Mohamed a apporté de nouveau, et tu ne trouveras que des choses diaboliques et inhumaines ».
Prononcés par la plus haute autorité catholique, ces propos font froid dans le dos et laissent
vraiment interrogateur quant au tournant antimusulman que le Vatican serait en train de prendre.
Devra-t-on s’attendre dans un proche avenir à une alliance objective entre catholiques et
évangélistes protestants à la façon Bush dans une croisade antimusulmane ?
Quoi que sera l’avenir, il est néanmoins certain que la violente propagande de dénigrement que
subit le monde musulman n’est certainement pas étrangère à de tels propos. Il semblerait aussi que
le Vatican n’a pas non plus vraiment conscience de son histoire chargée de sang et de haine. Le pape
allemand s’est longuement exprimé devant ses fidèles sur le concept de djihad qui distancierait
selon lui l’islam du christianisme. Un peu d’honnêteté lui aurait rappelé que le djihad représente
avant tout une démarche personnelle de renoncement aux richesses et aux passions du monde. Il
constitue aussi dans sa dimension collective au devoir de faire la guerre, mais uniquement et
seulement pour se défendre.
Pour sa part, la notion de guerre sainte n’est pas musulmane. C’est historiquement une notion
absolument chrétienne qui est née avec le sermon du pape Urbain II lors du concile de Clermont en
1096. Il justifiait l’utilisation de la violence et l’assassinat d’innocents dès lors qu’il s’agissait
d’infidèles, en l’occurrence il était question des musulmans. Ce concile marquait en fait le départ de
la première croisade. Jérusalem tombera le 15 juillet 1099 aux mains des troupes de Godefroi de
Bouillon qui fit passer la totalité de la population au fil de l’épée. Les estimations d’historiens
parlent d’environ 100.000 morts, majoritairement des femmes et des enfants. Il s’agit là d’un des
plus vieux génocides répertoriés par la mémoire humaine.
L’Eglise catholique n’a jamais de demandé pardon aux musulmans pour ces crimes atroces. L’Eglise
n’a pas demandé non plus pardon pour les crimes de l’inquisition et pour la terreur qu’elle a fait
régner sur les populations européennes durant de nombreux siècles. Le pape n’a toujours pas
regretté non plus l’officialisation de l’esclavage des noirs à des fins prosélytes. En effet, dans une
bulle datant de 1454, le pape de l’époque autorisait le roi du Portugal à pratiquer la traite négrière
pour répandre le christianisme par ce biais. Décision confirmée par la bulle de 1537 où le pape
Jules III interdisait l’esclavage des indiens mais confirmait celui des noirs pour l’expansion de la foi
chrétienne mais aussi parce que ces derniers n’étaient pas à considérer comme des hommes...
Jusqu’à aujourd’hui ces bulles n’ont pas été légalement abrogées tout comme celles légitimant les
croisades. Nous pourrions nous étaler encore longuement sur la responsabilité de l’Eglise dans la
colonisation et ses horreurs. A travers les campagnes d’évangélisation forcée des pères blancs en
Algérie où l’instrumentalisation des minorités chrétiennes au Moyen-Orient. Plus proche de nous, la
complicité du Vatican dans l’émergence du régime raciste nazi est connue de tous. Pie XII n’a jamais
condamné l’idéologie nazie et a vu plutôt d’un bon oeil l’extermination des juifs. Le pape actuel
d’ailleurs a rejoint volontairement les jeunesses hitlériennes avant de s’engager dans l’armée nazie
en 1944. Un passé aussi controversé devrait pourtant le pousser à se garder de donner des leçons
aux autres religions, surtout lorsque l’on dirige une institution incapable de faire son autocritique.
Aussi malheureux soit-il pour lui, il est une évidence difficile à accepter. Les musulmans n’ont pas
tué ou massacré, ne serait-ce que 10% de tout le sang qui a effectivement été versé par des
chrétiens. C’est une vérité même si la propagande des médias américains tendrait à nous faire
croire le contraire. Cela ne saurait en aucun cas justifier une supériorité de l’islam sur le
christianisme. Il s’agit simplement d’une mise au point qui devrait faire longuement réfléchir
Ratzinger le pape allemand avant de prendre la parole.
Hicheme Lehmici