
Même si ces constats se vérifient sans doute aussi dans d’autres domaines, ils
viennent autrement confirmer que ce sujet n’est pas prédominant en France. La
littérature à ce propos et les analyses disponibles sur Internet en sont d’ailleurs un
autre indicateur. Il s’en dégage que le sujet de la confiance est nettement moins traité
au niveau francophone que par exemple dans les langues allemande ou anglo-
saxonne. Force est aussi de noter que selon les résultats sur les valeurs, la France a un
niveau de confiance particulièrement bas (Galland, 2002 : 15) parmi les pays
européens.
A côté de la différence terminologique, l’on trouve également des significations et des
caractéristiques différentes par pays et/ou par culture. En comparant les
caractéristiques prédominantes dans certaines langues Usunier et al (2000 :33)
fournissent certaines conditions de base relatives à la confiance entre acteurs
économiques :
1. la remise, partielle ou totale, de ses intérêts aux soins d’un tiers - qui se dégage
en anglais très fortement des termes « trust » et surtout « reliance » ;
2. le partage d’une foi, d’une appartenance ou de normes communes (cum fides)
- à la base de la notion de confiance, fondée sur le latin confidentia ;
3. un mécanisme de transformation de la défiance en confiance que l’on décèle
dans le concept allemand de « Vertrauen » - le préfixe ver- indiquant une
action de transformation ;
4. une orientation sincère vers une tâche commune que l’on retrouve dans le
concept japonais shin-yô qui signifie littéralement sincère en affaires.
Il y a donc une diversité des origines des notions de confiance utilisées. Il y a en outre
une multitude de définitions et de descriptions de la notion de confiance dans les
différentes disciplines des sciences sociales - notamment dans la psychologie (du
développement), dans la sociologie (théorie systématique) ou dans l’économie
(théorie du jeu, économie institutionnelle, management [4]). Néanmoins toutes ces
tentatives n’ont pas permis de dégager une notion commune ; bien au contraire, il
existe plutôt une certaine confusion. « (...) the social science research on trust has
produced a good deal of conceptual confusion regarding the meaning of trust and its
place in social life » (Lewis/Weigert 1985 :975).
2. Profusion de définitions
La diversité des notions de confiance et l’absence d’une définition simple et commune
ne doit pas surprendre. Nous sommes en réalité face à un phénomène qui est non
seulement traité par différentes disciplines des sciences sociales (ayant chacune leur
spécificité), mais au sein de chaque discipline respective il existe différentes
approches, soit en raison de la spécialisation au sein de la discipline, soit en raison de
leurs hypothèses de base. Au delà de ces divergences d’ordre plus scientifique, il
importe de prendre conscience de l’hétérogénéité réelle du phénomène et des
problèmes de la confiance. Ces dernières différences (« réelles ») sont en effet le reflet
d’un contexte social qui n’est pas partout et pour tout être humain identique. Les
relations ne sont pas du même type pour tous les hommes/femmes et de ce fait leur
perception de la question de la confiance et leur disposition à la confiance sont
susceptibles de diverger. Dans ce sens des concepts différents de confiance
sont/seraient appelés à refléter/à retracer des contextes sociaux différents ! (Nuissl
2000 :9)