1
Entre Meuse et Escaut. Villes et campagnes dans l'économie médiévale des Pays-
Bas méridionaux du VIe au XIIe siècle*.
Au début du XXe siècle, dans les prémisses de ce qui allait devenir sa monumentale
Histoire de Belgique, Henri Pirenne tirait les traits originaux de l'évolution de nos
régions. Notre histoire ne devait pas être pensée et écrite comme si le monde finissait à
nos frontières. La Belgique est "un microcosme de l'Europe occidentale (...). Les bassins
de l'Escaut et de la Meuse n'ont pas seulement servi de champ de bataille à l'Europe: c'est
par eux aussi que s'est effectué le commerce des idées entre le monde latin et le monde
germanique (...), ce sont leurs ports qui, pendant des siècles, ont été les entrepôts des
marchandises du Nord et du Midi" (
1
). Contre le déterminisme géographique ou
linguistique, Pirenne est convaincu que la "nation belge" ("terre de contrastes, contrée
sans frontière naturelle, l'on parle deux langues"), est née d'une communauté
politique, économique et culturelle, forgée à partir des libertés urbaines, nées sur les
rives de la Meuse et de l'Escaut. A la fin du moyen âge, l'"Etat" bourguignon était une
étape sur le chemin qui mènerait inévitablement à la création de la Belgique du XIXe
siècle. Sa vision finaliste de la nation belge a aujourd'hui vécu. Mais l'essai de Pirenne
demeure le plus imaginatif et le plus puissant, qui ait été élaboré au XXe siècle à propos
de l'histoire médiévale de l'Europe ou de son "microcosme" belge (
2
).
Comment expliquer l'extraordinaire efflorescence de l'économie et de la société urbaine
dans les Pays-Bas méridionaux au moyen âge? Quels sont le point de départ et le rythme
de cette croissance: le VIIe siècle, avec l'éveil de nouveaux courants commerciaux dans
le nord-ouest de l'Europe?; le IXe siècle et la Renaissance carolingienne?; le XIe siècle, et
la renaissance des villes? S'agit-il d'une croissance exogène, partie de la renaissance du
grand commerce à partir du Xe et du XIe siècles?, ou d'une croissance endogène, poussée
par le dynamisme des campagnes, l'apparition puis le contrôle par des classes de non-
producteurs du surproduit agricole indispensable à la vie urbaine? Qui sont les acteurs de
cette croissance: le grand marchand entrepreneur capitaliste?; le roi ou le moine
carolingiens, organisateurs du grand domaine?; le paysan défricheur? Les réponses
apportées par Pirenne étaient dans la ligne de sa personnalité d'"historien engagé, fils de
son temps, nationaliste, libéral, bourgeois et optimiste (...): une évolution de l'histoire
dans le sens du progrès, grâce à l'urbanisation, au commerce et au capitalisme" (
3
).
Dans les nouvelles perspectives de recherche, l'accent est mis au contraire sur le
dynamisme des rapports villes-campagnes dès le haut moyen âge et le rôle qu'il faut
accorder aux acteurs religieux et politiques dans le développement économique. La
production des richesses est un présupposé pour celle de formes déterminées d'art et de
culture. L'accumulation du capital a été rendue possible par le drainage des surplus
économiques de la base vers les centres de contrôle, de la campagne vers la ville, du
paysan, producteur de subsistance vers le consommateur, noble ou bourgeois. Les
campagnes et leur économie sont la condition préalable au développement de l'Europe.
* Version française de "Tussen Maas en Schelde. De steden en het platteland in de middeleeuwse
economie van de Zuidelijke Nederlanden van de 6de tot de 12de eeuw", Fascinerende Facetten van
Vlaanderen. Over Kunst en samenleving, Antwerpen, 1998, p. 46-75, trad. anglaise : “Twixt Meuse and
Scheldt : Town Country in the Mediaeval Economy of the Southern Netherlands from the 6th to the 12th
Century”, The Fascinating Faces of Flanders Trough Art and Society, Antwerp, 1998, p.48-76.
