Chapitre 2 : Les fluctuations économiques

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Chapitre 2 : Les fluctuations économiques
l’instabilité de la croissance économique, ses causes et ses
remèdes ?
Manuel Bordas chapitre 2 p. 42 à 67
NOTIONS à acquérir : Fluctuations économiques, crise économique, désinflation,
croissance potentielle, dépression, déflation.
Acquis de première : inflation, politique monétaire, politique budgétaire, politique
conjoncturelle, chômage, demande globale.
Introduction :
La « CRISE » de 2007/2008 est omniprésente tant dans les discours économiques et
politiques que dans nombre de conversations quotidiennes. La violence de cette crise fait suite
à une période de boom économique au début des années 2000, marquée par des excès et des
déséquilibres nombreux au niveau mondial.
Ces excès et ces déséquilibres sont liés pour partie à une mondialisation accélérée - difficile
à gérer pour certains pays (ex Europe du Sud) et certaines entreprises ayant du mal à affronter
des normes de compétitivité et de rentabilité (très/trop) exigeantes et évolutives- et à une
mondialisation mal régulée sur le plan commercial et surtout sur le plan de la finance
« globalisée ».
Les risques et les gains potentiels ainsi offerts à de nombreux acteurs financiers ont créé une
bulle spéculative dont l’éclatement a conduit à une très sévère récession dans de nombreux
pays, amenant ainsi un cortège de difficultés économiques : chômage, menace de déflation,
déficits publics, explosion de la dette publique...
C’est bien une « crise financière » que les médias et le cinéma nous donnent à voir et contre
laquelle des mouvements sociaux s’élèvent :
En Europe dans les pays les plus violemment touchés, comme la Grèce, l’Espagne ou le
Portugal, mais aussi aux Etats-Unis, des contestations politiques se sont organisées autour des
mouvement des « indignés » ou des militants d’« Occupy Wall Street » qui pointent les
dysfonctionnements d’un capitalisme financier débridé et fortement inégalitaire.
Trois films et leur bande annonce :
Wall Street - L'argent ne dort jamais, un film d'Oliver Stone, 2010 (1er film sur Wall Steet
en 1988) http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18953068&cfilm=128600.html
Krach, un film de Fabrice Genestal, 2009.
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19128608&cfilm=109083.html
Ma part du gâteau 2011 par Cédric Klapisch
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19194496&cfilm=174961.html
Occupy Wall Street : une contestation au cœur du système financier :
Occupy Wall Street, oubliés à 99 %
Le Monde.fr | 17.09.2012
http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2012/09/17/occupy-wall-street-oublies-a99_1761572_3222.html
Images sur Occupy Wall street :
https://www.google.fr/search?q=occupy+wall+street&hl=fr&client=firefoxa&hs=3F1&rls=org.mozilla:fr:official&prmd=imvns&tbm=isch&tbo=u&source=univ&sa=X
&ei=LlloULuSOqPR0QXst4DwBg&ved=0CEAQsAQ&biw=1014&bih=617
Si le spectre des grandes crises (1873, 1929) voire celui des cycles avait semblé pouvoir être
rangé au magasin des accessoires durant les « Trente Glorieuses », on s’interroge à nouveau
sur la fragilité de la croissance, son caractère cyclique et sur la difficulté du pilotage
économique, notamment depuis la crise de 1973 et la suite chaotique de l’histoire économique
depuis lors.
Lutter contre la crise est en effet, une des missions assignées aux politiques économiques dans
le seconde moitié du XXe siècle avec des succès variables et des débats nombreux, comme en
témoigne aujourd’hui dans la zone euro, les vives polémiques autour du Traité budgétaire
européen.
Comment donc expliquer les crises et plus généralement l’instabilité de la croissance
économique ?
Que peuvent faire les Etats pour faire face aux crises ?
Documents pour remettre en perspective les données purement financières de la crise :
Partons donc de la globalisation, d'abord en ce qui concerne l'économie « réelle » : les systèmes productifs, les marchés
du travail.
