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Thème 4 : Afrique, objet de convoitises ?
L’Afrique et les puissances émergentes
(Chine, Brésil, Inde, …)
Par Alain ANTIL.
Notes prises à l’occasion de la conférence
La place de l’Afrique dans l’économie mondiale :
L'Afrique Sub-Saharienne représente une faible part des échanges mondiaux :
1 à 2 % des exportations mondiales.
Le P.I.B. de l'Afrique Sub-Saharienne est assuré à 40 % par l'Afrique du Sud
et à 70 % par l'Afrique du Sud et le Nigeria.
Les matières premières sont déterminantes dans les exportations, avec 3 ou 4
produits phares peu ou faiblement transformés (produits agricoles, minerais,
énergies fossiles), sauf pour l'Afrique du Sud. L'économie de ces pays en est
fragilisée. 93% des recettes d'exportations du Nigeria sont réalisées par le
pétrole. Il y a une lutte entre les élites pour se partager cette rente. Mais le
pays importe de l'essence et les autres secteurs de l'économie sont négligés.
On peut expliquer la crise ivoirienne par la croissance de 6 % par an qu'a
connu ce pays des années 1960 aux années 1980, puis la baisse de 40% due
à la chute des prix des principaux produits d'exportation à la fin des années
1980.
Les investissements directs étrangers vont aux 2/3 aux industries extractives,
ce qui renforce cette spécialisation des pays africains. Ils sont considérés
comme des réservoirs de matières premières pour le monde. La croissance du
P.I.B. est donc très dépendante. Les produits chinois à faible coût ont
concurrencé les produits africains surtout à partir des années 1980.
Il y a les problèmes du prix et des infrastructures de transport, du coût de
l'électricité, du monde des affaires (corruption, etc..). Ces facteurs gênent les
délocalisations, limitent l'implantation des entreprises et freinent les
investissements en Afrique, sauf pour l'Afrique du Sud.
Il y a une très faible régionalisation des économies. Exemple l'Afrique de
l'Ouest échange avec ses voisins 7 à 9 % de sa production. Il y a peu
d'intégration régionale. La majorité des échanges se fait avec le reste du
monde. Jusque dans les années 1990, l'Europe a été majoritaire. Depuis peu,
la Chine et de l'Inde ont une stratégie africaine.
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La mondialisation de l'Afrique :
Avant le XVe siècle, l'Afrique n'est pas coupée du monde. Les Arabes vont jusqu'au
Mozambique, utilisent les routes transsahariennes. Une légende parle de la
découverte de l'Amérique par des Africains avant les Européens.
Puis l'Europe explore, conquiert et colonise le continent. Les liens économiques sont
alors très forts. Les Anglais installent des Indiens dans leur empire africain, les
Français des Libano-Syriens.
Dans les années 1960, 1970, 1980, les ex-puissances coloniales (Anglais, Français)
sont très présentes, même militairement. Il en est de même pour les Etats-Unis,
l'URSS, la Chine et Cuba car l'Afrique est un enjeu durant la Guerre Froide.
Les années 1990 marquent une rupture par le déclassement stratégique de l'Afrique
et un désengagement militaire avec la fin de la Guerre Froide, surtout pour les Etats-
Unis, l'URSS et la Chine. C'est plus flou pour l'Europe. Les Africains ont le sentiment
que les Européens et surtout la France les ont lâchés, avec une baisse du nombre de
coopérants, et la redéfinition de la politique africaine (moins d'interventions et
d'aides).
Se pose aussi la question du génocide rwandais et celle de la crise économique et
sociale que connait le continent africain.
Dans les années 2000, l'Afrique intéresse de nouveaux acteurs du monde pour des
questions économiques : besoins croissants en matières premières, nouveaux
marchés. De plus, l'Afrique Sub-Saharienne comprend plus de 40 pays parmi lesquels
il est possible de trouver des alliés, notamment au sein de l'ONU, pour lutter contre
le terrorisme dans le monde.
La stratégie américaine :
C'est le tropisme pétrolier. 11% des approvisionnements en pétrole en 2001 viennent
d'Afrique, l'objectif étant d'atteindre 25% en 2015.
Les Etats-Unis ont été très présents durant la Guerre Froide et s'éclipsent après le
désastre de Somalie. Ils s'interrogent alors sur leur place en Afrique.
Après le 11 septembre 2001, l'Afrique de par sa pauvreté devient, selon eux, une
cible et un vivier pour le terrorisme international.
La guerre contre le terrorisme est à la fois une raison et un paravent de l'installation
des Américains sur le continent.