1
Pirenne 1900
2
Verhulst 1986
3
Verhulst 1986
2
Mahomet et Charlemagne
La problématique célèbre de Mahomet et Charlemagne met l'accent sur la continuité
entre l'Antiquité et le Moyen Age (
4
). Les historiens de l'Eglise et de l'Etat sont de plus
en plus nombreux aujourd'hui à parler de transition à propos du passage de l'Antiquité
tardive aux états successeurs, comme les royaumes mérovingiens dans nos gions. Pour
Pirenne, le tournant de l'évolution de l'Occident n'est pas dans les invasions germaniques
du Ve siècle, mais plus tard, au début du VIIe siècle quand l'entrée en scène de l'Islam a
mis fin à l'économie-monde méditerranéenne. Pour Carlo Cipolla et Roberto Lopez,
l'Occident a traversé une longue phase de dépression d'un millénaire, entre la crise du
Bas-Empire et les débuts de la révolution commerciale du XIIe siècle (
5
). Les premiers
signes de reprise économique ne se font pas sentir avant le Xe siècle, qu'il faudrait alors
considérer comme le point d'inflexion d'un cycle long de conjoncture commencé au IIIe
siècle. On sait aujourd'hui que la régression du commerce méditerranéen a commencé
dès le milieu du IVe siècle, pour atteindre son point le plus bas autour de 700 (
6
). Mais,
tout ceci n'a pas débouché sur une contraction générale de l'économie, un repli sur les
campagnes et une extinction de la vie urbaine entre le VIIe et l'an mille. C'est en réalité le
point de gravité de l'économie qui s'est déplacé progressivement de la Méditerranée vers
le nord-ouest de l'Europe (
7
). Circuits, lieux, matières, et acteurs des échanges
connaissent de profonds changements. Au coeur du monde franc, entre la Loire et le
Rhin, le rôle des marchands indépendants s'efface au profit d'agents au service du roi et
des églises. Les abbayes du nord de la Gaule abandonnent progressivement les lourdes
entreprises de transports, qui les amenaient au sud de la Loire, pour s'y procurer des
marchandises rares, huile d'olive, cire, poissons, épices... Leur implication dans
l'économie d'échanges paraît désormais motivée principalement par le souci d'écouler au
mieux les surplus agricoles de leurs domaines, dans des foires (le vin aux grandes foires
de Saint-Denis, près de Paris), des marchés urbains ou ruraux, dans des ports fluviaux
anciens comme Rouen ou Maastricht et des nouveaux emporia, comme Quentovic, sur la
Canche, ou Dorestad, au confluent du Rhin et du Lek (
8
). L'essentiel des échanges dans
le nord-ouest de l'Europe n'est pas constitué par des marchandises de luxe, mais des
produits alimentaires (céréales, vin et sel), d'autres matières premières (produits textiles,
bois, minerais) et de productions artisanales de masse (meules de l'Eifel, poteries de
Badorf, verrerie rhénane, armes franques, draps "frisons" et francs... ).
Ce nouveau départ, soutenu par une croissance démographique et agricole, coïncide avec
l'expansion militaire du royaume franc et la colonisation de nouvelles terres au nord et à
l'est -Frise, Saxe, Germanie-, un effort sans précédent d'évangélisation et d'organisation
des territoires et la mise en place, entre Loire et Rhin, des structures du grand domaine.
A partir du VIIe siècle, l'Occident paraît entrer dans un cycle long de développement, qui
culmine au XIIIe siècle, des facteurs divers unissent leurs effets: croissance
démographique, diffusion de techniques nouvelles, modifications dans l'organisation du
travail, renaissance du commerce, efflorescence de la vie urbaine... La part de
l'agriculture dans cette croissance est incontestable!