L'internationalisation et l'ouverture des économies produisent bien, à peu près, les effets prévus par l'analyse économique. Il y
a accélération de la croissance d'ensemble, puisque des centaines de millions d'individus dans les pays émergents deviennent
à la fois des producteurs et des consommateurs, mais cette accélération de la croissance est spontanément mal partagée. Elle
est très forte dans les pays émergents et chez les exportateurs de matières premières, où elle génère un supplément de revenu
et d'épargne. Elle est, en revanche, le plus souvent affaiblie dans les pays dits « avancés », avec les délocalisations, les pertes
de parts de marché. Un affaiblissement longtemps masqué par le recours au crédit, aux déficits publics, à l'enrichissement
patrimonial spéculatif, mais qui finit par apparaître, comme cela est clair depuis la crise financière de l'été 2007.
De plus, cette croissance devient fortement inégalitaire : les salariés qui ont la chance d'avoir choisi la bonne spécialité ou
de travailler dans un secteur qui profite de la mondialisation (finance, informatique, transports, etc.) voient leurs revenus
progresser rapidement par rapport aux moins qualifiés, à ceux qui travaillent dans les secteurs concurrencés par les pays
émergents. Les inégalités sont omniprésentes aussi dans ces pays avec l'exploitation des salariés pauvres souvent issus de
l'exode rural. Enfin, la croissance mondiale provoque une forte tension sur les ressources rares : énergie, alimentation, eau,
environnement... Comment en effet permettre à 1,3 milliard de Chinois d'avoir le même taux d'équipement en automobiles,
en logements que les Américains ou les Européens sans buter sur la contrainte de rareté, sans faire « exploser » les prix des
matières premières ou les émissions de CO2, sans faire revenir l'inflation?
La planète s'est aussi globalisée financièrement. Au point de départ de la « révolution financière » se trouve la
croissance très forte de la liquidité (quantité de monnaie disponible internationalement), conséquence naturelle de ce que les
pays émergents et les exportateurs de matières premières accumulent d'énormes réserves de change et sont donc fortement
créateurs de monnaie. L'abondance de liquidité a débouché sur l'endettement facile, d'où les développements contemporains
de la finance : titrisation, c'est-à-dire transformation des crédits en actifs achetables par les investisseurs; levier d'endettement
incorporé dans les actifs financiers et qui permettent d'en doper le rendement; détournement de produits qui devraient servir à
couvrir les risques en produits destinés aux investisseurs.
Les problèmes posés par cette innovation financière galopante sont multiples : les banques centrales nationale, ou régionales
(aux États-Unis, en Europe) ne peuvent plus contrôler la liquidité puisque celle-ci résulte des politiques monétaires et de
change des pays émergents. L'épargne mondiale est attirée vers des actifs improductifs, par exemple vers le financement du
crédit aux ménages américains, une fois transformés en actifs à haut rendement par l'innovation financière. La localisation
des risques financiers devient dangereuse : les banques qui « titrisent » les crédits, c'est-à-dire qui les sortent de leurs bilans,
ne portent plus les risques de défaut des emprunteurs, donc deviennent indifférentes à leur solidité financière, comme l'a bien
montré la crise des crédits subprime aux États-Unis.
(...)
Les risques de désordre sont donc multiples : déplacement de certaines industries donc risque de chômage de masse,
inégalités accrues et déformation du partage des revenus, raretés diverses, inefficacité de l'allocation de l'épargne et des
risques, crises financières liées au surendettement et aux bulles des prix des actifs, conflits portant sur la propriété et la
gouvernance des entreprises. Comme nous l'avons évoqué plus haut, ces désordres peuvent conduire à un mouvement de repli
généralisé : refus des actionnaires étrangers, des biens, des règles et des normes produits ailleurs.
Patrick Artus et Marie-Paule Virard : On comprend mieux le monde à travers l'économie
Ed. Les Echos – 2008.
- Au début des années 1980, l'avenir était aux services et à la haute technologie. Les économies avancées
pouvaient abandonner au Sud des pans entiers de leurs industries. La valeur ajoutée, la vraie, n'était pas dans la
création d'objets comme les vêtements, les chaussures, les jouets, les voitures...
Nombre d'industries du Nord délocalisaient au Sud. L'Asie en profitait, et des centaines de millions d'hommes et
de femmes sont ainsi sortis de la plus extrême misère.
Aux États-Unis, la part de l'industrie dans la valeur ajoutée nationale doit se situer tout juste au-dessus des 10 %.
En Europe, la moyenne est à 22,4 %, grâce à l'Allemagne (30 % de la valeur ajoutée nationale dus à l'industrie)
et en dépit de la France et de la Grande-Bretagne - toutes deux à 16 %.
