Chapitre 1 : Economie – Croissance, fluctuations et crises Comment expliquer l'instabilité de la croissance ? Thème 1.2 Comment expliquer l'instabilité de la croissance ? Notions Indications complémentaires Fluctuations économiques, crise économique, désinflation, dépression, déflation. L'observation des fluctuations économiques permettra de mettre l'accent sur la variabilité de la croissance et sur l'existence de périodes de crise. On présentera les idées directrices des principaux schémas explicatifs des fluctuations (chocs d'offre et de demande, cycle du crédit), en insistant notamment sur les liens avec la demande globale. On analysera les mécanismes cumulatifs susceptibles d'engendrer déflation et dépression économique et leurs conséquences sur le chômage de masse. Acquis de première : inflation, chômage, demande globale (relire le chap. Régulations et déséquilibres) Définitions des notions : – Fluctuations économiques : Ensemble des variations du rythme de la croissance économique. Ensemble des mouvements d'accélération ou de ralentissement de la croissance. Les fluctuations économiques peuvent se présenter à court, moyen et long terme. – Crise économique : Processus de retournement de l'activité économique qui entraîne le ralentissement de la croissance économique. – Désinflation : C'est un ralentissement de la hausse des prix. Le taux d'inflation baisse tout en restant strictement positif. – Dépression : Baisse forte et durable de la production ou le taux de croissance devient inférieur à 0 – Déflation : Processus général et durable de baisse des prix, des revenus et de la production. A – L'activité économique est soumise à d'importantes fluctuations • Sur le long terme, le PIB augmente tous les ans (on produit chaque année un peu plus), mais à court terme on peut observer de petites crises. Depuis 1975, la croissance a tendance à ralentir. Ceci est due à des mouvements quantitatifs (hausse de la population, des stocks et ou du capital) mais aussi à des phénomènes de fond (urbanisation, tertiarisation, …). La croissance augmente donc sur le long terme quant à court terme on peut observer des fluctuations des production, des prix, de l'emploi, … Le PIB varie à court terme de façon plus ou moins cyclique. • Une période de croissance (comme les Trente glorieuses) est une période d'augmentation durable de la production de biens et de services. Une crise est un mécanisme qui entraîne la diminution ou le ralentissement de la croissance. Une récession correspond à une diminution du PIB. Un dépression (crise de 29) est une période au cours de laquelle le taux de croissance devient négatif. Une expansion est une accélération de la croissance. Ces mécanismes correspondent à des fluctuations économiques • La croissance potentielle est la croissance maximale que peut obtenir un pays s'il mobilise tous ses facteurs de production (capital, travail, progrès technique) et ce sans créer de tensions dans l'économie (exemple : si les machines sont utilisées au maximum de leur capacité, la productivité baisse car les machines sont alors soumises aux pannes, à la casse. Il existe aussi des tensions par rapport au travailleurs. Ce sont les rendements décroissants). La courbe de Phillips désigne le fait que si le taux de chômage est élevé, les employeurs sont en position de force ce qui entraîne une faible inflation. En revanche, si le taux de chômage est faible, ce sont les salariés qui sont en position de force (ils peuvent alors demander des augmentations par exemple) ce qui entraîne une inflation. La croissance effective désigne la croissance effectivement constatée dans l'économie. • L'offre potentielle de production est déterminée par : - le facteur travail, -le facteur capital et -le progrès technique. • La croissance effective dépend de la fluctuation de la demande globale elle-même constituée de la consommation finale des ménage et des APU, de la FBCF, des exportations et de la variations des stocks. • La croissance économique des pays émergeant dépend des investissement du capital fixe car ayant moins de capital, leurs rendements sont plus faiblement décroissants. Elle dépend aussi du passage à une économie moins étatisée (passage d'emplois improductif à des emplois productif). La croissance économique des pays développés repose surtout sur le progrès technique (qui permet de surpasser la loi des rendements décroissants et la croissance démographique faiblarde). • Si la croissance effective dépasse