UV_506_TRAUMATO_SPE_ATHLE

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TRAUMATOLOGIE
UV 506
TRAUMATOLOGIE
SPECIFIQUE
Athlétisme
Course, marche
P. PILARDEAU
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La course et la marche sont les modes de déplacement habituel des bipèdes permanents. La
course se caractérise par un temps de suspension que l’on ne retrouve pas lors de la marche, même
pendant les compétitions (risque de disqualification).
Les épreuves de course se caractérisent par leur longueur et le terrain utilisé. Dans ce travail
ne seront décrites que les pathologies concernant les courses sur route (1/2 marathon, marathon, 100
km, triathlon...) ou en terrain varié (cross).
Les épreuves de marche vont du 3000 m sur piste à l’épreuve de Colmar/Paris (entre 510 et
530 km). Ce document ne recense que les pathologies rencontrées lors des épreuves d’au moins une
heure (12 à 14 km).
PHYSIOLOGIE
Les muscles de la cuisse sont soumis à deux types de stimulation. La première correspond à la
lutte antigravitaire, c'est-à-dire aux contractions réflexes permanentes des muscles antérieurs et
postérieurs (agonistes et antagonistes), tandis que la seconde est en rapport avec le mouvement
volontaire de l'individu, et dans le cas du sportif, très différent d'un athlète à l'autre, en fonction de sa
discipline. A ces deux contraintes s'ajoutent celles engendrées par l'allongement des chaînes
musculaires postérieures survenues lors du changement de mode de locomotion.
+ Lutte antigravitaire
La lutte antigravitaire s'est considérablement modifiée lors du passage de la position bipède
sporadique à celle de bipède permanent. Chez les premiers individus la marche debout, la jambe et la
cuisse fléchies de quelques degrés donne au quadriceps un rôle majeur de lutte contre la gravitation.
Le muscle est volumineux, puissant et le rapport quadriceps/ischio-jambiers très élevé. Inversement
chez les bipèdes permanents, la rectitude de la cuisse et de la jambe reculent l'axe des forces verticales
engendrées par la gravitation, les structures osseuses étant pratiquement situées dans l'axe de ces
forces. La position verticale est alors assurée par des contractions antérieures et postérieures sans
donner une véritable prédominance à l'un ou l'autre groupe. Dans ces conditions, le quadriceps est
spontanément plus faible et le rapport quadriceps/ischio-jambiers moins élevé.
+ Contractions volontaires
Les contractions volontaires des muscles de la cuisse sont en rapport avec le type d'activité
pratiquée. Le risque de déséquilibre antéro-postérieur, et les pathologies qui en résultent sont donc
fonction de l'importance des stimulations musculaires et de l'intérêt que le sujet porte à maintenir cet
équilibre.
= Stimulation du quadriceps
Le quadriceps est particulièrement stimulé lors de la pratique des exercices d'extension de la
jambe sur la cuisse (course et marche).
= Stimulation des ischio-jambiers
Les ischio-jambiers sont utilisés pour propulser le corps en avant lors des déplacements
rapides (course) ou pour fléchir la jambe lors des mouvements de flexion/extension de la marche.
Ces déséquilibres musculaires relatifs à l'activité elle-même, doivent être combattus par des
programmes de musculations spécifiques destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus
faibles. La musculation interviendra toujours après une phase d'étirements des structures musculaires.
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+ Contraintes musculaires postérieures
Les contraintes musculaires postérieures résultent de l'allongement des chaînes musculaires de
cette région, rendu indispensable par le travail en extension de la jambe en position debout. Malgré un
étirement quasiment permanent de ces structures lors de la marche ou des mouvements réalisant des
flexions antérieures du tronc, jambes tendues, les ischio-jambiers tendent à se raccourcir par un
processus très rapide et difficilement réversible. Leur stimulation lors de la course notamment
accentue ce phénomène. Ces différences de caractéristiques mécaniques entre les muscles antérieurs
et postérieurs sont à l'origine d'un déséquilibre très dangereux pour l'intégrité de ces structures qui
devront perpétuellement être étirées. L'ensemble de ces modifications évolutives décrites sous le nom
de "Syndrome de Lucy" par l'auteur retentit sur le fonctionnement dynamique des articulations sus et
sous-jacentes (genou, hanche, sacro-iliaque). Elles sont à l'origine de très nombreuses pathologies
macro ou microtraumatiques du membre inférieur:
= Microtraumatiques
. Tendinite d'Achille
. Pubalgie
. Syndrome fémoro-patellaire
. Lombalgie fonctionnelle
. Tendinite des adducteurs
= Macrotraumatiques
. Rupture du droit antérieur
. Claquage des ischio-jambiers
. Claquage du jumeau interne
. Claquage des abdominaux
Le sportif se trouve ainsi dans l'obligation permanente de lutter contre l'inadaptation de ses
structures propulsives au risque de se blesser gravement. L'étirement des ischio-jambiers et le
renforcement des chaînes musculaires antérieures doivent être un souci permanent des sportifs et de
leurs entraîneurs.
+ La hanche lors de la course
Lors de la course, le sujet projette son centre de gravité en avant. Dans cette position, et
notamment au moment du départ, la lordose lombaire tend à s'effacer, la hanche est fléchie. Pendant
la phase propulsive, le sujet pousse violemment avec ses muscles postérieurs (ischio-jambiers, grand
fessier) et ses rotateurs externes (légère rotation externe de la cuisse). Ces deux groupes musculaires
sont constitués par des muscles nombreux et puissants. Pendant la phase de suspension, le sujet fléchit
la cuisse sur la hanche (mouvement qui nécessite seulement de lutter contre la gravitation et de
ramener légèrement la cuisse en dedans). Ce mouvement est assuré par un nombre limité de muscles
de faible puissance (couturier et droit antérieur) si l'on excepte le psoas iliaque. Entre ces deux
mouvements la jambe s'étend, provoquant une extension brutale des muscles postérieurs s'insérant sur
l'ischion
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COURSE DE FOND
La course à pied est susceptible de léser l’ensemble des structures musculaires et tendineuses
du membre inférieur, avec une certaine prédilection pour les muscles de la loge postérieure de la
jambe.
+ Tendinite du TFL
= Etiologie
L'atteinte de son tendon est fréquente chez le grand enfant et l'adolescent pratiquant
l'athlétisme. Cette tendinite trouve son origine dans les mouvements de circumduction répétés du
bassin.
= Diagnostic
. Examen clinique
Cliniquement la tendinite du TFL se manifeste par une douleur externe de la hanche, irradiant
vers la partie postéro-interne de la cuisse lors de la course. L'examen retrouve la classique "hanche à
ressaut" qui correspond au passage du TFL sur le relief du grand trochanter lors des mouvements de
rotation interne et extension de la cuisse préalablement fléchie. Lors des atteintes plus anciennes et/ou
plus graves une véritable subluxation douloureuse de la hanche peut être retrouvée lors de cette
manœuvre.
. Examen radiologique
La radiographie de la région est normale.
= Traitement
Outre l'arrêt de l'activité sportive, la cryothérapie et la mise en route d'une kinésithérapie antiinflammatoire, on vérifiera les appuis plantaires et l'équilibre du bassin (appréciation clinique et
radiologique). Cet examen sera complété par une étude magnétoscopique du geste sportif. Lors de la
reprise de l'activité, on insistera sur la qualité de l'échauffement. Si un déséquilibre a été constaté, une
compensation sera proposée sous forme de semelles ou de talonnettes.
+ Tendinite basse du moyen fessier
= Etiologie
Le moyen fessier est étiré lors des exercices répétés en adduction, et stimulé lors des
exercices répétés en rotation interne et abduction. Les sports concernés sont la course et la marche
(déclivité de la route, défaut d'équilibre plantaire). Le risque d'apparition d'une tendinite du moyen
fessier est potentialisé par l'existence d'une différence de hauteur des deux membres inférieurs.
= Diagnostic
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. Examen clinique
La douleur se situe en regard du grand trochanter au même niveau que celle de la tendinite du
TFL. Mais contrairement à ce dernier cas, il n'existe jamais de ressaut de la hanche.
La pression du pouce contre le grand trochanter augmente la douleur, de même que les
mouvements d'abduction contrariés. La palpation peut retrouver des crépitants. Lors de la marche, le
sportif garde la jambe raide.
. Examen radiologique
Il est strictement normal. L'IRM peut mettre en évidence le caractère inflammatoire de
l'insertion.
= Traitement
Le traitement est anti-inflammatoire:
- Ultrasons et ionisations
- Cryothérapie trois à quatre fois par jour.
- AINS per os.
Il sera toujours associé à une décharge momentanée du membre et à une recherche étiologique
précise.
+ Tendinite du psoas-iliaque
La tendinite du psoas iliaque concerne son insertion sur le petit trochanter.
= Etiologie
Cette tendinite est le résultat de mouvements répétés du tronc ou de la cuisse en flexion.
(marathon).
= Diagnostic
. Examen clinique
La douleur, située au niveau de la partie externe de l'arcade crurale, irradie vers la face
antérieure de la cuisse. Elle est augmentée lors de la flexion contrariée de la cuisse ou du
redressement du tronc, le patient étant en décubitus dorsal. La palpation ne retrouve aucune
tuméfaction du fait du caractère interne de l'insertion tendineuse (masquée par le trochanter). La
douleur, plus intense "à froid" est cependant rarement nocturne.
