IV - LA PREVENTION NUTRITIONNELLE
Les maladies des artères du cœur (les artères coronaires) représentent
une cause importante de mortalité à travers le monde.
Des relations très claires entre la survenue de maladies des artères du
cœur et une alimentation trop riche en graisse et cholestérol ont été
établies.
Cette relation s’explique essentiellement par une élévation du taux de
mauvais cholestérol dans le sang (le LDL-cholestérol) due à une
alimentation trop riche en graisses saturées.
Ainsi, lorsque nous comparons le taux de cholestérol d’une population
chinoise par rapport à celui observé au travers d’une population des
Etats-Unis, nous nous apercevons que le taux de survenue d’une
maladie des artères du cœur est 16,7 fois plus élevée pour les hommes
et 5,6 fois plus élevé pour les femmes aux Etats-Unis.
Nous comprenons ainsi que le taux de cholestérol dans le sang soit au cœur de
l’axe de prévention des maladies cardiovasculaires
Cette prévention vise trois objectifs :
1 - Prévenir l'athérosclérose en diminuant le cholestérol LDL
- Rappel de chimie : les graisses selon leur structure chimique sont dites
"saturées" ou "insaturées".
- Diminuer les lipides alimentaires ou acides gras "saturés" comme ceux
provenant des graisses animales, car ils augmentent le mauvais
cholestérol LDL.
- Diminuer les acides gras dits "trans" (pâtisserie)
car ils augmentent le LDL et diminuent le HDL.
- Favoriser les acides gras Mono-insaturés
car ils diminuent le cholestérol total et le mauvais cholestérol LDL.
L'huile d'olive riche en acide gras oléique mono-insaturé, est très présente
dans le régime méditerranéen. Les études épidémiologiques ont démontré
que ce type d'alimentation s'accompagne d'une diminution de la pathologie
cardio-vasculaire.
Cas particulier des Oméga-3
- Présentation
Ces acides gras, extrêmement intéressant pour la santé, sont retrouvés
en quantité importante dans les poissons des mers froides ainsi que, sur
nos côtes, dans le maquereau, le hareng, les anchois, la sardine et le
rouget. Les fruits de mer constituent également une source importante
d’apport en oméga-3 (acide alpha-linoléique).
Les apports conseillés sont de 250 à 550 mg par jour en oméga-3 de
source marine et 800 à 1100 mg/jour en oméga-3 provenant des
aliments végétaux.
Les oméga-3 sont dotés de propriétés protectrices vis-à-vis du système
cardiovasculaire, en agissant sur la réduction de l’athérosclérose (ce qui
évite la formation de plaque dans les artères) mais aussi sur le sang en
limitant l’apparition de caillot.
L’effet positif des oméga-3 est due à des composés présents dans les
oméga-3, l’acide alpha-linolenic pour les plantes et l’acide
eicosapentaenoic (EPA) et docosahexaenoic (DHA) pour les produits
marins.
Dans notre alimentation d’aujourd’hui, les oméga-3 sont plus que jamais
dépendant de la présence des oméga-6. En effet, le rapport oméga-
3/oméga-6 est largement en faveur des omega-6 avec un rapport de
1/15 à 1/20. Les oméga-6 n’ont pas d’effet bénéfique sur l’organisme en
général et le système cardiovasculaire en particulier (effet favorisant
l’inflammation).
Problème de l’utilisation des Oméga-3 dans l’organisme
Les acides oméga-3 et oméga-6, pour déployer toute leur action au
niveau de l’organisme, doivent être transformés par des enzymes qui
sont les mêmes pour les oméga-3 ou les oméga-6. Cependant,
l’alimentation moderne nous apportant un taux élevé d’oméga-6
(principalement contenu dans les huiles alimentaires), il va y avoir une
compétition pour les enzymes entre oméga-6 et oméga-3.
De ce fait, les oméga-3 ne pourront pas « s’exprimer » totalement car ils
ne seront pas métabolisés par les enzymes qui seront très largement
occupées par les oméga-6. Nous comprenons donc aisément qu’il n’est
pas nécessaire d’absorber des oméga-3 de manière excessive tant que
l’apport en oméga-6 est important.
- Oméga-3 et prévention cardiovasculaire
Ces propriétés expliquent pourquoi les sujets
qui mangent beaucoup d’oméga-3 sont
relativement protégés des maladies des
artères du cœur et du risque de mort subite.
L’intérêt des oméga-3 a été initialement attiré
sur le fait que les populations eskimos du
Groenland avaient un risque de mortalité par maladie coronaire inférieur
à celui des autres populations, alors que les eskimos mangent beaucoup
de graisses sous forme de produits marins (phoques).
Ainsi, plusieurs études médicales réalisées chez des sujets ayant déjà
présenté un accident cardiovasculaire ont clairement pu mettre en
évidence cet effet bénéfique des omega-3 sur le système
cardiovasculaire, en réduisant la mortalité cardiovasculaire.
