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PLATON
LA REPUBLIQUE
Etude d’une œuvre Livre VII de PLATON. Editions GARNIER-FLAMMARION
GUIDE DE LECTURE. Etre capable de REPONDRE AUX QUESTIONS SUIVANTES
Vie de PLATON.
1) Qu’est-ce qui, dans sa vie, a déterminé PLATON à devenir philosophe ?
2) Quels sont les philosophes qui ont eu une influence sur PLATON, et pourquoi ?
Œuvres de PLATON.
Quels sont les grands thèmes abordés par PLATON dans ses œuvres ?
La philosophie générale de PLATON.
1) Quel est le but général de la philosophie de PLATON ?
2) PLATON construit sa philosophie sur les concepts fondamentaux suivants
A) Définir ces concepts d’après PLATON.
x L’idée.
x La Dialectique.
x Le Bien.
x Monde sensible.
x Monde intelligible.
B) Expliquez pourquoi PLATON utilise certains concepts et non leurs synonymes ?
a) Pourquoi PLATON emploie-t-il : Idée et non Concept ?
b) Pourquoi PLATON emploie-t-il : Réminiscence et non Souvenir ?
IV Etude des livres I à VI.
Livre I
1) Pourquoi, dans le prologue, se pose la question “Qu’est-ce que la Justice ?“
2) Pourquoi plusieurs réponses sont-elles proposées ?
Livres Il à IV
1) Quel est le procédé employé pour définir la Justice ?
2) Qu’est-ce que la Justice ?
Livre V à VI
1) En tenant compte du contexte historique, quel jugement peut-on porter sur l’idée de PLATON qui prétend
qu’entre l’homme et la femme, il n’y a pas de différence de nature?
2) Peut-on parler d’un communisme de PLATON ?
3) A quelles conditions, l’Etat idéal peut-il exister ?
4) Sur quels présupposés reposent ces conditions ?
5) Quelle image a-t-on du philosophe ?
6) Pourquoi SOCRATE réfute-t-il cette image ?
7) A quoi correspondent la ligne décrite livre VI et ses différentes divisions ?
Livre VII (Lire attentivement le texte).
Première Partie. L’allégorie de la caverne.
1) PLATON décrit (P.273) une caverne, des personnages, des objets... Faites un schéma dans lequel vous
dessinerez cette caverne. Placez avec précision ces divers personnages, objets, ... par rapport à l’entrée et au fond de la
caverne, Indiquez clairement où est située l’entrée de la caverne.
2) Les différentes choses décrites dans l’allégorie servent à exprimer quelles idées ? Etablir un parallèle entre
l’objet décrit et sa signification.
3) Quel est le but de l’éducation véritable ?
4) Pourquoi l’éducation est-elle accompagnée de souffrances ?
5) Quelle place occupe le philosophe dans l’allégorie ? Est-il assis à côté des prisonniers ? Est-il sur la route
avec les montreurs de marionnettes ? Le situez-vous ailleurs ? Justifiez.
6) Pourquoi faut-il s’habituer à voir la vérité ? Représentez, par un dessin, les différentes étapes qu’il faut
franchir pour accéder à la vérité (p.274 1.34 et suivantes).
7) PLATON fait deux analogies. (Cf. : ce cours.).
- 1ere analogie : la caverne - Le monde éclairé par le jour.
- 2eme analogie : le monde du jour (monde sensible) - monde intelligible.
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Pourquoi, dans la seconde analogie le monde du jour occupe-t-il la place occupée dans la première analogie par la caverne ?
8) Qu’est-ce que le Bien ?
- a) Pourquoi est-il une réalité ?
- b) Pourquoi est-ce une Idée ?
- c) Pourquoi est-ce la cause de tout ? Expliquez le mot “tout”. Causalité et participation.
9) Pourquoi le philosophe a-t-il le bonheur ?
10) Quel est le rôle de la véritable éducation ?
11) Sur quel présupposé repose l’idée que tout homme peut devenir philosophe selon PLATON ?
12) Pourquoi faut-il obliger le philosophe à redescendre dans la caverne ?
13) Sur quels présupposés repose l’idée que le philosophe doit gouverner la cité ?