. Examen radiologique
La radiographie de la région est strictement normale.
= Traitement
Le traitement associe la pratique d’ultrasons aux AINS per os. La région ne sera jamais
infiltrée. Après une période de repos dont la durée peut être très variable, la reprise de l'activité
sportive se fera progressivement en fonction des résultats du traitement.
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+ Tendinite du couturier (sartorius)
La tendinite haute du couturier est une affection rare, mais fréquemment bilatérale.
= Etiologie
Cette tendinite touche les coureurs et les marcheurs présentant une dynamique anormale de la
cuisse et de la jambe ou une paire de chaussure inadaptée à leur activité.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sujet consulte pour des douleurs bilatérales siégeant au niveau de la partie antérieure de la
crête iliaque (épine iliaque antéro-supérieure. Cette douleur s'installe progressivement, puis augmente
son intensité jusqu'à interrompre l'entraînement du sportif. La pression du doigt sur les épines iliaques
antéro-supérieures provoque des douleurs exquises. Par ailleurs, la douleur peut être provoquée par
les mouvements de flexion et de rotation interne de cuisse contrariés, ou le redressement du tronc.
. Examen radiologique
Il est strictement normal.
= Traitement
Il est toujours précédé d'une étude statique et dynamique de la course ainsi que par l'examen
de l'usure des semelles des chaussures utilisées lors de l'exercice.
Il comprend :
. La mise momentanée au repos
. La pratique d'ionisations d'AINS
. La cryothérapie
+ Tendinite quadricipitale
La tendinite quadricipitale est une pathologie de l'adulte jeune. Moins fréquente que la
tendinite rotulienne, elle répond plus facilement au traitement.
= Etiologie
La tendinite quadricipitale se rencontre lors des courses ou des marches prolongées sur sol
dur. L'apparition de cette tendinite est favorisée par l'existence d'un quadriceps rétracté et/ou
insuffisamment musclé, et le port de chaussures présentant un talon trop élevé.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le diagnostic est assez facile à poser compte tenu de la localisation sus-rotulienne de la
douleur. Il s'agit habituellement d'une douleur d'intensité modérée, plus intense à froid, relativement
calmée par l'activité sportive. A l'examen, le tendon quadricipital est globalement douloureux, sans
zone exquise. La palpation peut mettre en évidence une atteinte des fibres du droit antérieur et des
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vastes au niveau du franchissement antérieur de la rotule. Dans ce cas, il est parfois possible de palper
des nodules fibreux. La recherche d'une douleur quadricipitale en extension contrariée est inutile et
peu probante. L'examen se terminera par une mesure des rétractions quadricipitales (distance talon
fesse) et ischio-pubiennes (test de Wallace).
. Examen radiologique
Les clichés de face et de profil sont strictement normaux. En présence d'une tuméfaction
antérieure il peut être intéressant de pratiquer une échographie pour explorer la qualité du tendon et la
nature du nodule (liquidien ou fibreux). Un scanner des genoux permettra de vérifier l'absence de
trouble de la dynamique rotulienne, facteur favorisant le développement de cette pathologie.
= Traitement
Comme pour toute atteinte tendineuse microtraumatique, la thérapie doit être précédée d'une
enquête étiologique sérieuse destinée à supprimer l'origine de la tendinite (statique des membres
inférieurs, étude des rétractions et de la dynamique rotulienne, examen des chaussures, modification
de l'entraînement (de l'intensité, de la technique ou de la surface)... Le traitement ne nécessite
qu'exceptionnellement l'utilisation d'AINS per os. Le caractère très "superficiel" du tendon
quadricipital (le tendon du crural n'est jamais atteint) autorise un traitement kinésithérapique par
ultrasons et ionisations. En cas d'atteinte dégénérative fibreuse (tendinose) le MTP et/ou les ultrasons
viennent aisément à bout de cette tendinite.
+ Rétraction et contracture des ischio-jambiers
La contraction douloureuse des ischio-jambiers est une pathologie fréquente, avant coureuse de
claquages ou de ruptures.
= Etiologie
La contracture des ischio-jambiers a pour origine une rétraction de ces masses musculaires.
Ce phénomène, à l'origine du syndrome de Lucy, est en rapport avec une inadaptation parfaite à notre
situation de bipède. Toutes les activités physiques de course, c'est à dire réalisant un travail en
position semi-fléchie de la jambe aggravent ces rétractions.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sujet consulte pour des douleurs généralisées de la loge postérieure de la cuisse, souvent
responsables de crampes. A l'examen les masses musculaires sont tendues, globalement sensibles sans
qu'aucun point douloureux ne soit perceptible. La rétraction est mesurée par le test "mains sol" et de
Wallace. Ce dernier test consiste à mesurer l'angle de la jambe et de la cuisse, le sujet étant en
décubitus dorsal, une cuisse placée à 90° de flexion (l'autre étant étendue). L'examinateur maintient la
cuisse verticale tandis qu'avec son autre main, placée au niveau de la cheville il étend la jambe sur la
cuisse. L'angle est mesuré quand l'extension se trouve bloquée. On s'assurera que le sportif ne fausse
pas la manœuvre en décollant les fesses de la table (par bascule du bassin), ou ne fléchit pas l'autre
jambe. Chez les sujets souples l'angle est de 0°, les sujets sont rétractés au-delà de 15°. Certains
sportifs peuvent présenter des angulations de plus de 45°.
. Examen radiologique
Le seul examen susceptible de présenter un intérêt consiste en la réalisation de clichés du
bassin de profil, le sujet étant debout. Trois clichés sont demandés:
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- En position verticale
- En flexion antérieure maximale du tronc
- En flexion antérieure maximale, le bassin étant retenu par une sangle.
Les mesures des angulations entre le plateau sacré et les fémurs permettent d'apprécier
l'importance des rétractions et de suivre l'évolution du traitement.
= Traitement
Le traitement consiste à:
. Etirer le sportif en cabinet de kinésithérapie (10 séances).
. Apprendre au sportif à s'étirer avant et après les entraînements et les compétitions.
. Rééquilibrer les musculatures antérieures et postérieures.
+ Tendinite rotulienne
La tendinite rotulienne est relativement fréquente dans le monde sportif. Elle ne touche
pratiquement exclusivement que des sportifs adultes. Son diagnostic est facile, mais son traitement
décevant.
= Etiologie
Les activités sportives à l'origine de la tendinite rotulienne sont très nombreuses. Le
mécanisme microtraumatique diffère cependant sensiblement en fonction de l'activité (marche ou
course)...
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur siégeant au niveau d'un tendon rotulien (en cas de
problème mécanique les deux tendons peuvent être touchés), particulièrement sensible à la descente
des escaliers et lors des décélérations. La palpation permet de localiser précisément le point
douloureux (pointe de la rotule, corps du tendon, tubérosité tibiale antérieure). Dans 80 à 90 % des
cas l'atteinte se situe au niveau de la pointe de la rotule. La flexion en charge est douloureuse de
même que les impulsions ou réceptions de sauts. Une palpation fine permet parfois de localiser des
nodules fibreux et des crépitants. Le genou est sec et la région tendineuse rarement œdèmatiée.
. Examen radiologique
Les examens radiographiques comprendront des clichés de face et de profil du genou et un
scanner de la rotule destiné à dépister une éventuelle subluxation rotulienne. L'échographie
comparative aura pour but de mesurer l'épaisseur du tendon et de rechercher d'éventuels nodules
fibreux. L'IRM ne présente dans cette pathologie aucun intérêt.
= Traitement
La tendinite, et surtout la tendinose rotulienne, répondent avec beaucoup de difficulté au traitement.
. Le traitement de la tendinite vue précocement comprendra deux phases:
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- Une phase anti-inflammatoire (AINS, ionisation de produits anti-inflammatoires,
cryothérapie).
- Une phase de rééducation et d'éradication de l'origine de la lésion.
La durée du traitement est d'environ deux à trois semaines, et le sportif peut espérer reprendre
son activité après un mois de repos.
. Le traitement de la tendinose est beaucoup plus long et délicat, il comprend:
- La réalisation de MTP (il est conseiller au kinésithérapeute d'utiliser pour ces
massages un "manche à balai" afin d'écraser fortement le tendon sur le plan dur sous-jacent).
- La pratique d’ultrasons, destinés à "défibroser" le tendon.
- La mise en route d'étirements du plan musculaire antérieur (talon/fesse).
En cas d'échec le sportif sera confié au chirurgien pour peignage du tendon. Malheureusement
cette technique très efficace au niveau du tendon d'Achille, s'avère moins performante au niveau du
tendon rotulien (50 à 60% de bons résultats).
+ Tendinite de la patte d'oie
= Etiologie
Les muscles de la patte d'oie sont particulièrement stimulés lors des mouvements de course,
notamment quand les appuis plantaires sont défectueux.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur située dans la région interne de la tubérosité tibiale
antérieure. Cette douleur, de type inflammatoire se calme après quelques minutes d'échauffement pour
réapparaître "à froid".
A l'examen, la douleur est augmentée à la pression du doigt et lors de la rotation interne
contrariée de la jambe.
