Impacts Et Influences Sur Le Processus D`innovation

Les autres paradigmes organisationnels de la gestion des connaissances :
impacts et influences sur le processus d’innovation
Faculté Des Sciences Economiques et de Gestion
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Les Autres Paradigmes Organisationnels
De La Gestion Des Connaissances :
Impacts Et Influences Sur Le Processus D’innovation
Salima Boutelitane
UNI MAIL Dépt HEC
Genève 4 -SUISSE
Mots clés : Processus d’innovation, gestion des connaissances, apprentissage
organisationnel, TIC, culture.
La littérature renferme à ce jour plusieurs concepts s’articulant autour et ayant une
influence sur le processus d’innovation. De ce fait l’identification et la compréhension de
ces concepts permettront d’en mesurer les conséquences.
Afin d’approfondir les liens existants entre la gestion des connaissances et le processus
d’innovation, il est important d’assimiler et de comprendre les facteurs en relation avec la
gestion des connaissances pouvant influencer le processus d’innovation.
Ce texte vise à mettre en lumière, à travers la littérature en science de gestion et plus
précisément celle du management de l’innovation, les relations établies entre ces différents
facteurs et leurs influences sur le processus d’innovation.
A partir d’une revue de la littérature, la partie 1 se propose de passer en revue les domaines
influençant le processus d’innovation et ayant un lien avec de la gestion des connaissances.
Ce document se propose de mettre en lumière quatre composants susceptibles d’altérer le
processus d’innovation :
Section 1 : la culture organisationnelle
Section 2 : les Technologies de l’Information et de la Communication (T.I.C.)
Section 3 : l’apprentissage organisationnel
La partie 2 se veut d’être une représentation du modèle théorique reprenant les différents
concepts identifiés dans la littérature.
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Novembre 2005
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1. Concepts organisationnels de la gestion des connaissances pour l’amélioration
du processus d’innovation
Cette section procédera à un examen des différents concepts qui liés à la pensée de la
gestion des connaissances. Il est intéressant d’approfondir cette notion de gestion des
connaissances pour l’amélioration du processus d’innovation, dans une perspective
organisationnelle et de mettre en évidence les liens établis grâce à une revue de la
littérature.
Afin d’étudier les liens entre la gestion des connaissances et le processus d’innovation,
différentes notions liés à la gestion des connaissances sont identifiées afin de proposer un
cadre théorique organisationnel pouvant influencer le processus d’innovation.
1.1. La dimension culturelle pour l’organisation
Durant ces dernières années la culture organisationnelle a pris une certaine ampleur dans
les entreprises. Afin de renforcer leur cohésion sociale pour l’amélioration des
performances et notamment en terme d’innovation, les organisations doivent promouvoir
et instaurer une culture dite « forte ». D’après Martins et Terblanche (2003, P.64) « la
culture organisationnelle semble avoir une influence sur le degré de stimulation de la
créativité et de l’innovation »
1
. Il semblerait également que les éléments de base de la
culture organisationnelle, à savoir les valeurs partagées, les croyances et les
comportements des individus d’une organisation influencent la créativité et l’innovation
notamment par la socialisation. Le réseau de relations sociales reste une ressource très
importante pour l’individu. En effet, par le biais de la socialisation l’individu crée de
nouvelles aptitudes à échanger, à communiquer et à partager autour d’un sujet.
La culture organisationnelle affecte l’ampleur avec lesquelles les solutions créatives sont
encouragées, supportées et mise en oeuvre. Martins et Terblanche (2003, P.67) explique la
relation entre culture organisationnelle, créativité et l’innovation comme : « Certaines
circonstances environnementales peuvent être associées à la culture organisationnelle
supportant la créativité et l’innovation comme » :
- l’environnement extérieur (l’économie, la compétitivité…)
- les valeurs et les croyances des dirigeants (l’échange d’information, le recours aux
questions libres….)
- la structure organisationnelle (flexibilité, décentralisation…)
1
Traduction : “Organisational culture appears to have an influence on the degree to which creativity and
innovation are stimulated in an organisation”.
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- la technologie, incluant les savoirs individuels et la disponibilité du matériel
(ordinateur, accès internet…)
Brand (1998), note que l’innovation ne peut pas être l’affaire d’une ou de deux personnes,
elle doit permettre à toute l’organisation et tous les départements de s’y impliquer. Il s’agit
de créer une culture organisationnelle forte qui va permettre aux individus de s’engager
pleinement dans cette optique de partage et d’échange d’expériences et de connaissances
qui vont permettre d’améliorer le processus d’innovation. Cette culture de partage va ainsi
faciliter la création de nouvelles connaissances qui devraient contribuer à l’amélioration du
processus d’innovation.
Il est à rappeler que les éléments qui supportent la culture pouvant influencer le processus
d’innovation peuvent être de sources internes ou externes à l’organisation. Cependant,
l’objectif de ce papier est l’identification des éléments internes. Le premier but recherché
est d’améliorer le processus d’innovation organisationnel par le biais d’éléments propres
au sein d’une même structure. Par conséquent, l’approche adoptée est de souligner le fait
que l’amélioration du processus d’innovation est fondée sur l’importance et l’étendue des
connaissances détenues par les individus d’une structure donnée.
Les éléments qui peuvent influencer la culture organisationnelle et qui supportent la
créativité et l’innovation, sont les valeurs tels que la flexibilité, la liberté d’expression, le
soutien, la tolérance des erreurs, l’esprit d’initiative, l’interaction intensive, ou encore la
coopération entre les équipes.