durablement la croissance potentielle cela engendre des tensions inflationnistes. Si la croissance effective est durablement inférieure à la croissance potentielle, cela signifie que la demande globale est trop faible et que donc on n'utilise pas toutes nos capacités de production. Cela se traduit par du chômage et si la situation persiste, par une baisse de la croissance potentielle due à un manque d'expérience des travailleurs et à des investissements insuffisants. • Le paradoxe de Solow désigne le fait que le progrès technique se diffuse sans effet sur la croissance. Il est donc important d'investir dans tous les capitaux et notamment dans le capital humain lors de progrès technique pour permettre aux hommes de savoir tirer le progrès technique à leur avantage (exemple de l'informatique). La croissance potentielle dépend donc des investissements. • Quand l'écart de production augmente, le taux de chômage diminue. Quand l'écart de production diminue, le taux de chômage augmente. Quand l'écart de production est nul, le taux de chômage tend vers 6%. Même lorsqu'on emploi toutes les capacités de production, il y a toujours du chômage et ce à cause du -chômage structurel : les individus au chômage possèdent des qualifications qui ne sont pas en adéquation avec les besoins du marché du travail. -Chômage frictionnel : Chômage de transition à un instant t. Il y a forcément des gens en transit d'un emploi à un autre. Plus le marché est rigide et plus les temps de transition seront longs. • Dans l'ère pré-industrielle, les crises sont dues à des événements externes à l'économie. Ceci entraînait une baisse de la production agricole donc une baisse de l'offre qui s'accompagnait mécaniquement par l'augmentation des prix. C'est une crise de sous-production par rapport aux besoins physique. La crise moderne est une crise de surproduction par rapport aux besoins solvables. D'après les économistes classiques, l'offre créer sa propre demande (loi des débouchés par JB Say). La crise de 29 va prouver l'inverse. Synthèse L’économie est tout d’abord marqué par des tendances longues. Le trend de croissance correspond à la tendance à long terme de la croissance. Il repose sur des mouvements quantitatifs (augmentation de la population, augmentation de la production) et structurels (urbanisation, qualification,…). On peut observer deux grandes tendances pour la croissance française que l’on retrouve dans la plupart des pays avancés : la croissance baisse au cours du temps, et la croissance du PIB varie à court terme de façon plus ou moins cycliques avec des phases. La croissance connait ainsi des phases d’accélération conjoncturelle par rapport au taux moyen de croissance de longue période (expansion), de diminution de la production (on parle de récession pour désigner une période d’au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB, et de dépression qui désigne une baisse durable de la production). La crise est le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à l’expansion pour déboucher sur une récession. Enfin la reprise désigne le moment de retournement de la tendance de l’activité économique qui met fin à la récession ou dépression pour déboucher sur une phase d’expansion. Les économistes déterminent la croissance potentielle de la production d’une économie. Il s’agit de la croissance maximale que peut obtenir un pays lorsqu’il mobilise tous ses facteurs de production (population active, équipement, productivité) sans déclencher de l’inflation. Elle résulte de la combinaison de l'offre des facteurs de production : capital (mesuré par la FBCF), travail (croissance de la population active) et progrès technique (mesuré par la productivité globale des facteurs). Les projections de croissance potentielle reposent sur des hypothèses qui reflètent les tendances passées observées, et ne constituent donc pas des prévisions. La croissance effective correspond à la croissance réellement obtenue par le pays. Elle dépend essentiellement des variations de la demande globale qui comprend la consommation finale des ménages et des administrations, l’investissement en capital fixe des entreprises, des ménages et des administrations publiques, les exportations, et la variation des stocks. L’écart de production (output gap) représente l’écart entre le niveau réel du PIB et la production potentielle. Lors d'une phase d'expansion, l'écart diminue, et peut même s'inverser : la production est temporairement supérieure