Deuxième partie. La formation intellectuelle du futur magistrat.
1) L’éducation ne concerne-t-elle que l’esprit ?
2) Quelles sont les sciences propres à l’éducation du philosophe ? Quel est l’objet de chaque science ?
3) Quel était le préjugé des hommes vulgaires et des savants eux-mêmes quant à l’utilité de ces sciences ?
4) Quelle est la véritable utilité de ces sciences d’après PLATON ?
5) Pourquoi l’étude de ces sciences est-elle un prélude nécessaire à la formation du philosophe ?
6) L’opposition entre l’opinion vulgaire et celle des savants jusqu’alors et la thèse que défend PLATON à propos de l’utilité
de la science pose un problème. Lequel ? Formulez-le ?
7) Ce problème est-il encore d’actualité, de nos jours ?
Troisième partie. Le Curriculum Vitäe du magistrat.
1) Pourquoi n’est-ce pas la naissance, mais le choix qui détermine les citoyens qui recevront la formation de philosophe ?
2) Qu’est-ce qui distingue le savant du philosophe à propos de leur formation ?
3) Dans cette partie, PLATON montre que l’on doit faire une sélection des citoyens qui recevront la formation du
philosophe.
Précédemment, il avait dit que n’importe quel homme possède en lui 1’organe qui peut le rendre philosophe. ----» Quelles
réflexions suscitent ces deux thèses ?
Livres VIII à X
1) Pourquoi l’aristocratie est-elle, selon PLATON, la meilleure forme de gouvernement ?
2) De nos jours, si l’on accepte le présupposé de PLATON selon lequel, seuls les hommes qui ont le savoir et le savoir-faire,
doivent avoir le pouvoir par qui pourrait-on remplacer le philosophe à la tête de l'Etat ?
3) Comment appelle-t-on, de nos jours, ce type de système politique qui prétend que seuls, ceux qui ont le savoir et le savoir-
faire doivent détenir le pouvoir ?
4) Quelles sont les implications de cette conception du pouvoir ?
5) Pourquoi les mauvaises formes de gouvernement constituent-elles, selon PLATON une injustice ?
6) Pourquoi le tyran est-il toujours malheureux ?
Appendice et conclusion
1) Sur quels présupposés repose la conclusion ?
2) Pourquoi l’homme vulgaire choisirait-il d’être un tyran s’il en avait la possibilité?
3) Pourquoi ULYSSE choisit-il la condition d’un homme vulgaire ?
Quel est l’intérêt philosophique du livre VII ?
Voir en particulier si ce livre reste d’actualité.
Voir si PLATON est un utopiste.
Chapitre I
L’influence de sa vie sur son oeuvre
La vie de PLATON. Naît et meurt à Athènes 427-347 av. J.- C .
1) Milieu familial.
Fils d’Ariston le jeune Aristoclès descendait par son père du dernier roi d’Athènes. Il est issu d’une famille aristocratique
célèbre à Athènes. Sa mère descend de SOLON, ( Homme politique qui fut le premier législateur de la cité ). Il a deux frères
Adimante et Glaucon (on les retrouve comme interlocuteurs dans « La République ») et une sœur Potonè. Issu d’une famille
de hauts magistrats, il est destiné à faire une carrière politique. Pourtant, à partir de considérations politiques sa vie fut
bouleversée. Indigné ( on est indigné quand on constate l’absence de bien) par la mort injuste de Socrate, par le fait que des
méchants, des cités, puissent faire périr un homme juste il s’étonne devant le mal, l’injustice. Il constata que les cités sont
injustement gouvernées, elles ont de mauvais régimes politiques, leur législation et leur moralité sont corrompues.
L’indignation et l’étonnement le poussèrent à se révolter contre les préjugés, les habitudes, et à devenir philosophe pour
chercher une cité juste, celle qui n’aurait pas condamner Socrate.
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2) Milieu historique.
Il vit une période de crises.
- a) La Guerre du Péloponnèse a éclaté en 431 quelques années avant la naissance de Platon. Elle durera plus de 30 ans. Elle
oppose Athènes à Thèbes et Sparte (jalouses d’Athènes devenue florissante sous le règne de PERICLES, 495-429 av J. - C.).
