Discours lors du séminaire sino-français

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Discours lors du séminaire sino-français sur l’aide à l’Afrique (octobre 2007)
NOUVELLES OCCASIONS ET NOUVEAUX DÉFIS DE
LA COOPÉRATION SINO-AFRICAINE
WANG Yingying
(Directrice du Centre de recherche de l’étude de l’Afrique, CIIS ; chercheuse)
En décembre 2006 à Paris, nous avons discuté avec les experts de l’AFD sur
l’Afrique et les aides accordées à l’Afrique. Aujourd’hui, nous approfondissons notre
discussion. Beaucoup d’experts ont exprimé leur opinion sur l’aide au développement
en Afrique, ce qui permet plus de compréhension mutuelle en la matière de l’autre
partie. En tant que partenaires stratégiques, la Chine et la France ont établi de très
bonnes relations coopératives dans plusieurs domaines. Je constate que la coopération
doit se baser sur des connaissances mutuelles et l’élimination des malentendus résultant
des échanges d’avis. L’aide à l’Afrique fait partie de la coopération sino-africaine. On
en a beaucoup discuté. Par conséquent, je voudrais parler des occasions et des défis des
relations sino-africaines.
I.
Les principaux éléments qui favorisent le développement de la coopération
sino-africaine.
Le « Forum sur la Coopération sino-africaine - Plan d’action de Beijing (2007-
2009) » adopté par le Sommet sino-africain en novembre 2006 a orienté le
développement du partenariat stratégique du nouveau style entre la Chine et l’Afrique
et a planifié la coopération pragmatique sino-africaine pour les 3 années à venir. Le
Président Hu Jintao a annoncé au nom du gouvernement chinois 8 mesures visant à
promouvoir la coopération sino-africaine. Le Plan d’action ainsi que les 8 mesures de la
Chine sont très appréciés par les pays africains. Le succès du sommet insuffle une
nouvelle vitalité à la coopération commerciale entre la Chine et l’Afrique. Les relations
sino-africaines se trouvent devant des occasions historiques et les perspectives sont
optimistes, parce que :
i) Le principe du respect mutuel et de l’égalité jette une base politique solide
pour la coopération sino-africaine. La Chine et les pays africains sont les deux des pays
en voie de développement. Au lieu d’être un pis-aller, l’amitié avec l’Afrique fait partie
de la tradition de la diplomatie chinoise. Les principes de base des politiques chinoises
à l’égard de l’Afrique sont : respect mutuel, soutien mutuel, égalité et avantages
réciproques et développement partagé. Les politiques chinoises à l’égard de l’Afrique
appliquées depuis l’établissement de la Chine nouvelle il y a plus de 50 ans sont
appréciées par la plupart des pays africains, ce qui permet de bonnes relations
politiques et de l’amitié traditionnelle entre la Chine et l’Afrique, et fournit d’une
garantie importante à la coopération commerciale sino-africaine.
ii) Chacune des parties a ses besoins et elles partagent de fortes
complémentarités. Du point de vue macro stratégique, la coopération sino-africaine est
une partie très importante de la stratégie chinoise de la coopération et du
développement international. Elle signifie que la voie de développement de l’économie
expansive chinoise se tourne aussi bien vers des pays développés que vers des pays en
voie de développement. Les principaux symboles sont : le commerce entre la Chine et
d’autres pays en voie de développement s’accélère rapidement, et la Chine commence à
investir directement à l’étranger.
