2e étape. Bouleversement technologique, culturel et mental. La découverte de
l’énergie et des lois de la thermodynamique, la transformation de la chaleur en
énergie (Sadi Carnot) qui s’incarne dans la machine à vapeur.
Elle bouleverse la conception traditionnelle du monde « horloger » : le monde est
mouvement, évolution. C’est tout le sens de la pensée de Darwin au 19e siècle sur
« l’origine des espèces », discriminant dans l’homme une évolution commandée par
le mécanisme de la sélection naturelle.
Cette nouvelle conception d’un monde ouvert et soumis à évolution donc à
dégradation comme le charbon, qui, brûlé, disparait au moins comme matière,
influence donc les biologistes…mais aussi les économistes. Elles donnent les mots et
les schémas à travers lesquels penser la disparition du capitalisme (Marx et Engels
reprendront S. Carnot pour décrire la logique de l’autodestruction du capitalisme) ou
au contraire, sa capacité d’adaptation et de résilience : ce sont les travaux de J.
Schumpeter qui développent la théorie de la « destruction créatrice », la disparition
des éléments vieillis du capitalisme assurant la naissance d’innovations et du même
coup, le renouveau de la croissance.
3e étape. La grande guerre. Celle-ci instille le doute et remet en cause les certitudes
sur lesquelles s’étaient bâties les représentations de l’homme et du monde. Apparaît
alors la notion de relativité : Einstein relativise la notion du temps, en introduisant
l’espace-temps, Freud dévoile l’influence de l’inconscient dans l’activité psychique et
physique de l’homme.
Double dépossession : l’homme n’est maître ni de l’univers physique ni même de son
propre univers intime.
J. Maynard Keynes est fils de cette remise en cause et de cette dépossession de
l’homme. Le prouve son œuvre qui affirme deux faits : la fonction de la monnaie qui
par l’importance ou l’insuffisance de sa masse en circulation joue le même rôle
(stimulant ou dégradant) dans l’économie que le temps dans la théorie de l’espace
temps de Einstein (les libéraux en faisaient quant à eux un objet neutre) /
l’irrationalité des acteurs économiques, en particulier des marchés.
4e étape, celle que nous connaissons actuellement. La production et la circulation de
l’information (c’est à dire à la fois le sens et la forme du message transmis) grâce aux
progrès des sciences et des techniques sont devenues facteur et manifestation de
l’activité des hommes à partir des années 1950 et plus encore à partir des années 70.
C’est la « nouvelle économie ».
Le monde se fonde et trouve son équilibre dans l’incertitude, la mise en réseau, la
complexification des acteurs et des logiques.
Or c’est ici que se produit la déconnexion, la disjonction entre pensée globale et
pensée économique. La pensée néo-libérale qui s’impose comme doctrine à partir des
années 70 (F. Von Hayek, M.Friedman) est la négation des développements des