1.2 COMMENT EXPLIQUER L’INSTABILITE DE LA CROISSANCE ? Thème 1.2 Comment expliquer l’instabilité de la croissance ? Notions Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation Indications complémentaires L’observation des fluctuations économiques permettra de mettre l’accent sur la variabilité de la croissance et sur l’existence de périodes de crise. On se présentera les directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d’offre et de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d’engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de première : inflation, chômage, demande globale (relire le chapitre Régulations et déséquilibres) Acquis de Première L’inflation est une hausse généralisée et durable du niveau des prix. Ses causes peuvent être différentes : par la monnaie, par la demande ou par les coûts. Le chômage désigne, de façon générale, l’ensemble des personnes qui n’ont pas de travail mais en recherchent un. Il existe les chômages frictionnel, conjoncturel et structurel. Sa mesure est en réalité difficile car certaines parties de la population en sont exclues : c’est le « halo » du chômage. Ainsi, l’Insee et Pôle Emploi en donnent des définitions différentes, le deuxième organisme divisant les chômeurs en plusieurs catégories. La demande globale représente la demande totale de biens et services dans une économie. Elle comprend la consommation finale des ménages, l’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et des administrations publiques, les exportations, la variation des stocks. Définition des notions Les fluctuations économiques désignent l’ensemble des variations du rythme de la croissance économique, l’ensemble des mouvements d’accélération ou de ralentissement de la croissance (expansion, récession, dépression,…). La crise économique est le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à l’expansion pour déboucher sur une récession. La désinflation désigne une réduction de l’inflation, dans le cas où celle-ci reste positive. La dépression désigne une baisse durable de la production. La déflation correspond à la baisse de l'indice des prix observée sur une période suffisamment longue. C’est aussi un cercle vicieux de baisse durable et cumulative des revenus, des prix et de la production. A. L’activité économique est soumise à d’importantes fluctuations Document 1 – L’évolution du taux de croissance annuel moyen L’économie est marquée par des tendances longues « trend », mesurées avec un TCAM. Les augmentations sur le long terme sont généralement dues à des mouvements quantitatifs (des trois facteurs de production) ou à des mouvements structurels. Sur le court terme, la croissance varie de façon plus ou moins cyclique, avec des phases dans lesquelles apparaissent des fluctuations de la production, des prix, de l’emploi… Document 2 – Une croissance instable Les fluctuations économiques désignent l’ensemble des variations du rythme de la croissance économique, l’ensemble des mouvements d’accélération ou de ralentissement de la croissance. Hausse du PIB Baisse du PIB Court terme Expansion Récession Long terme Croissance Dépression Document 3 – Croissance potentielle et croissance effective La croissance potentielle est la croissance maximale que peut obtenir un pays s’il mobilise l’ensemble de ses facteurs sans déclencher de tension (comme l’inflation…) dans l’économie. Si la population active augmente, la croissance potentielle va également augmenter. Le stock de capital détermine en partie notre capacité de production. Le progrès technique permet d’améliorer la PGF, repousser les contraintes technologiques… Ci-dessus, la courbe de Phillips – économiste néozélandais né en 1958 – illustre les tensions inflationnistes. Si le taux de chômage est élevé, les employeurs sont en position de force et peuvent décider aisément des salaires de leurs employés. Si le taux de chômage est faible, ce sont les employés qui sont en position de force car ils peuvent réclamer une hausse de leurs salaires. Il peut y avoir d’autres tensions avec le facteur capital notamment (casse, usure…), lorsque les capacités de production sont saturées (taux d’utilisation proche de 100%) La croissance effective est la croissance effectivement obtenue par un pays à un moment donné. Elle dépend de la demande globale : consommation finale des ménages, des administrations publiques, de la FBCF, de la variation des stocks et de la demande émanant de l’extérieur. Le niveau de croissance des pays émergents dépend principalement de transformations structurelles. Le passage du secteur improductif au secteur productif en est un exemple, comme en Chine avec les entreprises d’Etat. Le niveau de croissance des pays développés, lui, dépend du progrès technique. Lorsque la croissance effective dépasse durablement la croissance potentielle, des tensions apparaissent. Si la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle, toutes les capacités de production ne sont pas employées. Ainsi, il y a du chômage. Si elle l’est durablement, la croissance potentielle elle-même diminue. Document 4 – Ecart entre le PIB réel et le PIB potentiel de la France Un écart de production positif peut se traduire