Cette désindustrialisation est l'une des clés, pas la seule, du grand déséquilibre structurel qui affecte l'économie
mondiale : le Sud épargne (trop) et produit beaucoup, quand le Nord ne produit plus assez et dépense trop. Ce
déséquilibre dans les échanges mondiaux explique en partie et la crise financière de 2007-2008, et celle née de la
dette souveraine européenne.
D'après l'éditorial du Monde, 4 novembre 2011.
- La contre-révolution conservatrice des années 1980 et l'orientation des politiques économiques dans une
direction néolibérale ont remis en cause les institutions héritées du compromis fordiste de l'après-guerre. La
diffusion du capitalisme néolibéral a généralisé un mouvement d'affaiblissement des syndicats. La
mondialisation a intensifié la concurrence et affaibli la position des travailleurs les moins qualifiés. Ces
évolutions ont conduit à remettre en cause les conditions de la croissance du revenu réel d'une fraction non
négligeable des salariés. La baisse des impôts et des prestations a amplifié le creusement des inégalités de
revenu. Aux États-Unis, en Espagne et en Irlande, l'endettement des ménages a permis la croissance de la
demande mais cet endettement s'appuyait sur des actifs dont les prix étaient gonflés par une bulle financière.
L'éclatement des bulles et leurs conséquences sont à l'origine de la crise financière et de son extension au secteur
réel.
D'après Bruno Amable, « Les capitalismes face à la crise », Les Cahiers français, n° 359, La Documentation française 11/
2010.
1 / Définitions et repérages
A / Fluctuations et cycles
Au XIXème siècle et au début du XXème, la littérature économique s’intéresse beaucoup aux
cycles économiques (cf. Clément Juglar, Joseph Kitchin, N. Kondratieff et J.A
Schumpeter...), car l’économie est rythmée à cette époque, de façon perceptible par une
alternance assez régulière de phases d’expansion et de phases de récession ponctuées par des
crises qui reviennent à intervalle assez régulier. Après 1945, le « sentier de croissance »
sembla plus assuré et l’on put croire que la croissance ne serait plus interrompue par des
crises et des récessions mais par de simples ralentissements ou par des problèmes d’inflation
ou de chômage qui, grâce à un pilotage efficace (politique économique de rigueur ou politique
de relance , le fameux « stop and go ») de la part d’Etats convertis au « keynésianisme»
pouvaient être soignés.
Les fluctuations économiques sont les mouvements alternés de hausse (expansion) et de baisse (récession) de
l’activité économique dans le court, le moyen ou le long terme. Quand elles sont régulières (retour périodique
de crises et de périodes de récession suivie d’une reprise et d’une période d’expansion..), on a pu parler de
« cycles économiques » en évoquant la forme sinusoïdale de la courbe de la production dans le temps.
« Le terme fluctuations suggère des mouvements alternés ascendants et descendants, soit en
valeur absolue (hausse ou baisse du PIB), soit en valeur relative (dans ce dernier cas, cela
correspond à des accélérations et à des ralentissements de la croissance). Ces mouvements
affectent aussi bien le court terme (évolutions conjoncturelles ; cycles Kitchin et Juglar) que
les moyen et long termes (cycle f). Quand les fluctuations de la croissance obéissent à une
certaine régularité (périodicité des phases ascendantes et descendantes), il s'agit de cycles
économiques. »
D’après Échaudemaison (dir.), Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Nathan, 2009.
« On appelle fluctuations économiques l’ensemble des mouvements de ralentissement ou
d’accélération du rythme de la croissance économique. Le repérage des fluctuations s’opère
grâce à des séries statistiques (annuelles, trimestrielles, mensuelles) qui portent sur le volume
de la production, les prix, le chômage, le niveau des stocks, les carnets de commande des
entreprises, etc. (par exemple en France les enquêtes de conjoncture réalisées par l’INSEE). »
Eduscol 2012
« Les cycles économiques sont des fluctuations plus ou moins régulières, de fréquences relativement périodiques et d'amplitudes plus ou moins fixes de l'activité économique. Les fluctuations cycliques sont, théoriquement, telles que le graphique des indicateurs retenus (PIB,
taux de croissance du PIB [...], etc.) en fonction du temps ait une allure sinusoïdale. »
A.Silem L’économie politique Colin 2009
On voit sur ce graphique que certains mouvements sont d’une périodicité plus marquée que
d’autres
« La crise [met fin à] une période d'expansion [...], à l'image d'un krach boursier par exemple.