La stratégie chinoise :
La part des échanges commerciaux entre la Chine et l'Afrique a évolué de manière
spectaculaire.
En valeur : en 1978 : 0,3 milliard de $. En 2006 : 43 milliards de $. En 2007
plus de 50 milliards de $. Il y a donc une forte accélération des échanges.
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La Chine était présente durant la Guerre Froide en soutenant les non-alignés et
certains mouvements de guérillas ( exemple au Zimbabwe ).
Elle exerce un « lobbying » sur les pays africains pour qu'ils cessent de reconnaître
Taïwan à l'O.N.U. Aujourd'hui seuls six pays africains le font encore.
La présence économique chinoise était négligeable jusqu'en 1993. Après cette date,
la Chine commence à acheter du pétrole. Depuis, ses besoins sont exponentiels.
Aujourd'hui, elle est le deuxième acheteur de pétrole dans le monde et risque de
détrôner les Etats-Unis.
Depuis 2000, la Chine s'est dotée d'un réseau d'ambassades qui se densifie. Des
sommets Chine/Afrique sont organisés. Celui de 2006 a vu la présence à Pékin de 24
chefs d'Etats africains. On estime que 820 entreprises chinoises sont présentes sur ce
continent et que 130 à 180 000 Chinois y étaient expatriés en 2006. Aujourd'hui, on
compte plus de 200 000 présents, dont un très grand nombre de prisonniers
politiques et de militaires « déguisés ».
Le pays investit dans tous les domaines, mais la priorité est donnée aux minerais et
au pétrole. Exemples : l'Angola et le Soudan sont avec l'Iran, les principaux
fournisseurs de pétrole de la Chine. La Guinée fournit de l'huile, le Mali du coton, le
Cameroun du bois. Au Rwanda, la Chine améliore le réseau routier; au Kenya, les
télécommunications. Des journaux chinois sont édités au Nigeria.
La stratégie indienne :
L'Inde n'a pas d'ambition continentale. Elle se tourne néanmoins vers des pays où il y
a déjà des communautés indiennes fortes : Ile Maurice, Kenya, Tanzanie, République
d'Afrique du Sud, Madagascar... Des hommes d'affaires issus de la « diaspora »
indienne sont bien intégrés au tissu économique de ces pays.
En 2006, les échanges entre l'Inde et l'Afrique représentaient 12 milliards de $, dont
un tiers avec l'Afrique du Sud.
L'Inde a aussi une stratégie politique d'alliance avec le Brésil et l'Afrique du Sud au
sein du G 20.
Questions :
1. La Chine va t-elle coloniser l'Afrique ?
Selon les spécialistes, dans 10 ou 40 ans, les Chinois seront peut-être des élites
intellectuelles et économiques en Afrique, comme c'est déjà le cas en Indonésie.
2. Pourquoi les Chinois sont-ils acceptés aussi facilement en Afrique ?
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Ils sont acceptés car ils n'interviennent pas dans la vie politique africaine. Il n'y a pas
d'ingérence comme pour l'Union Européenne. Les Africains ne veulent plus de leçons
de morale de la part des Européens comme ils ont pu le faire durant la Guerre
Froide. De plus, la Chine et l'Afrique ont vécu la même histoire : « la colonisation ».
De ce fait, ils jouent sur une forme de solidarité entre pays « anciennes colonies » et
pays sous développés. Mais reste le problème de la corruption.
A court terme, la Chine sera la première puissance en Afrique, avec un fort
basculement de l'économie vers l'Asie au détriment de l'Europe.
Reste aussi le problème de la vente d'armes au Soudan et à d'autres pays sous
embargo...
3. Vous parlez de la présence chinoise en Afrique, je m'interroge donc sur cette
présence ?
Quand on regarde les appels d'offres, les sociétés chinoises raflent énormément de
marchés car elles peuvent avoir des marges de plus de 30 % par rapport aux autres
propositions.
Pour les prisonniers politiques ou autres, au lieu de faire 5 ou 10 ans de prison, ils
vont au Soudan où ils travaillent. Le « deal » est de ne pas revenir en Chine ensuite.
Mais les Chinois ont beaucoup de mal à travailler avec les Africains car ils n'ont pas la
même culture du travail. Les Africains reprochent aux Chinois de vivre entre eux,
sans contact, ce qui déplaît beaucoup. Ils ne sont pas là pour dix ans mais c'est une
stratégie à long terme. Il y a 3 hommes pour une femme en moyenne et on constate
comme au Cameroun une arrivée massive de Chinoises...
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