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CPO (Cerveau et Psychologie)
CM 1
Introduction :
Naissance de la psychologie : fin 19ème siècle, il se passe alors une certaine affiliation entre la
biologie et la philosophie qui établira le domaine de la psychologie.
La psychologie s’est émancipé, individualisé de la biologie et la philosophie pour s’approprié
l’histoire de la pensée.
En 1956, des chercheurs scientifiques se sont retrouvés dans une science pluridisciplinaire et
se sont alors regroupés dans les sciences cognitives.
Les objectifs de ces sciences cognitives sont de « décrire, expliquer et simuler les principales
dispositions et capacités de l’esprit, humain-langage, raisonnement, perception, coordination
motrice, planification » (Andler, 1989). Les disciplines de ces sciences sont la neuroscience,
la psychologie, l’intelligence artificielle...
On peut alors se poser différentes questions sur ce nouveau cours de « cerveau et
psychologie » :
Comment fonctionne la pensée ?
Comment je perçois et interprète le monde environnant ?
Pourquoi est-ce difficile d’apprendre ?
Qu’est ce qui motive mes choix et mes prises de décisions ?
Pourquoi j’aime fumer ? Comment fonctionne le mécanisme de dépendance ?
Comment sortir de la dépression ?
PLAN
I- Relation entre cerveau et pensée : approche historico-épistémologique.
II- Les bases neurales de la pensée par l’imagerie fonctionnelle.
III- Les substrats cellulaire et moléculaire de la pensée.
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I- Relation entre cerveau et pensée : approche historico-épistémologique.
On retrouve sur des crânes humains vieux de plus de 7000 ans des traces de
trépanation. Celle-ci est une opération consistant à perforer le crâne d’une personne de son
vivant qui en survivait d’ailleurs. Nos ancêtres connaissaient bien le cerveau mais on ne sait
pas si c’était des rîtes magiques ou si c’était pour enlever des maux de têtes.
Dans la Grèce antique, sur certains papyrus, on parle de cerveau (ex : Cas 22 : « Si tu
examines un homme ayant la tempe enfoncée... lorsque tu l’appelles, il ne répond pas, il a
perdu l’usage de la parole »). Durant les cérémonies d’embaumement, les organes du défunt
sont conservés dans des jarres pour la vie de l’au-delà.
1- Approche historico-épistémologique.
1. 1 - Pensée immatérielle.
1. 1. 1 - De l’Antiquité à la Renaissance.
Tout au long de l’histoire, on repère une importance du cœur à la place du cerveau
dans l’étude de la pensée. A l’époque de l’antiquité, les médecins et philosophes parlent de
l’importance du cœur qui est source de vie (car il est chaud, il bat et on peut relier ses
battements à des émotions). Le cœur est dit source de pensée, d’intelligence et d’émotion :
cette théorie a été faite par Aristote (384 - 322 avant J. C.) et se nomme le cardio-centrisme.
Une autre théorie développé par Hippocrate (460 - 340 avant J. C.), Platon (427 - 347
avant J. C.), Hérophile (331 - 250 avant J. C.) et Galien (130 - 200 après J. C.) est plus
focalisée sur le cerveau : c’est le cérébrocentrisme. Le cerveau a longtemps été considéré
comme froid (donc sans aucune source de vie), puis, au fur et à mesure de l’histoire, il
prendra une place centrale dans la pensée. Celle-ci est, d’après les gens de cette époque, soit
située au niveau du cœur soit au niveau du cerveau : elle permet d’engendrer les
comportements d’autrui. La pensée est immatérielle et est appelée de différentes manières tout
au long de l’histoire :
Psyché , Esprit , Ame
Pneuma, Esprit Animal VITALISME
Fluide Nerveux
Ce courant de pensée s’appelle le Vitalisme.
Démocrite (460 - 370 avant J. C.), lui, est opposé à la théorie du vitalisme et élabore
ainsi la théorie de l’atomisme : c’est une théorie des atomes qui se veut d’expliquer l’homme
sans faire intervenir la pensée (« La pensée et l’être sont une seule et même chose »
Parménide). Les atomistes sont très penchés sur des théories matérielles : on redécouvrira ce
matérialisme bien plus tard lorsque les gens de la renaissance réétudieront les travaux des
anciens.
Galien (130 - 200 après J. C.) va établir sa théorie ventriculaire localisée sur le
cerveau, on y voit d’ailleurs des reprises de cette théorie sur différentes gravures (Ex :
gravure de Rusconibus 1520) qui essaient de la vérifier. Pour connaître les emplacements des
différents ventricules cérébraux, la dissection était interdite sur l’être humain donc elle a é
faite sur des animaux. Ainsi on a put se rendre compte qu’à chacun des ventricules s’associe
une fonction de la pensée. Ces ventricules sont au nombre de trois :
Ventricule antérieur : domaine de l’imagination.
Ventricule central : domaine de la connaissance et de la pensée pure.
Ventricule postérieur : domaine de la mémoire.
Ces pensées perdureront du moyen-âge jusqu’à la renaissance.
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1. 1. 2 - De la Renaissance au 19ème siècle.
