Discours pour le séminaire sino-français
1 Le statut de l’Afrique et son rôle dans les affaires internationales
Premièrement, l’Afrique a une histoire ancienne et a énormément contribué au
développement de la civilisation. Les civilisations, telles que l’Egypte antique,
AxoumKoushMaliSonghaïKuba, émerveillent l’humanité encore aujourd’hui.
Dans l’histoire de la lutte contre le colonialisme, les peuples africains se sont battus
avec sang et larmes pour enfin gagner leur indépendance et la libération, et ont de
nouveau contribué au progrès de l’humanité ; leur statut historique a ainsi été
confirmé.
Deuxièmement, l’Afrique est le second continent par son étendue géographique,
les ressources naturelles telles que le diamant, l’or, la phosphorite, la Bauxite,
l’uranium, le cuivre, le pétrole et le bois sont abondantes et constituent une
« trésorerie de ressources naturelles ». L’Afrique est également un important
producteur de cacao, de café, d’huile de palme, de coton, de thé, de sisal et de la
gousse, un fournisseur essentiel de matières premières industrielles pour le monde
entier, un pilier indispensable assurant le bon fonctionnement de l’économie
mondiale et un contributeur principal pour la croissance économique planétaire.
Troisièmement, les Etats africains recherchent avec ardeur une voie de
développement propre à leur situation réelle, s’efforcent à s’unir, à retrouver et
maintenir la paix, la stabilité et le développement. L’Union africaine fondée en 2001
a élaboré le « Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique », illustrant le
plan gigantesque du renouveau et du développement de l’Afrique. Globalement, la
situation politique en Afrique est maintenant stabilisée, les conflits régionaux
s’apaisent progressivement, la croissance économique redémarre et le marché grandit,
ce qui contribue à la stabilité et la croissance économique mondiale. Depuis 1995,
l’Afrique a maintenant plus d’une décennie de croissance à vitesse moyenne, qui
s’est accéléré depuis 2003 pour dépasser les 4% par an et atteindre 5,9% en 2006.
Quatrièmement, l’Afrique a une population de 900 millions d’habitants, et les 53
Etats africains constituent une réserve de voix importante à l’Organisation des Nations
Unies (ONU), et jouent un rôle important dans les affaires internationales. L’Afrique a
6 sièges à la présidence de l’Assemblée générale de l’ONU, 3 parmi les membres non
permanents du Conseil de Sécurité, 14 au Conseil économique et social, 13 au Conseil
des droits de l’homme, 7 au Bureau des Nations Unies et 7 à la Commission de
consolidation de la Paix. Deux des anciens Secrétaires généraux, Annan et Ghali sont
Africains. Les Etats africains participent activement à la coordination sud-sud et au
dialogue nord-sud dans les diverses organisations internationales, leur rôle devient de
plus en plus important sur la scène politique internationale.
2 Les problèmes de l’Afrique
Le problème de paix et de sécurité trouble depuis longtemps les pays africains,
dont l’histoire coloniale en est une raison principale. Les colonisateurs occidentaux
avaient même inventé les hostilités entre les communautés indigènes afin de
départager le règne, ce qui a semé la haine entre les différents peuples. Lorsqu’ils ont
tracé les frontières, certaines grandes communautés ont été divisées en plusieurs Etats,
certaines autres, hostiles entre elles, ont été gardés dans un même Etat. Suite à
l’indépendance, les querelles territoriales ainsi que les conflits entre Etats ou à
lintérieur d’un même Etat sont nés. De plus, le mode de vie arrogant et décadent des
colonisateurs avait laissé une mauvaise influence aux futurs dirigeants africains
indépendants, qui sont souvent devenus dictateurs et tombés dans la débauche. La
deuxième raison est la tradition communautariste africaine et les conflits religieux
extrêmement complexes. Il y a plus de 1500 communautés en Afrique, certains grands
Etats africains ont plusieurs centaines de communautés, majoritairement croyantes de
l’islam, du christianisme et des religions primitives. Non seulement les doctrines sont
multiples, les différentes communautés avec des croyances distinctes cohabitent aussi
dans un même espace, leur hostilité mutuelle est parfois historiquement ancienne, et la
base de confiance mutuelle très faible. Nombre d’Etats africains adoptent aujourd’hui
le système politique multi-partisan, or beaucoup de partis politiques, dépendant de
telle ou telle communauté, fidèles à telle ou telle religion, privilégient souvent les
intérêts de leur propre communauté afin de consolider leur pouvoir, ce qui crée des
inégalités entre communautés et suscite des confits sociaux. En troisième lieu, avec la
fin de la Guerre froide et la disparition de l’Union soviétique, les pays occidentaux ont
laissé les Etats africains à leur propre sort, le « vide de pouvoir » a été constitué dans
certaines régions. Les gouvernements de certains pays africains, ayant perdu le soutien
occidental, ne pouvaient plus contrôler les conflits intérieurs, l’équilibre de rapport de
force entre certains pays a été détruit suite au départ des présences étrangères, les
conflits interétatiques ont ainsi éclatés. A cela s’ajoutent les inégalités suscitées par la
mondialisation, dans laquelle certains pays ont été marginalisés et voient leur
économie se dégrader. Le développement de l’extrémisme religieux causé par
l’unilatéralisme américain constitue également une raison externe importante.