De plus, les acides gras de type oméga-3 ont montré leur effet bénéfique
sur les maladies inflammatoires, or la genèse de l’athérosclérose est
étroitement dépendante de l’inflammation dans le sang.
Des études ont clairement mis en évidence le fait qu’un régime riche en
aliments à forte charge glycémique était responsable d’une élévation des
marqueurs biologiques de l’inflammation dans le sang, ce qui est le
contraire dans le cas des régimes riches en oméga-3 et pauvres en
aliments à forte charge glycémique (haute teneur en sucre).
Pourquoi les Oméga-3 sont-ils si importants dans la physiologie
humaine ?
Les omega-3 sont des constituants essentiels
des membranes des cellules et ils influencent
la fluidité des membranes ainsi que le passage
des ions au travers cette membrane. La
présence des oméga-3 est essentiellement
observée au niveau du cerveau, de la rétine et
surtout du cœur. Leur concentration est
étroitement liée à l’apport alimentaire.
L’effet protecteur sur le système cardiovasculaire lié à la consommation
de poisson est en rapport avec une inhibition de l’agrégation des
plaquettes (ce qui favorise la fluidité du sang), une baisse de la viscosité
sanguine, une diminution de l’inflammation, de la pression artérielle et
enfin de la résistance à l’insuline.
Quels sont les effets des Oméga-3 sur le cœur et les vaisseaux ?
Les effets des oméga-3 sur le cœur et les vaisseaux sont les suivants :
EFFETS DES OMEGA-3
MECANISMES
Evitent la survenue d’arythmies
Influence des canaux ioniques
membranaires
Augmentation de la variabilité de la
fréquence cardiaque
Protection du muscle cardiaque
Luttent contre la formation de
l’athérome
Augmentation du bon cholestérol
Diminution des triglycérides
Effet anti-inflammatoire
Diminue le développement
musculaire des artères
Luttent contre la formation d’un caillot
de sang
Diminution de l’agrégation des
plaquettes
Diminution de la viscosité du sang
Protègent les artères
Améliore leur élasticité
Diminuent la pression artérielle
Protège les organes
Effets des régimes riches en Oméga-3 sur les maladies
cardiovasculaires
Comme nous l’avons précédemment
mentionné, les acides gras saturés doivent
impérativement être évités. Pour cela, il est
important de connaître les aliments les plus
pourvoyeurs de ces acides gras saturés : la
viande grasse, le fromage, les aliments
préparés en friture, le lait, la margarine et le
beurre. Or, nous pouvons constater que ces
aliments sont d’apparition relativement récente dans la nutrition des
hommes (depuis 200 ans environ) et sont principalement le fait de
l’industrialisation.
Aujourd’hui, le rapport oméga-6/oméga-3 est de 10/1 à 20/1 alors qu’il
était de 2/1 du temps de l’ère paléolithique. L’invention de
l’hydrogénation des graisses végétales en 1897 a permis le
développement de la margarine mais a également introduit une nouvelle
forme d’acide gras qui est responsable d’une élévation du mauvais
cholestérol dans le sang et d’une augmentation du risque
cardiovasculaire (les acides « trans »).
Les études épidémiologiques relatives à la consommation d’aliments
contenant une concentration élevée d’oméga-3, comme le poisson, ont
clairement démontré que ces aliments étaient responsables d’une baisse
de la survenue de maladies des artères du cœur.
Ainsi, il a pu être mis en évidence qu’une personne qui consomme en
moyenne entre 30 et 35 grammes de poisson par jour à moitié moins de
risque de développer une maladie cardiovasculaire comparativement à
une personne qui mange rarement du poisson.
De plus, l’efficacité de cette alimentation sur la baisse des maladies
coronariennes semblent plus efficace chez les personnes qui présentent
un risque cardiovasculaire élevé et notamment un surpoids.
L’effet des oméga-3 est indépendant des autres facteurs de risque
cardiovasculaires mais semble un peu moins efficace sur la survenue
des accidents vasculaires cérébraux.
Le régime riche en poisson est également très intéressant chez les
personnes ayant déjà présenté un accident coronarien puisque les
études montrent clairement une réduction de 20% des évènements
cardiovasculaires et de l’ordre de 30% pour la mortalicardiovasculaire
au profit des personnes qui ont une alimentation riche en oméga-3.
Cette baisse de la mortalité cardiovasculaire est essentiellement
attribuée à la baisse de la mortalité subite cardiovasculaire,
principalement liée à l’apparition d’arythmie (voir tableau).
Avec un moindre impact positif par rapport à la survenue d’infarctus du
myocarde, la consommation alimentaire d’omega-3 présente également
un intérêt dans la protection contre la survenue des accidents
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