15ème Festival International de Géographie
Saint-Dié-Des-Vosges 30
septembre, 3 octobre 04
NOURRIR LES HOMMES, NOURRIR LE MONDE. LES GEOGRAPHES SE
METTENT A TABLE.
SAMEDI 2 OCTOBRE 2004
FAMINES ET DISETTES DANS LA CORNE DE L’AFRIQUE.
MALTHUS S’INVITE CHEZ LA REINE DE SABA.
ALAIN GASCON, GEOGRAPHE.
La situation démographique en Ethiopie : le pays compte plus de 70 millions
d’habitants alors qu’il y a 30 ans, les Ethiopiens n’étaient que 30 millions d’habitants.
Les prévisions pour 2025 envisagent un pays de plus de 100 millions d’habitants, qui
serait le deuxième foyer de peuplement de l’Afrique, plus important que l’Egypte. Les
parts alimentaires vont donc se réduire si rien n’est fait.
I) Deux grandes famines.
Le pays a connu deux récentes famines :
- en 1973 : ce qui correspond à la chute du régime d’Hailé Sélassié (1974).
- en 1984-85 : 6 ans après cette famine, on assiste à la chute du régime d’Hailé
mariam Mengistu (mai 1991).
Les famines sont récurrentes en Ethiopie : elles reproduisent le même
fonctionnement et les mêmes erreurs politiques : on censure la famine, on nie
l’évidence. Puis, on fait appel à l’aide internationale. Enfin, le régime perd la face.
En 1973, l’Erythrée, le Tagrae sont touchés. L’information est diffusée par l’Eglise
éthiopienne, par des étudiants et par deux géographes éthiopiens (qui sont démis de
leurs fonctions pour avoir exposé des photos). La famine a d’abord été connue à
l’extérieur par les articles de journaux occidentaux, ce qui provoque une révolte de la
population qui avait subi la censure. Les Ethiopiens ont eu honte d’apprendre qu’il y
avait une famine chez eux de la bouche des étrangers.
Pourquoi faire pareil dix ans plus tard ?
En 1975 est lancée une grande réforme agraire pour assurer la sécurité des tenures.
La population au sud d’Addis-Abeba n’avait pas de terres. Des comités locaux
assurent la réforme agraire. Le nord a refusé réforme agraire, le sud a accepté.
Mengistu collectivise les terres dans un pays 95% de la population est paysanne.
Il appelle cela la révolution verte.
Face au refus de certains, on les accuse d’être des koulaks.
En 1979, le gouvernement révolutionnaire décide l’envoi de citadins civils et militaires
à la campagne.
En 1984 une famine se développe. C’était le dixième anniversaire de la révolution.
La famine est impossible aux yeux du régime marxiste.
La famine commence au Sud. Mengistu se met à la tête des secours. Deux mesures
sont prises : déplacement forcé de populations, villagisation autour d’Addis-Abeba.
Déplacements du nord vers Addis-Abeba puis, vers l’ouest du pays. Les populations
sont dans des camps. Les nouveaux villages sont conçus par des militaires, c’est le
casernement, et l’échec total. Les populations quittent ces villages elles sont
victimes de violences. L’Etat a profité de la situation de faiblesse des éleveurs et des
paysans, affamés, pour faire un « grand bond en avant », en voulant implanter une
économie socialiste.
A l’origine de la famine, le problème est climatique avec un déficit pluviométrique de
30 à 50%. Mais le régime en place n’a pas arrangé les choses en désignant le
paysan comme responsable du drame.
II) Malthus.
La production agricole par tête est en baisse.
En 1996, la balance alimentaire était équilibrée, mais actuellement, 10% de la
population est affectée par la disette. Il manque 1 million de tonnes de céréales.
Les historiens ont montré que le système clanique permettait de tenir lors des
famines. Les famines sont un phénomène ancien, observé dans les archives de cet
Etat ancien. On observe les famines régulières dans le Nord et l’Est du pays.
Comme en 1958-59 puis en 1973 et 1984 : à chaque nouvelle famine, il y a plus de
districts touchés. Le phénomène s’aggrave donc. Le nord du pays constitue un
croissant aride : tous les dix ans, les pluies sont insuffisantes et les nappes ne se
remplissent pas. L’étalement des pluies et les arrêts des précipitations pendant la
saison des pluies posent problème.
Le stockage du grain est insuffisamment organisé face aux prédateurs et aux
maladies.
On s’intéresse de plus en plus à la paysannerie traditionnelle, on voit qu’elle est
capable d’initiative. Ces dernières années, celle-ci a montré un grand intérêt pour les
engrais et elle se montre très réceptive au marché. Elle pratique des cultures
rémunératrices, ce qui provoque une amélioration du niveau de vie (café, drogue).
La concentration de la population est importante : on compte 440 hab./km² en milieu
montagneux (à 3 000m d’altitude autour Addis-Abeba) et 100 à 200 hab./km² dans
les hautes terres épargnées par le paludisme et la malaria.
Aujourd’hui, 19% de la population est urbaine contre 5% il y a trente ans : il faut donc
nourrir cette population. L’indice de fécondité s’élève à 5,9 enfants par femme, même
si on constate une baisse des naissances. L’espérance de vie est de 42 ans.
La population exige des autorités l’accès aux soins (le sida touche 6,4% de la
population). Le PIB est équivalent à la moitié du PIB de l’Afrique du Sud. Dans les
discours politiques, on parle de moins en moins de l’Ethiopie comme terre
d’abondance.
On remarque qu’entre deux famines, la population augmente très rapidement, donc
les paysans sont volontaires et innovent.
Les problèmes actuels :
Le paysan n’est pas sûr du lendemain.
Le prix d’achat des surplus est insuffisant.
Absence de prêts.
Maintien de la prison pour dette dans le pays : des familles entières en sont
victimes.
Il y a des zones de surplus mais pas de transport. La solution n’est pas le camion
mais l’âne.
On a peu d’informations car tous les journalistes sont en prison.
Et pourtant, aujourd’hui le gouvernement est plus démocratique qu’autrefois…
Il existe, par ailleurs, une forte pression internationale pour créer de grandes
exploitations agricoles. L’Etat refuse, car cela accélérerait l’exode rural et chasserait
les pauvres paysans. M H Legros, collège Rollon,
Gournay en Bray.
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