LA CONSTRUCTION EUROPEENNE (1945

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LA CONSTRUCTION EUROPEENNE (1945-1989)
(Cartes et autres documents se trouvent dans le manuel Nathan-Klett, chapitres 7 et 9)
A) L’idée européenne à l’issue de la Seconde Guerre mondiale (1945-1949)
1) Construire l’Europe pour garantir la paix
Les tensions internationales qui résultent des traités de paix de 1919 n’ont pas permis de
couronner de succès les initiatives européennes du ministre français des Affaires étrangères
Aristide Briand et des autres partisans de l’unification européenne.
En 1945, la situation internationale a complètement changé par rapport à 1918. Désormais les
Etats-Unis et l’Union soviétique dominent un monde où l’influence de l’Europe a été
fortement diminuée par la guerre. Les Etats européens sont désormais obligés de se
rapprocher s’ils veulent éviter un nouveau conflit et reconstruire leurs pays détruits.
2) Un projet contesté
L’idée de construire une Europe unie est partagée par les principaux courants politiques
européens qui jouent un rôle important au lendemain de la guerre en Europe occidentale: la
démocratie chrétienne et la social-démocratie.
Leur projet européen commun, promouvoir la démocratie, empêcher les guerres et favoriser le
progrès économique et social, les oppose aux adversaires de l’unification européenne.
Les partis communistes s’opposent ainsi à une Europe alignée sur le modèle américain et
hostile à l’Union soviétique. D’autre part, bien qu’il soit favorable à une Europe unifiée, le
Royaume-Uni veut prioritairement maintenir ses liens avec le Commonwealth et les EtatsUnis.
B) Guerre froide et construction européenne (1949-1954) Comment la guerre froide
oriente-t-elle les débuts de la construction européenne?
1) L’Europe, enjeu de la guerre froide
Au lendemain de la guerre les Etats-Unis sont prêts à soutenir financièrement et militairement
la reconstruction de l’Europe libre. Les dirigeants européens et américains considèrent
l’Union soviétique comme une menace : ils veulent donc endiguer l’influence soviétique en
Europe. Les succès électoraux des partis communistes en France et en Italie inquiètent aussi
le gouvernement américain. Celui-ci espère que le vote communiste deviendra moins attractif
si la situation économique et sociale s’améliore.
Afin d’atteindre ce but, le secrétaire d’Etat américain George Marshall propose aux
Européens une aide économique de 13 milliards de dollars. En contrepartie les Etats-Unis
demandent la création d’un organisme européen chargé d’organiser la distribution de cette
aide : l’Organisation Européenne de Coopération Economique (OECE).
En 1948, la montée des tensions en Europe, le coup de Prague et le début du blocus de Berlin
accélèrent le rapprochement militaire entre les pays d’Europe occidentale. Cinq pays
d’Europe de l’Ouest signent le pacte de Bruxelles. Une politique européenne de défense
commune (CED) paraît cependant difficile au regard des appréhensions de nombreux
Européens contre un éventuel réarmement de l’Allemagne. Pourtant, sous la conduite des
Etats-Unis, les Européens ont signé le traité instituant l’OTAN (Organisation du Traité de
l’Atlantique Nord) pour garantir leur défense (1949).
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2) La CECA, une étape décisive de la construction européenne
Jean Monnet, économiste au service du gouvernement français, propose au ministre des
Affaires étrangères, Robert Schuman, un plan instaurant la Communauté européenne du
Charbon et de l’Acier (CECA). Il s’agit de faire un pas en direction de l’unification
européenne et d’empêcher l’Allemagne de redevenir une puissance économique qui puisse
menacer la sécurité de la France. Le ministre français Robert Schuman, d’ailleurs né à
Luxembourg, comprend tout de suite l’enjeu politique de ce plan. La Communauté
européenne du charbon et de l’acier (CECA) doit non seulement faciliter la reconstruction,
mais encore organiser la coopération européenne dans les secteurs clés de l’économie : le
charbon et l’acier. Une nouvelle guerre pourra être évitée en liant les économies des anciens
adversaires.
Le 9 mai 1950, Robert Schuman dévoile son projet qui sera accepté par la RFA, l’Italie et les
pays du Benelux. La Grande-Bretagne refuse pour le moment d’adhérer à la CECA
puisqu’elle veut limiter la coopération européenne à une stricte coopération
intergouvernementale. Le plan de Schuman comprend des éléments d’un pouvoir
supranational (la Haute Autorité) ce qui représente un pas important dans la construction
européenne. Le traité de Paris du 18 avril 1951 met en place la CECA qui aura son siège
provisoire à Luxembourg.
C) La CEE: le temps des projets et des premières réalisations (1957-1958)
1) La relance de Messine
A la suite d’une initiative des trois pays du Benelux, les représentants des six pays de la
CECA se réunissent à Messine (Italie) en 1955 pour relancer la construction européenne.
La France, après la crise de Suez et la répression de la révolte hongroise à Budapest par
l'URSS (1956), a compris qu'elle doit se concerter avec ses partenaires de la CECA pour
continuer de jouer un rôle international important. En effet, ces crises démontrent la faiblesse
des pays européens face aux deux blocs.
La France cherche des débouchés pour écouler sa production agricole tandis que l'Allemagne
de l'Ouest, puissance économique montante, est intéressée à créer un marché commun
européen. Les six États de la CECA signent à Rome le 25 mars 1957 les deux traités créant la
Communauté économique européenne (CEE) et EURATOM (voir carte p. 115).
