platon

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PLATON
LA REPUBLIQUE
Etude d’une œuvre Livre VII de PLATON. Editions GARNIER-FLAMMARION
GUIDE DE LECTURE. Etre capable de REPONDRE AUX QUESTIONS SUIVANTES
1)
2)
Vie de PLATON.
Qu’est-ce qui, dans sa vie, a déterminé PLATON à devenir philosophe ?
Quels sont les philosophes qui ont eu une influence sur PLATON, et pourquoi ?
Œuvres de PLATON.
Quels sont les grands thèmes abordés par PLATON dans ses œuvres ?
La philosophie générale de PLATON.
1) Quel est le but général de la philosophie de PLATON ?
2) PLATON construit sa philosophie sur les concepts fondamentaux suivants
A) Définir ces concepts d’après PLATON.
x L’idée.
x La Dialectique.
x Le Bien.
x Monde sensible.
x Monde intelligible.
B) Expliquez pourquoi PLATON utilise certains concepts et non leurs synonymes ?
a) Pourquoi PLATON emploie-t-il : Idée et non Concept ?
b) Pourquoi PLATON emploie-t-il : Réminiscence et non Souvenir ?
IV
Etude des livres I à VI.
Livre I
1) Pourquoi, dans le prologue, se pose la question “Qu’est-ce que la Justice ?“
2) Pourquoi plusieurs réponses sont-elles proposées ?
Livres Il à IV
1)
2)
Quel est le procédé employé pour définir la Justice ?
Qu’est-ce que la Justice ?
Livre V à VI
1) En tenant compte du contexte historique, quel jugement peut-on porter sur l’idée de PLATON qui prétend
qu’entre l’homme et la femme, il n’y a pas de différence de nature?
2) Peut-on parler d’un communisme de PLATON ?
3) A quelles conditions, l’Etat idéal peut-il exister ?
4) Sur quels présupposés reposent ces conditions ?
5) Quelle image a-t-on du philosophe ?
6) Pourquoi SOCRATE réfute-t-il cette image ?
7) A quoi correspondent la ligne décrite livre VI et ses différentes divisions ?
Livre VII (Lire attentivement le texte).
Première Partie. L’allégorie de la caverne.
1) PLATON décrit (P.273) une caverne, des personnages, des objets... Faites un schéma dans lequel vous
dessinerez cette caverne. Placez avec précision ces divers personnages, objets, ... par rapport à l’entrée et au fond de la
caverne, Indiquez clairement où est située l’entrée de la caverne.
2) Les différentes choses décrites dans l’allégorie servent à exprimer quelles idées ? Etablir un parallèle entre
l’objet décrit et sa signification.
3) Quel est le but de l’éducation véritable ?
4) Pourquoi l’éducation est-elle accompagnée de souffrances ?
5) Quelle place occupe le philosophe dans l’allégorie ? Est-il assis à côté des prisonniers ? Est-il sur la route
avec les montreurs de marionnettes ? Le situez-vous ailleurs ? Justifiez.
6) Pourquoi faut-il s’habituer à voir la vérité ? Représentez, par un dessin, les différentes étapes qu’il faut
franchir pour accéder à la vérité (p.274 1.34 et suivantes).
7) PLATON fait deux analogies. (Cf. : ce cours.).
- 1ere analogie : la caverne - Le monde éclairé par le jour.
- 2eme analogie : le monde du jour (monde sensible) - monde intelligible.
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Pourquoi, dans la seconde analogie le monde du jour occupe-t-il la place occupée dans la première analogie par la caverne ?
8) Qu’est-ce que le Bien ?
- a) Pourquoi est-il une réalité ?
- b) Pourquoi est-ce une Idée ?
- c) Pourquoi est-ce la cause de tout ? Expliquez le mot “tout”. Causalité et participation.
9) Pourquoi le philosophe a-t-il le bonheur ?
10) Quel est le rôle de la véritable éducation ?
11) Sur quel présupposé repose l’idée que tout homme peut devenir philosophe selon PLATON ?
12) Pourquoi faut-il obliger le philosophe à redescendre dans la caverne ?
13) Sur quels présupposés repose l’idée que le philosophe doit gouverner la cité ?
Deuxième partie. La formation intellectuelle du futur magistrat.
1) L’éducation ne concerne-t-elle que l’esprit ?
2) Quelles sont les sciences propres à l’éducation du philosophe ? Quel est l’objet de chaque science ?
3) Quel était le préjugé des hommes vulgaires et des savants eux-mêmes quant à l’utilité de ces sciences ?
4) Quelle est la véritable utilité de ces sciences d’après PLATON ?
5) Pourquoi l’étude de ces sciences est-elle un prélude nécessaire à la formation du philosophe ?
6) L’opposition entre l’opinion vulgaire et celle des savants jusqu’alors et la thèse que défend PLATON à propos de l’utilité
de la science pose un problème. Lequel ? Formulez-le ?
7) Ce problème est-il encore d’actualité, de nos jours ?
Troisième partie. Le Curriculum Vitäe du magistrat.
1) Pourquoi n’est-ce pas la naissance, mais le choix qui détermine les citoyens qui recevront la formation de philosophe ?
2) Qu’est-ce qui distingue le savant du philosophe à propos de leur formation ?
3) Dans cette partie, PLATON montre que l’on doit faire une sélection des citoyens qui recevront la formation du
philosophe.
Précédemment, il avait dit que n’importe quel homme possède en lui 1’organe qui peut le rendre philosophe. ----» Quelles
réflexions suscitent ces deux thèses ?
Livres VIII à X
1) Pourquoi l’aristocratie est-elle, selon PLATON, la meilleure forme de gouvernement ?
2) De nos jours, si l’on accepte le présupposé de PLATON selon lequel, seuls les hommes qui ont le savoir et le savoir-faire,
doivent avoir le pouvoir par qui pourrait-on remplacer le philosophe à la tête de l'Etat ?
3) Comment appelle-t-on, de nos jours, ce type de système politique qui prétend que seuls, ceux qui ont le savoir et le savoirfaire doivent détenir le pouvoir ?
4) Quelles sont les implications de cette conception du pouvoir ?
5) Pourquoi les mauvaises formes de gouvernement constituent-elles, selon PLATON une injustice ?
6) Pourquoi le tyran est-il toujours malheureux ?
Appendice et conclusion
1) Sur quels présupposés repose la conclusion ?
2) Pourquoi l’homme vulgaire choisirait-il d’être un tyran s’il en avait la possibilité?
3) Pourquoi ULYSSE choisit-il la condition d’un homme vulgaire ?
Quel est l’intérêt philosophique du livre VII ?
Voir en particulier si ce livre reste d’actualité.
Voir si PLATON est un utopiste.
Chapitre I
L’influence de sa vie sur son oeuvre
La vie de PLATON. Naît et meurt à Athènes 427-347 av. J.- C
.
1) Milieu familial.
Fils d’Ariston le jeune Aristoclès descendait par son père du dernier roi d’Athènes. Il est issu d’une famille aristocratique
célèbre à Athènes. Sa mère descend de SOLON, ( Homme politique qui fut le premier législateur de la cité ). Il a deux frères
Adimante et Glaucon (on les retrouve comme interlocuteurs dans « La République ») et une sœur Potonè. Issu d’une famille
de hauts magistrats, il est destiné à faire une carrière politique. Pourtant, à partir de considérations politiques sa vie fut
bouleversée. Indigné ( on est indigné quand on constate l’absence de bien) par la mort injuste de Socrate, par le fait que des
méchants, des cités, puissent faire périr un homme juste il s’étonne devant le mal, l’injustice. Il constata que les cités sont
injustement gouvernées, elles ont de mauvais régimes politiques, leur législation et leur moralité sont corrompues.
L’indignation et l’étonnement le poussèrent à se révolter contre les préjugés, les habitudes, et à devenir philosophe pour
chercher une cité juste, celle qui n’aurait pas condamner Socrate.
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2) Milieu historique.
Il vit une période de crises.
- a) La Guerre du Péloponnèse a éclaté en 431 quelques années avant la naissance de Platon. Elle durera plus de 30 ans. Elle
oppose Athènes à Thèbes et Sparte (jalouses d’Athènes devenue florissante sous le règne de PERICLES, 495-429 av J. - C.).
Athènes vivait, avant ces guerres, une période glorieuse : paix ; puissance navale et commerciale ; arts (construction de
l’Acropole, sculptures, arts avec PHIDIAS, PRAXITELE ; lettres avec SOPHOCLE), urbanisme développé et démocratie.
Périclès meurt en 429 deux ans après le début de la guerre et après lui tout se dégrade dans le gouvernement d'Athènes. En
406 la flotte athénienne affronte la flotte spartiate. À la fin du combat gagné par Athènes une tempête s'élève et empêche les
vainqueurs de recueillir les survivants et les corps des victimes. Quand l'escadre revienne au Pirée, les stratèges sont accusés
d'incompétence. Jugés en bloc ils furent condamnés à mort. Socrate s'acharna à dénoncer l'illégalité de cette procédure.
Quelque temps plus tard l'assemblée populaire reconnut son erreur et réhabilita ceux qu'elle avait tués.
La jeunesse de Platon se déroule dans un moment crucial où la démocratie athénienne se montre incapable de faire
face aux attaques. PLATON a environ trente ans lorsque ces guerres s’achèvent par la capitulation d'Athènes (flotte
détruite), en partie rasée par les Spartiates vainqueurs. La démocratie est tenue pour responsable du désastre.
- b) Sparte impose à Athènes, en 421, un gouvernement oligarchique ( oligarchie gouvernement aristocratique dégénéré :
ce ne sont plus les meilleurs qui gouvernent, mais les plus riches), tyrannique, il avait un pouvoir absolu. Il est constitué par
un conseil de 30 magistrats parmi lesquels Critias cousin de la mère de Platon, et l'oncle de Platon, Charmide : ce
gouvernement des Trente accumule violences et injustices. Platon découvre que ceux qu'il admirait collaborent avec
« l’occupant » ( Sparte) servent leurs intérêts et non celui de la cité d’Athènes. Critias est le plus féroce de tous, il confisque
arbitrairement les biens des citoyens, condamna à mort de plus de 1500 personnes, le nombre des bannis est énorme. Socrate
avait refusé d’obéir aux Trente : il refusa d’arrêter un partisan des démocrates exilés Léon de Salamine, alors réfugié à
Salamine, alors qu'il risquait la mort pour désobéissance, mais il ne fut pas tué car en 403 les oligarques sont renversés, les
démocrates exilés reprennent le pouvoir, la démocratie est rétablie. Pourtant lors de leur retour au pouvoir les démocrates
firent voter une loi contre SOCRATE : elle interdisait « d’enseigner l'art de la parole », puis ils condamnèrent à mort
Socrate. Platon fut bouleversé par cette condamnation à ses yeux injuste de Socrate.
- c) PLATON voit la guerre civile éclater à Athènes entre :
* Les partisans de Sparte et de son régime aristocratique (que PLATON préfère car c’est le gouvernement par une élite. Cf. :
”Le philosophe roi de la cité et la critique de l’égalité arithmétique ci-dessous”).
* Les partisans d’Athènes et de son régime démocratique (gouvernement par tous).
- d) Il assistera au rétablissement de la démocratie à Athènes et verra une nouvelle menace pour les cités grecques : celle
d’une guerre contre Philippe II de Macédoine. Dix ans après la mort de PLATON, les cités grecques se soumettent au
vainqueur Philippe II de Macédoine.
Intérêt de ces crises ?
Elles détournent, avec la mort de Socrate, PLATON de sa carrière politique à laquelle sa naissance aristocratique le
destinait, mais elles éveillent en lui la vocation d’éducateur politique. Il va réfléchir à la cité idéale qui ne serait pas basée
sur une puissance matérielle (argent, commerce ...), mais sur une puissance morale et spirituelle, une cité où ce qu’il a vécu
(violences, guerres, injustices, mort de Socrate ...) ne serait plus possible.
3/ Son éducation et l’influence des autres philosophes sur sa pensée.
Education de jeune aristocrate, malgré tout heureux, grammaire, poésie, musique, gymnastique. Il est doué intellectuellement
et physiquement (deux fois couronné aux jeux athlétiques nationaux). De son vrai nom ARISTOCLES, son maître de
gymnastique le surnomme PLATON, il dût son surnom de Platôn = le large, à cause de sa large carrure : il est fort et
vigoureux. Il aurait fait de la peinture, de la poésie et de la tragédie avant sa rencontre avec SOCRATE.
Influence des autres philosophes sur sa pensée.
a) Influence d’HERACLITE d’Ephèse et de PARMENIDE.
Il est d’abord élève de CRATYLE, disciple d’HERACLITE (philosophe présocratique grec 540-480 av J. -C.).
- Pour HERACLITE : tout dans la nature change sans cesse, l’être est changeant, il est en mouvement, il évolue dans le
temps. « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. ». Il faut se fier aux sens qui nous donnent le devenir, le
changement, le mouvement. ( précurseur de la philosophie empiriste) Tout change (La science contemporaine confirme par
exemple que le soleil est sans cesse changeant). Il s’oppose à PARMENIDE.
- Pour PARMENIDE : « L’Etre est, le non-être n’est pas. » Le non-être, c’est le changement. Si l’être change, il n’est plus
ce qu’il était. L’être est éternel, il est immuable, il est stable, il n’évolue pas dans le temps. (Exemple : le cristal est toujours
le même, le soleil reste toujours le même : son identité s’est maintenue à travers ses apparences changeantes). L’être stable
est donné par la raison. Il faut se fier à la raison ( précurseur de la philosophie rationaliste).
Intérêt de cette contradiction pour PLATON : PLATON apporte une solution aux problèmes soulevés qui divisaient les
présocratiques.
- * Comme HERACLITE : PLATON dit que le monde sensible est changeant donc il n’est pas l’être véritable,
- * Comme PARMENIDE : dans le monde intelligible les Idées sont éternelles, elles ne changent pas, elles sont les êtres
véritables.
b) Influence de SOCRATE.
PLATON Page : 3
Sa rencontre avec SOCRATE bouleverse sa vie. Après avoir suivi les leçons d’un disciple d’Héraclite : Cratyle, et d’un
disciple de Parménide : Hermogène, il fut admis dans le cercle socratique. Le philosophe ALAIN dira que cette rencontre a
été « Le choc des contraires. » PLATON a 21 ans lorsqu’il rencontre SOCRATE qui a alors 63 ans.
SOCRATE
PLATON
Agé.
Milieu modeste.
(père sculpteur, mère sage-femme)
Très laid.
Mal vêtu .
Jeune.
Milieu d’aristocrates.
(Père magistrat)
Très beau.
Bien vêtu…
Intérêt de cette rencontre pour PLATON ?
PLATON se rend compte que, si SOCRATE n’est pas "beau" en apparence (les sens sont trompeurs), il incarne la beauté de
l’âme qui est la seule beauté importante, donc la véritable beauté n’est pas donnée par les sens.
L’enseignement de SOCRATE :
- Il ne veut pas communiquer un savoir « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Il n’est pas un savant (les
présocratiques étaient des « scientifiques » ils étudiaient l’univers, et faisaient des cosmologies. SOCRATE n'a pas fait de
cosmologie. Il met en pratique la devise donnée par un des sept sages de la Grèce antique Chilon le Lacédémonien (Sparte)
écrite sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ». Pour les présocratiques la priorité est de connaître
la nature : les présocratiques élaborent des cosmologies, ils sont les physiciens, ils étudient la « phusis » ( ou physis) ou les
lois de la nature, accessoirement ils étudiaient l’homme comme étant un élément de la nature. Cette devise reprise par
Socrate signifie qu’avant de connaître la nature il faut d’abord réfléchir sur nos propres pensées, et connaître ce qu'est par
essence l'homme, la philosophie doit être avant tout éthique et politique. Socrate est considéré comme le père de la
philosophie car il lui donne un nouvel objet : il centre sa réflexion sur l’homme. Etre un homme c’est décider ce qui
vaut pour le citoyen et la cité, en écoutant sa raison. La liberté de la décision conduit à la responsabilité qui fait peur. Les
hommes préfèrent se reposer sur les traditions, sur les opinions des autres. L'éducation telle qu'on la pratiquait apprenait
le conformisme. Il faut opposer au bavardage utilitaires des sophistes, des enseignants, le langage qui pose les questions
essentielles à tous les hommes et qui permettent d'y répondre : c'est le LOGOS, discours philosophique, rationnel et
raisonnable qui cherche l'objectif et l'universel. Le langage philosophique permettra de trancher quand les opinions entrent
en conflit, quand on veut échapper aux violences sociales engendrées par ces opinions. Socrate pensait que les spéculations
sur la nature étaient de peu d’intérêt car la nature ne dépend pas de l’homme, par contre ce qui dépend de l’homme, de sa
volonté, de sa raison, c’est un ensemble de questions pratiques : éthiques et politiques. Il est le premier philosophe à ne
pas faire de cosmologie ( Note : Platon va refaire une cosmologie dans le Timée, mais elle n’est plus aussi essentielle que ce
qu’elle l’était chez les présocratiques, et elle est essentiellement mathématique) .
Socrate prétendait ne rien savoir, il parcourait les rues d'Athènes à la recherche de la vérité et il interrogeait les spécialistes
qui étaient sensés savoir, sur leur spécialité : par exemple il interroge l'être qui passe pour être vertueux, Ménon, sur la
vertu ; le général sur la guerre et le courage ; un poète sur la poésie et le beau, un homme d'État sur le bien et le juste pour
tous… Socrate utilise une méthode double :
1 / L’ironie. ( en grec eirôneia c’est l’interrogation de celui qui feint d’ignorer) L’ironie a un inventeur Socrate. Sa fonction
est de réfuter une opinion. C’est l’art (ou technique, ou méthode) d’interroger les interlocuteurs, (en particulier les
spécialistes ou les sophistes) qui prétendent tout savoir. Face à l’assurance du discours de son interlocuteur ( Exemple illustré
par Platon, dans Ménon, Ménon prétend qu’il n’y a pas pour lui de difficulté à définir ce qu’est la vertu, de plus il passe aux
yeux des athéniens pour un homme vertueux) Socrate par des questions pousse son interlocuteur à voir l’absurdité de ses
propos. Quitte parfois en feignant l’ignorance ( ce qui a donné lieu au sens moderne de l'ironie : « dire le contraire de ce que
l'on pense »). Par ses questions, SOCRATE, en feignant ne pas comprendre ce que dit son interlocuteur, met en évidence
toutes les conséquences et les contradictions d'un discours en apparence solide mais qui n'est en réalité qu’une opinion
portant sur le subjectif, l’éphémère, ce qui est en devenir, c’est-à-dire ce qui advient, et disparaît, ce qui naît , se développe,
meurt, change dans le temps et dans l’espace.
[ Note : le savoir véritable est objectif, universel, il porte sur le permanent, l’essence des choses. La vérité se définit par sa
permanence et son universalité. Elle ne doit pas être confondue avec la relativité, l’inconstance des opinions. Ce qui est vrai
aujourd’hui a été vrai dans le passé et l’est pour toujours et pour tous les hommes. Pour Socrate et Platon les dieux sont
éternels comme les astres et les Idées. Les Idées, comme le Beau, le Vrai, le Juste, le Bien, sont des essences éternelles
divines. Ce qui expliquera que pour Platon le philosophe qui est capable de contempler ces Idées est semblable aux
dieux, il ressent le vrai bonheur.]
Par l’ironie Socrate amène son interlocuteur à découvrir les contradictions dans ses pensées, à douter de ses évidences,
(l’opinion, même droite, n’est pas un savoir véritable car elle est un avis subjectif), et finalement à admettre son ignorance.
L'ironie est un travail philosophique, elle ne cherche pas à disqualifier un interlocuteur mais à libérer un esprit de ses
préjugés. L’interlocuteur croyait savoir, l’ironie le rend conscient de sa réelle ignorance.
2 / La maïeutique. ( en grec maieutikè : art de faire accoucher) SOCRATE aide par des questions à “accoucher les esprits”,
des idées qu’ils portent en eux, sans le savoir, par leurs propres forces, sans qu'elles soient transmises ou enseignées
(référence à sa mère sage-femme qui accouchait les corps, elle est une aide extérieure à une femme, elle l’aide à mettre au
monde un enfant que la femme porte dans son corps). SOCRATE est l’accoucheur des esprits. Le philosophe est cette aide
extérieure qui a pour but d’aider l'interlocuteur à enfanter des idées qui sont en lui, à trouver par lui-même, dans son esprit,
le Savoir véritable, la Vérité. Socrate est le maître qui ne fait que diriger la recherche de l'élève ou de l'interlocuteur qui doit
retrouver la vérité par sa propre réflexion. (Exemple la réminiscence est illustrée dans le Ménon 82a – 86c, le petit esclave
PLATON Page : 4
de Ménon, va être capable de résoudre un problème de mathématique. Par une interrogation SOCRATE amène un jeune
esclave à “retrouver en lui” une loi de géométrie qu’il n’avait jamais apprise. Il découvre comment construire un carré
de surface double d’un carré donné. Il découvre sa capacité de réfléchir sur une essence intelligible : le Carré ( le mot s 'écrit
avec une majuscule, on pourra aussi l'appeler le carré en soi, ou l'Idée de carré), dont la figure dessinée et perçue par les
sens n'est qu'une image imparfaite). La maïeutique repose sur la théorie de la réminiscence selon laquelle l’âme a
contemplé les idées éternelles avant de les oublier lorsqu'elle est tombée dans un corps, donc apprendre c’est se
ressouvenir. L’âme préexiste au corps. Avant son incarnation dans l’existence actuelle l’âme a été en contact avec les Idées
( les essences), ce dont elle doit acquérir la connaissance de sorte que la connaissance est reconnaissance, réminiscence, c’est
retrouver ce que la mémoire a en partie oublié.
La vérité est alétheia, c’est ôter les voiles ( a : privatif) les apparences, les préjugés) cachent le réel.
La vérité est le dévoilement de l’être réel ( ce qu’il est par essence).
La vérité est une propriété du discours qui dit le réel tel qu’il est. « Le discours vrai dit les choses comme elles sont, le
faux, comme elles ne sont pas » (Platon, Cratyle,385b).
La vérité est adéquation du discours et du réel, quelque soit la personne qui parle. Elle est universelle.
Comment savoir ce qu’est le réel s’il change sans cesse ? C’est pourquoi Platon condamne les opinions, le sensible, le
changement…Seule une réalité stable, permanente, donnée par la raison, peut être l’objet d’un discours vrai.
[Note : Platon énonce la norme qui deviendra courante de la vérité scientifique : objective et universelle, portant sur des
essences].
Pour apprendre il faut déjà savoir. La réminiscence permit de surmonter le paradoxe de la recherche. Si on sait
totalement on ne cherche pas puisqu'on sait. Si on ignore l'existence d'une chose, on ne la cherche pas. Le moyen de
surmonter ce paradoxe est d'admettre que dans toute recherche on a déjà une petite idée de ce que l'on cherche. Celui qui ne
saurait pas qu'il existe une vérité, une justice, une beauté, etc. pourrait-il les chercher ? [ Note : dans la même perspective,
saint Augustin dira qu’on ne chercherait pas Dieu si on ne l’avait pas déjà trouvé, si on ne savait pas qu’il existe.Pascal
dira de même]. Contrairement à ce que disaient les sophistes qui pensaient que l’homme invente les valeurs ( Cf. : le sophiste
Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose. »), Socrate ( et Platon) pense que les valeurs ( le Bien, le Vrai, le
Beau, le Juste…) nous interpellent, tous les hommes sont incités à les chercher car nous savons bien au fond de nous-mêmes
qu’elles existent. Si l’homme désire ces valeurs c’est parce qu’il les a déjà connues dans une vie antérieure, mais l’âme en
s’incarnant a oublié ce qu’elles étaient, sans oublier leur existence. La théorie de la réminiscence signifie que la science (ou
la connaissance) ne se communique pas, mais que chacun peut la trouver en lui-même par une réflexion bien conduite par la
raison. On n’enseigne pas la vérité, on la retrouve au fond de soi, on se la réapproprie. Après avoir détruit les préjugés ( Cf.
l’ironie) la deuxième partie de la méthode, la maïeutique, est donc l’aide à la construction d’un savoir véritable par soimême, mais en même temps ce savoir est universel, puisqu’il dit l’être réel, il est vérité.
Il faut pour cela commencer par définir les Idées ou les essnces (Ex. Qu’est-ce que la justice, qu’est-ce que la beauté, qu’estce que l’homme ?… ).
* Si je me fie aux sens je décrirai des hommes particuliers, tous différents les uns des autres ( on en reste aux opinions).
* Pour définir Idée, ou la nature de l’Homme, il faut donner une définition à l’homme, une essence universelle de l’homme
qui ne tient pas compte des différences, des apparences ou des accidents qui existent entre les hommes mais qui montre les
caractères constitutifs immuables qui existent chez tous les hommes : on définira ainsi l’idée d’Homme ou l’Homme en soi
et toutes les Idées de la même façon (Beau, Vrai, Juste…). De même pour distinguer l'opinion, fausse ou droite, de la vérité
il faut des critères objectifs, des essences.
Bien que n’étant pas un savant, SOCRATE est le précurseur de la Science qui n’étudie pas tel ou tel cercle particulier, mais
le concept de Cercle ; pas tel ou tel homme, mais le concept d’homme ...
(Cf. : ARISTOTE, élève de PLATON, « Il n’y a de science que du généra et du nécessaire. »)
PLATON va étudier, comme SOCRATE, les concepts; mais il en fait les Idées car il va leur donner une réalité dans le
monde intelligible (ce que SOCRATE n’avait pas fait) et l’ontologie (science de l’être en soi) est la recherche de l’être en
soi, de l’absolu, de l'essence des choses et des êtres.
La vie et la mort de SOCRATE provoquent la réflexion philosophique de PLATON. SOCRATE montre en acceptant de
mourir, que les idées comptent plus que la vie qui est illusoire, que les hommes qui l’ont condamné sont méchants parce
qu’ils sont ignorants (Ils pensaient bien faire mais ils se sont trompés, ils n’ont pas vu le vrai Bien ; un présupposé de la
philosophie de Socrate : « Nul n’est méchant volontairement. ») Platon reprendra cette idée de son maître. Il existe une
liaison tellement forte entre la pensée et l’action, entre la théorie et la pratique, que c’est ignorer ce qu’est le bien réel que
de mal agir. On ne peut pas faire le mal pour le mal. Cela ne signifie pas qu’on doive disculper le voleur ou le criminel mais
que l’action mauvaise n’est pas perverse, c’est une erreur. Faire le mal est involontaire. Il y a une domination du bien. Tous
les hommes ne désirent que de bonnes choses. Ceux qui déclarent désirer le mal ou bien ils le désirent pour que leur soit utile
et leur procure un bien ou bien ils se trompent quand ils disent vouloir le mal parce qu'il est nuisible et ils ne peuvent pas
vouloir pour eux-mêmes quelque chose qui les fasse souffrir. Le voleur agit en fonction du bien, ne serait-ce que parce qu’il
cherche son bien propre, mais son erreur est de ne pas connaître le vrai Bien, il ignore ce qu’est le Bien qui ne peut être
qu’universel. Le voleur a cherché le bien, mais il a mal agi car il n’a pas tenu compte d’autrui, il a été poussé par ses désirs
irrationnels et n'a pas écouté la raison qui commande de chercher le bien pour tous. Connaître le vrai bien, c’est le faire.
Celui-ci connaît le vrai bien est un homme bon, juste, beau et vertueux.
(Note : Ce présupposé optimiste sera contesté par de nombreux penseurs pessimistes. Exemples le poète latin Ovide, Saint
Paul…, disent voir le bien, l’approuver et pourtant faire le mal qu’ils ne voudraient pas faire).
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Pour Platon le symbole d'un tel homme capable de voir le vrai Bien est Socrate qu’il nommait « l'homme le meilleur, et en
outre le plus sage et le plus juste des hommes » (Phédon, 118a), celui que l’oracle de Delphes avait déclaré être l’homme
« le plus sage » de la cité d’Athènes.
Les hommes politiques n’ont pas la sagesse du philosophe, donc PLATON conclut que « les Etats actuels sont mal
gouvernés. ». Si l’on ne sait pas ce qu’est la nature d’une vie commune, ses conditions et ses fins on en restera aux
préjugés : on croit que pour que des hommes appartiennent à une même cité il suffit qu’ils aient une langue commune, des
coutumes communes, des lois positives communes. En fait il ne s’agit pas de communauté véritable mais de
rassemblement d’individus, comme le sont la démocratie athénienne ou les systèmes oligarchiques ou monarchiques
d’autres cités. (Platon critique tous ces systèmes qui existent, et les sophistes pour lesquels le langage n'est qu'un instrument
qui permet la prise de pouvoir, il persuade). Dans tous ces systèmes existent de la corruption, des intérêts particuliers à
défendre, cela engendre des conflits comme c’est le cas dans la démocratie qui donne l’apparence d’une cité unie alors qu’en
réalité chacun cherche son profit personnel. Personne ne s’est interrogé sur ce que sont une vraie assemblée, une bonne
constitution, une bonne justice. Les cités sont corrompues et sont le lieu de la démagogie (on flatte, on persuade les citoyens
par de belles paroles), la violence se manifeste dans l’injustice, l’impiété, la malveillance et ceci est du à l’ignorance de ce
qu’est le Bien pour tous. Dans plusieurs ouvrages ( La République, Politique, Critias, Les Lois)
Platon montre que l’objet du politique est l’unité réelle de la cité, la recherche du Bien pour tous qui ne doit pas être
celui de la majorité (la majorité des voix suffit en démocratie pour adopter une loi, mais c’est une majorité qui ne cherche
que des intérêts personnels ) mais de la totalité et c’est la raison qui nous indique ce Bien pour tous
( Voir Cours sur « L’Etat »: le Bien pour tous est ce qui correspond à la Volonté générale). Connaître le vrai Bien rend
excellent en politique. Celui qui connaît doit diriger tous les ouvrages dans la cité et doit produire un savoir : il doit
enseigner car le citoyen accompli est un homme éduqué correctement. S’il existe quelques hommes « bons en politique »
(Ménon, 92e-93) ( par exemple Périclès) aucun d’entre eux n’a été capable d’enseigner. Platon attend un homme politique
capable d’être pédagogue, capable d’enseigner à tous leur propre vertu qui sera mise au service de tous.
La vertu, en grec aretê, est l’excellence. Chacun doit être excellent dans son domaine. Par exemple le cordonnier doit
savoir ce qu'est un pied, comment marche un homme, comment tendre le cuir, quels outils utiliser…L’excellence repose
toujours sur un savoir. Celui qui gouverne doit connaître chaque groupe de citoyens afin de déterminer ses capacités et la
fonction qu’il a à accomplir dans l’intérêt de tous, il doit les éduquer en fonction de leurs compétences. ( Cf. plus loin la
répartition en trois classes, et l’éducation). Si les hommes se regroupent pour satisfaire leurs besoins fondamentaux, les
métiers se multiplient pour y subvenir. Chaque besoin appelle un ou quelques métiers. Cependant les besoins deviennent
sans limite. Platon impose deux limites pour que la cité soit saine.
a) La première limite. Il impose l’exclusivité du métier : une seule fonction ou métier par individu, cela conduit à une
forme de division du travail. Les trois groupes ou classes de citoyens correspondent à des divisions qui ont pour but de
satisfaire les besoins nécessaires. Mais les trois sont indispensables au maintien en vie du citoyen et de la cité:
1/ assurer la nutrition, le logement, l’habillement (classe des laboureurs).
2/ assurer la défense des citoyens ( classe des gardiens)
3/ penser le Bien, l’ordre, la justice… pour tous (classe des philosophes-rois).
Les échanges, les services, le commerce étant des activités serviles doivent être laissées à des non-citoyens : les métèques
ou les étrangers dont le temps de séjour sur le territoire est limité, ou aux esclaves.
Platon impose une limite au nombre des métiers.
b) La deuxième limite est que les métiers ne doivent satisfaire que les besoins fondamentaux et indispensables, ils
doivent permettre de satisfaire le nécessaire.
Mais la limite est dépassée quand la cité est malsaine, elle entre dans la démesure (en grec ubris) et aspire au luxe, c'est-àdire à la production de nouveaux besoins qui ne sont que des désirs superflus et à l'acquisition de nouvelles richesses, ce qui
la conduit à s'étendre indéfiniment. L’ubris est démesure (le plus gros défaut pour les grecs) ce qui conduit au désordre (
au niveau individuel et dans la cité) , aux injustices (Cf. : la mort de Socrate) aux conflits entre les citoyens, à la guerre
avec les cités voisines car chacune veut s'approprier les richesses de l’autre.
Si la cité est bonne c'est parce qu'elle a trouvé un équilibre (un ordre) : les hommes réussissent ensemble, grâce à cette vie
commune, à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Platon pense que le fondement ( archê) de la cité « ce sont nos besoins »
(Platon La République, II, 369c) mais les besoins ne possèdent pas eux-mêmes le principe de leur limitation ; le
fonctionnement naturel de la cité est celui de la multiplication des besoins. C'est ce qui explique qu'il faut que la pensée
intervienne qu’elle s’oppose au développement naturel, démesuré des désirs et que la cité soit une cité cherchant
l’intérêt de tous (elle n'est pas un troupeau d'animaux assemblés par hasard dans un lieu, mais un groupe fonctionnel,
harmonieux, cherchant l’équilibre de l’ensemble, de la cité). Mais le rôle du citoyen ne se réduit pas à son apport
fonctionnel, il doit maîtriser des savoirs, une culture, des valeurs, partagés par tous. Les citoyens les moins aptes
intellectuellement ne doivent pas être abandonnés au lot des préjugés, des opinions, des faux savoirs. C’est pourquoi Platon
sanctionne les poètes, les sophistes qui nous cachent la réalité et la vérité, par des discours faux. C’est encore la raison pour
laquelle celui qui sait (le philosophe) doit non seulement gouverner mais il doit aussi enseigner pour rendre les hommes
meilleurs ( si tous ne sont pas capables d’atteindre le vrai savoir, tous doivent au moins remplacer les opinions tordues par
des opinions droites. Cf. : ci après, Livre VII de La République, le chapitre sur l’éducation). La tâche du philosophe est
d'organiser une réalité sociale complexe, faite d’individus ayant des intérêts privés, personnels, égoïstes.
Comment des êtres égoïstes peuvent-ils vivre ensemble et chercher le Bien de tous, voilà l’enjeu de la réflexion
philosophique sur le politique.