Athènes vivait, avant ces guerres, une période glorieuse : paix ; puissance navale et commerciale ; arts (construction de
l’Acropole, sculptures, arts avec PHIDIAS, PRAXITELE ; lettres avec SOPHOCLE), urbanisme développé et démocratie.
Périclès meurt en 429 deux ans après le début de la guerre et après lui tout se dégrade dans le gouvernement d'Athènes. En
406 la flotte athénienne affronte la flotte spartiate. À la fin du combat gagné par Athènes une tempête s'élève et empêche les
vainqueurs de recueillir les survivants et les corps des victimes. Quand l'escadre revienne au Pirée, les stratèges sont accusés
d'incompétence. Jugés en bloc ils furent condamnés à mort. Socrate s'acharna à dénoncer l'illégalité de cette procédure.
Quelque temps plus tard l'assemblée populaire reconnut son erreur et réhabilita ceux qu'elle avait tués.
La jeunesse de Platon se déroule dans un moment crucial où la démocratie athénienne se montre incapable de faire
face aux attaques. PLATON a environ trente ans lorsque ces guerres s’achèvent par la capitulation d'Athènes (flotte
détruite), en partie rasée par les Spartiates vainqueurs. La démocratie est tenue pour responsable du désastre.
- b) Sparte impose à Athènes, en 421, un gouvernement oligarchique ( oligarchie gouvernement aristocratique dégénéré :
ce ne sont plus les meilleurs qui gouvernent, mais les plus riches), tyrannique, il avait un pouvoir absolu. Il est constitué par
un conseil de 30 magistrats parmi lesquels Critias cousin de la mère de Platon, et l'oncle de Platon, Charmide : ce
gouvernement des Trente accumule violences et injustices. Platon découvre que ceux qu'il admirait collaborent avec
« l’occupant » ( Sparte) servent leurs intérêts et non celui de la cité d’Athènes. Critias est le plus féroce de tous, il confisque
arbitrairement les biens des citoyens, condamna à mort de plus de 1500 personnes, le nombre des bannis est énorme. Socrate
avait refusé d’obéir aux Trente : il refusa d’arrêter un partisan des démocrates exilés Léon de Salamine, alors réfugié à
Salamine, alors qu'il risquait la mort pour désobéissance, mais il ne fut pas tué car en 403 les oligarques sont renversés, les
démocrates exilés reprennent le pouvoir, la démocratie est rétablie. Pourtant lors de leur retour au pouvoir les démocrates
firent voter une loi contre SOCRATE : elle interdisait « d’enseigner l'art de la parole », puis ils condamnèrent à mort
Socrate. Platon fut bouleversé par cette condamnation à ses yeux injuste de Socrate.
- c) PLATON voit la guerre civile éclater à Athènes entre :
* Les partisans de Sparte et de son régime aristocratique (que PLATON préfère car c’est le gouvernement par une élite. Cf. :
Le philosophe roi de la cité et la critique de l’égalité arithmétique ci-dessous”).
* Les partisans d’Athènes et de son régime démocratique (gouvernement par tous).
- d) Il assistera au rétablissement de la démocratie à Athènes et verra une nouvelle menace pour les cités grecques : celle
d’une guerre contre Philippe II de Macédoine. Dix ans après la mort de PLATON, les cités grecques se soumettent au
vainqueur Philippe II de Macédoine.
Intérêt de ces crises ?
Elles détournent, avec la mort de Socrate, PLATON de sa carrière politique à laquelle sa naissance aristocratique le
destinait, mais elles éveillent en lui la vocation d’éducateur politique. Il va réfléchir à la cité idéale qui ne serait pas basée
sur une puissance matérielle (argent, commerce ...), mais sur une puissance morale et spirituelle, une cité où ce qu’il a vécu
(violences, guerres, injustices, mort de Socrate ...) ne serait plus possible.
3/ Son éducation et l’influence des autres philosophes sur sa pensée.