. Examen radiologique
Le seul examen radiographique susceptible d'être demandé est un scanner du tibia destiné à
vérifier la normalité de sa rotation externe. La scintigraphie montre un point d'hyperfixation
isotopique en regard de la patte d'oie. Sa localisation interne, à la périphérie de l'os, le différencie des
images observées lors d'une fracture de fatigue.
= Traitement
Il s'agit d'un traitement anti-inflammatoire classique: cryothérapie, kinésithérapie antiinflammatoire et AINS. On interrompra momentanément la course sur sol dur. La course sur terrain
souple et dans l'axe est autorisée. Les appuis plantaires et l'usure des chaussures seront
systématiquement contrôlés, il n'est pas rare de mettre en évidence à cette occasion un pied plat ou un
talus valgus, nécessitant le port d’une semelle orthopédique thermoformée.
+ Syndrome de la bandelette ilio-tibiale
La bandelette ilio-tibiale est formée par l'extrémité du tendon du Tenseur du fascia lata sur le
tubercule de Gerdy, à quelques centimètres au-dessus du condyle fémoral externe.
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= Etiologie
Sa pathologie est secondaire à un mécanisme irritatif provoqué par son glissement postérieur
lors du mouvement de flexion du genou. Il s'agit d'une atteinte microtraumatique engendrée par les
mouvements répétés de flexion extension de la jambe (course).
= Diagnostic
. Examen clinique
L'adolescent plus souvent que l'enfant consulte pour une douleur externe du genou majorée
par la course et notamment la course en descente. L'examen clinique est pauvre. Si un genu varum est
assez fréquemment rencontré et considéré comme un élément à risque, le genou est sec, les
manœuvres méniscales indolores, il n'y a pas d’œdème, la pression du tubercule de Gerdy réveille la
douleur, la flexion extension en appui monopodal peut être douloureuse.
. Examen radiologique
Le seul examen susceptible d'être pratiqué est une mesure par tomodensitométrie de la valeur
de la rotation tibiale.
= Traitement
Bien que l'infiltration locale soit souvent efficace, on s'abstiendra de réaliser ce geste du fait
des risques majeurs de complications.
. Si la lésion est aiguë:
- Cryothérapie
- Ultra sons
- Eventuellement mésothérapie.
. Si la lésion est chronique:
- Massage transverse profond.
La reprise de l'activité sportive sera réalisée progressivement à l'arrêt de la douleur et surtout
après étude du matériel et de la dynamique de course. Des semelles amortissantes seront
systématiquement proposées.
+ Tendinite du biceps fémoral
= Etiologie
Cette tendinite est fréquemment en rapport avec un trouble des appuis plantaires ou de la
dynamique du genou. Elle est favorisée par les pieds plats, le genu varum et la rétraction des muscles
ischio-jambiers. Les sports les plus souvent concernés sont la marche de fond et les courses (fond,
haies, cross..).
= Diagnostic
. Examen clinique
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Le patient consulte pour une douleur se situant à la face externe et en dessous du genou. Cette
douleur peut être bilatérale ou unilatérale. La palpation retrouve très facilement le point douloureux
exquis au niveau de l'insertion du biceps sur le péroné. La douleur est augmentée lors de la flexion et
de la rotation interne contrariée de la jambe. L'examen clinique comprend systématiquement une
étude de la statique des membres inférieurs (genou et cheville), des appuis plantaires et apprécie la
mobilité de l'articulation péronéo-tibiale supérieur (une trop grande mobilité de cette articulation ou
une luxation ancienne) sont des origines habituelles de cette tendinite. L'existence d'une tendinite
unilatérale doit faire envisager une inégalité des membres inférieurs ou la pratique d'une activité
asymétrique (course sur piste, sur le même côté d'une chaussée..).
. Examen radiologique
Il cherchera à évaluer une éventuelle luxation (voir luxation péronéo-tibiale supérieure),
l'importance du genu varum et la hauteur comparative des deux membres inférieurs.
= Traitement
Le traitement comprend deux parties:
. L'éradication du phénomène causal (semelles, talonnette, technique...). Dans certain cas le seul
fait d'entraîner le sportif à main droite sur la piste peut être suffisant pour freiner l'évolution de la
lésion.
. Le traitement proprement dit (AINS, ultra sons, ionisations, MTP...) en fonction du caractère aigu
ou chronique de la lésion.
+ Tendinite du poplité
Le poplité est le seul muscle postérieur mono-articulaire du genou. Son atteinte
microtraumatique concerne son insertion fémorale (compartiment externe).
= Etiologie
Cette tendinite se manifeste essentiellement chez l'adulte pratiquant des activités de course. Elle
répond à des appuis plantaires de mauvaise qualité ou à un défaut de la dynamique de la course.
Toutes les séquences dynamiques à l'origine de mouvements répétés en valgus/rotation externe sont
susceptibles d'induire cette tendinite (course en terrain accidenté...).
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur postéro-externe profonde, située au dessus de l'interligne,
se manifestant lors du début de l'activité et diminuant "à chaud". L'examen, gêné par l'insertion du
jumeau externe et la bandelette ilio-tibiale, permet cependant d'éliminer très facilement une atteinte
méniscale postérieure (absence d'entorse à l'interrogatoire, pas de douleur en flexion en charge, point
douloureux exquis au-dessus de l'interligne). La douleur est augmentée lors des mouvements de
rotation externe contrariés ou de rotation interne actifs. Le test le plus simple consiste à demander au
patient de se placer debout, le genou fléchi à environ 50° et en rotation externe, tandis que
l'examinateur provoque une valgisation du genou. La résistance du patient en rotation interne imprime
sur le tendon une tension douloureuse.
. Examen radiologique
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Le seul examen susceptible d'être proposé est le scanner du genou et du tibia, destiné à
mesurer la rotation tibiale.
= Traitement
Il comprend deux parties:
. La suppression de la cause (semelles orthopédiques, rééducation proprioceptive, modification
d'une séquence gestuelle...).
. La thérapie anti-inflammatoire générale (AINS) et locale (ultrasons).
+ Atteintes du tendon d’Achille
= Physiologie du tendon d'Achille
L'action physiologique de ce tendon est l'extension du pied (flexion plantaire) et l'adduction et
rotation du pied en dedans. Lors de la pratique sportive, le tendon d'Achille est l'objet d'étirements
actifs (saut, montée sur la pointe des pieds, course) et passifs (réception de saut, mouvement en valgus
abduction de la cheville). La structure des fibres tendineuses est spiralée, mais la partie centrale du
tendon est moins enroulée que la périphérie. Cette disposition, très efficace sur le plan de la résistance
à la traction continue présente une relative fragilité aux brusques mises en tension ou aux contractions
itératives du tendon. La biomécanique du tendon se résume en un mécanisme de levier ayant son
extrémité au niveau de la partie antérieure du pied, et son point d'appui au niveau de la charnière
tibio-astragalo-calcanéenne (les forces s'exercent perpendiculairement à l'axe du calcanéum,
provoquant ainsi un effet de cisaillement). La brièveté du bras de levier situé entre le point d'appui
calcanéen et l'insertion du tendon fait que des forces considérables s'appliquent à cette structure (300
kg pour un enfant de 40 kg). Toute anomalie, même minime, de cette région peut augmenter la force
de traction, et désaxer sa direction. Une simple surélévation d'un centimètre au niveau du talon est
suffisante pour diminuer la force de traction de près de 30%. Au départ de la course, quand la jambe
est tendue et repose sur la pointe du pied, le tendon d'Achille doit supporter en fonction du poids de
l'athlète et de sa force musculaire, des charges de 400 à 500 kg.
La pathologie en rapport avec ce tendon est différente suivant qu'il s'agit d'un enfant ou d'un
adolescent.
- Chez l'enfant avant la soudure du cartilage germinatif calcanéen postérieur, la zone
de fragilité se situe au niveau du cartilage. Cette particularité protège de façon relative le tendon
d'Achille qui ne présentera que de façon très exceptionnelle des claquages ou des ruptures. Les
pathologies spécifiques de la période prépubère sont la maladie de Sever et la tendinite d'Achille.
- Chez l'adolescent, le point faible du système extenseur du pied se situe au niveau de
l'insertion du jumeau interne sur la lame fibreuse du soléaire. Les ruptures tendineuses sont possibles
mais rares du fait de la relative légèreté de l'adolescent et de la bonne qualité du tendon à cet âge. Sur
le plan microtraumatique, la tendinite décrite chez le préadolescent peut se compliquer par
dégénérescence fibreuse (tendinose).
+ Rupture du tendon d'Achille
La rupture du tendon d'Achille, décrite par Ambroise Paré vers 1575, est une pathologie
fréquente dans le domaine sportif, mais relativement rare chez l'enfant du fait de la faiblesse de sa
masse corporelle et de la fragilité de son insertion basse (noyau germinatif du calcanéum).
= Etiologie
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La rupture du tendon d'Achille se déclare plus volontiers chez un homme jeune (30 à 40 ans),
lors d'une impulsion (saut, réception, démarrage). La rupture totale ou partielle peut se rencontrer
dans deux types de situation:
. Lors d'un traumatisme violent accompagné d'hyperextension du triceps sural. La
rupture se produit sur un démarrage (course, déséquilibre pendant la course...).
. Pendant la pratique d'un exercice de relativement faible intensité sans que la notion
d'extension brutale du tendon soit évidente (pendant un échauffement, en pleine course...). Cette
étiologie, plus fréquente chez l'adolescent présentant une surcharge pondérale, est exceptionnelle chez
l'enfant.
