Appel à candidature sujets de thèse UMR PVBMT « IBERI» Page 2
INTITULE DU SUJET DE THESE (IBERI)
Invasion biologique dans un complexe d’espèces de ravageur des cultures, Bemisia tabaci :
rôle de l’adaptation locale et de l’hybridation sur l’évolution des traits « détrimentaux » (dont
la résistance aux insecticides)
CONTEXTE ET PROBLEMATIQUE
Bemisia tabaci est un hémiptère vecteur de virus et ravageur des cultures d’importance
mondiale. Cette espèce a récemment a été élevée au rang de complexe d’espèces comprenant
plus de 28 espèces cryptiques. Les études des populations de B. tabaci présentes à La Réunion
ont mis en évidence la présence de trois espèces cryptiques sur l'île (MEAM1 et Med,
invasives mondialement, et l’espèce « Océan Indien », « IO », indigène de la région du sud-
ouest de l'océan Indien). Les espèces invasives Med et MEAM1 ont montré une forte capacité
de résistance à certaines familles de molécules insecticides (par exemple organophosphorés
pour le MEAM1, pyriproxyfènes pour Med). De nombreux mécanismes de résistance ont été
mis en évidence pour ces deux espèces, toutefois chez l’espèce résidente de ce complexe
d’aleurode ces mécanismes n’ont jamais été étudiés.
Sur le terrain, ces trois espèces coexistent, avec des préférences écologiques et des
dynamiques différentes Des hybrides entre deux de ces trois espèces ont été observés
(MEAM1 et IO) en forte quantité en début d’invasion, et en plus faible quantité 10 ans après.
L’espèce indigène, localement adaptée, a été retrouvée dans tous les milieux avec une
prédominance dans la partie Est de la Réunion. Elle ne cause pas de pullulation. L’espèce
invasive MEAM1 a aussi été retrouvée sur toute l’île. Par contre cette espèce fait des
pullulations uniquement sur la côte ouest (dans les zones de maraîchage) et notamment dans
les serres de tomate où elle est l’espèce dominante. Elle est notamment le vecteur de deux
virus majeurs le TYLCV et du ToCV sur tomate à La Réunion.
Lors d’invasions biologiques, des populations précédemment isolées ou des espèces proches
peuvent être mises en contact. L’évolution des traits adaptatifs des populations concernées
dépend de plusieurs phénomènes : l’adaptation locale de l’espèce résidente, la compétition de
niches entre les espèces, la modification des régimes de sélection liés à cette invasion et les
possibilités d’hybridation entre les espèces. Ces forces interagissent à plusieurs niveaux. Par
exemple, l’adaptation locale peut générer de la dépression hybride (par incompatibilité
génomique notamment), limiter les possibilités de changer d’aire de distribution ou
simplement générer une barrière écologique à l’hybridation.
Par ailleurs, l’hybridation peut renforcer les invasions biologiques par la création de
phénotypes transgressifs, plus extrêmes que les phénotypes des espèces/populations mises en
contact. L’existence de nombreux exemples d’invasions biologiques d’ampleur qui ont généré
de l’hybridation suggère que cette force évolutive peut avoir de l’importance. Pratiquement,
dans le cas de ravageurs agronomiques, ces phénomènes peuvent modifier l’efficacité des
stratégies de lutte.
Dans le cas de Bemisia tabaci, des études préliminaires sur les barrières à l’hybridation
(comportement d’accouplement et écologie des deux espèces) ont été menées. Elles ont
montré une ségrégation partielle dans l’espace des niches occupées par les deux espèces, mais
non suffisante pour expliquer les faibles taux d’hybridation.
Les objectifs de ce sujet seraient 1) d’étudier le niveau de résistance des différentes espèces
(MEAM1, IO, Med) et populations dans différents milieux vis-à-vis de molécules insecticides
2) d’étudier la valeur sélective des populations hybrides MEAM1-IO et certains traits