par des pressions inflationnistes car la demande globale se révèle trop élevée, tout comme les salaires. L’effet de la crise des Subprimes sur l’écart de la production a été une croissance effective plus faible que la croissance potentielle. Document 5 – Progrès technique et croissance potentielle L’usage des NTIC s’est diffusé dans l’économie à partir des années 1980 et a commencé à se transformer en croissance économique dès les années 1990. En effet, l’introduction de l’informatique n’a pas déclenché des gains de productivité immédiats. Le « paradoxe de Solow » désigne le fait que le progrès technique se diffuse dans une économie sans pour autant faire augmenter la croissance. L’accumulation des capitaux technologique et humain n’est aujourd’hui plus suffisante en France, ce qui limite la croissance potentielle. Document 6 – Evolution de l’écart de production et évolution du taux de chômage aux Etats-Unis Quand l’écart de production est nul, le taux de chômage existe toujours : il est structurel (les qualifications des chercheurs d’emploi ne sont pas en adéquation avec le marché du travail) ou frictionnel (transition d’un emploi à un autre à un moment donné). Synthèse L’économie est tout d’abord marquée par des tendances longues. Le trend de croissance correspond à la tendance à long terme de la croissance. Il repose sur des mouvements quantitatifs (augmentation de la population, augmentation de la production) et structurels (urbanisation, qualification…). On peut observer deux grandes tendances pour la croissance française que l’on retrouve dans la plupart des pays avancés : la croissance diminue au cours du temps, et la croissance du PIB varie à court terme de façon plus ou moins cyclique avec des phases. La croissance connaît ainsi des phases d’accélération conjoncturelle par rapport au taux moyen de croissance de longue période (expansion), de diminution de la production (on parle de récession pour désigner une période d’au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et de dépression qui désigne une baisse durable de la production). La crise est le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à l’expansion pour déboucher sur une récession. Enfin la reprise désigne le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à la récession ou dépression pour déboucher sur une phase d’expansion. Les économistes déterminent la croissance potentielle de la production d’une économie. Il s’agit de la croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu’il mobilise tous ses facteurs de production (population active, équipement, productivité) sans déclencher de tension. Elle résulte de la combinaison de l’offre des facteurs de production : capital (mesuré par la FBCF), travail (croissance de la population active), et progrès technique (mesuré par la PGF). Les projections de croissance potentielle reposent sur des hypothèses qui reflètent les tendances passées observées, et ne constituent donc pas des prévisions. La croissance effective correspond à la croissance réellement obtenue par le pays. Elle dépend essentiellement des variations de la demande globale qui comprend la consommation finale des ménages et des administrations publiques, l’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et des administrations publiques, les exportations, la variation des stocks. L’écart de production (output gap) représente l’écart entre le niveau réel du PIB et la production potentielle. Lors d’une phase d’expansion, l’écart diminue et peut même s’inverser : la production est temporairement supérieure à son niveau d’équilibre. Dans ce cas, l’inflation est en augmentation, car il y aura des pressions à la hausse sur les coûts de production (en particulier les coûts du travail), ce qui augmente les prix des biens et des services. Inversement, dans les périodes de récession, le PIB croît moins vite que la production potentielle et l’écart augmente, ce qui se traduit par une augmentation du chômage. Une économie qui connaît une production effective durablement inférieure à la croissance potentielle risque de dégrader à long terme son potentiel de croissance (diminution de l’employabilité, fuite des capitaux…). B. Comment explique-t-on les fluctuations économiques ? Document 7 – Sensibilisation – Le krach de 1929 Durant l’ère pré-industrielle, nous étions en sous-production. Les causes des crises étaient souvent extérieures à l’économie (aléas climatiques…). Ainsi en résultait une diminution de la production agricole, un envol des prix et l’impossibilité pour une partie de la population de se nourrir. Les crises modernes, faisant intervenir la surproduction, sont radicalement différentes : il y a un excès de production par rapport aux capacités d’achat du marché, aux besoins solvables. Selon la loi des débouchés, les économistes classiques comme J.B. Say pensaient que chaque offre créait son débouché. La crise de 1929 va être la démonstration du contraire : la demande est insuffisante. Dans les années 1920, le développement d’une production de masse avec le Taylo-Fordisme permet la consommation de masse, un crédit abondant. Taylor met en place l’OST (Organisation Scientifique du Travail) : on divise