Pane, Corbett & John (1996), ont comparé présenté un matériel composé d’une animation
(film), d’un graphique statique ou d’un texte. Le phénomène expliqué était celui de la
migration des cellules dans l'embryon. Aucune différence de performance d’apprentissage n'a
pu être mise en évidence entre ces conditions.
Rieber (1989) a comparé des modalités animées et textuelles chez des enfants. Il n’observe
également aucune différence. Cependant les participants ont trouvé la présentation animée
beaucoup plus sollicitante sur le plan cognitif, ils n’auraient pas disposé d’un temps suffisant
pour visualiser l’animation. ce qui pose un autre problème : le flux, intrinsèque à toute
animation, peut-il mener à un trop plein d’information en MdT et donc à une possible
surcharge cognitive ? Les apports des animations au niveau de la représentation des
changements d’états, du dynamisme sont ils annulés par la surcharge que le flux continu
d’informations apporte ?
Lowe (1999, 2004) donne une autre explication au manque de résultats empiriques en faveur
de l’animation. Soit les apprenants sont soumis à un trop grand nombre d’informations et
deviennent incapables de les traiter. On rejoint ainsi la théorie de la charge cognitive de
Sweller (chandler et sweller, 1994 ; Sweller 1999). Lowe parle alors de surcharge
(overwhelming). La possibilité inverse est que l’animation produise une baisse du traitement
cognitif par l’apprenant, Lowe parle alors de sous-charge (underwhelming). Cette baisse peut
être due à une illusion de compréhension ou à un désinvestissement causé par la complexité
des éléments et interactions à l’œuvre. Dans un cas comme dans l’autre, l’apprentissage est
mis en péril ou au moins gêner par les caractéristiques de l’animation.
Une distinction supplémentaire faite par Lowe (2004) est inspirée par la théorie du fond et de
la forme de la Gestalt (Wertheimer 1923, Ellis 1939). Ce qui est tout à fait en accord avec les
influences bottom-up qu’il observe chez les novices. Les caractéristiques dynamiques de
l’animation différencieraient ses composantes en une « forme » (field) recevant la plupart de
l’attention, et un « fond » (ground) qui aurait alors une importance secondaire. Chez les
novices, l’extraction et la rétention des informations d’une animation sont en effet largement
guidées par ses caractéristiques perceptives. Une information très saillante est plus prise en
compte du fait de sa visibilité, quelle que soit son importance réelle dans le schéma. Cette
distinction du fond/forme dynamique, si elle se confirme, nécessiterait une attention
particulière lors de la conception de matériels pédagogiques destinées aux néophytes.
D’ailleurs, la tendance des animations à être de plus en plus graphiques au détriment du
paradigme explicatif utilisé n’est pas forcément de bonne augure.
La nature fugitive de l’animation
Une autre difficulté de traitement cognitif de l’information tient à la nature même de
l’animation : le dynamisme. L’information évolue, change, apparaît et disparaît. Ce
dynamisme est très utile car il permet de faire apparaître les micro-étapes des processus,
d’avoir une vision globale (Bétrancourt & Tversky, 2000). Mais en même temps, le flux rend
l’information fuyante et changeante. Tout doit être gardé en mémoire au fur et à mesure car
les données disparaissent. Le système de traitement de l’information dispose cependant de
capacités limitées et celles-ci sont rapidement dépassées par le flux informationnel. En
comparaison, on pourrait dire qu’un graphique statique ne contient qu’une image alors qu’une
animation en contient 12 à 25 par seconde. Chaque image contenant des informations
structurelles, conceptuelles et spatiales qui peuvent être interprétées séparément. En plus, le
mouvement induit par le défilement des images ajoute des informations temporelles.