à long terme, le phénomène de l’interférence et se pose une question de contexte et de quantité. Effets négatifs à long terme : un stress prolongé induit une régression uni ou bilatérale de la taille de l’hippocampe. Phénomène de l’interférence : lorsque trop d’informations demandent à être traitées en même temps, les ressources attentionnelles d’un individu ne suffisent plus à la demande. Distinguer les stimuli qu’il est important d’apprendre devient difficile, ce qui nuit au rappel immédiat ou différé des items. Plusieurs facteurs comme le bruit créent du stress et engendrent une telle situation d’interférence. Des individus soumis à un apprentissage d’items à valence émotive neutre dans un environnement bruyant ne se rappellent, immédiatement après, qu’un faible 21 pourcentage des éléments présentés (résultats identiques si on ajoute une situation de stress social). Les phénomènes d’interférence liés au stress seraient dus à la saturation, par des taux de cortisol élevés, des récepteurs des glucocorticoïdes situés dans le cortex préfrontal et dans l’hippocampe. Administration de glucocorticoïdes synthétiques (hydrocortisone et cortisone) à des sujets jeunes et ne présentant pas de troubles mnésiques avant de les soumettre à l’apprentissage d’une liste de mots. Les sujets ayant reçu des glucocorticoïdes synthétiques ont mémorisé un + petit nombre de mots que les sujets ayant reçu un placebo. Les performances seraient surtout dégradées pour les mots à valence émotionnelle neutre mais pas forcément pour les mots à valence émotionnelle positive ou négative forte. Une question de contexte et de quantité : Lorsqu’un individu doit mémoriser des informations ne concernant pas l’événement qui a induit le stress, l’apprentissage de ces informations est difficile (interférence). Dans cette situation, les glucocorticoïdes exercent un effet négatif sur la mémoire. Lorsqu’un individu doit mémoriser des informations concernant l’événement qui a induit le stress, les glucocorticoïdes peuvent exercer un effet positif sur la mémoire. Tests de mémoire avec des sujets jeunes et en bonne santé : On va refaire une tâche d’apprentissage soit avec les mêmes personnes soit avec des personnes sous placebo ou après traitement par un inhibiteur de la synthèse de cortisol (métyrapone) ou après traitement par la métyrapone + hydrocortisone. Au niveau des résultats on observe que faire baisser le taux de corticoïdes via la métyrapone, on observe des performances (mémoire déclarative) inférieur à la condition placebo. Quand on fait remonter les glucocorticoïdes par l’hydrocortisone, les performances reviennent au même niveau que la condition placebo. Il y a donc une nécessité d’avoir des concentrations de glucocorticoïdes qui ne soient pas trop basses. Les glucocorticoïdes (cortisol, corticostérone) peuvent faciliter les apprentissages sociaux comme l’apprentissage des relations de dominance. Dans un groupe (par exemple rongeurs), la hiérarchie s’établit à la suite de rencontres, + ou – agressives, entre les individus. Lorsque la hiérarchie est établie, les combats sont + rares : les subordonnés apprennent à éviter les dominants. 22 Chez les animaux, en particulier les rats, on voit des posture de « soumission » se mettre en place. Exemple : A gagne / B perd (durée du combat : […]) 1ère rencontre : [………….] soumission de B 2ème rencontre : [……..] soumission de B 3ème rencontre : [….] soumission de B Nème rencontre : [.] soumission quasi immédiate de B Ceci est la preuve d’un apprentissage. Souris : Injection ACTH augmentation de la corticostérone augmentation de la soumission mémorisation (ne marche que juste après le combat) Ablation des surrénales (injection de doses palliatives de corticostérone) baisse de la soumission absence de mémorisation Les glucocorticoïdes (corstisol, corticostérone) peuvent également faciliter d’autres apprentissages, réalisés notamment en situation de stress. Exemple : apprentissage topographique dans la piscine de Morris Des rats subissent une première série de 4 tests, puis, le lendemain, on les soumet au même dispositif durant 4 autres tests. Après la première session de tests, certains animaux reçoivent dans les ventricules cérébraux, l’injection d’une substance qui bloque les récepteurs de type II (antagoniste). Les animaux du groupe contrôle reçoivent une injection de substance non active (solution saline). Les meilleurs performances sont observés auprès des animaux contrôles. Le lendemain, les animaux qui ont reçus l’antagoniste des glucocorticoïdes présentent des performances nettement moins bonnes que les animaux témoins. Par contre, une injection + tardive (24h après la 1ère session de tests) reste sans effet. Les récepteurs de type II sont impliqués dans les processus de consolidation plutôt que les processus de rappel des informations acquises durant cet apprentissage spatial. A l’inverse, le blocage sélectif des récepteurs de type I ne modifie pas la performance des animaux, quel que soit le moment où ont lieu les injections. Par contre, l’injection centrale d’un antagoniste des récepteurs de type I modifie le comportement d’exploration des animaux : après avoir trouvé la plate-forme, ils continuent d’explorer l’environnement, montrant une réactivité comportementale inappropriée. 23 Les glucocorticoïdes ont un rôle sur l’efficacité synaptique. Il y a 2 phénomènes fondamentaux conrcernant les synapes : - LTP : la potentialisation à long terme « renforcement » des synapses, l’augmentation de leur efficacité - LTD : la dépression à long terme « affaiblissement » synaptique L’hypothèse la + couramment admise est que le phénomène de LTP favorise le stockage de l’information. L’administration, dans l’hippocampe, de substances qui bloquent ces phénomènes de LTP bloquent en même temps certains processus d’apprentissage dans lesquels l’hippocampe intervient (comme l’apprentissage spatial). Des études réalisées in vitro montrent que les phénomènes de LTP sont favorisés lorsque des quantités moyennes de glucocorticoïdes sont ajoutées, entraînant une occupation et une activation des récepteurs de type I et d’une partie seulement des récepteurs de type II. L’occupation et l’activation des récepteurs de type I semblent être des préalables indispensables pour que les phénomènes de LTP aient lieu. Une augmentation importante des concentrations de glucocorticoïdes provoque une occupation et une activation importance des récepteurs de type II qui se traduit surtout par des phénomènes de LTD. On obtient donc, finalement, une courbe en U inversé : l’augmentation des concentrations des glucocorticoïdes favorise les phénomènes mnésiques jusqu’à un certain point, variable selon les individus et dépendant de l’histoire individuelle. Au-delà de ce point, l’augmentation des glucocorticoïdes exerce un effet négatif. On retrouve cette courbe en U inversé dans les études chez l’animal, comme dans les études concernant la mémoire humaine. 24