ciaux ou stylistiques indispensables dans un environnement en
mutation. Retrouver de l’agilité est alors une priorité.
Enfin, les outils de pilotage et de suivi de la performance
jouent un rôle central dans ce secteur; mais à notre sens, il faut
aller plus loin et considérer toute défaillance à ce niveau comme
un facteur de risque élevé d’entrée dans une phase de difficultés.
Le reporting de l’entreprise doit permettre une analyse fine de
l’activité commerciale, des canaux de distribution, des marges,
du taux de service, qui viendra à l’appui de sa stratégie. Dans le
prêt-à-porter, certains indicateurs spécifiques sont par ailleurs
indispensables: l’état et la rotation des stocks par famille et
sous-famille, les éléments du taux de remise, la mesure de la
pression promotionnelle… ainsi qu’une vision claire de la
contribution réelle de chacun des canaux de distribution aux
profits de l’entreprise. À cet égard, l’entreprise doit disposer
d’indicateurs lui permettant d’apprécier précisément la perfor-
mance de chacun de ses points de vente – non seulement sur le
plan des profits mais aussi de la trésorerie, c’est-à-dire après prise
en compte des investissements d’aménagement – et d’apporter
les nécessaires correctifs à des plans d’ouverture de boutiques
parfois trop ambitieux.
les observateurs du secteur ne tablent pas
sur une reprise avant 2016 ou 2017
Notre cabinet a accompagné nombre d’acteurs du prêt-à-
porter, pour certains en phase de croissance, pour d’autres dans
des situations financières dégradées, voire de défaillance. Les me-
sures de traitement sont évidemment spécifiques à chaque situa-
tion, néanmoins il existe certaines dispositions qui présentent
un caractère générique et méritent d’être connues.
La situation économique largement détériorée de la filière
pose comme préalable aux entreprises en difficulté de dégager
des marges de manœuvre financières très significatives, destinées
à leur permettre de répondre à une triple problématique: juguler
les foyers de perte, lancer des réformes de fond sur les plans opé-
rationnel et commercial, et affronter les conséquences d’une
baisse des ventes liée au déclin du marché sur lequel elles évo-
luent.
Or, le contexte bancaire actuel leur est largement défavorable
du fait du resserrement des conditions de crédit et des réticences
des banquiers à mettre en œuvre, dans ce secteur, des modes de
financement alternatifs. Tout plan de relance passera donc im-
pérativement par un redimensionnement de la dette. Et si les
banques ne souhaitent pas augmenter leur exposition, elles peu-
vent en revanche accepter des rééchelonnements ou des aban-
dons très significatifs dans la conjoncture actuelle; Vivarte en
est un exemple marquant.
À juste titre, les banques seront prudentes quant aux capa-
cités de l’entreprise à se redéployer: elles exigeront donc un plan
approfondi, transparent et validé par des consultants externes,
et reposant sur des hypothèses de marché réalistes. À cet égard,
il convient de rappeler que les différents observateurs autorisés
du secteur ne tablent pas sur une reprise avant 2016 ou 2017:
les banquiers seront donc plus sensibles aux mesures de réduc-
tion de coûts qu’à des plans de redéploiement gourmands en in-
vestissements.
La réalisation d’actifs peu rentables ou non stratégiques fait
généralement partie des exigences des banques, mais représente
aussi une opportunité pour l’entreprise. Elle implique une ana-
lyse détaillée de la profitabilité de ses différents marchés, notam-
ment à l’export, et de son réseau de magasins en propre. La
décision du groupe Esprit de fermer son réseau américain en
2013 en est une illustration spectaculaire, sachant que la marque
est née à San Francisco, mais elle lui a permis d’attaquer les mar-
chés chinois.
En ce qui concerne les leviers d’améliorations stratégiques et
opérationnels, il ne nous appartient pas de les commenter sur
un plan général; tout juste nous permettra-t-on de rappeler à
quel point il est indispensable que leurs effets soient pris en
considération avec prudence et réalisme – y compris dans leurs
conséquences en BFR – dans les plans de retournement, sauf à
risquer de décrédibiliser l’ensemble de la proposition.
Enfin, il est malheureusement nécessaire de rappeler que
l’environnement complexe dans lequel les acteurs français du
prêt-à-porter évoluent appelle des mesures tranchées et structu-
relles: un plan «à l’eau tiède» ou trop dilué dans le temps a
toutes les chances d’échouer, voire de ne pas convaincre les ban-
quiers prêteurs. Les restructurations d’effectif, les arbitrages stra-
tégiques, voire des évolutions managériales sont en général
inévitables.
NOVEMBRE-DÉCEMBRE 2014 FUSIONS & ACQUISITIONS MAGAZINE 65
AVIS D’EXPERT
L’environnement
complexe dans lequel
les acteurs français du
prêt-à-porter évoluent appelle
des mesures tranchées et
structurelles : un plan « à l’eau
tiède » ou trop dilué dans
le temps a toutes les chances
d’échouer, voire de ne pas
convaincre les banquiers
prêteurs. »
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