Séminaire d'économie nationale
Historique de la place financière suisse
L’intense activité bancaire à Genève prend fin brusquement, lorsque les Italiens déménagent à
Lyon entre 1464 et 1466 car le roi de France Louis XI, inquiet des grosses quantités d’or qui
sortent de son royaume vers Genève, favorise par de gros privilèges les foires tenues à Lyon.
La ville de Genève ne se relèvera jamais vraiment !
2.2 L’or et les villes solidaires
L’interruption n’est pas longue mais la reprise se fait sous de nouvelles formes et à plus
modeste échelle. La masse des métaux précieux en circulation, fin XVe siècle, et donc des
ressources monétaires disponibles est à tel point insuffisante que le rôle du crédit public et
privé prend au XVIe siècle des proportions gigantesques.
La plupart des villes suisses participent à ce mouvement. Des premières, Bâle se distingue en
créant à partir de 1504 un « change public », cette institution réalise pratiquement toutes les
opérations d’une banque moderne de gestion ; elle accepte des dépôts contre intérêt de la part
des particuliers ou de collectivités urbaines, elle consent des prêts, elle opère des transferts et
à partir de 1574, elle s’occupe de gestion de fortunes. Au cœur d’une économie sans cesse à
court d’argent, Bâle et la plupart des cantons urbains accumulent, aux XVIe et XVIIe siècles,
une richesse publique presque insolente.
Et cette richesse ne dort pas, entre les villes suisses se tissent des réseaux subtils de solidarité
financière. Les cantons accordent de gros prêts à long terme à Genève qui essaie de les faire
fructifier, par un « change public », sans succès.
2.3 Grand négoce et banque privée
Le capital s’accumule dans tout le pays venant des pays extérieurs qui eux, s’appauvrissent
sensiblement durant le XVIIe siècle à cause des différentes guerres.
Ce sont deux groupes principaux qui se partagent ces capitaux, d’un côté les entrepreneurs du
service mercenaire et de l’autre les négociants. Ces derniers forment la classe des véritables
capitalistes et entrent bravement dans le circuit des spéculations sur l’argent. Peu après 1700,
ce sont les élites de ce groupe qui accèdent au rôle de banquier pur et simple.
L’origine de la banque privée, telle qu’elle existe aujourd’hui, remonte ainsi aux premières
années du XVIIIe siècle. Ce sont souvent les mêmes familles qui président encore aujourd’hui
les banques. Il y a depuis là une continuité sur près de trois siècles.