= Diagnostic
. Examen clinique
Si dans la plupart des cas, le sportif consulte le jour même de son accident, dans près de 40%
des cas un délais de plusieurs jours peut être observé. La douleur initiale est décrite en coup de fouet
et accompagnée d'un bruit de claquement. Dans certains cas la notion d'intervalle libre peut être
retrouvée (douleur d'abord sourde, précédant le claquage qui survient lors de la pratique d'un exercice
modéré).
Si l'impotence fonctionnelle peut être totale (marche impossible) et immédiate dans le cas des ruptures
complètes, elle peut aussi se limiter à une douleur diffuse et sourde accompagnée d'une simple gêne à
la montée du trottoir ou des escaliers. L'examen bilatéral met en évidence une rétraction des jumeaux
et, de profil, un aspect en coup de hache noyé dans une zone œdémateuse et/ou hématique, suivant
l'espace séparant la consultation de l'accident. La palpation est très douloureuse, elle permet de
localiser le point de rupture (plus fréquemment moyen ou haut chez l'adulte, bas chez l'enfant). Le
tendon sera testé activement et passivement avec prudence. La flexion et l'extension passives sont
possibles et peu douloureuses en cas de rupture complète, la flexion dorsale du pied est très vite
limitée par la douleur en cas de rupture partielle. En actif, même en présence d'une rupture complète,
l'extension dorsale du pied peut être assurée par le jambier postérieur, le fléchisseur des orteils, le
plantaire grêle ou simplement par la gaine déshabitée du tendon lui-même. Elle reste néanmoins très
faible en intensité et ne peut vaincre la résistance opposée par un doigt.
. Examen radiographique
La radiographie de profil ou la xérographie (de moins en moins utilisée) montre la
déformation du triangle de Kager (le bord antérieur du tendon d'Achille est plus concave).
L'échographie objective la rupture totale ou partielle et permet de visualiser un éventuel hématome
intra ou péritendineux. Cet examen ne peut cependant être interprété qu'en fonction des données
cliniques. L'IRM ne sera proposée que dans les cas douteux de rupture incomplète. Le diagnostic
différentiel se pose avec la rupture partielle du jumeau interne (uniquement chez l'adulte), une rupture
du faisceau postérieur du ligament latéral externe de la cheville, un arrachement du noyau calcanéen
postérieur et la rarissime rupture du plantaire grêle.
= Traitement
Le traitement peut être orthopédique ou chirurgical.
. Le traitement orthopédique est indiqué pour les ruptures partielles et les patients refusant
l'intervention (dans ce cas la cicatrisation s'effectue à partir d'un cal fibreux organisé à l'intérieur de la
gaine. Il comprend:
- La pose d'une résine cruro-pédieuse, le genou en légère flexion et le pied
équin (15 à 20° de flexion plantaire) pendant quatre semaines.
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- Le remplacement de la résine cruro-pédieuse par une botte en résine, pied à
90° pendant un mois et demi, avec appui.
- A l'ablation de la résine, le port d'une talonnette de 1 cm.
- Une rééducation par mobilisation douce, remusculation du triceps, et
proprioceptive (deux à trois mois).
. Le traitement chirurgical est toujours préférable chez l'athlète jeune pour limiter le temps
d'immobilisation et la qualité de la cicatrice.
- Les techniques comprennent la suture simple (difficile à réaliser quand le
tendon est effiloché ou infarci), et le laçage étendu. Dans les deux cas, un plan de glissement souscutané sera reconstitué. Elles peuvent être associées à des plasties utilisant le plantaire grêle (Chigot),
un lambeau de l'aponévrose (Bosworth), une bandelette de TFL, du court péronier latéral...
- Après fermeture, le pied est placé en équin modéré pendant huit jours, un
plâtre de marche est posé au dixième jour.
- La rééducation est débutée au 45 ème jour (pédalage, travail en flexion
dorsale, musculation, proprioception...).
- La reprise de l'activité est réalisée dix à douze semaines après l'intervention,
les complications sont exceptionnelles, le risque de rupture secondaire inférieur à 0,5%.
+ Tendinite d'Achille
= Etiologie
C'est la tendinite classique du coureur à pied. L'examen clinique est toujours précédé par un
interrogatoire qui doit être conduit comme une véritable enquête policière pour retrouver l'étiologie de
la tendinite. Il portera notamment sur:
. Le matériel : Changement de chaussures ou de crampons, pointes trop longues,
chaussures trop légères (absence d'absorption des microtraumatismes), ou trop lourdes (fatigue),
contrefort trop dur (frottement), talon trop bas, cambrure trop rigide (mauvais déroulement du pied),
compensation de la voûte plantaire inadaptée.
. La technique : Modification d'un geste (saut), de la technique de course, mauvaise
progression de l'intensité, stage...
. Le terrain : Course sur route, sur terrain gelé, sur tartan (tennis)...
. L'échauffement : Insuffisant, inadapté...
. L'alimentation : Hydratation insuffisante, régime déséquilibré...
. L’existence d'une pathologie familiale (hypercholestérolémie familiale avec
xanthomes nodulaires du tendon). L'âge de survenue de ce type de pathologie se situe vers 8 à 12 ans.
. La présence d'un foyer infectieux dentaire.
= Diagnostic
. Examen clinique
A l’interrogatoire, le sportif signale une douleur postérieure de la jambe pouvant s'étendre de
l'insertion du tendon d'Achille sur le calcanéum à son insertion haute (extrémité inférieure des
jumeaux), de type inflammatoire (augmentée à froid, diminuée lors de l'entraînement), pouvant
entraîner une boiterie et être à l'origine d'un "déverrouillage" douloureux le matin. L'examen clinique
sera réalisé:
- De face, à la recherche d'une asymétrie des membres inférieurs, d'un genu
varum ou d'un genu valgum...
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- De profil, pour dépister un déséquilibre ischio-jambier-quadriceps, une
éventuelle amyotrophie du triceps sural, ou une rétraction postérieure (syndrome de Lucy).
- De dos, à la recherche d'un calcaneus valgus ou d'un aspect anormal du
tendon (épaissi, irrégulier, œdèmatié...).
Il comprendra également un examen podoscopique statique (étude des voûtes plantaires) et
dynamique (étude de la marche, usure des chaussures), éventuellement optimisé par un examen
magnétoscopique en situation. La palpation retrouve un tendon épais et douloureux, parfois nodulaire.
La douleur est augmentée lors de la mise en tension du tendon (dorsiflexion passive, montée sur la
pointe des pieds).
L'examen est complété par une étude dynamique (appuis monopodaux, mouvements
contrariés...), et l'appréciation de la mobilité des articulations de la cheville et du pied.
. Examen radiographique
La radiographie de profil de la région peut montrer un épaississement du tendon avec respect
ou non du triangle de Kager (limité en avant par le jambier postérieur, en bas par la face supérieure du
calcanéum et en arrière par le tendon d'Achille), des nodosités, voire des calcifications
intratendineuses (rares chez l'enfant). Dans le cas des atteintes bas situées, la xérographie permet de
différencier la tendinite d'insertion de la bursite rétrocalcanéenne. La radiographie peut être complétée
par une échotomographie qui donne un bon aperçu de la structure interne du tendon (zone de fibrose,
désorganisation de la structure fibreuse, hématome intratendineux, œdème...) La présence de noyaux
hyper-échogènes situés en avant et en bas du tendon doit faire discuter l'exceptionnelle tendinite
d'insertion du plantaire grêle.
= Traitement
La tendinite d'Achille répond bien au traitement médical qui comprendra simultanément:
. Une thérapie anti-inflammatoire locale (glace, ultrasons...), et générale (AINS).
. Une mise au repos du tendon lésé (décharge, demi résine, port de talonnettes...).
. Une rééducation active (mobilisation des articulations sus et sous-jacentes, entretien
musculaire, étirement des chaînes musculaires postérieures...).
Lors de la reprise (3 à 4 semaines), on insistera sur la nécessité de modifier le geste technique, le
matériel ou le trouble statique responsable de son apparition. Il ne sera jamais pratiqué d'infiltration.
Si le stade de tendinose est atteint, le traitement sera plus volontiers chirurgical par peignage ou
scarification du tendon (30 à 45 jours de plâtre). Un délais de trois mois est recommandé avant la
reprise de l'entraînement. Les résultats sont excellents.
+ Elongation des jumeaux
= Etiologie
L'élongation est le résultat d'une brusque mise en tension de ces muscles lors d'un saut, d'un
démarrage, d’un déséquilibre lors de la course (pied dans un trou) ou d'une réception. Elle concerne le
sujet jeune, rétracté et insuffisamment échauffé.
= Diagnostic
. Examen clinique
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L'élongation se manifeste par une douleur modérée (le joueur n'interrompt pas sa
compétition), siégeant le plus souvent ou niveau de la partie basse du jumeau interne. La douleur est
légèrement plus forte le jour suivant et peut entraîner une légère boiterie. A l'examen, le mollet est
globalement contracté, la palpation retrouve une zone sensible à la pression au niveau de l'insertion du
jumeau interne sur le soléaire ou au niveau de son corps charnu.
. Examens complémentaires
La radiographie et l’échographie sont strictement normales.