Toutefois, on donne aussi aujourd'hui au mot "crise" une autre signification puisqu'elle
désigne la phase de dépression [ou de récession] elle-même. La crise ouvre donc à une
période de dépression caractérisée par une diminution durable de la production et un
accroissement du chômage (ex. années 1930). Il est cependant très rare actuellement de
constater dans les pays occidentaux une baisse effective et durable de la production [...]. On
observe en revanche une diminution du taux de croissance du PIB. [...] On emploie alors la
notion de récession pour caractériser cette situation. La récession caractérise donc une chute
du taux de croissance ou son maintien à des niveaux très faibles. On trouve parfois une
définition plus précise de la récession selon laquelle une économie est officiellement en
récession lorsque son taux de croissance est négatif deux trimestres successifs. [...] Par-delà
les cycles, on peut enfin déceler une tendance [...], appelée trend [...], de progression ou de
diminution de l'activité. »
D’après Capul et Garnier, Dictionnaire d'économie et de sciences sociales, Hatier, 2011.
« La crise correspond au retournement brutal de la conjoncture économique qui marque la fin
d'une période d'expansion dans un cycle économique. Par extension, il s'agit d'une phase de
contraction durable et de dépression de l'activité économique. »
 Qu'est-ce qu'un « cycle économique » ? Décrivez ses quatre phases.
 Quelle nuance sépare les notions de « fluctuations économiques » et de « cycles économiques »?
Trend : tendance de longue durée que l’on peut observer dans l'évolution d'une grandeur économique,
indépendamment de ses fluctuations de court terme.
1. Que signifient les deux données entourées?
2. Qu'appelle-t-on « Trente Glorieuses » et « Trente Piteuses »? Quelle critique de ces expressions peut-on
formuler ?
3. Que nous apprend le trend ?
4. En quoi les « Trente Piteuses » diffèrent-elles fondamentalement des « Trente Glorieuses » ?
Appuyez-vous sur le graphique et le texte ci-dessous :
Le PIB depuis 1960 : une inflexion du trend de croissance
(TCAM =Taux de croissance annuel moyen)
« Depuis 1945 jusqu'en 1973, [...] les économies capitalistes non seulement croissent plus vite
que jamais, mais [...] le font sans les fluctuations intenses qu'elles avaient connues depuis leur
origine. Certes, elles ne le font pas toujours au même rythme. Il leur arrive de souffler un peu
(La récession), mais elles continuent à croître dans ce répit, et souvent plus vite qu'elles ne
l'avaient fait dans les belles époques d'expansion du XIXe siècle. [...] C'est bien, à partir de
1945, toute la morphologie des fluctuations qui se modifie [...].
Les événements [...] de 1973 inclinent à la circonspection sur [Le] caractère définitif d'une
telle évolution. Certains pays, dont le nôtre, ont connu en 1975 une chute de leur [PIB] et il
n'est pas douteux qu'ils éprouvent quelques difficultés à reprendre une envolée spectaculaire
alors que réapparaissent des signes de chômage endémique et généralisé. »
À Alain Cotta, Le capitalisme, colL « Que sais-je? », PU F, 1983.
B / Typologie des cycles selon leur durée et leur amplitude
Livre p. 46/47
Au 19ème siècle, les travaux économiques et statistiques sur les fluctuations ont abouti à une classification des
cycles (réalisée par exemple par Schumpeter dans « Business cycles », Les cycles des affaires, 1939).
Schumpeter prétend que trois cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'évolution
de la conjoncture : les cycles courts, les cycles moyens, dits cycles Juglar, les cycles longs, ou
cycles Kondratieff :
1. Les cycles courts
- Les cycles courts mineurs, dits aussi cycles de Kitchin du nom du statisticien Joseph
Kitchin, durent 3 à 4 ans (environ 40 mois). Ils sont dus aux variations de stocks des
entreprises. En période de croissance, les entreprises augmentent leur production pour
répondre à la demande mais elles constituent aussi des stocks. En période de récession, elles
réduisent leur production et déstockent, ce qui accentue le ralentissement de l'activité.
