
- Le terme cyclique renvoie à l’amplitude du mouvement, qui doit être plus ou moins
constante, alors que l’intervalle de temps séparant les différentes phases dépend de la
périodicité. Ainsi cyclicité et périodicité ne sont pas des notions qui se confondent.
En pratique, les mouvements que nous avons à étudier en économie sont des phénomènes qui
certes se répètent, se reproduisent mais sans que l’on puisse y trouver la perfection, la
régularité présentes dans les domaines de la physique et de la mécaniques auxquelles sont
empruntées ces notions. Ainsi, bien que le terme soit couramment utilisé en de nombreuses
circonstances, il n’y a pas de véritable cycle en économie. A la limite on ne devrait parler que
de tendance cyclique sous-jacente aux mouvements économiques. Or, pour désigner ces
phénomènes, on trouve également dans la littérature les expressions d’oscillation ou de
fluctuation, d’où les risques de confusion. Ainsi, la rigueur des analyses rend nécessaire de
donner de plus amples précisions et restrictions quant à l’utilisation du mot « cycle ».
Comme pour la croissance, la variable centrale du cycle est le produit global. Un certain
nombre de caractéristiques permet d’utiliser le terme de façon à disposer de propriétés
précises :
- il est alterné
- il se reproduit à intervalles relativement réguliers
- il est d’une amplitude ne dépassant pas certaines limites.
L’analyse contemporaine ajoute également la notion de persistance. Cette propriété indique
que si le PIB augmente à un rythme un peu plus rapide au cours d’une période, il y a de fortes
chances pour qu’il en soit de même pendant plusieurs périodes. Inversement, lorsque l’activité
commence à ralentir, la baisse du rythme de l’activité se poursuit généralement pendant
quelques temps. Pour le théoricien, la persistance est sans doute la caractéristique la plus
intéressante et la plus complexe du cycle économique. S’il est relativement facile d’expliquer
pourquoi la production est fluctuante en faisant appel à des erreurs d’anticipations, les
saturations, les variations des taux d’intérêt, les rigidités… il est beaucoup plus difficile
d’expliquer pourquoi un retournement de la conjoncture a une certaine durabilité.
A la différence d’une manifestation cyclique, un phénomène de fluctuation a un caractère
souvent erratique, imprévisible.
C’est de façon relativement pragmatique que vont se développer les premières tentatives
d’explication du cycle. Historiquement, le recensement d’un certain nombre d’évènements
permet d’énoncer des « faits stylisés ».
2. Les faits empiriques historiques
L’analyse des cycles par rapport à la croissance est largement dépendante de
l’évolution historique des économies. En effet, avant la seconde guerre mondiale, les pays
développés à économie de marché (PDEM) ont connu de fortes fluctuations de leurs
principales variables macroéconomiques (PIB, inflation, chômage…). Ces perturbations, en
particulier le fait qu’à certaines périodes les pays ont pu connaître des « crises » économiques,
càd des périodes où le taux de croissance du PIB a été négatif, a conduit beaucoup
d’économistes à tenter de définir des cycles réguliers d’évolution des systèmes, basés sur la
valeur absolue des variables. Voir graphiques 1 à 4 tirés de « La croissance économique »
de Barro et sala-i-Martin. Et tableau 1 p16 de Lecaillon et al.
L’un des premiers auteurs à tenter de mettre en évidence statistiquement des cycles est
Juglar, en 1862. Clément Juglar est un médecin français. Il analyse la France, la Grande
Bretagne et les Etats-Unis et met en avant des cycles d’une durée de 9 à 10 ans.