Le stress - Bienvenue chez Gandalf Le Magicien

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Chapitre : Stress
I - Le stress en action…
Le stress se définit comme une situation au cours de laquelle un organisme
apporte une réponse à un agent stressant (cause).
L’agent stressant provoque une réaction d’éveil (émotionnel).
Réponses au stress : ensemble des processus physiologiques et
comportementaux par lesquels l’organisme tente de faire face aux évènements
stressants.
Quelque soit la nature de l’agent stressant, les réponses physiologiques sont
assez identiques.
La première réponse, qui vient immédiatement lors de l’agression, est dit rapide
et fait intervenir le système nerveux sympathique (orthosympathique) ainsi que
deux messages chimiques : la noradrénaline et l’adrénaline.
La seconde réponse est + progressive, elle est lié à l’activation en chaîne de
réponses hormonales sur plusieurs niveaux dont le messager chimique chez
l’humain principal est le cortisol.
Exemple : un tigre pourchassant une gazelle.
Les deux sont stressés, les deux vont donc avoir une poussé d’adrénaline et de
noradrénaline.
A la suite de la libération de ces messages chimiques ont va constater une
augmentation de la fréquence cardiaque (par l’activité des 2 agents), une
augmentation de la force des contractions cardiaques (par l’action de
l’adrénaline), une distribution du sang allant préférentiellement vers les muscles
et vers l’encéphale (par l’action de l’adrénaline), une augmentation des échanges
respiratoires c’est-à-dire que les bronches sont + dilatées (par l’action de
l’adrénaline), une dégradation des réserves telles que le sucre et la graisse (par
l’action de l’adrénaline), une meilleure utilisation des réserves (par l’action de
l’adrénaline), une augmentation de la vigilance et de l’anxiété (par l’action de la
noradrénaline).
Le problème avec cette première réponse au stress réside dans le fait que c’est
une situation très coûteuse pour l’organisme, le système cardiaque s’use
(hypertension artérielle), les réserves diminuent,… On ne peut donc pas rester
dans cet état.
C’est la réponse qui permet de faire face à la situation.
Ensuite, en supposant que les deux soient toujours vivant, vient une deuxième
phase où vont être libérés des messagers chimiques appelés corticostéroïdes
(cortisol ou corticostérone), ceci dans le but de récupérer l’énergie qui vient
d’être dépensée et notamment en reconstituant les réserves de glucose à partir
des acides aminés (néoglucogenèse), au besoin cette récupération peut être fait
1
par une fonte musculaire pour récupérer des acides aminés. Pour récupérer de
l’énergie on va éviter d’en gaspiller par ailleurs, d’où une mise en veilleuse des
autres fonctions (système immunitaire,…).
Cette deuxième période est donc une période de récupération.
Pour récapituler :
Au plus fort de l’action au moment où il faut « combattre ou fuir »  libération
de noradrénaline et d’adrénaline.
Par la suite, libération de corticostéroïde comme le cortisol.
II – Les messagers chimiques libérés lors du stress
Le stress met en jeux des messages chimiques qui sont des molécules qui
véhiculent une information entre plusieurs cellules. Il s’agit d’hormones et de
neuromédiateurs.
Les hormones sont liées au système endocriniens.
Les principaux producteurs d’hormones sont : l’hypothalamus, l’hypophyse, la
thyroïde et parathyroïde, les glandes surrénales, le pancréas, et dépendamment
du sexe les ovaires ou les testicules.
Les neuromédiateurs sont produits par le système nerveux et sont libérés au
niveau de synapses.
Les hormones et les neuromédiateurs vont constituer les 2 grands systèmes de
communication entre les cellules.
Quelles sont les points communs et les différences entre les deux ?
Système nerveux
Système endocrinien
Neuromédiateurs
Hormones
2
Messagers chimiques
Synthétisés à partir de précurseurs,
Stockés dans des vésicules,
Libérés par exocytose (expulser des vésicules),
Qui se fixe à des récepteurs (protéines).
Caractère discret et local de la diffusion Diffusion à grande distance (circulation
(synapse)
sanguine)
Effet immédiat et de courte durée dans
Effet à moyen ou long terme et de
le cas de la neurotransmission ;
longue durée.
Effet à long terme et plus prolongé
dans le cas de la neuromodulation.
Entraînent l’ouverture sélective de
Agissent sur la synthèse des protéines
certains canaux ioniques (Na+, K+, Cl- par l’ADN (hormones stéroïdes) ou
) : cas des récepteurs ionotropiques ou
entraînent l’activation des seconds
entraînent l’activation d’autres
messagers (hormones peptidiques et
messagers chimiques intracellulaires,
catécholamines)
les seconds messagers : cas des
récepteurs métabotropiques
Un dernier type de cellule est les cellules neuroendocrines (hypothalamus) qui
sont des cellules nerveuses qui libèrent leurs messagers chimiques dans le sang.
Elles reçoivent des messages nerveux et envoie des messages hormonaux.
Pour agir les messagers chimiques se fixent sur des récepteurs protéiques.
Les récepteurs sont situés :
- sur la membrane : pour neuromédiateurs, hormones protéiques,
catécholamines (hormones à neuromédiateurs)
- dans la cellule (cytoplasme, noyau) : pour hormones capables de
traverser les membranes comme les stéroïdes
Le fait de traverser ou non la membrane est une question de solubilité dans les
lipides. En fonction de leur nature, les molécules peuvent la traverser (stéroïde)
ou non (protéine).
Les hormones qui traversent les membranes peuvent agir directement sur la
synthèse des protéines, exercer leur action sur le cerveau car elles traversent la
barrière hémato-encéphalique (barrière sang – cerveau), cela veut donc dire
qu’elles peuvent être libérées à la périphérie et agir sur le cerveau.
La barrière hémato-encéphalique permet d’être un filtre entre ce qui vient du
sang et filtrer ce qui pourrait être toxique pour le cerveau. Cette barrière c’est le
fait que au niveau du cerveau les cellules des vaisseaux sanguins ont des
jonctions serrés (bien serrées les unes contres les autres) et en + sont entourés
par une deuxième couche faites par des cellules de la glie qui sont appelés des
astrocytes. Du coup pour passer du sang au liquide autour des neurones il faut
traverser tout ça.
3
Les hormones du stress sont produites par une glande située au dessus de chacun
des reins et qui s’appelle la glande surrénale.
Chaque surrénale comprend 2 parties :
- une partie centrale qui est d’origine nerveuse que l’on appelle la
médullosurrénale (médulla)
- une partie périphérique qui n’est pas un tissu nerveux et que l’on
appelle la corticosurrénale (cortex surrénalien)
La médullosurrénale produit et libère dans le sang 2 hormones : il s’agit de
l’adrénaline (80 à 90% du total) et de la noradrénaline (10 à 20% du total). La
noradrénaline est également produite par le cerveau, c’est alors un
neuromédiateur.