à son niveau d’équilibre. Dans ce cas, l’inflation est en augmentation, car il y aura des pressions à la hausse sur les coûts de production (en particulier les coûts du travail) ce qui augmente les prix des biens et des services. Inversement, dans les périodes de récession, le PIB croît moins vite que la production potentielle et l’écart augmente, ce qui se traduit par une augmentation du chômage. Une économie qui connait une production effective durablement inférieure à la croissance potentielle risque de dégrader à long terme son potentiel de croissance (diminution de l’employabilité, fuite des capitaux,…). B – Comment explique-t-on les fluctuations économiques ? • Le taylorisme est l'organisation scientifique du travail. C'est-à-dire que l'on va diviser les tâches de production en une série de gestes très simples que l'on peut confier à des ouvriers spécialisés. Le taylo-fordisme, le taux de chômage très faible, et une phase d'expansion très rapide entraîne dans les années 1920 une consommation de masse appuyée par le crédit aux États-Unis. • La bulle spéculative de 1929 est due à un très fort développement de la bourse qui se développe en ayant recourt au crédit. Ainsi l'achat d'une action se fait par endettement et cette période connaît des effets de levier très importants. Les comportement de mimétismes (dus à une asymétrie de l'information) font que les cours de bourse s'envolent cependant arrive un moment de déconnexion ou la valeur en bourse d'une entreprise n'a plus aucun rapport avec sa valeur réelle. A un moment ou à un autre, la bulle éclate et entraîne une crise. Dans le cas des Etats Unis, c'est la hausse des taux d’intérêts de la Grande Bretagne qui entraîne l'explosion de cette bulle les investisseurs revendant donc tous leurs actions américaines pour investir en Grande Bretagne. Le nombre de chômeur explose, le solde budgétaire se creuse, les productions et les prix chutent ce qui entraîne la spirale de la déflation. • La crise de 29 est un démenti à la loi de Say mettant en œuvre un choc de demande négatif, la fin d'un cycle de crédit et la fin d'un cylcle Kondratieff. • Un choc économique est une modification imprévue d l'offre ou de la demande. Celui-ci peut-être : endogène, exogène, asymétrique, symétrique, d'offre, de demande, positif, négatif. Un choc d'offre est une variation soudaine et imprévue de la situation économique des offreurs. Un choc de demande est une perturbation de l'activité économique qui fait suite à une variation soudaine d'une ou de plusieurs des composantes de la demande globale. Un choc est endogène lorsqu'il résulte des décisions des agents économiques d'un pays. Il est exogène lorsqu'il est du à un phénomène extérieur. Un choc est asymétrique lorsqu'un ou un petit nombre de pays sont touchés et est symétrique lorsqu'il touche de nombreux pays. Un choc positif conduit à l'accélération de la croissance quant un choc négatif au contraire conduit à la diminution de la croissance qui devient alors inférieure à la croissance potentielle. ( exemple : la liquidation d'entreprises suite au tremblement de terre du Japon a entraîné un choc d'offre négatif, exogène et asymétrique). • Les chocs d'offres sont liés : -au coût des matières premières, -au rapport entre la hausse des salaires et les gains de productivité, -à l'alourdissement ou à l'allégement des fiscalités, -à la hausse ou la baisse des taux d'intérêts. Les chocs d'offre positif sont aussi dus à des innovations ( de procédés : fordisme, taylorisme, …), à une hausse de la production ou à un choc de production. • Le pétrole est un produit peu élastique : il ne réagit pas aux variations des prix. En 1973, le prix du pétrole a fortement augmenté ce qui a entraîner une augmentation des coûts de productions, une élimination des entreprises les plus faibles, une baisse de l'offre et une hausse des prix. On entre en stagflation : l'économie stagne et il y a de l'inflation (alors que la croissance effective est inférieure à la croissance potentielle). La courbe ne Phillips ne s'applique plus puisqu'il y a chômage et inflation. L'indexation des salaires sur les prix participe aussi à l'augmentation des prix faisant augmenter les coûts de production. • La réunification allemande est un exemple de choc de demande positif. Après la réunification, les entreprises anticipent une hausse de la consommation et donc produisent et investissent plus ce qui soutient la demande globale. Les banques quant à elles anticipent