= Traitement
Le traitement est simple et rapide (cryothérapie, port de talonnettes pendant la phase aiguë,
application de pommade anti-inflammatoire). Dans un deuxième temps, le sportif sera confié au
kinésithérapeute pour pratiquer des étirements des chaînes musculaires postérieures. On profitera de
cette thérapie pour apprendre au sportif à pratiquer des auto-étirements "efficaces". La prévention
(contre les élongations, mais aussi les claquages qui ne sauraient tarder) passe par la pratique
d'étirements à chaque entraînement (avant et après).
+ Claquage du jumeau interne
= Etiologie
Ce claquage, inconnu chez l'enfant peut se rencontrer de façon exceptionnelle chez
l'adolescent très musclé et rétracté, mais il s'agit surtout d'une pathologie de l'adulte âgé d'environ
quarante ans (cette pathologie est également connue sous le nom de tennis leg ou de coup de la
quarantaine).
Les sports concernés sont le tennis, les sauts, la course et les activités incluant des phases
importantes de course avec démarrage.
= Diagnostic
Il s'agit d'un diagnostic d'interrogatoire. La façon dont le sujet raconte son histoire est
pathognomonique.
. Examen clinique
La lésion siège au niveau de l'insertion du jumeau interne et du tendon d'Achille. La douleur,
très caractéristique et très brutale, est ressentie comme un "coup de fouet" par le sportif qui est
persuadé d'avoir été frappé par un objet ou d'avoir reçu un coup. Cette sensation est si forte que le
sujet se retourne pour chercher l'objet contondant et se met parfois à insulter le public ou à frapper le
joueur qui se trouve derrière lui. L’impotence fonctionnelle est immédiate, le sportif est évacué, porté
par ses coéquipiers.
A l'examen, le mollet est considérablement augmenté de volume, son aspect est hématique,
difficilement palpable du fait de l'intensité de la douleur. Le point douloureux exquis siège au niveau
de l'insertion basse du jumeau interne. A ce niveau, on montrera au sujet que la peau est saine et qu'il
ne s'agit donc en aucun cas d'un coup reçu pendant l'activité sportive (malgré cette constatation le
sportif reste souvent encore dubitatif quant à l'origine de sa lésion). On s'abstiendra de manœuvres de
mobilisation des muscles postérieures, totalement inutiles pour établir le diagnostic. Cette pathologie
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ne peut pas être confondue avec une rupture du tendon d'Achille du fait de son mode de survenue et
de sa localisation.
. Examen radiologique
On prescrira une échographie du mollet en précisant que cet examen ne doit être pratiqué que
3 à 4 jours après l'accident. Réalisé dans les heures qui suivent le claquage, cet examen est totalement
interprétable.
L'échographie à distance de la lésion met en évidence la déstructuration des fibres
musculaires et permet de mesurer le volume de l'hématome collecté. Ce dernier apparaît comme un
espace clair dans lequel peuvent flotter quelques éléments de fibrine issus de la fibrinolyse.
= Traitement
Le traitement est orthopédique.
. Traitement immédiat : Cryothérapie, mise en décharge du membre (10 à 15
jours), prescription d'une rééducation par physiothérapie sans massage, et d'AINS per os (10 à 15
jours).
. Traitement à distance de l'accident : La cryothérapie est prolongée jusqu'à
normalisation de la chaleur locale. La remise en charge sera progressive avec réapprentissage de la
marche après contrôle échographique et disparition de l'hématome (trois à quatre semaines). A ce
stade de cicatrisation, on réalisera une rééducation par étirements pour allonger la cicatrice (souvent
rétractile) et redonner au muscle sa longueur initiale. La rééducation sera terminée par une
remusculation du triceps sural. Le retour sur les terrains de sport est souvent tardif (3 à 6 mois).
+ Rupture du plantaire grêle
La rupture du plantaire grêle est relativement rare, elle concerne essentiellement le sportif
adulte entre 30 et 50 ans.
= Etiologie
La rupture de ce muscle survient dans des conditions identiques à celles provoquant la rupture
du tendon d'Achille, c'est-à-dire sur un démarrage, une course rapide, un saut en extension ou une
mauvaise réception. Tous les sports peuvent être concernés.
= Diagnostic
. Examen clinique
Il s'agit le plus souvent d'un diagnostic d'élimination. Lors de l'exercice, le sportif a très
nettement perçu une douleur violente du mollet, avec la sensation très nette de "corde rompue". Une
boiterie peut éventuellement être notée dans les jours qui suivent l'accident. A l'examen, le tendon
d'Achille et les jumeaux sont normaux et indolores, il n'existe pas d'hématome et il est difficile de
localiser la douleur (profonde et diffuse). La dorsiflexion du pied est indolore. Le diagnostic est donc
évoqué sur les données de l'interrogatoire.
. Examen radiologique
Les clichés standards de la jambe sont normaux. L’échographie peut très exceptionnellement mettre
en évidence très haut dans le mollet un corps charnu rétracté inhomogène. Le seul examen de
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certitude est le scanner comparatif de la jambe, réalisé en coupes horizontales. Sur cet examen le
tendon du plantaire grêle est absent.
= Traitement
L'abstention est de règle, le sportif peut reprendre son entraînement dès la disparition de la douleur.
+ Tendinite du court péronier latéral
= Etiologie
La tendinite d'insertion basse du court péronier latéral se rencontre essentiellement chez les athlètes
pratiquant la course et présentant des appuis plantaires anormaux (pied en varus, hyper appui
externe).
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur siégeant en regard de l'apophyse du cinquième
métatarsien, sur le bord externe du pied. L'examen montre, en comparaison avec le côté opposé, une
tuméfaction érythémateuse, mais l'absence de cal (il peut en effet exister à ce niveau chez certains
athlètes présentant une apophyse très saillante un durillon douloureux, sans rapport avec l'insertion du
CPL). La douleur est augmentée à la pression et à la mise en tension du CPL.
. Examen radiologique
Les clichés centrés sur le V (face et trois quart sont normaux). Exceptionnellement de
minuscules calcifications peuvent être individualisées dans le tendon, chez les athlètes porteurs de
tendinite ancienne.
= Traitement
Il comprend deux parties:
- La lutte contre le phénomène inflammatoire (glace, AINS, per os et en ionisation).
La décharge du membre est rarement nécessaire pour traiter cette tendinite.
- La correction du mécanisme à l'origine de la tendinite (port de semelles ou
modification de l'entraînement).
+ Tendinite du long péronier latéral
La tendinite d'insertion du LPL est beaucoup plus rare que celle du CPL, pour ce tendon il
s'agit en fait d'une atteinte de son segment plantaire.
= Etiologie
Cette pathologie concerne essentiellement les athlètes présentant une voûte plantaire
affaissée, travaillant avec des chaussures relativement légères sur des sols durs (course sur route), ou
pieds nus.
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. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur plantaire d'apparition progressive, relativement
postérieure et centrale. La palpation retrouve assez facilement le point douloureux, situé plus en avant
que les insertions de la chair carrée sur le calcanéum et du court fléchisseur plantaire. La douleur est
augmentée lors des mouvements passifs de dorsiflexion plantaire en rotation externe et lors de la
montée sur la pointe des pieds. L'examen podoscopique met en évidence l'affaissement de la voûte
plantaire.
. Examen radiologique
Il ne présente aucun intérêt.
= Traitement
Il comprend deux parties:
- La lutte contre le phénomène inflammatoire et douloureux. Pour cette pathologie, ce
sont les ultrasons qui présentent les meilleurs résultats.
- La réalisation d'une semelle moulée compensatrice adaptable dans les chaussures de
sport.
Chez les athlètes travaillant pieds nus, une rééducation par tonification de la voûte plantaire
peut être envisagée.
+ Periostite tibiale
Si la consultation pour périostite est d'une extrême fréquence, le diagnostic positif apparaît en
fait beaucoup plus rare du fait de la confusion entre cette pathologie et les atteintes des insertions
musculaires tibiales. Les localisations préférentielles de la "périostite" sont les faces antéro-externe et
antéro-interne des tibias. L'apparition d'une périostose (mécanisme chronique visualisé par des images
radiologiques) ou d'une périostite (phénomène aigu douloureux) est liée à une reprise de l'activité
sous-périostée des ostéoblastes aboutissant au développement de la couche interne du périoste.
= Etiologie
La périostite survient à la suite de microtraumatismes (répétition de mouvements identiques
sur des sols trop durs).
= Diagnostic
. Examen clinique
L'enfant ou l'adolescent consulte la plupart du temps en donnant son diagnostic de
"périostite", c'est-à-dire pour des douleurs d'apparition progressive, siégeant au niveau de la partie
antérieure du tibia, augmentées par l'activité (course, sauts...). Ces douleurs persistent après l'effort,
disparaissent après quelques jours de repos pour reprendre avec le retour sur le terrain.
L'interrogatoire s'attachera, comme pour toute atteinte microtraumatique à préciser l'étiologie de la
lésion (augmentation de l'intensité des exercices, modification de la surface d'entraînement,
changement de chaussures, évolution de la technique...). L'inspection est pratiquement toujours
normale (température locale, aspect de la peau, tuméfaction). Dans de très rares cas, une tuméfaction
fusiforme peut être palpée (beaucoup plus qu'observée). La palpation met en évidence une douleur au
niveau du tiers moyen de la crête tibiale, augmentée par la pression. L'atteinte est bilatérale une fois
19
sur deux. L'examen sera complété par une étude du matériel (chaussures), des appuis plantaires et de
l'équilibre général des membres inférieurs.
