LES MUSIQUES DE LA REVOLUTION FRANCAISE Quand la Révolution éclate, dans l’élan de l’enthousiasme, la chanson sert la cause républicaine. L’esprit des mazarinades (chanson ou pamphlet publiés contre Mazarin pendant la Fronde) rebondissent, avec une maturité politique accrue, dans les faubourgs, les ateliers, les sections révolutionnaires. On compte des milliers de chansons satiriques ou vengeresses, patriotiques autant que républicaines, à Paris et à travers toute la France. Les chansons révolutionnaires se veulent le reflet des “belles idées républicaines” (droits de l'homme, démocratie, progrès techniques...) de la France mais souvent au travers de textes agressifs. Les chants de la Révolution française reflètent l’état d’esprit des révolutionnaires et le contexte historique de 1789 à 1792 : Ils sont interprétés par le tiers état, qui se sent opprimé, se soulève et veut renverser le roi. Des exemples de chants révolutionnaires… Très souvent les textes sont anonymes et accolés à des musiques populaires afin que chacun puisse s’approprier les chansons. Ils sont chantés et scandés dans la rue : la musique et simple mais entraînante, les refrains tiennent une place importante. « La prise de la Bastille » Ils maltraitent la famille royale, la noblesse et le clergé en les affublant parfois de surnoms grotesques ou satiriques. Ces airs s’apparentent beaucoup à des chants guerriers. « La Carmagnole » « L’abolition des privilèges » « Veillons au salut de l’Empire » (Hymne à la Liberté) de Gossec « Le peuple est en marche » de Desmoulins « La Marseillaise » de Rouget de Lisle Un exemple : « Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira » Refrain (Version 1790) En 1786, le musicien Bécourt composa une joyeuse contredanse qu’il intitula “Le Carillon national”. La Reine Marie-Antoinette adorait cet air qu’elle jouait souvent sur son clavecin. Mais un soldat, nommé Ladré, agrémenta cette contredanse de paroles révolutionnaires. Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira Les aristocrates à la lanterne Ah ! Ça ira, ça ira, ça ira Les aristocrates, on les pendra ! Le texte d’origine est composé de cinq strophes qui reprennent chacune le vers-titre “Ah, ça ira, ça ira, ça ira” à quatre reprises. Les vers sont assez courts (10 pieds). * Le vocabulaire y est guerrier, car le peuple est révolté : mutins, ennemi, armé, soldat, guerre, combattra, vaincra (Ladré est un ancien soldat…). * Les paroles font appel à plusieurs valeurs humaines du peuple français, telles que patriotisme, fierté, honnêteté. * Le nom de La Fayette est cité plusieurs fois : Général et homme politique, il apparaissait comme le chef de la noblesse libérale, désireuse de réconcilier la royauté avec la Révolution. * Plusieurs allusions ironiques au clergé essayent de le faire descendre de son piédestal. Cette version originale était plutôt anodine. Pendant la Fête de la Fédération le 14 juillet 1790, on y modifia les quatre premiers vers : le chant devient guerrier ! C’est au milieu d’une foule braillant cette nouvelle version que Marie-Antoinette fut conduite à l’échafaud le 16 octobre 1793. Cette seconde version est interprétée dans le film de Sacha Guitry : “Si Versailles m’était conté” (1953) : une révolutionnaire (rôle joué par Edith Piaf) accrochée aux grilles du château pousse ce refrain célèbre sur un arrangement de Jean Françaix. V’là trois cents ans qu’ils nous promettent Qu’on va nous accorder du pain, V’là trois cents ans qu’il donnent des fêtes. Et qu’ils entretiennent des catins V’là trois cents qu’on nous écrase Assez de mensonges et de phrases, On ne veut plus mourir de faim Refrain V’là trois cents ans qu’ils font la guerre Au son des fifres et des tambours, En nous laissant crever de misère. Ça ne pouvait pas durer toujours. V’la trois cents ans qu’ils prennent nos hommes Qu’ils nous traitent comme des bêtes de somme, Ça ne pouvait pas durer toujours Refrain Le châtiment pour vous s’apprête Car le peuple reprend ses droits, Vous vous êtes bien payé nos têtes. C’en est fini, Messieurs les rois Il faut plus compter sur les nôtres On va s’offrir maintenant les vôtres, Car c’est nous qui faisons la loi