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TRAUMATOLOGIE
UV 506
TRAUMATOLOGIE
SPECIFIQUE
Athlétisme
Course, marche
P. PILARDEAU
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La course et la marche sont les modes de déplacement habituel des bipèdes permanents. La
course se caractérise par un temps de suspension que l’on ne retrouve pas lors de la marche, même
pendant les compétitions (risque de disqualification).
Les épreuves de course se caractérisent par leur longueur et le terrain utilisé. Dans ce travail
ne seront décrites que les pathologies concernant les courses sur route (1/2 marathon, marathon, 100
km, triathlon...) ou en terrain varié (cross).
Les épreuves de marche vont du 3000 m sur piste à l’épreuve de Colmar/Paris (entre 510 et
530 km). Ce document ne recense que les pathologies rencontrées lors des épreuves d’au moins une
heure (12 à 14 km).
PHYSIOLOGIE
Les muscles de la cuisse sont soumis à deux types de stimulation. La première correspond à la
lutte antigravitaire, c'est-à-dire aux contractions réflexes permanentes des muscles antérieurs et
postérieurs (agonistes et antagonistes), tandis que la seconde est en rapport avec le mouvement
volontaire de l'individu, et dans le cas du sportif, très différent d'un athlète à l'autre, en fonction de sa
discipline. A ces deux contraintes s'ajoutent celles engendrées par l'allongement des chaînes
musculaires postérieures survenues lors du changement de mode de locomotion.
+ Lutte antigravitaire
La lutte antigravitaire s'est considérablement modifiée lors du passage de la position bipède
sporadique à celle de bipède permanent. Chez les premiers individus la marche debout, la jambe et la
cuisse fléchies de quelques degrés donne au quadriceps un rôle majeur de lutte contre la gravitation.
Le muscle est volumineux, puissant et le rapport quadriceps/ischio-jambiers très élevé. Inversement
chez les bipèdes permanents, la rectitude de la cuisse et de la jambe reculent l'axe des forces verticales
engendrées par la gravitation, les structures osseuses étant pratiquement situées dans l'axe de ces
forces. La position verticale est alors assurée par des contractions antérieures et postérieures sans
donner une véritable prédominance à l'un ou l'autre groupe. Dans ces conditions, le quadriceps est
spontanément plus faible et le rapport quadriceps/ischio-jambiers moins élevé.
+ Contractions volontaires
Les contractions volontaires des muscles de la cuisse sont en rapport avec le type d'activité
pratiquée. Le risque de déséquilibre antéro-postérieur, et les pathologies qui en résultent sont donc
fonction de l'importance des stimulations musculaires et de l'intérêt que le sujet porte à maintenir cet
équilibre.
= Stimulation du quadriceps
Le quadriceps est particulièrement stimulé lors de la pratique des exercices d'extension de la
jambe sur la cuisse (course et marche).
= Stimulation des ischio-jambiers
Les ischio-jambiers sont utilisés pour propulser le corps en avant lors des déplacements
rapides (course) ou pour fléchir la jambe lors des mouvements de flexion/extension de la marche.
Ces déséquilibres musculaires relatifs à l'activité elle-même, doivent être combattus par des
programmes de musculations spécifiques destinés à assurer l'intégrité des masses musculaires les plus
faibles. La musculation interviendra toujours après une phase d'étirements des structures musculaires.
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+ Contraintes musculaires postérieures
Les contraintes musculaires postérieures résultent de l'allongement des chaînes musculaires de
cette région, rendu indispensable par le travail en extension de la jambe en position debout. Malgré un
étirement quasiment permanent de ces structures lors de la marche ou des mouvements réalisant des
flexions antérieures du tronc, jambes tendues, les ischio-jambiers tendent à se raccourcir par un
processus très rapide et difficilement réversible. Leur stimulation lors de la course notamment
accentue ce phénomène. Ces différences de caractéristiques mécaniques entre les muscles antérieurs
et postérieurs sont à l'origine d'un déséquilibre très dangereux pour l'intégrité de ces structures qui
devront perpétuellement être étirées. L'ensemble de ces modifications évolutives décrites sous le nom
de "Syndrome de Lucy" par l'auteur retentit sur le fonctionnement dynamique des articulations sus et
sous-jacentes (genou, hanche, sacro-iliaque). Elles sont à l'origine de très nombreuses pathologies
macro ou microtraumatiques du membre inférieur:
= Microtraumatiques
. Tendinite d'Achille
. Pubalgie
. Syndrome fémoro-patellaire
. Lombalgie fonctionnelle
. Tendinite des adducteurs
= Macrotraumatiques
. Rupture du droit antérieur
. Claquage des ischio-jambiers
. Claquage du jumeau interne
. Claquage des abdominaux
Le sportif se trouve ainsi dans l'obligation permanente de lutter contre l'inadaptation de ses
structures propulsives au risque de se blesser gravement. L'étirement des ischio-jambiers et le
renforcement des chaînes musculaires antérieures doivent être un souci permanent des sportifs et de
leurs entraîneurs.