PLATON Page : 6
Si l’exposé du rôle et de la démarche du philosophe varie d'un livre à un autre (La République, Politique, Lois) une idée
directrice demeure : l'individu citoyen est un microcosme par rapport au macrocosme de la cité qui le renvoie sa propre
image agrandie, mais la cité parfaite est elle-même un microcosme par rapport au macrocosme qui est le cosmos.
L'ordre à l’intérieur de l’âme individuelle fait de l’individu un homme juste, il renvoie à l’ordre qui doit régner dans la Cité,
chacun doit mettre de l’ordre, grâce à sa raison, dans ses désirs pour ordonner sa conduite par rapport à cette norme qui est
l’intérêt de tous, le bonheur de tous, l’ordre social, la justice est le signe que l’ordre social règne. Cet ordre social luimême renvoie à l'ordre contenu dans le cosmos soumis aux mathématiques, le cosmos est lui-même le reflet d'un monde
intelligible accessible par la raison ( décrit dans le Timée). L'univers est totalement mathématisable car il a été créé par un
démiurge qui regardait un modèle mathématique, structuré et ordonné, rationnel. L’univers est composé d’éléments ( feu, air,
terre et eau) qui sont dosés et proportionnés pour composer un tout solide et indestructible. L’âme de cet univers est cet ordre
qui le maintient en vie. Cet ordre, cette rationalité, doivent se retrouver à tous les niveaux : le cosmos, la cité,
l'individu. L’individu et la cité sont comme le cosmos des êtres vivants, composés d’éléments différents mais dont l’unité
vivante est assurée par une âme. La cité est un être vivant, fait d’éléments : les citoyens et la bonne Constitution est l’âme de
cet être vivant, elle doit s’inspirer de cet ordre cosmique pour mettre de l’ordre dans les parties qui la composent (les
individus tous différents, avec leurs intérêts, désirs différents, conflictuels). Le cosmos est harmonieux, l’individu et la cité
doivent être harmonieux. Platon va expliquer que la cité est un tout devant vivre en harmonie Le cosmos est un modèle à
imiter.
Nous pensons souvent, à la suite des utopistes, que la cité idéale est à venir. Platon pense au contraire que le meilleur
régime social se situe dans un passé, le passé d’un mythe fondateur. Il va imaginer cette cité idéale dans le passé. Son
but est de montrer comment l'État idéal s'est dégradé, comment l’Athènes actuelle a dégénéré. Dans le Critias, Platon traité
de l'histoire de l'antique Athènes conçue comme la société humaine idéale, un âge d’or. C'est une petite république
terrienne, qui vit du produit de son sol, dans des frontières limitées, sans rêver d'expansion, agriculteurs et artisans ne
cherchent qu'à répondre aux besoins internes à la cité sans souci de l'or et de l'argent, la classe des guerriers n'a que le souci
de maintenir l'ordre intérieur et la protection de la cité contre les menaces venues de l'extérieur. Cette Athènes antique
s'oppose à un autre État d'une extrême puissance, située sur une île quelque part en plein océan Atlantique. L'Atlantide est
un vaste empire maritime en pleine expansion. Tournée vers l'extérieur, désireuse d’étendre les territoires sur lesquels elle
exerce sa domination et cherchant à accroître ses richesses par le commerce, entraînée par l'avidité, les agriculteurs et les
artisans produisent en vue de l'échange mercantile et ne songent qu'à s'enrichir. La flotte de commerce s'appuie sur une
armée capable de mener à bien des guerres pour accroître les richesses. Si au départ l'Atlantide est heureuse et réussira dans
ces entreprises, la déchéance sera fatale. Cité maritime, voulant s’étendre par les conquêtes maritimes, la mer la perdra. :
« l'île Atlantide s'engloutit dans la mer, y disparut à jamais. » (Platon. Timée, 25c.). Il est vain de chercher le lieu où se
trouvait cet empire disparu. Il vaut mieux chercher ce que Platon a voulu signifier par ce mythe. Par ces deux modèles Platon
expose l'Athènes d’hier et l’Athènes d'aujourd'hui. L'Athènes actuelle rêve de s'ouvrir sur la mer, et son désir d’ expansion et
son goût des richesses, de la démesure, risque de lui faire connaître le sort de l'Atlantide et de disparaître. Par contre le
philosophe a compris que la cité idéale est cette Athènes antique, sage, modérée, mesurée, ordonnée. Platon prend
position dans le débat athénien afin d'opposer le projet d'un gouvernement sage à la corruption des mœurs et des esprits dont
il est le contemporain.
Dans Les Lois Platon donne le plan de la cité vertueuse. Il construit une nouvelle fiction en faisant la description de la cité
idéale. Selon lui, c’est une petite cité rurale éloignée de la mer et pourvue de ressources indispensables. A ces conditions
géographiques et naturelles, il ajoute des conditions démographiques : elle ne peut excéder une certaine population ( 25000
habitants) car le sol ne pourrait pas la nourrir. Le nombre des citoyens est limité à 5040 foyers, c'est-à-dire 5040 exploitants
agricoles qui se partagent les 5040 parts égales du territoire sur lequel ils vivent avec leur famille. Ce nombre a été choisi car
il admet un grand nombre de diviseurs, il est le produit de la multiplication des sept premiers nombres. (On ne va pas entrer
dans le détail des possibilités multiples offertes par ces divisions). Les citoyens sont presque tous des agriculteurs, et si la
cité devait entrer en guerre, ils deviendront des combattants. Dans Les Lois Platon rompt avec La République dans laquelle
il avait fait de la classe guerrière une classe à part entière, séparée des deux autres. Le citoyen le plus pauvre n’aura jamais
moins que la propriété de l'une des 5040 parcelle du sol, le plus riche n'aura jamais plus que la valeur de quatre fois une
parcelle. La richesse et la pauvreté ne peuvent pas aller au-delà de certaines limites. Ce partage des terres en lots
attribués à un citoyen et à sa famille est le résultat d’une décision politique qui ne peut jamais être remise en cause, le lot ne
peut être ni vendu ni partagé. Etre propriétaire, c'est être une partie de la cité.
Platon ne distingue pas philosophie, politique et éthique [ note : on l’oppose à Machiavel, pour qui la fin justifie les
moyens, on réduit la philosophie de Machiavel à un immoralisme mais dans ce cas on n’a pas réellement compris ce que
voulait dire Machiavel, car pour lui aussi politique et morale sont liées. Voir cours sur L’Etat,].
La cité relève d'une enquête philosophique : il faut connaître sa nature, il faut en faire une critique historique et
idéologique pour la prémunir contre les corruptions présentes ou futures dont elle est susceptible et faire une
recherche normative : il faut la construire, la gouverner selon certaines normes ou valeurs et à en vue de certaines
fins.
Platon critique la conception de l'égalité entre les citoyens. Dans la démocratie athénienne chaque citoyen est
interchangeable avec n'importe quel autre, il s'agit de « l'égalité arithmétique » : un égale un (un citoyen est égal à un autre
citoyen). Pour Platon la raison montre que c'est « l'égalité géométrique » qui est la meilleure : c'est une égalité
proportionnelle. Il s'agit d'attribuer à chacun des charges et des honneurs en proportion des compétences et des
mérites. Dire que n'importe qui est égal à n'importe qui c'est en réalité établir des inégalités de façon perverse. En disant que
n'importe qui est égal à n'importe qui, la démocratie ne fait que proclamer la légitimité du désordre. Le meilleur n'est pas à sa
place car il est à égalité avec le médiocre. Le meilleur ne peut pas être pleinement soi-même dans ce cas, il est malheureux,
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et la cité souffre de ne pas profiter de son excellence. C'est ce qui explique que pour Platon la meilleure cité doit organiser
et utiliser les compétences de chacun, elle est hiérarchique ( Cf. . : la hiérarchie des trois classes).
L e philosophe doit-il fuir le monde sensible (comme il le dit dans le “Théétète ”) en devenant purement contemplatif ?
Dans “La République”, il répondra qu’accéder au monde intelligible est une nécessité (pour connaître les vraies réalités
(Bien, Beau, Juste ... ), mais que le philosophe a des fonctions à remplir dans le monde sensible car « La Justice régnera le
jour où les philosophes seront rois, ou bien le jour où les rois seront philosophes. » Il a donc un rôle de gouvernant et
d’éducateur des non-philosophes.
Si Platon veut transformer la cité c’est à cause de la mort de Socrate qui a révélé le fonctionnement pervers de la
démocratie : elle s’appuie sur l’opinion, les passions qui déchirent les citoyens en factions rivales et la parole qui persuade (
touche les affects), les plus habiles orateurs ont remporté la majorité des voix pour empêcher Socrate de vivre et de parler
librement. Il faisait réfléchir à l’idéologie dominante qui ne veut s’appuyer que sur des opinions, qui se réfère à des
traditions, il s’attaquait à des certitudes infondées, aux modes, au savoir qui n’est que savoir répétitif, encyclopédique, aux
préjugés, au conformisme qui est un esclavage intellectuel. Il n’acceptait aucune compromission, il dénonçait les bassesses.
Cette condamnation à mort de Socrate, en –399 av. J.- C, cet homme honnête, désintéressé et intelligent, est pour Platon
qui assista au procès une violence légale, mais illégitime. ( Le paradoxe est que l’Etat qui doit interdire la violence privée,
pour faire régner l’ordre dans la cité, peut être légalement violent). Le but de PLATON est de définir la Cité idéale (qui
n’aurait pas condamné injustement SOCRATE) et d’éduquer les hommes afin de les rendre philosophes. Il a compris que,
pour restaurer l’ordre et la justice dans l’Etat, il faut demander à la philosophie de définir les fondements de la politique.
Ainsi le philosophe joue un rôle important dans la vie pratique (le monde sensible). Donc fonction théorique (connaître) et
pratique (action) de la philosophie. La vraie science ou technique politique est la connaissance philosophique de ce qui
convient à chacun et à tous, la cité est une unité à laquelle chacun appartient, qui rassemble des individus égoïstes, différents,
afin de réaliser une excellente manière de vivre ensemble, en rendant chacun excellent dans son domaine, en fonction
des capacités naturelles. Le philosophe doit veiller à ce que les intérêts particuliers soient subordonnés à l’intérêt de
tous, servent en fait à l’intérêt de tous. La cité est une totalité politique qui a pour but, non pas le bonheur de
quelques hommes mais le bonheur commun.
c/ Influence de philosophes PYTHAGORICIENS rencontrés lors de voyages (surtout en Sicile).
PYTHAGORE (VI° siècle av. J. - C. mathématicien et philosophe). Sa mathématique débouche sur une métaphysique : les
mathématiques sont le principe et la clé de tout l’univers (précurseur de la science moderne « Les nombres gouvernent le
monde. ») Il cherche aussi la sagesse, il croit en la métempsycose : l’âme punie, à cause de fautes passées, est prisonnière
dans un corps. Les grecs utilisaient la ressemblance des mots : le corps (ou soma) était considéré comme le tombeau (ou
sema) ou la prison de l’âme. Naître c’est s’incarner, c'est chuter dans cette prison sensible du corps ; mourir c’est se
désincarner, se libérer, la mort du corps correspond à une véritable renaissance de l’âme qui devient libre dans le ciel
des Idées, monde naturel de l’âme. ( Cf. : cours « Matière et esprit »)
L’incarnation de l’âme n’est que provisoire. Elle revivra à la mort du corps dans un autre corps, jusqu’à ce qu’elle soit
purifiée par la vertu et la pratique de rites, elle quittera alors le corps.
Intérêt pour PLATON ? Il emprunte ces idées à PYTHAGORE et c’est pour cela que les âmes (qui, avant, vivaient dans le
monde intelligible et voyaient les Idées) incarnées (dans le monde sensible) sont trompées par les sens (illusions;
apparences), et aspirent à quitter les corps. Ceci explique en soi la théorie de la réminiscence = les âmes en s’incarnant, ont
oublié les vraies idées mais il faut les aider à accoucher des idées qu’elles ont contemplées dans le monde intelligible.
SAVOIR c’est se RESSSOUVENIR c'est un présupposé de sa philosophie. Apprendre consiste à réactiver ce savoir, mais
cela demande du temps, de la peine. Cependant une âme ne se souviendra qu'à condition de prendre conscience de son
ignorance : dire comme SOCRATE : « Tout ce que je sais c'est que je ne sais rien », (les opinions ne sont pas un savoir), de
prendre plaisir ou aimer à chercher à savoir
( Pythagore a défini la philosophie comme « l'amour du savoir » ou de la sagesse) et de poser les bonnes questions (
c'est-à-dire se demander : quelle est l'essence des choses ? ). Ce savoir n'est pas une accumulation de savoirs, d'informations,
sans liens mais une recherche personnelle, objective pour arriver à la connaissance objective, valable universellement car
faite grâce à la raison pour comprendre le sens des choses, leur valeur. PLATON parle dans plusieurs textes de la
réminiscence sous forme de mythe qui a une fonction explicative : ici, il permet d'expliquer pourquoi on cherche à
savoir.
De plus, jugeant impossible d'arriver à une connaissance objective, stable à partir de choses en devenir, changeantes, il se
serait inspiré de la théorie pythagoricienne des Nombres que PLATON appellera Idées et il nommera "participation"
l'imitation des nombres par le monde sensible. ( Voir ci-après ce qu'est la participation ). PLATON montre l'importance des
mathématiques dans la formation du philosophe, il fait inscrire au fronton de son école :
« Que nul n'entre ici s'il n'est géomètre ». Ceci explique que dans la formation du futur roi-philosophe l’apprentissage des
mathématiques occupe de longues années. (Ci-après livre VII de La République).
d/ Influence des SOPHISTES. PLATON réfute leurs idées.
Ils pratiquent la rhétorique = un discoureur habile peut démontrer ce qui lui plaît et il emporte l’adhésion des autres, il rallie
les opinions des autres à la sienne. Mais puisqu’on en reste à des opinions subjectives, variables, changeantes, la
conséquence est la multiplicité des idées contradictoires, la vérité devient relative, subjective. Cf. : PROTAGORAS «
L’homme est la mesure de toutes choses ». Ce qui est vrai pour un homme ne l’est pas pour un autre, on en reste à des
opinions subjectives.
PLATON va combattre ces opinions, ces discours nuisibles à la Vérité qui, selon lui, existe de façon objective, universelle.
La subjectivité de l'opinion est contestable ; elle conduit au scepticisme, à nier l’existence d’une vérité objective.
PLATON Page : 8
4/ Les voyages de PLATON et sa vie à Athènes.
A la mort de SOCRATE, par crainte d’ennuis possibles (en sa qualité d’élève du philosophe il aurait pu être inquiété par les
hommes d’ Etat), il se met à voyager.
a) En Grèce (surtout à Mégare, 50 km d Athènes ), en Egypte, en Libye (Cyrénaïque).
b) Il rentre à Athènes et compose ses premiers dialogues.
c/ A 40 ans, il part en Sicile où il veut réaliser un rêve : faire du roi un philosophe.
ATTENTION : on a pu reprocher à PLATON d'être un utopiste, de rêver à un Etat idéal qui n'existerait pas dans la
réalité. On se trompe en pensant que cette cité idéale n'était qu'un rêve, une spéculation philosophique. PLATON a, par
trois fois, tenté de réaliser concrètement cette cité. Et si ce fut en vain, son échec ne lui est pas totalement imputable. Que
s 'est-il passé ?
Le tyran qui gouverne la Sicile, DENYS 1er l'Ancien, a invité PLATON à Syracuse. Il trouve en la personne de DION, le
beau-frère du tyran, un disciple. PLATON juge sévèrement les citoyens qui croient que le bonheur se trouve « dans le fait de
s'empiffrer deux fois par jour » (on confond le plaisir éphémère, démesuré, lié au corps et le bonheur stable donné par
l'esprit lorsqu'il est celui du philosophe). Cette attitude, associée à l'amitié de DION dont il est jaloux, conduit DENYS à
faire arrêter PLATON, il est embarqué sur un navire et renvoyé à Athènes. Mais le navire fait escale (à la suite d'une tempête
ou d'instructions secrètes) à Egine, alors en guerre contre Athènes, (ce qui signifiait l'esclavage ou la mort de PLATON ). Il
est exposé pour être vendu au marché des esclaves. Acheté par Annicéris, un grec cultivé, qui le reconnaît, il est libéré et
retourne à Athènes en 387 av J. -C.
d/ Il fonde une école à Athènes : L’ACADEMIE (avec un règlement, des salles de cours, une bibliothèque, des logements
pour les étudiants ...) Il crée la première école de philosophie qui fut ouverte à des élèves et non une secte réservée à des
initiés comme celle de PYTHAGORE. Le succès fut immense : on y venait de tout le monde hellénique pour suivre le cursus
des études établi par PLATON, qui devait être celui décrit dans "La République" livre VII. La deuxième série de dialogues
date de cette époque.
e/ En 367 DENYS II le Jeune succède à son père DENYS 1er et DION demande à PLATON de revenir en Sicile pour
éduquer ce jeune prince. (A nouveau il espère rendre le roi philosophe). DENYS II admire PLATON, mais c'est un élève
décevant. Au début, bien accueilli, il devient vite une gène pour DENYS qui voit en lui et en DION des rivaux. DENYS
soupçonne DION de comploter contre lui, sous la pression de la cour toujours prompte à calomnier par jalousie, mais aussi
avec de bonnes raisons de le croire. Trois mois après son arrivée, DENYS exile DION, retient PLATON prisonnier, puis le
libère, en lui faisant promettre de revenir, et lui, s'engage à rappeler alors DION, au retour de PLATON.
f/ PLATON retourne en Grèce, où il écrit pendant 6 ans ses dialogues les plus difficiles.
g/ En 361 av J. -C. DENYS II rappelle PLATON (qui a 65 ans). Il repart pour la troisième fois en Sicile pour réaliser son
projet, et parce que le sort de DION est lié à son retour. L’échec fut cette fois total. DENYS est plus préoccupé de l'emporter
sur DION, dans l'estime de PLATON, que disposé à écouter ses leçons. Il faut que des amis puissants (surtout ARCHYTAS,
souverain de Tarente, en Italie du Sud) interviennent pour que PLATON puisse repartir en Sicile. DENYS marie la femme
de DION au gouverneur de Syracuse, lui confisque ses biens, et l’exile. En 397 av J.-C. DION débarque à Syracuse,
s’empare du pouvoir. Mais en proie à des difficultés politiques extérieures et intérieures, il gouvernera de façon autoritaire et
sera assassiné par un ancien disciple de l’Académie : CALIPPE.
PLATON, âgé de 75 ans est déçu. Il constate que la morale est absente de la politique, ses espoirs de réalisation pratique
de la Cité Idéale (Cf. : “La République”) sont déçus, et il va réfléchir de façon plus réaliste aux lois juridiques de la cité
(“Les Lois”) lorsqu’il rentre à Athènes où il continue à écrire et à enseigner. Il meurt avant d’avoir achever “Les Lois”. Il a
80 ans. Dans son testament il mentionne qu'il a un fils, ADIMANTE.
CHAPITRE II
Les Œuvres de PLATON et sa Philosophie.
Nous avons de lui 28 dialogues et quelques lettres. On classe ses œuvres en trois groupes correspondant à sa vie (Jeunesse ;
Maturité ; Vieillesse) et aux étapes de sa pensée.
A) Les dialogues de jeunesse ou dialogues socratiques. Ce sont les plus importants.
* "L’Apologie de SOCRATE” : histoire du procès de SOCRATE et des trois discours qu’il tint devant ses juges.
* “Criton” dialogue sur le devoir : Criton conjure SOCRATE, qui est en prison, de s'évader. La cité aurait alors commué la
peine de mort en bannissement de la cité. Il refuse et explique que le devoir est dans le respect des lois, de ne pas fuir de sa
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prison, même pour échapper à une mort injuste. C'est par fidélité patriotique, à la cité et à ses lois, mais aussi à ses idées : il
faut respecter l'ordre social, qu'il ne peut se soustraire à leur sentence. Echapper à la sentence serait outrager la justice :
il vaut mieux subir une injustice que de désobéir aux lois
car désobéir serait compromettre l'ordre social, qui est assuré par les lois. SOCRATE s'oppose à une opinion commune
qui pense que l'individu doit penser à lui et de ce fait, si la loi est injuste envers lui, il a raison de lui désobéir.
* “Gorgias” : critique de la rhétorique, des sophistes ; le sophiste Gorgias prétend qu’on peut l’interroger sur n’importe quoi,
il peut répondre à tout. Socrate relève la contradiction de Gorgias qui n’a pas besoin de connaître les sujets dont il parle, y
compris le juste et l’injuste, le bien ou le mal. Mais comment peut-on être juste si on ne sait pas ce qu’est la justice ? Platon
montre que la rhétorique n’est pas une science mais est un savoir-faire, des procédés qui flattent, persuadent
l’interlocuteur, c’est un pouvoir, c’est une arme. L’orateur démocratique est semblable à un tyran, il peut persuader le
peuple quel que soit le sujet dont il plaide la cause. Platon fait la critique du tyran qui est injuste et est à plaindre.
Commettre l’injustice est plus mauvais que la subir. Eloge de la vraie philosophie qui n’est pas une arme car elle
recherche la vérité, elle convainc.
* “Ménon" : la connaissance est la réminiscence de ce que notre âme a appris au cours des vies antérieures.
Ces dialogues reprennent les préoccupations et les méthodes de SOCRATE. Ils mettent en scène des personnages qui
discutent pour répondre à des questions “comment former de bons citoyens ? “ “Peut-on enseigner la vertu ?"
Ou encore ces dialogues cherchent à définir certaines notions :
* “Lachès” : le Courage.
* “Charmide” : la Sagesse.
* “Hippias Majeur” : le Beau.
* “Livre I de “La République” : le Juste.
 “Euthyphron" : la Pitié.
But de ces dialogues : définir les essences ou plus précisément en termes platoniciens: les Idées. On parle alors de
l'idéalisme de PLATON. La véritable connaissance (ou Science) porte sur la connaissance des Idées, des essences qui
constituent réellement les êtres, les choses. Pour connaître ce qu'est une chose, il faut aller au-delà de son apparence donnée
par les sens et saisir son essence, son Idée. La réalité d'une chose (comme l'arbre, l'homme, la justice, la beauté…) est son
essence.
C'est pour cela que la philosophie de PLATON est un idéalisme réaliste.
Ces dialogues sont des apories, c’est-à-dire que le problème est posé, les préjugés sont détruits, mais PLATON n’apporte pas
de réponse positive.
B) Les dialogues de maturité.
Dans ces dia1ogues il exprime et explique sa philosophie originale : La Théorie des Idées.
* “Phédre” ou de la Beauté : PLATON, dans le mythe du char ailé montre la nature de l'âme: l’âme est comparée à un
char ailé tiré par deux chevaux qui symbolisent les tensions intérieures de l’homme (par exemple un homme peut être
courageux ou lâche, menteur ou sincère, il peut vouloir la guerre ou vouloir la paix…)
- Le cheval blanc et noble aspire au ciel (il symbolise la partie de l'âme qui veut accéder au monde intelligible).
- Le cheval noir et massif veut redescendre sur terre (il symbolise la partie de l'âme qui veut rester dans le
monde sensible).
- Le cocher ( il symbolise la raison ).
L'âme peut toujours dégénérer : l'homme est cet animal qui peut toujours dégénérer et devenir soit une bête trop féroce, soit
une bête trop docile. La bonne éducation doit apprendre à se modérer, à arriver à la mesure en tout.
Pour PLATON l’homme est composé de corps et d’âme.
L’âme est dans le corps ce que le gouvernant est dans la cité : un principe de gouvernement. ( PLATON fait un
raisonnement analogique)
Cependant, comme dans la cité, le gouvernement de l'âme peut être bon ou mauvais.
PLATON montre qu’en fait on devrait distinguer plusieurs parties de l’âme ; c’est ce qui explique que les âmes puissent être
bonnes ou mauvaises.
1) La raison. Au sommet, logée dans la tête, l’âme raisonnable mise en nous par les dieux comme un pilote au
commandement d’un navire. Cette âme divine, parfaite, est immortelle. Elle seule est capable de connaître la vérité car
elle a contemplé, avant la naissance, le monde intelligible. Sa localisation dans la tête est signe de sa supériorité.
2) Les désirs. L’âme des désirs ou des appétits corporels, primitifs, violents, anarchiques, démesurés, mortels, se trouve
logée dans le bas-ventre, elle attire l'homme vers les plaisirs terrestres. Cet attachement de l’homme aux faux biens
terrestres est la cause de sa déchéance. L’homme gouverné par ses désirs, ses passions, ses sens ... perd toute dignité :
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il est prisonnier de son « corps de terre. » ("Phèdon”) qui est aussi un « tombeau » selon le jeu des mots “sôma” = le
corps; “séma” = le tombeau. Le corps est le tombeau de l'âme.
3) Le cœur. Entre l’âme immortelle et l’âme des appétits, se trouve située dans le cœur une âme intermédiaire : l’âme du
courage ou thumos. Particulièrement guerrière, elle est capable du meilleur comme du pire en étant courageuse ou
irascible, selon la catégorie d’hommes à laquelle elle appartient. Elle est source d’indignation et de colère.
Dans ce mythe du char attelé, PLATON compare l’âme humaine à un char ailé, attelé à deux chevaux et conduit par un
cocher. Un cheval blanc est bon il symbolise l’âme du courage. Le cheval noir est mauvais il symbolise l’âme des désirs
primitifs. Le cocher symbolise l’âme raisonnable. Si le cocher n’est pas assez puissant pour mater le cheval mauvais alors
le char verse et l’homme est perdu. Il satisfait ses désirs de façon débridée, avec démesure, avec intempérance ( avec excès
), il entre dans le cycle des désirs sans fin : un désir entraîne une souffrance ( le désir est manque d'un objet) une fois cet
objet obtenu on a un plaisir éphémère. Un autre désir réapparaît…). L’attelage perd ses ailes, il tombe sur la terre. Si le
cocher sait diriger avec force son attelage, il dompte le cheval mauvais et l’homme est sauvé : il devient raisonnable,
tempérant, juste et il cherche à connaître les vraies valeurs que sont les Idées, c’est-à-dire la sagesse. L’âme garde ses ailes,
elle «chemine vers les hauteurs et administre le monde entier. » (“Phèdre” 246a.d)
 “Phédon”. L’entretien se déroule dans la cellule où SOCRATE attend la mort en compagnie de certains disciples. Il
affirme que le vrai philosophe ne doit pas craindre la mort qui nous délivre du corps
qui est notre vrai tombeau.
La philosophie nous apprend à vivre, mais aussi à mourir.
La discussion s’engage ensuite sur l’immortalité de l’âme. PLATON en avait déjà parlé dans d’autres dialogues (“Ménon”,
“Phèdre”, “Gorgias”). L’âme a existé avant notre corps et lui survivra, ceci justifiait la réminiscence). Dans le “Phédon”, il
expose d’autres raisons. Mais ce qui est plus important c’est que l’immortalité est présentée dans le “Phédon” comme
inséparable de la morale. En évoquant l’au-delà et le destin qu’y peuvent connaître les âmes PLATON affirme que les âmes
renaissent après la mort sous des formes adéquates aux choix moraux qu’elles avaient faits durant la vie les plus parfaits
s’élèvent vers un monde supérieur, les coupables stagnent dans les régions souterraines. Le destin de l’âme n’est que la
conséquence de la vie passée, donc l'homme est responsable de lui- même.
PLATON veut combattre une objection on croit que l’homme injuste est plus heureux que l’homme juste. Cf. “La
République” Livre II : étude de l'histoire de l'anneau de Gygès ( A connaître. Cf. : cours sur « Le droit et la justice ») .
Dans “La République”, livre II, Glaucon tente de démontrer le bonheur de l’homme injuste en prenant pour exemple
l’histoire de Gygès qui est une légende grecque que PLATON reprend. Un jour d’orage le pâtre Gygès vit s'ouvrir la terre
devant lui. Il entre dans la crevasse et il trouve un cadavre muni d’un anneau. Il prend l’anneau et remonte. Plus tard, alors
qu'il se trouvait au milieu d'une assemblée, il s'aperçoit que lorsqu’il le tournait à son doigt, cela le rendait invisible, à
volonté. Exalté par ce pouvoir magique il profita pour mettre à mort le roi, séduire la reine et s’emparer du pouvoir. Injuste,
pourtant il fut heureux comme bien d’autres tyrans. Le don surnaturel de commettre des méfaits sans être vu lui assure
l'impunité. Aussi le berger devient criminel. Par cette légende PLATON veut faire réfléchir si nous avions un tel anneau,
n’en profiterions-nous pas pour commettre les pires méfaits et être injuste ? Le sophiste Thrasymaque veut
démontrer que le juste n’est que ce qui est avantageux au plus fort, ce qui sert ses intérêts égoïstes. .Même les gens de
bien s’ils gouvernent, si ce n’est pas pour de l’argent ou des honneurs c’est tout de même par intérêt qu’ils sont justes :pour
éviter les châtiments d’un mauvais gouvernement. Il prétend que nul n'est juste par choix, mais par peur d'être puni.
Nous n’évitons pas de faire le mal parce que c’est mal, parce c’est injuste, mais par crainte du châtiment. Platon critique
cette attitude car elle n’est pas morale. Glaucon relance le débat car il ne comprend pas pourquoi il vaut mieux être juste
qu’injuste. On pourrait paraître juste mais sans l'être en réalité. La plus parfaite injustice est celle qui se fait passer
pour juste, ce qui vaut à l'injuste des honneurs, comme ce fut le cas pour le berger Gysès. On pourrait penser que le tyran et
l’homme injuste finiront par être punis de leurs méfaits. Pourtant Gygès n’a pas été puni. Cette fiction de l'homme invisible
est une redoutable épreuve qui montre l’opinion commune : quiconque peut devenir injuste et avide s'il peut le faire sans
être puni ( impunité). Socrate répond qu'il vaut mieux être juste qu'injuste. La justice est un bien que le philosophe
aime pour elle-même et non pour le profit qu'il peut en tirer. Même plus le juste dépouillé, de tout honneur, torturé,
emprisonné est heureux. L'injustice divise, les désirs l'ont emporté sur la raison, l'injuste est tombé dans la démesure,
alors que le juste a réussi à maîtriser ses désirs démesurés grâce à la raison qui redonne à l'être son unité. C'est pourquoi
Socrate conclut qu'il vaut mieux préférer la justice à l'injustice, la punition à l’impunité.
.
[NOTE : c'est ce que dira KANT : quand on considère une action il faut étudier si on la fait conformément à son devoir et
dans ce cas elle est morale, ou si on agit ainsi par peur de la punition ou autre, pour obtenir des bénéfices personnels… et
dans ce cas même si l'action paraît conforme au devoir elle est en réalité immorale. Exemple : un élève ne triche pas à son
examen : si c'est parce c'est mal de tricher il sera moral, si c'est par peur d'être découvert et puni il est immoral. La morale a
pour fondement la raison qui nous dicte un impératif catégorique : il commande sans condition (sans voir l'intérêt
personnel égoïste, variable) et doit être une loi pour tous les hommes. La loi morale, donnée par la raison, est universelle.
](Voir en détail cette philosophie, cours sur « Le devoir »). En résumé , pour Platon (et plus tard pour Kant)
ce n'est pas l'acte en lui même qui permet de savoir s'il est moral ou immoral mais l'intention qui l'anime.
PLATON Page : 11
PLATON doit donc démontrer que l’homme injuste est plus malheureux encore s’il n’est pas puni que s’il est puni.
L’homme qui est puni d'une action injuste améliore son âme en la débarrassant de sa méchanceté, de son injustice, de
sa laideur, de son intempérance. L’âme redevient belle, bonne, juste. On a donc intérêt à être puni de ses fautes et celui
qui est impuni sera plus malheureux car il va contre son intérêt personnel (il sera puni après sa mort) et celui de la cité pour
laquelle sa punition serait un exemple capable de détourner le citoyen du mal. (Cf. : cours sur “La Justice”)
Dans "Gorgias" PLATON met en scène un sophiste imaginaire : Calliclès qui veut défendre et louer les mérites d'une
conduite immorale. Il soutient une thèse très communément admise que le bonheur est obtenu par l'immoralité, l'égoïsme,
l'impunité, (on peut faire n'importe quoi, on ne sera pas puni), par une sorte de glorification de la médiocrité, de la facilité,
d'une existence conçue seulement comme la recherche de plaisirs égoïstes, mêmes immoraux.
PLATON propose une série de mythes eschatologiques (eschatologie : doctrine concernant l’individu après sa mort :récits
imaginaires concernant la destinée l’âme après la mort) qui ont pour but de convaincre de la nécessité d’être juste (exemple
“La République” livre X : le mythe d’ER.)
Dans ce mythe ER rapporte à ses amis et à ses proches le récit de ses voyages eschatologiques parmi le ciel des Idées. Il
conclut par le récit des âmes qui avant de se réincarner sur terre, choisissent elles-mêmes la vie qu'elles voudront mener plus
tard. L'âme du modeste artisan se précipite sur la vie qui lui paraît la plus enviable : celle d'un tyran, car il a la gloire, les
honneurs, les richesses… Mais il n'a pas vu que ce tyran avait en réalité la pire des vies : il finira même par dévorer ses
propres enfants. Par contre le héros ULYSSE (qui a connu la gloire, les honneurs dans sa vie précédente) s'abstient de
choisir, il se contentera de ramasser la vie dont personne ne veut : la vie paisible, mesurée, d'un humble valet d’un simple
laboureur.
Que veut nous faire comprendre PLATON ? La vie qui est la nôtre n'est jamais celle qu'on aurait choisie si on avait cette
possibilité de choisir.
L'existence est une manière d'être dans le monde, mais plus encore c'est une manière d'assumer une réalité que nous
n'avons pas choisie (sinon par erreur comme l'a fait celui qui a choisi la vie du tyran, mais cela revient au même), et
pourtant cette vie restera la nôtre : nous en serons responsables.
(NOTE : cette idée sera reprise par SARTRE. On ne choisit pas d'exister, les conditions dans lesquelles nous vivons : par
exemple je ne choisis pas d'être une femme ou d'être un homme, d'être malade, d'être licencié pour raisons économiques…
l'existence est sans cesse confrontée au non-sens, à ce qui échappe à la raison. Pourtant on est responsable de sa vie ( Cf. :
cours sur la conscience, le sujet, la liberté, l'existence…).
