Table des matières 1. Introduction de l’auteur et de son ouvrage......................................p 2 2. Présentation de la notion de cultures hybrides..............................p 3 3. Rôle des politiques culturelles face à l’hybridation............….....p 5 4. Exemples..............................................................................................................p 7 L’immigration La télévision en Argentine et au Canada 5. Bibliographie......................................................................................................p 9 1. Introduction de l’auteur et de son ouvrage Nestor Garcia Canclini est argentin. Il a reçu son doctorat en philosophie à l’Université de Paris et a vécu jusqu’en 1976 en Argentine. Il est ensuite parti au Mexique où il est à présent directeur du programme d’études sur la culture urbaine. En 1992, son livre « Hybrid Culture » (original en espagnol) reçu le prix du meilleur livre sur l’Amérique Latine. Il a publié de nombreux livres traitant des politiques culturelles, de la globalisation, de la société de consommation et de l’urbanisme.1 Présentation du livre « Hybrid Cultures : Strategies for entering and leaving Modernity » L’auteur se livre à un réexamen de la notion très discutée d’hybridation. Il la justifie en soulignant qu’elle permet de penser l’hétérogénéité et la multi-temporalité des phénomènes socioculturels latino-américains. Le livre étudie les menaces à l’identité culturelle latino-américaine dans un marché global. Canclini se demande comment l’Amérique latine peut tendre vers la démocratie et avoir sa place dans un marché global sans perdre son identité culturelle. Il illustre comment les nations latino-américaines, ayant comme but de se moderniser tout en restant culturellement pures, ont souvent légitimé les inégalités existantes. Sa problématique réside dans les va-et-vient de la modernité (le mélange des biens indigènes et coloniaux avec l’art contemporain et les cultures électroniques). Il a une perspective interdisciplinaire (sociologie, communication, anthropologie) qui est indispensable pour considérer L’Amérique latine en cette fin de siècle. Canclini pose trois questions : 1. Comment étudier les cultures hybrides qui constituent la modernité et donnent son profil spécifique à l’Amérique latine ? 2. Est-il possible de développer une interprétation plus plausible des contradictions et de l’échec de la modernisation (en réunissant la connaissance partielle des différentes disciplines) ? 3. Que faire, à partir du moment où la modernité est devenue un projet suspect ou sujet à polémique, avec cette mixture de mémoire hétérogène ? Les réponses qu’il propose dans son livre sont complexes. Il commence son étude par une réflexion sur la modernité et la post-modernité dans les métropoles, examinant les contradictions entre les rêves de création autonome et l’industrialisation des marchés symboliques. Il propose ensuite une réinterprétation des liens entre le modernisme et la modernisation basés sur une recherche sociologique et historique récente à propos des cultures latino-américaines. La section du milieu du livre analyse comment le patrimoine historique et les traditions populaires sont présentés par les musées et les écoles, par les études anthropologiques et folkloriques, par la culture sociologique et par le populisme politique. (Cela conduit l’auteur à un examen des cultures hybrides générées par les nouvelles technologies de la communication, par les réarrangements du privé et du public dans l’espace urbain et par la déterritorialisation des processus symboliques.) D’autres ouvrages du même auteur :”Consumers and citizens : Gloibalization and multicultural conflicts”, “Transforming modernity : Popular culture in Mexico” 1 2 Sa perspective contraste fortement avec les études culturelles antérieures en Amérique latine qui voyaient les mass média comme une grande menace pour les traditions populaires. En réalité, Canclini observe que le processus d’homogénéisation de la culture indigène de l’Amérique a commencé bien avant la télévision et la radio. Ce processus était déjà présent dans les opérations ethnocidaires de conquêtes et dans la colonisation, dans la christianisation violente, pendant la formation des états nations et dans l’organisation coloniale ou moderne de l’espace urbain. En dernier lieu, l’auteur trouve la contribution post-moderne utile parce qu’elle révèle le caractère construit de toute tradition, celle de la modernité incluse. En même temps, l’opportunité nous est offerte de repenser le moderne comme un projet qui est relatif, sur lequel on peut avoir des doutes et qui n’est pas en contradiction totale avec la tradition. 