les tâches de production en une série de gestes très simples qui sont chronométrés et qu’on peut confier à des gens peu qualifiés payés en fonction de leur productivité. En 1929, la Bourse se développe très fortement en même temps que le crédit. Hoover, président américain, déclare même à l’époque : « La prospérité est au coin de la rue. » Les effets de levier, qui désignent le fait de ne payer qu’une infime part d’une action, sont répandus. Mais le phénomène de mimétisme repose sur une asymétrie de l’information : tout le monde fait pareil, imite les grands investisseurs au même moment. On arrive à un point où la valeur en bourse des entreprises n’a plus aucun rapport avec sa valeur réelle. A cette période, on est dans un système d’étalon or : si un pays a un problème de balance commerciale avec un autre, il règle son déséquilibre avec de l’or. La quantité de monnaie en circulation doit être égale à la réserve d’or présente dans les coffres. Pour attirer les capitaux, la Grande-Bretagne augmente donc à ce moment-là son taux d’intérêt directeur. Les personnes qui ont placé de l’argent aux Etats-Unis se ruent ainsi dans le pays en abandonnant leurs actions américaines. On aboutit au krach boursier de 1929 et au « jeudi noir », au « lundi noir »… Le déficit public se creuse, les prix diminuent, le chômage augmente… On entre dans un cercle vicieux, la déflation, soit la baisse cumulative de la production, des revenus et des prix. Cette crise de 1929 met en œuvre le choc de demande négatif, la fin d’un cycle du crédit, la fin d’un cycle de Kondratiev… L’explication par les chocs d’offre et de demande Document 8 – Le tremblement de terre de 2011 au Japon Au Japon, à la suite des tremblements de terre de 2011, il y a un choc d’offre car de nombreuses capacités de production ne sont plus disponibles. Les prix augmentent alors, entrainant la disparition des entreprises les moins compétentes. Avec cette situation, on a en fait un exemple de choc économique, soit une modification imprévue de l’offre et la demande. Ce choc est exogène lorsqu’il est extérieur à l’économie et endogène lorsqu’il résulte des activités des agents économiques d’un pays. On parle de choc asymétrique lorsque un seul ou quelques pays sont touchés et de choc symétrique lorsque l’ensemble d’une zone économique est touchée. Si le choc conduit à l’accélération de la croissance, il est positif (innovation de procédés, fracturation hydraulique…). S’il conduit à son ralentissement, il est négatif. Un choc d’offre représente une variation soudaine de la situation économique des offreurs, en modifiant les conditions de la production, en particulier les coûts de production. Un choc d’offre négatif représente une variation soudaine de la situation économique des offreurs, faisant augmenter les prix et baisser les quantités offertes. Les chocs d’offre négatifs (voir graphique ci-dessous) sont souvent liés aux coûts des matières premières, à des hausses de salaires supérieures aux gains de productivité, à un alourdissement de la fiscalité (par exemple, la France a le taux de marge le plus faible d’Europe), à une hausse des taux d’intérêt. Les chocs d’offre positifs résultent souvent d’innovations de procédés, de gains de productivité. Document 9 – Le choc pétrolier de 1973 (choc d’offre négatif) Le pétrole est un produit peu élastique : c’est une consommation que l’on a beaucoup de mal à remplacer. Le choc pétrolier de 1973 a fait augmenter les coûts de production, disparaître certaines entreprises ; il en a résulté une diminution de l’offre et une augmentation des prix. A ce moment-là, il y a eu à la fois une stagnation de l’économie et de l’inflation, donnant lieu à un nouveau phénomène : la stagflation. Cette dernière désigne le fait qu’il y ait à la fois du chômage et de l’inflation, invalidant par-là la courbe de Phillips. Aussi les salariés veulent-ils conserver leur pouvoir d’achat et demandent-ils une hausse de leurs salaires. D’ailleurs, les salaires ont été indexés sur les prix de la fin des années 1950 aux années 1980. Document 10 – La réunification allemande, un choc de demande positif pour l’ex-RFA La réunification allemande en 1989 a pour conséquence un choc de la demande estallemande : cette dernière augmente fortement. Mais c’est plus une anticipation qu’autre chose. Les entreprises allemandes investissent par la même occasion, ce qui augmente la demande globale. Dans ce choc, le rôle des banques est de prêter de l’argent aux résidents est-allemands – dont la production s’est effondrée –, ce qui accélère l’augmentation de la demande. Comme il y a une offre de travail abondante, les employeurs sont en position de force ; Mais, sur le long terme, avec un certain retard, il y a une augmentation de l’inflation lorsque le taux de chômage diminue. Document 11 – Les conséquences de la récession mondiale en Chine La crise économique en Europe peut être considérée comme un choc exogène pour la Chine car il ne provient pas de l’intérieur de son économie, mais de l’extérieur. La demande extérieure, composante de la demande globale, diminue. Un choc de demande désigne une perturbation de l’économie qui fait suite à une variation soudaine