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de Ménon, va être capable de résoudre un problème de mathématique. Par une interrogation SOCRATE amène un jeune
esclave à “retrouver en lui” une loi de géométrie qu’il n’avait jamais apprise. Il découvre comment construire un carré
de surface double d’un carré donné. Il découvre sa capacité de réfléchir sur une essence intelligible : le Carré ( le mot s 'écrit
avec une majuscule, on pourra aussi l'appeler le carré en soi, ou l'Idée de carré), dont la figure dessinée et perçue par les
sens n'est qu'une image imparfaite). La maïeutique repose sur la théorie de la réminiscence selon laquelle l’âme a
contemplé les idées éternelles avant de les oublier lorsqu'elle est tombée dans un corps, donc apprendre c’est se
ressouvenir. L’âme préexiste au corps. Avant son incarnation dans l’existence actuelle l’âme a été en contact avec les Idées
( les essences), ce dont elle doit acquérir la connaissance de sorte que la connaissance est reconnaissance, réminiscence, c’est
retrouver ce que la mémoire a en partie oublié.
La vérité est alétheia, c’est ôter les voiles ( a : privatif) les apparences, les préjugés) cachent le réel.
La vérité est le dévoilement de l’être réel ( ce qu’il est par essence).
La vérité est une propriété du discours qui dit le réel tel qu’il est. « Le discours vrai dit les choses comme elles sont, le
faux, comme elles ne sont pas » (Platon, Cratyle,385b).
La vérité est adéquation du discours et du réel, quelque soit la personne qui parle. Elle est universelle.
Comment savoir ce qu’est le réel s’il change sans cesse ? C’est pourquoi Platon condamne les opinions, le sensible, le
changement…Seule une réalité stable, permanente, donnée par la raison, peut être l’objet d’un discours vrai.
[Note : Platon énonce la norme qui deviendra courante de la vérité scientifique : objective et universelle, portant sur des
essences].
Pour apprendre il faut déjà savoir. La réminiscence permit de surmonter le paradoxe de la recherche. Si on sait
totalement on ne cherche pas puisqu'on sait. Si on ignore l'existence d'une chose, on ne la cherche pas. Le moyen de
surmonter ce paradoxe est d'admettre que dans toute recherche on a déjà une petite idée de ce que l'on cherche. Celui qui ne
saurait pas qu'il existe une vérité, une justice, une beauté, etc. pourrait-il les chercher ? [ Note : dans la même perspective,
saint Augustin dira qu’on ne chercherait pas Dieu si on ne l’avait pas déjà trouvé, si on ne savait pas qu’il existe.Pascal
dira de même]. Contrairement à ce que disaient les sophistes qui pensaient que l’homme invente les valeurs ( Cf. : le sophiste
Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose. »), Socrate ( et Platon) pense que les valeurs ( le Bien, le Vrai, le
Beau, le Juste…) nous interpellent, tous les hommes sont incités à les chercher car nous savons bien au fond de nous-mêmes
qu’elles existent. Si l’homme désire ces valeurs c’est parce qu’il les a déjà connues dans une vie antérieure, mais l’âme en
s’incarnant a oublié ce qu’elles étaient, sans oublier leur existence. La théorie de la réminiscence signifie que la science (ou
la connaissance) ne se communique pas, mais que chacun peut la trouver en lui-même par une réflexion bien conduite par la
raison. On n’enseigne pas la vérité, on la retrouve au fond de soi, on se la réapproprie. Après avoir détruit les préjugés ( Cf.
l’ironie) la deuxième partie de la méthode, la maïeutique, est donc l’aide à la construction d’un savoir véritable par soi-
même, mais en même temps ce savoir est universel, puisqu’il dit l’être réel, il est vérité.
Il faut pour cela commencer par définir les Idées ou les essnces (Ex. Qu’est-ce que la justice, qu’est-ce que la beauté, qu’est-
ce que l’homme ?… ).
* Si je me fie aux sens je décrirai des hommes particuliers, tous différents les uns des autres ( on en reste aux opinions).
* Pour définir Idée, ou la nature de l’Homme, il faut donner une définition à l’homme, une essence universelle de l’homme
qui ne tient pas compte des différences, des apparences ou des accidents qui existent entre les hommes mais qui montre les
caractères constitutifs immuables qui existent chez tous les hommes : on définira ainsi l’idée d’Homme ou l’Homme en soi
et toutes les Idées de la même façon (Beau, Vrai, Juste…). De même pour distinguer l'opinion, fausse ou droite, de la vérité
il faut des critères objectifs, des essences.
Bien que n’étant pas un savant, SOCRATE est le précurseur de la Science qui n’étudie pas tel ou tel cercle particulier, mais
le concept de Cercle ; pas tel ou tel homme, mais le concept d’homme ...
(Cf. : ARISTOTE, élève de PLATON, « Il n’y a de science que du généra et du nécessaire. »)
PLATON va étudier, comme SOCRATE, les concepts; mais il en fait les Idées car il va leur donner une réalité dans le
monde intelligible (ce que SOCRATE n’avait pas fait) et l’ontologie (science de l’être en soi) est la recherche de l’être en
soi, de l’absolu, de l'essence des choses et des êtres.
La vie et la mort de SOCRATE provoquent la réflexion philosophique de PLATON. SOCRATE montre en acceptant de
mourir, que les idées comptent plus que la vie qui est illusoire, que les hommes qui l’ont condamné sont méchants parce
qu’ils sont ignorants (Ils pensaient bien faire mais ils se sont trompés, ils n’ont pas vu le vrai Bien ; un présupposé de la
philosophie de Socrate : « Nul n’est méchant volontairement. ») Platon reprendra cette idée de son maître. Il existe une
liaison tellement forte entre la pensée et l’action, entre la théorie et la pratique, que c’est ignorer ce qu’est le bien réel que
de mal agir. On ne peut pas faire le mal pour le mal. Cela ne signifie pas qu’on doive disculper le voleur ou le criminel mais
que l’action mauvaise n’est pas perverse, c’est une erreur. Faire le mal est involontaire. Il y a une domination du bien. Tous
les hommes ne désirent que de bonnes choses. Ceux qui déclarent désirer le mal ou bien ils le désirent pour que leur soit utile
et leur procure un bien ou bien ils se trompent quand ils disent vouloir le mal parce qu'il est nuisible et ils ne peuvent pas
vouloir pour eux-mêmes quelque chose qui les fasse souffrir. Le voleur agit en fonction du bien, ne serait-ce que parce qu’il
cherche son bien propre, mais son erreur est de ne pas connaître le vrai Bien, il ignore ce qu’est le Bien qui ne peut être
qu’universel. Le voleur a cherché le bien, mais il a mal agi car il n’a pas tenu compte d’autrui, il a été poussé par ses désirs
irrationnels et n'a pas écouté la raison qui commande de chercher le bien pour tous. Connaître le vrai bien, c’est le faire.
Celui-ci connaît le vrai bien est un homme bon, juste, beau et vertueux.
(Note : Ce présupposé optimiste sera contesté par de nombreux penseurs pessimistes. Exemples le poète latin Ovide, Saint
Paul…, disent voir le bien, l’approuver et pourtant faire le mal qu’ils ne voudraient pas faire).