2. Présentation de la notion de culture hybride Il y a un élargissement de la notion de patrimoine aux biens immatériels (musique, langue,…). L’héritage culturel reprend non seulement les biens et les monuments mais aussi une manière d’établir des liens entre eux. Deux lectures de la mondialisation La seconde moitié du XXème siècle voit apparaître une nouveau concept : la mondialisation qui constitue un nouveau mode de relation entre les cultures. Mais il n’existe pas de consensus autour des effets de cette mondialisation. 1) La mondialisation : est-ce un agent de dissolution des identités nationales et ethniques ? Certains voient la mondialisation comme un ensemble de flux et d’interactivité mettant les divers peuples en présence. Mais ces flux « suivent une direction » et se déploient sur les scènes principales, en Occident généralement, surtout aux Etats-Unis et au Japon : les flux demeurent inégaux et respectent la dichotomie centre-périphérie. 2) Un facteur de guerre entre les cultures ? D’autres observateurs reconnaissent la complexité des processus en jeu mais la réduisent essentiellement à une guerre entre les cultures. Face aux progrès de l’économie de marché, certains ont même décrété la fin des conflits économiques et idéologiques. Les affrontements majeurs relèvent des guerres entre les cultures : occidentale, japonaise, islamiste, hindoue, africaine,… Exemple : la guerre du Golfe peut être interprétée comme une confrontation entre le monde islamique et le monde occidental. 3) Un processus complexe Cependant, les signes du métissage culturel abondent aussi. Tout d’abord, toutes les religions ne sont pas dominées par des fondamentalistes ; ensuite, le patrimoine n’est pas systématiquement compris comme une totalité compacte, fermée aux échanges et aux changements ; enfin, la coexistence de différentes cultures ne débouche pas nécessairement sur l’affrontement. La théorie de l’homogénéisation mondiale comme celle du conflit culturel rendent donc compte de certains faits mais en négligent beaucoup d’autres. Pourquoi la musique latino-américaine a-t-elle rencontré un tel succès ? Par ailleurs, avec la migration de millions de Latino-Américains aux Etats-Unis, Los Angeles est devenue la troisième ville mexicaine et Miami la deuxième ville cubaine du monde. 3 Résistant à l’homogénéisation née de la mondialisation, ces liens interculturels n’ont pas pour autant alimenté de nouveaux conflits. Ils ont par contre permis l’émergence d’une réflexion sur l’hybridation croissante de notre monde. Que désigne le terme « hybridation » ? L’hybridation, c’est un mélange d’éléments issus de différentes sociétés, un compromis, une juxtaposition entre plusieurs cultures. C’est donc une construction fragile basée sur la négociation. Le métissage ne constitue pas un phénomène nouveau. D’ailleurs nombreuses sont les nations modernes nées de mélanges culturels. Exemple : « Au cours des dernières décennies, l’Europe et sa culture ont puisé leurs références dans des zones qui traditionnellement appartenaient à des cultures différentes : chinoise, hindoue, islamique, africaine ».2 Mais le choix du terme « hybridation » vise à établir une problématique distincte. Le concept d’hybridation recouvre à la fois les mélanges raciaux et religieux, les formes de mélange et d’entrelacements entre la modernité et la tradition mais aussi entre les cultures de l’élite, populaire et de masse. Ce terme est d’origine biologique mais son recours ne doit pas être problématique (exemple : la reproduction sociale chez Marx). Les auteurs ont vu dans l’hybridation un phénomène positif et