d’une ou plusieurs composantes de la demande globale : niveau des taux d’intérêt, de l’imposition, du pouvoir d’achat… Lors d’un choc de demande négatif (voir graphique cidessous), les quantités échangées et les prix diminuent, tout comme la production. Ainsi, les entreprises demandent moins de travailleurs, faisant apparaître du chômage et une baisse des salaires. Document 12 – Fluctuations économiques et demande globale PIB + importations = CF + FBCF + exportations + VarStock Toutes les ressources trouvent forcément de l’emploi. Ce qui tire souvent la croissance est la consommation finale principalement. Lorsqu’il y a une variation négative des stocks, c’est que les entreprises se débarrassent de ces derniers. Les comportements de stockage et de déstockage sont en fait responsables d’une accélération ou d’un ralentissement de la croissance. La dépense publique, permettant de stimuler la demande, semble représenter un stabilisateur économique. Cependant, on a une détérioration constante du solde commercial. Le diagnostic d’une crise entraine un certain type de politique économique. Les fluctuations de l’économie sont souvent liées aux variations de la demande globale (chocs de demande par exemple). Cependant ce n’est pas la seule cause (chocs d’offre, cycles,…). Document 13 – L’insuffisance de la demande anticipée : cause fondamentale des dépressions Ce qui pousse les entrepreneurs à adopter des comportements mimétiques est l’incertitude du futur. Ils font des estimations, décident du montant de leur production en anticipant la demande car ils n’embaucheront que s’ils pensent pouvoir écouler leur production. En fait, ils se fient à des indicateurs, au « climat des affaires ». J.M. Keynes avance que rien ne garantit que le niveau de production estimé va permettre d’embaucher tous les travailleurs disponibles sur le marché étant donné qu’on peut avoir un équilibre de sous-emploi. Les composantes de la demande globale sont fortement liées aux anticipations. Une dimension psychologique est donc à prendre en compte. Document 14 – Approfondissement – Une analyse marxiste de la crise actuelle Selon l’analyse marxiste de la crise actuelle que fait Patrick Artus, l’origine de cette dernière proviendrait d’une suraccumulation du capital, un excès mondial des capacités de production et une insuffisance de la demande. Au niveau de l’offre, la concurrence est de plus en plus forte, si bien que les prix et les profits diminuent. Aussi, les entreprises « compriment » les salaires et donnent lieu à des emplois précaires… Les ménages s’endettent massivement, faisant augmenter la dette privée. Enfin, les Etats, faute de recettes fiscales, sont donc en déficit public. Si le niveau de la demande ne permet pas le plein emploi, c’est le rôle de l’Etat de stimuler la demande pour que les entrepreneurs embauchent. Avec la crise de 1929, Keynes s’aperçoit en fait que les « mécanismes autorégulateurs du marché » ne fonctionnent pas. Les Etats tentent de remédier à cette situation par la mise en place de politiques non-coopératives de soutien de la demande, c’est-à-dire des politiques uniquement individuelles. Ils doivent trouver des moyens d’augmenter la consommation et les investissements. John Maynard Keynes est notamment l’auteur de la Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie (1936). Selon Karl Marx, toute l’histoire est mue par des conflits entre les classes. Son idée est donc de faire disparaître ces conflits, d’abolir les classes, principalement dominées par la bourgeoisie et le prolétariat. Marx pense que le capitalisme court à sa perte en raison de la baisse tendancielle du taux de profits. Aussi, il avance que les entreprises devraient exploiter davantage de travailleurs qui prendraient finalement conscience de leur soumission et se révolteraient. Document 15 – Approfondissement – Crises et inégalités Il y a un lien entre crise et inégalités. En période de crise, il est étonnant de constater que les inégalités diminuent. Les périodes d’expansion, elles, se traduisent par une augmentation des inégalités. Pour remédier aux chocs pétroliers de 1973 et 1979, on mène dans les années 1980 une politique d’offre pour relancer la rentabilité des entreprises : on comprime les salaires, on assouplit le droit du travail, on diminue l’imposition… A partir des années 1990, on passe d’un capitalisme managérial à un capitalisme actionnarial : l’objectif primordial de l’entreprise devient de créer de la valeur pour les actionnaires – notamment en augmentant les cours de bourse, les dividendes, tout en réduisant les salaires, les coûts de production, en se délocalisant… Pour ce faire, on développe alors les stock option : on intéresse les managers aux résultats en bourse de l’entreprise. L’explication par la théorie des cycles économiques Document 16 – Les cycles économiques Les cycles courts liés à la variation des stocks ont été mis en avant par Joseph Kitchin en 1923. En période d’expansion, elles produisent pour répondre à la demande et améliorer leurs stocks, ce qui gonfle la demande globale et accélère ainsi la croissance. En période de récession, les entreprises diminuent leur production, déstockent et