3 Les perspectives et les orientations de l’avenir africain
Malgré la guerre, la famine, l’épidémie, l’absence de sécurité non traditionnelle
et la faiblesse économique auxquelles fait face l’Afrique, les pays et les peuples
africains n’ont jamais perdu confiance. Ces dernières années, ils ont peu à peu réalisé
l’importance de s’unir et la nécessité de promouvoir l’intégration économique. Le
peuple africain a une forte tradition de solidarité. Ils se sont soutenus et ont coopéré
pour gagner la victoire durant le mouvement de la libération et la lutte contre
l’apartheid. Nombreuses organisations régionales ont été créées en Afrique, et parmi
elles l’Union Africaine, dont la fondation a marqué une étape essentielle dans le
processus d’intégration en Afrique. Depuis son apparition il y a 7 ans, l’Union
Africaine a largement contribué à la détermination du développement africain, au
maintien de la stabilité régionale et à la promotion de l’intégration économique. Ses
orientations se caractérisent par la poursuite de l’intégration politique, économique et
diplomatique en vue de renforcer son rôle ; une meilleure stabilisation de la scène
politique régionale, promettant paix et stabilité au peuple africain et correspondant à la
meilleure option des différentes puissances internationales, puisque les conflits et
guerres ne sont pas bienvenus ; une transformation progressive de la place de
l’Afrique dans l’économie mondiale, les Etats africains mettent la croissance
économique à la première place des affaires étatiques, afin de réaliser
l’industrialisation et de convertir leur rôle dans les échanges internationaux. L’avenir
de l’Afrique ne sera pas sans obstacle, mais les perspectives du développement sont
tout à fait positives.
4 Les relations sino-africaines.
L’amitié sino-africaine est une histoire ancienne. L’arrivée de la République
populaire de Chine et l’indépendance des Etats africains ont ouvert une nouvelle ère
dans les relations sino-africaines. Renforcer la solidarité et la coopération avec les
Etats africains constitue une part importante de la politique étrangère chinoise basée
sur l’autodétermination et la paix. Afin de favoriser le développement mutuel de
l’Afrique, la Chine s’efforce de manière continuelle à lui fournir son aide dans la
mesure du possible, en réalisant plus de 900 projets dans 49 pays africains. La
contribution de la Chine au développement de l’Afrique et l’amitié sino-africaine sont
incarnées par les projets d’aide chinoise tels que le chemin de fer Tanzanie-Zambie.
Un nouveau partenariat sino-africain a été établi en 2006, avec la déclaration du
Président Hu Jintao au sommet de Beijing du Forum sino-africain concernant le
doublement de l’aide chinoise à l’Afrique à l’horizon de 2009, avec l’apport de 5
milliards USD de prêts concessionnels. Cela prouve la sincère amitié du
gouvernement et du peuple chinois envers l’Afrique, l’attitude responsable du
gouvernement chinois vis-à-vis des affaires internationales et sa détermination pour la
promotion du co-développement humain, et la construction d’un monde harmonieux.