fécond, le fruit d’une collaboration individuelle et collective. L’objet d’étude n’est pas tant l’hybridation elle-même que les processus d’hybridation. Trois modalités de l’hybridation L’hybridation suit différentes directions : elle peut accélérer la dissolution de cultures affaiblies, placées dans une situation inégale, stimuler l’intégration multiculturelle ou l’émancipation, ou encore aiguiser les contradictions interculturelles. Nous distinguerons l’hybridation en jeu dans le processus migratoires, l’hybridation résultant des politiques culturelles différenciées, et l’hybridation favorisée par le marché de la communication. 1) Les processus migratoires Tout d’abord, l’hybridation peut naître de processus migratoires. Ex. : entre 1846 et 1930, 52 millions d’européens abandonnèrent leur continent d’origine : 72% se rendirent aux Etats-Unis, 21% en Amérique latine et 1% en Australie. Cette vague accrut de 40% la population argentine, de 30% celle des Etats-Unis et de 15% environ celle du Canada et du Brésil. Elle engendra également des produits culturels hybrides, des synthèses inter-ethniques novatrices (jazz, tango,…). 2) Hybridation et politiques culturelles Ensuite, l’hybridation résulte en partie des politiques culturelles et nationales étatiques. Certes, les états tendent à étendre sur la multiculturalité migratoire le voile d’une identité nationale homogène. Mais ce faisant, ils peuvent avoir recours à diverses méthodes et reconnaître, à des degrés divers, les processus d’hybridation. Exemple : l’Argentine s’est construite sur un système économique, politique et militaire compact, au prix de l‘extermination de millions d’indiens et d’une éducation de masse qui permit de « remodeler » Espagnols, Italiens, Russes, Juifs, Syriens et Libanais. Au contraire au Mexique, le sort de la population indigène a été soumis au projet national créole, « blanc » et axé sur la modernisation occidentale. Les Etats-Unis, quant à eux, ont privilégié le respect de l’identité des groupes migratoires, l’opposition originelle entre Noirs et Blancs s’enrichissant avec l’arrivée d’Asiatiques, d’Européens et de Latino-Américains. Alors que dans l’ensemble du continent sud-américain la tendance était à l’homogénéisation sous la Kapunscinski,R., De l’hégémonie au multiculturalisme : Une Europe de plus en plus coupée du monde, dans Courrier international n° 642 du 20 au 26 février 2003 2 4 houlette d’un pôle « blanc » hégémonique, les Etats-Unis optèrent pour un modèle ségrégationniste postulant l’essentialisme des identités. De tels phénomènes interdisent de parler d’identités pures ou authentiques, même dans les pays dans lesquels les politiques culturelles ont tâché de créer une identité nationale monolithique : Argentine, Mexique, Etats-Unis, etc. La définition d’identités « blanche », « noire », anglaise ou chicana relève de l’illusion. 3) Hybridation et marchés de la communication Enfin, l’hybridation peut résulter des marchés de la communication. Les migrations, jusqu’au début du XXème siècle, avaient un caractère définitif : elles s’accompagnaient d’une coupure radicale entre les migrants et ceux qui restaient. Aujourd’hui, le migrant conserve un lien souple avec son pays d’origine, grâce à la presse, la télévision, etc. Réalité de l’hybridation Celle-ci résulte davantage des communications médiatiques que des mouvements migratoires réels. L’« égalisation » culturelle : un processus ambivalent L’hybridation se présente généralement sur les circuits commerciaux sous les traits d’une réconciliation et d’une égalisation interculturelles. Exemple : les différentes « races » se trouvent unies sur les affiches de Benetton. L’égalisation n’est autre que l’instrument d’une hybridation « apaisante » au service du goût occidental, qui réduit les points de résistance associés à d’autres cultures. Dans cette mesure, nous feignons d’être proches les une des autres, mais sans réellement tenter de nous comprendre. Faiblesses et atouts de l’hybridation L’hybridation n’est pas synonyme de réconciliation entre les nations ni entre les ethnies ; elle ne garantit pas non plus le progrès démocratique. Elle constitue un