ralentissent ainsi la demande globale tout en affaiblissant la croissance. Spéculer, c’est faire un pari sur l’avenir en anticipant la hausse. Les cycles moyens liés à l’investissement ont été identifiés par Clément Juglar en 1862. En période de croissance, les agents économiques investissent facilement et beaucoup car ils anticipent une augmentation de leurs revenus et de leur patrimoine. Le crédit est abondant, une partie des investissements est spéculative. Il y a une euphorie de l’investissement qui fait que les agents prennent beaucoup de risque. Cela débouche sur un excès d’offre, les profits diminuent. Lorsque le cycle se retourne cependant, les agents économiques freinent brutalement leurs investissements, qui sont une composante essentielle de la demande globale. Aujourd’hui en France, cette composante essentielle est d’ailleurs en panne. A l’époque, l’économiste français cité plus haut déclare : « Les symptômes qui précèdent les crises sont les signes d’une grande prospérité. » Il veut dire par-là que les mécanismes de la prospérité mènent petit à petit à la crise. Les cycles longs liés à l’innovation ont été identifiés par Kondratiev (Les vagues longues de la conjoncture, 1926) et expliqués par Schumpeter. En 1939, Schumpeter unifie l’ensemble des théories des cycles dans son ouvrage Les cycles des affaires. Selon lui, une innovation majeure débouche sur toute une grappe d’innovations qui améliorent l’offre et stimulent la demande : on a là une phase d’expansion de la production et de la masse monétaire caractérisée par un crédit abondant. A la fin de cette dernière, les entreprises sont plus nombreuses, il y a plus de concurrence, l’innovation se tarit, laissant place à une période de récession : l’offre est trop importante, la demande diminue, les prix baissent, des entreprises disparaissent. Néanmoins, l’ensemble de ces analyses sont tombées en désuétude depuis plusieurs dizaines d’années. Dans l’après-guerre, le rôle de l’Etat est devenu plus important : il pilote les investissements, le crédit, se charge en fait d’une planification. Il essaie de contrarier les cycles en menant des politiques keynésiennes, dites contracycliques. A partir des années 1970-80 se développent des variations de stock bien moins importantes que par le passé – rappelons là le principe du zero stock (flux tendus) développé avec le Toyotisme. Aujourd’hui, les cycles seraient donc plutôt liés à la finance, aux mécanismes financiers. Document 17 – Le cycle du crédit En période de croissance économique, les crédits accordés par les banques sont favorisés. Les banques anticipent la hausse des patrimoines et de revenus que permet la croissance. Lorsque les banques se portent bien, les ménages et les entreprises obtiennent facilement les crédits dont ils ont besoin, ce qui soutient l’activité (consommation et investissement). A son tour la hausse de la croissance soutient le crédit. En période d’expansion, le crédit est abondant, les banquent financent des projets spéculatifs, prennent des risques. En période de récession, les banques coupent le robinet du crédit à tout le monde – même aux autres banques – par risque d’insolvabilité et ne peuvent ainsi plus se financer, ralentissant l’économie. Les agents économiques peuvent se financer de manière interne grâce à l’autofinancement ou de manière externe par les financements direct et indirect. Document 18 – Une illustration du cycle du crédit : la crise des subprimes Le paradoxe souligné par l’expression « paradoxe de la tranquillité » désigne le fait que les crises de surendettement se préparent en période de prospérité, lorsque le crédit est abondant et source d’abus. Il y a toujours une asymétrie d’information entre banques et emprunteurs, mais aussi entre ces derniers et les grands investisseurs qu’ils imitent. Mais pour éviter la sélection adverse, on aboutit à la disparition du marché. Le cycle du crédit se caractérise par le fait que les banquent accordent des crédits à des ménages peu solvables tandis que la banque centrale possède des taux d’intérêt directeurs particulièrement faibles. Aussi les ménages consomment-ils davantage, faisant augmenter la demande globale et donc les prix par la même occasion. Pour lutter contre l’inflation, la Banque Centrale augmente tout d’un coup ses taux d’intérêt directeurs. Ce cycle a été identifié par l’économiste américain Irving Fisher concernant tout d’abord la crise de 1929. Fisher a également mis en évidence la déflation par la dette. Pour se désendetter en période de crise, les agents économiques vendent leurs biens, leur patrimoine, créant un excès d’offre et une insuffisance de la demande. Ainsi, on a affaire à une baisse des prix, autrement dit à la déflation. Cependant, ce mécanisme peut s’avérer paradoxal : en cherchant à se désendetter, les agents économiques peuvent se retrouver d’autant plus endettés qu’avant la vente de leurs actifs en pourcentage de leur revenu, car la baisse des prix est plus rapide que le désendettement. « Tant qu’on n’a pas vendu, on n’a pas perdu. » Synthèse L’humanité a de tous temps connu des crises économiques. La crise précapitaliste était typiquement une crise de sous-production