. Examens complémentaires
Le bilan biologique est normal au début, très faiblement positif en cas d'atteinte aiguë (CRP,
VS, fibrinogène). Le diagnostic repose sur les examens radiologiques et la scintigraphie. Les clichés
standards pourront montrer, soit un tissu périosté néoformé distinct de l'os ancien (opacité double),
soit des irrégularités du périoste. Les images de "chevelu" disposé à la face profonde du périoste sont
physiologiques et donc sans rapport avec l'atteinte osseuse. La scintigraphie met en évidence une
région hyperdense, longiligne bordant la région externe de l'os lésé. C'est le seul examen permettant
d'affirmer avec certitude le diagnostic. Compte tenu du caractère souvent bilatéral de la lésion, la
scintigraphie peut parfois être d'interprétation délicate. Le diagnostic différentiel se pose avec le
syndrome de la loge antéro-externe, les tendinites d'insertion des extenseurs du pied, une fracture de
fatigue, un ostéome ostéoïde de la jambe.
= Traitement
Qu'il s'agisse d'une périostite ou d'une tendinite d'insertion des muscles de la loge externe, le
traitement comprend quatre phases:
. Une diminution ou un arrêt complet des activités à l'origine de la pathologie.
. De la cryothérapie deux fois par jour.
. Un traitement par ultrasons.
. La réalisation d'une paire de semelles orthopédiques comprenant d'une part une
éventuelle correction des appuis plantaires, et d'autre part une couche de Podiane pour amortir les
microtraumatismes de la course.
La symptomatologie est d'autant plus longue à disparaître que le sportif a attendu pour consulter et
commencer le traitement. La reprise sera effectuée progressivement après suppression de l'agent
pathogène (chaussures, technique...).
+ Talalgie microtraumatique
= Etiologie
L'utilisation de chaussures à crampons sur des sols durs, de jogging présentant une protection
talonnière insuffisante, les entraînements répétés sur sol dur (course sur route...), les réceptions de
sauts (haies...) sont les principales origines de la talalgie microtraumatique. Ces douleurs sont en
relation avec un écrasement des tissus mous entre le sol et le calcanéum.
= Diagnostic
Examen clinique
Elle se manifeste par l'apparition d'une douleur sous calcanéenne qui augmente avec la
pratique sportive et provoque l'arrêt de l'activité.
. Examen radiologique
La radiographie est strictement normale, notamment chez l'enfant le noyau calcanéen
postérieur, ce qui la différencie de la maladie de Sever. Elle se distingue sur le plan clinique de la
tendinite d'insertion de l'adducteur du I par sa localisation anatomique (plus antérieure).
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= Traitement
Il s'agit le plus souvent de sportifs présentant sinon de véritables pieds creux, du moins une
déformation dans ce sens. Le traitement consistera à appliquer de la glace, à interrompre l'activité en
cause, à corriger le défaut plantaire (semelles orthopédiques), à prescrire une protection talonnière en
Podiane. Si la douleur persiste malgré tout on pourra être amené à pratiquer une scintigraphie
osseuse à la recherche d'une fracture de fatigue (localisation exceptionnelle) et à prescrire une
kinésithérapie à visée antalgique (ionisations). Ne jamais pratiquer d'infiltration.
MARCHE ATHLETIQUE
Les pathologies concernant la marche athlétique sont avant tout microtraumatiques. Elles
concernent essentiellement la loge antérieure de la jambe et les structures musculo-tendineuses de la
voûte plantaire.
+ Fracture de fatigue
La fracture de fatigue concerne dans la majorité des cas l'os porteur , c'est-à-dire le tibia.
= Etiologie
Cette fracture se manifeste après des exercices prolongés (randonnée, marche en montagne).
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur d'apparition relativement rapide (du jour au lendemain)
siégeant au tiers moyen ou au tiers inférieur du tibia. l'interrogatoire ne retrouve aucun antécédent de
traumatisme. A l'examen, la région douloureuse est tuméfiée (essentiellement visible sur la face
interne directement en rapport avec les téguments), chaude et parfois luisante. La pression du doigt
provoque une douleur exquise localisée. L'examen de la crête tibiale est normale. Cette douleur est
potentialisée par l'appui et de type inflammatoire (douleurs nocturnes). L'examen des masses
musculaires de la loge antérieure est normal.
. Examen radiologique
Les clichés standards sont généralement normaux. Parfois un trait fracturaire horizontal peut
être perçu sur le tibia. Les tissus mous en regard de la zone douloureuse sont épaissis. L’examen
permettant le diagnostic est la scintigraphie osseuse. Cette dernière met en évidence une zone
d'hyperfixation, arrondie, très localisée, siégeant sur toute la largeur du tibia. Les différents stades
radiologiques décrits dans la littérature (apposition périostée, renflement fusiforme, déformation de la
corticale...) ne présentent pas d'intérêt concernant la thérapeutique, et ne seront donc pas détaillés
dans cet ouvrage.
= Traitement
Le traitement associe le repos (éventuellement l'utilisation de cannes anglaises pendant la
première semaine de traitement) et des ionisations locales de calcitonine. Cette dernière technique
permet d'éviter la prescription d'AINS per os. En cas de douleurs nocturnes, on conseillera au patient
de "glacer" la région douloureuse. La reprise des activités se fait en fonction des douleurs (15 à 45
21
jours) avec des semelles destinées à limiter les chocs (Podiane, Sorbothane...).Une dernière
scintigraphie peut être réaliser pour suivre l'évolution de la fracture en cours de traitement.
+ Tendinite du jambier antérieur
= Etiologie
La pathologie la plus fréquemment rencontrée chez le sportif est la tendinite, éventuellement
compliquée de ténosynovite. Son origine peut être un traumatisme unique en hyperextension du pied
ou plus généralement une succession de microtraumatismes secondaires à une marche prolongée, au
port de chaussures trop lourdes (montagne). Ces lésions microtraumatiques sont souvent
potentialisées par des chaussures trop serrées au cou de pied. Les ténosynovites sont le fait des
marathoniens, joggers...
= Diagnostic
. Examen clinique
La clinique, plus évocatrice que pour la tendinite met en évidence des douleurs à la palpation,
une augmentation de cette douleur du cou de pied lors du mouvement contrarié en flexion plantaire,
des sensations de crépitements sous les doigts le long de la gaine du jambier antérieur.
. Examen complémentaire
Aucun examen complémentaire n'est nécessaire.
= Traitement
Déterminer l'étiologie de la tendinite. Cryothérapie et kinésithérapie anti-inflammatoire
(ultrasons, ionisations...). Modifier le matériel si celui-ci est mis en cause. Vérifier les appuis
plantaires et le bon déroulement du pied lors de la marche. Apprendre à l'enfant à lacer ses
chaussures. Ne jamais infiltrer.
+ Tendinite du jambier postérieur
= Etiologie
La tendinite et la ténosynovite sont favorisées par le pied plat et la marche pieds nus.
= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur rétro-malléolaire interne, diminuant avec l'échauffement,
gênant la course et augmentée par les positions en valgus du pied. L'examen clinique est le plus
souvent négatif et ne retrouve que la douleur voir des crépitements locaux en cas de ténosynovite.
Dans ce dernier cas, la gouttière rétro-malléolaire est comblée par de l’œdème. Les mouvements
contrariés en valgus du pied et en rotation externe augmentent la douleur. L'examen sera complété par
un examen statique et dynamique des appuis plantaires.
. Examen radiologique
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Seule l'échographie mérite d'être pratiquée. Elle objective l'épanchement et apprécie son
importance. L'IRM montre en T2 un aspect inflammatoire et œdémateux, et en T1 un tendon épaissi et
irrégulier.
= Traitement
Le traitement comprend deux phases:
. Une phase anti-inflammatoire (AINS per os, cryothérapie, ionisations).
. Une phase de rééducation et de prévention qui associera de la proprioception, et la réalisation
d'une paire de semelles moulées destinées à rétablir la statique et à rééduquer la dynamique du pied.
+ Rétraction du triceps sural
= Etiologie
La rétraction du triceps est une des composantes de la rétraction globale des muscles
postérieurs du membre inférieur secondaire à notre évolution (syndrome de Lucy). Elle est d'autant
plus marquée que le jeune athlète s'adonne à la course, à des activités pratiquées en flexion des
membres inférieurs (tennis) ou nécessitant un travail concentrique du genou (brasse). Les activités à
l'origine d'un renforcement important des masses musculaires postérieures favorisent également cette
rétraction (football, rugby, handball...).
= Diagnostic
. Examen clinique
La rétraction surale est souvent associée à une rétraction des jumeaux et/ou à un tendon
d'Achille court, éléments aggravant le phénomène. Elle se manifeste par des douleurs postérieures de
la jambe et des lombalgies, elle favorise l'apparition des crampes, des tendinites d'Achille et du
claquage du jumeau interne. Elle est mise en évidence par la différence d'angulation observée entre la
mesure réalisée lors du test de Wallace pied en position neutre (étude globale des rétractions
postérieures du membre inférieur) et ce même test, pied en dorsiflexion passive.