la hausse des revenus des ex allemands de l'est et accordent donc des crédit ce qui accélère l'augmentation de la demande. On a donc un choc de demande positif : la demande augmentant, les quantités échangés augmentent et les prix augmentent aussi. Toutefois, l'inflation arrive avec un certain retard dû au fait que dans un premier temps, les allemands de l'est ne sont pas en position de force sur le marché. Ce n'est qu'une fois en position de force que l'inflation arrive due à la hausse des salaires. • La crise européenne a causé une crise de le demande extérieure en Chine. La chute de la demande extérieure en Chine a causé un choc de demande négatif et exogène. La baisse de la demande chinois a entraîné une baisse de la production, des salaires et une hausse du chômage. • Les chocs de demande dépendent des prix, du pouvoir d'achat, du niveau des taux d'intérêts et des dépenses publiques. Par exemple, si l'Etat fait une relance, on a un choc de la Demande positif. • PIB + importations = Consommations finales + FBCF + Exportations + Variation des stocks - Les Investissements jouent un rôle dans la variation du PIB à cause de leur effet multiplicateur et amplificateur qui permettent d' entraîner une surréaction. - La consommation des ménages est ce qui tire la croissance. - Le comportement des entreprises vis à vis des stocks accélère ou décélère la croissance - Le solde commerciale s'il se détériore décélère la croissance et inversement s'il s'améliore. Lorsqu'il y a choc de demande, il faut mener une politique qui stimule la demande et donc augmenter les dépenses publiques. Celles-ci ont un effet stabilisateur sur l'économie. • Les entrepreneurs se fondent sur une agrégation d'opinions pour trouver le bon niveau de production qui va répondre à la demande future. Les entrepreneurs essaient d'anticiper la demande future pour trouver le bon niveau d'emploi, de stocks et d'investissements. Cependant Keynes parle d'équilibre de sous-emploi lorsqu'il y a un équilibre entre l'offre et la demande mais que tous les travailleurs ne sont pas utilisés. C'est le rôle de l’État d'essayer d'augmenter la demande de façon à atteindre le plein-emploi. Les classiques pensaient qu'avec la loi des débouchés, en laissant faire les marchés on arriverait au plein-emploi. Cependant Keynes constate avec la crise de 29 que les mécanismes supposés de régulation du marché ne permettent pas de faire baisser le taux de chômage. Il dit donc qu'il faut soutenir la demande et ce particulier en période de récession (hausse des dépenses publiques). • Dans la demande globale, plusieurs composantes sont liées aux estimations des entrepreneurs. Il y a donc un dimension psychologique dans les investissements, les consommations des ménages, … • Pour Patrick Artus, Marx pensait que le capitalisme courrait à sa perte à cause de la baisse tendancielle du taux de profit. Les entreprises faisant de moins en moins de profit exploitent de plus en plus les travailleurs qui à terme vont se révolter ce qui aboutira toujours selon Marx à la fin de la lutte des classe. Artus constate que les entreprises, avec la diminution de leurs profits compriment les salaires (emplois atypiques, salaires qui n'augmentent pas, …). Cela conduit donc à un endettement massif des ménages qui font recours au crédit. Ceci entraîne une très forte hausse de la dette privée ce qui entraîne une hausse des dépenses publiques et donc une hausse du déficit public et de la dette publique. Les pays vont alors essayer d'apporter des réponses individuelles et quelque part déloyales pour augmenter leur croissance (Irelande qui baisse son taux d'imposition par exemple). De plus, les banques centrales inondent les marchés de liquidités pour relancer la croissance ce qui aboutit à la formation de bulles spéculatives. • Lors de périodes de crises, les inégalités diminuent car les riches s'appauvrissent. On peut donc voir une relation entre crise et inégalités car avant la crise (en période d'expansion), les inégalités augmentent fortement ce qui participe au déclenchement de la crise. • Pour limiter la crise de 29, on mène une politique d'offre, c'est-à-dire qu'il faut améliorer l'offre en restaurant la compétitivité des entreprises. Cela se fait en comprimant les salaires, en assouplissant le code du travail, en baissant le taux d'imposition, … • Dans les entreprises, il y a un changement de méthode de gouvernance : on passe du capitalisme managériale au capitalisme