agricole par rapport aux besoins physiques ; la crise moderne est fréquemment une crise de surproduction par rapport aux besoins solvables. Selon plusieurs auteurs, la production serait soumise à des cycles. Pour Schumpeter, trois cycles se superposent et expliquent pour l’essentiel l’évolution de la conjoncture : les cycles courts liés au cycle des stocks (cycles Kitchin), les cycles moyens ou « cycles des affaires » liés à l’investissement (Juglar), les cycles longs (Kondratiev), expliqués par les vagues d’innovation puis leur épuisement. Ces cycles sont également liés au comportement des banques qui relâchent leurs conditions pour accorder des crédits en période d’expansion et les restreignent en période de récession, ce qui aggrave la crise (cycle du crédit). Pour Irving Fisher, cet excès d’endettement en période de croissance peut mener à une déflation par la dette en cas de récession : les agents économiques qui se retrouvent fortement endettés vendent leurs actifs financiers pour tenter de rembourser leurs dettes. Mais ces ventes massives font baisser les prix, ce qui accroît finalement la valeur réelle de la dette et nécessite donc de nouvelles ventes d’actifs. D’autres crises peuvent s’expliquer par des causes exogènes ou endogènes, affectant l’offre, la demande ou les deux. Ainsi, les fluctuations économiques de court terme peuvent provenir de chocs de demande ou d’offre, qui peuvent être positifs ou négatifs. Un choc d’offre est une perturbation (catastrophe naturelle, variation importante des prix…) qui affecte les capacités de production de l’économie. Un choc de demande est un événement qui affecte le niveau de la demande à court terme (variation du niveau de consommation finale, d’investissement ou de la demande extérieure). Or le niveau de la demande est un élément central pour Keynes, car si la demande anticipée par les entrepreneurs est insuffisante, le niveau de production ne permettra pas le plein-emploi. C. Comment gère-t-on les fluctuations économiques ? Document 19 – Les politiques keynésiennes de relance Politique budgétaire et politique monétaire sont toutes deux des politiques conjoncturelles. La politique budgétaire consiste à utiliser le budget de l’Etat (ses dépenses : investissements, prestations sociales ; ses recettes : plus ou moins d’impôts…) pour agir sur l’activité économique. La politique législative consiste à influencer l’activité économique en modifiant la législation (SMIC…). La politique monétaire consiste, pour l’Etat ou les Banques Centrales, à influencer l’activité économique en jouant sur la masse monétaire. Il y a un « après » et un « avant » 1929 car avant 1929 l’Etat occupait plutôt sa fonction de gendarme (avec les fonctions régaliennes) tandis qu’après il est devenu providence. En fait, il était déjà interventionniste avant 1929, mais pas keynésien. Une politique économique contracyclique consiste à tenter d’atténuer les effets des cycles. En période de récession, on pratique une politique expansionniste, dite de relance, en augmentant les dépenses publiques et la masse monétaire. En période d’expansion, on fait l’inverse avec la politique restrictive : on diminue les dépenses publiques et la masse monétaire. Durant les Trente Glorieuses, ces deux politiques ont longtemps été utilisées en alternance, formant ce qu’on appelle le stop and go. En période de crise, le budget de l’Etat augmente automatiquement pour indemniser les chômeurs, ce qui gonfle la demande globale et stabilise l’économie. Mais cette action passe par un déficit budgétaire et donc un endettement supplémentaire. Le multiplicateur keynésien est alors particulièrement utile, bien qu’il le soit également avec des politiques de rigueur. Activité – Animation sur le multiplicateur La propension à consommer désigne la part de leur revenu que les ménages sont prêts à consommer. L’effet multiplicateur désigne la variation de la production et des revenus qui résulte de la variation de l’investissement d’environ 1 euro – du déficit public dans le cas d’une relance keynésienne. Il permet en fait d’observer l’impact sur la production d’une augmentation de l’investissement. Dans une économie ouverte, plus on consomme de produits importés, plus l’effet multiplicateur bénéficie à nos voisins. Document 20 – Les Trente Piteuses et la remise en cause du keynésianisme Entre les années 1970 et 1990 en France, la croissance a subi un ralentissement et le taux de chômage a doublé. Dans les années 1970, l’inflation est particulièrement soutenue. La crise des années 1970 et celle de 1929 ne sont pas du même type puisque en 1929, on a un choc de demande négatif qui provoque du chômage et de la déflation alors qu’en 1973, c’est un choc d’offre négatif qui provoque lui aussi un chômage de masse mais de l’inflation, contrairement à l’autre. Ainsi, les deux appellent une réponse différente. Le pétrole est un produit peu élastique car c’est une consommation que l’on a beaucoup de mal remplacer : il est indispensable à court terme. Dans les années 1970, les ménages ont donc dû, à la suite des chocs pétroliers, diminuer d’autres consommations cependant que les entreprises ont dû augmenter leurs coûts de production