La corticosurrénale produit une famille d’hormones, les corticostéroïdes, en
particulier le cortisol.
III – Une courte visite au « chef d’orchestre »
La libération de la noradrénaline de l’adrénaline et du cortisol, sont sous le
contrôle du cerveau et en particulier d’une région située à la base du cerveau et
appelée l’hypothalamus, le « cher d’orchestre » des régulations vitales.
L’hypothalamus est constitué de cellules nerveuses et de cellules
neuoendocrines (somas, axones et terminaisons nerveuses).
Des cellules gliales servent, entre autres, de support structural (elles servent
également à isolées les cellules les unes des autres).
Les corps cellulaires des neurones et des cellules neuroendocrines s’agglomèrent
pour former des zones bien délimitées : les noyaux.
Parmi les noyaux de l’hypothalamus, celui qui recevra le + d’attention dans le
cadre de ce cours sur le stress est le noyau paraventriculaire.
L’hypothalamus est :
- un centre nerveux impliqué dans un certain nombre de régulations
viscérales (circulation sanguine, digestion,…)
- une structure qui sécrète des hormones qui vont commander une
grande partie du système endocrinien
Par des régulations hormonales et nerveuses, l’hypothalamus gouverne les
grandes fonctions qui permettent l’équilibre de l’organisme (homéostasie) et une
relation harmonieuse avec son environnement.
Pour réaliser cela, l’hypothalamus se trouve soumis au contrôle de structures
corticales ou sous corticales et travaille en coopération avec elles : formation
réticulé (éveil), thalamus (traitement des informations sensorielles), système
limbique (gestion des émotions), cortex (pensée consciente),…
IV – Les deux grands systèmes de réponse au stress
1) Le système nerveux orthosympathique
Le système nerveux se compose du système nerveux central (encéphale +
moelle épinière) et du système nerveux périphérique (nerfs crâniens et
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rachidiens). Ce dernier a des voies qui vont de la périphérie vers le cerveau ou la
moelle épinière, on les appelles des voies afférentes qui permettent la
perception, et des voies efférentes qui vont permettrent la motricité.
Dans les voies efférentes il y a deux sous-systèmes, le système nerveux
somatique qui permet la motricité volontaire, et le système nerveux végétatif qui
permet la motricité involontaire (viscères).
Dans le système nerveux végétatif on a le système nerveux parasympathique qui
est prépondérant lors du repos (digestion,…) et le système nerveux
orthosympathique/sympathique qui est prépondérant lors de l’action (a les
mêmes effets décrit dans l’exemple avec le tigre et la gazelle)..
Ces deux systèmes sont antagonistes la plupart du temps (on ne devrait pas
travailler alors qu’on digère).
Le système nerveux végétatif (SNV) est divisé en 2 : le système
orthosympathique et parasympathique.
Sur les organes et les muscles il y a en général une double innervation (on a des
fibres des deux systèmes).
Dans la plupart des cas, à quelques exceptions près, quand les systèmes sont
antagonistes, l’un des systèmes sert de frein, l’autre sert d’accélérateur.
L’orthosympathique (dont fait partie la médullosurrénale) c’est le système
prépondérant lors de l’action, et donc le système qui se sert de la noradrénaline
et l’adrénaline.
Le parasympathique lui est activé lors du repos, de la digestion et utilise le
messager chimique appelé l’acétylcholine.
L’hypothalamus est le centre supérieur de contrôle et d’intégration du système
nerveux végétatif.
Des neurones hypothalamiques, en particulier, des neurones en provenance du
noyau paraventriculaire, des noyaux latéraux et postérieurs envoient des
projections vers le bulbe rachidien et la moelle épinière.
Ces neurones hypothalamiques établissent des synapses avec les neurones préganglionnaires du tronc cérébral (SNParasympathique), de la moelle épinière
thoracique et lombaire (SNOrthosympathique) et les neurones parasympathiques
de la moelle épinière sacrée (région du sacrum).
2) L’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien
L’hypothalamus est fait de cellules nerveuses et de cellules neuroendocrines qui
sont des cellules nerveuses mais messagers chimiques dans le sang.
Les corps cellulaires (neurone et cellule neuroendocrien) s’agglomèrent :
noyaux
Double fonction de l’hypothalamus : centre nerveux et structure qui sécrète des
hormones qui commandent une grande partie du système endorcrinien.
Barrière hémato-encéphalique.
L’hypothalamus est en quelque sorte la porte de sortie des hormones produis au
niveau de l’encéphale qui leur permet de communiquer avec le reste du corps.
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Au niveau de l’encéphale vont être produite des protéine qui ne traverse pas la
barrière, sans cette porte de sortie, elles resteraient sur place.
L’hypothalamus est relié à l’hypophyse qui est située immédiatement endessous.
Cette structure va libérer des hormones dans le sang qui vont commander
certaines glandes endocrines (thyroïde, corticosurrenale, ovaires, testicules) et
qui également agissent directement sur certains tissus (glandes mammaires,
muscles et os, reins,…).
Dans l’hypothalamus on a 2 sortes de cellules neuroendocrines :
- les éléments magnocellulaires (grandes cellules) : leurs axones sortent
de l’hypothalamus et se terminent dans l’hypophyse postérieure ou
neurohypophyse.
- Les éléments parvocellulaires (petites cellules) : leurs axones se
terminent au niveau du plancher de l’hypothalamus ; déversent leurs
hormones dans les vaisseaux sanguins qui relient l’hypothalamus à
l’hypophyse antérieure ou adénohypophyse.
La neurohypophyse est donc un prolongement de l’hypothalamus avec les
terminaisons nerveuses des neurones magnocellulaires.
Elle est incapable de fabriquer des hormones par elle-même, c’est un lieu où
aboutissent des hormones produites dans l’hypothalamus.
L’adénohypophyse a des cellules qui sont spécialisées dans la fabrication
d’hormones, cependant elle n’a pas de liaison nerveuse avec l’hypothalamus. Du
coup elle utilise pour se déplacer la voie sanguine par un système de réseau
sanguin, le système porte hypothalamo-hypophysaire. Il n’y a pas de barrière
hémato-encéphalique au niveau de ce système donc les hormones peuvent passer
comme elles veulent dans ce système. L’hypothalamus commande
l’adénohypophyse.
Cet axe est donc une « fusée » à trois étages :
hypothalamus/hypophyse/surrénale.
La première hormone s’appelle la CRH (corticolibérine), elle est produite et
libérée par des éléments parvocellulaires que l’on trouve dans le noyau
paraventriculaire.
Ce système est dit asservi, il y a un contrôle périphérique du centre de
commande, ou rétrocontrôle.
La CRH est produit par l’hypothalamus qui entraîne la production de l’ACTH
(ou hormone corticotrope) par l’adénohypohyse qui entraîne à son tour la
production de cortisol par les corticosurrénales.