Dans le "Phédon" « le plus sage des hommes » SOCRATE, est condamné injustement à mourir : il paie chèrement son
attachement à la vérité, à la recherche du bien pour tous, à la pensée. Le scandale est absolu. En quoi est-il pertinent de
philosopher ? en quoi est-ce un privilège de penser ? La mort injuste ou pas n'exclurait-elle pas toute réflexion ? La mort ne
conduirait-elle pas à l'idée de non-sens de l’existence, ou à la vanité de tout, y compris de la sagesse ? Face à ce constat que
l'injustice existe, que la mort emporte tout, la foule fait peu de cas de la philosophie. Or SOCRATE défend un style de vie :
il faut vivre selon la vérité et la philosophie, en conformité avec ses idées. C'est au contraire la vie qui est vouée à
l'esclavage de l'esprit, soumis aux plaisirs éphémères du corps, aux honneurs et richesses matérielles illusoires, en bref aux
préjugés qui est un non-sens.
Dans le “Gorgias” PLATON montre que ni le mal ni l'injustice ne sont à vouloir. Le mal est un néant de volonté. Il
expose un présupposé important de sa philosophie : «Nul n'est méchant volontairement » (Cf. : ci dessus) Il y a donc une
priorité du bien que l'on veut « Celui qui meurt après une vie toute entière juste et sainte, va, après sa mort dans l’île des
bienheureux où il séjourne à l’abri de tous les maux, dans une félicité parfaite tandis que l’âme injuste et impie s'en va au
lieu de l’expiation et de la peine qu’on appelle le Tartare. ». Les plus injustes, les tyrans sont « soumis en raison de leurs
crimes à des supplices terribles ... dans la prison de l’Hadès. » (le séjour des morts, des enfers).
Ainsi l’homme injuste est voué à se réincarner dans un corps imparfait, celui d’une bête par exemple, tandis que le juste
échappera à ces réincarnations, son âme pourra contempler les réalités éternelles et divines. Seuls pourront y arriver, les
hommes qui ont su conduire leur vie selon la Raison, c’est-à-dire les philosophes. De ce fait, la philosophie est une
préparation à la mort.
C’est pourquoi dans le “Phédon”, l’immortalité de l’âme est présentée comme inséparable de la morale.
L’entretien de SOCRATE est interrompu un serviteur lui apporte la ciguë, qu'il boit avec sérénité, tandis que ses amis
contiennent mal leur émotion, et le paradoxe est que c'est lui qui les réconforte.
Par ses dernières paroles SOCRATE rappelle qu’il doit un coq à ASCLEPIOS (Dieu grec de la médecine) - indiquant
symboliquement par là qu’il convient de remercier le dieu de l’avoir libéré de la maladie qui est la vie.
* "Cratyle” pose le problème du langage (Cf. : Cours sur le langage)le nom que je donne à la chose est-il lié à la chose par
nature ou par convention ?
PLATON fait une critique de la parole et il en tire deux conclusions
- Aspect négatif du langage, lorsqu’il est RHETORIQUE, il est conventionnel, variable selon les pays, les cultures… il
sert à tromper les gens pour mieux agir sur eux dans le but de détenir le pouvoir et les maintenir prisonniers dans le
monde sensible. La mauvaise utilisation du langage aboutit à l’OPINION (à l'esclavage dû aux préjugés). Il persuade,
flatte, fait peur…il touche les affects.
- As
PLATON Page : 12
- Aspect positif : dignité du langage, quand il dit ce que sont les choses par nature, quand il donne l’être ou l’essence des
choses. Il est alors LOGOS. Dans ce cas les mots permettent de parler vrai en politique, ce qui est indissociable de la
morale, de l'action et de la connaissance. Il est nécessaire de dégager des connaissances qui donnent les essences (Bien,
Beau, Juste, Vrai ) pour échapper au vraisemblable, à l'opinion, et arrivera à des propositions objectives, valables de
façon universelle pour tous les hommes. Le philosophe, comme SOCRATE, utilise la parole pour aider les citoyens à
devenir véritablement vertueux, sages, c’est pour cela que le philosophe doit préciser le sens des concepts. La bonne
utilisation du langage, faite par les "vrais" philosophes comme SOCRATE et PLATON, est celle qui permet de saisir
l'essence des choses, des êtres et aboutit au SAVOIR véritable ( à la liberté due à la connaissance) et à l' ACTION. Il
convainc, il s'adresse à la raison.
Idée reprise dans “La République” livre VII : l’éducation des philosophes passe par l’étude de la dialectique qui permet
d’apprendre à se servir correctement du langage et à philosopher.
* "Le Banquet” dialogue sur le Beau et l’Amour. L’amour n’est pas une fin mais un moyen pour accéder au Beau :
dialectique de l’amour. ( Cours sur « Le désir et le bonheur », « et « L’art »)
Le poète AGATHON donne chez lui un banquet pour fêter son premier succès théâtral. Chacun des convives doit prononcer
un discours en l’honneur du dieu Amour. En particulier ARISTOPHANE développe le mythe de l’androgyne. A l’origine,
l’humanité comprenait le sexe masculin fait de deux hommes collés, le sexe féminin fait de deux femmes collées et un
troisième genre, l’androgyne, composé d'un être masculins et d’un être féminin collés. Doués d’une force prodigieuse, ces
êtres se révoltèrent contre les dieux. Pour les châtier de leur orgueil, ZEUS coupa chacun d’eux par la moitié. Désormais,
ayant la nostalgie de l’unité perdue, les deux parties, vont chercher à retrouver leur moitié complémentaire et à s’unir à
elle. Le mâle va chercher le mâle qui lui manque pour refaire un être complet, la femme va chercher la femme qui lui
manque (il explique ainsi l’homosexualité), pour l’être androgyne la moitié masculine et la moitié féminine de l’androgyne
primitif se cherchent ( il explique ainsi la bisexualité). Le désir est la manifestation d’un manque, l’objet du désir une fois
atteint, comble ce vide et cela procure du plaisir. Ce mythe expliquerait la naissance de l’amour sexuel, ce désir de fusion de
ne faire plus qu’un, alors qu’on est deux, dans l’amour charnel. Les convives du banquet vont proposer d’autres définitions.
A partir de l’éloge de la beauté fait par les convives, SOCRATE va essayer de cerner la nature de l’amour en évitant la
rhétorique pour en dégager la vérité. Il rapporte les paroles de la prêtresse DIOTIME qui soutient que l’amour est
essentiellement la marque de l’aspiration des mortels à l’immortalité (l’amour est symbolisé par EROS qui est
représenté sous les traits d’un enfant toujours jeune et sans cesse renaissant). Il soutient que l’amour est un “démon”
intermédiaire entre les hommes et les dieux. Il est fils de Pauvreté (car désir de ce qui manque) et de Richesse (car il
cherche à posséder le bien et le bonheur par des voies diverses qui vont de la satisfaction charnelle à l’activité la plus
haute de l’esprit). Mais selon SOCRATE, l’amour a une fonction beaucoup plus noble. Il doit nous aider à philosopher (
l’amour de la sagesse) et conduire à la connaissance des Idées. C’est par une dialectique ascendante que nous nous
élevons de l’amour d’un beau corps à l’amour des beaux corps, puis à celui des belles âmes (les âmes qui pratiquent la
vertu, comme celle de SOCRATE), puis à l’amour de la science (connaissance des Idées). Il faut avoir éprouvé le désir
de l'amour dans son corps, dans sa chair, le désir à la fois douloureux (car le désir est manque : on ne possède pas l'objet
désiré) et heureux (l'idée de la possession de cet objet nous rend heureux). L'amour est un mixte : fruit de l'union de la chair
et de l'esprit, il est aussi philosophe . La philosophie est amour de la sagesse, c'est un intermédiaire entre l'ignorance et
la sagesse. Le désir de fécondité sur cette terre (le corps) est l'image du désir de l'intelligible (l'esprit). L'homme peut être
stérile, s'il reste prisonnier du monde sensible, ou fécond, s'il cherche à accéder à l'intelligible. A la fois désir d’immortalité
et aspiration au Beau idéal ou en soi, l’amour terrestre conduit à l’amour noble celui des Idées. Tel est le sens de l’amour dit
“platonique” qui est selon PLATON, l’amour véritable. L’amour platonicien n’est pas un amour sans le corps, c’est un
amour qui, en admirant la beauté corporelle, cherche à la dépasser en se souvenant de ce qui a été vu par l’âme avant qu’elle
ne déchoit dans le corps l’idée du Beau. L’amour platonicien est amour de l’intelligence qui cherche à dépasser la sexualité
sans pour autant la nier. L’amour n’est qu’un chemin pour se dégager du monde sensible et accéder au monde
intelligible.
Note. On retrouve un écho de la philosophie platonicienne dans la doctrine chrétienne de Saint- AUGUSTIN pour qui tout
amour terrestre signifie secrètement amour d’un être transcendant : Dieu.
* "La République” livres Il à X. ( livre II étudié ci- avant, et voir plus loin).
* "Théétète” : ( nom d'un mathématicien) qu’est-ce que la science ? Critique de la thèse qui fait dériver la science de la
sensation et que, de ce fait « l’homme est la mesure de toutes choses. » PROTAGORAS. La connaissance est donnée par la
raison. PLATON est un philosophe rationaliste
Dans ces ouvrages, PLATON répond aux questions :
Comment connaissons-nous les Idées ? Quels sont les fondements de la connaissance ? Comment distinguer le vrai du faux ?
(Cf. : “Allégorie de la Caverne” livre VII “La République”). Il distingue l'opinion fausse, l'opinion vraie et la science qui est
« l'opinion vraie, accompagnée de raison ».
La démarche par laquelle on atteint les Idées est la DIALECTIQUE.
Il faut commencer par rompre avec les préjugés, les apparences du monde sensible (la caverne) qui ne donnent qu’une
connaissance relative, subjective : l’opinion.
Si PLATON fait inscrire sur le fronton de son école :
PLATON Page : 13
« QUE NUL N’ENTRE ICI S’IL N’EST GEOMETRE »
c’est pour montrer l’importance des mathématiques qui sont considérées comme une propédeutique, c’est-à-dire une
préparation à la philosophie, puisqu’elles nous apprennent à nous détacher du monde sensible car le mathématicien ne
réfléchit pas sur des objets sensibles mais sur des essences (cercle ; carré ; triangle ; nombre ...). Elles sont un prélude à la
dialectique qui nous permet d’appréhender les Idées.
PLATON montre que :
Si je dis SOCRATE est plus grand que PHEDON et plus petit que THEETETE, je constate que la grandeur attribuée à
SOCRATE est relative, subjective.
D’où vient l’idée de grandeur objective ? Du monde intelligible : l’Idée est une réalité (est réel ce qui existe) objective la
philosophie de PLATON est un IDEALISME OBJECTIF.
S’il y a, selon PLATON, une hiérarchie dans les êtres, (exemple : l’art est illusion d’une illusion parce que copie de la
nature qui est dans le monde sensible qui est lui-même une illusion déjà par rapport au monde intelligible. L’art est moins
vrai que la nature, qui elle même est moins vraie que les Idées), il y a aussi une hiérarchie dans la connaissance.
* Monde Sensible. C’est le monde caractérisé par :
- la multiplicité : les êtres et les choses qui appartiennent au monde sensible sont tous différents.
- l’imperfection : les êtres et les choses sont situés dans le temps et dégénèrent avec lui ( changements, maladie, mort).
- la corruption : les êtres ont des désirs sensibles venant du corps, ont des désirs liés à la société corrompue : avarice,
ambition, recherche des honneurs, de l’argent ... Les lois sont faites par quelques hommes en fonction de leurs propres
intérêts et non pour le bien de tous : donc l’injustice règne.
- le pseudo savoir : il est donné par les sens (qui sont trompeurs), par la mauvaise éducation (elle ne vise pas l’intérêt
général mais l’intérêt de quelques uns, les hommes au pouvoir, les sophistes, les savants, les artistes).
C‘est le monde des préjugés et des illusions, de la subjectivité, de la relativité.
Donc tout ce qui appartient au monde sensible a une connotation négative.
1/ Au plus bas degré = IMAGES ; ombres des objets sensibles reflets dans les eaux... ; mais aussi l’art : illusion de l’illusion
IMAGINATION
2/ Les objets sensibles = êtres vivants, la nature, les objets créés par l’homme sont donnés par les sens  CROYANCE.

Monde Intelligible. Où sont situés les véritables êtres parfaits, éternels, immuables. Ils ont une connotation positive.
Tout aspire à ce monde parfait où l’on trouve le Bien, la Justice, la Beauté, la Vérité. C'est le monde objectif, universel.
1/ Les objets mathématiques :
Ils sont situés dans le monde intelligible alors que nous concevons ces objets (cercles, triangles, nombres...) à partir de
figures géométriques ou de choses sensibles. Pourquoi ? A partir de cercles sensibles dessinés à la craie sur le tableau, avec
un doigt sur le sable … le mathématicien raisonne sur le Cercle en soi, donc on quitte la figure donnée par les sens (qui n'est
qu'une apparence du vrai cercle, il est particulier : par exemple tel cercle aura 4cm. de rayon, tel autre 1,25m de rayon, de
toute façon on ne pourra jamais tracer un cercle parfait) pour penser le Cercle véritable, qui est une essence : elle est donc
intelligible, donnée par la raison. Les objets mathématiques réels ne sont pas donnés par les sens, ils sont des essences. Mais
au départ les mathématiques s'appuient sur des objets concrets ou sensibles comme des dessins (on dessine un cercle
particulier sur la tablette d'argile, ou sur le sable, de tel ou de tel rayon…), ou des objets (comme une roue, un ballon…)
pour accéder à l'intelligible : l'esprit s'élève (dialectique ascendante) du sensible à l'intelligible. On passe de l'opinion au
savoir universel.
Ils sont situés au plus bas degré du monde sensible. Pourquoi ? les mathématiques reposent sur des hypothèses, elles sont
hypothétiques. Le mathématicien ne prouve pas l'existence, dans le monde sensible, des objets mathématiques, il fournit
seulement la définition de ces objets et la règle de raisonnement universel à suivre sur de tels objets.
(Note : Platon est avant-gardiste : de nos jours on définit les mathématiques comme des sciences formelles ou des "systèmes
hypothético-déductifs" : Cf. : cours sur « La vérité », la vérité des mathématiques ou les sciences formelles. On pose des
hypothèses : des axiomes, des postulats, et des définitions qui donnent l’être des objets mathématiques et on raisonne en
suivant des règles logiques.).
Le géomètre pose par exemple que si le triangle existe il a telle définition, il montre ses caractéristiques essentielles, mais ne
prouve pas qu'il existe autrement qu'en tant qu'objet théorique, intelligible
2/ Les Idées sont données par la dialectique, saisies par l’intelligence, par l’intuition intellectuelle. Ces Idées sont
“Anhypothétiques" (ne reposant pas sur des hypothèses). Exemple : le Vrai, le Juste, le Beau, le Bien.
- Si le Soleil est la source de vie du monde sensible,
- Le Bien est la source de vie du monde intelligible. Le Bien donne naissance aux autres idées et au monde
sensible donc au Soleil.
Hiérarchie des Idées, le Bien est l’idée suprême, “Source de l’être et de l’essence des autres Idées” et aussi du monde
sensible (voir explication plus loin, étude du livre VII de "La République").
Pourquoi ces idées sont-elles anhypothétiques?
On a dit la nécessité de parler vrai.
PLATON Page : 14
- Dans le domaine politique : c'est le Juste qui est la norme, ou la valeur, qui permet de savoir si l'on est au stade de
l'opinion (subjective, changeante…) ou du savoir universel. Mais la politique est indissociable de la morale (donc du Beau
: voir ci-après)
- Dans le domaine de la connaissance, comme en mathématiques et dans toutes les sciences, la norme est le Vrai.
- Dans le domaine esthétique et moral : la norme est le Beau. ( Cf. : cours sur « L’art ») Attention : pour les grecs le beau et
le bon se confondent comme cela peut être le cas pour nous. Par exemple on peut qualifier le sacrifice fait par un homme
pour en sauver un autre de "bonne action" (elle est altruiste et elle s'oppose à la mauvaise action qui serait égoïste) ou de
"belle action" : elle révèle une âme noble qui fait le bien. Le Beau est régulateur à la fois de notre vision du monde : on
cherche l'harmonie dans la nature, dans la cité, comme dans une œuvre d'art (est belle celle qui est harmonieuse) et de
notre comportement dans notre vie personnelle.
- Le Bien : voir plus loin l'explication (étude du livre VII de "La République"
Ces idées ne reposent pas sur des hypothèses mais sur ce qui donne du sens à la vie humaine. Dans le monde sensible il y
a des faits: on a décrété une loi, on a déclaré une guerre, un scientifique nous dit que la nature est faite d'atomes… il nous dit
des faits , il explique des faits, il en donne la cause : il donne la cause de l'effet constaté, le comment : comment l'effet
apparaît ? Parce qu'il est produit par telle cause. Mais la compréhension dépasse l'explication. Elle est un regard critique
sur le savoir, l'action, une mise en question de ces faits : le philosophe se demande : quelle est leur valeur ? Quel est leur
sens ? La science donne-t-elle la vérité ? Est-ce une vérité éternelle, provisoire ? Est-elle subjective ou objective ? Les lois
décrétées sont-elles justes ou injustes ?… Ne risque-t-on pas d'avoir un comportement idolâtre si l'on n'en reste qu'aux sens,
aux opinions, aux productions humaines, en un mot aux faits ? Le philosophe se pose la question: pourquoi ? Par exemple :
Pourquoi faut-il être juste, courageux, sage…? On croit que ces faits sont le réel, parce qu'on constate leur existence. Mais
ces faits étonnent le philosophe ( la philosophie commence avec l'étonnement, idée que reprendra son élève ARISTOTE ): il
se demande : peut-on en rester à ces faits, quel est leur fondement, quelle est leur sens, quelle est leur valeur ? Et sur quels
critères les juger ? La science ne répond pas à ces questions, elle ne nous dit pas par exemple pourquoi il vaut mieux être
juste qu'injuste, pourquoi il vaut aimer son prochain que le haïr… Les Idées permettent de répondre à la question pourquoi ?
mais de façon universelle, objective. Ces Idées ne sont pas des hypothèses, c'est pour cela que PLATON les appelle
"anhypothétiques", car elles permettent de comprendre tout ce qui touche l'homme. Il faut donc des normes du monde
sensible extérieures à lui (d'où leur situation dans le monde intelligible) pour juger ce monde sensible. On pourra juger si
ces faits sont conformes ou non avec ces normes, avec les essences (voir ci-après les idées de participation et de causalité).
C) Les dialogues de vieillesse.
La théorie des Idées soulève des problèmes auxquels PLATON va s’efforcer de répondre :
De quoi y a-t-il Idée ? Y a-t-il Idée de tout ou de certaines choses?
PLATON pose la question dans “Parménide”, mais il en parle aussi dans “Le Sophiste”, “Philèbe”, “Timée”, “Le Politique”.
Ces dialogues sont les plus abstraits, mais aussi les plus profonds.
- Il répond d’abord qu’il y a Idée de tout ce qui est pensable.
- Puis dans "le Parménide”, il dira qu’il n’est pas assez extravagant pour imaginer qu’il existe une Idée de “poil”, de “boue”,
de “crasse” ... Donc les Idées qui existent sont des Idées normatives (donnent les normes, les valeurs) d'après lesquelles
nous jugeons, dans le monde sensible, du VRAI, du BEAU, du JUSTE, et finalement du BIEN.
* “Le Politique”. Il est probable que l’étude comparée des constitutions était une matière enseignée à l’Académie. Les élèves
de l’école de PLATON devinrent souvent les législateurs des cités grecques. On leur demandait de rédiger la constitution de
ces cités. PLATON nous donne un aperçu de ce que pouvaient être ces cours de constitution comparée dans “La République”
où il définit la cité parfaite, et dans “Le Politique”.
* “Les Lois”. PLATON, malgré ses tentatives en Sicile, ne put réaliser la cité parfaite. Son meilleur élève (sans doute celui
pour qui il éprouva la passion amoureuse la plus vive) DION mourut assassiné après s’être conduit lui-même comme le pire
des tyrans. PLATON a perdu la foi dans les possibilités de la raison de régner ici bas. Aussi proposa-t-il, à la fin de sa vie,
dans un important dialogue, “Les Lois ", un ensemble législatif, pratique, capable de contraindre l’homme à vivre le
mieux possible dans une société. Cet ensemble est fait d’obligations, d’interdictions, de peines et de châtiments. Il étudie
par exemple les règlements relatifs à la monnaie, aux dotes, aux prêts à intérêt, aux meurtres ( commis par un fou, un
homme normal, par passion)… et la sanction qui est méritée. Donc il voit déjà que l'équité passe par la prise en compte des
circonstances des actes ( circonstances atténuantes ou non…). Pour certains commentateurs, les lois reflètent « L’amère
reconnaissance de la bassesse de l’homme que lui imposa son expérience contemporaine d’Athènes et de Syracuse. » (ER
DODDS “Les Grecs et l’Irrationnel” P.213)
L’homme raisonnable, le philosophe roi, doit diriger, légiférer, ordonner. Les lois sont nécessaires au grand nombre, mais
pas au philosophe qui peut régler ses actions sur la connaissance réelle et directe du bien par la raison.
En apparence “La République” et “Les Lois” sont des textes très différents: ils ont des objectifs différents : “La République”
décrit la cité parfaite idéale celle que le philosophe pourrait réaliser. “Les Lois” tiennent compte de la réalité vécue dans les
cités grecques (les hommes sont méchants, égoïstes, ambitieux ...) et proposent une législation applicable dans la cité réelle
(monde sensible). Cependant “La République” et “Les Lois” se ressemblent: ces textes reposent sur le même présupposé ils
sont porteurs du même idéal : la raison peut et doit gouverner le monde au lieu de l’intérêt du plus fort ou du plus
riche.
Malgré les aspects réactionnaires de son projet : il veut restaurer l’aristocratie ou la monarchie contre la démocratie, la
pensée de PLATON nourrira toute la pensée politique moderne.
PLATON Page : 15
D/ Autres dialogues.
“Le Sophiste": dialogue sur l’Etre et le non- Etre.
“Parménide” : dialogue sur l’Un et le Multiple.
“Timée" : ( Cf. : Cours sur « La matière et l’esprit ») explication, sous forme d’un mythe, de la formation de l’univers, du
corps, de l’âme. PLATON se pose la question: quel rapport y a-t-il entre le monde sensible et le monde intelligible ?
L’hypothèse de l’existence de réalités intelligibles (les Idées) à la fois distinctes et en rapport avec les choses sensibles, où
tout change sans cesse ( Cf. : Héraclite), permet de comprendre la stabilité du monde (Cf. : Parménide) mais n’est qu’une
fiction : il faut bien que le monde ait une stabilité pour que l’homme le connaisse et ait une action éthique et politique.
Le monde sensible est à la fois ressemblant et différent de ce monde intelligible. ( Cf. : dans la suite de ce cours, étude
du livre VII de La République, les idées de « causalité » et de « participation »). Il est ressemblant car il est à l’image du
monde intelligible, mais différent car autrement il serait confondu avec lui. Pour expliquer cette dualité Platon dit qu’un
démiurge fabrique un cosmos (l’univers) en ordonnant une matière. Il n’est pas un Dieu créateur à partir de rien comme le
Dieu Judéo-Chrétien, il part d’une matière qu’il organise, la khora. Le démiurge est une sorte de potier, un forgeron, un
peintre, un travailleur qui façonne une matière préexistante qui est désordonnée, un chaos, en se servant d’un modèle, une
sorte de patron (ce qui explique la ressemblance) constitué par les Idées du monde intelligible. Cependant le démiurge n’est
pas parvenu à copier fidèlement le monde intelligible et nous a donné seulement des apparences des copies imparfaites
( ce qui explique la dissemblance) de ces Idées qui sont parfaites, éternelles, immuables. Il a fait passer une forme (un
modèle conceptuel, une Idée) dans une matière et il produit une copie.
Les choses sensibles obéissent à ces trois principes : une forme ( une Idée éternelle), la matière ( éternelle aussi,
incréée) et la copie. Platon compare le monde a un objet technique. Par exemple Le menuisier pour produire une navette
à tisser produit celle-ci non pas à partir d’une autre navette existant déjà, mais d’un patron, un modèle conceptuel ( l’Idée ou
le concept de « navette à tisser » dont il tire les caractéristiques essentielles, la forme caractéristique que l’on retrouve dans
toutes les navettes à tisser), il transfère ce modèle dans la matière mais ne peut pas faire n’importe quoi : il prendra par
exemple un matériau sensible comme du bois et du métal et fera une réplique sensible de ce modèle, il aura fabriqué la
navette singulière ( avec ses caractéristiques propres, ou accidentelles, qui font que toutes les navettes sont différentes), un
objet sensible. Le démiurge est un « artisan supérieur », Platon prend ce modèle de fabrication technique pour faire
comprendre la relation entre l’intelligible et le sensible. La matière qui ne peut être ni vue, ni touchée, ni sentie en ellemême, est un principe éternel comme les Idées. La matière pourtant se manifeste de façon sensible, variable, changeante
dans ses apparences : les matériaux (bois, marbre, métal…). Le démiurge, comme l’artisan fait passer de l’invisible et de
l’éternel (matière et Idées) dans du visible et du temporel ( matériaux, objets naturels ou fabriqués par les hommes). C'est
pour cela que tout ce qui existe dans le monde sensible est imparfait, variable, changeant.
Le travail du démiurge a les caractéristiques suivantes :
1/ Ce travail a un commencement et une fin ( le monde sensible est situé dans l’espace et dans le temps, il est en mouvement,
changeant…)
2/ Ce travail consiste à ordonner une matière première pour façonner une copie qui doit être le plus conforme possible à
l’original (mais sans pouvoir totalement y parvenir, d’où l’imperfection du monde sensible).
3/ Il obéit à une intention, il a une finalité, une raison. Ce mythe sert à comprendre que tout ce qui existe dans ce monde
sensible qui est en devenir, changeant, situé dans le temps et l’espace, est intelligible malgré tout. La cité et l’individu
doivent prendre pour modèle ce monde intelligible : la fin est l’ordre, la sagesse, la mesure, et pour cela il faut décrire la
nature ( D’où la cosmologie décrite dans le Timée). La matière ou khora est la mère, la nourrice des choses sensibles,
c’est un réceptacle qui n’est pas décrit en tant que tel, à l’état pur, elle n’est pas saisie par les sens. La matière n’est
pas visible dans les objets naturels ou dans les produits fabriqués par les hommes. Ce qui est sensible c’est les
matériaux. Quand le démiurge ordonne la matière, en introduisant la mesure et la proportion, elle est composée des quatre
éléments : la terre, le feu, l’air et l’eau, qui s’agitent par un mouvement mécanique et désordonné ( chaos). Cependant le
démiurge partant de choses préexistantes ne peut pas faire n’importe quoi. On ne travaille pas le bois, comme on
travaille le métal, donc il existe une rationalité propre à « l’état naturel du monde » et une nécessité à respecter pour
organiser la matière dans les matériaux. Le bois a ses nœuds, ses veines que le charpentier doit connaître pour façonner la
navette à tisser… La khora n’est pas une matière vierge de toute détermination, il y a une rationalité qui explique que
le cosmos obéit à un ordre, à une rationalité, à une nécessité.
Platon décrit cet ordre du cosmos selon un modèle mathématique ( on ne va pas entrer dans le détail mais il le décrit
sous forme des cinq polyèdres réguliers que les mathématiciens appellent depuis les « solides de Platon »).
Platon ne dit pas que le monde est un système de polyèdres, de sphères (qui expliquent par exemple le cycle régulier des
étoiles), mais que seulement cette construction savante, théorique, peut décrire la nature des choses. Il dira que si quelqu’un
vient proposer un modèle « plus beau » ( Timée, 54a) il faut l’accepter.
Note : en fait Platon est très « actuel » car il montre que les théories scientifiques sont des modèles explicatifs provisoires
mais beaux, qui peuvent être remis en cause par d’autres savants ( Cf. : Cours sur « La vérité » en science, Gaston Bachelard,
Karl Popper).
L’ordre sera la nécessité qui explique la rationalité de la nature ( et la possibilité d’une connaissance scientifique qui
cherche cet ordre caché de la nature. Cet ordre sera découvert, dévoilé, par la raison, en allant au-delà des
apparences changeantes des phénomènes, des choses sensibles qui sont situées dans l’espace et dans le temps ( la science
dévoile cet ordre, son discours veut saisir l’ordre réel des éléments de la nature, il cherche la vérité). Le cosmos a une âme :
l’âme est ce qui anime quelque chose, ce qui rend vivant, cette âme c’est les mouvements toujours identiques, permanents et
réguliers, qui lui donnent au cosmos de l’ordre (l’individu et la cité qui sont aussi des vivants, ont aussi une âme. Voir dans
ce cours ).
PLATON Page : 16
Note : à partir de Descartes on appellera cet ordre : les lois de la nature, ces lois qui sont nécessaires.
Donc PLATON aboutit à ces deux idées :
Le Bien est la cause de tout : il éclaire et nourrit tout ce qui donne naissance à toutes les Idées et au monde sensible :
CAUSALITE.Tout dans le monde sensible est lié aux Idées.
Exemple : La beauté d’un beau corps ou beauté sensible participe à l’idée de BEAU (en soi) : PARTICIPATION.
Ces idées ont été développées dans d’autres ouvrages dont “La République” et seront expliquées dans ce cours : Etude de
“La République”, livre VII.
QU’EST CE QUE LE BIEN ?
Pourquoi le Bien est-il une idée supérieure aux autres ? IDEES DE CAUSALITE ET DE PARTICIPATION : explications
dans l’étude du livre VII de “La République». Cf. : ci-après.
Donc PLATON s’efforce de résoudre les problèmes essentiels posés par la politique, tels que : que pourrait- être une cité
juste ? Quelle est la meilleure forme de gouvernement ?
Mais pour répondre à ces questions, il faut aussi répondre aux questions. Comment peut-on être heureux ? Comment
devient-on vertueux ? Quelle science doit posséder l’homme politique pour gouverner ? Sa théorie des Idées permet de
répondre à toutes ces questions. La justice qui est nécessaire à la cité idéale dépend de la connaissance que le gouvernement
a.
Seul le philosophe qui a vu le Bien peut réaliser pratiquement la cité idéale et devenir roi (“La République”). Il
de connaître le Bien pour le faire, le philosophe peut réaliser cette cité parce qu’il a l’idéal comme référence.
suffit
Dans “La République”, il étudie les meilleures formes de gouvernement (Par UN seul individu, par QUELQUES UNS, ou
par TOUS ? ).
Il montre que dans la cité idéale, les citoyens sont répartis en trois classes :
* La classe d’Or : celle des meilleurs : les chefs de la cité, qui doivent être les philosophes- rois qui possèdent Vérité et
Autorité.
* La classe d’Argent : celle des gardiens de la cité : les militaires et les magistrats. Les gardiens, les militaires défenseurs de
la cité, doivent être courageux.
* La classe d’Airain : (alliage à base de cuivre) les laboureurs qui doivent être tempérants.
Les intérêts individuels sont bannis au profit de la Cité. (Communisme pour certaines classes).
Remarque. PLATON a eu deux conceptions du politique : une conception “idéaliste” (dans “La République”) et une
conception plus conforme à la vie dans le monde sensible. (dans “Les Lois”). Dans Les Lois une place importante est faite à
l’éducation civique : elle donnera l’envie de vivre dans la sagesse. Ceci permettra d’éviter que le chef de l’état devienne un
despote; qu’il se corrompe grâce à une éducation, soit donnée par la propagande, soit par des jeux qui permettent le
rapprochement entre les hommes. La monogamie est instituée, loi contre le divorce, fécondité des familles souhaitée.
PLATON veut préserver la cité de toute déchéance.
Les classes sociales données dans “La République” sont modifiées
* Les artisans et les commerçants sont des “métèques “.
* Les agriculteurs, des “citoyens “.
Le service militaire devenant obligatoire et universel, cela supprime la classe des gardiens. Les magistrats ne sont plus des
sages, créateurs de la loi, mais des surveillants de la loi.
La constitution n’est plus celle d’un communisme autoritaire de La République, mais une démocratie à la manière de la
constitution d’Athènes.
En définitive:
« PLATON est venu à la philosophie que par la politique, et que pour la politique. » (DIES. “Introduction à la politique”).
En RESUME : Son Idéalisme nous permet de comprendre
a) La philosophie théorique.
1) Ontologie : l’être c’est l’Idée qui est le principe de toute existence, mais une seule idée possède l’être sans la recevoir : le
Bien.
2) Epistémologie : il n’y a de science que par la connaissance des Idées et grâce à la raison. PLATON est un rationaliste.
3) Psychologie : l’âme venue du monde intelligible, incarnée dans le monde sensible doit se purifier en se réincarnant dans
d’autres corps après la mort physique. (Cf. : le Mythe d’ER l’Arménien). Après purification, l’âme (rationnelle, les deux
autres : celle des désirs et celle du courage, sont mortelles) rejoint le monde intelligible elle est donc immortelle. L’âme doit
s’affranchir du corps qui nous maintient dans le monde sensible (désirs, illusions ...) et vivre selon la vie de l’esprit.
4) Théodicée : s’il n’aboutit pas a une idée nette de Dieu, la divinité se confondrait avec le Bien : d'où tout dérive, auquel
tout aspire et qui n’a besoin que de lui pour exister.
b) La philosophie pratique.
PLATON Page : 17
1) La morale. Le bonheur est donné à l’homme vertueux qui contemple les Idées : Sagesse et Vertu sont identiques. Le sage
doit échanger ses pseudo-plaisirs du monde sensible (engendrant souvent de la souffrance) contre un bonheur éternel, stable
= la pensée nous mène à la sagesse par une voie ascétique (dans le “Phédon”). On se libère de tout ce qui est matériel, on
apprend à mourir, c’est-à-dire à renoncer à son corps. La vertu consiste à faire régner la Justice en l’homme, c’est-à-dire
établir une harmonie dans l’âme qui se réalise lorsque la sensibilité se subordonne au cœur qui lui même se soumet à la
sagesse de la raison.
2) La politique. L'homme n'est homme que dans la Cité, grâce à la société, par la parole, c'est ce qui le distingue des autres
animaux. La Cité platonicienne est la première tentative cohérente et rationnelle de définir ce que pourrait être la relation
politique harmonieuse entre des hommes travaillant pour le bien de tous. Plusieurs principes fondent l’organisation de la cité.