Après presque 30 ans de la réforme et de l’ouverture, l’économie chinoise se
développe rapidement. Elle nécessite une envergure plus large de la coopération
économique avec le reste du monde, y compris les pays africains. Les produits chinois
sont bon marché et de bonne qualité, ils interrompent la monopolisation des produits
chers et font bénéficier au peuple africain des avantages réels. Les savoir-faire chinois
correspondent aux demandes africaines et réduisent les coûts d’exploitation. Cela fait
partager de forte complémentarité entre la Chine et l’Afrique en ressources naturelles,
produits, marchés et ressources humaines. Il y a une cinquantaine de pays et presque
900 millions d’habitants en Afrique. Elle est donc riche en ressources naturelles et
humaines. Elle a un marché énorme et d’un potentiel important de développement. Au
fur et à mesure de la stabilisation politique, les gouvernements africains considèrent le
développement économique comme leur plus importante mission. Ils veulent renforcer
la coopération avec le reste du monde, y compris la Chine, afin de stimuler le
développement économique de leur pays. Par conséquent, l’Afrique a besoin de la
Chine et vice versa. La Chine et l’Afrique sont complémentaires en matière de
commerce, de marché et d’industrie. Le potentiel de la coopération commerciale et
économique sino-africaine est énorme. C’est le vœu et le choix partagés par les deux
parties.
II.
Les principaux domaines de la coopération sino-africaine dans les 3 ans à
venir.
Après le Sommet sino-africain, le gouvernement chinois lance immédiatement
des actions nécessaires afin d’appliquer les 8 mesures annoncées lors du Sommet :
i) Les relations politiques sino-africaines s’améliorent davantage. D’après la
Plan d’action, les échanges de visite de haut niveau sont davantage renforcés et les
dialogues et discussions politiques sous diverses formes sont nombreux. La Chine
appuie les pays africains dans leurs efforts pour gagner en puissance par le resserrement
de leurs rangs et accélérer le processus d’intégration. Elle renforce également les
échanges et la coopération avec l’UA et les organisations sous-régionales africaines.
Elle a nommé un représentant spécial pour l’Afrique en mai 2007, visant à faire des
efforts sans cesse pour la résolution complète et raisonnable du problème au Darfour.
Elle participe activement aux opérations de paix de l’ONU en Afrique et finance les
opérations de paix de l’UA. La Chine a envoyé presque 1300 militaires en Afrique,
répartis dans 7 zones de maintien de la paix.
ii) En ce qui concerne l’aide économique et la coopération commerciale, la
Chine élargit progressivement l’envergure de l’aide à l’Afrique en respectant les
besoins des pays africains et leur niveau de développement. Le Ministère du Commerce
de la Chine a déclaré que la Chine doublerait ses aides à l’Afrique en 3 ans, visant à
aider les pays africains dans le développement économique et l’amélioration de
conditions de vie du peuple. Actuellement, nous avons signé des accords d’aide avec
une vingtaine de pays africains, et avons signé des accords cadres sur les prêts
concessionnels avec 5 pays africains. Les 3 milliards de dollars de prêt concessionnel
accordé par la Chine seront utilisés principalement à la construction des infrastructures,
à la fourniture des équipements électromécaniques et à l’établissement des entreprises
productives, afin de stimuler les coopérations à capitaux mixtes entre les entreprises des
deux parties.
Jusqu’à présent, la Chine a signé des accords de protection des investissements
avec 28 pays africains et a signé des accords pour éviter la double imposition avec 8
pays africains. Le Fonds du développement sino-africain investi par la Banque
nationale du Développement a vu le jour en juin 2007 à Beijing. (le Fonds de
développement sino-africain a pour objectif d’encourager et élargir les investissements
des entreprises chinoises en Afrique, d’améliorer les infrastructures dans le secteur des
énergies, des transports, de l’électricité et de la télécommunication, de développer
l’agriculture, de milieu de fabrication et de renforcer la capacité « d’auto
développement » de l’économie africaine. L’établissement de ce fonds facilitera
l’atténuation des problèmes de capitaux que peuvent rencontrer les pays africains
pendant leur développement.) En plus, la Chine applique progressivement ses
engagements sur le désendettement et l’exemption des droits de douane en faveur des
pays les moins avancés.