Le rétrocontrôle fonctionne parce qu’il existe des récepteurs du cortisol au
niveau central (hypothalamus, hypophyse,…).
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V - A quoi servent les hormones de la coticosurrénale ?
On a 2 surrénales identiques, chacune comprenant 2 parties :
- une centrale qui est un système nerveux appelé la médullosurrénale
- une partie périphérique qui n’est pas un tissu nerveux appelé la
corticosurrénale
Le cortex surrénalien produit des hormones appelées stéroïdes (dérivées du
cholestérol).
Ce sont des hormones solubles dans les lipides qui traversent les membranes, et
est capable de traverser la barrière hémato-encéphalique.
Il existe 3 grands groupes de corticoïdes :
- les glucocorticoïdes (cortisol, corticostérone) qui sont en charge d’une
partie du métabolisme du glucose (sucre)
- les minéralocorticoïdes (aldostérone) qui est en charge de l’équilibre
de substances minérales (sodium, potassium)
- les androgènes surrénaliens (hormones apparentés à la testostérone)
qui auraient un rôle dans le comportement sexuel, et qui en cas d’excès
peut provoquer par exemple de l’hirsutisme (système capillaire de type
masculin),…
Il y a 2 grands types de récepteurs pour les glucocorticoïdes :
- récepteur de type I
- récepteur de type II
Les glucocorticoïdes se fixent préférentiellement sur les récepteurs de type I
(puis II ensuite).
Les minéralocorticoïdes se fixent sur les récepteurs de type I.
Le cortisol a comme fonction d’agir sur le métabolisme (lors du jeûne
notamment). Il favorise la fabrication du glucose (dans le foie) à partir de
glycérol (graisses) ou d’acides aminés (protéines), c’est la phénomène de la
néoglucogenèse.
Le glucose est le carburant principal des cellules, surtout des cellules nerveuses.
Le cortisol favorise la fonde des réserves de lipides, ça libère des acides gras qui
peuvent être utiliser par les cellules (sauf nerveuses) pour faire de l’énergie.
Cette fonte des réserves de graisse est appelée lipolyse.
Le taux de cortisol est maximum au réveil (car période de jeûne nocturne).
Effet catabolique : en cas de jeûne prolongé (famine, privations,…migrations
chez les animaux), le cortisol (ou la corticostérone) provoque une dégradation
des protéines du muscle (fonte musculaire) entraînant une libération d’acides
aminés permettant de refaire du glucose.
Un autre effet du cortisol est un effet anti-inflammatoire/anti-immunitaire. Il
modère l’action du système immunitaire et empêche ses débordements. Il bloque
la réponse immunitaire sans soigner la cause de l’inflammation.
On utilise du cortisol ou de ses dérivés (cortisone) dans certaines maladies qui
mettent en cause le système immunitaire : arthrite rhumatoïde, allergie, sclérose
en plaques,…
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VI – Une courte histoire du stress
Walter Cannon (1871-1945), dès les années 20-30, attire l’attention sur le rôle
de la médullosurrénale et de l’adrénaline dans des situations où il faut
« combattre ou fui » (fight or flight).
Hans Selye (1907-1982), médecin, étudie la physiologie et en particulier les
hormones. En 1935/36, il observe une série de symptômes chez des rats qu’il
utilise dans ses expériences :
- une augmentation de la taille (hypertrophie) des corticosurrénales
- une diminution des défenses immunitaires au niveau du thymus, de la
rate, des ganglions lymphatiques ou des lymphocytes
- une ulcération du tube digestif
Le thymus est une glande endocrine chez l’enfant et l’adolescent, elle sert
d’organe immunitaire, de stockage et de maturation lymphocytes.
La rate sert entre autre comme organe immunitaire secondaire et sert à stocker
des lymphocytes.
Ces symptômes sont la conséquence de « mauvais traitements » prolongés…les
corticosurrénales sont trop sollicitées.
En écrivant ses mémoires (1975), Seyle a avoué qu’il était très maladroit.
Les observations cliniques de personnes en état de choc vont dans le même sens.
Dans l’élaboration de sa théorie il dit qu’il a observé une réaction non-spécifique
(quelque soit le type donc) de l’organisme lorsque son intégrité est menacée. A
ce moment là il ne parle pas de stress mais de syndrome général d’adaptation,
une réponse adaptative permettant la survie de l’organisme, et ce en 3 phases :
- la réaction d’alarme  Elle se caractérise par l’activité des
médullosurrénales (cf. Cannon).
- la phase de résistance . Elle suit la phase aiguë précédente. Elle se
trouve sous la dépendance des corticosurrenales.
- la phase d’épuisement (quand ça dure trop longtemps)  Lorsque les
surrénales sont trop sollicitées elles s’arrêtent de fonctionner. En fait si
il y a épuisement c’est celui de l’organisme dans son ensemble, pas des
surrénales.
Le stress avait été utilisé par Cannon dès 1914 dans une publication concernant
les rapports entre émotions et réponses hormonales : il parlait de stress
émotionnel.
En 1936, Seyle préféra parler de syndrome général d’adaptation puisqu’il
s’agissait d’une réponse physiologique non reliée au comportement comme le
stress de Cannon.
Ce n’est que par la suite en 1846 lorsqu’il élabora l’ensemble de sa théorie en
intégrant les 3 phases successives, qu’il utilisa le terme de stress. Sous a plume
le stress a désigné successivement :
- le stimulus, l’agent agresseur
- la réponse de l’organisme
- l’interaction entre le stimulus et la réponse organique
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VII – Lorsque l’intégrité de l’organisme est menacée
Par exemple, une rencontre avec un serpent (circuits de la peur et du stress) va
avoir plusieurs étapes :
- une interprétation subjective du stimulus : les voies sensorielles
amènent l’information vers le thalamus  2 circuits :
o cortical  cortex visuel primaire  associatif
 activation des réponses motrices conscientes
  vers le système limbique qui va permettre de
déclencher les réponses émotionnelles
o sous-cortical  directement vers l’amygdale ce qui induit une
réponse rapide en fournissant une réponse moins élaborée
cependant, préparant l’organisme à l’action
L’hypothalamus est relié à différents système impliqués dans la régulation des
réponses émotionnelles, notamment le système limbique (amygdale qui gère les
émotions, hippocampe qui a un rôle dans la mémorisation,…) et le cortex
préfrontal.
- activation de l’hypothalamus (en particulier du noyau
paraventriculaire) :
o activation du système nerveux orthosympathique
 le but est d’approvisionner rapidement les cellules de
l’encéphale et les cellules des muscles en quantités
importantes d’oxygène et de glucose (ou d’acides gras) et
favoriser le métabolisme de ces cellules
 l’adrénaline engendre une distribution du sang
essentiellement vers les muscles et l’encéphale, cela est
dû au fait que les muscles lisses (internes, dont certains
sont situés autour des vaisseaux sanguins) se ferment à
certains endroits (vasoconstriction) tandis qu’à d’autres
endroits ils se relâchent et s’ouvrent (vasodilatation).