2) Les traités de Rome (1957)
Les pays signataires décident d'adopter un tarif douanier extérieur commun après une période
de transition de 12 ans. La CEE veut non seulement créer une zone de libre-échange entre les
6 pays membres, mais veut devenir un "grand marché" où circulent librement hommes, biens
et services. La France obtient la mise en route de la Politique Agricole Commune (PAC).
Ainsi la modernisation des campagnes européennes doit permettre de garantir le
ravitaillement alimentaire des pays membres.
L'EURATOM est sensé stimuler le développement de l'énergie nucléaire civile, mais la
France, seule puissance nucléaire militaire des Six, n'a pas intérêt à coopérer avec ses
partenaires dans ce domaine.
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3) De l’AELE aux premiers élargissements de la CEE (1960-1986)
L’association européenne de libre-échange (AELE), créée par le Royaume-Uni en 1960 pour
concurrencer la CEE, montre rapidement ses limites et cherche à se rapprocher de la CEE peu
après sa naissance. En 1963 et 1967, le Général De Gaulle refuse l’adhésion de la GrandeBretagne à la CEE considérant que ce pays est le « cheval de Troie » des Etats-Unis. Le veto
français est levé en 1969 et le poids international de la CEE est renforcé avec l’admission du
Royaume-Uni, du Danemark et de l’Irlande en 1973. Cet élargissement au nord de l’Europe
est complété par une extension de la CEE vers le sud pour stabiliser politiquement des pays
économiquement en retard, mais tout récemment libérés de régimes autoritaires. Ainsi la
Grèce intègre la CEE en 1981, l’Espagne et le Portugal en 1986.
L’INTÉGRATION EUROPÉENNE DEPUIS 1989
A) L’élargissement : jusqu’où? Comment l’Union européenne s’est-elle élargie vers
l’est et quelles sont les étapes de ce processus ?
1) La fin de la guerre froide : un contexte favorable
Pendant la période de la guerre froide, les peuples d’Europe centrale et orientale n’ont pu
rejoindre les Communautés européennes. Avec la suppression du rideau de fer en 1989 cette
frontière qui séparait l’Europe disparaît.
Les anciens membres du CAEM (Conseil d’assistance économique mutuelle ou Comecon)
ainsi que les ex-républiques soviétiques devenues indépendantes désirent rejoindre la CEE qui
soutient la transition vers la démocratie et l’économie de marché avec des moyens importants.
En 1990, l’ancienne RDA est absorbée par la République fédérale d’Allemagne, membre
fondateur des Communautés européennes. La rapidité de la réunification allemande ne permet
pas aux nouveaux Länder de profiter d’une période transitoire avant d’être intégrés dans
l’Union européenne.
2) Trois vagues d’adhésion
L’intégration de l’Autriche, de la Suède et de la Finlande le 1er janvier 1995 ne pose
pratiquement aucun problème puisque ces pays remplissent déjà tous les critères économiques
et politiques exigés des nouveaux membres.
L’élargissement vers les anciens pays communistes de l’Europe centrale et orientale par
contre est plus compliqué. Au sommet de Copenhague (1993), les chefs d’Etat et de
gouvernement de la CE (transformée en Union européenne après le traité de Maastricht)
fixent les critères d’adhésion pour les nouveaux membres (critères de Copenhague). Pour
entrer dans l’UE, il faut accepter l’ « acquis communautaire » (c’est à dire l’ensemble des
droits déjà en vigueur dans l’UE), être un Etat démocratique, respecter les droits de l’Homme
et avoir une économie de marché capable de faire face à la libre concurrence au sein de l’UE.
Les négociateurs incluent deux îles de la Méditerranée (Chypre et Malte) dans le processus
d’adhésion. Les négociations d’adhésion avec la Turquie bien qu’entamées sont loin
d’aboutir. Le 1er mai 2004, dix nouveaux membres rejoignent l’Union européenne (Chypre,
Malte, Estonie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République tchèque, Slovaquie, Slovénie,
Hongrie). Pour des raisons économiques et politiques, la Bulgarie et la Roumanie ne sont
admises que le 1er janvier 2007.
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B) L’approfondissement: quelles institutions pour l’Europe? Pourquoi l’UE est-elle une
construction complexe et originale? (Matière non obligatoire)
Schengen (1985), Acte unique (1986), Maastricht (1992): naissance de l’UE
Avant tout nouvel élargissement, certains pays membres désirent un approfondissement de l’Europe qui est
voulu aussi par une partie des députés du Parlement européen élus au suffrage universel depuis 1979. En 1986,
les pouvoirs du Parlement européen sont élargis dans les domaines budgétaire et législatif. L’Acte unique
(1986) établit un marché unique par la libre circulation des biens et services. A Schengen est signé en 1985 un
accord qui permet la libre circulation des personnes au sein de la Communauté. Sept Etats européens adhèrent
dans un premier temps à cet accord qui entre en vigueur en 1996.
Le traité de Maastricht (1992) englobe les accords de Schengen et l’Acte unique et transforme la CEE
en une Union européenne. Il prévoit une citoyenneté européenne et une monnaie commune, l’Euro, gérée par
une banque centrale indépendante des gouvernements. Cela implique une coordination des politiques
économiques des pays membres. Les critères définis à Maastricht exigent une défense rigoureuse de la monnaie
et une lutte contre l’inflation. Le traité prévoit aussi une politique étrangère et de sécurité commune (PESC),
politique qui reste difficile à réaliser, puisqu’elle exige l’unanimité des pays membres. Le traité de Maastricht
approfondit l’intégration européenne ce qui est critiqué par certains citoyens européens.
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