Note: la Cité antique correspond à ce de nos jours nous appelons Etat.
- Le premier principe est un principe hiérarchique : à chacun sa place en fonction des aptitudes reçues à la naissance qui ne
sont pas identiques. Chacun exercera le métier pour lequel il est apte de naissance. (Cf. : Etude de la justice).
Le plus important des métiers est celui qui veille au salut de l’Etat : les “gardiens” de l’Etat sont les piliers de l’édifice. Ils
ont les qualités du corps et de l’esprit.
- Le deuxième principe est la primauté de l’éducation des gardiens de la cité. La nature les a prédisposés à être chefs ou
rois. Pourtant on peut rendre mauvais ce qui était bon. Aussi faut-il compléter le don de la nature par une éducation véritable.
(Cf. Livre VII de "La République” : “l’Education du philosophe- roi”).
- Le troisième principe est le choix des chefs parmi les meilleurs des gardiens. « Que les vieux doivent commander, les
jeunes obéir, c’est là chose évidente ... Et les meilleurs d’entre les vieux » deviendront les chefs de la cité. Il existera deux
classes de gardiens :

Les “gardiens - guerriers” qui sont des auxiliaires des chefs.

Les “archontes" chargés de diriger la Cité.
Le dirigeant ou roi -philosophe fait reposer la cité parfaite sur l’idée du Bien. Il ne doit agir que pour le bien de tous. Le
philosophe qui a contemplé les Idées, est le meilleur gouvernant, le meilleur éducateur sa connaissance du Bien lui permet de
l’apprendre aux citoyens.
La classe des dirigeants ne doit être soumise qu’au bien public, elle doit se défaire des sentiments personnels et de la
convoitise que le sentiment de propriété ne manquerait pas de provoquer. Les dirigeants doivent mettre tout en commun. Ce
"communisme” platonicien s’étend aux femmes et aux enfants : il propose l’abolition de la famille car les femmes, étant à
égalité avec les hommes, (ce qui est totalement révolutionnaire en Grèce antique), il n’y a plus de sentiments de possession à
avoir envers quiconque. Il n’y a plus de famille ; les enfants sont élevés par l’Etat. Le gardien ne défendra plus Sa propriété,
des personnes qui lui sont proches (femme, enfants), mais il défendra La propriété de l’Etat, et tous les citoyens de l’Etat
sans aucune distinction.
L’idéal de la Cité est un mélange de communisme réservé aux citoyens qui constituent la classe supérieure de la nation
et d’individualisme réservé aux laboureurs ils conservent la propriété de leurs terres, du fruit de leur travail, les femmes et
les enfants ne sont pas communs.
La cité de PLATON parait “totalitaire” et antidémocratique, mais elle décrit un modèle politique les dirigeants doivent
régler les actions sur le Bien plutôt que sur des intérêts particuliers.
Elle propose un Etat de droit basé sur la Raison plutôt que sur le droit du plus fort.
Quels procédés PLATON emploie-t-il pour nous communiquer sa philosophie ?
 Le dialogue : questions, réponses met en évidence l’opposition des opinions, des préjugés c’est la seule méthode qui
suscite une véritable réflexion philosophique. Cela correspond à l'ironie et à la maïeutique socratiques.
 Le mythe : muthos = il traduit dans un récit imagé, poétique, facilement accessible des vérités philosophiques sur la mort,
l’amour, l’âme, le monde ... Procédé pédagogique souvent employé par PLATON Si le mythe n’est qu’une fiction, il a
pourtant pour rôle d’expliquer la réalité.
CHAPITRE III
Résumé de “La République”.
Le dialogue “La République” ou “De La Justice” traite un double thème celui de la Justice et celui de la conduite de
l’Etat. Les commentateurs du texte discutent la question de savoir lequel des deux est le plus important ? Cela revient à
résoudre le problème suivant : la description de la cité idéale n’a-t-elle pour but que de montrer ce qu’est la justice ou bien,
au contraire, la recherche d’une définition de la justice n’a- t-elle pour but que de trouver la base solide de la cité ?
PLATON Page : 18
LE PROLOGUE.
Livre I : diverses opinions sur la Justice. (327a-354c).
LIEU du DIALOGUE.
Au Pirée, dans la maison de CEPHALE.
Les PERSONNAGES.
* CEPHALE : riche vieillard étranger. Il montre que la vieillesse délivre de désirs impétueux et augmente la sagesse. Il se
prépare à bien mourir = il fait de sages entretiens, voue un culte aux dieux.
* POLEMARQUE, LYSIAS, et EUTHYDEME : fils de CEPHALE. Le plus important est POLEMARQUE qui, déçu par
la rhétorique, est devenu un élève de SOCRATE.
* SOCRATE.
* GLAUCON. (seul interlocuteur de SOCRATE dans le Livre VII) et ADIMANTE sont les frères cadets de PLATON. Ils
sont toujours prêts à approuver SOCRATE.
* THRASYMAQUE : renommé sophiste, maître dans l’art du discours : attaqué par PLATON comme faux-sage.
* Quelques personnages insignifiants. Exemple : CLITOPHON qui ne parle qu’une fois (Page 340a)
NOTE. Les pages indiquées dans ce cours correspondent à “La République” de PLATON Edition Garnier- Flammarion .
Traduction par Robert BACCOU.
Comme on parlait de sa fortune considérable, CEPHALE déclare que le gros avantage d’être riche est de pouvoir facilement
observer la justice et d’honorer les dieux. SOCRATE demande alors :
QU’EST-CE QUE LA JUSTICE ?
Le premier livre examine les définitions courantes (les préjugés) que SOCRATE critique en montrant des cas concrets qui
entrent en contradiction avec la définition proposée. (Cf. : analyse et critique p.17 à 21, texte p.75 à 104.)
1) Définition de la justice pour CEPHALE : consiste à rendre à chacun ce qu’on lui doit. (331 c).
2) POLEMARQUE : La justice consiste à faire du bien à ses amis et du mal à ses ennemis. (332 ab).
3) THRASYMAQUE, comme les sophistes, fait de la justice, « l’intérêt au plus fort » (338 c) : la force crée le droit.
SOCRATE montre toutes les contradictions de ces définitions, la justice est plus forte que l’injustice qui est ignorance ( Cf. :
ce cours ci-avant) et ce livre se termine sans que l’essentiel soit donné : la nature exacte de la justice. (354 bc) aporie.
Première partie de “La République”.
La Nature de la Justice déterminée par l’observation de la Cité.
Livres Il (358 a p .107) à IV (445 e p.199).
1) Fausses conceptions de la Justice. (Cf. : analyse critique p. 21) : l’homme n’est pas juste naturellement : Cf. : p.l09
exemple de Gygès qui, pouvant se rendre à volonté invisible, commettra l'injustice car « l’injuste hypocrite connaît toutes les
félicités », « l’injustice est individuellement plus profitable que la justice. » (p. 110).
Vraie conception de la Justice : on ne doit plus chercher la justice pour ses avantages dans le monde sensible, mais savoir
que l'injustice est un malheur alors que rechercher la justice en soi, voir quelle est son essence, apportera le plus grand bien
pour l’homme.
2) Méthode de recherche pour définir la Justice.
Lorsqu’une chose est trop difficile à voir on en fait un agrandissement. Or l’Etat c’est l’individu agrandi. Donc pour savoir
ce qu’est la justice, dans la vie individuelle, le plus facile est d’examiner ce qu’elle est dans la cité. (368.369 p.ll7)
3) Genèse de la cité.
- a) La cité est une institution naturelle car les hommes ne peuvent pas vivre sans leurs semblables. (368 b p.l17)
- b) La cité comporte des travailleurs (laboureurs, artisans, commerçants ...)
- c) La cité s’agrandissant, elle va empiéter sur les territoires voisins, d’où nécessité de faire la guerre (p.122). Il faut donc
créer une classe de gardiens (soldats et magistrats). Comment former ces magistrats ? Ce sera la plus grande partie de “La
République”.
4) Qualités des gardiens de la Cité.
SOCRATE examine les qualités nécessaires aux "gardiens" : être doués physiquement, être courageux et sages : caractères
des irascibles et des philosophes (p .124).
PLATON Page : 19
5) Plan d’éducation destiné à former les gardiens.
- Pour l’âme : la musique c’est-à-dire les arts.
- Pour le corps : la gymnastique (398c. 412c. p.150).
Mais avant de parler de la musique, SOCRATE attaque les méfaits des fables et de la poésie qui donnent de fausses idées des
dieux et des héros. Aussi les poètes seront comblés d’honneur, mais exclus de la cité car ils trompent l’âme. (376c.398b.
p.126) (analyse critique p.24)
6) Choix des gardiens. (p.166)
Tous les hommes, étant fils de la Terre, sont frères ; mais selon une « fable », le dieu qui les a formé a donné :
Aux laboureurs et artisans une âme renfermant du fer ou airain.
Aux soldats une âme renfermant de l’argent.
Aux magistrats une âme renfermant de l’or.
Les citoyens se diviseront en trois classes dont la valeur est symbolisée par le métal qui entre dans la composition de leur
âme.
Les enfants resteront dans la classe de leur père car il est normal qu’ils ressemblent à ceux qui lui ont donné la vie ; mais il y
a des exceptions aussi ne faut-il pas hésiter à classer chacun selon ses capacités un fils de magistrat peut devenir laboureur,
et un fils de laboureur peut devenir magistrat (414c.415c p.167).
Les gardiens posséderont tout en commun : ils n’auront qu’une seule préoccupation : défendre la communauté. (415c. 421c
p.l21)
7) La nature de la justice.
- a/ Dans la Cité : (Cf. : analyse critique p.28 : la cité idéale a quatre vertus : sagesse ; courage ; tempérance ; justice).
Qu’est-ce que la justice ? La justice consiste en ce que chacun fasse « son propre travail et à ne point se mêler de celui
d’autrui. » (p.185)
Chaque classe a sa propre fonction.
- Laboureurs : assurer les biens matériels de la cité.
- Soldats : défendre la cité.
- Magistrats : gouverner la cité.
Si un homme est par nature un laboureur, il est injuste qu’il s’occupe de défendre ou gouverner la cité, un soldat (ou un
magistrat) ne pourra s’occuper de labourer ... (p.186). La cité possède dans ce cas les quatre vertus majeures : la sagesse est
détenue par la classe des chefs, le courage celle des auxiliaires des chefs : les gardiens, la tempérance par toutes les classes
quand elles sont en accord et enfin la justice qui est dans cette spécialisation des fonctions.
- b/ Dans l’individu : l’âme est comme la cité, divisée en trois parties. (Cf. : l’étude du “Phédre” : l’âme comparée à
l’attelage ailé).
- A la classe des laboureurs correspond, dans l’individu, l’âme des appétits : le désir ou la concupiscence besoin
de nutrition, de conservation et de reproduction.
- A la classe des soldats correspond dans l’individu l’âme du courage ou de la colère, âme guerrière.
- A la classe des magistrats correspond dans l’individu l’âme raisonnable qui commande tout.
Donc, si la justice dans la cité consiste à ce que chaque classe remplisse sa fonction et uniquement celle-là, la justice dans
l’individu existera si les trois fonctions (raison, courage, désirs) de l’âme joueront le rôle qu’elles doivent jouer, la
raison maîtrisant les deux autres parties de l’âme. La justice consiste en ce que chaque partie respecte son rôle
propre (ordre et mesure).
La maladie est le désordre du corps, la démesure ; l’injustice est le désordre de l’âme, elle est dans la démesure (comme les
excès : emportement, idolâtrie…), quand une partie inférieure ne veut pas se soumettre à la raison.
La santé est le résultat d’une hiérarchie du corps, la justice celui d’une hiérarchie des parties de l’âme. (436a 444a p.188),
(ordre et mesure).
Deuxième partie de “La République”.
Organisation de la Cité Juste.
Livre V (p203) à VIII (p.330).
- A/ Condition de la femme.
Déjà SOCRATE avait dit que les femmes et les enfants devaient être mis en commun « entre amis » (423e p.l75) lors d’un
précédent entretien.
Lorsque le dialogue reprend, POLEMARQUE et ADIMANTE demandent des précisions. SOCRATE hésite parce qu’il
craint que son projet ne soit réalisable (449a 451c p.2O3), puis finalement il explique le statut de la femme dans la cité.
1) Pas de division sexuelle du travail : entre l’homme et la femme il n’y a pas de différence de nature, mais seulement
une différence de degré : l’homme a une force corporelle en général plus grande. Mais il existe des femmes qui pourront
occuper, comme les hommes, les hautes fonctions si elles en sont capables ; y compris des fonctions militaires. Donc
elles doivent recevoir la même éducation que les hommes. (451c 457b p.205)
PLATON Page : 20
2) Des organisations différentes selon les classes :
* Dans la classe des laboureurs. La famille s’organise autour du patrimoine.
* Dans la classe des gardiens. Réforme de la famille qui est la conséquence de la communauté des biens. Les femmes seront
communes, mais les rapports des sexes sont strictement réglés. Les magistrats doivent veiller comme le font les éleveurs, que
s’accouplent les individus capables de produire de beaux enfants (457c 460a p.2l1). Les enfants légitimes nés pendant la
durée prévue par la cité pour la procréation seront élevés par la Cité. Dès leur naissance les enfants seront enlevés à la mère
et portés au bercail organisé par la cité. Les mères les allaiteront sans reconnaître leur progéniture (460b 461e p.215). Les
enfants difformes seront tenus dans un lieu secret. Les enfants ne connaissent pas leur père et réciproquement, mais appellent
« père » les hommes qui ont été en âge de les engendrer. De ce fait, la famille traditionnelle est supprimée (ou tout au moins
elle est élargie à une classe), car elle favorisait le redoutable égoïsme des liens familiaux, les divisions d’intérêt, les jalousies
... entre les citoyens et ainsi, la concorde entre les citoyens se réalisera parfaitement. (461e 466d p.216). Les gardiens ne
garderont pas que leur famille , au sens traditionnel, mais la cité en entier, souci de la défense de tous ( la cité est une
unité).
- B/ Les philosophes rois.
L’Etat idéal décrit par SOCRATE n’est réalisable que si les philosophes deviennent rois ; ou les rois philosophes (473cd p.
229) car les philosophes sont riches en vertu et sagesse, désintéressés jusqu’à mépriser le pouvoir.
- 1/ La philosophie se caractérise par la science qui est la connaissance qui ne se contente pas, comme l’opinion des hommes
vulgaires, des apparences changeantes mais qui atteint l’essence immuable des choses : les Idées. Connaissant la Justice
véritable, sa science entraîne les autres vertus : sincérité, énergie, liberté par rapport aux désirs démesurés, courage, le
philosophe n’a pas peur de la mort, désintéressement. Science, opinion et ignorance correspondent aux trois parties de
l’âme. Le philosophe qui ne s’en tient pas aux opinions changeantes, au sensible, connaît l’éternel, l’immuable : les Idées., et
en particulier le Juste et le Bien pour tous et il va les reproduire dans la cité, la rendant juste, belle et bonne pour tous. Les
hommes qui ont toutes ces vertus doivent gouverner. (488a 498c p.24l)
- 2/ ADIMANTE accepte cela en théorie, mais il dit qu’en pratique les philosophes sont des êtres bizarres, parfois pervers,
inutilisables par leurs études.
SOCRATE est d’accord mais c’est la faute de l'Etat, qui, n'utilisant pas les philosophes, s’en désintéresse, ne s’occupe pas de
leur formation et des gens indignes se disent philosophes. L’Etat doit donc réformer les études des futurs philosophes (488a
498c p245), ainsi ils deviendront de vrais philosophes, utiles à la Cité.
- C/ Le Statut du philosophe.
1/ But de la formation des philosophes qui sont destinés à devenir les gardiens de l’Etat : connaître le Bien qui permet de
juger de tout ce qui existe, qui est la source de tout être. (509ab p.266). Il correspond au soleil dans le monde sensible. Il
s’agit d’élever l’esprit du monde sensible au monde intelligible. (509d 511e p.267). Il explique que le soleil, situé dans le
monde sensible est semblable au Bien dans le monde intelligible. Pour connaître il faut trois éléments
Des objets à voir :
Un organe qui permet de connaître :
Une lumière qui rend visible :
Monde sensible
Objets sensibles
Yeux
Soleil
Monde intelligible
Idées.
Ame
Bien
A la fin du livre VI : Platon représente le monde sensible et le monde intelligible par deux segments de droites.
Cf. page 267 (Collection Garnier-Flammarion)
Les divers degrés de la connaissance sont symbolisés par « une ligne coupée en deux segments inégaux, l’un
représentant le genre visible, l’autre le genre intelligible, et on coupe de nouveau chaque segment suivant la même
proposition ; tu auras alors, en classant les divisions obtenues d’après leur degré relatif de clarté ou d’obscurité, dans le
monde visible un premier segment, celui des images ... le second segment correspond aux objets que ces images
représentent ... »
Il compare des différents degrés du monde sensible et les différents degrés du monde intelligible à une ligne droite
segmentée de façon mathématique, en respectant des proportions.
A quoi correspondent ces subdivisions à l’intérieur des deux segments initiaux ? A différents degrés de clarté et de vérité à
l’intérieur et du monde sensible et du monde intelligible, qui sont les suivants.
Divisons une ligne en deux grands segments inégaux symbolisant respectivement le monde sensible et le monde intelligible.
Divisons ces deux segments, chacun en deux plus petits segments inégaux., mais en respectant les proportions suivantes :
AB = 1/3 de AC,
AD =1/3 de AB ; BE =1/3 de BC
DB= BE.
PLATON Page : 21
monde
sensible
A
monde intelligible
B
C
A_________D_________________B_________________E__________________________________C
AB (AD, DB) = monde sensible, objet d'opinion
AD = Images
objets
d'imagination
(eïkasia)
DB = êtres matériels
objets de
croyance
(pistis)
BC (BE, EC) = monde intelligible, objet de science
BE = êtres mathématiques
objets d'intelligence
raisonnante
(dianoïa)
EC = Idées
objets de vision de
l'intelligence intuitive
(noèsis)
La représentation sensible ( segment AB) comporte deux niveaux :
Premier degré ( segment AD) : les images des objets matériels.
Nous ne voyons parfois des objets matériels que des ombres, des reflets dans les eaux ou sur des surfaces lisses : nous
n'en voyons que des images. Devant l’image on ne peut qu’imaginer ce que doit être l’objet original. Le propos de l’image est
de ressembler à l’original, tout en lui étant différent. Tel est le premier stade de la représentation sensible, confuse : elle est
donnée par l'imagination.
Deuxième degré ( segment DB) : les objets matériels. Connaissance supérieure à la première, car dans ce cas nous avons une
perception plus précise, lorsque nous soignons en quelque sorte notre perception . On peut emporter l’adhésion ( les autres
hommes peuvent dire qu’ils voient la même chose que moi), nous voyons les êtres vivants, les objets naturels ou les objets
artificiels produits par l’homme. On est alors persuadé de leur existence. Tel est le second stade de la représentation sensible :
la croyance.
La connaissance des objets réels est supérieure à la connaissance des images. C’est pourquoi le segment DB est plus grand que le
segment AD.
Mais malgré cette supériorité, cette hiérarchie, ces deux types de connaissance se ressemblent elles viennent des sens qui
peuvent nous tromper, qui nous donnent des objets multiples divers (les accidents), mais ne nous permettent pas d’en connaître
l’essence. La connaissance donnée par les sens est objet d’opinion.
La représentation intelligible ( segment BC) comporte aussi deux niveaux :
Premier degré ( segment BE) : nous concevons d'abord dans le monde intelligible les ombres et les reflets des Idées telles
qu'elles peuvent se manifester dans les êtres ou objets mathématiques. Elles reflètent des Idées comme l’Unité, le Cercle…
Mais on les formule à l’aide de symboles sensibles, de supports sensibles (par exemple des figures géométriques dessinées,
l’unité est rendue sensible par le chiffre « Un »…). Les sciences mathématiques qu’impose Platon aux apprentis philosophes
sont composées à l’époque de l’arithmétique, de la géométrie, de l’astronomie et de l’harmonique : étude théorique de la
musique (par exemple elle étudie le rapport entre les sons, la tension, l’épaisseur… des cordes de l’instrument) . ( Cf. :
L’éducation du futur philosophe, étudiée au livre VII de La République passera par l’étude de toutes ces sciences.
Elles ne doivent être apprises que dans la mesure où elle sont le prélude à la science suprême, elles préparent l’esprit à
réfléchir sur des essences. Pour Platon il existe deux sortes de mathématiques :
L’une est empirique elle sert dans le monde matériel où elle se révèle utile, mais nous maintient dans le sensible.
L’autre est fondée sur la recherche de la connaissance pure, désintéressée de la rationalité cachée sous des
apparences changeantes. Elle nous élève à l’intelligible. Leur objet est « l’ordre et la mesure ». Platon va même jusqu’à
dire que l’astronomie n’a pas à s’occuper de « ce qui se passe dans le ciel ». Elles dévoilent un monde ordonné, mesuré,
harmonieux. La nature ( astres, plantes, animaux…) a une structure qui manifeste un ordre intelligent qui ne peut être le
fruit du hasard. Ces sciences sont théoriques, spéculatives, désintéressées, elles servent seulement à rendre intelligible,
connaissable le sensible, à construire derrière les apparences sensibles une structure intelligible et belle des phénomènes
( Cf. Timée) ( Il est encore,à ce niveau , avant-gardiste, très actuel. Cours sur « La vérité », par rapport à la science aux
mathématiques)
Le mathématicien se sert d’images sensibles (le dessin imparfait d’un cercle particulier, d’un carré particulier) puis il
raisonne sur des objets mathématiques donnés par la seule intelligence. Incapables de rendre raison des principes qui fondent
les mathématiques ( les hypothèses : les axiomes, les postulats) sont asservies à une conclusion limitée à la
démonstration ( Cours « La démonstration »). Ces raisonnements ne permettent que d’arriver à l’essence de ces astres mais
seulement à une construction mathématique permettant de comprendre les mouvements de ces réalités plus hautes que
sont les corps célestes ( seule la philosophie découvrira leur essence). En apparence ils ne sont que des phénomènes
PLATON Page : 22
désordonnés, donnés par les sens, mais l’astronome en faisant une construction mathématique en fera des êtres ordonnés,
animés de mouvements réguliers, uniformes et circulaires ( la nécessité des lois de la nature). Seul le philosophe verra qu’ils
sont des êtres immuables. La construction de l’astronome fait ressortir que les astres sont animés de mouvements
circulaires car le cercle est la figure qui s’accorde le plus avec la perfection supposée du monde par Platon. Pour
compléter cette construction il faut que la pensée exige que tous les mouvements du cosmos aient la Terre pour centre.
( Note : HERACLITE LE PONTIQUE, [ ne pas le confondre avec Héraclite d’Ephèse Cf. : ce cours ] est un élève de
Platon , il prétendit (avec d’autres élèves, eux aussi issus de l’école de Platon, qui devinrent astronomes), qu’on
pouvait faire une autre construction pour sauver la régularité du soleil , malgré ses apparences changeantes on
pouvait admettre qu’il était immobile et que la Terre se mouvait autour du soleil, il fut un des premiers à avoir donné
un système héliocentrique).
L’astronome se sert des mathématiques, fait des constructions théoriques pour sauver de l’ignorance ou de l’opinion,« des
apparences » ou des phénomènes, en les rendant intelligibles ; mais ses théories ne sont que des hypothèses.
Les théories scientifiques ne sont que de grandes hypothèses.
Le mathématicien ( l’astronome, géomètre…) s’appuie sur le sensible, ce qui explique que
le segment DE = segment BE
Objets matériels donnés par les sens = objets mathématiques donnés en partie par les sens (mais situés dans l’intelligible).
Ces objets mathématiques, une fois atteints par la pensée sont considérés comme des hypothèses. « C’est-à-dire des point de
départ et des tremplins »(P. 269) pour raisonner, déduire des conséquences et tirer une conclusion.
Exemple : Si ( hypothèse) on a un triangle rectangle inscrit dans un cercle alors l'hypoténuse du rectangle est égale au
diamètre de ce cercle.
C’est pourquoi PLATON appelle ces objets mathématiques des objets “hypothétiques”. Que les mathématiques s’appuient
sur des hypothèses ( axiomes, postulats) c’est pour Platon une marque de leur insuffisance, donc il les place au plus bas
degré du monde intelligible, le degré inférieur de la connaissance de l’intelligible « pour arriver à les connaître, l’âme est
obligée d’avoir recours à des hypothèses » (P.268). Ces Idées sont données par la raison (L’intelligence raisonnante ou la
« connaissance discursive » : pour raisonner il faut faire un discours en respectant la logique, pour arriver à la conclusion il
faut du temps).
Deuxième degré ( segment EC) : les Idées elles-mêmes, objet de la dialectique, sont données par l'intelligence intuitive.
L’intuition est le mode qui permet la connaissance immédiate de l’être réel. L’être réel est donné par la saisie par l’esprit
de son essence, par la contemplation de son essence ( ou de son Idée). Il ne s’agit pas d’une contemplation passive, elle
n’est possible qu’après un travail soutenu et rigoureux nécessaire pour recevoir une bonne éducation , elle passe par
l’étude des mathématiques, l’apprentissage du raisonnement.
Les Idées (Vrai, Beau, Juste,... Bien) sont supérieures aux objets mathématiques car elles sont “ an hypothétiques” c'est-àdire qu’elles ne reposent pas sur des hypothèses, ni sur le sensible. Elles sont données par une intuition intellectuelle, par
l’intelligence pure, parce qu’elle n’a pas besoin de passer par la représentation sensible pour les saisir.
Plus les objets s’éloignent du sensible plus nous les connaissons avec clarté. On passe en suivant des étapes de ce qui a
le moins de réalité ( le sensible) à ce qui a le plus de réalité ( les Idées). La taille du segment qui symbolise ces quatre
étapes dépend de la réalité de l’objet et de son mode de connaissance. Plus on s’éloigne du sensible plus on approche
du réel et de la vérité, plus la connaissance est claire, vraie.
Socrate ici utilise un vocabulaire spatial où il est question de "haut" et de "bas", qui laisse penser qu'il faut voir l'image de la
ligne comme verticale, avec le visible en bas et l'intelligible en haut. Glaucon ne comprend pas.
DEBUT du LIVRE VII
Le livre VII commence par l’ALLEGORIE de la caverne. Elle a pour but de faire comprendre à Glaucon tout ce qu’il n’a pas
compris : pourquoi le Bien est semblable au soleil, la distinction du monde sensible et du monde intelligible, fait qu'il faut
voir la ligne comme verticale, avec le visible en bas et l'intelligible en haut. Socrate va lui faire comprendre tout ceci à
l’aide de l’allégorie de la caverne qui débute le livre VII, où il est aussi beaucoup question d'ascension et de redescente. Mais
l’allégorie ne se réduit pas à cela : elle permet de comprendre la nécessité de se connaître soi-même, ( « Connais-toi toimême »)de voir le type d’âme qui nous anime, le degré de connaissance qu’on a atteint si on est mal ou pas éduqué, ou qu’on
est capable d’atteindre en suivant une bonne éducation, les efforts qu’il faut faire pour sortir de l’esclavage des opinions.
PLATON Page : 23
Si la description de la ligne est statique, l’allégorie de la caverne est dynamique, elle décrit le mouvement
de l’âme qui se libère de son ignorance, de ses préjugés. Elle décrit l’expérience intérieure possible de
libération de soi, que beaucoup d’hommes refusent de faire, mais que le philosophe fait.
Le détour par un monde idéal (monde intelligible) permet quand on redescendra dans le monde sensible ( la caverne) de
juger et d’agir correctement dans ce monde sensible dans lequel on vit : c’est le retour qui donne du sens à la sortie du
monde sensible. Il faut savoir dans quel monde on vit pour ne plus en être esclave, ne plus être manipulé comme une
marionnette. Quand le philosophe redescendra dans le monde sensible pour libérer les prisonniers, ils voudront le mettre à
mort comme le fut Socrate. Mais ils n’ont pas compris que le philosophe veut leur bien, leur liberté, leur bonheur, la vie
commune dans la cité pour le Bien de tous.
2/ Les études qui permettent à l’esprit de s’élever du monde sensible au monde intelligible sont les sciences abstraites
(arithmétique, géométrie des surfaces, stéréométrie, astronomie, musique). Elles sont le prélude pour arriver à la dialectique
qui permet d’arriver à la contemplation des Idées et que SOCRATE appelle le Chant (p 279).
3/ Curriculum Vitae du magistrat : six étapes Le avec, à chaque étape, sélection des meilleurs, seuls admis à franchir l’étape
suivante
Jusque 17 ans
: formation générale de 17 à 20 ans : culture physique.
de 20 à 30 ans
: études approfondies des sciences abstraites.
de 30 à 35 ans
: application à la dialectique.
de 35 à 50 ans
: charges militaires.
Après 60 ans
: réflexions philosophiques et gouvernement de la cité (p.293).
FIN du LIVRE VII
Troisième partie de “La République”.
L’injustice dans le Cité et dans la vie individuelle.
Livres VIII (p.303) à IX (p.356)
A/ Les mauvaises formes de gouvernement constituent une injustice.
SOCRATE a fait l’esquisse dans les livres précédents du gouvernement idéal qui est, pour lui, le gouvernement
aristocratique : une royauté puisque le philosophe doit devenir roi.
L’aristocratie, du grec “Aristos” = excellent et "Kratos" = pouvoir, est le gouvernement politique dans lequel le pouvoir
souverain est détenu par un certain nombre de personnes excellentes par leur intelligence, leur connaissance, leur rang. Pour
PLATON les hommes excellents qui doivent gouverner sont ceux qui possèdent le vrai savoir (ces hommes sont les
philosophes).
SOCRATE expose les mauvaises formes de gouvernement : par exemple il montre pour chacune d’elles son avènement
par la dégénérescence de la forme précédente, puis ses caractères, enfin pour définir (le but du dialogue) la Justice
individuelle à partir de la justice de la cité, il étudie les caractères du type d’homme correspondant à chaque forme de
gouvernement.
1/ L’aristocratie dégénère en TIMOCRATIE.
La timocratie, du grec "Timé " = richesse et "Kratos " = pouvoir, est le gouvernement dans lequel les fonctions publiques
sont réservées aux riches. C’est un gouvernement basé sur l’ambition, l’amour des honneurs et de l’argent.
L’aristocratie dégénère en timocratie lorsqu’apparaît, dans la classe des magistrats, des individus dans lesquels l’or (qui
caractérise l’âme désintéressée des aristocrates) se mêle au fer c’est-à-dire à l’esprit cupide du peuple. Alors des divisions se
produisent, et les vrais philosophes restent détachés de tous les biens matériels, tandis que les autres se partagent richesses et
honneurs. (545c 550c p.305)
2/ La timocratie dégénère en OLIGARCHIE.
L’oligarchie, du grec “ Ologoi “ = quelques uns et "Arché " = commandement, est le système politique par lequel le pouvoir
est détenu par un petit nombre d’individus ou de familles, souvent riches (les lois sont faites par eux en vue de leurs
propres intérêts et non pour l’individu en général). Etre riche devient la condition nécessaire et suffisante pour accéder au
pouvoir. (550c 555h p.309)
Donc même si l’aristocratie est comme l’oligarchie, le gouvernement par quelques hommes, en fait ces deux types de
gouvernement se distinguent.
Dans le régime aristocratique, bien réglé, le pouvoir est aux mains de toute une classe sociale (la classe des hommes
excellents) qui gouverne dans l’intérêt de tous. Dans un régime oligarchique, le pouvoir est confisqué par quelques membres
qui l’exploitent dans leurs intérêts.
PLATON Page : 24
3/ L’oligarchie dégénère en DEMOCRATIE.
La démocratie, du grec “ Démos “ = le peuple et “ Kratos “ = le pouvoir, est le gouvernement du peuple par lui-même,
soit de façon directe (par tous les citoyens), soit de façon indirecte (par les représentants des citoyens). Cette organisation
implique un état social caractérisé par le fait que tous les citoyens sont égaux devant la loi et possèdent les mêmes droits.
Les excès des oligarques réduisent le peuple à la misère, ceci déclenche une révolte et l’établissement d’un système dans
lequel tous les citoyens ont les mêmes droits politiques : la démocratie. La liberté pour tous est instaurée. PLATON critique
ce type de gouvernement car, selon lui, la plupart des hommes n’étant pas éduqués, ne connaissent pas leurs véritables
intérêts et ils se laissent conduire par leurs désirs, leurs préjugés, leurs opinions (par des sophistes qui les manipulent sans
qu’ils s’en rendent compte( Cf. : voir dans ce cours les explications déjà données).
Ainsi il n’est pas vraisemblable que le plus grand nombre possède la science qui est réservé à l’élite. Aussi la démocratie
débouche rapidement sur le désordre. Les gouvernants ne donnent plus l’impression de gouverner, et les gouvernés
s’érigent gouvernants. (555h 562a p.3l4)
4/ La démocratie dégénère en TYRANNIE.
La tyrannie est le système politique dans lequel le pouvoir est détenu par le tyran qui est un souverain injuste et violent,
usurpateur du pouvoir détenu par le peuple ou par quelques hommes excellents.
L’excès de liberté mène à la servitude, puisque pour se protéger contre les désordres dont il pâtit, le peuple se choisit un
protecteur, qui, lorsqu’il est au pouvoir, cherche à se débarrasser par la violence de tous ses adversaires et à se maintenir à la
tête de l’Etat, tuant même ceux qui l’ont mis au pouvoir. « Le tyran est un parricide. » (p.329) (563e 569c p.322) Cf. :
analyse critique p 47 et ce cours).
SA CONCLUSION.
Le meilleur gouvernement est l’aristocratie basée sur la monarchie : le roi doit gouverner, mais le roi doit être philosophe,
il est excellent car il a la science politique, la connaissance des vraies valeurs et chaque individu doit avoir un rôle en
fonction de ses capacités (hiérarchie des classes sociales fondée sur leurs différentes capacités). Au sommet de la hiérarchie
se trouve le roi qui gouverne en connaissant le Bien et peut, de ce fait, l’imposer aux autres hommes.
On retrouve de façon sous entendue la conception de la Justice que PLATON a énoncée dans d’autres textes, en particulier
dans “La République” Livres III et IV.
La justice individuelle.