actionnariale. L'objectif principal de l'entreprise devient alors de créer de la valeur pour l'actionnaire en augmentant les cours de la bourse et les dividendes. Les actionnaires reçoivent une plus grande part de l'EBE et donc on comprime d'autres domaines comme les investissements. On peut aussi avoir recours à la délocalisation. Les actionnaires vont intéresser les managers avec des stock-options (=action à un prix préférentiel qu'on peu exercer dans un délai déterminé). • Il existe trois cycles : ◦ Les cycles courts d'une durée de 3 à 4 ans. Ceux-ci ont été identifiés par Joseph Kitchin (en 1923) qui les a relié à la variation des stocks (le comportement d'une entreprise face à ses stocks peut accélérer ou diminuer la croissance). ◦ Les cycles moyens d'une durée de 8 à 9 ans. Ceux ont été identifiés par Clement Juglar (1862) et ont été reliés aux investissements. ◦ Les cycles longs d'une durée de 40 à 60 ans reliés aux cycles de Kondratieff. Schumpeter expliquait les cycles de Kondratieff par les innovations. Schumpeter a unifié la théorie des cycles dans le cycle des affaires. Pour lui, les 3 cycles se superposent et expliquent les fluctuations de la croissance. Selon lui, les crises les plus graves sont dues au retournement des trois cycles comme ce fut le cas pour la crise de 29 par exemple. Le cycle des investissements de Juglar est lié au comportement d'investissement des agents économiques : « Les symptômes qui précèdent les crises sont ceux d'une grande prospérité ». Les crises sont donc des phénomènes endogène au capitalisme qui se préparent en période de prospérité. En effet, dans ces périodes, les agents économiques anticipant l'augmentation de leurs revenus investissent très facilement et spéculent même. Du coup il y a surinvestissement et création de bulles spéculatives dans l'économie. Les agents prennent trop de risques et stoppent leurs investissements lorsque les cycles se retournent. Il y a alors liquidation. A partir des 30 glorieuses, ces analyses sont perdues de vue. En effet, avec le toyotisme, les variations de stocks sont beaucoup moins importantes faisant disparaître les cycles courts. De même, l'intervention de l'Etat qui pilote les investissements en menant par exemple des relances keynesienne combat les cycles moyens. Toutefois ces cycles réapparaissent en finance avec les cycles de crises financières. On pense désormais que le progrès technique arrive en continu et non plus en grappe comme pour Schumpeter ce qui invalide la théorie des cycles longs. • En période d'expansion le crédit est abondant ce qui stimule la demande globale. Petit à petit, les banques prennent de plus en plus de risques prêtant facilement à des agents qui spéculent sur la croissance. En 2007, des ménages sont endettés de façon plus importante que leur RDB (ils ne sont donc plus solvables) à cause de ces crédits faciles ce qui entraîne la crise des subprimes. En 2007, les banques accordent très facilement des créances se fiant à l'augmentation possible des revenus. En prêtant petit-à-petit à des clients non solvables à taux d'intérêt faibles, la future crise se prépare avec la création de bulles spéculatives qui entraînent une inflation et donc une hausse des taux d'intérêts. Les cycles se retournent donc, les banques ont recours au crédit crunch (pour éviter la sélection adverse, n'accordent plus de crédit) et le marché s'effondre. Cette analyse sur le crédit est due à l'américain Irving Fisher qui se fonde sur la crise de 29 due à deux mécanismes : le cycle du crédit et la déflation par la dette. Les ménages très endettés au moment de la crise vont chercher à se désendetter en vendant leurs actifs mais vont paradoxalement s'endetter encore plus. L'agent peut en effet, à cause de mécanismes déflationnistes, se retrouver plus endetter en pourcentage de son revenu qu'avant la vente de ses actifs. • Il y a trois façons possibles pour une entreprise de se financer : -l'autofinancement, -le financement direct (l'entreprise émet des titres ou des actions) et -le financement indirect (l'entreprise passe par l'intermédiaire d'une banque qui va leur faire crédit). Synthèse L’humanité a de tous temps connu des crises économiques. La crise précapitaliste était typiquement une crise de sous-production agricole par rapport aux besoins physiques ; la crise moderne est fréquemment une crise de surproduction par rapport aux besoins solvables. Selon plusieurs auteurs, la production serait soumise à des cycles. Pour