Education de jeune aristocrate, malgré tout heureux, grammaire, poésie, musique, gymnastique. Il est doué intellectuellement
et physiquement (deux fois couronné aux jeux athlétiques nationaux). De son vrai nom ARISTOCLES, son maître de
gymnastique le surnomme PLATON, il dût son surnom de Platôn = le large, à cause de sa large carrure : il est fort et
vigoureux. Il aurait fait de la peinture, de la poésie et de la tragédie avant sa rencontre avec SOCRATE.
Influence des autres philosophes sur sa pensée.
a) Influence d’HERACLITE d’Ephèse et de PARMENIDE.
Il est d’abord élève de CRATYLE, disciple d’HERACLITE (philosophe présocratique grec 540-480 av J. -C.).
- Pour HERACLITE : tout dans la nature change sans cesse, l’être est changeant, il est en mouvement, il évolue dans le
temps. « On ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve. ». Il faut se fier aux sens qui nous donnent le devenir, le
changement, le mouvement. ( précurseur de la philosophie empiriste) Tout change (La science contemporaine confirme par
exemple que le soleil est sans cesse changeant). Il s’oppose à PARMENIDE.
- Pour PARMENIDE : « L’Etre est, le non-être n’est pas. » Le non-être, c’est le changement. Si l’être change, il n’est plus
ce qu’il était. L’être est éternel, il est immuable, il est stable, il n’évolue pas dans le temps. (Exemple : le cristal est toujours
le même, le soleil reste toujours le même : son identité s’est maintenue à travers ses apparences changeantes). L’être stable
est donné par la raison. Il faut se fier à la raison ( précurseur de la philosophie rationaliste).
Intérêt de cette contradiction pour PLATON : PLATON apporte une solution aux problèmes soulevés qui divisaient les
présocratiques.
- * Comme HERACLITE : PLATON dit que le monde sensible est changeant donc il n’est pas l’être véritable,
- * Comme PARMENIDE : dans le monde intelligible les Idées sont éternelles, elles ne changent pas, elles sont les êtres
véritables.
b) Influence de SOCRATE.
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Sa rencontre avec SOCRATE bouleverse sa vie. Après avoir suivi les leçons d’un disciple d’Héraclite : Cratyle, et d’un
disciple de Parménide : Hermogène, il fut admis dans le cercle socratique. Le philosophe ALAIN dira que cette rencontre a
été « Le choc des contraires. » PLATON a 21 ans lorsqu’il rencontre SOCRATE qui a alors 63 ans.
SOCRATE PLATON
Agé. Jeune.
Milieu modeste. Milieu d’aristocrates.
(père sculpteur, mère sage-femme) (Père magistrat)
Très laid. Très beau.
Mal vêtu . Bien vêtu…
Intérêt de cette rencontre pour PLATON ?
PLATON se rend compte que, si SOCRATE n’est pas "beau" en apparence (les sens sont trompeurs), il incarne la beauté de
l’âme qui est la seule beauté importante, donc la véritable beauté n’est pas donnée par les sens.