L’âme est composée de trois parties ( cf. l'étude du "Phèdre") :
- 1) La sagesse. Vertu de la conformité au Bien, au Vrai, au Juste, à l’ordre connu par l’intelligence et la raison, en même
temps vertu du gouvernement de soi.
- 2) Le courage. Correspond au cœur. Vertu de la fermeté et de la constance face aux dangers, à l’adversité et en face de soi
pour vaincre ses désirs mauvais.
- 3) La tempérance. Vertu de la modération dans les mouvements spontanés du “cœur” et du “ventre”. Donc elle règle les
affections et les désirs, l’activité doit être conforme à l’ordre, à la mesure (pas d’excès, rien de trop).
La justice dans l’individu consistera à ce que chaque élément de l’âme reste dans son rôle, respectant un ordre, une
hiérarchie; autrement naît l’injustice. (“La République” Livres Il à IV 436 à 444)
L’homme juste est celui qui est maître de lui-même, gouverné par sa raison, qui domine ses instincts et ses passions.
L’injuste est celui qui est soumis à l’avarice, l'ambition, l’envie, la colère ... « L’injuste n’est pas un homme mais plusieurs
bêtes »
La justice dans la cité parfaite.
Si la cité est parfaite, elle renferme trois vertus (comme l'âme individuelle) :
- 1) La sagesse. Elle est la vertu suprême de l’Etat. Elle réside dans la classe des chefs (Le philosophe- roi.) La fonction des
chefs est de gouverner, de diriger et d’administrer = la raison.
- 2) Le courage. Elle réside dans la classe des auxiliaires des chefs : les gardiens des lois de la cité et de son territoire
(magistrats et soldats.) Elle est chargée de la fonction de défense de la cité et correspond au cœur.
- 3) La tempérance. Elle est commune à toutes les classes (y compris celle des laboureurs, des gardiens de la Cité). Elle
établit un accord basé sur la prépondérance des éléments supérieurs et la soumission des éléments inférieurs.
De ces trois vertus élémentaires résulte une vertu de synthèse qui est la JUSTICE qui consiste dans son fidèle
accomplissement pour chaque individu de sa fonction propre sans empiéter sur la fonction d’autrui (division du travail et
spécialisation des fonctions selon les aptitudes naturelles). La justice sert à établir l'ordre dans la cité.
« La justice est génératrice de force et d’ordre » "La République” Livre Il. IV 432C 434C.
Ainsi la véritable Justice est le règne de l’ordre, de l’équilibre, de la mesure et de l’harmonie aussi bien dans
l’individu que dans la cité.
PLATON Page : 25
La norme de la Justice se trouve dans le monde intelligible : c’est l’idée du Juste.
La justice est la conformité à un idéal que l’on doit aimer en lui-même et non pour les avantages qu’on pourrait en
tirer (Cf. : Gygès). Le philosophe- roi de la cité doit s'y référer pour gouverner de façon juste la cité située dans le monde
sensible. S’il peut le faire, c’est parce que d’abord il est moral. Le philosophe est celui qui a vu le Bien, aime le Bien une fois
qu’il a contemplé le Bien, il ne peut que se conduire moralement. « Nul n’est méchant volontairement » dit PLATON. Le
méchant, l’injuste sont les hommes qui sont restés dans le monde sensible, qui ont des préjugés, des opinions. Ils sont
ignorants du Juste. C’est pour cela qu’ils agissent mal, de façon injuste. Le philosophe n’est Juste que, parce que, d’abord il
est moral (il a vu l’idée du Bien, supérieure à l’idée du Juste et cause de l’idée du Juste. (Cf. : La hiérarchie des Idées “La
République”). Le philosophe- roi est donc le seul être à pouvoir fonder un ordre social en garantissant la Justice parce qu’il
se réfère à une Norme intelligible Le Juste en soi.
La fonction de la justice consiste donc à établir cette harmonie naturelle, propre à toute société, c’est-à-dire qu’elle exprime
l’ordre social réalisé par la construction naturelle de la hiérarchie fondée selon la loi de la primauté du supérieur à
l’inférieur.
- Pour chaque individu l’ESPRIT doit dominer les Passions nobles qui dominent les appétits sensibles.
- Pour la cité = la classe des Chefs (les philosophes) doit dominer la classe des gardiens de la cité, celle-ci domine la
classe des laboureurs.
Chacun doit être utilisé selon ses aptitudes il est juste que ceux qui ont les capacités pour être chefs commandent et il est
juste que chacun profite du surplus de rendement des p1us doués. Ceci permet d’aider les plus faibles dans un but noble, non
plus de supériorité mais de valorisation. Donc la Justice définit un ordre humain fondé sur les capacités de chaque citoyen.
Mais quelle différence entre cette dictature du philosophe- roi et la tyrannie ?
La tyrannie est le régime politique dans lequel le pouvoir est exercé de façon arbitraire et despotique par un ou quelques
individus qui s’en sont emparé par la force des meurtres, des injustices, des usurpations. Ces hommes sont, selon PLATON,
commandés par la partie la plus basse de l’âme celle des appétits, des passions brutales, de la soif de l’argent, de la luxure ...
C’est le triomphe de la bête en l’homme. Son pouvoir repose sur le désir et le droit du plus fort.
PLATON lutte contre cette tyrannie sur le plan des idées, mais aussi, de façon pratique puisqu’il encourage son disciple
DION à renverser DENYS le tyran de Syracuse.
Pour PLATON, la dictature du philosophe- roi permet la création d’un Etat idéal. Le philosophe- roi commande d’après le
Bien, pour le bien de tous. Comme la raison doit gouverner l’âme pour le bien de l’individu, les hommes les plus
raisonnables, les archontes, doivent gouverner la Cité.
La Cité de PLATON a pu apparaître comme totalitaire et antidémocratique mais nous pouvons voir cette cité comme
un idéal civique, un modèle politique où les dirigeants doivent régler leurs décisions et leurs actions sur la science du Bien
plutôt que ses intérêts particuliers. Elle propose un Etat de droit basé sur la Raison et non pas sur le droit du plus fort.
La Cité platonicienne est la première tentative cohérente et rationnelle de définir ce qui pourrait être la relation politique
harmonieuse entre les hommes travaillant pour le bien de tous. Et on peut se demander si dans nos démocraties modernes
tous les responsables politiques sont aussi désintéressés ? PLATON dira que la Cité n’est juste que par la justice des
individus qui la peuplent et la dirigent. Les hommes sont responsables de la Cité dans laquelle ils vivent.
- B) La misère du tyran et le bonheur du Juste. Livre X
Etude des différentes formes de gouvernement du point de vue du bonheur.
L’homme le plus juste est aussi le plus heureux ; l’homme le plus injuste est le plus malheureux (580c p 346) même s’il ne
passe pas pour tel aux yeux des hommes et des dieux.
1°/ Première preuve on en sera convaincu en étudiant la vie du tyran ; il laisse libre cours à ses désirs et en devient l’esclave,
de plus il a contre lui le peuple qui lui est hostile. Il craint sans cesse une révolte (571 à 580c).
2°/ Deuxième preuve déduite de la distinction des trois parties de l’âme :
- Appétit ou désir.
- Courage.
- Raison.
Tous les hommes pensent que le bonheur se trouve dans la possession de ce qu’ils cherchent. Or, celui qui se laisse conduire
par ses désirs connaît les plaisirs sensibles, mais pas ceux de l’esprit.
Le philosophe, au contraire, cherche surtout les plaisirs intellectuels. Il peut juger avec savoir et compétence les plaisirs
sensibles qu’il connaît et les mettre à leur juste place ils ne sont que des plaisirs éphémères et illusoires. Seuls les plaisirs
intellectuels procurent le vrai bonheur, un bonheur divin
Donc les plaisirs de l’esprit sont supérieurs aux plaisirs du corps et l’Etat aristocratique, qui cherche ces plaisirs, est le plus
heureux des états. (580a 583a p.348).
3°/ Troisième preuve : tirée de la supériorité des plaisirs de l’esprit goûtés dans l’Etat aristocratique ces plaisirs demeurent,
alors que les plaisirs du corps sont changeants. Ils passent. Le bonheur se trouve dans l’immuable. (585a 588a p.348)
PLATON Page : 26
Appendice et Conclusion de “La République"
Livre X.
- A) Condamnation de la poésie.
SOCRATE reprend la condamnation de la poésie (déjà formulée au livre III) et la justifie l’objet créé par le poète n’est
qu’une imitation (une illusion) des êtres particuliers du monde sensible qui ne sont eux-mêmes qu’une imitation (une
illusion) (par participation) des Idées. Le poète nous induit en erreur, nous éloigne du réel en faisant passer une fiction pour
du réel, au lieu de nous instruire. (595a 608b).
L'art est double illusion, une copie sensible d’une autre copie sensible de l’Idée réelle.
-
B) L’immortalité de l’âme.
1/ Le juste est heureux déjà dans le monde sensible mais c’est dans l’éternité (monde intelligible) qu’il sera récompensé.
L’âme est immortelle, elle est distincte du corps elle ne meurt donc pas avec le corps. (592c à 614b p.359)
2/ Le mythe d’ER. le Pamphylien (Pamphylie = Contrée de l’Asie mineure) (614c à 621d p.379 fin du texte. Analyse critique
p.62). Ce mythe implique la croyance en la métempsycose. Les âmes sont invitées à choisir le corps dans lequel elles vont
s’incarner. Certaines aveuglées par le désir choisissent « sans examiner suffisamment » la plus grande tyrannie (p.384), sans
voir les horreurs qui en découlaient l’injustice conduit au malheur. ULYSSE, « dépouillé de son ambition par le souvenir de
ses fatigues passées » cherche « la condition tranquille d’un homme privé », cette sagesse, (cette justice) lui apporte le
bonheur. (Cf. : étude dans ce cours de l’immortalité de l’âme dans le “Phédon”)
CHAPITRE IV
PLAN DE “La République” livre VII.
ETUDE de “La République”. Livre VII
Plan de La République, livre VII :
Première partie. L’allégorie de la caverne.
A) L’allégorie (p.273)
B) L’application (p.275) « Maintenant cher GLAUCON … »
Deuxième partie. La formation intellectuelle du philosophe- magistrat. (p.279) « Veux-tu que nous examinions »
A) Le prélude les Sciences abstraites. (p .280)« Il nous faut donc examiner quelle est, parmi les sciences ... »
Rejet de la gymnastique / de la musique / des arts.
Examen des sciences qui forment le futur philosophe:
- 1) L’arithmétique (p281) « Par exemple cette étude commune ».
- 2) La géométrie des surfaces (p 285) « Examinons si cette deuxième ».
- 3) La stéréométrie ou géométrie des solides (p.286) « Et maintenant l’astronomie ».
Il reprend (p.288) « Si tu mettais d’abord la science des surfaces ou géométrie. »
- 4) L’astronomie (p.288) « Plaçons donc l’astronomie au quatrième rang. »
- 5) La musique.
Conclusion sur ces sciences (p.290) « Je pense repris-je .. ».
B) Le chant La Dialectique. (p.290) « Mais demandais-je ... »
Troisième partie. Le curriculum Vitae du magistrat .(p.293)« Il reste maintenant à régler...»
PLATON Page : 27
La sélection : (p 293) « Te rappelles-tu »
A) La formation :
- 1) Etudes élémentaires. (p 295) « L’arithmétique, la géométrie »
- 2) Education physique. (p 296) « Te souviens-tu »
- 3) Etudes supérieures. (p 296) «Après ce temps ... »
- 4) La dialectique. (p 296) « C’est une chose qu’il te faudra »
B)
L’action :
- 1) L’armée. (p. 298) « Après quoi »
- 2) Hautes magistratures. (p. 299) « Et lorsqu’ils auront atteint »
Conclusion (p .299).« Eh bien repris-je »
Situation du livre VII
par rapport à l’ensemble de l'œuvre.
(Comment situer le texte par rapport aux livres précédents I à VI à l’oral du baccalauréat.)
Situation du texte
- Dans le prologue Livre I des interlocuteurs, (CEPHALE, POLEMARQUE THRASYMAQUE) de SOCRATE tentent de
définir la JUSTICE mais sans y parvenir : on débouche sur une aporie (on appelle une aporie un texte dans lequel un
problème est posé exemple dans le Ménon on demande « Qu’est-ce que la vertu ? Et on n’a pas la réponse) : mais le texte
n’apporte pas de réponse pas de réponse).
- Dans les livres Il à IV, PLATON pose la question :
« Qu’est ce que la Justice ? »
- Dans les livres V à VII, PLATON pose la question :
« Quelles sont les conditions pour réaliser la justice précédemment définie ? »
PLATON répond que la justice idéale est possible dans un Etat idéal, c’est-à-dire parfaitement juste.
Alors se pose une autre question :
« Comment opérer les changements qui permettraient aux Etats existants de passer de l’injustice à la justice ? »
PLATON répond qu’il n’y a qu’une seule condition, le Présupposé :
- Ou bien les philosophes deviennent rois,
- Ou bien les rois deviennent philosophes.
Il semble qu’il s’agisse d’une alternative (ou le premier cas ou le deuxième cas).
En fait, ces deux cas se réduisent à une seule et même chose : le Pouvoir est détenu par le philosophe. La conséquence est la
même; peu importe les moyens employés pour aboutir à cette conséquence.
A ce stade, une nouvelle question se pose : « Qu’est-ce qu’un philosophe ? »
1/ Premier préjugé. Tentative de définition. Le philosophe est un ami du savoir.
Critique. Ce qui n’est défini ainsi ce n’est pas le philosophe, mais l’homme cultivé.
2/ Deuxième préjugé. Tentative de définition. Le philosophe est l’amateur d’un seul spectacle la Vérité. Donc il est vertueux,
il a des qualités.
Objection d’ADIMANTE.
Si le philosophe est ainsi pourvu de qualités, pourquoi est-il considéré par l’Etat comme dangereux et inutile ? (Allusion
implicite à SOCRATE).
Réponses. Les philosophes sont calomniés parce que :
a) L'Etat ne les utilise pas. Critique faite par PLATON : les vrais philosophes sont utiles mais on n’a pas compris leur
réelle utilité.
b) Certains “philosophes” sont pervertis par l’opinion publique et se détournent de la vraie philosophie en lui donnant une
image négative. (Allusion implicite aux Sophistes).
Donc de nouvelles questions se posent
PLATON Page : 28
« Comment éduquer les gouvernants qui réaliseront une Cité juste : qui posséderont la sagesse suprême la science du BIEN
et qui imposeront au peuple une bonne image de la philosophie ? »
Etude détaillée du livre VII
Première partie : 1’ALLEGORIE de la CAVERNE.
A partir de ces questions l’Allégorie de la caverne nous peint :
-
1) L’état initial de l’homme non éduqué.
2) La "dialectique ascendante" est constituée par les étapes de l’éducation qui conduiront l’âme à sortir hors
de la caverne pour atteindre la sagesse = le Bien.
3) La “dialectique descendante" enfin l’âme éduquée ayant atteint la sagesse, en ayant contemplé le Bien,
redescend et PLATON étudie les conséquences de ce retour dans la caverne.
* Procédé employé par PLATON dans ce texte pour argumenter sa thèse : l’allégorie.
* Qu’est-ce qu’une Allégorie ?
En se servant d’images, on exprime des idées. A chaque élément d’une image correspond une signification abstraite.
L’image rend sensible une idée, nous aide à la faire comprendre. L’image contenue dans l’Allégorie doit être interprétée. Par
exemple PLATON utilise souvent le vocabulaire de la vision (acte de voir, d’être ébloui, les objets vus, les ombres, les
reflets ...) En fait la vision signifie la connaissance (Cf. : les lignes I à 3 p.273 «Maintenant ... à l’instruction et à l’ignorance.
»)
* Finalement l’allégorie de la caverne a pour objet de nous peindre :
1) L’état initial de l’homme non éduqué la vision ou la connaissance de l’homme non éduqué.
2) La vision du Bien ou la vraie connaissance donnée par l’éducation.
3) Les conséquences de cette vision du Bien ou la vraie connaissance.
 De ce fait, l’allégorie de la caverne est divisée en deux grandes parties qui reprennent chacune les trois étapes :
L’ALLEGORIE.
1) ETAT INITIAL.
2) EDUCATION.
3) Les CONSEQUENCES.
L’APPLICATION. (Qui est l’explication de l’allégorie)
1) ETAT INITIAL.
2) EDUCATION.
3) Les CONSEQUENCES.
ETUDE de L’ALLEGORIE.
Première partie : L’ALLEGORIE.
1) Premièrement : L’ETAT INITIAL.
A) Premier niveau de lecture ce que dit le texte.
a) Exposition, par SOCRATE, de la topologie de la caverne (description de la caverne : topos = lieu) et le point de départ de
la réflexion : il veut faire un bilan de l'éducation que l'on donne aux hommes et de la connaissance ou de l'ignorance qui en
résultent.
« Représente-toi ... » (p 273) dit-il à GLAUCON : réflexion sur ce qu’il sait et ce qu’ignore l’âme, donc :
- 1°- Des hommes se trouvent dans une caverne souterraine, l’entrée de la caverne qui s’étend sur toute la longueur de la
façade, laisse filtrer un peu de lumière du jour, mais elle est trop loin des prisonniers pour arriver jusqu’à eux. Donc, ce n’est
pas la lumière du jour qui éclaire la caverne.
- 2° - Situation de ces hommes : ces hommes sont des prisonniers puisqu’ils sont là depuis leur enfance, les jambes et le
cou enchaînés. Ils ne peuvent pas tourner la tête. Ils ne peuvent voir que devant eux, c’est-à-dire que le fond de la caverne
puisqu’ils tournent le dos à l’entrée de la caverne.
- 3° - A nouveau description de la caverne « La lumière leur vient d’un feu situé derrière eux. » (1.8 p.273). Derrière les
prisonniers brille un feu. Ce feu permet de voir dans la caverne, mais il éclaire faiblement le fond de la caverne car il est loin,
mais il est situé sur une hauteur par rapport aux prisonniers.
PLATON Page : 29
- 4° - « Entre le feu et les prisonniers, passe une route élevée » (1.0 p.273). Le long de cette route est construit un petit
mur.
- 5° - Il continue son allégorie. Il faut imaginer que des hommes marchent sur la route, le long du mur, mais ne sont pas
visibles par les prisonniers. Les hommes marchent en portant des statuettes d’hommes et d’animaux ... , mais les porteurs
sont cachés par le mur. Le mur est situé entre eux et les prisonniers. Seules dépassent de ce mur les statuettes. Il fait une
comparaison entre ce qu’il vient d’écrire et le procédé employé par les montreurs de marionnettes.
- 6° - Certains porteurs parlent ; d’autres se taisent.
Remarque sur la topologie de la caverne.
IL EST ESSENTIEL DE COMPRENDRE QUE:
- Le feu est au dessus du chemin et du petit mur.
- Le chemin et le mur sont situés au dessus des prisonniers.
- Mais l’ensemble est souterrain.
Donc on ne peut accéder à l’entrée de la caverne et à la lumière du jour qu’en passant par une montée rude et escarpée. Ainsi
il existe dans la caverne deux routes « la montée rude et escarpée » (P. 274) qui permet aux prisonniers de sortir de la
caverne et « une route élevée » (P. 273) sur laquelle marchent les porteurs de statuettes.
Remarque sur le choix d’une caverne et de l’image de montreur de marionnettes.
* Choix de la caverne : connotation religieuse attribuée à la caverne dans la tradition et légendes grecques. On y célébrait les
cultes (à ZEUS, à MITHRA = divinité perse). Celle évoquée par PLATON, ressemble à « l’une des plus célèbres cavernes
de Crête », celle du mont Ida, située à 1538 m d’altitude.
* Spectacle familier dans l’antiquité donné par les montreurs de marionnettes. SCHULL (“La Fabulation Platonicienne”)
montre que, souvent, ces spectacles étaient donnés dans des cavernes.
b) Conséquences de la situation des hommes décrite dans l’allégorie.
- 1/ - « Voilà s’écria-t-il un étrange tableau et d’étranges prisonniers. » (1 21 p273). « Ils nous ressemblent ». La description
de la caverne et des prisonniers est, en fait, la description sous forme d’image, de notre monde et des hommes.
- 2/ - « D’abord penses-tu ... » (1.23 p2 73). Les prisonniers étant enchaînés, ne voient que devant eux. Ils ne voient d’euxmêmes et de leurs voisins que leurs ombres créées par le feu et projetées contre la paroi, au fond de la caverne.
- 3/ - « Et pour les objets ... » (1.30 p.273) De même ils ne voient pas les objets tenus par les porteurs de statuettes, sur la
route, mais seulement leurs ombres que le feu projette sur le fond de la caverne.
- 4/ - La conséquence. « Si donc ... » (1.32 p.273). La réalité est pour ces prisonniers la réalité sensible ; la réalité qu’ils
voient ; qu’ils entendent. Ils diraient cela : « S’ils pouvaient s’entretenir ensemble » et « si la paroi au fond avait un écho ...
» (l’écho est en quelque sorte “l’ombre” de la voix ).
La “réalité sensible” est donnée par les sens, les prisonniers ne voient que des ombres et n’entendent que des échos et ils
pensent que ces ombres et ces échos sont la réalité de ce qu’ils voient et entendent. Ils pensent que les ombres parlent
puisqu’ils entendent ces échos en même temps qu’ils voient leurs ombres.
C) Deuxième niveau de lecture. La signification du texte.
* On ne peut comprendre le sens de la description de la caverne et de la situation des prisonniers, qu’à partir de la phrase : «
Voilà ... un étrange tableau et d’étranges prisonniers.» « Ils nous ressemblent. » (I 21 p.273) La situation décrite parait
étrange (extraordinaire, contraire à la raison, à la situation réelle).
SOCRATE dément cela : la situation décrite est la notre.
* L’allégorie est fondée sur une analogie comme une analogie mathématique elle désigne un rapport, une proportion de la
forme suivante
A
C
----- =
----B
D
L’analogie est une identité de rapports entre quatre termes pris deux à deux alors qu’ils ne représentent aucune ressemblance
: (exemple : 1/2 2/4 ou : 1/2 = X/Y).
A C
Les prisonniers sont
Les hommes sont
--- = --Ce que
B D
à la caverne,
au monde sensible.
1) Les prisonniers sont les hommes en général. Ils se trouvent dans le monde sensible qui a été symbolisé par la caverne ou
le monde souterrain, donc inférieur. Cela sous entend qu’il existe un monde supérieur et inconnu de nos sens. Mais la
caverne présente le caractère paradoxal d’une prison non-close car elle est ouverte sur toute sa largeur. De ce fait, en partant
de n’importe quel point de la caverne, il y aurait la possibilité d’accéder au monde supérieur éclairé par le Soleil et de quitter
le monde souterrain, de la pénombre, éclairé par le feu.
PLATON Page : 30
2) Ces hommes sont enchaînés. Qu’est-ce qui enchaîne les prisonniers les rend immobiles et passifs ? C’est leur ignorance,
leurs passions, leurs désirs, leurs craintes, leurs préjugés. Cet état n’est pas nature, mais imposé dès l’enfance par l’éducation
(Cf. : 1.6 p.273). Les prisonniers n'ont jamais rien connu d’autre que ce qu’ils sentent (sensations, passions) = les évidences
premières et ce qu’ils ont appris (éducation, habitudes). La seule connaissance qu’ils ont est de pouvoir discerner une ombre
d’une autre, et de remarquer un rapport entre deux illusions : l’ombre et l’écho. Ombres et échos sont des illusions. Ce ne
sont pas des objets réels, mais les prisonniers prennent ce qu’ils ont toujours vu ou entendu pour la réalité. On comprend que
ce monde donné par les sens est trompeur, illusoire.
3) Qui sont ces prisonniers ? C’est nous, c’est « notre nature » (1.2 p.273). « Ils nous ressemblent. » (1.22 p.273)
Donc l’état de prisonnier n’est pas réservé à un seul homme, mais à tous les hommes. Toutes les “connaissances “des
hommes dépendent des désirs, des besoins, des craintes : elles sont à la fois subjectives et à la fois communes car tous les
hommes reçoivent la même éducation. Ils ont donc les mêmes besoins, désirs, les mêmes "connaissances" fondées sur
l’illusion, les préjugés... En réalité ces hommes sont ignorants.
4) Qui sont ces « hommes portant des objets ... » ? (1.17 p.273). Ce sont des hommes qui vivent dans la caverne : le monde
sensible, mais s ils ont un avantage sur les autres prisonniers, c’est parce qu’ils manipulent des objets et ils savent que les
prisonniers ne voient que des ombres. Dans un autre dialogue (“Le Sophiste”). PLATON les appelle des «faiseurs de
prestige », d’illusions. Ils sont situés par rapport aux prisonniers au loin, derrière eux sur une hauteur : ils paraissent
supérieurs, car ils leur apparaissent comme ceux qui leur donnent le savoir (c'est grâce à eux que les prisonniers voient des
ombres des objets qu'ils manipulent, et entendent un échos). Ils apparaissent comme une élite (c'est pour cela qu'on les met
sur un piédestal, on les met sur une hauteur), ils semblent détenir le savoir, ils sont les maîtres qui éduquent , qui ont de
l'autorité sur ceux qu'ils éduquent. Ils sont des manipulateurs d’objets, de statuettes, mais aussi de l’esprit des
prisonniers car si l'on réfléchit sur l'éducation qu'ils donnent, on voit qu'ils rendent en réalité prisonniers des préjugés qu'ils
nous donnent. On comprend que PLATON considère ce type d'éducation comme étant une mauvaise façon d'éduquer : elle
nous maintient dans le monde sensible (la bonne éducation est faite par le philosophe qui enlève les chaînes qui nous
relient au monde sensible et nous permet d'accéder au monde intelligible : l'exemple même étant Socrate). Les mauvais
éducateurs sont, par exemple, les sophistes : ces philosophes qui étaient capables, par le moyen de la parole, de persuader le
plus grand nombre d’hommes, de leur donner ainsi des modèles d’être, de penser, d’agir, que les prisonniers, (les hommes)
vont imiter. Ces sophistes cherchent à imposer l'utile (subjectif, variable selon les situations) et non pas le Vrai.
Mais il existe d’autres « faiseurs de prestige » : les peintres, les poètes, les artistes, les législateurs, les hommes politiques et
même les savants sont des sophistes au sens large, car ils nous donnent une interprétation de la réalité qui sera adoptée par
la plupart des hommes comme étant la réalité (alors qu’on a vu qu’ils ne faisaient que des constructions hypothétiques). Les
sophistes, en disant ce qu’ils pensent de l’amour, la beauté, la justice, le bonheur, du réel ... nous manipulent, ils influencent
nos opinions, (c’est pourquoi ces objets qu’ils manipulent, ces statuettes sont « des statuettes d’hommes, d’animaux ,en
pierre, en bois, et en toute espèce de matière. » cette diversité montre la multiplicité des objets produits par l’homme et des
matériaux utilisés et la diversité de nos opinions qui sont imposées par ces sophistes). On les croit car ils occupent une
situation élevée par rapport aux prisonniers que nous sommes ( Ils sont au loin, sur une hauteur), ils passent pour avoir le
savoir alors qu’ils ne produisent qu’une réalité conventionnelle (pour la société) mais ils ne nous donnent en fait que
des illusions de savoir, ils n’ont pas la science véritable.
Les objets fabriqués qu’ils portent et qui dépassent du mur, représentent la réalité travaillée, et aussi interprétée, nommée,
évaluée, par les sophistes. Donc les hommes prisonniers, sont manipulés par les sophistes qui ont un pouvoir qu’ils
emploient (la parole), mais ils donnent une fausse connaissance aux prisonniers qui n’imaginent même pas qu’il puisse y
avoir une autre réalité (que les ombres des objets et d’eux mêmes) et qu’ils pourraient connaître autrement que par les sens,
c’est-à-dire par l’âme, l’intelligence.
Tout ceci fausse la connaissance. Les prisonniers pensent que les ombres (des objets) ont un pouvoir : le pouvoir de la parole
car la vision de certaines ombres est accompagnée de la perception de sons. Ils pensent que ces ombres produisent ces sons.
En fait, ils n’entendent que l’écho des voix des montreurs de marionnettes.
5) Quel est le sens de cette «route élevée», de ce «mur» et de la «montée rude et escarpée ?»
a) Le mur cache le fait que nous sommes manipulés par les porteurs de statuettes comme un rideau (ou une planche)
cache que les marionnettes sont manipulées par des hommes. Il nous maintient dans la croyance. On croit que les
marionnettes bougent de leur propre gré comme on croit que nos idées sont personnelles, on croit savoir alors qu’on n’a que
des préjugés.
b) « La route élevée » est cachée par le mur cette route est située sur une « hauteur ». On peut penser que cette route tourne
en rond autour de cette hauteur comme nous tournons en rond lorsqu’on a des préjugés. On n’essaie pas de sortir du
cercle dans lequel les préjugés nous enferment, on n’essaie pas d’évoluer, de progresser, de chercher la vérité puisqu’on croit
qu'on la possède déjà. Les éducateurs (les porteurs de statuettes) nous ont dit que ... Nous répétons les mêmes choses.
c) « La montée rude et escarpée »
Cette route symbolise la véritable éducation.
- La route symbolise les distances qu’il faut franchir pour accéder à la sortie de la caverne elle est rude et escarpée, donc
difficile à parcourir, elle demande un effort (l’effort que l’on doit faire pour s’éduquer réellement, c’est-à-dire arriver à la
véritable connaissance) et en même temps, elle montre qu’il existe un passage entre le monde inférieur et le monde
supérieur. On peut passer de l’état d’ignorance à l’état de connaissance.
PLATON Page : 31
- Mais le mur et les porteurs de statuettes cachent cette route en nous imposant l’ignorance = les préjugés donnés par la
société.
On ne connaît que ce qui nous est montré par la société et on ne peut pas voir qu’il existe une vraie connaissance à laquelle
on accède (par cette route, par l’effort... ) mais qui est différente de celle qui est montrée dans la caverne. On est condamné
au pseudo-savoir imposé par la société. On est prisonnier de la mauvaise éducation qui nous apprend le conformisme, à
accepter la pensée toute faite, le « prêt à penser, » qui nous fait croire que l’argent, les honneurs, la démesure…sont
le bonheur véritable alors que le vrai bonheur est tempérance, justice… .
6) Qu’est-ce que le « feu » ?
Il est la lumière qui permet de voir dans la caverne, donc de “connaître”. Mais :
a) ce feu est situé sur une « hauteur » après une route qui est elle-même élevée par rapport aux prisonniers. Donc ce feu,
qui est très loin derrière les prisonniers, éclaire extrêmement faiblement le fond de la caverne. C’est pour cela que les
prisonniers d’une part peuvent connaître (sans lumière les yeux ne pourraient rien voir), mais c’est à cause de cet
éloignement que les prisonniers n’ont qu’un faux savoir, ils ne voient que des ombres et sont dans la pénombre symbolisant
l’ignorance.
b) ce feu est situé plus près des porteurs de statuettes. C’est pour cela que leur connaissance est supérieure à celle des
prisonniers, ils ne voient pas des ombres mais des objets qu’ils portent. Ils pensent connaître car ils peuvent dire s’ils portent
des « statuettes d’hommes », « d’animaux », en quelle matière elles sont « en pierre, en bois ». Ils se contentent de cette
connaissance et ne cherchent pas à savoir si ces objets sont réels, s’ils possèdent la vérité. Or même relativement proche, un
feu éclaire mal, il déforme les objets ... On comprend alors qu’ils ne peuvent pas voir la réalité telle qu’elle est.
7) « Si donc ils pouvaient s’entretenir ensemble. » (132 p.273) “Ils” = les prisonniers de la caverne. Dans un groupe
d’hommes, l’accord se fait à partir de l’expérience la plus commune et de préjuges qui nous définissent un réel et une vérité
comme étant ce qu’il y a de plus commode ou utile pour la société. On pense que la vérité est la conformité au réel. Or le
“réel” perçu par les sens est le même pour tous les prisonniers : il est donné par les porteurs de statuettes. Les prisonniers
pensent voir le réel et détenir la vérité car il n’y a pas de contradiction entre leurs discours ils perçoivent, pensent et disent la
même chose. Le critère de la vérité est l'accord collectif. Or PLATON nous montre que ce “réel” est un faux réel, et on
comprend que la collectivité se trompe car elle se fie à des apparences, des préjugés. La vérité est souvent atteinte par des
êtres uniques qui réfutent les préjugés collectifs comprennent que le réel est donné non pas par les sens, mais par
l’intelligence. Exemple : le « on » est celui qui délivre les prisonniers, c’est le philosophe qui n’est pas conformiste, pense
par lui-même, il a vu le réel et la vérité véritables.
A noter que l’histoire a montré que les erreurs collectives sont nombreuses et que les progrès réalisés dans de nombreux
domaines sont faits par des êtres qui contestent et vont à l’encontre des opinions, ou des théories même scientifiques
communément admises. Exemples : SOCRATE, COPERNIC, DARWIN… Voir Bachelard, Karl Popper en science le doute
libère des dogmes, des croyances, chaque scientifique doit faire sa propre pensée et chercher à réfuter les théories des autres
savants...( Cf. : cours sur « Le savoir et la connaissance », « La vérité »)
EN RESUME.
La connaissance de l’homme non-éduqué (synonyme de l’homme mal - éduqué par les sophistes) est en fait basée sur des
préjugés, des pseudo- savoirs. L’état initial de l’homme est proche de l’ignorance, il n’a que des OPINIONS.
2 ) Deuxièmement : L’EDUCATION VERITABLE. (Page 274)
a ) Dans cet état d’ignorance, de désirs et passions irraisonnées, il va arriver un événement dont il va étudier les
conséquences.
1/ « Considère maintenant ce qui leur arrivera naturellement si on les délivre de leurs chaînes. “ (1.7)
A noter. PLATON s’interroge d’abord sur une libération de tous les prisonniers, mais il nuance, fait une restriction.
« Qu’on détache l’un de ces prisonniers. » (1.9). L’éducation doit être l’acte qui permet la formation d’un esprit, ou
d’aptitudes physiques d’un enfant ou d’un adulte visant à acquérir l’autonomie, la connaissance... Donc c’est un individu qui
est éduqué. On va détacher cet individu de ses préjugés, de son ignorance (ignorance du point de vue du savoir et du point de
vue de la sagesse).
2/ Cette délivrance est une contrainte et une souffrance, une violence.