et diminuer leur taux de marge. Il faut alors restaurer la compétitivité des entreprises. En 1981-82, le gouvernement Mitterrand décide d’une grande relance keynésienne totalement inadaptée à une politique d’offre. Il se heurte à la contrainte extérieure, provoquant une fuite des capitaux, de l’inflation, un déficit de la balance commerciale, une dégradation du taux de change, un creusement du déficit budgétaire et donc de l’endettement. L’échec est profond. En 1983, on change radicalement de méthode en menant une politique de rigueur : on augmente les taux d’intérêt directeurs, on diminue le déficit budgétaire et la dette en baissant les dépenses publiques, on désindexe les salaires des prix. Aussi cherche-t-on à faire reculer le poids de l’Etat dans l’économie en faisant baisser les prélèvements obligatoires, privatisant des entreprises publiques. On libéralise l’accès aux marchés financiers, on développe l’emploi atypique et le capitalisme actionnarial. Le théorème de Schmidt selon lequel « les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain » est un symbole de la politique d’offre. La désinflation compétitive fait partie de cette dernière : on cherche à faire baisser l’inflation pour faire également baisser les coûts de production et donc relancer la compétitivité des entreprises. Document 21 – Programmes de relance budgétaire face à la crise contemporaine Face au choc de demande négatif de 2007-2008, les politiques de relance keynésienne reprennent de partout en même temps : on baisse les impôts, on augmente les prestations sociales et les subventions. On cherche à stimuler une nouvelle fois la demande globale en menant une politique contracyclique. Les effets de la récession sont ainsi atténués, mais il y a d’un autre côté un creusement du déficit public et donc de la dette. Sur les quatre trimestres de 2009 en France, cette politique s’est constamment avérée efficace, le PIB réalisé creusant à chaque fois un peu plus l’écart le séparant du PIB hors soutien budgétaire. Il y a des politiques keynésiennes plus ou moins efficaces selon les moyens employés. Par exemple, l’augmentation des prestations sociales fonctionne mieux que la baisse des impôts sur le revenu – qui ne sont payés qu’à 50% en France, car les ménages à faibles revenus ont une faible propension à consommer. Document 22 – Banques centrales et politiques monétaires Pour agir sur les fluctuations économiques, la banque centrale dispose de trois outils. En plus des taux d’intérêt directeurs, les réserves obligatoires obligent les banquent commerciales d’avoir des réserves d’argent en monnaie centrale sur leur compte à la banque centrale. L’open market consiste pour la banque centrale à acheter des titres financiers aux banques commerciales pour permettre à ces dernières de se refinancer. Certaines politiques, dites non conventionnelles comme l’assouplissement quantitatif (quantitative easing en anglais) permettent aux banques centrales de racheter massivement des titres de la dette publique. C’est une action particulièrement répandue au Japon, aux EtatsUnis, au Royaume-Uni mais pas en France car elle est interdite par les traités de l’Union Européenne. Pourtant, au début des années 2010, l’annonce que la banque centrale européenne a faite de racheter autant qu’il le faudrait la dette publique a suscité un soulagement des taux d’intérêt dans les pays les plus endettés, garantissant le fait qu’ils ne deviendraient pas insolvables dans le futur. Les monétaristes comme Milton Friedman pensent que le meilleur outil contre l’inflation est la politique monétaire. Pourtant, bien que les banques disposent de beaucoup de liquidités, la courroie de transmission à l’économie réelle est aujourd’hui bloquée. Les banques créent donc des bulles spéculatives sur certains actifs en utilisant en fait leurs liquidités pour effectuer des placements. Document 23 – Les politiques structurelles Une politique structurelle vise à agir à long terme sur les caractéristiques fondamentales de l’économie. Une politique conjoncturelle vise à agir à court terme sur l’activité économique en fonction de la position dans les cycles économiques. Tandis qu’une politique structurelle cherche à augmenter la croissance potentielle, la politique conjoncturelle a pour but de rapprocher le plus possible la croissance réelle de la croissance potentielle. Document 24 – Les contraintes induites par l’Union économique et monétaire et la mondialisation Aujourd’hui, les Etats n’ont plus aucun moyen d’agir sur la monnaie, ne peuvent plus dévaluer cette dernière. Dans l’Union Européenne, les politiques budgétaires sont limitées pour imposer une stabilité à l’euro, éviter qu’un pays diverge et qu’on ne puisse pas adopter une politique monétaire commune. Un déficit public supérieur à 3% du PIB et une dette publique supérieure à 60% du PIB sont donc interdits dans le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC). Les politiques keynésiennes peuvent se révéler nuisibles lorsqu’elles sont menées à contrecourant, comme lors de la relance Mauroy dans les années 1980. Il est ainsi très difficile de gérer les fluctuations économiques et d’avoir des politiques conjoncturelles