L’enseignement de SOCRATE :
- Il ne veut pas communiquer un savoir « Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. » Il n’est pas un savant (les
présocratiques étaient des « scientifiques » ils étudiaient l’univers, et faisaient des cosmologies. SOCRATE n'a pas fait de
cosmologie. Il met en pratique la devise donnée par un des sept sages de la Grèce antique Chilon le Lacédémonien (Sparte)
écrite sur le fronton du temple de Delphes : « Connais-toi toi-même ». Pour les présocratiques la priorité est de connaître
la nature : les présocratiques élaborent des cosmologies, ils sont les physiciens, ils étudient la « phusis » ( ou physis) ou les
lois de la nature, accessoirement ils étudiaient l’homme comme étant un élément de la nature. Cette devise reprise par
Socrate signifie qu’avant de connaître la nature il faut d’abord réfléchir sur nos propres pensées, et connaître ce qu'est par
essence l'homme, la philosophie doit être avant tout éthique et politique. Socrate est considéré comme le père de la
philosophie car il lui donne un nouvel objet : il centre sa réflexion sur l’homme. Etre un homme c’est décider ce qui
vaut pour le citoyen et la cité, en écoutant sa raison. La liberté de la décision conduit à la responsabilité qui fait peur. Les
hommes préfèrent se reposer sur les traditions, sur les opinions des autres. L'éducation telle qu'on la pratiquait apprenait
le conformisme. Il faut opposer au bavardage utilitaires des sophistes, des enseignants, le langage qui pose les questions
essentielles à tous les hommes et qui permettent d'y répondre : c'est le LOGOS, discours philosophique, rationnel et
raisonnable qui cherche l'objectif et l'universel. Le langage philosophique permettra de trancher quand les opinions entrent
en conflit, quand on veut échapper aux violences sociales engendrées par ces opinions. Socrate pensait que les spéculations
sur la nature étaient de peu d’intérêt car la nature ne dépend pas de l’homme, par contre ce qui dépend de l’homme, de sa
volonté, de sa raison, c’est un ensemble de questions pratiques : éthiques et politiques. Il est le premier philosophe à ne
pas faire de cosmologie ( Note : Platon va refaire une cosmologie dans le Timée, mais elle n’est plus aussi essentielle que ce
qu’elle l’était chez les présocratiques, et elle est essentiellement mathématique) .
Socrate prétendait ne rien savoir, il parcourait les rues d'Athènes à la recherche de la vérité et il interrogeait les spécialistes
qui étaient sensés savoir, sur leur spécialité : par exemple il interroge l'être qui passe pour être vertueux, Ménon, sur la
vertu ; le général sur la guerre et le courage ; un poète sur la poésie et le beau, un homme d'État sur le bien et le juste pour
tous… Socrate utilise une méthode double :
1 / L’ironie. ( en grec eirôneia c’est l’interrogation de celui qui feint d’ignorer) L’ironie a un inventeur Socrate. Sa fonction
est de réfuter une opinion. C’est l’art (ou technique, ou méthode) d’interroger les interlocuteurs, (en particulier les
spécialistes ou les sophistes) qui prétendent tout savoir. Face à l’assurance du discours de son interlocuteur ( Exemple illustré
par Platon, dans Ménon, Ménon prétend qu’il n’y a pas pour lui de difficulté à définir ce qu’est la vertu, de plus il passe aux
yeux des athéniens pour un homme vertueux) Socrate par des questions pousse son interlocuteur à voir l’absurdité de ses
propos. Quitte parfois en feignant l’ignorance ( ce qui a donné lieu au sens moderne de l'ironie : « dire le contraire de ce que
l'on pense »). Par ses questions, SOCRATE, en feignant ne pas comprendre ce que dit son interlocuteur, met en évidence
toutes les conséquences et les contradictions d'un discours en apparence solide mais qui n'est en réalité qu’une opinion
portant sur le subjectif, l’éphémère, ce qui est en devenir, c’est-à-dire ce qui advient, et disparaît, ce qui naît , se développe,
meurt, change dans le temps et dans l’espace.
[ Note : le savoir véritable est objectif, universel, il porte sur le permanent, l’essence des choses. La vérité se définit par sa
permanence et son universalité. Elle ne doit pas être confondue avec la relativité, l’inconstance des opinions. Ce qui est vrai
aujourd’hui a été vrai dans le passé et l’est pour toujours et pour tous les hommes. Pour Socrate et Platon les dieux sont
éternels comme les astres et les Idées. Les Idées, comme le Beau, le Vrai, le Juste, le Bien, sont des essences éternelles
divines. Ce qui expliquera que pour Platon le philosophe qui est capable de contempler ces Idées est semblable aux
dieux, il ressent le vrai bonheur.]
Par l’ironie Socrate amène son interlocuteur à découvrir les contradictions dans ses pensées, à douter de ses évidences,
(l’opinion, même droite, n’est pas un savoir véritable car elle est un avis subjectif), et finalement à admettre son ignorance.
L'ironie est un travail philosophique, elle ne cherche pas à disqualifier un interlocuteur mais à libérer un esprit de ses
préjugés. L’interlocuteur croyait savoir, l’ironie le rend conscient de sa réelle ignorance.