D’après les 8 mesures, la Chine construira 30 hôpitaux, 100 écoles rurales, 30
centres de lutte contre le paludisme ainsi que 10 centres pilotes caractéristiques des
technologies agricoles pendant les 3 ans à venir. Tous ces projets sont dans une
négociation active.
iii) En ce qui concerne la formation des ressources humaines. Le gouvernement
chinois a organisé 26 classes de formation et a formé 667 personnes sélectionnées par
les pays africains. Cette année la Chine a l’intention de former 5000 personnes
africaines, toutes catégories confondues. Les négoces liées à l’envoi en Afrique de 100
experts agronomiques supérieurs sont maintenant en discussion. Nous enverrons 45
experts agronomiques cette année.
III.
Les principaux défis de la coopération sino-africaine
Bien que la coopération sino-africaine se développe très vite ces dernières
années, le niveau de la coopération commerciale n’est pas très développé, les domaines
de coopération restent relativement limités. L’écart entre les attentes de certains pays
africains en matière de l’aide chinoise à l’Afrique et les relations commerciales sinoafricaines et la capacité réelle de la Chine est encore négligeable.
Selon les statistiques, le volume de commerce sino-africain était 55,5 milliards
de dollars en 2006, représentant seulement 3,2% du volume de commerce des produits
de la Chine avec l’extérieur ; Les investissements directs en Afrique représentent
seulement 2,4% du volume d’investissements des institutions non financières chinoises
à l’étranger.
En plus, il ne faut pas négliger que les mauvais comportements d’une minorité
d’entreprises chinoises et les produits chinois ont des impacts négatifs sur l’Afrique.
Ces problèmes résultent essentiellement du fait que la stratégie internationale des
entreprises chinoises reste dans l’étape de commencement. En plus des insuffisances en
matière de savoir-faire, de gestion et de capitaux, la plupart des entreprises chinoises
entrant dans le marché international rencontrent également les problèmes suivants :
elles ne s’adaptent pas aux concurrences internationales, leurs consciences de risques
ne sont pas suffisants, elles ne connaissent pas les lois des pays africains et ne savent
pas traiter les relations entre les intérêts économiques, les intérêts sociaux et les
responsabilités sociales des entreprises. En comparaison avec les entreprises
transnationales mûres des pays développés, l’exploitation transnationale des entreprises
chinoises représente des caractéristiques essentielles liées à l’étape inférieure de
l’internationalisation des entreprises des pays en voie de développement. C’est
pourquoi je crois que la présence de problèmes dans le contexte du développement
rapide sino-africain est compréhensible.
En effet, le gouvernement chinois ne veut pas éluder ces problèmes et ne veut
non plus décliner ses responsabilités internationales. Au contraire, nous y attachons une
grande importance. Parce que nous savons que dans une époque où la mondialisation
économique s’accélère sans cesse, la Chine partage beaucoup d’intérêts communs avec
le reste du monde. Par conséquent, les relations commerciales saines et durables entre
la Chine et l’Afrique favorisent non seulement le développement des entreprises
chinoises et africaines, mais aussi au développement sain de l’économie mondiale.
C’est la raison pour laquelle le gouvernement chinois essaie de perfectionner les lois et
les règlements, et renforcer les investissements sur la localisation des industries
africaines en prenant pour référence des expériences mûres sur le plan international,
dans le but de renforcer la capacité du développement durable des pays africains. Tout
en encourageant les entreprises de bonne réputation d’investir à l’étranger en
conformité avec les règles internationales, le gouvernement chinois essaie également de
renforcer la gestion et l’éducation à l’égard des entreprises chinoises, afin de réaliser un
vrai développement partagé.
Sur ce point, la Chine n’assume pas les responsabilités internationales en tant
qu’adversaires des pays occidentaux. Elle espère renforcer la coordination avec eux,
afin de réaliser les objectifs d’avantages réciproques, la complémentarité mutuelle et le
gagnant-gagnant sur le plan international. C’est le seul choix pour réaliser le
développement pacifique de la Chine et du reste du monde.
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