Schumpeter, trois cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'évolution de la conjoncture : les cycles courts lié au cycle des stocks (cycles Kitchin), les cycles moyens ou « cycle des affaires » liés à l’investissement (Juglar), les cycles longs (Kondratiev), expliqués par les vagues d’innovation puis leur épuisement. Ces cycles sont également liés au comportement des banques qui relâchent leurs conditions pour accorder des crédits en période d’expansion et les restreignent en période de récession, ce qui aggrave la crise (cycle du crédit). Pour Irving Fisher, cet excès d’endettement en période de croissance peut mener à une déflation par la dette en cas de récession : les agents économiques qui se retrouvent fortement endettés vendent leurs actifs financiers pour tenter de rembourser leurs dettes. Mais ces ventes massives font baisser les prix, ce qui accroît finalement la valeur réelle de la dette et nécessite donc de nouvelles ventes d'actifs. D’autres crises peuvent s’expliquer par des causes exogènes ou endogènes, affectant l’offre, la demande ou les deux. Ainsi, les fluctuations économiques de court terme peuvent provenir de chocs de demande ou d’offre, qui peuvent être positifs ou négatifs. Un choc d’offre est une perturbation (catastrophe naturelle, variation importante des prix,…) qui affecte les capacités de production de l’économie. Un choc de demande est un événement qui affecte le niveau de la demande globale à court terme (variation du niveau de consommation finale, d’investissement ou de la demande extérieure). Or le niveau de la demande est un élément central pour Keynes, car si la demande anticipée par les entrepreneurs est insuffisante, le niveau de production ne permettra pas le plein-emploi. C – Comment gère-t-on les fluctuations économiques ? • La politique conjoncturelle est une politique qui a une action à court terme dont le but est de rapprocher le PIB effectif du PIB potentiel. Pour cela, il existe deux outils : la politique monétaire gérée par la banque centrale qui agit sur ses taux d'intérêts et la politique budgétaire gérée par l'Etat qui va faire varier les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires. • La politique structurelle est une politique qui a une action à long terme dont le but est d'élever le niveau du PIB potentiel. Pour cela, l’État va avoir recours au renforcement de l’efficacité des facteurs de production et à l'accroissement de la quantité de facteurs de productions mobilisés ce qui va aboutir à des dépenses dans l'éducation, des innovations technologiques et une amélioration des infrastructures publiques. • Il y a un avant et un après 29 : avant 29 l’État est un État gendarme assurant seulement des fonctions régaliennes et ne menant donc pas de politiques budgétaires. Il n'intervient que peu dans l'économie. Après 29, l’État intervient beaucoup plus dans l'économie et devient un État providence. • L’État mène des politiques contra-cycliques pour lutter contre les effet des cycles économiques. Pour cela, il mène en période de récession des politiques expansionnistes (hausse de la masse monétaire et des dépenses publiques) et en périodes de croissance des politiques restrictives pour casser l'inflation. A partir des années 30, ces politiques s’enchaînent : c'est le « Stop and go ». En période de récession, la hausse des dépenses publiques bien qu'elle atténue les effets de la récession creuse le déficit public et entraîne un endettement. L'effet multiplicateur est l'effet sur la production d'une variation de l'investissement et est surtout utilisé lors de politique de relance mais fonctionne aussi lors de politiques de rigueur. Cependant, lorsque l'économie est ouverte, la propension à importer peut diminuer l'effet multiplicateur. • La crise de 29 est due à un choc de demande négatif qui a amené à une dépression, au chômage de masse et à une déflation. En 1974, on a un choc de demande négatif qui emmène une récession, le chômage de masse et de l'inflation. Ces deux crises ont donc des origines différentes et leurs solutions devraient l'être aussi cependant en 81 Mitterand mène une grande relance Keynésienne inadaptée dans le contexte d'une crise d'offre. De plus, la relance se heurte à la contrainte extérieure profitant surtout à nos voisins. On se retrouve donc avec l'inflation, la fuite des capitaux, le déséquilibre de la balance commerciale et la baisse du taux de change. En 1993, on change de politique et on adopte