2 / La maïeutique. ( en grec maieutikè : art de faire accoucher) SOCRATE aide par des questions à “accoucher les esprits”,
des idées qu’ils portent en eux, sans le savoir, par leurs propres forces, sans qu'elles soient transmises ou enseignées
(référence à sa mère sage-femme qui accouchait les corps, elle est une aide extérieure à une femme, elle l’aide à mettre au
monde un enfant que la femme porte dans son corps). SOCRATE est l’accoucheur des esprits. Le philosophe est cette aide
extérieure qui a pour but d’aider l'interlocuteur à enfanter des idées qui sont en lui, à trouver par lui-même, dans son esprit,
le Savoir véritable, la Vérité. Socrate est le maître qui ne fait que diriger la recherche de l'élève ou de l'interlocuteur qui doit
retrouver la vérité par sa propre réflexion. (Exemple la réminiscence est illustrée dans le Ménon 82a 86c, le petit esclave
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de Ménon, va être capable de résoudre un problème de mathématique. Par une interrogation SOCRATE amène un jeune
esclave à “retrouver en lui” une loi de géométrie qu’il n’avait jamais apprise. Il découvre comment construire un carré
de surface double d’un carré donné. Il découvre sa capacité de réfléchir sur une essence intelligible : le Carré ( le mot s 'écrit
avec une majuscule, on pourra aussi l'appeler le carré en soi, ou l'Idée de carré), dont la figure dessinée et perçue par les
sens n'est qu'une image imparfaite). La maïeutique repose sur la théorie de la réminiscence selon laquelle l’âme a
contemplé les idées éternelles avant de les oublier lorsqu'elle est tombée dans un corps, donc apprendre c’est se
ressouvenir. L’âme préexiste au corps. Avant son incarnation dans l’existence actuelle l’âme a été en contact avec les Idées
( les essences), ce dont elle doit acquérir la connaissance de sorte que la connaissance est reconnaissance, réminiscence, c’est
retrouver ce que la mémoire a en partie oublié.
La vérité est alétheia, c’est ôter les voiles ( a : privatif) les apparences, les préjugés) cachent le réel.
La vérité est le dévoilement de l’être réel ( ce qu’il est par essence).
La vérité est une propriété du discours qui dit le réel tel qu’il est. « Le discours vrai dit les choses comme elles sont, le
faux, comme elles ne sont pas » (Platon, Cratyle,385b).
La vérité est adéquation du discours et du réel, quelque soit la personne qui parle. Elle est universelle.
Comment savoir ce qu’est le réel s’il change sans cesse ? C’est pourquoi Platon condamne les opinions, le sensible, le
changement…Seule une réalité stable, permanente, donnée par la raison, peut être l’objet d’un discours vrai.
[Note : Platon énonce la norme qui deviendra courante de la vérité scientifique : objective et universelle, portant sur des
essences].
Pour apprendre il faut déjà savoir. La réminiscence permit de surmonter le paradoxe de la recherche. Si on sait
totalement on ne cherche pas puisqu'on sait. Si on ignore l'existence d'une chose, on ne la cherche pas. Le moyen de
surmonter ce paradoxe est d'admettre que dans toute recherche on a déjà une petite idée de ce que l'on cherche. Celui qui ne
saurait pas qu'il existe une vérité, une justice, une beauté, etc. pourrait-il les chercher ? [ Note : dans la même perspective,
saint Augustin dira qu’on ne chercherait pas Dieu si on ne l’avait pas déjà trouvé, si on ne savait pas qu’il existe.Pascal
dira de même]. Contrairement à ce que disaient les sophistes qui pensaient que l’homme invente les valeurs ( Cf. : le sophiste
Protagoras : « L’homme est la mesure de toute chose. »), Socrate ( et Platon) pense que les valeurs ( le Bien, le Vrai, le
Beau, le Juste…) nous interpellent, tous les hommes sont incités à les chercher car nous savons bien au fond de nous-mêmes
qu’elles existent. Si l’homme désire ces valeurs c’est parce qu’il les a déjà connues dans une vie antérieure, mais l’âme en
s’incarnant a oublié ce qu’elles étaient, sans oublier leur existence. La théorie de la réminiscence signifie que la science (ou
la connaissance) ne se communique pas, mais que chacun peut la trouver en lui-même par une réflexion bien conduite par la
raison. On n’enseigne pas la vérité, on la retrouve au fond de soi, on se la réapproprie. Après avoir détruit les préjugés ( Cf.
l’ironie) la deuxième partie de la méthode, la maïeutique, est donc l’aide à la construction d’un savoir véritable par soi-
même, mais en même temps ce savoir est universel, puisqu’il dit l’être réel, il est vérité.