C’est à partir de la renaissance, que se passe une évolution, une mutation dans les idées : on
voit l’éveil du sens critique (Ex : Vésale remet en question l’autorité des anciens).
A la renaissance, il y a la levée de certains interdits, ainsi on peut analyser à nouveau des
cadavres humain (ce qui ne s’était pas fait depuis des siècles). On recommence à observer la
nature et à lui rester fidèle. C’est ainsi que Léonard de Vinci (1452 - 1519) va aliser une
planche anatomique de l’être humain, tout en respectant ses formes naturelles.
Dualisme et matérialisme : Descartes (1586 - 1660) va émettre sa théorie dite du
dualisme, pour lui la matière est fondée sur deux entités fondamentalement différentes ; l’âme
et la matière. La particularité de sa théorie est qu’il va localiser l’âme dans une toute petite
partie du cerveau : celle de la glande pinéale (appelée aussi épiphyse et située au centre du
cerveau). Pour Descartes, l’âme est limitée à une petite partie du cerveau et ne fait pas vivre le
corps. Le corps est autonome de l’âme ; c’est un corps machine, automatique (qui fonctionne
comme une horloge : matérialisme). La conception du corps humain par Descartes est très
mécaniste : il y a un lieu entre la parole et la pensée. Lorsqu’un être est dépourvu d’âme, il est
dit d’animal machine. Mais cette théorie a donné lieu à des abus sur ce que voulait dire
Descartes (Ex : l’enfant malade mental sera appelé enfant machine).
Un autre courant de pensées s’est développé progressivement, au 17ème siècle avec
Gassendi qui va émettre l’hypothèse que les animaux ont une âme (c’est « l’âme des bêtes »).
Il y a alors un débat qui voit le jour : on essaie de retrouver chez les animaux des capacités
psychologiques, on dit alors que l’animal peut résonner, mémoriser... Puis on essaiera de
rapprocher l’animal de l’homme, c’est un débat important car il dévalorise l’âme mais il
disparaîtra du coté scientifique et va ressurgir ensuite au 18ème siècle avec les lecteurs de
Démocrite qui vont reprendre l’idée du matérialisme de l’âme.
1. 1. 3 - Le 19ème siècle : avènements des sciences objectives.
Dans ce courant de pensée, arrive quatre découvertes importantes :
Darwin, 1859 : La filiation évolutive (homme / animal), étude matérielle entre
cerveau et pensée.
Pavlov, 1897 : Le réflexe conditionné.
Broca, 1861 : La localisation cérébrale du langage.
Ramon y Cajal, 1888 : Les cellules de la pensée.
Les sciences biologiques sont nées avec Darwin et ses théories dans l’origine des espèces
(1859) disant qu'il existe une filiation entre l’homme et l’animal.
Yvan Pavlov va parler du réflexe conditionné en étudiant la salive du chien en disant que
celui-ci peut tout autant saliver pour un os que pour le son d’une cloche (c’est un réflexe
conditionné).
Paul Broca est, lui, plus axé sur la neuro-anatomie. Il va ainsi s’intéresser à la localisation
dans le cerveau d’une fonction de la pensée qui sert au langage. Cette découverte est d’autant
plus importante, car grâce à cela, on peut localiser des fonctions dans le cerveau : c’est la
théorie localisationiste.
Ramon y Cajal dira qu'il y a des cellules qui supportent la pensée ; c’est un réseau assez
discontinu.
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1. 2 Le 19ème siècle.
1. 2. 1 Darwin (1809-1882) : filiation évolutive entre l’animal et l’homme.
Darwin est un naturaliste anglais qui va voyager et observer des oiseaux, ainsi il va distinguer
notamment quatorze espèces différentes de pinsons.
Il va alors émettre sa théorie de l’évolution selon laquelle la sélection naturelle est une
compétition entre les différentes espèces : les espèces les moins adaptés au milieu vont
disparaître alors que les espèces les mieux adaptés vont se transformer. Darwin dira ensuite
qu'il y a une filiation (parenté) entre toutes les espèces vivantes et donc entre l’animal et
l’homme dépendant non pas sur des facultés physiques mais plutôt sur des facultés
psychiques. Il parlera aussi de la filiation entre l’animal et l’Homme*, il cherche à retrouver
les expressions des émotions identiques chez l’animal et l’homme (Ex : chez l’homme, sa
colère s’exprime physiquement lorsqu’il montre ses dents et a les yeux légèrement plissés ;
chez l’animal, sa colère s’exprime de la même façon, il montre ses crocs).
Ce débat est très virulent à cette époque, car la pensée n’est donc pas attribuée que pour
l’homme mais aussi pour l’animal.
Anecdote sur Darwin : Parmi ses contemporains, il y a eut Freud (neurologue avant
d’être psychanalyste) qui a travaillé sur le système nerveux des écrevisses : c’est cela qui l’a
orienté dans des recherches sur l’être humain plus particulièrement.
Ces théories Darwiniennes montrent bien une cassure entre la pensée de l’homme et celle de
l’animal.
* L’expression des émotions chez l’animal et l’homme, 1872, Darwin.
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