Bruxelles veut réglementer la consommation des cafetières

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Bruxelles veut réglementer la consommation des cafetières électriques
Une étude remise à la Commission européenne, en juillet, a révélé le gaspillage d'énergie des machines
à café.JUSTIN SULLIVAN / AFP
Reine du petit électroménager, la cafetière électrique est dans le collimateur de la Commission européenne.
Chaque année, il s'en vend près de 18 millions d'exemplaires dans l'Union européenne. La tendance des
petits cafés serrés, favorisée par des campagnes de publicité à grand renfort de stars hollywoodiennes, a fait
décoller les ventes des machines expresso.
Mais ces cafetières électriques consomment chaque année près de 17 térawattheures (TWh), dont 3 TWh en
France, ce qui représente 2,5 milliards d'euros à l'échelle européenne. De la petite cafetière à filtre classique
à la machine automatique très design, elles consomment entre 113 et 200 kilowattheures par an.
Une étude remise en juillet à la Commission préconise donc d'instaurer une réglementation pour diminuer la
consommation des cafetières. Cette étude a été réalisée dans le cadre de la directive Ecoconception, qui vise
depuis 2005 à renforcer l'efficacité énergétique des appareils électroménagers.
"Ce qui pose problème pour les machines à café, explique Shailendra Mudgal, directeur du cabinet Bio
Intelligence Service, à l'origine de cette étude, ce n'est pas vraiment l'énergie nécessaire à la production du
café, mais c'est l'énergie dépensée pour chauffer l'eau et surtout maintenir le café chaud." Certaines
machines peuvent ainsi garder l'eau du réservoir à 85-90°C pendant plusieurs heures.
La fonction "maintien à température" serait ainsi responsable des trois quarts de la consommation d'énergie
d'une machine à café. L'étude pointe aussi du doigt les mauvaises habitudes : à la maison mais surtout au
bureau, nombreux sont ceux qui laissent la cafetière allumée toute la journée.
DES ÉTIQUETTES ÉNERGIES
Les machines les moins économes sont les cafetières à filtre avec une plaque chauffante. Ces cafetières
classiques, pas chères et populaires, sont encore celles qui sont le plus vendues en France et dans le reste de
l'Union européenne. Le cabinet Bio Intelligence Service conseille de les retirer du marché d'ici à 2018.
A contrario, les machines qui consomment le moins sont souvent les plus chères du marché, les machines
expresso automatiques, car elles sont capables de s'arrêter automatiquement et de ne chauffer que la quantité
d'eau strictement nécessaire. L'étude propose à la Commission de généraliser les systèmes d'extinction
automatique, après un quart d'heure ou une demi-heure d'utilisation.
"Les fabricants sont prêts à évoluer et développent déjà des systèmes plus économes, affirme Patrick Le
Dévéhat, directeur technique du Gifam, Groupement interprofessionnel des fabricants d'appareils
d'équipement ménager. Mais il faudra que les consommateurs acceptent de changer leurs habitudes pour
consommer moins."
A la différence d'autres catégories d'appareils ménagers, il n'existe à ce jour aucune obligation pour les
fabricants de déclarer la consommation d'énergie des machines à café.
L'étude propose donc d'instaurer des étiquettes énergie. "Le choix du consommateur s'effectue encore en
fonction du prix et de la qualité gustative du café. Ces étiquettes permettront de mieux les informer",
explique Shailendra Mudgal.
La Commission européenne prendra sa décision dans les prochains mois. Elle pourrait décider d'imposer
une réglementation ou de négocier avec les fabricants sur la base du volontariat.
Céline Blampain
Article paru dans l'édition du 31.08.11 du journal Le Monde
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