une politique d'offre. On cherche à lutter contre l'inflation le déficit budgétaire et l'endettement. Pour lutter contre l'inflation, l'Etat va supprimer l'indexation des salaires sur les prix. On va également mener une politique de privatisation pour permettre aux entreprises de se financer à plus faible cout. L'emploi atypique et le capitalisme actionnariale se développent également. Pour ce qui est de la réduction de la dette et de l'endettement, l'Etat va diminuer ses dépenses publiques. L'année 82 marque l'échec des politiques Keynésiennes. • Déflation compétitive : on cherche à réduire l'inflation (en particulier des salaires) pour redonner de la compétitivité aux entreprises. • En 2008, les politiques keynésiennes font leur retour pour lutter contre un choc de demande négatif. L'Etat augmente ses investissements, les prestations sociales et les subventions des entreprises (hausses de ses dépenses) mais baisse aussi les impôts (baisse de ses recettes). L'objectif est de stimuler la demande globale. Ces politiques sont efficaces et permettent d'atténuer la récession. Les politiques Keynésiennes sont plus ou moins efficaces selon les moyens employés : la hausse des transferts aux ménages fonctionnant mieux que la baisse des impôts. Les ménages concernés par cette hausse des transferts étant ceux qui ont une forte propension à consommer. La relance Keynésienne permet de stimuler la croissance mais creuse le déficit public et augmente la dette publique pouvant entraîner une crise de la dette qui elle-même entraîne une politique de rigueur. • L'objectif de la banque centrale est d'injecter suffisamment d'argent dans l'économie pour permettre les transactions entre les agents. Si on augmente la masse monétaire, on stimule l'économie et inversement si on diminue la masse monétaire. Les outils de la banque centrale sont donc : le taux directeur, les réserves obligatoires et l'open-market (plus la banque centrale est généreuse dans sa politique d'achat des risques et plus les banques ont de faciliter à se refinancer). Exceptionnellement, la banque centrale peut avoir recours au quantitative easing qui est le rachat massif de titres de la dette publiques (interdit en Europe). En 2010, la banque centrale européenne annonce qu'elle peut potentiellement acheter autant de dette publique que nécessaire (=rachat sur le marché secondaire) ce qui rassurant les investisseurs permet de faire baisser les taux d'intérêt. La BCE a également recours au quantitative easing c'est-à-dire qu'elle augmente la quantité de monnaie en circulation pour que les banques puissent prêter plus facilement. Cela peut créer des tensions inflationnistes si jamais la demande, soutenue par beaucoup de crédit, devient trop forte par rapport aux capacités de production. Cependant, pour que cela arrive, il faudrait que les banques prêtent les liquidités. Ce qu'elles ne font pas étant méfiantes. Du coup, les banques placent ces liquidités ce qui créer des bulles spéculatives. Cette abondance de liquidités a permis d'assouplir les taux d'intérêts. • Les Etats Européens sont restreints dans leurs politiques et ce tout d'abord parce que la BCE pilote la politique monétaire empêchant les Etats Euro de manipuler le taux de change de leur monnaie. La politique budgétaire de l'Etat est quant à elle limité par le pacte de stabilité de la croissance (PSC) qui implique un déficit public inférieur à 3% du PIB et une dette publique inférieure à 60% du PIB. • La gestion des fluctuations économiques est rendue très difficile par les contraintes de la mondialisation et celles imposées par l'Union Européenne. Il est donc difficile d'avoir des politiques conjoncturelles efficaces si bien que les choc de demande se prolonge durablement. Aujourd'hui, on connaît une politique monétaire très expansionniste mais une politique budgétaire restrictive. • En France, contrairement aux USA ou on a retrouvé le plein-emploi, la croissance ne repart pas et donc la politique monétaire reste durablement expansionniste. Cette politique n'est cependant pas sans risque : - des bulles spéculatives peuvent se créer à cause des liquidités abondantes à disposition des banques, -les investisseurs institutionnels peuvent se retrouver en difficulté si les taux d'intérêts augmentent (ce qui causerait la chute de la valeur des obligations qu'ils détiennent) et -la distorsion des choix d'investissements avec l'exemple de Patrick Drahi le partron de SFR qui a surendetté son