point de départ pour se débarrasser des tentations intégristes et du fatalisme s’efforçant de légitimer les guerres civilisatrices. Elle permet ainsi de participer à divers répertoires culturels. Mais l’hybridation peut également devenir le lieu de dissolution des caractéristiques culturelles (exemple : renonciation des migrants à leur langue ou l’abandon de celle-ci par leurs enfants). Mais nous devons dépasser ce cadre analytique en exploitant la richesse des processus en jeu. L’étude de ces processus, qui doit se soucier des différences et des inégalités existantes, n’est rien moins qu’un devoir politique impératif. 3. Rôle des politiques culturelles face à l’hybridation Evolution des politiques culturelles Une partie du secteur artisanal continue à exprimer les cultures nationales et ne circule qu’à l’intérieur de ces pays. Beaucoup d’activités symboliques manquent d’investissement (radio, télévision, disques, vidéos, opéras, musique et groupes de théâtre). Ces activités sont organisées en circuits nationaux. Il y a seulement 20 ans, les politiques culturelles privilégiaient les productions importées et la collaboration avec les tendances artistiques internationales OU protégeaient leurs propres productions. Il y avait donc un conflit entre ce qui était national et ce qui était étranger. Certains étaient pour les innovations internationales d’avant-garde intégrées aux cultures locales; d’autres considéraient que les coutumes symboliques devaient être protégées des apports extérieurs et que les ressources de chaque nation devaient rester indépendantes. Ce sont des positions extrêmes. 5 Le but des nouvelles politiques culturelles est de se focaliser sur le développement de la créativité, sur les innovations de l’héritage culturel, sur la diversité culturelle, sur la création de circuits transnationaux pour l’art, la culture et les media; et la coopération entre les gouvernements, les firmes privées et les institutions indépendantes. Héritage culturel et créativité en période de globalisation Les traditions nationales opposent la culture de chaque pays à la culture universelle, et souvent se réduisent à un héritage eurocentrique. Il y a une opposition entre les cultures nationale et universelle en attendant de les voir coexister en harmonie. (Exemple d’organisation qui soutient l’harmonie entre les cultures : les textes de l’UNESCO déclarent que les cultures locales et nationales sont l’héritage de l’humanité.) 1. L’héritage historique, les coutumes, l’identité traditionnelle entrent en conflit avec la culture industrielle, le tourisme et les innovations du développement. 2. Les politiques de globalisation ont bouleversé les choses entre la culture nationale et la créativité. La globalisation qui dissémine les productions et les messages nous fait réagir et rend les frontières perméables. Face à cela, certains pays se referment sur eux-mêmes, sur leurs traditions locales (fondamentalisme islamique, « the fondamental evangelical mouvement» aux USA,…). On peut supposer que ces minorités ont tellement souffert de l’extérieur qu’elles se focalisent sur leurs propres traditions, valeurs,… A la fin du 20ème siècle, presque toutes les grandes ethnies et nations sont intégrées économiquement, politiquement et culturellement au monde moderne. Certaines ont découvert les échanges. On constate que la créativité culturelle n’est pas seulement interdite par les fondamentalistes dans les sociétés à bas développement économique. Aux USA, où le multiculturalisme créé par l’immigration massive de tous les continents a apporté des produits hybrides tels que le jazz, certaines politiques tentent de neutraliser cette mixture, ce mélange. Contre cela, on peut imposer, par exemple, des quotas d’inscription universitaire proportionnellement à la population de chaque groupe pour prévenir l’exclusion et l’injustice. Certains gouvernements et certaines fondations privées considèrent le multiculturalisme et la diversité culturelle comme des hobbies inoffensifs servant juste à apaiser la mentalité populaire qui défend « les différences de race et de genre dans les arts » plutôt que de s’attaquer vraiment au