4
Pirenne 1937
5
Cipolla 1956 Lopez 1974
6
Claude 1985a
7
Claude 1985b Verhulst 1993
8
Devroey 1984
3
Les Campagnes du haut moyen âge
Nous ne pouvons en effet pas oublier cette évidence : au moyen âge, neuf habitants au
moins sur dix sont des paysans.
L'historien doit rester très modeste. Malgré les progrès apportés par l'archéologie et les
nouvelles disciplines d'étude des milieux anciens (palynologie, paléopathologie,
paléoclimatologie,...), nous sommes encore loin de pouvoir donner une explication et
même une image d'ensemble de l'évolution du milieu naturel entre le IIIe et le XIe siècle.
Aujourd'hui, il semble qu'on puisse cependant parler d'une alternance de deux périodes
très contrastées dans l'environnement global de l'Europe occidentale, caractérisée par un
enchaînement des facteurs naturels et humains: climat, santé, nutrition et évolution
démographique. Mais leur impact reste difficile à mesurer dans une dimension régionale.
A partir de la crise du Bas-Empire, le climat de l’Europe s'est progressivement dégradé
en devenant plus froid et plus humide. Le minimum a sans doute été atteint au VIe
siècle, avec une diminution de la température moyenne de 1,5 d°. Les sources écrites
(comme l'Histoire des Francs de Grégoire de Tours) et archéologiques font penser que le
VIe siècle a pu connaître un "complexe écologique" désastreux, marqué par
l'enchaînement des fléaux naturels: famines, inondations, épidémies (éclatement de deux
pandémies: la peste justinienne, à partir de 541 et la variole depuis 570), qui frappent
plus durement une population affaiblie par la malnutrition. Une baisse sensible de la
population est probable, ainsi que le dépeuplement de certaines régions.
Le passage de l'Antiquité au Moyen Age s'est marqué dans le paysage naturel et humain
de nos régions par des phénomènes dont l'ampleur impressionne depuis longtemps les
historiens: abandon des grandes exploitations agricoles romaines; déplacement de
populations et partage entre deux aires linguistiques germanique et romane; discontinuité
globale dans la région côtière, entre l'Aa et le delta Escaut-Meuse-Rhin, provoquée par
une grande transgression marine à partir du IIIe siècle. Du IIIe au Ve siècle, on assiste
partout à une extension des forêts et des landes incultes et à un développement de
l'élevage. Il faut être très attentif aux différences régionales. Dans les régions les plus
peuplées durant l'Antiquité et le haut moyen âge, entre l'Escaut et la Dendre et la
Hesbaye, la permanence d’occupation des terroirs, qui se marque par la survivance des
toponymes romains, est très forte. La fin de l'Antiquité s’y manifeste surtout par un
déplacement de l'habitat des plateaux vers les vallées, un changement dans l’aspect des
exploitations, avec l’abandon des grandes villae coloniales romaines, tournées vers
l’approvisionnement des villes et des garnisons du limes rhénan et l’apparition
d’exploitations rurales, plus petites, surtout familiales et une contraction des superficies
cultivées. Ces terroirs conservent leur vocation agricole, mais les zones périphériques et
les sols les plus lourds ou les plus pauvres retournent à la friche, souvent jusqu'aux
défrichements du XIe et du XIIe siècles. Le paysage caractéristique des villages
mérovingiens est un habitat dispersé en petits hameaux, avec une multitude de champs,
séparés par des terres incultes. Ailleurs, l'élevage était prédominant, l'habitat, installé
dans des clairières au milieu des bois, a pu avoir un caractère semi-permanent. Les
toponymes germaniques au suffixe -sali, -sele, -zelles, qui les caractérisaient
disparaissent pour la plupart à partir du Xe siècle, avec le défrichement des bois ces
exploitations étaient situées
9
.