A l’inverse, les valeurs entraînant la gêne du processus d’innovation sont la rigidité, le sur-
contrôle, la prévision, les ordres (structures hiérarchiques). Toutefois, il est important de
trouver un consensus entre une trop grande liberté et une trop grande rigueur. Ce débat très
controversé des chercheurs (Carrier & Garand 1996 ; Oldham & Cummings, 1996)
pourrait donner lieu à une étude empirique afin de comprendre les mécanismes qui
s’opèrent dans de telles circonstances.
D’après la littérature en management, il existe des mécanismes de soutien à ces tâches de
création d’idées qui aboutiront sur des innovations. L’utilisation des (T.I.C.) Technologies
de l’Information et de la Communication pour le partage et la diffusion de connaissances,
une culture basée sur l’apprentissage et l’échange d’idées sont autant de critères qui
pourraient aider les individus dans l’amélioration du processus d’innovation.
La capacité à produire de nouvelles idées qui pourraient aboutir à une innovation devient
étroitement liée au contexte de l'organisation (sa structure et sa culture). Il faut noter qu’il
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existe un certain nombre d’éléments prépondérants au développement de la culture
organisationnelle. Selon (Harkema and Browaeys 2003), le principe de dialogue et de
l’interaction entre les individus joue un rôle important dans le processus de développement
de la culture organisationnelle. C’est également par le dialogue que les différentes formes
de connaissances se développent et qu’elles se transforment. De la connaissance tacite, elle
devient explicite, c’est que Nonaka appelle le concept de « la socialisation ». Le fait de
dialoguer crée la possibilité que les individus puissent partager leurs idées et d’apprendre
les uns des autres. Il faut néanmoins noter que ce dialogue doit avoir lieu dans une culture
de franchise et d’autorégulation afin de favoriser une culture de création d’idées qui se
concrétiserons par une innovation.
1.2. La dimension temps comme facteur d’innovation
Shattow (1996) explique qu’une organisation doit laisser du temps à ses employés pour
créer et expérimenter ses idées. Aujourd’hui les organisations commencent à prendre
conscience qu’il faut accorder du temps aux employés pour la création d’idées, c’est le cas
de 3M qui laisse environs 15% du temps à ses employés dans l’investigation et
l’expérimentation d’idées nouvelles. En effet, les individus ne doivent pas être
constamment submergés par leurs tâches quotidiennes, il doivent pouvoir avoir du temps
rechercher, tester et mettre en œuvre leurs idées.
1.3. La tolérance des erreurs : une condition essentiel à la création d’idées
Il existe également des comportements qui encouragent les individus dans le processus
d’innovation. La tolérance des erreurs est un élément essentiel de la culture
organisationnelle qui promeut la création d’idée et l’innovation. Certain auteurs (Arad et
al, 1997; Lock & Kirkpatrick, 1995; Samaha, 1996) indiquent que les cultures
organisationnelles qui soutiennent une orientation continue de l’apprentissage doivent
pouvoir encourager la créativité et l’innovation. En se concentrant sur les investigations,
encourageant les membres d’une organisation à communiquer entre eux. En maintenant les
connaissances à jour, grâce à un apprentissage de connaissances créatrices, une culture
d’apprentissage peut être créée et maintenue.
En revanche, une culture dans laquelle une politique de management basée sur le sur-
contrôle est appliquée gênera en conséquence la création d’idées nouvelles et par
conséquent l’amélioration du processus d’innovation (Judge et al., 1997). La création
d’une atmosphère dans laquelle les erreurs sont acceptées comme la prise d’initiative,
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considérant les erreurs comme des expériences d’apprentissage sont aussi de conditions
favorables à l’amélioration du processus d’innovation.
Pour créer un environnement propice à l’amélioration du processus d’innovation, les
organisations doivent opter pour une approche système ouverte. Les modèles d’interactions
entre les individus, les rôles, les technologies représentent un environnement très
complexe. Sous ces circonstances le processus d’innovation peut être influencé par
diverses variables.
Comme évoqué dans le paragraphe précédent le rôle des technologies de l’information et
de la communication reste complexe. Aussi, le point suivant cherche-t-il à montrer
l’importance de ces dernières pour l’amélioration du processus d’innovation.
2. Les Technologies de l’Information et de la Communication (T.I.C.)
Cette partie a pour objectif d’identifier les rapports entre les Technologies de l’information
et de la Communication (T.I.C.) et le processus d’innovation dans les organisations. Il est
question de démontrer dans quelle mesure ces technologies peuvent soutenir ce processus
d’innovation et pourquoi celles-ci peuvent être considérées comme un enjeu stratégique
pour les organisations.
La majorité des travaux en gestion des connaissances tendent à affirmer que l’utilisation
des T.I.C. comme les intranets, les bases de données, les data mining software ou
groupware, peuvent être une manière efficace de gérer les ressources de la connaissances et
de la création de connaissances (Boisot & al., 1999 ; Scarbrough & al 1999 ; Robertson &
al., 2000 ; Ducau 2002). Ainsi, D’après (Bresnham, 1997 ; Khalil, 1996), les organisations
dans lesquelles l’utilisation des T.I.C. fait partie de la culture pour communiquer et
échanger des idées augmente la chance de créativité et d’innovation.
Par conséquent, il est intéressant de comprendre dans quelles mesures ces outils peuvent
venir en aide à l’amélioration du processus d’innovation et quels sont les avantages pour
les individus qui oeuvrent dans les tâches d’innovation.
Aujourd’hui les T.I.C. peuvent être perçues comme des outils de modélisation. Elles
permettent de construire une représentation de l’objet. Aussi, est-il à rappeler l’importance
de ces outils en terme de mémoire de processus. Elles permettent de garder une
représentation de chemin parcouru mais également de pouvoir revenir en arrière si les
modifications ultérieures ne s’avéraient pas satisfaisantes, tandis que sur un prototype
physique la plupart des modifications sont irréversibles (Ducau, 2002).
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