problème. On arrive alors à des œuvres dans des lignes politiquement correctes. Le repositionnement interculturel de l’art Au cours du 20ème siècle, beaucoup d’artistes ont travaillé à l’extérieur de leur pays. Les identités latino-américaine, africaine et asiatique ont été produites au-delà des frontières de ces continents (mass migration, country of adoption). Beaucoup de cultures intègrent des éléments d’autres cultures. C’est ainsi qu’on peut percevoir les relations de beaucoup d’artistes latinoaméricains, africains et asiatiques avec les USA et l’Europe. C’est un emprunt, une adaptation des différentes cultures nationales. Le développement de l’Europe a été accompagné de programmes éducatifs et politiques pour défendre l’héritage culturel européen. 6 Dans certaines régions, l’intégration internationale a donné aux artistes des possibilités. MERCOSUR, une association qui comprend l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, sponsorise les activités intergouvernementales, en particulier les échanges entre villes. En 1997, « the Buenos Aires week in Porto Alegro » et « the Porto Alegro week in Buenos Aires » ont permis à des milliers de spectateurs d’assister à des pièces de théâtre et à des productions musicales et de danse d’une autre ville et ont été suivi d’échanges. Même pour des pays voisins, la population est incapable de citer des noms d’artistes de ce pays voisin. Un promoteur uruguayen de la culture dit que le peu que les Uruguayens connaissent de l’art Argentin et Brésilien vient des disques produits à New York. En même temps, la proximité géographique et l’intérêt réciproque ont encouragé les écrivains, les artistes, les réalisateurs et les scientifiques d’un pays à s’installer pour travailler dans un autre pays pour de courtes périodes. Le développement de la communication par la radio, la télévision et Internet a permis d’augmenter les échanges. Ces interactions sont asymétriques, car il existe des inégalités économiques et socioculturelles entre le Mexique et les USA. On parle d’asymétrie parce qu’il y a une migration de masse uniquement du Mexique vers les USA et les différences et les difficultés d’interaction entre ces deux sociétés entraînent des conflits. Tandis que les Mexicains et les latino-américains considèrent les USA en général comme le pays le plus développé artistiquement et scientifiquement, beaucoup de citoyens et d’institutions américains admirent le passé du Mexique mais refusent de considérer l’art et les productions mexicaines actuelles. Les collisions sont devenues plus importantes ces 15 dernières années, surtout depuis l’ouverture économique du Mexique et la globalisation qui donnent plus de poids et d’influence à ces échanges. Des activités sont organisées pour promouvoir une plus grande connaissance de la culture d’un pays. Pour Canclini, il existe trois solutions au niveau politique : - faire une balance entre les productions importées et endogènes - éduquer les gens en citoyens supranationaux - explorer de nouvelles possibilités pour augmenter les relations interculturelles, individuelles ou de groupe Une critique peut être faite à cette thèse : certains groupes, certaines communautés résistent à l’échange avec d’autres cultures, se replient sur eux-mêmes. On peut citer l’exemple du quartier chinois à Paris et de la communauté juive à Anvers tout en sachant que ces groupements doivent respecter certaines règles relatives au pays dans lequel ils se trouvent (législation,…) . Ces poches de résistance constituent une limite à la thèse de Canclini. 