La révolte de 1848 contre la Russie donne un semblant d’évolution. Cela commence par la
proclamation d’une égalité civique entre les minorités, de la part des insurgés et se poursuit
par le traité de Paris de 1858, qui sollicite le pouvoir roumain pour rendre celle-ci effective.
Ces droits n’entrent pas en vigueur et à l’inverse, les persécutions contre les Juifs
s’intensifient sous le règne de Carol Von Hohenzollern. L’antisémitisme, déjà présent au
cours des siècles (principalement sous la forme d’anti-judaïsme), connaît alors une ampleur
sans précédent.
Ce n’est qu’après la première guerre mondiale, à laquelle les Juifs ont participé activement,
que le Traité commence à être appliqué. A la fin de cette guerre, dont la Roumanie sort plus
forte que jamais (le pays devient alors la Grande Roumanie tant rêvée), les Juifs sont gratifiés
de droits particuliers pour le patriotisme dont ils ont fait preuve. Entre les deux guerres, la
communauté connaît ainsi un dynamisme exceptionnel.
Cependant, les Juifs n’ont pas attendu la première guerre mondiale pour se faire une place
dans l’histoire roumaine. La communauté est, dès le milieu du 17ème et jusqu’à la seconde
guerre mondiale, très dynamique. Elle occupe une place importante dans son pays. Les juifs
sont très présents en ville : le recensement de 1899 témoigne de cette réalité en dénombrant
une population urbaine, juive à 30% alors qu’elle est de 1% à la campagne. Ces chiffres sont
encore plus importants dans des villes telles que Falticeni (57% de la population totale),
Dorohoi (53.6%) ou Iasi (50.8%).
Economiquement, la place des juifs est également considérable. Selon les statistiques de 1904,
la part des juifs dans le commerce est de 20,4%. Dans les villes (citées précédemment) où ils
sont très nombreux, ils possèdent souvent plus de 70% des commerces. Aussi, ils sont visibles
dans les professions libérales (qu’ils avaient le droit de pratiquer, contrairement à de
nombreux autres métiers). Par exemple, 38% des médecins exerçant en 1904 sont de
confession juive.
Cette omniprésence dans les domaines marchands et libéraux provient de la place qui a été
accordé à cette minorité, dés son arrivée dans le pays, ainsi que des droits octroyés au gré des
souverains. Cela n’a pourtant pas empêché ses membres de développer une dynamique qui
s’est perçue jusqu’à la seconde guerre mondiale. C’est à ce moment sombre de l’histoire
qu’on peut situer la « fin » de la formidable vie de la communauté juive de Roumanie.
Comme nous le savons, les juifs ont été en première ligne de cette guerre.
En Roumanie, le gouvernement de l’époque tenu par le « maréchal » Antonescu, a eu un
comportement contradictoire envers ceux-ci. Ils sont massacrés pendant les premières années
par les « légionnaires » de la tristement célèbre « garde de fer », groupuscule fasciste qui a
l’autorisation du chef de l’Etat (Antonescu), de mener les actions qu’il souhaite. Sans aucune
indication des Nazis, ces barbares commettent des pogroms (à Iasi par exemple) et des
déportations (en Transnistrie). Par la suite, et à partir de 1944, les Juifs sont protégés par le
gouvernement qui ne résiste pas longtemps et qui est renversé par le Roi Michel.
Le nouveau chef de l’état (le roi Michel, lui-même expulsé par les communistes plus tard),
opposé aux idées mise en œuvre par le Maréchal Antonescu, se retourne contre la force de
l’Axe pour rejoindre les Alliés. Le bilan est pourtant tragique, avec plus de 40% de la