Les nouvelles techniques mises en oeuvre par l'archéologie permettent aujourd'hui de
mettre en évidence des variations quantitatives (avancée de la forêt, défrichements) et
9
Verhulst 1990
4
qualitatives du milieu végétal. Durant le premier millénaire de l'ère chrétienne, la
géographie des céréales a connu fluctuations et bouleversements pour se stabiliser à
partir de l'an mille. Ce changement est marqué par l'apparition au IVe siècle de nouvelles
espèces de céréales cultivées comme le seigle et l'avoine en Europe occidentale. Celles-
ci se diffusent d'abord lentement, avec une accélération à partir du VIIe, puis un véritable
envol au Xe siècle. Il y a donc eu un changement lent mais profond dans l'importance et
la répartition géographique des céréales cultivées au moyen âge (
10
). Jusqu'au IXe siècle,
c'est un blé vêtu (c'est-à-dire un grain dont l'amande est attachée à l'écorce), l'épeautre,
qui domine sur les terres seigneuriales de nos régions, comme dans les domaines royaux
de la région lilloise, vers 800; ceux de l'abbaye de Corbie, avant 826; ou les terres de
l'abbaye de Lobbes, en 868-869, dans l'Entre-Sambre-et-Meuse, la région de Bavai ou le
sud-ouest du Brabant. Les exploitations paysannes ont souvent une production plus
variée: céréales (froment, seigle, orge...), légumes et plantes textiles (houblon, lin...),
élevage (volaille, porcs ou moutons), à laquelle s'ajoute des activités artisanales:
matériaux et objets en bois, toiles et draps et même parfois industrielle: extraction du
minerai de fer (près de Saint-Hubert), fabrication de lingot ou d'outils en fer ... Une place
à part doit être faite à la production textile. Le lin et le chanvre, qui demandent une
culture soignée et très intensive, apparaissent surtout parmi les productions agricoles des
exploitations paysannes. Une partie de la production textile a été réalisée par des ateliers
collectifs (
11
), des ouvrières spécialisées ou les femmes du domaine se réunissaient
pour filer, tisser et confectionner des vêtements, aussi bien dans des villae royales (vers
800 à Annapes) ou monastiques Saint-Bertin) que parmi la domesticité des grandes
maisonnées laïques du Xe siècle, comme "ce gynécée du comte Henri, installé dans le
portus d'Eename" en 1014 (
12
). Mais la plus grande partie de la production a été réalisée
dans le cadre familial, comme le montre la dispersion des pièces archéologiques liées
aux activités textiles dans les sites du haut moyen âge. Le tissage est réalisé sur un métier
vertical installé dans une "cabane de tisserand" (une seule pièce excavée de 6 à 8 m²)
situé dans l'enclos de l'habitation principale (
13
). Au IXe siècle, la production textile est
tout entière dans le territoire des femmes: laver et tondre les brebis avant de carder puis
de filer la laine; récolter et battre le lin, avant de le rouir, puis de le préparer pour le
filage. Le lin, sous forme de semences ou de filasse, est la redevance caractéristique des
paysannes libres, comme l'est pour les serves, la fabrication de la toile de lin ou du drap
de laine (
14
). Draps et toiles sont intégrés dans les circuits d'échanges domaniaux. Les
manses libres et les plus étendus doivent également élever des bovins, pour l'équipement
de leur train d'attelage. Sur les meilleures terres de la réserve, la céréale dominante est
l'épeautre, associée à l'orge et à l'avoine; sur les sols pauvres, les champs sont
ensemencés en orge et en avoine; dans les conditions extrêmes de l'Ardenne, l'avoine
règne seul, ou est associé au seigle et à l'orge. Pour le IXe siècle, les polyptyques
témoignent de trois changements. Dès le Xe siècle, le recul de l'épeautre se fait sentir
partout, au profit des réales nues comme le froment ou le seigle. L'avancée du froment,
qui envahit les réserves au Xe siècle et surtout à partir du XIe siècle, témoigne sans doute
du choix seigneurial pour une céréale au prix et au rendement plus élevés. Seigle et
10
Devroey 1990
11
Herhily 1990
12
Vita Sancti Macharii
13
Devroey 1998
14
Devroey 1998
5
avoine, par leur plus grande rusticité, jouent un rôle important dans la céréalisation (
15
)
de l'Europe au moyen âge, en permettant de gagner à la culture des céréales des terres
jusque là délaissées.