- Les cycles courts majeurs ou cycles moyens
Les cycles moyens, également appelés cycles des affaires ou cycles Juglar, ont été mis en
évidence par l'économiste français Clément Juglar. Ils sont essentiellement liés aux variations
de l’investissement et ont une durée de 8 à 10 ans et comportent quatre phases : expansion,
crise, récession et/ou dépression et reprise.
2. Les cycles longs
1 Les cycles longs ou cycles Kondratiev, d'une périodicité de 30 à 50 ans, présentent une
phase ascendante pendant laquelle les prix, la production, et l'emploi augmentent et une phase
descendante pendant laquelle ces indicateurs baissent.
Pour Schumpeter, chaque cycle s'explique par l'introduction d'innovations majeures (machine
à vapeur, automobile....) qui apparaissent par « grappes » entraînant dans un premier temps
une phase d'expansion.
2 / Les causes de l’instabilité de la croissance économique
 Il convient de distinguer :
- l’explication des « grandes crises » liées à des problèmes de régulation structurelle (ex ;
mise en place du fordisme comme mode de régulation : un régime de demande couplé à un
régime de productivité (p° de masse + c° de masse) ; problèmes de régulation de la
mondialisation libérale aujourd’hui) et/ou aux cycles de l’innovation (cf. Schumpeter)
- l’explication des cycles de court et moyen terme : il faut expliquer ce qui provoque :
l’expansion, les retournements (crise / reprise) ; la récession. Les mécanismes qui conduisent
au déclenchement d'une crise économique se préparent lors d'une période d'expansion.
 L’économie ne tourne pas toujours à plein régime, car les conditions de production, de
demande ou de financement peuvent poser problème et ralentir le rythme de croissance.
Inversement, des emballements peuvent se produire ; l’économie tourne en « surrégime », en
« surchauffe » génératrice d’inflation. C’est le cas lors des booms et des bulles...
Les économistes disent dans leur jargon (pardon, leur vocabulaire spécialisé) que dans les
deux cas, il y a un écart entre la production potentielle et la production effective (réalisée,
observée).
Le problème est de savoir précisément définir ce PIB potentiel (lié à un faible taux de
chômage, à une utilisation élevée des capacités de production et à une estimation de la
productivité maximale (optimale) des facteurs) sans tensions majeures sur les prix. PIB
potentiel = Quantité de facteurs disponibles X productivité globale des facteurs. On voit bien
qu’il s’agit d’une estimation délicate.
En termes simples :
Une économie qui « fonctionne » bien est une économie qui utiliserait toutes ses ressources
efficacement dégageant ainsi son « meilleur » potentiel de production.
Ce cas de figure correspond à une situation dans laquelle :
Il y a un faible taux de chômage (les économistes parlent du plein emploi)
Un taux d’utilisation des capacités de production (TUC) élevé : les entreprises fonctionnent
autour de 80 / 85 % de leur capacités de production)
Une productivité des facteurs élevée (comparable à celle des pays de même niveau de
développement par exemple)
Dans ce cas le PIB est qualifié de PIB potentiel (correspondant à une utilisation optimale des
ressources).
Mais, de nombreux problèmes économiques de nature structurelle et/ou conjoncturelle
peuvent survenir et éloigner de la mise en œuvre de ce potentiel.
 Le potentiel de production peut tout d’abord être limité par une insuffisance des
ressources ou de leur mobilisation :
Le stock de capital technique peut ne pas être suffisant ou correctement renouvelé du fait
d’une faiblesse des investissements passés.
La population active peut être limitée du fait d’un vieillissement de la population générale,
d’un taux d’activité ou d’une durée du travail faibles (activité des femmes, taux d’emploi des
jeunes, des séniors....).
La productivité globale des facteurs peut être réduite par un retard technologique, une
insuffisance des investissements publics d’infrastructures, d’éducation etc. (cf théorie de la
croissance endogène).
Nous avons affaire ici à des problèmes structurels d’offre.
 Le potentiel de production peut aussi ne pas être utilisé pleinement en raison :
De problèmes de débouchés : l’insuffisance de la demande oblige les entreprises à limiter
leur production C’est le cas si l’épargne est élevée, l’investissement « déprimé », les
exportations limitées par une récession mondiale... on parle parfois de « chocs de demande »
même si cette expression de choc ne désigne as un problème brutal ou extérieur.