Note: cette violence est positive: elle permet l'éducation qui libère. le philosophe force le prisonnier à sortir de son
esclavage, il lui apprend à utiliser sa propre raison pour arriver à connaître le monde intelligible. C'est le bon maître, le vrai
éducateur, celui qui libère son élève (le bon magister), par opposition à la violence négative, qui est exercée par
l'éducation des porteurs de statuettes qui rendent prisonniers ( des sophistes ou autres éducateurs traditionnels qui ne sont
que de mauvais maîtres: le magister est alors de type dominus il est le maître qui a des esclaves. Ces mauvais
éducateurs mettent des chaînes aux hommes en leur donnant des préjugés, ce mauvais enseignement apprend le
conformisme.
.
 Contrainte. « On le force à se dresser. » (1.10) ; « On l’oblige à force de questions » (1.19); « On le force à regarder la
lumière. » (124); « On 1’arrache de sa caverne par force. » (1.30); « On ne la lâche pas avant de l’avoir traîné. »
PLATON Page : 32
(1.31), « on le contraint en lui faisant violence » (1.34). Pourquoi forcer cet homme à être délivré malgré lui ? Parce
que l'homme ne veut pas changer d’habitudes, de préjugés. Il préfère rester dans un état qui le sécurise. « N’en fuira-t-il
pas la vue pour retourner aux choses qu’il peut regarder ... On lui montre. » Il refuse de quitter ses habitudes au
contraire, il désire retourner dans le monde qu'il a jusqu’alors connu il « fuira » pour retourner à son ancienne condition
de prisonnier. C’est pour cela qu’il faut le forcer.

Souffrance. « Il souffrira. » et « l’éblouissement l’empêchera. » (1.12) « embarrassé » (1.20) ; « ses yeux n’en seront-ils
pas blessés. » (l. 25); « aux choses qu’il peut regarder » (sous entendu sans souffrir) (1.26); « la montée rude et
escarpée » (1.31); « ne souffrira-t-il pas vivement et ne se plaindra-t-il pas de ces violences » (1.33); « les yeux tout
éblouis par son éclat. » (1.35). Mais il existe deux types de souffrance :
1/ Physique . On le force à « se dresser immédiatement... Tous ces mouvements il souffrira», « montée rude et escarpée »,
souffrance des yeux, du corps ... Il n’a pas l’habitude de faire des mouvements puisqu’il à toujours été enchaîné dans un lieu
sombre.
2/ Morale . La plus importante. En fait la souffrance physique n’est que le prélude à la souffrance morale. Le prisonnier
délivré se rend compte qu’AVANT il ne voyait que « des ombres »(l.14) de « vains fantômes » (1.16) « les ombres » (1.20),
c’est-à-dire les « choses qu’il pouvait regarder... », qui lui « paraîtront plus vraies » (1.21) car il avait l’habitude de les
voir. Mais « à présent » (1.16) « on lui montre maintenant » (1.22) « que maintenant » (1.36)
Que voit-il MAINTENANT ? « la lumière » (1.11) qui l’éblouit ; « la lumière elle-même » (1.24) « jusqu’à la lumière du
soleil »; « parvenu à la lumière ... les yeux tout éblouis par son éclat » (1.35). Cette lumière du soleil n’éclaire pas comme le
feu de “vains fantômes” mais des « objets » , « la réalité » (1.16), « des objets plus réels, il voit plus juste » (1.17), « choses
qui passent » (1.18), « les objets » (1.22), « une seule des choses que maintenant nous appelons vraies » (1.36), donc
souffrance car il ne veut pas abandonner ses préjugés qui le sécurisent, puis souffrance lorsqu’il constate qu’avant il n’avait
que des préjugés, illusions ... et qu’il y croyait alors qu’il constate que les vrais objets sont autres maintenant.
REMARQUE.
On ne montre pas tout de suite les objets réels au prisonnier, mais on procède par étapes.
DES OMBRES
LES OBJETS dont il voyait les ombres
(objets portés par les montreurs
de marionnettes).
VRAIES CHOSES
« Les objets réels » (L.17)
Cette éducation, bien qu’étant une délivrance, doit se faire avec force et souffrance car elle exige de l’homme une conversion
totale pour l'obliger à voir une nouvelle réalité. Pour cela il doit gravir une montée rude et escarpée. Il va rencontrer de
nombreuses difficultés pour accéder à la connaissance. Elle se fait par étapes.
1/ L’homme d’abord refuse de reconnaître ses erreurs anciennes, ses préjugés « Que crois-tu donc qu’il répondra plus juste.
» (1.14)
2/ Il est embarrassé « Ne penses-tu pas qu’il sera embarrassé ... » car « Les ombres qu’il voyait tout à l’heure lui paraîtront
plus vraies que les objets. » La réalité est pour lui celle qu’il a toujours vue, mais il commence à douter de cela lorsqu’il voit,
étant « plus près de la réalité », « des objets réels » qui sont « les choses qui passent », c’est-à-dire les statuettes qui
dépassent du mur, sans pour autant comprendre qu’il puisse exister une autre réalité. D’où son embarras. Avant sa
libération il pensait que les sens étaient le critère de la connaissance, or ses sens maintenant lui donnent de nouveaux
objets et on lui demande quelle perception est la plus réelle : l'ancienne (les ombres) ou la nouvelle (les statuettes) ! Les sens
ne peuvent pas trancher. Mais il préférera ses anciennes habitudes, ses chaînes, ses préjugés, et il dira, à tort, que les ombres
sont plus vraies que les statuettes: les préjugés sont tenaces, on s'y cramponne, ils sécurisent.
3/ Il préfère fuir retourner dans la caverne ; monde familier, rassurant.
4/ Il se plaint cette éducation le fait souffrir physiquement et moralement.
5/ L’éducation doit être progressive car « Et si, repris-je on l’arrache ... pourra-t-il, les yeux tout éblouis par son éclat,
distinguer, appelons vraies ? » (1.30) L’homme ne peut pas passer des pseudo- évidences du monde de la caverne
brutalement à la contemplation de la lumière, des vrais objets, c’est-à-dire de la vérité tant elle est aveuglante pour sa
nouveauté et son évidence. « Il ne pourra pas dès l’abord. » (1.33)
Cependant remarque qui est ce “ ON “ qui éduque ? (1.8) « On les délivre », « On les guérisse ... On détache… Quelqu’un
lui vient dire ... » (1.32). Il s’agit des rares individus qui ont le pouvoir de parler en ayant un langage qui ébranle les
certitudes « quelqu’un lui vient dire ... » (1.15) « on l’oblige à force de questions à dire » (1,19). Ces individus posent des
questions au prisonnier qui répond, mais ces questions l’embarrassent, le font douter, et finalement l’amènent
progressivement à la connaissance. L’éducation se fait grâce à un moyen la parole sous forme de questions afin de libérer
l’homme de ses préjugés. Alors ce “On” “Quelqu’un”, c’est le philosophe ou l’éducateur véritable qui déroute, déconcerte
par son discours différent de l’homme “vulgaire”. Les moyens employés (paroles, questions qui obligent le prisonnier à
reconnaître progressivement ses erreurs et à accéder à la vérité) sont en fait ceux de SOCRATE (ironie et maïeutique).
PLATON Page : 33
Progressivement, à la suite du discours, la Vérité unique, véritable, apparaît et fait l’accord des esprits éduqués. « Nous
appelons vraies », la vérité est universelle (132) Le philosophe a un pouvoir « on les guérisse de leur ignorance »(l.8) Il
soigne un "malade" d’une maladie : l’ignorance. Le philosophe est celui qui se remémore sa vie antérieure. Cf. : La
Réminiscence. Le philosophe est celui qui a plus de mémoire que les autres, il se souvient d’avoir contemplé les Idées, il les
a cherchées en sortant du monde de la caverne, il connaît le chemin de la sortie de l’état de prisonnier, il s’est libéré, comme
Socrate l’a fait tout seul. ( Ce « On » symbolise Socrate). Socrate traîne le prisonnier qu’il a libéré de ses chaînes jusqu’à la
sortie, mais ensuite, l’homme libéré poursuit volontairement sa route tout seul. Une fois qu’on a compris qu’on n’avait
que des préjugés, la recherche du savoir est une entreprise volontaire, personnelle, libre, autrement on retomberait
dans d’autres préjugés.
3 ) Troisièmement : LES CONSEQUENCES DE CET EVENEMENT:
Mais ce n’est pas parce que l’individu libéré a décrété qu’il voulait connaître la vérité qu’il la découvre
immédiatement, à la sortie de la caverne. Il faut encore travailler pour dévoiler la vérité. Ce travail de recherche est
symbolisé par les différentes étapes que doit suivre cet homme, à sa sortie de la caverne. Il faut habituer peu à peu
l’homme délivré à regarder la vérité. « Les objets de région supérieure » (1.34) « Il aura besoin d’habitude » (1.34) Il faut
l’amener progressivement à la connaissance suivant des étapes:
1/ « D’abord ce seront les ombres qu’il distinguera » (135). Mais il ne s’agit plus des ombres qu’il voyait dans le fond de la
caverne, mais les ombres des objets réels. Dans la caverne il ne voyait que des ombres, des figurines ou animaux portés par
les faiseurs d’illusions. Figurines et animaux ne sont en fait que des copies, des illusions des vrais hommes, des vrais
animaux, qui n’existent que dans le monde supérieur. Cependant le prisonnier ne peut pas voir brutalement ces objets réels.
Il faut l’habituer à regarder l’ombre de ces objets. Les ombres et ces objets sont donc à l’extérieur de la caverne.
2/ « Ensuite » « ... puis les images des ombres et des autres objets qui se reflètent dans les eaux » (1.36) Ces images nous
donnent des précisions taille, formes, couleurs lus exactes ou qui n’existaient pas dans les ombres. Ces images des objets
dans l’eau sont donc plus proches de la réalité ne les ombres, car elles nous les font mieux voir, mais elles restent déformées
par les eaux. On ne voit donc encore pas les objets réels.
3/ « Ensuite les objets eux-mêmes » les objets réels (1.38) (Les vrais hommes, les vrais animaux, les vrais arbres et non plus
leur reproduction trompeuse, leurs statuettes).
4/ « Après cela il pourra affronter la clarté ... » Mais c’est une faible clarté « des astres et de la lune; contempler plus
facilement pendant la nuit les corps célestes et le ciel lui-même. » (138) Il affronte la lumière qui existe réellement dans le
ciel, mais qu’il peut voir sans en être ébloui pendant longtemps = Contempler (1.46) C’est une étape préliminaire à la phase
suivante.
5/ « A la fin, j’imagine ce sera le soleil ... tel qu’il est » (1.43) La lumière du soleil peut être regardée car l’homme s’est
progressivement habitué à sortir de la pénombre pour contempler la lumière vive.
L’homme libéré en tire des CONSEQUENCES, il observe, raisonne.
1/ « Après cela il viendra à conclure ... » (12 p.275) « Le soleil est la cause de tout. » (1.5 p .275) Cause de tout ce qui est
visible dans le monde supérieur, où se trouve la vérité, les objets réels mais il comprend que le soleil n’est pas la cause des
ombres qu’il voyait au fond de la caverne, ou monde sensible.
2/ « Or donc, en se souvenant de sa première demeure ... il se réjouira du changement et plaindra ces derniers. » Il se réjouit
d’être libéré de ses illusions et plaint les prisonniers qui sont maintenus dans l’ignorance. Mais il repense également aux
hommes que l’on qualifiait de “sages” dans la caverne. « Celui qui saisissait ... le plus habile à deviner leur apparition. »
(1.14) Les prisonniers leur attribuaient « honneurs et louanges... des récompenses, ces distinctions... honorés et puissants. »
Ils n’avaient pas le savoir, mais pouvaient “deviner” faire des probabilités sur l’avenir. En fait ils avaient une science qui est
basée sur l’expérience permise grâce aux sens, donc illusoire ou sur des hypothèses comme les mathématiciens, les
astronomes, les géomètres... Ces faux sages sont honorés par la foule qui méconnaît le vrai sage, (SOCRATE) qui ne veut
pas donner des illusions, mais le savoir véritable.
Ce véritable sage est sorti de la caverne, il refuse ces honneurs qui ne donnent que des illusions, parce qu’ils font qu’on croit
être sage alors qu’on ne l’est pas. « comme le héros d’ HOMERE... comme il vivait. » (1.21)
Allusion a l’Odyssée (XI, V 485-490) ULYSSE visite les enfers et rencontre l’ombre d’ACHILLE qui est devenu le prince
des morts et lui dit « Je te vois sur les morts exercer ta puissance, pour toi-même la mort, ACHILLE est sans tristesse. » A
cela ACHILLE répond « Je préférerais être encore parmi les vivants n’être qu’un valet de charrue, au service d’un pauvre
laboureur et souffrir tout au monde . » (121 p.275)
PLATON fait un parallèle entre l’enfer et la caverne ; il vaut mieux être sur la terre qu’en enfer, il vaut mieux être dans le
monde réel où brille le soleil et où sont situés les objets réels, contempler ainsi la vérité, même si l’on est très modeste
(“valet de charrue au service d’un pauvre laboureur”, situation peu enviable a priori), plutôt que d’être une ombre d’homme
puissant, honoré par qui ? Par des morts (Cf. : les prisonniers de la caverne) qui ne voient que de fausses réalités, qui n’ont
que des "illusions" basées sur des opinions.
PLATON Page : 34
La vie enviable est la vie de l’homme qui possède le savoir. (Allusion aux sophistes qui sont considérés dans la caverne mais
qui ne sont pas sages, alors que SOCRATE, qui est le vrai sage, est rejeté par la société, et a en fait, la vraie puissance celle
du Savoir).
Deuxième partie : L’APPLICATION (explication; sens de l’allégorie).
1 ) Premièrement : L’ETAT INITIAL. Le monde sensible et le monde intelligible.
(1.45 p275 à p 279) « Maintenant mon cher GLAUCON ... A personne d’autre. »
* Il va interpréter l’allégorie « Il faut appliquer point par point cette image à ce que nous avons dit plus haut. » (1.45 p.275)
« Plus haut » c’est-à-dire à la fin du livre VI.
-1) Description de l’Etat initial.
* Le monde de la caverne symbolise le monde sensible (Le prisonnier ne “connaît” que grâce à ses sens il n’y a que des
opinions et de fausses connaissances) = « la prison » (1.48). La condition première de l’humanité est l’ignorance, produit
des désirs inutiles, des habitudes, des préjugés, des opinions, du conformisme, de la mauvaise éducation que l’on donne, tout
ceci rend prisonnier, esclave.
* « La montée dans la région supérieure. » (1.49) correspond à la route escarpée, rude, que le prisonnier doit gravir pour
s’éduquer. C’est « l’ascension de l’âme. ». Platon montre les étapes du travail pénible, violent, à accomplir sur soi pour
se libérer progressivement de son ignorance. Le philosophe force par ses questions ( ironie et maïeutique) à se libérer de
ses opinions pour accéder au savoir véritable ( dialectique ascendante : mouvement vers le monde supérieur, réel, vrai)
 Cette ascension permet à l’âme d’accéder à « la région supérieure » (1.50 p.275) « Le lieu intelligible (1.51 p.275), c’est
« le monde intelligible » (1.4 p276) « Ces hauteurs » (1.15 p.276). Dans ce monde intelligible l’âme est enfin libérée de ses
chaînes, elle peut contempler les objets (1.50 p.275 ) « la vérité et l’intelligence » (1.10 p.276) accéder aux Idées. Ce monde
intelligible n’est pas perçu par les sens (illusoires), mais par l’intelligence, (donne la sagesse ; le savoir) même si ,
provisoirement, ce monde intelligible est symbolisé par le monde situé au niveau de la terre et est éclairé par le soleil. Le
monde sensible voué à la finitude ne doit sa réalité qu’à sa participation au monde intelligible qui permet de l’ordonner, de le
connaître. Par exemple ces morceaux de bois sensibles sont réellement un lit quand on met de l’ordre dans les sensations
données de façon désordonnées par les sens : on reconnaît son essence de Lit, même s’il s’agit d’une copie imparfaite du
Lit qui est une Idée éternelle, parfaite.
L’idée donne réalité et connaissance du divers sensible.
Il avait fait une première analogie, il avait dit :
Les prisonniers sont
à
la caverne éclairée par le feu
ce que
Les hommes, les objets naturels ou fabriqués, sont
au
monde éclairé par le soleil
Il précise le sens de cette analogie :
La caverne éclairée par le feu.
----------------------------------Ombres, statuettes
illusions de connaissances, Opinion
est ce que
Monde éclairé par le soleil.
-------------------------------Objets réels (vrais arbres, vrais rivières…)
Connaissance vraie, Science.
Il va rectifier cette analogie, ( deuxième analogie) : seules les Idées permettent la vraie connaissance et alors que
les sens ne donnent que de vaines opinions, illusions, préjugés …
Les IDEES donnent du SENS à la vie, la rende intelligible, rationnelle.
I° Analogie : CAVERNE
--------------éclairée par
le FEU
LE JOUR
=
------------------------éclairé par
le SOLEIL
PLATON Page : 35
Soleil
Réalités (êtres
Vivants naturels)
Ombres sur le sol,
reflets dans les eaux.
Feu
Marionnettes : objets fabriqués
[ le JOUR est supérieur à la caverne car le
Soleil éclaire mieux que le feu =
connaissance Supérieure.]
Ombres des
Marionnettes.
La Caverne
Le Jour [la sortie de la caverne]
2° Analogie. En fait dans l’allégorie le monde de la caverne et le monde au dessus de la terre ont un point
commun : ils sont perçus grâce aux sens ( le feu, le soleil …sont perçus par la vue).
Il faut transposer cette image. Il garde l’idée d’un monde inférieur et d’un monde supérieur mais la
supériorité ne vient pas d’une situation dans l’espace ( un monde sous terre et un monde sur la terre)
mais de la façon de connaître. Le monde intelligible est supérieur car la connaissance est supérieure à la
connaissance donnée par les sens. Platon fait une critique du sensualisme ( on appellera plus tard cette
philosophie l’empirisme) et des sophistes.
Monde sensible
------------------éclairé par le soleil
=
Monde intelligible
-----------------------éclairé par le Bien
BIEN
Idées (véritables
réalités)
Ombres des idées
(Etres mathématiques)
Soleil
Réalités ( naturelles et fabriquées)
Ombres
M onde sensible, monde inférieur
Connaissance par les sens, opinion.
Monde intelligible, monde supérieur
Connaissance par l’intelligence, science
PLATON Page : 36


De la première analogie PLATON garde l'idée qu'il existe un monde inférieur et un monde supérieur = hiérarchie.
Mais en réfléchissant davantage on se rend compte que le monde du jour éclairé par le soleil est comparable au monde
de la caverne : la connaissance qu'on a vient des sens.
Donc :

Le Monde du jour (sur terre)
et
Le Monde de la caverne
constituent le monde sensible
PLATON garde l'idée d'une hiérarchie dans la connaissance et il suppose :
Le monde sensible
est inférieur
au monde intelligible
=
=
Caverne, + jour + soleil
Idées mathématiques + Idées + Bien
Connu par opinion ( imagination, croyance)
Connu par la science ( raison, intuition intellectuelle)
2 ) Deuxièmement : LA VERITABLE ET BONNE EDUCATION doit
- Arracher l’âme des connaissances illusoires données par les sens (le monde sensible, la caverne).
- Pour l’amener à la connaissance réelle donnée par l’intelligence (le monde intelligible qui correspondait dans la première
analogie au monde du jour, la sortie de la caverne, éclairé par le soleil).
- Et à la fin, « dans le monde intelligible l’idée du bien est perçue la dernière et avec peine. » (13 p.276)
REMARQUE.
Avant d’expliquer à quoi correspond cette idée du Bien, il insiste sur le fait que GLAUCON cherche à savoir ce que pense
SOCRATE.
« Tu ne te tromperas pas sur ma pensée, puisque aussi bien tu désires la connaître. Dieu sait si elle est vraie. Pour moi, telle
est mon opinion. » (1.1 p.276) Il ne peut pas prouver que l’image dont il se sert pour exprimer sa pensée corresponde
véritablement à la vérité. Cela semble un paradoxe puisqu’il veut débarrasser l’homme de ses opinions ... , et lui, il ne
peut proposer qu’une opinion. Cependant il a l’honnêteté intellectuelle de le reconnaître alors que les sophistes ne le faisaient
pas. SOCRATE « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien ».
a) Qu’est-ce que le Bien, qu’on contemple à la fin de l’ascension ?
Il faut revenir au livre VI dans lequel SOCRATE définit le vrai philosophe, et le Bien. Pour cela, il a distingué OPINION et
SAVOIR.
L’opinion peut être vraie ou fausse, mais porte sur les apparences ( données par les sens).
Le savoir porte sur ce qui est véritablement. Donc il est toujours vrai ( il est donné par l’intelligence).
L’opinion peut donc parfois nous guider. Par exemple nous dire qu’il vaut mieux être sage, courageux, juste mais elle ne
nous dit pas pourquoi il faut être sage ... Il manque, à l’opinion, le savoir capable d’expliquer la valeur de la sagesse, du
courage ... Capable d’expliquer “pourquoi c’est Bien d'être sage. Ce savoir est nécessaire au gardien de la cité, au
philosophe, et constitue le but de l’éducation. Le philosophe doit connaître l’utilité, les avantages de toutes les activités
humaines pour arriver à l’excellence en toute chose ( Cf. : ce cours, l’idée d’excellence ou arété).
Exemple. Définir la justice, ce n’est pas en donner la définition, mais c’est comprendre en quoi elle est bonne ou mauvaise,
utile ou inutile pour tous.
La science du Bien permet de comprendre l’usage des choses.
Cependant, qui dans la cité a jusqu’alors décidé des valeurs ? Le plus grand nombre d’hommes qui nous persuadent et nous
disent ce qu’ils tiennent pour le Bien ( c’est une critique des sophistes).
Or utile a deux sens :
1) Ce qui est avantageux dans la pratique, utilisable.
2) Ce qui permet à l’homme de devenir réellement un homme c’est-à-dire capable de connaître la vérité (c’est la thèse de
SOCRATE qui est le porte parole de PLATON).
L’homme prisonnier de la caverne croit souvent que ce qui est utile est ce qui comble ses désirs. Le désir est un manque :
l’objet qui comble ce manque va être l’unique but de la recherche de l’homme. Mais le manque renaît sans cesse, car à peine
satisfait, un nouveau désir renaît. La vie est un cycle de désirs et de satisfactions illusoires ; une « vie de tonneau percé »
dit SOCRATE dans “Le Gorgias”. La vie n’est qu’un calcul de plaisirs illusoires ; de désirs négatifs. (Multiplicité des désirs
: la multiplicité appartient au monde de la caverne).
Il y a une autre façon de désirer c’est le désir de penser, d’inventer, d’apprécier ce qui rendra véritablement l’homme
heureux voilà la véritable utilité = C’est le désir du Bien. Ce désir est positif. (Unicité du désir le seul vrai désir nous
élève au monde intelligible). ( Cours sur « Le désir et le bonheur »)
b) A quoi correspond le Bien ?
- Première constatation :
PLATON Page : 37
Pour l’homme vulgaire, le Bien est ce qui procure le plaisir.
Mais il existe des plaisirs mauvais, nuisibles, donc il p eut se tromper. Le plaisir ne s’identifie pas au Bien.
Mais si l’homme vulgaire se trompe, c’est parce qu’il existe un point commun entre le Bien et le plaisir.
Pourtant l’homme est capable de distinguer ce qu'on lui présente comme bien et agréable (opinion) et ce qu’il trouve luimême par expérience bien ou agréable : il sait donc faire la différence entre l’opinion et la réalité = le savoir.
Donc le Bien est une réalité.
- Deuxième constatation :
Dans le monde sensible, nous voyons de multiples choses bonnes. Or on reconnaît en elles, malgré leurs diversités, grâce à
l’intelligence un point commun, une unité, une idée : le Bien.
Mais on ne définit pas le Bien, le Beau, le Vrai, le Juste ... en partant de l’expérience (monde sensible) et en faisant des
abstractions pour arriver aux Idées, mais au contraire, il faut d’abord avoir l’idée du Bien (du Beau, du Juste) pour nommer
telle chose bonne.
Donc le Bien est une réalité et une Idée.
3) Troisièmement : LES CONSEQUENCES :
PLATON aboutit à partir de l’étude du Bien à deux idées fondamentales : la CAUSALITE et la PARTICIPATION.
Première conséquence : LA CAUSALITE : « L’idée du Bien ... est la cause de tout. » (1.4 p.276)
Le Bien permet la science, la Connaissance de l’utilité exacte des objets grâce à l’intelligence.
Cette idée du Bien est la plus importante des Idées.
Etude de l’analogie entre le Bien et Soleil à propos de la connaissance. On a vu que la vision nécessite trois conditions :
- 1/ L’œil,
- 2/ Les choses visibles,
- 3/ La lumière qui éclaire ces choses que l’œil voit. La lumière, qui est issue du soleil, est le lien nécessaire entre l’œil qui
voit et l’objet qui est vu.
De même la connaissance suppose trois conditions :
- 1/ L’âme qui a la faculté de connaître,
- 2/ Des objets connus : les Idées.
- 3/ La Vérité qui est issue du Bien est le lien qui unit l’âme et les objets connus.
Ce Bien est, comme la lumière, la source, la cause de la connaissance de la Vérité, mais ne se confond pas avec elle. Le
Bien et le Soleil n’ont pas de ressemblance naturelle, mais PLATON fait une analogie. Ils ont la même fonction c’est
seulement en cela qu’on peut les rapprocher. Leur fonction consiste à être la cause permettant à une faculté de s’exercer
(voir pour l’œil, connaître pour l’âme), et la cause qui lui procure ces objets. Le Soleil est la cause de la lumière permettant
aux objets d’être visibles et à l’œil de voir ; le Bien est la cause de la Vérité qui procure des objets connaissables et qui
permet à l’âme de connaître (en se servant de l’intelligence). Cependant l’œil peut voir très distinctement des contours, des
couleurs lorsqu’une grande lumière (celle du Soleil) éclaire les objets. Dans la caverne, la vision des prisonniers est privée en
grande partie de son pouvoir (le feu éclaire très mal). Le prisonnier ne voit que des ombres, que des apparences. Il est
presque aveugle.
Il en va de même pour l’âme. Si elle se tourne vers un objet intelligible, que la Vérité éclaire grâce à la présence du
Bien, elle connaît véritablement : l’intelligence s’exerce pleinement. Quand l’âme se tourne vers les objets sensibles,
changeants, périssables (ceux du monde de la caverne), sa faculté de connaître ne s’exerce plus véritablement, elle perd son
véritable pouvoir puisqu’elle n’est plus éclairée par la Vérité issue du Bien. En l’absence de la Vérité, on peut affirmer
n’importe quoi au gré de sa subjectivité. L’âme forme alors des opinions aussi changeantes que les objets sur lesquelles
elles se portent. Par contre l’intelligence saisit des formes intelligibles, éternelles, objectives en ce sens qu’elles sont
soustraites à la multiplicité, aux variations, au temps.
ATTENTION. Il existe deux types de vision :
Il existe la vision donnée par les yeux ( la vision est un des 5 sens), elle permet une intuition sensible.
Il existe la vision donnée par la raison: après avoir douté des préjugés, raisonné, une vérité ( l'essence de la
chose que l'on connaît alors) s'impose à l'esprit par une intuition intellectuelle.
On aperçoit alors la limite de l’analogie entre le Bien et le Soleil : il l’a employée pour nous faire comprendre une idée
difficile à comprendre, mais, à la fin, la véritable lumière n’est plus le fruit du Soleil, mais du Bien. Le Soleil n’éclaire que
des choses visibles par les yeux, multiples, variables et périssables : les choses sensibles. La véritable vision qui nous
permet de sortir de l’opinion, des préjugés, est le fruit de l’intelligence. Elle nous permet d’atteindre les Etres véritables
(ou les Idées).
Le Bien est la cause qui permet aux objets d’être vraiment connus ; c’est-à-dire d’être connus comme vrais et à la faculté
de connaître, d’exercer “bien” son pouvoir qui consiste à savoir et non pas à se contenter d’opinions, d’imagination, de
croyance ... Mais, de même que sans le soleil, il n’y a pas de privation totale de vision : le prisonnier peut voir des ombres, il
n’est pas totalement aveugle, de même avoir des opinions, permettait de connaître : on émettait une opinion, un avis
PLATON Page : 38
subjectif, portant sur quelque chose, ainsi mal penser n’est pas synonyme de totale ignorance car on sait bien qu'il y a
quelque chose. Cependant c'est le plus bas degré du savoir, il est très faible.
Etude de l’analogie Bien Soleil à propos de la causalité.
- Cf. : Analogie avec le Soleil.
Le soleil est la cause du devenir des objets, il permet la naissance, la croissance de toutes les choses visibles. Si le soleil est,
lui aussi visible, il est distinct des autres objets visibles, mais il en est supérieur car rien d’autre que lui-même est nécessaire
pour exister. Le Bien est comparable au soleil. Le Bien est la cause des autres Idées le Juste, le Beau, le Vrai… Tout en étant
lui-même, il dépasse les autres Idées. Le Bien est la cause de la connaissance du Juste, du Vrai, du Beau. « Droit et de beau.
» (1.6 p.276) « La vérité et l’intelligence » (1.10). Le Bien permet de distinguer l’opinion du Savoir; le but de l’éducation est
de connaître le Bien.
Le Bien est Cause en ce sens que l’idée du Bien nous permet de bien connaître.
Un exemple plus précis : la Justice. Elle est une convention variant avec les époques, les sociétés. Mais si tout est
conventionnel dans la société, tout n’est pas forcément mauvais ou arbitraire. Il y a des justices plus ou moins nobles ou
ignobles et cependant, seul le philosophe qui a vu la vraie Justice en contemplant l’Idée de Juste, connaît la justice et peut
l’appliquer en gouvernant car il a le savoir véritable. Le Soleil est un objet sensible. Pourtant il se distingue des autres objets
sensibles car il leur donne naissance, les fait croître, changer ... Il est la cause qui les fait être ce qu’ils sont (sans la lumière
et la chaleur du Soleil ils n’existeraient pas). Le Bien a le même statut que le Soleil, mais transposé dans le monde
intelligible.
Le Bien est une Idée, une Essence, une Forme en tant qu’objet de connaissance, comme les autres Idées le Vrai, le
Beau, le Juste.
* Qui connaît le Bien ? Celui qui veut « se conduire avec sagesse dans la vie privée et dans la vie publique » (1.11 p.276).
Le philosophe est l’homme le plus utile de la cité, car il connaît le Bien et sait, de ce fait, gouverner. Le philosophe a une
pensée, non pas stérile (comme celle des sophistes), mais vraiment utile. Il est celui qui comprend que dans la caverne, nous
vivons selon des conventions (exemple : “les objets fabriqués” portés par les montreurs de statuettes peuvent être toutes les
conventions humaines).
Les Idées sont les essences invisibles aux yeux, mais visibles à l’esprit, elles procurent à la connaissance sa stabilité,
sans cette stabilité on ne pourrait pas connaître le sensible (Par exemple quand nous comptons des choses égales entre
elles, des cailloux ou des bouts de bois on se réfère à l’Idée d’Egalité qui préexiste à toutes les choses sensibles qu’on
appellera égales ; de même l’idée d’Homme préexiste et nous pourrons connaître les individus qu’on appelle hommes et les
distinguer d’autres animaux….)
Pourtant le Bien est supérieur et se distingue des autres Idées car il est leur cause. Le propre de l’Idée c’est de ne pas
naître, ne pas changer, ne pas périr, l’intelligible est éternel, immuable et unique. Il n’y a qu’une Idée du Beau, qu’une Idée
du Vrai, qu’une Idée du Juste, qu’une Idée du Bien (alors qu’il existe dans le monde sensible une multiplicité de choses
totalement diverses, belles, justes, vraies ou bonnes). Chaque Idée est unique et se distingue des autres Idées, le Juste n’est
pas le Vrai, ni le Beau…. Chaque Idée est une essence, c’est ce qui la distingue des autres Idées. Le Bien est la cause de
cette manière d’être, c’est-à-dire être une essence, être intelligible.
Le Bien est la seule cause de la connaissance. C’est lui qui nous contraint à abandonner les choses sensibles pour accéder à
l’Essence. Le Bien est unique c’est la cause qui explique que la connaissance cherche cette unicité dans le Beau, le Vrai, le
Juste. En recherchant le Bien qui nous satisfait pleinement, et de façon durable, on apprend à reconnaître le caractère
illusoire, trompeur des apparences, des opinions, des croyances ... Le Bien n’est atteint que par la réflexion qui permet de
saisir l’universel. Le Bien engendre ou cause l’intelligence pour rechercher la Vérité. Il ne s’agit pas d’une cause matérielle,
mécanique, mais de la véritable cause en ce sens qu’elle est une “raison”, elle est ce qui permet de comprendre ce qui
se passe dans le monde sensible. L’intelligible, constitué par les Idées, est transcendant (c’est-à-dire à la fois d’une nature
supérieure à celle des objets sensibles et à la fois d’une nature différente de la nature des objets sensibles). Une fois
convenablement connu, grâce à la réflexion philosophique (dialectique ascendante, montée ou sortie de la caverne qui
permet de quitter le monde sensible pour accéder au monde intelligible), il permettra de conduire sa vie de façon réfléchie et
intelligente dans le monde sensible. Connaître le Bien est la seule activité véritablement utile car elle permet de saisir ce qui
est bien, ce qui convient ce qui est utile à tout homme. C’est pourquoi les philosophes doivent redescendre dans la caverne
(dialectique descendante le philosophe quitte le monde intelligible pour aller gouverner et éduquer dans la caverne
symbolisant le monde sensible) et gouverner : eux seuls savent quel est le Bien pour tous ( le philosophe-roi).
Note qu’est-ce que la DIALECTIQUE ? La dialectique a deux sens
1/ La dialectique est un mouvement on trouve ce sens dans “L'Allégorie de la Caverne”.
a) Dialectique ascendante : c'est le mouvement qui rend le prisonnier libéré philosophe. Mouvement par
lequel l’âme s’élève progressivement et par degrés des apparences sensibles (caverne) aux Idées (monde réel).
- b) Dialectique descendante : c'est le mouvement par lequel le prisonnier éduqué après sa vision du monde
intelligible, est obligé de redescendre dans le monde sensible pour gouverner la cité et éduquer.