efficaces, si bien que les chocs de demande peuvent se prolonger durablement. On observe en fait une contradiction entre politique monétaire très expansionniste et politique budgétaire particulièrement restrictive. Document 25 – Approfondissement – Limites et dangers des politiques monétaires expansionnistes Les politiques monétaires devraient rester durablement expansionnistes afin de relancer la demande globale qui reste toujours en panne. Cependant, il y aurait des effets pervers. En effet, les limites des politiques monétaires expansionnistes sont la création de bulles spéculatives, la baisse de la valeur des obligations détenues par les investisseurs institutionnels si les taux d’intérêt augmentent, une distorsion des choix d’investissement – comme avec Patrick Drahi, patron de SFR. Pour réguler les banques, l’Union Européenne a mis récemment en place un stress test qui permet d’examiner la réaction des banques commerciales dans l’éventualité selon laquelle elles se retrouveraient face à une crise financière. Document 26 – Trois mécanismes à l’œuvre dans une spirale déflationniste La déflation peut être définie comme un cercle vicieux incluant une baisse durable et cumulative des revenus, des prix et de la production. Elle peut se produire à la suite d’un choc de demande négatif. Lors d’un choc de demande négatif, les ménages reportent leurs achats de biens durables car ils anticipent une baisse des prix, des revenus et de leur patrimoine, tout comme les entreprises qui revoient leur production à la baisse et écoulent par la même occasion leurs stocks. Dans l’ensemble, il y a une chute de la FBCF et la consommation finale, moteurs de la demande globale. Les banques peuvent également contribuer à la déflation lors d’un resserrement du crédit (credit cruch) étant donné qu’elles ne prêtent plus. Aussi les banques centrales ont-elles une marge de manœuvre extrêmement restreinte car elles ne peuvent pas baisser les taux indéfiniment, paralysant ainsi la politique monétaire. La déflation peut enfin arriver par la dette, comme nous l’avons vu dans un document précédent. Taux d’intérêt réel = taux d’intérêt nominal - inflation Document 27 – Le risque déflationniste La déflation peut être transmise à d’autres pays par le commerce extérieur, l’un des moteurs de la demande globale, ou par les salaires lorsque la compétitivité d’un pays augmente. L’inflation dans la zone euro est aujourd’hui très faible car les politiques budgétaires restrictives diminuent la demande globale. Synthèse Pour les économistes classiques, les crises sont des mécanismes autorégulateurs du marché. Elles sont donc nécessaires au système capitaliste et l’Etat ne devrait pas intervenir pour tenter de les réguler. Cependant, depuis la crise de 1929, l’Etat s’est progressivement imposé comme un acteur économique majeur. Pour lutter contre les effets des fluctuations économiques, il peut mener des politiques contracycliques visant à rapprocher la croissance effective de la croissance potentielle et à réaliser les objectifs du carré magique de Kaldor (stabilité des prix, croissance, faible chômage, excédent extérieur, ces objectifs pouvant cependant être contradictoires). La politique conjoncturelle combine une action de politique budgétaire et de politique monétaire. En cas de récession, l’Etat peut mener une politique de relance budgétaire (qui s’appuie sur l’effet multiplicateur de Keynes : un euro supplémentaire de dépenses publiques provoque une augmentation du PIB supérieure à cet effort initial), ainsi qu’une politique monétaire expansionniste, qui vise à faciliter le crédit aux agents économiques. La banque centrale peut baisser son taux d’intérêt directeur, ou élargir sa politique d’achat de créances. Inversement, la puissance publique peut mener une politique de restriction budgétaire et monétaire en cas de tensions inflationnistes. L’efficacité de la régulation a été contestée : une part importante des revenus supplémentaires peut être épargnée ou financer l’achet de produits importés (contrainte extérieure). Les années 1970 ont ainsi vu la coexistence du chômage et de l’inflation (stagflation). Depuis les années 1980, les pays développés ont mis en œuvre des politiques de désinflation compétitive d’inspiration libérale. Les politiques budgétaires et monétaires des pays de la zone euro ont aujourd’hui de faibles marges de manœuvre. La politique budgétaire est encadrée par le Pacte de Stabilité et de Croissance (PSC) qui limite les déficits publics à 3% du PIB et la dette publique à 60% du PIB. Le budget européen reste quant à lui trop faible pour envisager une politique budgétaire supranationale. La politique monétaire est contrainte par la priorité à la lutte contre l’inflation et la par la difficulté à mener une politique commune pour des pays connaissant des situations différentes. La zone euro court un risque de déflation, car les politiques d’austérité ont aggravé la récession. Si celle-ci peut permettre une baisse des coûts de production, elle risque de générer un cercle vicieux déflationniste. A plus long terme, l’Etat peut mener des politiques structurelles, qui cherchent à augmenter la croissance potentielle.