De problèmes d’offre : les coûts de production jugés trop élevés ne poussent pas les
entrepreneurs à répondre à toute augmentation de la demande (la rentabilité, càd le taux de
profit est jugé trop faible), ou ne leur permettent pas de le faire (problème de compétitivité).
Ces coûts de production trop élevés peuvent être dus à une augmentation des prix des matières
premières, à une productivité insuffisante, à des coûts du travail supérieurs à ceux des
concurrents, à des innovations insuffisantes, des erreurs de gestion.
Les exigences de rentabilité peuvent aussi être en cause (un site de production peut –tout en
dégageant du profit- ne pas être jugé suffisamment rentable par le management de
l’entreprise).
Plutôt que produire davantage (croissance), les entreprises vont essayer de rétablir leurs
marges en augmentant les prix de vente (si la contrainte de compétitivité ne pèse as trop =>
inflation), en comprimant les salaires, en cherchant de nouveaux gains de productivité, en
délocalisant...
 Le potentiel de production peut enfin être « trop sollicité »
Si la demande augmente à un rythme très rapide du fait d’un crédit excessif, de la formation
d’anticipations exagérément optimistes, de la baisse du taux d’épargne, d’un boom
économique mondial... des tensions peuvent survenir sur les marchés des biens et des facteurs
de production conduisant, selon la loi de l’offre et de la demande à des augmentations de prix
(des biens et services, des facteurs, des actifs boursiers et immobiliers).
L’économie est alors en « surchauffe)
En termes du programme :
Un pays qui n’arrive pas à faire progresser son PIB potentiel sur le long terme (c’est ) a des
problèmes de croissance et de développement .
Les fluctuations conjoncturelles peuvent s’analyser à partir de l’écart de production (output
gap) = PIB potentiel - PIB effectif (réalisé)
Cet écart est dit « récessionniste » (c’est) lorsqu'il est positif (PIB potentiel > PIB effectif
(réalisé)
et « expansionniste » (c’est ) (PIB potentiel < PIB effectif (réalisé) lorsqu'il est négatif.
« L’analyse des fluctuations économiques repose notamment sur l’étude des différences entre
la croissance effective (celle qui est mesurée au cours d’une période donnée) et la croissance
potentielle. La croissance économique potentielle est évaluée par le taux de croissance du PIB
potentiel, c’est-à-dire du PIB maximal qui pourrait être réalisé grâce à la pleine utilisation
des facteurs de production disponibles ; c’est une mesure des capacités d’offre de l’économie
qui permettent de répondre à la demande sans provoquer de tension inflationniste.
Lorsque la croissance effective est supérieure à la croissance potentielle (forte demande), cela
conduit à des tensions inflationnistes (on parle de « surchauffe ») ; lorsque la croissance
effective est inférieure à la croissance potentielle (faible demande), on assiste à une montée du
chômage. L’écart (« output gap » en anglais) entre croissance effective et croissance
potentielle permet donc d’appréhender l’instabilité de la croissance.
Face à une situation où la croissance est insuffisante pour assurer le plein emploi, il convient
de déterminer si cela résulte d’une croissance effective inférieure à la croissance potentielle
(ce qui relève de la politique économique conjoncturelle) ou d’une croissance potentielle
insuffisante (ce qui relève d’une politique économique structurelle). »
D’après Eduscol 2012
Explications des fluctuations :
"les cycles économiques sont une conséquence de l'action de facteurs et de processus variés. Ils peuvent
être déclenchés et favorisés par différents types de chocs affectant l'offre et la demande sur les marchés
financiers et des biens et services. Ces chocs(positifs ou négatifs) peuvent résulter d'un changement de la
politique macroéconomique ou structurelle. En outre, l'amplitude et la durée des cycles économiques
reflètent la dynamique de l'économie qui est, elle-même, déterminée par les évolutions technologiques, le
comportement et les anticipations des agents économiques et les caractéristiques institutionnelles de
l'économie."
