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les rend coupables de faire partie d’une caste de privilégiés, celle des nantis ou des
gens intelligents, basta ! Le monde où ils sont est culpabilisant, et Dieu dans tout
ça ? Il en rajoute une couche et nous rend coupables de notre péché.
On pourrait s’arrêter là et tirer un trait, mais ce ne serait pas le but de ce message,
car j’ai bien l’intention de vous dire que malgré tout ce que je viens de dire, Dieu est
présent dans ce monde et selon moi, lui seul peut mettre en nous assez
d’espérance pour que nous puissions y vivre heureux.
Depuis si longtemps les hommes ont voulu faire de Dieu le créateur du monde tel
que ceux qui le dirigent le conçoivent. Ils en ont fait un potentat dont la toute
puissance soumet les éléments de la nature et les organise selon son gré. Ils ont
imposé aux hommes cette lecture des Ecritures comme la seule possible. Ils ont
fait de Dieu le complice des puissants et oublient de constater que la Bible le
présente comme un libérateur et que le rôle qu’il confie à Moïse est d’apporter une
contestation dans le bien fondé d’une situation établie. C’est dans ce rôle qu’il
s’approche de Caïn et se fait le protecteur du criminel. Quand l’écrivain biblique
imagine que Dieu est capable de se fâcher contre l’humanité coupable, au point de
décider de sa destruction par le déluge, c’est Dieu qui se révolte contre le rôle qu’on
lui attribue. Il refuse le projet et sauve l’humanité menacée de destruction par la
volonté du narrateur.
S’il convient à une partie de l’humanité dominante de concevoir Dieu comme une
divinité toute puissante faite à sa propre image et dont elle prétend retrouver le
portrait dans la Bible, il est possible pour d’autres lecteurs de découvrir une toute
autre image de Dieu. Dieu est perceptible aussi, sous les traits de celui qui se
présente comme le contestataire du précédent. Il vient vers nous comme celui qui
met en cause les valeurs établies. Et il se définit par des mots qui donnent de la
valeur à la vie des hommes : amour, fraternité, espérance, salut. Dieu est alors
perçu comme le porteur d’une bonne nouvelle pour une humanité perdue dans les
méandres d’un monde qui n’a pas de sens.
J’attire alors votre attention sur les deux premiers mots de l’Evangile de Marc, c’est le
plus vieil évangile. Il dit « Commencement d’une bonne
nouvelle ». Commencement, c’est également le premier mot de la Bible, le premier
mot du livre de la Genèse. La Bible débute par ce mot, puis elle nous raconte des tas
de choses. Elle nous dit qu’au commencement c’était bien et même que c’était très
bien et puis que ça a mal tourné. Elle nous parle du fruit défendu, du serpent
diabolique, d’une pomme de discorde , d’une femme trop curieuse, d’un homme trop
cupide et que c’est là l’origine de tous nos malheurs, mais Dieu se refuse à ce que
nous soyons enfermés dans ce cycle diabolique où nous n’avons pas d’avenir et
d’où il cherche à nous faire sortir. L’Evangile, j’y reviens, se présente
essentiellement comme une bonne nouvelle.
C’est quoi cette bonne nouvelle ? Je reprends alors la série de mots de tout à
l’heure. Amour, salut espérance, fraternité et je les replace dans le contexte où
Jésus les a placés. Mais ça ne suffit pas pour que la mayonnaise prenne et c’est là
encore que les hommes ont fait une mauvaise manœuvre, ils ont rajouté ce qu’il ne
fallait pas. Ils ont dit que ces mots pour devenir vrais devaient être utilisés au
conditionnel, et qu’il y avait des conditions favorables pour que ça marche, mais