. Examen radiologique
Les examens radiologique ou échographique ne présentent aucun intérêt.
= Traitement
Avant tout entraînement le sportif pratiquant un sport susceptible de provoquer des rétractions
postérieures doit effectuer des étirements de ses masses musculaires. Si la technique utilisée est
efficace l'athlète doit pouvoir, jambes tendues, toucher le sol avec la paume des mains sans ressentir
de douleur dans les mollets.
+ Maladie d'insertion des péroniers latéraux
Les péroniers latéraux sont des stabilisateurs externes essentiels de la cheville. Tout
dysfonctionnement de cette fonction peut être à l'origine d'une trop forte stimulation, notamment au
niveau de leurs insertions péronière et tibiale.
= Etiologie
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La maladie d'insertion des péroniers latéraux est souvent confondue avec la périostite et le
syndrome de loge. Elle est favorisée par le genu varum, les mauvais appuis plantaires (appuis
externes), des chaussures de mauvaise qualité et l'ensemble des mouvements pratiqués en rotation
interne du pied.
= Diagnostic
. Examen clinique
Elle se manifeste par des douleurs latéro-externes de la jambe, calmées par le repos et augmentées à
l'exercice. Cette pathologie est plus fréquente chez le sportif que chez la sportive. Elle se déclare en
20 et 30 ans.
L'inspection de la région douloureuse est strictement normale. Un œdème peut parfois être perçu à la
palpation de la loge externe. L'examen de la crête tibiale est normal. Cette pathologie est bilatérale
dans plus de 75% des cas.
. Examen radiologique
Les images radiographiques sont strictement normales, de même que la scintigraphie
= Traitement
La partie la plus importante du traitement consiste à retrouver l'origine mécanique du trouble.
Après suppression de la cause, la reprise de l'activité peut être très rapide (8 à 15 jours). La seule
thérapie à mettre en place consistera à faire pratiquer quelques séances d’ultrasons sur la région
douloureuse.
Les récidives sont exceptionnelles.
+ Syndrome de loge
= Etiologie
Ce syndrome correspond à une ischémie locale provoquée par une augmentation de pression
dans une loge aponévrotique. Celle-ci est le résultat de la croissance abusive d'un muscle ou d'un
groupe musculaire soumis à un exercice intense. Les quatre loges de la jambe peuvent être touchées
avec cependant une nette prédominance pour la loge antéro-externe (jambier antérieur, extenseurs
commun et propre du I, péronier antérieur).Rare chez l'enfant, ce syndrome peut apparaître dans la
période prépubertaire chez le jeune athlète. Les sports les plus souvent concernés sont la course, la
marche de fond...
= Diagnostic
. Examen clinique
Cliniquement, le sportif consulte pour une douleur qui augmente progressivement avec l'effort
puis cède rapidement lors du repos. La localisation de la douleur dépend de la loge pathologique. Les
cas les plus fréquemment rencontrés sont les syndromes de la loge antérieure et de la loge externe.
Les atteintes postérieures sont beaucoup plus rares. Une fois sur deux les douleurs sont bilatérales.
Les douleurs sont d'abord de faible intensité à type d'engourdissement ou de paresthésie, puis
s'aggravent progressivement pour donner des sensations de crampe ou de brûlure, nécessitant l'arrêt de
l'activité sportive. L'examen pratiqué au repos est habituellement normal, cependant dans les
24
syndromes aigus un œdème et un syndrome inflammatoire peuvent être retrouvés localement. Si
l'examen est réalisé à l'arrêt de l'effort la mise en tension des groupes musculaires concernés est
douloureuse.
. Examen complémentaire
De nombreux examens ont été proposés pour évaluer la pression intra-aponévrotique ou pour
évaluer les effets de l'exercice sur la circulation artérielle.
Il existe:
- Deux méthodes non invasives :
Le Doppler artériel et la thermographie avant et après effort en comparatif. Les résultats sont
décevants.
- Une méthode invasive
La mesure directe de la pression par cathétérisme de la loge. Cette mesure est difficilement
interprétable quand elle se situe entre 3O et 45 mm de Hg (la valeur normale au repos est inférieure à
30 mm de Hg. Du fait de sa grande variabilité, cet examen nécessite d'être réalisé par un opérateur
expérimenté.
Le diagnostic reste avant tout clinique.
= Traitement
Le traitement peut être orthopédique (modification de la technique d'entraînement) ou chirurgical.
. Technique : L'hypertrophie d'une masse musculaire de façon unilatérale correspond
la plupart du temps à une utilisation asymétrique abusive et incorrecte d'un muscle ou d'un groupe
musculaire. Dans un premier temps, le praticien s'attachera donc à contrôler les appuis plantaires, la
qualité de l'entraînement, la statique et la dynamique de la course. Les syndromes de loge
diagnostiqués et contrôlés dès le début peuvent ainsi spontanément régresser après modification de
l'entraînement.
. Chirurgical : Au stade suraigu ou progressivement croissant, seule la chirurgie peut
apporter un soulagement au sportif. L'intervention consiste à inciser l'aponévrose (fasciotomie) pour
libérer la masse musculaire. Après cicatrisation, l'activité physique peut être reprise même à un haut
niveau. La chirurgie présente l'intérêt de permettre une reprise plus rapide des entraînements.
+ Tendinite basse du jambier antérieur
Au niveau du tarse, le jambier antérieur s'insère sur le premier cunéiforme et le premier
métatarsien.
= Etiologie
Les activités physiques responsables des atteintes du jambier antérieur, que ce soit au niveau
de la jambe, dans sa gaine au cou de pied ou au niveau de son insertion basse sont toutes en rapport
avec la dorsiflexion répétée du pied. La marche (athlétique randonnée...) est la principale cause des
tendinites du jambier antérieur. Le risque de tendinite est augmenté par l'utilisation de chaussures
avec un talon élevé ou gênant l'adduction/rotation interne imprimée au pied par ce muscle. Les pieds
plats augmentent le risque d'apparition de la tendinite du jambier antérieur.
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= Diagnostic
. Examen clinique
Le sportif consulte pour une douleur siégeant à la base du premier rayon, en regard du premier
cunéiforme. Cette douleur d’apparition progressive est augmentée à froid et par le frottement du bord
supéro-interne de la chaussure. Elle est augmentée par les manœuvres de dorsiflexion, rotation interne
et adduction contrariée du pied. Une tuméfaction peut être perceptible à la palpation par rapport au
côté opposé.
. Examen radiologique
Il est généralement strictement normal. Le caractère très invalidant de cette tendinite limite
ses possibilités de passage à la chronicité habituellement responsable des constructions osseuses
intratendineuses.
= Traitement
Cette tendinite répond très bien aux ultrasons et à la cryothérapie. Naturellement le matériel,
la chaussure en cause ou les appuis seront modifiés.
+ Maladie de Haglund
La maladie de Haglund, ou bursite talonnière féminine est le résultat d'un conflit entre le
calcanéum et la chaussure de sport.
= Etiologie
Cette pathologie inconnue chez le jeune enfant est plus fréquente chez l'adolescent que chez
l'adolescente malgré son nom. Elle résulte d'un problème de varus sous astragalien qui provoque une
inversion du calcanéum. Sa plus grande fréquence chez l'adolescent s'explique du fait d'une plus
grande mobilité de l'articulation sous-astragalienne à cet âge que chez l'adulte.
= Diagnostic
. Examen clinique
Elle se manifeste, essentiellement chez le coureur de fond, par une douleur rétrocalcanéenne
et une zone tuméfiée et érythrosique en regard de la région de frottement.
. Examen radiologique
La radiographie standard à rayons mous (ou éventuellement l'IRM) de profil montre un
épaississement des parties molles au niveau de la bourse séreuse rétrocalcanéenne, accompagnée ou
non d'une tuméfaction osseuse siégeant le plus souvent sur la partie haute de la tubérosité postérieure.
= Traitement
Au début de la maladie, la simple modification des chaussures (tige postérieure moins rigide,
pointure au dessus, protection postérieure) est souvent suffisante pour faire régresser la tuméfaction
hypertrophiante. Cette modification sera associée à la pratique d'ionisations de calcitonine (dix
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séances, à raison de trois séances par semaine). A un stade plus avancé, la résection cunéiforme de la
tubérosité calcanéenne supérieure peut être proposée.
+ Tendinite du fléchisseur du I
Le long fléchisseur propre du I est le plus externe des muscles du plan profond du groupe
musculaire postérieur de la jambe. Il s'étend de la face postérieure du péroné (3/4 inférieurs) et du
ligament interosseux à l'extrémité postérieure de la deuxième phalange du pouce. Pendant son trajet, il
passe dans deux gouttières, la première située à la face postérieure de l'astragale et la seconde, lui
faisant suite à la face interne du calcanéum. Ces deux gouttières sont fermées par une gaine fibreuse.
= Etiologie
Les tendinites ou ténosynovites du fléchisseur du gros orteil peuvent se rencontrer lors de la
marche ou de la course chez le sportif utilisant des chaussures inadaptées (mobilisation du fléchisseur
lors de la phase d'attaque du sol par le talon).
La ténosynovite résulte d'un conflit entre le tendon et les tubercules postéro-interne et externe
de l'astragale.