A partir du VIIIe siècle, le climat se réchauffe progressivement pour atteindre son
optimum au XIe, avec 1,5 à 2 en plus de la moyenne (4° dans les régions subartiques,
au moment les navigateurs scandinaves, qui atteignent l'Amérique par le nord,
baptisent des terres "Groenland" ou "Vinland"). La période mérovingienne, les
données archéologiques indiquent la fréquence du rachitisme et des affections
carentielles, semble s'être déroulée sous le signe d'une malnutrition généralisée. Au
tournant du VIIe et du VIIIe siècle, l'étude des ossements humains semble indiquer un
recul significatif de la malnutrition chronique. Paradoxalement, les mentions de famines
se multiplient (64 entre le VIIIe et le XIe siècle, soit une famine tous les six ou sept ans
en moyenne). Mais, l'interprétation de ces données est délicate. Une fois la différence
faite entre les "grandes faims" au caractère cyclique, la disette qui intervient en période
de soudure et les famines locales, on constate que le nombre des famines généralisées a
été en s'amenuisant au Xe pour augmenter à nouveau au cours du XIe siècle. La
recrudescence des famines générales constitue-t-elle une négation de la croissance? On
doit plutôt les considérer "comme des accidents de celle-ci, comme le prix très lourd
qu'a payer la paysannerie pour que l'expansion s'engage?" (
16
). L'image qu'elles
imposent est celle d'une évolution de la population en dents de scie. Alors que la
malnutrition a des effets catastrophiques sur l’état sanitaire de la population à long
terme, la famine, si elle tue les faibles, incite les survivants à produire plus. L'étude des
données démographiques des polyptyques carolingiens (pour la Champagne et le Bassin
Parisien) donne l'image d'une population pionnière, relativement jeune et mobile,
sensible aux crises de surmortalité, mais capable d'y répondre par une stimulation rapide
de la natalité (
17
). Une augmentation rapide et généralisée de la population n’est sans
doute pas intervenue avant la “ vague ” démographique du XIe siècle. Mais, la croissance
démographique est en route dans les zones agricoles les plus riches depuis la fin du VIIIe
siècle. Un doublement de la population dans l'intervalle d'un siècle y est plausible (
18
).
Des densités de population de 20 à 30 habitants au km² ont peut-être été atteintes dans la
région parisienne ou dans des domaines de l'abbaye de Saint-Bertin dans la région de
Saint-Omer (
19
) dès le milieu du IXe siècle. Jusqu’à l’an mille, les paysages du nord-
ouest de l’Europe connaissent donc un violent contraste entre des régions anciennement
et densément peuplées et de larges espaces peu peuplés ou habités et exploités de
manière semi-permanente.
Cette image d'un milieu naturel contrasté s’applique particulièrement bien à la Flandre.
Dans la fertile Picardie voisine, qui exporte des quantités considérables de céréales vers
la Flandre au XIIIe siècle, 75% des villages sont attestés avant l’an mille. En Flandre,
cette densité de peuplement n’a pas été atteinte avant le troisième quart du XIIe siècle
(
20
). Dans la gion côtière, qui était demeurée pratiquement déserte depuis le IIIe siècle,
le retrait progressif de la mer va permettre le développement d’une végétation saline, qui
15
Abel 1978
16
Bonnassie 1990
17
Devroey 1981
18
Toubert 1986
19
Schwarz 1985 Nicholas 1991
20
Nicholas 1991
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