2e organisation impulsée de l’extérieur de l’Europe : l’OTAN (1950). Pour les Etats-Unis il
s’agissait d’élaborer un moyen d’aider les européens à leur propre défense. En réalité les
européens s’en accomodèrent fort bien : les Etats-Unis prenant en charge les dépenses liées à
la défense du continent. R. ARON parle de « esclavage consenti ».
Deux autres formes d’organisation européenne sont fort limitées dans leur fonctionnement
ou leur ambition.
La première est le Conseil de l’Europe. Il fait suite à la création de plusieurs mouvements
d’opinions européistes comme le Mouvement pour l’Unité européenne » que lance Churchill
en 1947 relayé par de nombreux courants fédéralistes européens. Cette effervescence aboutit
à la réunion de plusieurs nations autour des Etats-Généraux de l’Europe à La Haye (1948).
Etats Généraux qui fondent le Conseil de l’Europe réunissant 15 gouvernements et qui
s’installe à Strasbourg. Ville symbole : cette ville que l’Allemagne et la France s’était tant de
fois disputé devenait le lieu de leur réconciliation. Première forme de construction politique,
vite anéantie par les décisions des états qui créèrent une Assemblée sans compétence où
chaque décision prise peut faire l’objet d’un veto par l’une des nations. Le Conseil de l’Europe
devient donc un forum de négociation entre pays européens.
Limitée également est l’UEO : Union de l’Europe Occidentale. Créée comme nous l’avons dit
à la suite du Coup de Prague (Mars 1948), l’UEO réunit la France, la GB et les pays du
Benelux. Les 5 pays se promettent solidarité et réponse atomique contre toute puissance tiers
agressive. L’UEO dans les faits, du point de vue de la diplomatie française est tout autant
dirigée contre l’URSS que contre l’Allemagne renaissante.
Toutefois la création est limitée par le poids des réalités : que peuvent 9 divisions contre 100
divisions soviétiques. Les membres de l’UEO n’ont qu’une solution : se tourner vers
Washington et demander sa protection : ce sera l’OTAN.
Ces formes montrent que l’organisation vient d’abord de stimulations externes soit de
projets venant de pays européens mais fort limités. Toutefois les uns et les autres préparent la
prise de conscience des européens eux-mêmes sur la nécessité de faire une construction
européenne par eux-mêmes et pour eux-mêmes.
B – UNE CONSTRUCTION EUROPEENNE EN GESINE (1951-1954)
Nous entrons à partir des années 1950 dans une nouvelle étape : celle du dépassement des
projets externes et limités. Pour atteindre non une organisation mais une construction, J.
Monnet développe une stratégie : conserver la grande ambition d’une fédération européenne
(annoncée deux fois dans le plan Schuman) mais en commençant par un domaine très limité,
essentiellement économique. C’est la stratégie des « petits pas ».
La figure de Jean Monnet permet d’abord de s’interroger sur les Pères fondateurs de
l’Europe.
1 – Les pères fondateurs de l’Europe.
De fortes individualités ont incarné ce besoin et cette envie d’Europe.
3 personnalités dominent dont la biographie mérite l’examen. J’en ajouterai un 4e.