= Diagnostic
Examen clinique
Elle se manifeste par une douleur aiguë de la région postéro-interne de l'astragale. La
palpation met souvent en évidence une crépitation, signe de l'atteinte de la gaine. La douleur peut être
déclenchée par la flexion contrariée du pouce. L'examen comprendra systématiquement une étude des
appuis plantaires sur le podoscope et de l'usure des chaussures utilisées pendant l'activité sportive.
. Examen radiographique
Il ne présente aucun intérêt pour cette pathologie. Seule une scintigraphie osseuse pourra être
prescrite pour éliminer, en cas de doute, une fracture de fatigue astragalienne.
= Traitement
Le traitement est celui proposé dans tous les cas de tendinite. Il comprend de la cryothérapie
plurijournalière, de la physiothérapie (ultrasons, ionisations), éventuellement des AINS per os. Le
port momentané d'une semelle orthopédique peut être proposé pendant le traitement, et prolongé si
l'origine de cette tendinite est secondaire à une atteinte statique ou dynamique du pied.
+ Sésamoïdite
= Etiologie
L'atteinte des sésamoïdes résulte le plus souvent d'un avant pied en valgus ou d'une mauvaise
dynamique du cinquième rayon. Elle revêt deux aspects sensiblement différents suivant qu'il s'agit
d'une fracture de fatigue ou d'une atteinte purement inflammatoire. Cette pathologie touche
essentiellement les athlètes s'entraînant sur piste et les sportifs pratiquant des activités de longue
durée (marche, triathlon...).
= Diagnostic
. Examen clinique
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Le sportif consulte pour une douleur plantaire en regard des sésamoïdes. La pression du doigt
provoque une douleur exquise à ce niveau, de même que l'extension forcée du gros orteil.
. Examen radiologique
Il est le plus souvent normal. La scintigraphie osseuse permet de visualiser parfaitement
l'atteinte dont l'aspect peut être analysé en scanographie (fracture, aspect irrégulier, nécrose...).
= Traitement
Le traitement est essentiellement podologique. Il consiste à réaliser une orthèse rigide
destinée à éviter l'inversion de l'articulation sous-astragalienne. Pendant la phase douloureuse, on
pratiquera des ionisations d'AINS ou de calcitonine. La rééducation aura pour objet de mobiliser le
cinquième rayon pour lui redonner sa physiologie.
+ Myoaonévrosite plantaire
= Etiologie
Cette symptomatologie est fréquemment rencontrée chez les athlètes (course), les activités
pratiquées pieds nus. Elle est favorisée par les anomalies plantaires (pieds creux ou plats), les erreurs
techniques (course en pronation), du matériel inadapté (chaussures sans compensation plantaire ou au
contraire trop fortement compensées), des exercices inhabituels en terrain meuble (course dans le
sable) enfin, une pathologie plantaire non traitée (verrue).
= Diagnostic
. Examen clinique
Cette pathologie se manifeste par une douleur plantaire située à la partie antérieure du talon,
irradiant sous la voûte plantaire. Peu invalidante au début (simple sensation d'étirement cutané de la
voûte plantaire), la douleur s'intensifie pour donner une sensation de pénétration d'un objet pointu
(punaise, clou) sous le talon. A l'examen la voûte plantaire ne semble pas altérée par rapport au côté
opposé, la dorsiflexion plantaire passive est excessivement douloureuse.
. Examen radiologique
La radiographie de profil est normale. La présence d'une épine calcanéenne d'apparition
précoce (dès l'âge de 10-11 ans) peut être le signe de l'atteinte aponévrotique, elle n'en n'est jamais la
cause. L'IRM peut objectiver un épaississement global de l'aponévrose plantaire moyenne
superficielle (clichés comparatifs).
Le diagnostic différentiel peut se poser avec la talalgie (traumatisme unique), et la bursite
sous-calcanéenne (mais dans ce cas, il existe une tuméfaction locale fluctuante visible à l'échographie)
= Traitement
L'élément le plus important du traitement est la suppression de la cause à l’origine de la
lésion. Outre l’arrêt momentané de l'activité sportive, le sujet est soumis à un traitement antiinflammatoire local et général (physiothérapie par ultrasons et ionisations, cryothérapie).
Contrairement à ce qui est souvent pratiqué en rhumatologie, on s'abstiendra de toute infiltration. Pour
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la reprise, on prévoira une correction des chaussures ou le port d'une semelle thermoformable doublée
de Podiane.
L'aponévrectomie n'a pas d'indication chez l'enfant, elle ne sera pratiquée qu'en dernier
recours chez le sportif du troisième âge.
+ Tendinite de l'extenseur du I
Parmi les atteintes des extenseurs du pied, c'est l'extenseur du I qui est le plus souvent atteint.
= Etiologie
Cette pathologie a pour origine:
. Des chaussures de sport présentant une semelle plate.
. Des chaussures de sport mal lacées (lâches au niveau de l'avant pied, serrées au cou de pied).
Il s'agit soit d'une ténosynovite (cou de pied) soit d'une tendinite, secondaire aux
microtraumatismes répétés lors de la marche, du ski de fond, ou plus rarement lors de la course. De
façon moins fréquente l'extenseur du I peut se trouver étiré brutalement lors d'un shoot du bout du
pied (bras de levier très important) ou dans "la pelouse". Si cet "étirement" n'est pas rapidement
traité, il peut très rapidement (5 à 10 jours) constituer le point de départ d'une tendinite.
= Diagnostic
. Examen clinique
A l'examen la douleur longe la face dorsale du premier rayon. A l'inspection, il n'existe ni
œdème, ni rougeur. L'extension contrariée du I augmente l'intensité douloureuse.
. Examen radiographique
La radiographie du pied est strictement normale.
= Traitement
Il associe le glaçage local, de la physiothérapie (ionisations ou ultrasons), et éventuellement
l'utilisation d'AINS. On apprendra au sportif à choisir ses crampons en fonction du terrain et à lacer
correctement ses chaussures (surtout celles présentant des lacets longs entourant la cheville ou le pied
(football, basket).
+ Syndrome de compression externe du pied
Ce syndrome se manifeste par une douleur d'intensité variable située sur le bord externe du
pied (de la partie antérieure du talon à la base de la V ème phalange). La douleur est augmentée à la
marche et surtout par l'utilisation de chaussures étroites, totalement asymptomatique au repos, elle
réapparaît de façon mécanique dès l'appui au sol.
= Etiologie
Trois origines peuvent être retrouvées à cette pathologie bénigne, mais fréquente chez
l'enfant:
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. Des chaussures inadaptées.
. Une semelle trop compensée sous la voûte plantaire.
. De mauvais appuis plantaires.
= Diagnostic
. Examen clinique
L'inspection du bord externe du pied est normale (notamment la saillie formée par la base du
cinquième métatarse). La pression du pouce réveille une gêne, plus qu'une véritable douleur.
Le seul diagnostic différentiel peut se poser, chez l'enfant, avec l'apophysite de la base du V ème
métatarsien.
. Examen radiologique
La radiographie, normale dans le syndrome de compression du pied, confortera le diagnostic.
= Traitement
Le traitement consiste, après avoir contrôlé les appuis plantaires à conseiller le sportif pour
l'achat de nouvelles chaussures. On fera éventuellement réaliser une paire de semelles orthopédiques
doublées de Podiane. Une simple application de gel (AINS) est suffisante pour stopper la douleur et
le début de l'inflammation.
+ Ampoules
Les ampoules sont des lésions bénignes et fréquentes, mais invalidantes pour la pratique sportive.
= Etiologies
Elles peuvent avoir quatre origines:
- Un matériel inadapté ou trop neuf (chaussures, chaussettes...).
- Un mouvement à la limite de la physiologie (mauvais déroulement du pied, appuis
plantaires anormaux).
- Une peau très fragile.
- Une zone cornée du fait d'exercices répétés.
= Traitement
Les ampoules doivent être traitées pour éviter la surinfection et permettre la poursuite de la
compétition. Une prévention doit être mise en place.
- Si l'ampoule est déjà percée, couper la peau au bord de la plaie, désinfecter, placer
une "deuxième peau" (gel hydraté), fermer par un pansement.
- Si l'ampoule n'est pas percée. Utiliser une aiguille et une seringue, piquer en peau
saine de façon à pénétrer dans la phlyctène par dessous, vider l'ampoule, puis injecter du
mercurochrome, laisser quelques minutes, puis vider à nouveau la phlyctène pour provoquer
l'accolement des deux feuillets.
= Prévention
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La prévention porte sur la préparation de la peau, le choix du matériel et l'utilisation de
substances destinées à limiter les frottements. Les chaussures doivent être "formées" au pied, on
n'utilisera jamais de matériel neuf le jour des compétitions. S'il existe des zones de frottement il sera
bon de prévoir des protections avec du tissu/gel hydraté. Le glissement du pied dans les chaussures
peut être favorisé par des crèmes comme l'Akiléine.
Il est possible de durcir la peau par tannage (eau formolée 3 cuillerées à soupe dans 20 litres d'eau)
faire tremper la zone à durcir pendant 5 à 10 minutes, renouveler l'opération 3 à 4 fois, à 48 heures
d'intervalle.
Si l'ampoule se trouve sur une zone cornée, traiter l'ampoule, éliminer la corne (en pédicurie),
faire porter des semelles orthopédiques pour corriger les appuis au sol.
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