PLATON Page : 39
2/ La dialectique est la discussion raisonnée, faite par le logos: c'est l'art noble de la discussion qui cherche l’essence =
l’apprentissage de la dialectique constitue la quatrième étape de l’éducation donnée au futur philosophe.
Sens étymologique du mot dialectique : discussion qui permet, sans le secours des sens, au moyen de la
raison, d’atteindre l’essence de Bien. C’est la conception purement platonicienne de la dialectique.
Dialogue permettant, par le jeu de question- réponse, de mettre en évidence les préjugés, les opinions,
méthode de la réflexion philosophique. Cf. : SOCRATE : ironie et maïeutique.
Cependant, on a vu que la discussion peut-être intérieure ; la pensée peut dialoguer avec elle-même, on s’interroge et on
répond tout seul. Elle ne nécessite donc pas qu’il y ait deux interlocuteurs distincts physiquement en présence. “Cratyle”
(390e) « C’est le même qui sait interroger et qui sait répondre »
Si on se contente d'exposer un préjugé ou une opinion qu’on possède, on fait un monologue. Mais si on s'interroge, et on
cherche à répondre grâce à sa raison, fait un dialogue.
En fait, si le Bien est transcendant, s’il échappe à toute définition précise, c’est qu’il est le Divin, le Principe Suprême,
supérieur aux Essences, aux Idées et à leur existence ainsi qu’à l’existence du monde sensible.
Le Bien, parfait par définition, n’a pas créé directement le monde sensible. On a vu que celui-ci a été créé par un Démiurge,
bienveillant il ordonne le chaos originel, il a pris pour modèle le Bien et les Idées, mais malhabile il n’a pas été capable de
les reproduire fidèlement. C’est pourquoi les objets du monde sensible ne sont que de pâles reflets du monde intelligible.
Mais le Bien est la cause de tout ce qui est ordre et beau., le Bien dispose les choses ( dans le ciel et sur la Terre) de façon
excellente pour qu’on les connaître. Le Bien relie les choses ensemble ( couleur, taille, matériau…) non pas de façon
aveugle, par hasard, mais de façon ordonnés, intelligente. Le Bien unit aussi les autre Idées entre elles et font qu’elles sont
toutes des Idées parfaites, éternelles. ( Cf. : explication de la causalité donnée en cours)
Dans toutes les contradictions du sensible et des opinions, comment s’y reconnaître ?
« Comment savoir que ce nous nommons “cheval” est vraiment un cheval ? » (“Phèdon” 78.a). Les choses que nous voyons,
que nous touchons, que nous sentons ne sont “jamais les mêmes” . le Bien deviendra le principe de la connaissance et de
l’action dans le monde sensible : il n’y a pas deux exemplaires parfaitement identiques d’homme, de cheval, de lit, de cercle
... Ce que nous nommons “homme”, “cheval”, “lit”, “cercle” ... est donc autre chose de ce que nous voyons, nous voyons des
hommes, des chevaux, des lits, des cercles ... mais qu'est-ce que l’homme ? Qu’est-ce que le cheval ? Qu’est-ce que le lit ?
La solution à ces questions est l’existence d’un “modèle” supérieur, unique dont tous les objets sensibles ne sont que
des copies. On dit alors qu’il y a causalité : le monde intelligible donne du sens au monde sensible, permet d’ordonner
ce monde sensible. Les Idées permettent de dire que ceci, donné par les sens, avec ses singularité propre ( ses
caractéristiques accidentelles) est réellement un lit, ou une table ou une navette. Ces modèles (on peut les appeler
FORMES ou PARADIGMES ou IDEES, en grec eïdos) sont uniques, éternels et parfaits. Il y a un modèle de l’homme, un
modèle du cheval, un modèle de la Justice, un modèle du Bien ... dont l’ensemble constitue les Idées.
PLATON affirme la réalité des Idées elles ne sont pas des créations de notre esprit ; elles existent en elles-mêmes et
même si l’homme ne s’y intéressait pas, elles existeraient quand même.
La tâche de l’intelligence est cependant d’accéder à ce monde des Idées. Il affirme l’existence d’un monde des Idées (en ce
sens il se distingue de SOCRATE qui n’a jamais parlé de l’existence d’un lieu transcendant où les Idées s’offrent à la
contemplation des âmes immortelles des philosophes) mais on ne peut pas véritablement savoir si PLATON pose ce monde
des Idées comme un mythe ou s’il y croit vraiment.
L’intérêt de cette théorie des Idées.
Différences entre Idées / Concepts
IDEE..Expressions
J'ai mon idée sur cette question = avis ; opinion.
Je me réjouis à l'idée de …= perspective ; anticipation.
Un homme plein d'idées = projets ; suggestions.
L'histoire des idées = opinions ; théorie.
Une certaine idée de la France = image ; modèle.
Pour Platon l’idée est une essence“ eïdos” en grec = “ce qu’on voit” ; forme visible à l’esprit. PLAT0N a employé ce mot
pour désigner des formes abstraites : Bien, Beau... visibles grâce à l'intuition intellectuelle.
* Sens étroit :
Idée, est synonyme de concept « l’idée de cercle » : ce n’est pas l’image d’un cercle particulier dont le rayon serait
mesurable, mais l’ensemble des propriétés qui définissent le cercle. Donc le concept de cercle = idée générale abstraite.
ARISTOTE et Saint- THOMAS confondent l’idée et le concept. Cf. : cours sur le CONCEPT et l’ exercice : » Qu’est-ce
qu’un Pré ? »)
- Extension : le nombre d’individus rangés sous le concept.
- Compréhension : le nombre de caractères communs, rangés sous le même concept.
Plus l’extension est grande, plus la compréhension est petite. Le concept évolue du subjectif à l’objectif.
Exemple. Le concept de poisson n’englobe plus de nos jours la baleine.
Le concept évolue selon le progrès de la connaissance du réel.
La société est à la fois une aide pour nous obliger à penser par concepts l’action commune exige que l’on emploie des
concepts impersonnels, sociaux, qui soient les mêmes pour tous les membres du groupe, mais aussi un obstacle. La société
PLATON Page : 40
nous maintient dans nos préjugés, nos concepts, notre vision du monde. En fait, ce n’est véritablement que la recherche de la
vérité qui nous oblige à rechercher l’amélioration des concepts.
Le concept est donc un résultat d’une activité qui est le jugement qui permet de conceptualiser.
Le concept est utilitaire. Il permet d’aller vite ; avoir rapidement un savoir, au lieu d’émettre quantité de jugements qui
nous permettraient d’arriver à ce concept (par comparaison, généralisation...), il permet de communiquer. Cependant, le
concept n’exprime pas la réalité des choses, mais seulement leur possibilité. Le concept est comme un squelette de la chose
réelle, dense, concrète, individuelle, variable. Le réel est infiniment plus riche que le concept. Cependant il nous donne
du réel une vue plus profonde, l’intelligence pénètre dans le réel en nous révélant son essence, ses lois que l’on peut
connaître et qui nous permet d’agir.
Différence entre IDEES et CONCEPT.
Quand Platon emploie le mot Idée, ce mot est plein, vivant. Quand je dis « J’ai une idée », il y a la révélation de quelque
chose que je ne savais pas, alors que le concept est connu, déterminé. L idée est un au-delà de ce que je sais et de ce que
j’ai fait. L’idée est un moteur, un principe dynamique, souvent idéalisée.
Chez PLAT0N comment connaissons-nous ?
Nous voyons des lits, des cheveux, des hommes très différents les uns des autres. Cependant, nous avons l’Idée de lit, de
cheveu, d’homme, c’est-à-dire d’une chose unique, éternelle, identique à elle-même.
L'Idée n’est pas une création de notre esprit pour regrouper des choses semblables généraliser et abstraire. L’Idée (qui s’écrit
en majuscule ) existe en elle-même. Elle préexiste aux objets qui lui ressemblent et a une réalité indépendante de notre esprit
c’est un modèle idéal.
Les choses du monde sensible ne sont que des réalisations imparfaites de l’Idée. L’univers matériel sensible fabriqué par
l’artisan n’est qu’une mauvaise copie du véritable monde celui des Idées. L’idée est la perfection, exemple l’idée de lit.
Mais le technicien nous en donne une copie sensible : l’ébéniste fabrique un lit sensible avec ses déterminations singulières (
Première Copie, à la fois semblable et dissemblable du modèle idéal), mais le peintre, le poète nous donnent une copie de
cette copie ( l’œuvre d’art est imitation d’une imitation), c’est pour cela que Platon condamne les poètes et que lorsqu’il
veut donner des exemples de beau, il prend les beautés de la nature et non les beautés de l’art ( Cf. cours sur L’art).
L’âme a, avec l’univers des Idées, des relations privilégiées. Elle peut les connaître.
Le corps reste prisonnier du monde des choses matérielles, sensibles. Cela explique nos erreurs et nos illusions. L’Idée est
idéale, elle est une aspiration élevée que le philosophe s’efforce de réaliser dans le monde sensible. L’adjectif idéal signifie
ce qui n’existe qu’à titre d’Idée mais qui se réalise dans le monde sensible. Par exemple on pourra dire que l'on a rencontré la
femme idéale, ou l'homme idéal, que tel élève est idéal. Ces idéaux correspondent à l'idée que l'on se fait de la femme, de
l'homme, de l'élève…
Pour éviter les contresens, les philosophes modernes emploient parfois, à la place d’idéal “idéel” pour désigner la perfection
qui ne se réalise pas. Mais chez PLATON, on retrouve ces deux sens.
L’IDEA chez Platon est l’âme. Cette âme saisit les Idées qui sont éternelles, divines et il dépend de moi de les réaliser.
L’Idée est un principe d’action. J’essaie de vivre cette Idée, selon cette Idée, par des réalisations, des œuvres diverses.
L’Idée est plus liée à moi que le concept, elle signifie ma vision du réel.
Si le concept est la loi de construction de l'objet, l’Idée n’est pas cette loi. Elle est animatrice de mon activité, elle aide à
réaliser mon essence d'homme. On parle souvent d’idée morale (ex. la Justice) accordant plus de valeur qu’au mot ou au
concept "moral " = plus froid, plus impersonnel. Le concept est la façon de penser du savant ; le philosophe veut aller audelà du concept, il va à l'Idée.
Le concept de cercle me donne du cercle une possession actuelle immédiate, il suffit de construire selon les caractéristiques
dégagées du cercle. L’Idée de cercle va au-delà et m’interroge pourquoi ai-je cherché à réaliser un cercle ? Qu’est-ce qu’on
peut faire d’un cercle ?...
L’idée est le pont entre la connaissance purement constructive du concept et la connaissance qui la dépasse ainsi que la
pratique qui en découle.
L’idée d’Etre est le plus étendue: elle recoupe tous les êtres. L’être désigne n’importe quoi qui est ou qui existe. (Grande
extension, une seule caractéristique fait sa compréhension.). Ainsi l’Idée d’Etre est infinie, elle embrasse, par exemple, la
réalité totale, les hommes, l’univers, la fin de la science humaine...
L’acte d’intelligence qui saisit l’Idée ne l’épuise pas à fond : elle reste toujours à découvrir.
L’Idée de liberté contient des objets mentaux assez vagues vers lesquels on tend, alors que le concept de liberté est précis.
Les Idées sont normatives (des normes ou des critères): elles servent à évaluer le Bien, le Juste, le Vrai, le Beau… = les
valeurs idéales sont absolues = ce à quoi on ne peut rien retrancher, ni rien à ajouter. On ne peut rien concevoir de meilleur.
Elles permettent la vraie connaissance et non de vaines opinions, illusions, préjugés …Par rapport à elles on juge nos
idées ( sont-elles des opinions, de la science… ?) et de nos actions ( sont-elles réellement morales, utiles… ?)
Les IDEES donnent du SENS à la vie.
La théorie platonicienne de la connaissance nécessite au départ une coupure radicale entre le monde sensible et le monde
intelligible, entre les pâles reflets et les Idées. PLATON affirme que derrière l’apparence, au delà de la sensation changeante,
il existe une réalité plus vraie et que nous pouvons découvrir par l’esprit. Il fonde ainsi la possibilité d’une objectivité et
grâce à cela, il fonde la science occidentale. Le scientifique cherche à connaître l’objet en lui-même, et pour cela il ne se fit
pas à ses préjugés, à son imagination, à ses croyances, à ses sens, il réfléchit sur des essences comme le cheval, l’homme,
l'énergie, la vitesse, la masse, la respiration, le cercle, le point...
Le Bien est aussi la fin que poursuit tout être : les astres cherchent à « reproduire ce qui est bon et parfait. Le moindre
être vivant recherche aussi son bien, et c’est ainsi qu’il cherche à se reproduire et à perpétuer la vie, autrement dit la rendre
PLATON Page : 41
éternelle, immortelle. Et chez l’homme ? Chacun de nous désire le Bien mais s’arrête à des biens limités, étroits ( bien de la
santé, bien des honneurs, biens matériels… Le bien de l’âme ne peut être que de s’élever à la contemplation du Bien. » écrit
B. Piettre, notes et commentaire de Platon La République, dans « Les intégrales de philo ») . Le Bien est source de la quête
de la vérité, de la sagesse, on a vu que le méchant ignore ce qu’est le Bien. Pour être un homme de bien, juste, bon
citoyen…il faut connaître le Bien. Le Bien est synonyme de Dieu.
Donc attention : Les idées ne sont pas coupées du monde sensible : il faut les chercher dans ce monde sensible, elles
donnent un SENS au monde sensible, le rendent compréhensible, connaissable, mais elles rendent l’individu aussi
moral.
Deuxième conséquence. L' idée de PARTICIPATION.
Le Bien est la cause des objets de la connaissance, du fait qu’ils ont une essence, mais cette essence se trouve cachée dans
le monde sensible, sous les apparences qui révèlent cette essence. C’est dans les choses sensibles, singulières,
changeantes, variables que se révèle l’être permanent . Platon rétablit la liaison entre ces deux mondes qu’il avait
séparé pour mieux connaître les caractéristiques de chacun des deux.
Platon revalorise le sensible.
Par exemple les choses belles participent au BEAU, révèlent qu’il y a du beau (Cf. Le Banquet), les choses justes participent
au Juste… on fait l’expérience dans le monde sensible du Beau quand il illumine un beau visage, quand on constate
l’harmonie d’un corps d’athlète, ou quand les pattes d’un cheval lui permettent de bien courir, quand une casserole remplit
bien sa fonction ( Platon, comme les grecs, confond le beau et le bon , Cf. : cours sur « L’art »)…L’idée de participation
réconcilie la pensée et le réel sensible. Le paraître est semblable au modèle, à l’Idée, même si c’est de façon imparfaite,
On découvre ce monde intelligible dans le monde sensible, il n’est pas un monde à part.
 Conséquence de la connaissance des Idées pour le philosophe : il connaît le Bonheur et non de vains plaisirs. « sagesse.
» (1.11 p.276) « Penses-tu qu’un homme.., contemplations divines. » (1.21), il est semblable aux dieux, «transportés de
leur vivant dans îles fortunés » (1.2 p.278).
Le bonheur véritable est la sagesse dans cette vie, dans ce monde sensible, ici-bas, dans la contemplation des Idées.
* Il ne veut donc pas retourner dans la caverne. « Ne veuillent plus ... là-haut » (1.15). Pourquoi ? Il ne veut pas perdre le
bonheur de contempler les Idées.
* Comment le philosophe va-t-il être accueilli par les prisonniers de la caverne. « Mais quoi ... la justice elle-même »(Ligne
20 à 29 P. 276)
* Le philosophe apparaît aux prisonniers « tout à fait ridicule » : ils se moquent de lui car son attitude, ses paroles
paraissent surprenantes, absurdes.
Le passage « des contemplations divines aux misérables choses humaines » est difficile après avoir été ébloui par les Idées, il
faut qu’il s’habitue « aux ténèbres environnantes ». Il a appris à connaître par l’intelligence des essences et il lui faut du
temps pour accepter l’idée qu’on puisse se contenter d’opinions venant des sens.
PLATON prend un exemple précis pour montrer la différence de conception entre les prisonniers et le philosophe : celui de
la Justice (qui est le thème de “La République”).
« Il est obligé d’entrer en dispute ... , justice elle-même. » .Disputes dans le monde sensible).
Allusion à SOCRATE et à son procès qui a été fait à partir d’une fausse justice celle d’une mauvaise convention sociale. (
* Critique de la moquerie des prisonniers
« un homme sensé ... séjour de la lumière »(L. 31 à 45 P 276)
Le philosophe sait que les yeux peuvent être éblouis de deux façons, par « deux causes opposées »
- le passage de la lumière à l’obscurité on ne distingue pas les objets dans l’obscurité spontanément, on devra
s’habituer à l’obscurité pour les voir.
- le passage de l’obscurité à la lumière il faut du temps aussi pour voir.
Dans les deux cas, même si les causes sont « opposées », la conséquence est la même : les yeux sont « troublés », il s voient
mal, cela s’explique.
L’homme est « sensé », il raisonne et fait une comparaison entre les yeux et l’âme : l’âme peut être troublée par deux causes
opposées
- le passage de la connaissance (« la vie plus lumineuse ») à l’ignorance (« les ténèbres »)
- le passage de l’ignorance à la connaissance.
Mais en plus l’homme sensé s’interrogera sur l’âme ainsi troublée et se rendra compte que
PLATON Page : 42
- le premier type d’âme appartient au philosophe qui ayant vu les Idées, connaissant le bonheur, est troublé par
le fait de devoir retourner dans le monde de l’opinion.
- le deuxième type d’âme appartient au “prisonnier délivré”, à l’apprenti- philosophe qui s’élève avec peine vers
le monde intelligible.
- Si l’homme sensé devait rire, de qui devrait-il rire ?
- Tout d’abord « il ne rira pas sottement », c’est-à-dire de façon spontanée, à partir de préjugés, comme l’ont fait
les prisonniers.
- « mais il examinera plutôt » l’homme sensé réfléchit sur la motivation du comportement des gens avant de les
juger ridicules ou non (et peut être en rire).
Son raisonnement va le conduire à penser que :
1) L’homme sensé ne peut pas rire du philosophe car, en examinant l’âme de celui-ci, il verra que le philosophe a la
véritable connaissance qui lui permet de mener une vie d’homme sage qu’il « estimera heureux en raison de ce qu’elle
éprouve et de la vie qu’elle mène » (1 41-42, p. 276) Il n’y a aucune raison de rire du philosophe ; on ne peut que l’estimer,
le respecter.
2) L’homme sensé pourrait rire de l’apprenti- philosophe : « s’il voulait rire à ses dépens, ses moqueries seraient moins
ridicules » que s’il riait du philosophe car il pourrait trouver des motifs pour justifier son jugement et rire. PLATON a
montré dans “l’Allégorie” qu'on doit forcer cet apprenti à sortir de la caverne et cette attitude peut paraître ridicule,
déraisonnable à l’homme sensé et prêter à rire : pourquoi se cramponner aux illusions, aux opinions, aux chaînes alors qu’on
nous offre la possibilité d’accéder à la connaissance, à la liberté, au bonheur ... En réfléchissant, on comprendra la
motivation d’une telle attitude. On a vu dans “1’Allégorie” également que le prisonnier délivré éprouvait de grandes
souffrances physiques et morales qui expliquent ses hésitations, et qu’il a l'âme « troublée et embarrassée »(1 36). Aussi
l’homme sensé, en comprenant, ne se moque pas, ne rit pas d’une telle attitude mais au contraire « il la plaindra » 1 42,
43).
REMARQUE.
On comprend, même si PLATON ne le dit pas de façon explicite, que les seuls hommes qui sont totalement,
profondément ridicules, sont les prisonniers dont l’homme sensé aurait de réelles raisons de se moquer, car ils ont ri «
sottement », spontanément, à partir de leurs préjugés, et se sont moqués de façon ridicule du seul être qu’ils ont jugé
“ridicule”, car il était différent d’eux, alors qu’en réalité il est le seul homme à ne pas être ridicule. Mais cet homme sensé ne
rit pas de ces prisonniers ; il est le philosophe (il « se rappellera » 1.31) : cf. : savoir c’est se ressouvenir, il a « réfléchi »
1 35, il « examinera » 1 37, il « estimera » 1 41).
Ce philosophe n’agit pas comme les prisonniers : il ne se moque pas des autres hommes, malgré les raisons qui auraient pu
susciter le rire ; au contraire on comprend qu’il les plaint et qu’il les aide : l’apprenti - philosophe est ce prisonnier
libéré par le philosophe.
. La dialectique ascendante. (Voir ce cours).
L’éducation à donner au futur philosophe doit consister à aider le prisonnier à se débarrasser des chaînes des préjugés,
des opinions, et à accéder, grâce à l’intelligence, aux essences (idées) et non à donner un savoir superficiel comme ce
que « certains proclament ... yeux aveugles » : allusion aux sophistes. L’éducation ne donne pas un savoir extérieur (=
érudition ), mais aide l’âme elle-même, intérieurement à chercher ces essences. Chaque homme peut accéder à la vraie
connaissance car chacun a une âme. « Or, repris-je ... n’est-ce pas ? » (12 p277)
L’éducation. Son but. « L’éducation est donc l’art ... îles fortunées. » (1.12 p.277 à 1.2 p.278)
* But : « Conversion de l’âme » (1.12) : tourner l’âme vers ce qui lui convient véritablement « la bonne direction », et non
pas une simple transmission de connaissances (les sophistes).
Il insiste sur une idée déjà émise plus haut : « chacun possède ... » (1.2 p.277). Avant d’apprendre, il faut que chacun se
souvienne qu’il a un organe pour cela : l’intelligence, qu’il peut se libérer des chaînes qui lient l’âme aux plaisirs sensibles,
et qu’il se souvienne qu’il a connu le Bien, le Juste, les Idées ... (Cf. : Théorie de la réminiscence) et qu’il peut à nouveau les
connaître. Tous les hommes ont donc la faculté d’apprendre, mais souvent, ils l’utilisent mal, car ils ne s’en servent que
pour en tirer le plus d’avantages illusoires possibles argent, honneurs, plaisirs car « l’organe de l’âme ... est mal tourné » (1.
16-17 P. 277)
Allusion à un autre dialogue : “Phédre”. PLATON compare l’âme à un attelage ailé et on peut mieux comprendre
- Un cheval noir qui tire l’âme vers le bas l’enferme dans la caverne. Et
- Un cheval blanc qui tire l’âme vers le haut le fait accéder au monde intelligible.
Il faut donc couper les « masses de plomb » (le cheval noir) pour accéder au Bien.
* Mais restriction : « Mais quoi n’est-il pas vraisemblable ..., îles fortunées (1.44 p.277) : qui peut gouverner ?
- « Ni les gens sans éducation et sans connaissance de la vérité. » (1.46). Les prisonniers des habitudes, des préjugés, de
conventions ne peuvent pas gouverner.
- « Ni ceux qu’on laisse passer toute leur vie dans l’étude. » car « ils ne consentiront point à s’en charger. » (1.46 et
suivantes) : les philosophes connaissent le bonheur dans la contemplation des Idées et ils ne veulent pas gouverner.
- 3°) L’homme éduqué doit redescendre dans la caverne pour gouverner. La dialectique descendante (le retour dans la
caverne)
Troisième conséquence. : IL FAUT DONNER UNE BONNE L’EDUCATION, CELLE QUI REND EXCELLENT
PLATON Page : 43
( P. 277).
« L’éducation et l’art qui propose ce but, la conversion de l’âme…elle ne consiste pas à donner la vue à l’organe de l’âme,
puisqu’elle l’a déjà….elle s’efforce de l’amener dans la bonne direction » La bonne éducation fait utiliser l’esprit que
tout individu possède naturellement, (raison et intuition intellectuelle), mais les prisonniers de la caverne ne savent
pas s’en servir : ils font confiance aux sophistes et à leurs sens, donc il faut détourner le regard du monde sensible
pour qu’il voit le monde intelligible.
* Après avoir forcé un homme à voir le monde intelligible, il a trouvé le bonheur et n’a aucune envie de prendre part aux
affaires humaines. Pourtant il faut l’obliger à redescendre dans la caverne (1.3 p.278).
* «Et quoi...» (1.16 p.278) N’est-ce pas être injuste que de forcer un homme à quitter son bonheur ?
 « Tu oublies encore une fois ... (1.19 p.278) SOCRATE rappelle un principe qu’il avait déjà appliqué aux gardiens quand
il s’agissait de la communauté des femmes et des enfants.
Ce n’est pas le bonheur d’un individu (le philosophe) qui compte, mais le bonheur de toutes les classes dans la cité
idéale. Il faut faire le sacrifice de l’individu au profit de la collectivité.
* Mais paradoxe : l’éducation avait pour but de former le meilleur gouvernant de la cité idéale. Or on a formé un homme
qui se désintéresse de la vie politique.
* Il faut donc forcer ce philosophe à redescendre s’occuper de la cité, pour mener « une vie misérable. » (1.17) « Par la
persuasion ou la contrainte. » (123) car il a un rôle de gouvernant et d’éducateur à jouer dans la Cité.
PLATON rappelle que la cité idéale est une union d’individus différents mais que chacun doit « faire part aux autres des
avantages que chaque classe peut apporter à la communauté » pour « fortifier le bien de l'Etat. » (1. 19 à 28 p.278).
* En réalité, on ne commet pas d’injustice envers le vrai philosophe : il a reçu une formation « dans l’intérêt de l’Etat
», il doit donc gouverner l’Etat, alors que dans les cités imparfaites, l’éducation des philosophes n’est pas à la charge de
l’Etat. Ils ne doivent pas gouverner (1. 30 à 46 p. 278).
* Ce philosophe qui possède la connaissance du Bien, donc ce qui est vraiment utile, est le seul être apte à gouverner malgré
son mépris du pouvoir. C’est parce qu’il n’est pas intéressé par ce type de pouvoir, mais par le pouvoir de l’intelligence,
qu’il faut l'obliger à gouverner.
Mais on n’a pas besoin d’utiliser les deux moyens habituels utilisés pour les autres hommes.
« La persuasion » : c’est de fait, d’amener quelqu’un à croire quelque chose par une adhésion sentimentale et intellectuelle :
cette adhésion reste une opinion subjective.
« La contrainte » : est une violence exercée sur quelqu’un pour l’amener à agir, contre sa volonté, elle entrave la liberté.
Pour amener le philosophe à accepter de redescendre dans la caverne, il a suffi d’exposer des « raisons » (1. 14 p. 279)
et, comme il est un homme juste, il comprendra qu’il est juste qu’il gouverne.
* Il ne prend le pouvoir que pour faire son devoir, qu’à regret, il l’abandonnera donc avec joie et cela garantit la
paix dans la cité, contrairement aux hommes vulgaires qui désirent gouverner et qui sont capables des pires
injustices pour conserver le pouvoir (Cf. : les tyrans). La vraie richesse est d’avoir « une vie vertueuse et sage » et non
pas de « l’or » (1.24 p.50).
Deuxième Partie LA FORMATION INTELLECTUELLE DU FUTUR MAGISTRAT.
A ) LE PRELUDE : L’ETUDE DES SCIENCES ABSTRAITES« Veux-tu que nous examinions…»,( P ; 279)
Question posée : Comment éduquer les philosophes qui deviendront les gardiens ou rois de la Cité ? (1.50 p. 279).
PLATON va tracer la “route rude et escarpée” (Cf. l'allégorie de la caverne, la dialectique ascendante) qu’il faut prendre
pour être éduqué et accéder au Bien auquel seuls les philosophes accéderont.
PLATON a dénoncé la prétention des sophistes qui prétendent nourrir de connaissances le futur gouvernant, car ils vendent
comme des commerçants (ils vendent l’art de la parole) sans savoir si c’est bien ou mal. Une âme se nourrit de
connaissances et en bons commerçants, les sophistes font l’éloge de toutes les connaissances qu’ils vendent comme un
épicier vend de la nourriture à quiconque sans se demander si cette denrée est bonne ou mauvaise pour lui. Mais on peut,
après avoir acheté des denrées, demander conseil au médecin pour savoir si elles ne sont pas contraires à la santé. Par contre,
quand il s’agit de connaissance, l’âme les absorbe sans demander conseil et elle ressemble à ce qu’elle a absorbé, elle est
corrompue, se livre à la démesure, à l’ubris. Si on ne lui procure que des objets capables de satisfaire ses besoins et appétits
sensibles, elle ignorera qu’elle est capable de désirer autre chose (accéder au monde intelligible).
C’est pourquoi il ne faut donner une éducation véritable qu'à des hommes capables d’apprendre, qui ne se contentent
pas de connaissances communes transmises par la mauvaise éducation. Ainsi quelques hommes seulement seront capables
de devenir philosophes.
Il s’agit d’étudier quelles sont les sciences qui formeront véritablement le roi - philosophe.
1 ) Première partie. L’éducation à donner dans la jeunesse.
PLATON Page : 44
Nature des sciences propres à la formation du philosophe. « Il nous faut donc examiner quelle est parmi les sciences »
(1.11 p.280) « La science qui attire l’âme : (1.13 p.280).
- « de ce qui devient »  Monde sensible ; monde changeant.
- « vers ce qui est »  Monde intelligible ; monde des réalités immuables.
Les « philosophes doivent être dans leur jeunesse des athlètes-guerriers. »
Cette science doit être utile « aux hommes de guerre. », « or, c’est par la gymnastique et la musique que nous les avons
précédemment formés » (125 pJ280) (Cf. : livre II p.376e).
Donc, examen de ces deux disciplines auxquelles il ajoute les arts
1) La gymnastique. Son objet « ce qui naît et ce qui meurt » = le corps. Elle fortifie le corps, donne du courage, demande un
effort comme l’éducation le demande (mais cultivé sans excès, autrement elle dégénère en brutalité et sauvagerie). Pourtant
la gymnastique nous maintient dans le monde sensible. « puisque c’est le développement et du dépérissement du corps
qu'elle s’occupe » (1.30). « Elle n’est donc pas la science que nous cherchons » (1.32)
2) La musique. « Serait-ce la musique ? » (1.34)
Remarque.
La musique comprend la littérature (lecture, commentaire de textes ou de poèmes, surtout d’HOMERE) et la musique. La
musique : on apprend au jeune athénien la pratique d’un instrument (lyre, flûte ... ) elle développe une « heureuse eurythmie
» (1.40) (heureuse harmonie) « au moyen de rythme » (1.40) = elle développe le rythme et l’harmonie nécessaires à l’âme et
la musique l'habitue à voir la beauté du rythme qui est une manifestation du Beau.
Elle apprend à l’âme l’élégance. L’inélégance manifeste une disharmonie de l’âme, un disfonctionnement puisque chaque
partie de l’âme doit vivre en harmonie ( en ordre) avec les autres pour que l’homme soit juste.
Cependant l’éducation uniquement musicale pourrait rendre les hommes « mous et efféminés, qui ne feraient que contempler
de belles œuvres. », des amateurs, des consommateurs d’objets beaux mais donnés par les sens, Donc, la musique qui éduque
l’âme doit être compensée par la gymnastique, et qui a pour fonction de développer " l’âme du courage " ainsi non
seulement elle éduque le corps, mais aussi elle a une action sur l’âme.
Mais cultivée avec excès, elle dégénérerait en brutalité, en sauvagerie. Donc la musique est la contrepartie de la
gymnastique pour que règne une harmonie entre le corps et l’esprit. Elles ont toutes deux pour but de développer deux
éléments essentiels dans l'âme, on acquiert
- par la culture, la faculté à apprendre, par l’intermédiaire du plaisir pris, à voir la beauté.
- par la gymnastique, le courage, par l’intermédiaire du plaisir pris à faire des efforts.
Mais ces deux disciplines ne sont pas propres à former le philosophe.
Elles peuvent être enseignées à tous pour éveiller à l’amour de la beauté et de la mesure, amour qui est seul capable de
combattre l’avidité et le dérèglement propre aux désirs sensuels.
Si le futur philosophe doit apprendre, c'est parce qu’il doit être roi (savoir --> pouvoir) - Les arts. (qui sont dans l’antiquité
synonymes de techniques, désignent toutes les productions faites par l’homme) « Nous sont apparus comme trop mécaniques
» (1.47) Ils sont réservés à la classe des laboureurs. Le philosophe ne doit pas faire de tâche matérielle qui nous maintient
dans le monde sensible (on pense trop à son corps, aux choses matérielles…), mais il doit être libéré de ces tâches indignes
pour se consacrer au monde intelligible et à l’éducation de l’âme des hommes prisonniers de la caverne afin de les aider à
devenir philosophes.
- Les arts. (qui sont dans l’antiquité synonymes de techniques, désignent toutes les productions faites par l’homme) « Nous
sont apparus comme trop mécaniques » (1.47) Ils sont réservés à la classe des laboureurs. Le philosophe ne doit pas faire
de tâche matérielle qui nous maintient dans le monde sensible (on pense trop à son corps, aux choses matérielles…), mais il
doit être libéré de ces tâches indignes pour se consacrer au monde intelligible et à l’éducation de l’âme des hommes
prisonniers de la caverne afin de les aider à devenir philosophes.
EN RESUME.
Il y a rejet de la gymnastique, de la musique, des arts (ou techniques) qui nous empêchent d’accéder au monde intelligible.
Cette éducation suffirait aux gardiens mais pas au philosophe. Il faut donc examiner d’autres disciplines. Les sciences
abstraites propres à l’éducation véritable du philosophe.
2 ) Deuxième partie : les sciences abstraites propres à l’éducation du véritable philosophe.
« Mais d’étude qui conduisit ... aucune. » (1.42) Il étudie des savoirs traditionnels qu’on enseignait, ils sont en fait inutiles.
1°) L’ARITHMETIQUE. « Par exemple cette étude commune » (1.4 p.281) Son objet c’est « la science des
nombres et du calcul » (1.10)
a) Le préjugé: la conception habituelle de l'utilité de cette science.
Quelle est l’utilité générale de l’arithmétique? A quoi sert-elle ? Comment sert-elle ?
PLATON Page : 45
C’est « une de ces études qui s’étendent à tout » (1.1 p.28l) « aucun art, aucune science ne peut s’en passer. » (1.11)
L’arithmétique sert à toutes les opérations de l’esprit, comme à tous les arts, à tous les métiers, « l’art de la guerre… »
(1.14) et à toutes les sciences.
Exemple. AGAMEMNON se sert des nombres pour compter les hommes de son armée, les vaisseaux ... (1.16 à 31).