Il faut pour cela commencer par définir les Idées ou les essnces (Ex. Qu’est-ce que la justice, qu’est-ce que la beauté, qu’est-
ce que l’homme ?… ).
* Si je me fie aux sens je décrirai des hommes particuliers, tous différents les uns des autres ( on en reste aux opinions).
* Pour définir Idée, ou la nature de l’Homme, il faut donner une définition à l’homme, une essence universelle de l’homme
qui ne tient pas compte des différences, des apparences ou des accidents qui existent entre les hommes mais qui montre les
caractères constitutifs immuables qui existent chez tous les hommes : on définira ainsi l’idée d’Homme ou l’Homme en soi
et toutes les Idées de la même façon (Beau, Vrai, Juste…). De même pour distinguer l'opinion, fausse ou droite, de la vérité
il faut des critères objectifs, des essences.
Bien que n’étant pas un savant, SOCRATE est le précurseur de la Science qui n’étudie pas tel ou tel cercle particulier, mais
le concept de Cercle ; pas tel ou tel homme, mais le concept d’homme ...
(Cf. : ARISTOTE, élève de PLATON, « Il n’y a de science que du généra et du nécessaire. »)
PLATON va étudier, comme SOCRATE, les concepts; mais il en fait les Idées car il va leur donner une réalité dans le
monde intelligible (ce que SOCRATE n’avait pas fait) et l’ontologie (science de l’être en soi) est la recherche de l’être en
soi, de l’absolu, de l'essence des choses et des êtres.
La vie et la mort de SOCRATE provoquent la réflexion philosophique de PLATON. SOCRATE montre en acceptant de
mourir, que les idées comptent plus que la vie qui est illusoire, que les hommes qui l’ont condamné sont méchants parce
qu’ils sont ignorants (Ils pensaient bien faire mais ils se sont trompés, ils n’ont pas vu le vrai Bien ; un présupposé de la
philosophie de Socrate : « Nul n’est méchant volontairement. ») Platon reprendra cette idée de son maître. Il existe une
liaison tellement forte entre la pensée et l’action, entre la théorie et la pratique, que c’est ignorer ce qu’est le bien réel que
de mal agir. On ne peut pas faire le mal pour le mal. Cela ne signifie pas qu’on doive disculper le voleur ou le criminel mais
que l’action mauvaise n’est pas perverse, c’est une erreur. Faire le mal est involontaire. Il y a une domination du bien. Tous
les hommes ne désirent que de bonnes choses. Ceux qui déclarent désirer le mal ou bien ils le désirent pour que leur soit utile
et leur procure un bien ou bien ils se trompent quand ils disent vouloir le mal parce qu'il est nuisible et ils ne peuvent pas
vouloir pour eux-mêmes quelque chose qui les fasse souffrir. Le voleur agit en fonction du bien, ne serait-ce que parce qu’il
cherche son bien propre, mais son erreur est de ne pas connaître le vrai Bien, il ignore ce qu’est le Bien qui ne peut être
qu’universel. Le voleur a cherché le bien, mais il a mal agi car il n’a pas tenu compte d’autrui, il a été poussé par ses désirs
irrationnels et n'a pas écouté la raison qui commande de chercher le bien pour tous. Connaître le vrai bien, c’est le faire.
Celui-ci connaît le vrai bien est un homme bon, juste, beau et vertueux.
(Note : Ce présupposé optimiste sera contesté par de nombreux penseurs pessimistes. Exemples le poète latin Ovide, Saint
Paul…, disent voir le bien, l’approuver et pourtant faire le mal qu’ils ne voudraient pas faire).
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