+ La hanche lors de la course
Lors de la course, le sujet projette son centre de gravité en avant. Dans cette position, et
notamment au moment du départ, la lordose lombaire tend à s'effacer, la hanche est fléchie. Pendant
la phase propulsive, le sujet pousse violemment avec ses muscles postérieurs (ischio-jambiers, grand
fessier) et ses rotateurs externes (légère rotation externe de la cuisse). Ces deux groupes musculaires
sont constitués par des muscles nombreux et puissants. Pendant la phase de suspension, le sujet fléchit
la cuisse sur la hanche (mouvement qui nécessite seulement de lutter contre la gravitation et de
ramener légèrement la cuisse en dedans). Ce mouvement est assuré par un nombre limité de muscles
de faible puissance (couturier et droit antérieur) si l'on excepte le psoas iliaque. Entre ces deux
mouvements la jambe s'étend, provoquant une extension brutale des muscles postérieurs s'insérant sur
l'ischion
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COURSE DE FOND
La course à pied est susceptible de léser l’ensemble des structures musculaires et tendineuses
du membre inférieur, avec une certaine prédilection pour les muscles de la loge postérieure de la
jambe.
+ Tendinite du TFL
= Etiologie
L'atteinte de son tendon est fréquente chez le grand enfant et l'adolescent pratiquant
l'athlétisme. Cette tendinite trouve son origine dans les mouvements de circumduction répétés du
bassin.
= Diagnostic
. Examen clinique
Cliniquement la tendinite du TFL se manifeste par une douleur externe de la hanche, irradiant
vers la partie postéro-interne de la cuisse lors de la course. L'examen retrouve la classique "hanche à
ressaut" qui correspond au passage du TFL sur le relief du grand trochanter lors des mouvements de
rotation interne et extension de la cuisse préalablement fléchie. Lors des atteintes plus anciennes et/ou
plus graves une véritable subluxation douloureuse de la hanche peut être retrouvée lors de cette
manœuvre.
. Examen radiologique
La radiographie de la région est normale.
= Traitement
Outre l'arrêt de l'activité sportive, la cryothérapie et la mise en route d'une kinésithérapie anti-
inflammatoire, on vérifiera les appuis plantaires et l'équilibre du bassin (appréciation clinique et
radiologique). Cet examen sera complété par une étude magnétoscopique du geste sportif. Lors de la
reprise de l'activité, on insistera sur la qualité de l'échauffement. Si un déséquilibre a été constaté, une
compensation sera proposée sous forme de semelles ou de talonnettes.
+ Tendinite basse du moyen fessier
= Etiologie
Le moyen fessier est étiré lors des exercices répétés en adduction, et stimulé lors des
exercices répétés en rotation interne et abduction. Les sports concernés sont la course et la marche
(déclivité de la route, défaut d'équilibre plantaire). Le risque d'apparition d'une tendinite du moyen
fessier est potentialisé par l'existence d'une différence de hauteur des deux membres inférieurs.
= Diagnostic
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. Examen clinique
La douleur se situe en regard du grand trochanter au même niveau que celle de la tendinite du
TFL. Mais contrairement à ce dernier cas, il n'existe jamais de ressaut de la hanche.
La pression du pouce contre le grand trochanter augmente la douleur, de même que les
mouvements d'abduction contrariés. La palpation peut retrouver des crépitants. Lors de la marche, le
sportif garde la jambe raide.
. Examen radiologique
Il est strictement normal. L'IRM peut mettre en évidence le caractère inflammatoire de
l'insertion.
= Traitement
Le traitement est anti-inflammatoire:
- Ultrasons et ionisations
- Cryothérapie trois à quatre fois par jour.
- AINS per os.
Il sera toujours associé à une décharge momentanée du membre et à une recherche étiologique
précise.
+ Tendinite du psoas-iliaque
La tendinite du psoas iliaque concerne son insertion sur le petit trochanter.
= Etiologie
Cette tendinite est le résultat de mouvements répétés du tronc ou de la cuisse en flexion.
(marathon).
= Diagnostic
. Examen clinique
La douleur, située au niveau de la partie externe de l'arcade crurale, irradie vers la face
antérieure de la cuisse. Elle est augmentée lors de la flexion contrariée de la cuisse ou du
redressement du tronc, le patient étant en décubitus dorsal. La palpation ne retrouve aucune
tuméfaction du fait du caractère interne de l'insertion tendineuse (masquée par le trochanter). La
douleur, plus intense "à froid" est cependant rarement nocturne.
. Examen radiologique
La radiographie de la région est strictement normale.
= Traitement
Le traitement associe la pratique d’ultrasons aux AINS per os. La région ne sera jamais
infiltrée. Après une période de repos dont la durée peut être très variable, la reprise de l'activité
sportive se fera progressivement en fonction des résultats du traitement.
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