Cette science lui est indispensable « s’il veut être un homme » (1.31), et non pas un pourceau, un animal qui ne sait pas
compter. On pense qu'elle est une science utile car elle a une utilité pratique dans le monde sensible.
b) Critique de cette conception de l'utilité de cette science et sa véritable utilité selon PLATON. « Elle pourrait bien
être une de ces sciences ... mais personne n'en use comme il le faudrait quoiqu’elle soit parfaitement propre à élever jusqu’à
l’être. » (1.35)
On utilise mal l’arithmétique car :
- On ne l’utilise que pour le monde sensible : utilité pour le guerrier et tous les métiers. Or elle a une autre utilité : celle
d’obliger l’homme à réfléchir, à accéder au monde intelligible, en nous détachant du monde sensible.
- Elle a pour objet l’unité et le nombre. Or la sensation ne nous donne ni l’un, ni l’autre pour démontrer cela.
Il va étudier les témoignages des sens il distingue « les objets de la sensation. » (1.47)

« Les uns n’invitent point l’esprit à l’examen. » (1.48) car la sensation donne la connaissance.

« les autres l’invitent instamment. » (1.50) : la sensation ne nous permet pas de connaître.
Remarque.
PLATON précise qu’il n’analyse pas le fait que les sens peuvent nous donner des illusions « les objets vus de loin » (1.1 p
282) ; « des dessins en perspective. »
« Tu n’as pas du tout compris ce que je veux dire » (13 p.282). Les sens donnent des illusions
Une tour vue de loin apparaît comme ronde.
Une tour vue de près apparaît comme carrée. (Cf. : EPICURE).
Donc il étudie les objets qui sont toujours perçus de la même façon « Je considère ceux qui y donnent lieu ... qu’on les
perçoive de près ou de loin, les sens n’indiquent pas qu’ils soient ceci plutôt que le contraire. » (1.5)
Il explique en prenant un exemple « Mais tu comprendras plus clairement. »
L'exemple pris : « Voici trois doigts : le pouce, l’index, et le majeur. » (1 13 p.282)
Première observation certaines perceptions nous donnent un pseudo-savoir dont on se contente.
« Chacun nous parait également un doigt peu importe… qu’on le voit au milieu, ou à l’extrémité, blanc ou noir, gros ou
mince ... » (1.18)
La vue, le sens, nous fait bien connaître qu’il s’agit d’un doigt, quelques soient les accidents (gros, noir, un index, un majeur
...) qu’il présente. « La vue ne lui a jamais témoigné en même temps qu’un doigt fût autre chose qu’un doigt » (1.23). Donc
ce type de perception n’amène pas la réflexion. « Il est de nature ... qu’une pareille sensation n'existe, ni ne réveille
l’entendement. » (123). On voit un doigt ; on le nomme ; on le “connaît”. La perception me permet de l’identifier, le
langage a une fonction de désignation, le mot est général. Il désigne par le même mot le même genre de choses, en ne
tenant pas compte des différences. On dit que c’est un doigt simplement parce qu’on est capable d’associer n’importe
quelle perception de n’importe quel doigt au mot “doigt” et tous ceux qui parlent la même langue s’accordent sur cette
désignation : il n’y a donc pas de problème lorsqu’il s’agit d’identifier en le nommant un objet donné par les sens.
Si on a la “connaissance” de l’objet, c’est parce que les sophistes, (les montreurs de marionnettes de la caverne) nous ont
appris ce qu’était un doigt (= mauvaise éducation), donc on “connaît” grâce à des préjugés : cette “connaissance” est de
l’ordre de l'opinion = on croit savoir, donc on ne réfléchit pas. On est dans la Croyance.
Seconde observation : certaines perceptions nous forcent à réfléchir.
« Mais quoi, la vue discerne-t-elle bien la grandeur ou la petitesse des doigts ? ... » (129)
Le témoignage des sens peut être ambigu. Si les sens me permettent d’identifier l’objet en le rattachant à une classe d’objets,
un doigt appartient à la classe “doigt”. Le problème surgit lorsque je veux attribuer à l’objet une qualité, je peux être en
proie à deux sensations opposées. Je peux qualifier un doigt de mou ou de dur, petit ou grand, je m’aperçois que je peux en
même temps percevoir le même doigt comme grand et comme petit. (Exemple l’index apparaît comme étant grand par
rapport à l’auriculaire mais comme étant petit par rapport au majeur.) La sensation du doigt me laisse perplexe. Est-il grand
ou est-il petit ? Le même objet me donne des sensations contradictoires.
Donc ce type de perception invite à réfléchir. Qu’est-ce que la Grandeur ? Qu’est-ce que la Petitesse ? Elles ne sont que
des Idées Absolues.
La sensation est en elle-même insuffisante pour nous donner une qualité (comme le Beau ; le Lourd).
Dans le monde sensible, tout est relatif. Il n’y a pas d’égalité parfaite (il l’a déjà dit dans le “Phédon”: en comparant deux
morceaux de bois ils m’apparaissent égaux, en fait, ils ne le sont pas. Il n’y a pas d’objet qui ne soit toujours plus grand et
plus petit par rapport à d’autres, pas de beauté qui ne soit sous un certain angle un peu laide, pas de justice qui ne soit un peu
injuste. (Cf. “La République” V 479b), un homme aimable qui ne soit pas haïssable.
L’expérience banale, courante, met en évidence l’insuffisance de la sensation pour attribuer une qualité à un objet , il
peut être grand ou petit, la justice apparaît comme juste ou injuste, un homme comme aimable et haïssable, une
chose apparaît comme bel1e aux yeux de quelqu’un et laide pour un autre ( relativité)…
L’âme peut être troublée, mais elle peut oublier cet embarras (critique des sophistes qui en restent au constat de la
relativité des opinions).
PLATON Page : 46
Les Idées sont des critères absolus pour juger si une chose est laide ou belle, juste ou injuste, grande ou petite…Tout
comme il n’y a pas de Beauté parfaite, de Justice parfaite ... dans le monde sensible, le Mou, le Grand, 1’Egalité, la Beauté
ne peuvent exister dans le monde sensible mais existent dans le monde intelligible car ils peuvent être pensés = des Idées.
Les formes sensibles ne sont que l’occasion de se ressouvenir (réminiscence) de la forme ou l’Idée parfaite. Sans être
parfaites, elles participent aux Idées parfaites. La contradiction éveille la réflexion. Sans elle on ne serait pas sorti de l’état
d’opinion donné par la sensation on n’aurait pas penser à l’existence du Beau, du Petit, du Mou, du Dur ... donc des Idées
parfaites servent de critère objectif, universel.
Donc pourquoi l’arithmétique aide-t-elle à réfléchir comme le font certaines sensations ?
L’arithmétique a pour objet « le nombre et l’unité » (1.36 p.283). La vue peut nous donner un objet en tant qu’unité
(exemple : UNE feuille de papier). « Elle n’attirera pas notre âme vers l’essence. » (1.42) = l’Idée. Cette perception ne nous
donne qu’un pseudo- savoir dont on se contente.
« Mais si la vue de l’unité offre toujours quelque contradiction ... elle ne paraisse pas plus unité que multiplicité alors il
faudra un juge pour décider. » (1.43). La réflexion apparaît car « nous voyons la même chose à la fois une et multiple. » (12
p.284).
* Pour les sens, les objets sont à la fois unité et multiplicité.
Exemples
Une feuille de papier
= une unité
Mais elle a 2 faces ,4 angles, 4 côtés
= multiplicité.
OU Une classe
est composée de 30 élèves, tous différents
= une unité
= multiplicité.
Donc la réalité nous est donnée par les sens, une et multiple à la fois, mais c’est l’esprit qui perçoit l’unité du multiple
donné par les sens, et le multiple de l’unité.
* Si l’on apprend l’arithmétique dans les études élémentaires sous forme de jeux (Cf. : “Le curriculum vitæ du magistrat” 3°
partie du livre VII), au contraire les études supérieures doivent exiger un effort : effort pour comprendre la différence entre
l’Un et le Multiple. Ceci est réservé à une élite. « Prescrire cette étude par une loi » (1.21), l'étude doit être réservée à « ceux
qui doivent remplir les plus hautes fonctions. » (1.22)
Puisque dans le monde sensible, l’unité est décomposable en multiplicité. L’unité indécomposable n’existe que dans la
pensée en Idée l’arithmétique nous fait comprendre qu’il existe des objets qui n’ont pas de représentation sensible.
Une unité est parfaitement égale à une autre unité uniquement dans le monde intelligible, puisque tout est changeant,
différent, dans le monde sensible. Tout nombre est obtenu par addition d’unités identiques.
« 1 + 1 = 2 (monde intelligible).
or
1 bœuf et 1 bœuf ne font pas 2 bœufs pour les sens,
mais
I bœuf à côté d’ I bœuf. »
(PLATON “Philèbe” 56.e)
* L’arithmétique (théorie des nombres) et le calcul (art d’additionner, de soustraire, de compter) ont été utilisés de façon
pratique (commerce, guerre... ), mais cela nous maintient dans le monde sensible.
« La science des nombres ... est belle et utile ... à notre dessein à condition qu’on l’étudie pour connaître et non pour
trafiquer. » (1.32 p.284)
Elle a un « pouvoir » (1.37) : obliger l’âme « à raisonner sur les nombres en eux-mêmes, sans jamais souffrir qu’on
introduise dans ses raisonnements des nombres visibles et palpables. » Le mathématicien pense le nombre, fait des calculs,
sans avoir besoin de se donner une représentation graphique du nombre, il n’a pas besoin de l’écrire pour réfléchir. Il
réfléchit sur des Idées. « Les calculateurs- nés » (1.12 p.285) vont se servir « de la pure intelligence pour atteindre la vérité
en soi » (1.8), et « sont naturellement prompts à comprendre toutes les sciences » (1.13), car toutes les sciences sont à base
de nombres. L’arithmétique est la science qui coûte le plus « à apprendre et à pratiquer. » (120). Donc l’arithmétique doit
être utilisée de façon théorique, dans le but de connaître l’intelligible, la vérité, les essences.
Sa conclusion.
«Voilà donc ... une première science adoptée » (1.26) car elle nous habitue à nous détacher du monde sensible pour accéder
au monde intelligible.
Donc cette science est utile car elle nous aide à quitter le monde sensible et à accéder au monde intelligible
.
2°) LA GEOMETRIE des surfaces, ou GEOMETRIE PLANE.
« Examinons si cette deuxième ... »(127 p.285)
a) Le préjugé: la conception habituelle de l'utilité de cette science. « L’art de la guerre. » (1.32) Un général est supérieur
« s’il est géomètre que s'il ne l’est pas.». On pense qu'elle est une science utile car elle a une utilité pratique, dans le monde
sensible.
PLATON Page : 47
b) Critique de cette conception de l'utilité de cette science : sa véritable utilité selon PLATON.
« Mais en vérité ... il n’est pas besoin ... de beaucoup de géométrie et de calcul. » « Faire la guerre », « asseoir un camp »
(133), nous maintient dans le monde sensible. La véritable utilité de la géométrie est de permettre à l’esprit de voir
qu’il existe des objets qui n’ont qu’une existence idéale immuable éternelle (ex : le cercle, le carré).
Elle amène « La connaissance de ce qui est toujours. » (1.15 p.286). Elle s’intéresse aux objets qui ont deux dimensions
(dans le plan). « Elle attire l’âme vers la vérité ... vers les choses d’en haut » = les Idées. L’utilité pratique de la géométrie
est « secondaire » (1.27) c’est « ridicule » (1.6), « misérable » de limiter ainsi l’utilité de la géométrie. Elle doit être étudiée
: « c’est donc la seconde science que nous prescrirons » (1.35) car cette science est utile car elle nous aide à quitter le
monde sensible et à accéder au monde intelligible. Elle est une science théorique.
3°) LA GEOMETRIE des solides, ou LA STEREOMETRIE ; ou la géométrie dans l’espace. « Et maintenant, l’astronomie
sera-t-elle la troisième science ? » (1.38 p.286)
REMARQUE.
SOCRATE donne d’abord la troisième place dans l’étude des sciences à l’astronomie.
a) Le préjugé: la conception habituelle de l'utilité de cette science. Elle sert « l’art du laboureur et l’art du pilote ... du
général » (1.42) car elle permet de « reconnaître le moment du mois et de l’année » (1.40), pour les cultures, savoir se
diriger en mer grâce aux astres ... : « utilité pratique » (1.4 p.287). On pense qu'elle est une science utile car elle a une
utilité pratique dans le monde sensible.
b) Critique de cette conception de l'utilité de cette science : sa véritable utilité selon PLATON. Cette utilité pratique
nous maintient encore dans le monde sensible. Sa véritable utilité, c’est de nous obliger à faire des « raisonnements » (1.10)
sur son objet : des volumes en mouvement (les étoiles ... ), à accéder au monde intelligible.
SOCRATE se reprend. « Reviens en arrière... car tout à l’heure nous n'avons pas pris la science qui suit immédiatement la
géométrie. » (1.13)
Il explique pourquoi : « Après les surfaces ... or l’ordre exige ... profondeur » (1.17), « tu mettais d’abord la science des
surfaces ou géométrie ... et l’astronomie immédiatement après; puis tu es revenu sur tes pas. » (1.42)
- Il s’est trop hâté : « Dans ma hâte d’exposer rapidement, je recule. » (1.48)
- Il fallait en troisième position, étudier la géométrie des solides « qui étudie la dimension de profondeur. » (1.50) : cette
science introduit une troisième dimension par rapport aux deux premières sciences.
Exemple : étudie « le cube »(121) : géométrie dans l’espace.
SOCRATE montre que les recherches en géométrie dans l'espace n’ont guère progressé pour deux raisons :
1) « Aucune cité n’honore ces recherches ... elles sont difficiles. » (1.25)
Note. La géométrie des solides a été abordée par les Pythagoriciens et analysée par un contemporain de SOCRATE :
THEETETE que PLATON visitera lors d’un de ses voyages en Grande Grèce.
2) « Les chercheurs ont besoin d’un directeur ... Mais si une cité tout entière coopérait ... » (1.27) Il faudra que dans l’Etat
juste, on se préoccupe et que l’on patronne les recherches scientifiques pour qu’elles progressent. Donc la géométrie
des solides, ou dans l’espace, nous oblige à quitter le monde sensible pour accéder au monde intelligible, aux idées (le
cube, la sphère, le prisme ...). Cette science est utile car elle nous aide à quitter le monde sensible et à accéder au monde
intelligible. Elle est une science théorique.
4°) L’ASTRONOMIE.
ELLE EST RETABLIE A LA QUATRIEME PLACE. « Plaçons donc l’astronomie au quatrième rang. » (1.4 p.288)
C’est la science des solides en mouvement. Cela introduit par rapport à la science des solides (ou géométrie dans l’espace) le
mouvement. C’est pour cela qu’il est plus logique d’étudier d’abord (3° science) la géométrie des solides, et après (4°
science) : l’astronomie.
a) Le préjugé : la conception habituelle de l'utilité de cette science.
GLAUCON pense avoir compris que les sciences obligent « l’âme à regarder en haut et à passer des choses d’ici bas aux
choses du ciel. ». Donc on pense qu'elle est une science utile car elle a une utilité pratique, dans le monde sensible.
b) Critique de cette conception de l'utilité de cette science et sa véritable utilité selon PLATON. SOCRATE lui montre
qu’il n’a pas compris le sens des mots “en haut” et “en bas”. « ma foi ! ... tu as l’air de croire que ... » (l.20) ; le plafond «
Les ornements d’un plafond » (1.22), le ciel comportent des objets sensibles, qu’on les regarde « en haut, bouche béante, ou
en bas, bouche close. » (1.30) « Etudia-t-il couché à la renverse par terre ou flottant sur le dos, en mer » : ces objets
sensibles, sont le ciel, les astres que nos sens perçoivent ...ils sont situés dans le monde sensible, le monde de la caverne,
donc “ EN-BAS “.
Le véritable “ EN-HAUT “ est constitué de vrais ornements, des vraies figures ... des vraies Idées, par les choses qui sont
perçues par l’intelligence ... et non par la vue qui nous maintient dans le monde sensible.
PLATON Page : 48
Donc « Le véritable astronome » (1.7 p.289) ne doit pas considérer les « phénomènes du ciel » (122) : les astres, la lune...
donnés par les sens « corporels et visibles » (1.16) = ceci serait faire une science inutile que de la limiter à n’être qu’une
science d’observation. ( cF. : voir l’étude du Timée, ci-avant)
Pour faire de l’astronomie une Science Utile, il faut étudier « les rapports du jour à la nuit ... à la lune et à eux mêmes
»(l.11) « à l’aide de problèmes »(l.21). Donc on comprend que :
Il faut abandonner la forme vulgaire de l’astronomie (par exemple : la météorologie qui étudie les phénomènes
atmosphériques, est utile au cultivateur, au pilote, au général ou la cosmographie = description des systèmes astronomiques
de l’univers) ; pour en faire une science utile il faut étudier les lois de l’harmonie de l’univers. Les mouvements visibles
sensibles doivent nous faire réfléchir et nous inciter à trouver les mouvements réels qui sont intelligibles et décrits par les
LOIS. (Rapports mathématiques). Cette science est utile car elle nous aide à quitter le monde sensible et à accéder au
monde intelligible. Elle est une science théorique.
PLATON fait allusion au démiurge (dont il parle dans le “Timée”)(l.10 p.289) « il pensera que le ciel tout ce qu’il renferme
ont été disposés par leur créateur ...». Le démiurge a créé le monde à partir d’un chaos, mais en s’inspirant des Idées
éternelles, immuables. Les lois nécessaires ne font que traduire l’ordre parfait qui existe dans un ciel intelligible car, dans le
monde sensible, il n’existe qu’un semblant d’ordre, un semblant de régularité dans les mouvements ... puisque le démiurge
n’a pas réussi à reproduire exactement les Idées. De ce fait, les réalités parfaites (le cercle, le cube, l’unité, les lois) servent à
construire un modèle intelligible du cosmos, et sont seulement conçues par l’intelligence. Là encore utilité théorique de
cette science
Remarque.
Le choix de ces sciences ( qu'il enseigne aussi à l'Académie) n’est pas propre à PLATON, mais il s’inspire de l’école
Pythagoricienne et même les sophistes les enseignaient. PLATON y ajoute seulement la stéréométrie (géométrie des
solides), et surtout, il suit toujours le même schéma : il décrit la mauvaise utilisation de chaque sensible : le préjugé : on les
croit utiles pour connaître et agir dans le monde sensible, en réalité leur véritable utilité est qu’elles sont des sciences
théoriques, elles nous amènent à la connaissance du monde intelligible, des Idées, des essences.
5°) LA MUSIQUE ou LA SCIENCE DU MOUVEMENT HARMONIQUE perçu par l’ouïe.
Constatation. « Le mouvement » se présente sous « deux » formes (1.32 p.289)
- Harmonie pour « les yeux » : astronomie (1.40)
- Harmonie pour « les oreilles » (1.41)
Ces sciences sont sœurs, elles ont même objet : étude du mouvement harmonique.
a) Le préjugé: la conception habituelle de l'utilité de cette science:
« les musiciens ... s’appliquant à mesurer les accords et les sons perçus par l’oreille. »
Exemple. Ils étudient la mélodie des sons ou ceux qui ne sont pas agréables à l’oreille, ils accordent leurs instruments pour le
plaisir des sens. « En torturent les cordes ... » (1.10 p.290) pour arriver à la meilleure acoustique possible. Ces sciences
nous maintiennent encore dans le monde sensible.
b) Critique de cette conception de l'utilité de cette science et sa véritable utilité selon PLATON.
La musique ainsi conçue, nous maintient dans le monde sensible. « Les accords perçus par l’oreille. » (124) « Ils font passer
l’oreille avant l’esprit » (1.14) « Mais ils ne s’élèvent pas jusqu’aux problèmes ... quels sont les nombres harmoniques et
ceux qui ne le sont pas » (I 25) : il faut la concevoir comme une étude ou théorie des sons en cherchant les nombres des
harmonies à découvrir « le Beau et le Bien. » Voilà l’utilité de la musique lorsqu’elle qui nous conduit au monde
intelligible.
Les pythagoriciens avaient découvert que la musique pouvait s’exprimer mathématiquement; mais ils n’ont pas été capables
de poser les “problèmes” « quels sont les nombres harmoniques et ceux ... » « d’où vient entre eux cette différence ? » (128)
Donc ils ne s’étaient pas posés de questions philosophiques. Ils restaient liés aux problèmes acoustiques. (Exemple : mesure
des cordes, de leur tension ... pour rendre le meilleur son). Cette science est utile car elle nous aide à quitter le monde
sensible et à accéder au monde intelligible. Elle est une science théorique.
Conclusion sur ces sciences : « Je pense ... » (1.33 p.290)
« Des rapports et de la parenté » entre toutes ces sciences : elles nous aident à quitter le monde sensible et à accéder au
monde intelligible = le but (1.37). Elles dégagent l’esprit du monde sensible. Pour chaque science qu’il a étudié Platon suit le
même schéma ce qu’on croit être leur utilité( nos préjugés) et quelle est leur utilité réelle :
Il insiste sur leur mauvaise utilisation habituelle, pratique, elles nous maintiennent dans le sensible (opinion) alors que leur
véritable utilisation est théorique (science) : les sciences ne s’intéressent pas au monde sensible, mais nous élèvent à
l’intelligible, grâce au raisonnement pur.
Le but de ces sciences est de préparer les jeunes gens capables à devenir philosophes. C’est ce qui explique que PLATON
avait fait inscrire sur le fronton de son école :
« Que nul n’entre ici s’il n’est géomètre »
NECESSITE D’ETUDIER LES SCIENCES POUR DEVENIR PHILOSOPHE.
Mais ces sciences ne sont qu’un passage, un “prélude” ou une introduction à une étude supérieure, celle qui est propre
au philosophe. Elles ne sont qu’une transition, un passage pour accéder au monde intelligible ; prélude à « l’air ... qu’il faut
PLATON Page : 49
apprendre » : être philosophe. Le prélude est une petite pièce (ex : en musique) qui sert à introduire l’air principal ou la
partie principale (ici : le chant ; la dialectique).
B ) LE CHANT : LA DIALECTIQUE
« Mais demandais-je, crois-tu que des gens ... cet air même que la dialectique exécute » (p 290, 291), « Oui répondit-il »
(p.293) : explication par le monde de la caverne, justification de ces sciences comme prélude pour répondre à la question de
GLAUCON : « Qu’est-ce que la marche dialectique ? » (p.291)
La dialectique a pour objet l’essence propre du Bien, contemplé en lui même et non pas ses images bien pâles que sont les
êtres du monde sensible. Le dialecticien doit avoir du Bien une connaissance intuitive intelligible que PLATON appelle
“intelligence” ou “intellection”. Pour expliquer ce qu’est l’intelligence, on l’oppose aux autres modes de la connaissance.
IMAGE DES CHOSES.
MONDE
SENSIBLE
CHOSES ELLES-MEMES
(animaux; plantes; œuvres d’arts)
Monde connu par la sensation qui donne une vue confuse des choses
selon la conjoncture. Elle nous donne qu’une opinion qui comprend :
L’imagination.. La croyance.
MONDE
INTELLIGIBLE
INTELLIGIBLES INFERIEURS
(Les notions mathématiques)
(connus par la raison
ou pensée discursive)
INTELLIGIBLES SUPERIEURS
(Les Idées d’où dérive la Réalité),
(connus par la pensée
intuitive ou intelligible)
Le mode par lequel on atteint le monde intelligible est la Science ou le Savoir possible grâce à la raison ou à la pensée
discursive.
Le vulgaire s’en tient à l’opinion, se contentant de l’ombre des images. Le mathématicien procède par raisonnement, à partir
d'hypothèses formulées, après avoir reçu des données des sens, mais il n’aboutit qu’à cette condition hypothétique
HYPOTHESE.
Si j’ai ceci, cela donne comme conclusion : j’ai cela.
Le dialecticien raisonne aussi, mais il arrive à voir toutes les réalités et surtout le Bien, par vue immédiate et intuitive.
Le dialecticien est « Celui qui saisit le logos de l’essence de chaque chose. »
Logos signifie : langage et parole, raison (raisonnement), le fondement d’une chose, la proportion, la relation, la
définition et l’explication d’une chose. Le dialecticien est capable d’expliquer, de donner une raison aux choses. Tout
homme de bon sens est capable d’exposer les raisons de ses opinions. Les mathématiciens sont capables de démontrer leurs
propositions, mais ils ne sont pas dialecticiens parce qu’ils ne peuvent pas donner la raison de leur hypothèse.
La dialectique se sert du logos, du langage, puisqu’elle pose des questions et donne des réponses concernant un savoir.
« Qui doit les rendre capables d’interroger et de répondre de la manière la plus savante possible. »(534 d). Mais il est celui
qui est capable de poser la question, de s’interroger, avant de recevoir une réponse. Les réponses semblent banales, des
évidences pour ceux qui les reçoivent comme des résultats, sans s’interroger. Le dialecticien se sert convenablement du
langage.
S’interroger et répondre est un dialogue qui est l’acte même de penser, et va bien au-delà de la conversation.
Le dialogue peut se faire avec soi-même, on se dédouble comme si on était à la fois Socrate et son interlocuteur qui pense
savoir et n’a pas conscience d’avoir seulement une opinion, on pratique l’ironie et la maïeutique, pour se libérer de ses
préjugés et arriver au savoir véritable qui donne sagesse, bonheur et liberté.
Il peut amener à prendre conscience que l’on n’a qu’un pseudo-savoir et surmonter ses opinions, c’est se surmonter soimême ; c’est se libérer ; c’est vouloir penser; c’est philosopher.
Troisième Partie du livre VII : Le Curriculum Vitae du Magistrat.
« Il te reste maintenant à régler ... » (p293)
La sélection.
« Te rappelles-tu le premier choix que nous avons fait des chefs ... » (p.273) « C’est vrai dit-il. » (p.294)
PLATON Page : 50
Ce n’est pas la naissance, mais le choix qui détermine les citoyens qui recevront la formation qui prépare aux hautes charges
de l’Etat.
Critères de choix : être beau ( rappel être beau, c’est être bon, mesuré, soumis à la mesure, à la raison, on est beau car on est
irradié de beauté morale, le beau ne se distingue pas du bon, l’homme vertueux comme Socrate est physiquement laid, mais
la beauté de son âme le rend beau) ; être doué physiquement, intellectuellement et moralement (aimer le travail) , avoir de la
mémoire, des facilités à apprendre ... autrement on risque de nuire à la philosophie. Si « l’on s’adonne à cette étude sans être
digne » (p 294 & 295), il faut écarter les vieillards qui ne peuvent plus bien apprendre (p.295) Une sélection sévère se fera
en plus tout au long des études pour ne choisir que les meilleurs qui se partageront les plus hautes charges de l’Etat :
les hommes choisis.
Cette sélection va se faire également au cours de certaines étapes suivantes, à la fin de l’étape pour ne garder que les
meilleurs. Les plus doués devront franchir six étapes qui comprendront :
A)
La formation théorique. (quatre étapes).
Première étape. Les études élémentaires. Jusqu’à 17 ans.
« L’arithmétique, la géométrie » (p295) « Ces propos sont raisonnables. » Durant l’enfance et l’adolescence, les jeunes
citoyens étudieront tout, ils s’initient à tout sous forme de jeu (arithmétique, géométrie, art oratoire, art dramatique ...)
Deuxième étape. L’éducation physique. De 17 à 20 ans.
« Te souviens-tu demandai-je » (p .295) On doit conduire les enfants à la guerre pour voir comment ils se comportent face au
danger. Vers 17 ans, et durant 3 ans, les jeunes se consacrent exclusivement aux exercices physiques.
A la fin, commence la première sélection.
Troisième étape. Les études supérieures. De 20 à 30 ans.
« Après ce temps, ceux qu’on aura choisis. » (p.296) Les meilleurs étudient de façon méthodique les sciences abstraites.
Quatrième étape. La dialectique. De 30 à 35 ans.
Les meilleurs abordent la dialectique qui est faite de discussion. « C’est donc une chose qu’il te faudra examiner. » (p.296)
Elle ne peut se faire qu’à l’âge mûr, car les jeunes gens qui apprennent trop tôt, s’amusent à saper les principes les plus
sacrés par le jeu et non par la réflexion. C’est une étude dangereuse, surtout pour les jeunes gens, car elle doit remettre en
question les principes qui servent de base à la vie morale. Les exercices dialectiques doivent durer 5 ans.
B)
L’Action. La formation pratique. (deux étapes qui suivent) les quatre premières).
Cinquième étape. L’armée. Entre 35 et 50 ans.
Ils auront des emplois dans l’armée, « Après quoi, tu les feras de nouveau descendre dans la caverne. » (p.298) ( dialectique
descendante)
Sixième étape. Les hautes magistratures. Après 50 ans.
« Et lorsqu’ils auront atteint l’âge de 50 ans ... tout doit être en commun entre elles et les hommes comme nous l’avons
établi. » (p .299) A partir de 50 ans, les meilleurs partageront leur temps entre la philosophie et le gouvernement de l’Etat.
Ce que PLATON a dit pour les hommes est vrai aussi pour les femmes, car ce n’est pas le sexe, mais l’aptitude qui
détermine le rôle de chacun. Le philosophe gouverne et devient roi, éducateur.
CONCLUSION.
« Eh bien repris-je ... fin. » (p.300)
Conditions de la réalisation de “La République" : elles sont difficiles, mais possibles.
Il faut que le philosophe prenne le pouvoir (car il est le seul à mépriser le pouvoir ... ) et regarde la justice comme la seule
chose importante et nécessaire pour la Cité.
Pour gouverner un Etat juste, il faut être un homme juste : LE PHILOSOPHE.
CHAPITRE V
Quel est l’impact de la philosophie de PLATON ?
a) La critique aspects négatifs de la philosophie de PLATON.
1) ARISTOTE né en 384 av J. - C., meurt en 347 av J. - C. Il suit les cours de PLATON de 366 av J. - C. à 347 av J. - C. Il
n’est pas d’accord sur l'ensemble de la philosophie de PLATON et en particulier sur sa Théorie des Idées.
ARISTOTE pense que les Idées n’ont pas une réalité objective, les choses sensibles n’ont pas de modèle réel situé dans
un monde intelligible. La seule chose qui existe, c’est l’individu concret, ce n’est pas l’Homme en soi qui engendre
ACHILLE, mais c’est son père PELEE.
PLATON Page : 51
PLATON a une formation mathématique ; ARISTOTE fils de médecin a reçu une formation pratique, plutôt empiriste (
même si on n’utilisait pas à l’époque ce concept) . Il observe le concret, fait des expériences, et devient naturaliste, il décrit
la nature. Seul l’individu singulier, particulier est réel. Mais « il n’y a de science que du général », la connaissance
permet de recenser, de classer les propriétés communes aux individus. Notre intelligence est capable de voir parmi les
individus les points communs et définir ainsi les concepts (celui d’homme).
Exemple : il existe une propriété commune à tous les êtres vivants être mortel. Il existe une propriété spécifique à l’espèce
humaine être raisonnable. Donc l’homme sera défini comme “être mortel raisonnable”.
Chaque chose est comme par un syllogisme qui est un raisonnement rigoureux fondé sur l’observation et la classification le
syllogisme est l’outil de la pensée. (Cf. : “l’Organon” d’ARISTOTE}. Cf. : Paul VALERY :
« Ce n’est pas la ciguë, c’est le syllogisme qui tue SOCRATE. ».
On pourrait ajouter : et PLATON.
En politique, ARISTOTE n’accepte pas l’idéal de PLATON la cité communiste qui sacrifie l’individu à la collectivité
organisée. La propriété privée est légitime, la famille est indispensable à l’enfant pour son éducation morale et civique.
Toute forme de gouvernement est bonne à condition d’éviter les excès de tyrannie et d’anarchie.
2) MARX. L’homme sera véritablement libéré le jour où l’Etat n’existera plus et le jour où l’homme n’aura plus besoin
des dieux qu’il se donne.
3) NIETZSCHE. L’homme doit être “Par Delà le Bien et le Mal”.
Critique violente de SOCRATE qui est « Ce puissant démon qui ose tout seul nier l’âme grecque entière ». La conscience,
faculté de critique et de négation est chez SOCRATE ... est une véritable monstruosité par défaut, c’est l’être “amystique”
par excellence ... chez qui la nature logique est ... hypertrophiée. (“La Naissance de la Tragédie”). A quoi bon vouloir la
Vérité puisqu’il n’y a que des vérités subjectives, puisqu’on ne vit que dans un monde d’apparences ? Il condamne
Socrate, Platon, les valeurs traditionnelles le Bien ... le Vrai ... etc.
b) La critique : aspects positifs de la philosophie de PLATON.
Action profonde sur la pensée occidentale et dans le domaine de la théologie juive, chrétienne et musulmane.
- 1) Premier grand modèle de la pensée rationaliste il nous apprend à nous détacher des préjugés, des apparences, des
opinions ... Il montre l’importance des mathématiques, la science cherche à unir les mondes sensible et intelligible dans des
rapports rationnels. Théorie rationaliste de la connaissance. Il articule le LOGOS (discours rationnel) et les Idées.
- 2) Théorie morale du salut : l’homme doit faire un effort pour retrouver sa pureté perdue. Il sera récompensé puisque le
Bonheur est lié à la Vertu. Cette idée va être incorporée à la philosophie chrétienne et continue à influencer notre morale.
- 3) Il est le précurseur des spiritualistes (Primat de l’esprit sur la matière). Cf. : PLOTIN, Saint- AUGUSTIN,
DESCARTES, LEIBNIZ, HEGEL, MAINE de BIRAN, BERGSON, etc.
- 4) Influence sur la pensée politique exemple sur les utopistes (THOMAS MORE, CAMPANELLA ...). Il pose le
problème de la valeur, de l’utilité politique. “Politique” vient de “polis” = cité ; en grec “politikos” = qui concerne les
citoyens. Le politique est l'art ou la science du gouvernement de la cité, le politique cherche le Bien pour tous.
EN CONCLUSION.
La pensée de PLATON est encore vivante et actuelle car elle nous fait réfléchir sur la nature, sur la cité, la vie, la mort, …
sur tout ce qui a un rapport avec l'homme. C’est un génie de la pensée. Le mathématicien de profession et philosophe
anglais Whitehead ( 1861-1947) a affirmé que la tradition philosophique de l’occident n’était qu’une suite de notes (
pour commenter) des pages de Platon.
PLATON Page : 52
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