groupe en misant sur un départ de la croissance. • Les chocs de demande négatif peuvent déboucher sur une déflation. La déflation est un cercle vicieux de baisse des prix, des revenus et de la production. Il existe 3 mécanismes dans une spirale déflationniste : - La baisse des prix => baisse de consommation des ménages qui anticipent une baisse de leurs revenus et reportent donc leurs achats + entreprises anticipent la baisse de leurs revenus et diminuent leurs productions et écoulent leurs stocks => Diminution de la consommation finale et des investissements + variation négative des stocks DONC 3 grands moteurs de la demande globale diminuent De plus, les entreprises sont confrontées à la baisse des revenus des consommateurs donc elles baissent leurs prix ce qui baissent encore leurs revenus. - Le crédit crunch : les banques ne prêtent plus par peur d'insolvabilité. Les Banques centrales essaient de refinancer les banques mais les outils conventionnels de la politique monétaire sont inefficaces les taux d'intérêts ne pouvant descendre en dessous de 0. - La déflation par la dette : les agents économiques mettent tous en vente leurs actifs au même moment ce qui entraine un excès d'offre et donc une baisse des prix. L'Etat souhaite donc retrouver l'inflation pour diminuer le poids de sa dette. • La déflation peut se transmettre à travers deux mécanismes : -le commerce extérieur : les économies sont aujourd'hui interdépendantes donc une crise chez l'une affecte l'autre. -La déflation salariale : si les prix et les salaires baissent dans un pays, celui-ci devient plus compétitif que nous et il faut donc comprimer les salaires, délocaliser, … • Actuellement, il y a des risques déflationnistes en Europe avec un taux d'inflation très proche de 0 dans plusieurs pays de la zone euro. Synthèse Pour les économistes libéraux, les crises sont des mécanismes autorégulateurs du marché. Elles sont donc nécessaires au système capitaliste et l’Etat ne devrait pas intervenir pour tenter de les réguler. Cependant depuis la crise de 1929, l’Etat s’est progressivement imposé comme un acteur économique majeur. Pour lutter contre les effets des fluctuations économiques, il peut mener des politiques conjoncturelles, visant à rapprocher la croissance effective de la croissance potentielle, et à réaliser les objectifs du carré magique de Kaldor (stabilité des prix, croissance, faible chômage, excédent extérieur, ces objectifs pouvant cependant être contradictoires). La politique conjoncturelle combine une action de politique budgétaire et de politique monétaire. En cas de récession, l’Etat peut mener une politique de relance budgétaire (qui s’appuie sur l’effet multiplicateur de Keynes: un euro supplémentaire de dépenses publiques provoque une augmentation du PIB supérieure à cet effort initial), ainsi qu’une politique monétaire expansionniste, qui vise à faciliter le crédit aux agents économiques. La banque centrale peut baisser son taux d’intérêt directeur, ou élargir sa politique d’achat de créances. Inversement, la puissance publique peut mener une politique de rigueur budgétaire et monétaire en cas de tensions inflationnistes. L’efficacité de la régulation a été contestée : une part importante des revenus supplémentaires peut être épargnée ou financer l’achat de produits importés (contrainte extérieure). Les années 1970 ont ainsi vu la coexistence du chômage et de l’inflation (stagflation). Depuis les années 1980, les pays développés ont mis en œuvre des politiques de désinflation compétitive d’inspiration monétariste. Les politiques budgétaires et monétaires des pays de la zone euro ont aujourd’hui de faibles marges de manœuvre. La politique budgétaire est encadrée par le Pacte de Stabilité et de Croissance qui limite les déficits publics à 3 % du PIB et la dette publique à 60 % du PIB. Le budget européen reste quant à lui trop faible pour envisager une politique budgétaire supranationale. La politique monétaire est contrainte par la priorité à la lutte contre l’inflation et par la difficulté à mener une politique commune pour des pays connaissant des situations différentes. La zone euro est aujourd’hui menacée de déflation, car les politiques d’austérité ont aggravé la récession. Si celle-ci peut permettre une baisse des coûts de production, elle risque de générer un cercle vicieux déflationniste. A plus long terme, l’Etat peut mener des politiques structurelles, qui cherchent à augmenter la croissance potentielle.