Cette réaction mécanique dépend donc de l’adrénaline qui
a besoin de récepteur alpha et bêta, elle se lie d’abord au
bêta puis aux alpha lors de forte concentration comme
pendant le stress (la noradrénaline se lie au récepteur
alpha) ; quand les premiers sont activés ils provoquent la
vasoconstriction, quand les seconds sont activés ils
provoquent une vasodilatation. Au niveau de la périphérie
(peau) et des viscères les récepteurs alpha sont +
nombreux que les bêta (vaisseaux sanguins), au niveau du
centre (vaisseaux profonds du cœur, des muscles
squelettiques et du cerveau) les récepteurs bêta sont
majoritaires. Ce système de vannes permet de distribuer le
sang selon les besoins.
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 Lors du stress l’adrénaline qui est en forte quantité se fixe
sur les récepteurs bêta de l’encéphale, des muscles et du
cœur entraînant une vasodilatation et se fixe sur les
récepteurs alpha, les vaisseaux de la peau et des viscères
entraînant une vasoconstriction.
o activation de l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien
 activation rapide du système mais les glucocorticoïdes
comme le cortisol ne sont libérés de façon importante
qu’après 15min environ, il permet aux cellules de
récupérer une partie de l’énergie dépensée suite à l’action
de l’adrénaline. Pendant cette période, sous l’influence du
cortisol, il y a une mise en veilleuse des fonctions non
indispensables à la survie (système immunitaire,
reproduction,…) pour faire des économies.
- retour à la normale
o les évènements stressants sont de courte durée généralement
o l’organisme mobilise toutes ses ressources, fait face à
l’événement, puis arrête le processus : régulations nerveuses
centrales et rétrocontrôle négatif du cortisol sur ses récepteurs de
l’hypothalamus et de l’adénohypophyse (surtout type II)
o l’hippocampe joue un rôle important dans l’arrêt de la réponse
hormonale
o forte densité de récepteurs au cortisol de type I et II dans
l’hippocampe
o l’hippocampe possède des neurones dont les axones se projettent
vers l’hypothalamus (GABAergiques, inhibiteur du neurone
récepteur)
o l’hippocampe détecte le cortisol dans le sang et envoie des
ordres vers l’hypothalamus pour freiner l’activité du système
hypothalamo-hypophyso-surrénalien
o mécanisme de rétrocontrôle complémentaire qui va venir
rajouter des informations sur le premier rétrocontrôle
o des lésions bilatérales de l’hippocampe réduisent le rétrocontrôle
o en cas de prolongation du cortisol, les cellules de l’hippocampe
peuvent être détruit
o le cortex préfrontal joue un rôle assez similaire à celui de
l’hippocampe
VIII – Le stress : une réponse utile ou nuisible ?
1) Nuisible
On va pouvoir observer les effets nocifs du stress lorsque l’organisme est soumis
à de fortes contraintes pendant une période assez longue (Selye et ses rats,…).
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En situation chronique de stress on a des pathologies qui se développent et en
particulier :
- ulcère digestifs
o estomac : sécrétion d’acide chlorhydrique (qui attaquent les
tissus) et d’enzymes (qui agissent sur les protéines) de digestion
pour les aliments
o l’estomac devrait s’auto-digérer, si cela n’arrive pas c’est qu’il
existe des systèmes de protection
o l’estomac investit beaucoup d’énergie pour se défendre de ses
propres sécrétions d’acide
 mucus protecteur
 substances basiques (bicarbonate)
 cellules épithéliales constamment renouvelées
o ulcère correspond à un trou dans la paroi de l’estomac provoqué
par une tel érosion de l’épithélium de l’estomac qui va laisser à
nu des couches sous-jacentes
 risque d’hémorragie interne
o 3 raisons possibles :
 le stress engendre une baisse de l’activité du
parasympathique et une augmentation de
l’orthosympathique, cela se traduit par un ralentissement
des fonctions digestives ce qui ralentie la sécrétion
d’acide mais également du mucus et des sécrétions
basiques engendrant une baisse des protections pour
raison d’économie. Le problème est quand le stress va
disparaître, l’activité digestive est rapidement stimulée,
l’acide va être rapidement sécrété + rapidement que le
mucus et les sécrétions basiques, il agit donc dans un
milieu moins protégé. Si cela se répète on débouche donc
sur un ulcère. Ce n’est pas la période de stress en tant que
telle qui provoque l’ulcère mais l’alternance de périodes
de stress et de rémission.
 Lors du stress, l’afflux sanguin est redirigé
essentiellement vers l’encéphale et les muscles, ce qui
veut dire que l’estomac est un peu négligé. Comme il y a
moins de sang, le renouvellement des cellules de
l’épithélium est moins fréquent, il s’amincit et est donc +
vulnérable.
 Une bactérie (Helicobacter pylori) habite dans l’estomac,
elle est impliquée dans les ulcères à 80% pour certains,
apparemment on peut l’attraper essentiellement pendant
l’enfance et se développer dans l’estomac et provoquer
ulcère et cancer. Elle est capable de produire des
11
sécrétions basiques pour survivre dans l’environnement
dans l’estomac. Le stress provoque une hausse des
glucocorticoïdes qui ont un effet anti-immunitaire, cela
empêche du coup l’organisme de se défendre
efficacement contre la bactérie, favorisant ainsi les
ulcères.
- déficience immunitaire
o système immunitaire : défendre l’organisme de l’attaque des
agents pathogènes (agents infectieux) tel que les virus,
bactéries,…
o son fonctionnement est très complexe
o il réagit de manière spécifique aux agents pathogènes, il n’y a
pas de réaction uniforme
o il a une caractéristique importante qu’est celle de reconnaître le
« soi » du « non-soi », nos cellules et les cellules reconnues
comme étranger
o il a une mémoire pouvant réagir immédiatement de manière
adaptée à un agent pathogène qu’il a déjà rencontré, c’est le
principe de la vaccination
o il est éparpillé dans tout l’organisme et concentré à environ la
taille de l’encéphale
o il est formé de globule blanc (leucocytes) que l’on rencontre
dans les vaisseaux sanguins et la lymphe ou qui sont fixés dans
les tissus
o parmi eux, il y a les lymphocytes (2 mille milliards chez un
individu adulte), les macrophages,…
o 2 types de lymphocytes :
 les lymphocytes T (cellules T) fabriqués dans la moelle
osseuse mais dont la maturation (différenciation) se fait
dans le Thymus
 les lymphocytes B (cellules B) qui naissent et se
différencient dans la moelle osseuse
o En + du thymus, divers organes vont stocker les lymphocytes :
la rate, les amygdales, les végétations, l’appendice, les plaques
de Peyer du tube digestif, les ganglions lymphatiques,…
o Le système immunitaire reconnaît le « soi » du « non-soi » parce
que toutes les cellules, à l’exception des globules rouges et des
spermatozoïdes présentent à leur surface des glycoprotéines
CMH (codées par les gènes du Complexe Majeur
d’Histocompatibilité1)
1
Compatibilité tissulaire, du tissu
12
o Ces CMH sont différents d’un individu à l’autre : deux
personnes prises au hasard ont une chance de 1/40 000 de
présenter des protéines identiques qui sont un bon marqueur du
« sois » biologique.
