
chaque cas rencontré aux urgences. Il est en revanche important de suivre, lorsque
c’est possible, le devenir de ces patients, hospitalisés ou non, afin d’affiner sa
pratique et d’être, peut-être, en mesure d’élargir son champ de réflexion lors de
l’évaluation initiale des patients au S.A.U. Il suffit parfois de quelques heures de
recul pour apprécier une situation de façon totalement différente : Ainsi, une
patiente hospitalisée pour dyspnée sur probable pneumopathie est revue au matin
lors de la visite au service Porte des urgences de Bichat et fait un malaise d’allure
syncopale devant l’interne. En relisant son dossier, on retrouve une tachycardie, un
aspect de bloc de branche droit sur l’ECG, un effet shunt gazométrique… Ces
éléments, intégrés au contexte nouveau (la syncope) évoquent immédiatement une
embolie pulmonaire, ce qui s’avère confirmé dans les heures qui suivent. Et c’est bien
l’élément nouveau qui a re-déclenché le processus de réflexion.
2) Les difficultés diagnostiques devant un « état dépressif
Un tableau dépressif, comme bon nombre d’autres motifs de consultation aux
urgences (asthénie, douleurs diffuses et mal caractérisées etc.), pose souvent des
problèmes diagnostiques.
En effet, il peut masquer une pathologie somatique et en être la conséquence ou une
de ses expressions. Mais si l’examen clinique initial est normal et que l’on ne retrouve
aucun signe d’appel, il est difficile d’effectuer des examens complémentaires non
orientés, car ceux-ci risquent d’être non exhaustifs et peu rentables. Bien souvent, le
patient est évalué par le psychiatre (mais pas systématiqument, certains psychiatres
estimant qu’un patient présentant un syndrome dépressif n’a pas à être vu en
urgence, sauf si il existe un risque suicidaire), et réadressé à son médecin traitant ou
à un psychiatre de ville. Il me semble judicieux de lui proposer d’être revu dans un
premier temps par son médecin habituel, afin que le patient ne sorte pas tout de
suite du « circuit somatique » et qu’on puisse éliminer, au terme d’examens
appropriés, une éventuelle pathologie organique.
Le syndrome dépressif peut aussi être associé, de façon plus ou moins fortuite à une
autre pathologie. Cela pourrait être le cas chez cette patiente, dont le diabète existait
certainement depuis longtemps sans être symptomatique. Le traumatisme psychique
a amené sa famille à s’inquiéter de son altération de l’état général, qui pré-existait
peut-être à la tristesse de l’humeur.
3) Psychosomatique, révélation d’une maladie organique
Il est avéré que de nombreux facteurs psychologiques peuvent jouer un rôle de
« déclencheur » d’une maladie organique. Divers travaux ont montré l’importance de
ces facteurs dans des pathologies cancéreuses ou auto-immunes (lupus, myasthénie
etc.), évoquant notamment des interactions entre l’équilibre émotionnel et psychique
(via des médiateurs tels que la sérotonine et la dopamine) et le système immunitaire.