4. Exemples Exemple de l’immigration 3 Les émigrés se trouvent dans une sorte de «dédoublement sociologique» auquel contraint l’émigration. En effet, ils portent en eux, produit de leur histoire, un système de références doubles et contradictoires. Ils sont réduits à entrechoquer toutes sortes de choses de points de vue contradictoires. Le thème du «retournement» est très présent partout. Effectivement, comme dans l’ancien contexte colonial, nombre de traits culturels, tels, par exemple, certains détails 3 Extrait du livre d’Abdelmalek Sayad, L’immigration ou les paradoxes de l’altérité 7 vestimentaires (l’attachement au port du voile ou d’un foulard sur la tête par opposition au port du soutien-gorge ou à la permanente), certaines habitudes culinaires (indépendamment des interdits religieux), certaines conduites ou croyances continuent à être investies d’une fonction supplémentaire, celle de signes distinctifs. Renoncer à ces signes ne manque pas d’être interprété comme une marque d’allégeance à l’autre et corrélativement, comme un reniement ou un « retournement » de soi. Si l’émigration reproduit ainsi les réactions caractéristiques de la situation coloniale, c’est sans doute parce qu’elle, comme la colonisation, a le lieu et l’occasion les plus favorables au rapport de force qui a engendré ces réactions, à savoir la relation (inégale) entre, d’une part, une société, une économie, une culture dominantes et, d’autre part, une société, une économie, une culture dominées. Si nous avons pris cet extrait c’est pour bien montrer comme il est difficile pour un émigré de faire un compromis entre la culture de son pays d’origine et la culture du pays où il émigre. Exemple : la télévision en Argentine et au Canada Il existe des différences entre les discours télévisuels argentins et canadiens. On peut y déterminer l’espace symbolique assigné au local, au multiculturel, au global et aux métissages variés. On constate que la télévision que regardent les Canadiens est bien différente de celle des Argentins au-delà des similarités que la globalisation culturelle favorise partout dans le monde. Au point de vue local, la télévision canadienne est discrète, silencieuse, la culture et la santé y occupent une place importante. Le ton est optimiste et elle sert à divertir et informer. Par contre en Argentine, la télévision est agitée, nerveuse, parfois hystérique. La politique, l’économie et les plaintes constantes occupent un espace prépondérant. Au point de vue global, La télévision est vue comme un discours commun à toute la planète. Les médias en général et la télévision en particulier construisent une manière globale d´envisager le monde à travers quelques formats télévisuels typiques (reality television ou talk shows, langages globalisés comme les video-clips, etc.). La télévision globale légitime des idéaux esthétiques, nourrit l´identification avec le même genre d´inquiétudes, construit des opinions globalisées et impose une agenda planétaire. A ces panoramas médiatiques globaux ne contribuent pas uniquement les réseaux globaux de télévision (CNN, MTV, HBO, ESPN), mais aussi l’industrie de Hollywood. La programmation télévisuelle de chacun des deux pays peut alors se concevoir comme un discours qui, en tant que tel, présente des traces du local-national (le pays), d´un côté; et d´un autre côté comme un discours qui rend compte d´un flux symbolique qui circule dans les télévisions du monde entier et qu´on peut identifier comme le global. Le global se conforme ainsi à une hybridité caractérisée, à la fois, par des traces d´un discours mondialisé uniforme et aussi d´un métissage résultant de la recontextualisation et de la resémantisation dans le local de ce discours mondialisé. Quelques cas d´hybridation du global dans le local se présentent à travers le traitement de problématiques globales filtrées par la perception locale. Par exemple, le thème des problèmes alimentaires chez les jeunes (anorexie et boulimie) apparaît dans la télévision canadienne par rapport á l´influence de la nourriture des États Unis et en Argentine par rapport à une folie esthétique. 8 5. Bibliographie Livres : Sayad, A., L’immigration ou les paradoxes de l’altérité, Editions De Boeck université, 1991, Bruxelles Bindé, J., Les clés du XXIè siècle, Editions UNESCO, Seuil, 2000, France Sources Internet : www.unesco.org http://sites.uol.com.br www.upress.umn.edu http://kvc.minbuza.nl Articles : Kapunscinski,R., De l’hégémonie au multiculturalisme : Une Europe de plus en plus coupée du monde, dans Courrier international n° 642 du 20 au 26 février 2003 Pompey, F., Une « réserve » d’Afrikaners : entre blancs, dans Le Monde du 2 décembre 2002 Barraud, M., Le paradis musulman, dans Economia n°22-23 , août - septembre 2002 9