A présent, attirer les investissements est une priorité pour les pays africains qui
réalisent de jour en jour que le développement du continent ne peut dépendre
uniquement de la générosité et l’assistance des bailleurs, ou de la démocratisation et
la gouvernance, mais aussi des devises et technologies. Le retard de l’Afrique est
principalement à son seul rôle de fournisseur de ressources naturelles et de matières
premières qu’elle joue depuis longtemps dans le commerce international. Le
changement de situation nécessite donc les investissements afin d’obtenir capital et
technologie. Comme l’Afrique est considérée par la plupart des organisations et pays
occidentaux comme une des pires destinations d’investissement au monde, ce qui
rend difficile l’avènement du capital et des technologies de l’Occident, les
investissements chinois et les transferts de technologies chinoises semblent
extrêmement précieux. La Chine est perçue par les pays et peuples africains comme
un vrai ami, et se passe pour un nouveau colonisateur aux yeux de certains pays
occidentaux, ce qui montre la différence de mentalité venant des positions
différentes.
Les investissements chinois en Afrique ont connu de différentes phases de
développement. Compte tenu du niveau de développement de l’Afrique, les premiers
investissements chinois se trouvent effectivement dans le domaine de l’exploitation de
ressources naturelles. Or, le gouvernement chinois a redéfini de nouvelles orientations
pour les investissements en Afrique, en mettant l’accent sur l’industrialisation locale,
afin d’améliorer la capacité de l’Afrique à se développer par elle-même ; et sur la
promotion de l’emploi et du marché. A titre d’exemple, la Chine a entamé la
coopération avec le Soudan dans l’exploitation de l’énergie en 1996, à nos jour, 90%
des employés sont d’ores et déjà Soudanais, le pays a d’ailleurs fondé sa propre
compagnie pétrolière et son industrie pétrolière. Nombre de villes soudanaises ont
connu un développement à grande vitesse et l’industrialisation se fait entrevoir. Au
Nigeria, les entreprises pétrolières américaines sont présentes depuis un siècle, seul
10% des employés sont des locaux. La Chine n’a pas de présence militaire en Afrique,
son aide financière reste assez limitée, mais elle n’exerce aucune pression politique
envers les Etats africains. Il est donc évident que de plus en plus de pays africains
choisissent la Chine comme partenaire. Du point de vue de la Chine, aider les pays
africains à réaliser l’industrialisation favorise non seulement le développement africain,
mais profiterait aussi au développement du marché mondial : si les 900 millions
d’habitants amélioraient sensiblement leur niveau de vie, ce seraient tous les pays du
monde, y compris la Chine qui en bénéficieraient.
La Chine et la France sont toutes deux partenaires essentiels de l’Afrique, et
jouent un rôle éminent dans l’aide au développement. Bien que les principes et les
modes de l’aide diffèrent dans les deux pays, ceux-ci ont tous reçu de riches
expériences qu’ils pourraient partager et apprendre mutuellement. De plus, ce sont deux
pays réputés non seulement pour leur riche histoire, leur civilisation éminente, mais
aussi pour leur esprit d’autonomie et d’ouverture, et qui s’efforcent à promouvoir un
partenariat stratégique dans de larges horizons. Ils gardent d’étroites coordinations sur
les questions internationales essentielles. Dans la déclaration conjointe sino-française
du 26 octobre 2006, les deux pays ont consenti que les sujets du dialogue stratégique,
basée sur une coordination fructueuse en matière de contrôle d’armes, de prévention de
la prolifération d’armes et d’Afrique, peut s’étendre sur d’autres questions planétaires
telles que l’aide en Afrique et le développement. La coopération sino-française dans
l’aide au développement peut également avoir un impact positif sur la relation
bilatérale.
L’Institut chinois des Etudes internationales (CIIS), qui se focalise depuis des
années sur la recherche sur les relations politiques et diplomatiques internationales, est
un « think tank » important pour la politique étrangère chinoise. Le présent séminaire
sur l’aide au développement en Afrique organisé conjointement par notre institut et
l’AFD contribuera à une meilleure compréhension mutuelle, à un meilleur partage de
connaissances et à une meilleure efficacité de l’aide. Notre institut souhaite poursuivre
la coopération avec l’AFD sur ce sujet, afin d’apporter notre contribution aux
relations sino-françaises et au développement de l’Afrique.
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