o Le système immunitaire se base sur cette signature des cellules
pour reconnaître ce qui fait partie de l’organisme et ce qui n’en
fait pas partie.
o Réponse aux agents infectieux : 2 modalités de réponse
immunitaire :
 Immunité à médiation cellulaire (venir à bout des cellules
déjà infectées). Un virus infiltré dans l’organisme va être
captué par une cellule présentant de l’antigène comme les
macrophages. Ces derniers via leur récepteur protéinique
et leur message chimique interleukine2 1 va réagir avec
une cellule T auxiliaire qui produit l’interleukine 2 qui va
permettre la prolifération de cellules T cytotoxiques qui
vont permettre la suppression des cellules infectés.
 Immunité à médiation humorale (agents pathogènes libres
encore présent dans le sang). Le début est pareil que pour
l’autre réponse (virus  macrophage  cellule T
auxiliaire). La cellule T auxiliaire va cette fois activé des
lymphocytes B ou D qui ont déjà d’elle même reconnus
l’agent infectieux, elles se retrouvent + stimulés pour cet
agent infectieux. Va se retrouver activer la production de
par les cellules B/D des protéines nommés plasmocyte qui
sont des anticorps. Le but de ces derniers est de ce fixer
sur les éléments pathogènes encore dans le sang et de les
rendre visible en les marquant, permettant une destruction
rapide par d’autres éléments du système immunitaire. Une
partie des cellules ayant réagit vont survivre après
l’infection, ces cellules sont appelées cellules mémoire.
o Lors d’un stress prolongé, on a une baisse des défenses
immunitaires (immunodépression).
 Les glucocorticoïdes sont les agents principaux de cette
immunodépression ont un rôle anti-inflammatoire ou antiimmunitaire.
 Les glucocorticoïdes perturbent les relations entre les
cellules : baisse des récepteurs aux cytokines (interleukine
2), baisse de la libération des cytokines (interleukine 1)
 Bloquent la maturation des lymphocytes (régression du
thymus) ; provoquent la destruction des lymphocytes.
2
c’est un cytokine, un message chimique du système immunitaire
13
o Le système immunitaire assure sa propre régulation par le biais
du système hypothalamo-hypophyso-surrénalien.
o On a montré que l’interleukine 1 agit sur l’hypothalamus pour
augmenter la production de CRH
o On a montré que l’interleukine 1 agit sur l’adénohypophyse pour
augmenter la production d’ACTH
o A des concentrations supra-physiologiques, l’interleukine 1
stimule directement la libération des glucocorticoïdes par les
surrénales
o Les lymphocytes produiraient eux-mêmes de l’ACTH (en
quantité suffisante)
o Ce moyen de régulation évite les débordements du système
immunitaire (maladies auto-immunes)
- dégénérescence de tissu nerveux
o l’hippocampe est connecté avec l’hypothalamus et joue un rôle
important dans l’arrêt de la réponse à un stress. Les cellules de
l’hippocampe disposent de récepteurs sur lesquels se fixe le
cortisol.
o Un stress prolongé induit un régression uni ou bilatérale de la
taille de l’hippocampe.
o Normalement l’hippocampe agit sur l’hypothalamus pour faire
baisser le taux de cortisol
o Dans le cas d’une exposition continue au stress, cette forme de
régulation, de même que les autres s’avère insuffisante. Les
neurones hippocampiques finissent par être endommagés par la
présence continue de cortisol et dégénèrent.
o L’hippocampe endommagé est de moins en moins capable de
réduire le niveau de cortisol. Cela met en place un « cercle
vicieux ».
o Cette destruction des neurones de l’hippocampe va entraîner des
déficits mnésiques. On le voit dans le cas d’utilisation excessive
de corticostéroïdes exogènes, du syndrome de Cushing, de la
dépression, du stress post traumatique et de la maladie
d’Alzheimer.
o Un aspect positif est que ce phénomène est peut être réversible
ou du moins en partie dans la mesure où à côté de l’hippocampe
on va trouver des régions où certaines cellules ne sont pas
complètement développées.
La réponse au stress est une réponse utile car il constitue une réponse tout à fait
adaptée aux situations d’urgence rencontrées en nature par les proies comme par
les prédateurs tout au long de leur vie.
Un stress de courte durée n’est pas pathogène.
14
Au début de l’humanité, nos ancêtres étaient souvent soumis à des situations
d’urgence et n’avaient que deux possibilités : fuir ou combattre. C’est beaucoup
moins souvent notre cas dans nos sociétés modernes.
La vie que nous menons nous expose à des contraintes d’une autre nature
(notamment sociales) qui peuvent être génératrices de stress chronique.
Il y a donc un problème d’adaptation à notre environnement que notre espèce a
transformé et qui a évolué + vite que nous.
IX – Stress psychologique et stress psychosocial
1) Situations génératrices de stress
Il y a stress physique lorsque l’équilibre d’un organisme se trouve confronté à
un défi par un agent externe ; l’animal confronté à un prédateur et qui doit fuir
se trouve dans cette situation.
Il y a stress psychologique lorsqu’un individu anticipe, de manière justifiée ou
non, l’arrivée d’un événement menaçant pour son organisme.
Il y a stress psychosocial lorsqu’un individu anticipe, de manière justifié ou non,
l’arrivée d’un événement menaçant pour son organisme en raison de la présence
de tel ou tel congénère.
L’activation du stress par la présence permanente d’un congénère perçu comme
une menace provoque les mêmes réponses biologiques qu’une agression
physique réelle.
La différence réside dans le fait que la réponse au stress physique est
relativement brève et adaptée à la situation alors que la réponse au stress
psychosocial est de longue durée et devient assez vite inadaptée.
L’augmentation de la pression artérielle, la mobilisation des réserves d’énergie,
l’arrêt des fonctions digestives, reproductrices, la baisse des réponses
immunitaires sont utile à court terme mais deviennent néfastes à long terme.
De fait, les individus exposés de façon chronique au stress psychosocial ont une
probabilité + grande que les autres de développer un certain nombre de
pathologies.
Le stress apparaît lorsque des individus sont confrontés à la nouveauté,
l’incertitude et la frustration où lorsqu’ils perdent ou n’ont pas le contrôle des
évènements.
