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Projet Personnel en Humanités
Juin 2004
Images et graphismes dans l'espace public :
de l'officiel à l'illégal
Etudiant : Romain PROTTI
Tuteur : Noël Podevigne
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Introduction ............................................................................................................................... 3
1. Définitions et historique .................................................................................................. 4
1.1 Définitions ................................................................................................................. 4
1.2 Terminologie des graffitis ....................................................................................... 4
Histoire du graffiti ................................................................................................................. 6
1.2.1 Préhistoire ......................................................................................................... 6
1.2.2 Le graffiti au XXème siècle ............................................................................ 6
2. De l'officiel à l'illégal ...................................................................................................... 10
2.1 Du texte vers l'image ............................................................................................. 10
2.1.1 Dans la publicité ............................................................................................. 10
2.1.2 Dans la signalétique ...................................................................................... 12
2.2 L'image détournée ................................................................................................. 14
2.2.1 Le détournement de la publicité .................................................................. 14
2.2.2 Le slogan ......................................................................................................... 14
2.2.3 Les rapports entre le pochoir, la publicité et la signalétique ................... 14
2.2.4 Les références à l'art ..................................................................................... 14
2.3 Le retour vers la galerie ........................................................................................ 16
3. Discussion ....................................................................................................................... 18
Conclusion .............................................................................................................................. 19
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Introduction
Printemps 2003. L'envie me prend de photographier les noms des rues de Madrid.
Ce sont des azulejos, des carreaux de céramique peints. Ils représentent le nom de
la rue : un saint, la vie quotidienne, un écrivain illustre, etc.
Peu à peu j'entreprends de couvrir mon quartier, "el Barrio de las Letras". Beaucoup
de rues portent le nom d'écrivains (Cervantes, Quevedo, Lope de Vega). S'y trouve
aussi las huertas (les potagers), rue piétonne célèbre attirant les noctambules dans
ses nombreux bars. Les Saints ne manquent pas à l'appel : Santa Ana, Santa Maria,
San Sebastian.
En espagnol le mot azulejo signifie simplement carrelage ou carreau de salle de bain
(baldosa). Il n'existe pas de mot spécifique pour désigner ce qu'en français on
appellera azulejos. Cet éclairage linguistique donne l'importance accordée aux
azulejos de noms de rues : pour les espagnols rien n'est plus naturel et banal, de
vulgaires carreaux. Dans de nombreuses villes les noms des rues sont écrits et
illustrés sur des carreaux de céramique.
"Qu'il est bizarre le touriste à photographier ces choses si ordinaires!"
Trouver les azulejos introuvables, les ruelles cachées, les illustrations les plus
bizarres, m'offre de belles ballades dans Madrid. Arrêtant mes explorations au centre
historique où les rues sont toutes indiquées par des azulejos, je photographie
régulièrement, jusqu'à "épuiser" certains quartiers.
Lors de mes promenades d'autres images commencent à attirer mon attention. Entre
tags et expressions artistiques, les pochoirs sont à la mode à Madrid. C'est dans le
quartier populaire de Lavapiés, que l'on en voit le plus. Les façades des kasas
okupadas (maisons occupées, squats le plus souvent illégaux) sont couvertes de
graffitis.
Commence alors une autre collecte : un pochoir inconnu, un graffiti qui se répète des
dizaine de fois. Il faut lever la tête, prendre des ruelles qu'on ne prend jamais, sortir
de ses chemins quotidiens. Chercher au milieu d'un amas de tags, l'image différente,
celle qui raconte quelque chose.
Peu à peu ma quête glisse vers d'autres images : de l'officiel à l'illégal.
Avant de repartir en France fin juin, je fais les comptes : environ 300 photos
d'azulejos et autant de street art. La question se posait du rapport entre ces deux
formes graphiques présentes dans l'espace public.
A la suite de cette longue série de photos, je laissais moi aussi quelques images
dans les ruelles madrilènes.
Afin de situer le sujet je commencerai par présenter les différentes formes de graffiti.
Nous analyserons ensuite leurs rapports étroits et complexes avec les autres images
de l'espace public.
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1. Définitions et historique
1.1 Définitions
Le mot graffiti vient de l'italien graffito, ti, «dessin», dérivé de graffio, «coup de griffe,
égratignure», mais surtout «stylet», du latin graphium, «poinçon à écrire», emprunté
au grec grapheion se rattachant au verbe graphein, «écrire». L'idée d'écrire avec un
poinçon, par extension avec un objet agressif ou agressivement contre une surface
(un mur), est présente dans le terme.
Aujourd'hui on donne la définition suivante d'un graffiti : "inscription spontanée ou
clandestine dans un lieu public comportant en proportion variable des formes
abstraites, des idéogrammes ou pictogrammes et du texte."
Cette forme d'expression populaire, ou tout au moins non académique, peut utiliser
des textes de la littérature canonique et/ou des images de la conscience collective
(citation, clin d'oeil) et prétendre elle-même à un statut littéraire et/ou artistique,
souvent contesté, comme expression de protestation ou de libération.
[Cette définition est tirée du Dictionnaire International des Termes Litraires.]
1.2 Terminologie des graffitis
GRAFFITI - dessin ou inscription griffonné sur différents supports (sur une surface
non officielle). C'est le terme global employé pour des expressions murales et illicites
(voir définition plus haut). On parle aussi d'expressions graffitiques.
TAG - En anglais, il signifie " insigne " ou "
étiquette ". C'est la forme la plus simple du
graffiti. Il s'agit d'une signature en une seule
couleur exécutée rapidement à la bombe. Il
existe sous la forme d'autocollant (sticker).
GRAFF (ou graphe) - dessin en couleur,
mural, plus élaboré et plus long à réaliser
que le tag. Il est composé de lettrages et
parfois de personnages.
FRESQUE (peinture murale extérieure) -
dessin sur une surface de plusieurs mètres
carrés et en couleurs, le plus souvent
réalisée en équipe de travail.
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GRAVURE (gravage ou gravitti) tag réalisé à l'aide d'objets saillants (poinçon, clé,
clou) sur des surfaces vitrées (principalement du RER et du métro). La gravure
ajoute au tag une réponse au politique de répression : elle est ineffaçable.
POCHOIR - Il est réalisé grâce à une
plaque fine de carton ou d'aluminium. Le
dessin est découpé en négatif. Le
pochoir est ensuite appliqué à la bombe
ou parfois au pinceau. L'intérêt du
pochoir réside dans la possibilité de
reproduction identique et dans le niveau
de détail possible.
STREET ART (ou parfois Post-Graffiti)
Ce terme regroupe les artistes de rue qui
utilisent l'affiche, le sticker, le pochoir,
mais aussi la peinture et les installations
dans l'espace urbain. Ils ont en commun que leurs travaux sont illégaux. Les buts
sont variés : comme celui du graffeur montrer un nom, ou dans le cas du street art
une image, d'autres ont des intentions plus politiques. La plupart veulent simplement
que leur art soit vu du public.
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