D’après Lucas Papademos, vice-président de la Banque centrale européenne, conférence mars 2003
EXERCICE : Essayez d’éclairer ce texte en donnant des exemples pour illustrer les causes des cycles en
vous appuyant sur votre réflexion et sur un classement des éléments suivants (faites un tableau) :
pessimisme / optimisme des agents économiques ; augmentation soudaine du taux d’épargne ; baisse des
taux d’intérêt ; crédit bancaire plus facile / difficile à obtenir ; ralentissement des salaires ; baisse des
cotisations sociales relatives aux salaires ; innovations technologiques importantes ; flexibilité plus grande
du marché du travail ; Krach boursier ; bulle spéculative ; aide publique à la recherche ; lancement de
grands travaux d’infrastructures ; augmentation / baisse du prix de l’énergie et des matières premières ;
ouverture des marchés internationaux et stimulation de la concurrence ; augmentation / baisse des
impôts ; relèvements des prestations sociales ; facilité de financement à l’échelle mondiale ; freinage des
dépenses publiques, forte croissance / forte récession chez nos clients étrangers ; problèmes importants de
compétitivité ....
en vert : chocs d’offre positifs
en bleu : chocs d’offre négatifs
expansion
récession
optimisme des agents économiques
baisse des taux d’intérêt
pessimisme des agents économiques
augmentation soudaine du taux d’épargne
crédit bancaire plus facile
ralentissement des salaires (si cela stimule la
compétitivité et relance l’embauche)
crédit bancaire plus difficile à obtenir
ralentissement des salaires ( si cela freine la demande) ;
innovations technologiques
importantes (apparition de nouvelles activités :
création du « neuf »)
relèvements des prestations sociales (si cela réduit la
rentabilité et l’embauche : aug du coût du travail…)
flexibilité plus grande du marché du travail
bulle spéculative
innovations technologiques importantes
(faillites d’anciennes activités : destruction de l’ancien)
Krach boursier
aide publique à la recherche (stimulation de
l’investissement en R&D => innovations facilitées)
augmentation du prix de l’énergie et des matières
premières (ex Chocs pétroliers de 1973, 1979…)
lancement de grands travaux d’infrastructures (cf
le « New Deal aux E-U en 1933)
augmentation des impôts (= baisse Demande et baisse
rentabilité)
ouverture des marchés internationaux et
stimulation de la concurrence
facilité de financement à l’échelle mondiale … mais risque
de bulle spéculative…
baisse du prix de l’énergie et des matières
premières
freinage des dépenses publiques (= baisse Demande)
forte récession chez nos clients étrangers
baisse des impôts (= aug. Demande)
forte croissance chez nos clients étrangers
problèmes importants de compétitivité
Il faut surtout concevoir les interactions entre tous ces phénomènes :
Un exemple :
La crise au 19ème siècle
Ce sont les interactions multiples entre la demande, les prix, la production, les investissements qui donnent à la
dépression comme à l'expansion leur caractère cumulatif. Ainsi, une crise de surproduction générale se traduit
immédiatement, en économie concurrentielle, par la baisse des prix. La mévente et la baisse des prix provoquent
la faillite des entreprises les plus vulnérables ainsi qu'une baisse générale de l’activité : d'où le développement du
chômage, non indemnisé. L'ensemble des revenus se trouve du même coup entraîné dans la baisse et la
contraction des revenus, en valeur nominale et en valeur réelle, se répercute à son tour sur la demande. Plusieurs
facteurs, liés aux anticipations, contribuent à accentuer le recul de la consommation : la baisse des revenus incite
à différer les achats, le climat général d'insécurité incite à accroître l'épargne de précaution. Les efforts des chefs
d'entreprise pour comprimer les coûts de production, en réduisant les salaires nominaux au fur et à mesure de la
baisse des prix, ont pour effet de prolonger ce processus de contraction. Le secteur des biens d'investissement, en
période de dépression, connaît typiquement un effondrement hors de proportion avec le recul général de l'activité
et cela pour trois raisons : d'abord, bien sûr, parce que la surproduction dissuade de créer des capacités de
production supplémentaires ; ensuite, parce que la chute des profits tarit une source essentielle du financement
des investissements ; et enfin, parce que la baisse des prix et la dégradation des perspectives de rentabilité
compromettent l'incitation à investir. La chute des investissements, à son tour, se répercute sur le niveau général
de l'activité.
D'après J-C. Asselain, De la révolution industrielle à la première guerre mondiale, FNSP, Dalloz, 1991.
Remplissez le tableau ci-dessous :
CAUSES
FAITS
BAISSE DE LA
PRODUCTION
BAISSE DES
REVENUS
BAISSE DE LA
CONSOMMATI
ON
BAISSE DE
CONSEQUENCES
L’INVESTISSE
MENT
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