Des rats qui peuvent mettre fin à des chocs électriques ou empêcher leur
apparition en faisant tourner une roue développent moins d’ulcères que des rats
recevant exactement les mêmes chocs mais sans avoir la possibilité de contrôler
leur déclenchement.
Toutefois cela n’est efficace que si le caractère incertain de la situation est levé
par la présentation d’un signal sonore indiquant au rat qu’il a produit la bonne
réponse (Weiss, 1972).
Les rats ainsi entraînés à éviter les chocs électriques (les actifs), développent des
ulcères lorsque l’on retire le dispositif (roue) alors même qu’on n’envoie plus de
choc électrique.
15
2) De l’utilité d’un exutoire et d’un soutien social
Lors d’un stress, développement de comportements sans bénéfice apparent pour
celui qui les produit : toilettage compulsif, bâillements, mouvements ou
balancements stéréotypés, etc…
On parle de :
- comportements de substitution : les comportements n’appartiennent
pas au répertoire normalement attendu
- comportements redirigés : les comportements appartiennent au
répertoire attendu mais sont dirigés vers la « mauvaise cible »
Ces comportements sont des indicateurs de stress ; ils sont facilités par une
libération importante de CRH dans l’encéphale.
Ces comportements ont-ils une utilité ?
Ce qui ressort des études menées à ce sujet c’est que les comportements de
substitution ou redirigés permettent à l’individu de limiter les effets du stress.
Parmi ces comportements, ceux redirigés vers des congénères semblent
particulièrement efficace.
De l’utilité d’un exutoire :
Des rats qui sont soumis par paires à des chocs électriques et qui réagissent aux
chocs en engageant un simulacre de combat présentent une réponse hypophysosurrénalienne (ACTH, corticostérone) + faible que des rats choqués isolément.
De l’utilité d’un soutien social :
L’attachement à un congénère permet de réduire le stress.
Des données montrent que les processus d’attachement se traduisent par une
libération importante d’ocytocine qui, comme la plupart des hormones
hypophysaires, joue le rôle de neuromédiateur. Elle favorise par exemple
l’attachement entre la mère et l’enfant.
Une libération importante d’ocytocine aurait pour effet de réduire
considérablement la libération des hormones du stress.
Situation de stress psychosocial (protocole) :
On amène la personne servant de sujet pour l’expérience devant un jury et il doit
faire un exposé sur un sujet qu’il connaît mal, cela occasionne un stress. De + le
tout est filmé. Le jury interromps parfois abruptement l’exposant.
Dans cette situation de stress psychosocial, on a mis les gens dans 4 situations
sociales :
- pas de support social + placebo
- support social (quelqu’un vient soutenir sans parler le sujet) + placebo
- pas de support social + ocytocine
- support social + ocytocine
On observe la quantité de cortisone salivaire sécrété.
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Le taux le + élevé extrême est relevé dans le cas de non support social +
placebo.
Le taux le + bas extrême est relevé dans le cas d’un support social + ocytocine.
Chez certains primates, comme le macaque japonais, on a pu montrer que des
actes de réconciliation avaient lieu après une agression entre 2 individus proches
(apparentés) et que ces actes de réconciliation réduisaient considérablement les
indices comportementaux du stress comme les comportements autocentrés
(comportements de substitution).
X – Les subordonnés sont-ils toujours les plus stressés ?
Saplosky travailla sur le comportement et la réactivité surrénalienne chez les
babouins.
Il a étudié un groupe de babouin d’environ 30 individus et étant très hiérarchisés
(dominance) surtout chez les mâles.
Lorsqu’on a à faire à un groupe stable (pas de mort, de naissance, de nouveaux
arrivants), les actes de violence sont plutôt rares mais les menaces sont
fréquentes. Les dominants accaparent les ressources et la reproduction.
La présence d’un congénère d’un statut supérieur (qui accapare les ressources,
fait planer la menace d’une agression, etc…) est source d’incertitude, de
frustration et de perte de contrôles des évènements.
Comme conséquences on va dénombrer :
- mâles subordonnés  hypersécrétion chronique de CRH, ACTH et
cortisol au repos. Le stress n’entraîne qu’une augmentation modeste de
ces hormones . Mauvais rétrocontrôle.
- Mâles dominants  faibles concentrations de CRH, d’ACTH et
cortisol. Lors du stress, la libération de ces hormones est importante.
Bon rétrocontrôle.
- mâles subordonnés  inconvénients de taux élevés de cortisol
(pathologies,…) sans les avantages (aspect adaptatif de la réponse au
stress).
On a donc des conséquences sur l’état de santé de l’individu, les hormones du
stress ne jouent plus leur rôle en cas d’agression, il y a un problème de
mémorisation des évènements stressants (voir + loin,…).
On a fait des observations sur une autre espèce, les vervets, nés en milieu nature
puis capturés et mis en cage (car ils sont considérés comme un fléau agricole au
Kenya).
On a observé que la captivité exacerbe les relations de dominance.
Les animaux qui subissent un dominant très agressif tombent malade et qui
meurent finalement de stress. A l’autopsie on s’est aperçu qu’une bonne partie
17
d’entre eux présentaient des ulcères gastriques, une hypertrophie des surrénales
et des lésions dans l’hippocampe.
On observe également chez les babouins l’utilité d’un exutoire et d’un soutien
social.
Parmi les animaux dominants, on a établi que ceux qui avaient les taux de
cortisol les + faibles étaient les animaux qui montraient une meilleure aptitude à
se défouler sur un subordonné après une défaite.
La place dans la hiérarchie dépend largement du statut maternel. Elle n’est pas
remise en question très fréquemment. Elle est maintenue par l’intimidation des
subordonnés.
Ce sont les subordonnés qui sont les + soumis au stress.
Les dominants ont peu d’incertitude, ils contrôlent la plupart des situations,
n’anticipent pas en permanence l’arrivée d’évènements menaçants, ce qui
engendre moins de stress.
Les subordonnés eux sont en situation de grande incertitude, ils ne contrôlent
pas la plupart des situations et anticipent en permanence l’arrivé d’évènements
menaçants, ce qui engendre un fort stress.
Lorsque le mâle situé au sommet de la hiérarchie vieillit ou disparaît, la structure
hiérarchique est déstabilisée : les dominants s’affrontent pour essayer d’accéder
à la première place.
Des coalitions se font et se défont, engendrant une + grande incertitude, ce qui
augmente le stress pour les dominants et donc une hypersécrétion de CRH,
d’ACTH et de cortisol au repos. Le stress n’entraîne qu’une augmentation
modeste de ces hormones. Mauvais rétrocontrôle.
Une fois que la hiérarchie est de nouveau établie, les dominants, même s’ils ne
sont pas tout au sommet, retrouvent des profils hormonaux conformes à leur
statut social.
Il existe une grande variété de situations, le cas des babouins n’est pas
généralisable.
Plusieurs facteurs modulent les rapports entre statut social et stress. Sans être
exhaustif, on peut citer :
- style de dominance : réaffirmer fréquemment sa supériorité ou
simplement intimider les subordonnés
- mode de reproduction : coopérative (au sein d’une famille pour élever
les jeunes) ou non
- stabilité de la hiérarchie : stable ou instable
- stratégies des animaux subordonnés : possibilité d’éviter les
dominants, soutien social de la part des congénères ?
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Style de dominance :
Babouins : hiérarchie dépend largement du statut maternel, peu souvent remise
en question,…
Lycaons ou lémurs : les animaux dominants doivent fréquemment réaffirmer
leur supériorité par des agressions de leurs congénères. Les taux de
glucocorticoïdes sont + élevés chez les dominants que chez les subordonnés,…
Mode de reproduction :
Reproduction coopérative : la « famille élargie » (frères, sœurs, enfants) du
couple dominant constitue le groupe social de base ; tous les individus
participent à l’élevage des jeunes… les dominants assurent la défense du groupe
et agressent peu les subordonnés.
Stabilité de la hiérarchie :
Cf. les babouins
Stratégies des animaux subordonnés : possibilité d’éviter les dominants, soutient
social de la part des congénères ?
Soutien social : voir + haut
Il est indispensable d’avoir de l’espace pour échapper aux
dominants…Problèmes liés à la captivité…
XI – Statut social et réponse surrénalienne chez l’enfant
Travaux déjà anciens menés par l’équipe du professeur Montagner à Besançon
dans les années 70-80.
On confrontent ces données anciennes aux données récentes concernant le statut
social et le stress.
Le but est de déterminer les relations entre le statut social des enfants et leur
profil hormonal (cortisol).
Ils ont étudiés des enfants de moins de 3 ans en crèche et des enfants de 3/4 ans
à l’école maternelle.
Pour tenter de voir les relations entres les enfants ils ont fait des observations
lors d’activités spontanées.
Parmi les comportements exprimés spontanément :
- des comportements de cohésion : sourire, embrasser, aller vers l’autre
sans le menacer, offrir un jouet,…
- des comportements qui entraînent la rupture : menacer par des cris,
tirer les cheveux, griffer, mordre,…
On a fait des recueil des urines des enfants (collaboration des parents et des
personnels des crèches et des écoles) tout au long de la journée de 7 à 20 heures.
On faisait un dosage des produits de dégradation du cortisol, les 17-OHCS (17hydroxycortiscostéroïdes), mesure indirecte de la libération de cortisol.
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On observe de nombreux profils comportementaux avec des « dominants » et
des « subordonnés ».
Parmi les dominants :
- des enfants dominants-agressifs : agressions spontanées fréquentes,
répétées et durables ; séquences comportementales ambiguës ou
alternent menaces – agression – apaisement ; ils dominent les autres
parce qu’ils sont agressifs
- des leaders : suivis et imités par les autres enfants ; séquences
comportementales non ambiguës, comportements d’apaisement (offrir
un jouet) sont fréquents, comportements d’agression rares
Ces profils comportementaux s’affirment vers 2/3 ans.
Les dominants-agressifs ont, quelle que soit l’heure de la journée, des
concentrations + élevées de cortisol que les leaders, cela est vrai aussi bien en
crèche qu’à l’école.
La notion de dominance ne suffit pas à rendre compte du statut social de ces
enfants ni à expliquer à elle seule les différents profils hormonaux.
Les enfants qu’ils soient leaders ou dominants par agression peuvent être
considérés comme socialement « dominants » pourtant leurs profils hormonaux
sont très différents.
Ce qui est pertinent c’est le style de dominance (cf. plus haut).
Les enfants leaders s’engagent peu souvent dans des actes d’agression. Chez ces
enfants, l’activation des hormones du stress est peu importante.
Par contre, les enfants dominants par agression s’engagent fréquemment dans
des actes d’agression qui maintiennent les autres sous leur « domination » et de
ce fait sollicitent de manière important la libération des hormones du stress.
D’après les auteurs de cette étude, les enfants agressifs sont des enfants qui ont
des difficultés d’adaptation à leur milieu et qui réagissent de manière excessive
aux changements (de personnes, par exemple).
Ils réagissent en devenant + agressifs et sont, selon les auteurs, + souvent
malades que les enfants leaders.
D’après les auteurs, les dominants-agressifs seraient des enfants eux-mêmes
agressés, au moins verbalement, par leurs parents.
XII – Vie sociale et mémoire : effets des médiateurs du stress sur la mémoire
La plupart des espèces évolués vivent dans des groupes sociales ce qui demande
une mémorisation d’un grand nombre d’informations.
Mémoriser revient aussi à faire le tri entre ce qui est important et ce qui ne l’est
pas.
Pour un organisme l’importance d’un événement est définie par rapport à son
impact potentiel sur la survie de l’individu ou son intégrité physique ou mentale.
Les situations d’éveil comme le stress sont importantes dans les processus de
mémorisation.
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Plus une information revêt d’importance, + l’attention qui lui est portée est
grande et + elle sera solidement mémorisée.
Un événement traumatisant, contrairement à une situation banale, est
suffisamment saillant pour capter toutes les ressources attentionnelles d’un
individu, ce qui optimise son emmagasinage et sa consolidation en mémoire.
Activation orthosympathique et mémoire :
Une augmentation importante des catécholamines dans l’amygdale optimise la
consolidation en mémoire des évènements traumatisants.
L’amygdale est une région riche en récepteurs alpha et bêta adrénergiques.
Lorsque des récepteurs bêta adrénergiques sont activés, l’amygdale accorde une
« connotation émotive », importante, aux informations à mémoriser.
Une attention soutenue est alors portée aux évènements et l’hippocampe permet
une bonne consolidation des informations en mémoire.
On présente à 2 groupes A & B de sujets des histoires à valence émotive neutre
(condition neutre) et, à deux autres groupes C & D, des histoires à valence
émotive négative (condition émotive).
Deux groupes, A & C reçoivent un placebo, tandis que les deux autres B & D
reçoivent du propanolol, un bêta bloquant.
Tâche de mémoire incidente, c’est-à-dire pour laquelle l’expérimentateur
n’avise pas les sujets qu’ils doivent ultérieurement se rappeler le matériel
présenté.
Un test de rappel a eu lieu une semaine + tard.
Les sujets du groupe placebo C se rappellent un + grand nombre d’éléments de
l’histoire émotive que les sujets du groupe propanolol D, tandis que, dans la
condition neutre, la performance au rappel des 2 groupes A & B est similaire.
Activation de la corticosurrénale et mémoire :
On va voir des effets négatifs à long terme, le phénomène de l’interférence et se
pose une question de contexte et de quantité.
Effets négatifs à long terme : un stress prolongé induit une régression uni ou
bilatérale de la taille de l’hippocampe.
Phénomène de l’interférence : lorsque trop d’informations demandent à être
traitées en même temps, les ressources attentionnelles d’un individu ne suffisent
plus à la demande.
Distinguer les stimuli qu’il est important d’apprendre devient difficile, ce qui
nuit au rappel immédiat ou différé des items.
Plusieurs facteurs comme le bruit créent du stress et engendrent une telle
situation d’interférence.
Des individus soumis à un apprentissage d’items à valence émotive neutre dans
un environnement bruyant ne se rappellent, immédiatement après, qu’un faible
21
pourcentage des éléments présentés (résultats identiques si on ajoute une
situation de stress social).
Les phénomènes d’interférence liés au stress seraient dus à la saturation, par des
taux de cortisol élevés, des récepteurs des glucocorticoïdes situés dans le cortex
préfrontal et dans l’hippocampe.
Administration de glucocorticoïdes synthétiques (hydrocortisone et cortisone) à
des sujets jeunes et ne présentant pas de troubles mnésiques avant de les
soumettre à l’apprentissage d’une liste de mots.
Les sujets ayant reçu des glucocorticoïdes synthétiques ont mémorisé un + petit
nombre de mots que les sujets ayant reçu un placebo.
Les performances seraient surtout dégradées pour les mots à valence
émotionnelle neutre mais pas forcément pour les mots à valence émotionnelle
positive ou négative forte.
Une question de contexte et de quantité :
Lorsqu’un individu doit mémoriser des informations ne concernant pas
l’événement qui a induit le stress, l’apprentissage de ces informations est
difficile (interférence).
Dans cette situation, les glucocorticoïdes exercent un effet négatif sur la
mémoire.
Lorsqu’un individu doit mémoriser des informations concernant l’événement qui
a induit le stress, les glucocorticoïdes peuvent exercer un effet positif sur la
mémoire.
Tests de mémoire avec des sujets jeunes et en bonne santé :
On va refaire une tâche d’apprentissage soit avec les mêmes personnes soit avec
des personnes sous placebo ou après traitement par un inhibiteur de la synthèse
de cortisol (métyrapone) ou après traitement par la métyrapone +
hydrocortisone.
Au niveau des résultats on observe que faire baisser le taux de corticoïdes via la
métyrapone, on observe des performances (mémoire déclarative) inférieur à la
condition placebo. Quand on fait remonter les glucocorticoïdes par
l’hydrocortisone, les performances reviennent au même niveau que la condition
placebo.
Il y a donc une nécessité d’avoir des concentrations de glucocorticoïdes qui ne
soient pas trop basses.
Les glucocorticoïdes (cortisol, corticostérone) peuvent faciliter les
apprentissages sociaux comme l’apprentissage des relations de dominance.
Dans un groupe (par exemple rongeurs), la hiérarchie s’établit à la suite de
rencontres, + ou – agressives, entre les individus.
Lorsque la hiérarchie est établie, les combats sont + rares : les subordonnés
apprennent à éviter les dominants.
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Chez les animaux, en particulier les rats, on voit des posture de « soumission »
se mettre en place.
Exemple :
A gagne / B perd (durée du combat : […])
1ère rencontre : [………….] soumission de B
2ème rencontre : [……..] soumission de B
3ème rencontre : [….] soumission de B
Nème rencontre : [.] soumission quasi immédiate de B
Ceci est la preuve d’un apprentissage.
Souris :
Injection ACTH  augmentation de la corticostérone  augmentation de la
soumission  mémorisation (ne marche que juste après le combat)
Ablation des surrénales (injection de doses palliatives de corticostérone) 
baisse de la soumission  absence de mémorisation
Les glucocorticoïdes (corstisol, corticostérone) peuvent également faciliter
d’autres apprentissages, réalisés notamment en situation de stress.
Exemple : apprentissage topographique dans la piscine de Morris
Des rats subissent une première série de 4 tests, puis, le lendemain, on les
soumet au même dispositif durant 4 autres tests.
Après la première session de tests, certains animaux reçoivent dans les
ventricules cérébraux, l’injection d’une substance qui bloque les récepteurs de
type II (antagoniste).
Les animaux du groupe contrôle reçoivent une injection de substance non active
(solution saline).
Les meilleurs performances sont observés auprès des animaux contrôles.
Le lendemain, les animaux qui ont reçus l’antagoniste des glucocorticoïdes
présentent des performances nettement moins bonnes que les animaux témoins.
Par contre, une injection + tardive (24h après la 1ère session de tests) reste sans
effet.
Les récepteurs de type II sont impliqués dans les processus de consolidation
plutôt que les processus de rappel des informations acquises durant cet
apprentissage spatial.
A l’inverse, le blocage sélectif des récepteurs de type I ne modifie pas la
performance des animaux, quel que soit le moment où ont lieu les injections.
Par contre, l’injection centrale d’un antagoniste des récepteurs de type I modifie
le comportement d’exploration des animaux : après avoir trouvé la plate-forme,
ils continuent d’explorer l’environnement, montrant une réactivité
comportementale inappropriée.
23
Les glucocorticoïdes ont un rôle sur l’efficacité synaptique.
Il y a 2 phénomènes fondamentaux conrcernant les synapes :
- LTP : la potentialisation à long terme  « renforcement » des
synapses, l’augmentation de leur efficacité
- LTD : la dépression à long terme  « affaiblissement » synaptique
L’hypothèse la + couramment admise est que le phénomène de LTP favorise le
stockage de l’information.
L’administration, dans l’hippocampe, de substances qui bloquent ces
phénomènes de LTP bloquent en même temps certains processus
d’apprentissage dans lesquels l’hippocampe intervient (comme l’apprentissage
spatial).
Des études réalisées in vitro montrent que les phénomènes de LTP sont favorisés
lorsque des quantités moyennes de glucocorticoïdes sont ajoutées, entraînant une
occupation et une activation des récepteurs de type I et d’une partie seulement
des récepteurs de type II.
L’occupation et l’activation des récepteurs de type I semblent être des préalables
indispensables pour que les phénomènes de LTP aient lieu.
Une augmentation importante des concentrations de glucocorticoïdes provoque
une occupation et une activation importance des récepteurs de type II qui se
traduit surtout par des phénomènes de LTD.
On obtient donc, finalement, une courbe en U inversé : l’augmentation des
concentrations des glucocorticoïdes favorise les phénomènes mnésiques jusqu’à
un certain point, variable selon les individus et dépendant de l’histoire
individuelle. Au-delà de ce point, l’augmentation des glucocorticoïdes exerce un
effet négatif.
On retrouve cette courbe en U inversé dans les études chez l’animal, comme
dans les études concernant la mémoire humaine.
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