La théorie mathématique de la correspondance entre les ensembles en l’espèce la langue orale et la langue
écrite vient conforter la théorie scientifique du fonctionnement cérébral pour l’apprentissage de la lecture issue
des résultats des travaux de Stanislas Dehaene par rapport à la construction de cet apprentissage à partir du
signe graphique, c’est-à-dire à partir du stimulus visuel opposé au stimulus auditif du langage.
La langue humaine en général se caractérise par une relation entre deux ensembles qui sont, dans l’ordre
chronologique de constitution, la langue orale et la langue écrite, relation qui, à chaque catégorie d’unité de la
première, associe une seule catégorie d’unité de la seconde. Ainsi, la langue orale et la langue écrite sont deux
ensembles en bijection réciproque. Cette propriété suppose nécessairement une transcription phonologique et
donc transparente ou régulière de la langue écrite. Tel n’est cependant pas le cas dans la plupart des langues
particulières surtout à longue tradition d’écriture comme le français où de sérieuses entorses sont constatées
entre les unités graphiques et les unités phonétiques correspondantes. Pour résumer, dans la généralité des
langues écrites, la relation entre l’oral et l’écrit est bijective en théorie et surjective en réalité. Il n’empêche
que le principe fondamental sur lequel repose la relation entre les deux formes de la langue demeure inchangé.
En somme, selon le mode de fonctionnement cérébral des langues humaines munies de système d’écriture
alphabétique latine, sous le prisme des mathématiques et plus exactement de la théorie des ensembles,
l’apprentissage de la lecture est défini par un ensemble de départ qui est la langue orale, un ensemble d’arrivée
qui est la langue écrite et une relation de la première vers la seconde qui présuppose essentiellement une
transcription phonologique induisant une orthographe transparente de la langue écrite et dans laquelle pour
toute image de la langue écrite il existe un unique antécédent dans la langue orale et inversement, ce qui fait de
la langue écrite et de la langue orale deux ensembles en bijection réciproque.
Dans cette perspective, chaque élément des constantes distributives de la langue écrite est image d’un seul
élément des constantes distributives de la langue orale, pour autant que celle-là provient de celle-ci dont elle
fait office de code et que celle-là est historiquement postérieure à celle-ci ; ce schéma de relation est le
principe même de fonctionnement de la langue écrite à orthographe transparente vis-à-vis de la langue orale. A
tout élément des constantes distributives de la langue écrite est relié un et un seul élément des constantes
distributives de la langue orale ; c’est le principe essentiel de fonctionnement de l’apprentissage de la lecture
par rapport au mode de fonctionnement du système nerveux. Comme cela a été énoncé plus haut, la condition
imposée aux constantes distributives de la langue écrite est une transcription phonologique qui permet une
bijection réciproque entre la langue écrite et la langue orale ou entre les constantes distributives graphiques et
les constantes distributives phonétiques que nous proposons d’appeler correspondance grapho-phonétique
mettant en relation dans un ordre nécessaire et obligatoire le couple graphie et phonie ou lettres et sons
qu’elles représentent du point de vue de la linguistique et de la neuroscience.
Conformément à la théorie des ensembles, étant donné que la langue écrite sert à représenter la langue orale, la
langue orale est l’ensemble de départ et, la langue écrite, l’ensemble d’arrivée. C’est l’ensemble d’arrivée,
langue écrite, qui est la plus directement concernée par l’apprentissage de la lecture. On part alors de
l’ensemble « connu » (au sens intuitif du terme), la langue orale, pour aller vers l’ensemble à connaître, la
langue écrite. Le principe, sous l’angle du mode de fonctionnement du cerveau pour l’apprentissage de la
lecture, en est une démarche qui, à toute constante distributive de la langue écrite, associe une et une seule
constante distributive de la langue orale. Ainsi, suivant le mode d’activation du cerveau pour l’apprentissage
de la lecture, la démarche procède de l’écrit vers l’oral ou des lettres vers les sons qui leur correspondent, d’où
l’expression de correspondance grapho-phonétique. Les constantes distributives graphiques sont, en termes de
stimulation cérébrale pour l’apprentissage de la lecture, l’objet essentiel de la connaissance. Les contenus de
l’objet fondamental du savoir sont les lettres et leurs combinaisons dites syllabes, en tant que constantes
distributives et bases de construction de la langue écrite et de l’apprentissage de la lecture.
L’approche pédagogique de la lecture qui part des lettres pour aller vers les sons correspondants se fonde sur
des arguments qui relèvent principalement de la linguistique, des mathématiques, de la neuroscience et de la
cogniscience. La recherche et la pédagogie de la lecture ont postulé justement le concept mathématique de
correspondance appliqué à la relation entre la langue écrite et la langue orale. Toutefois, elles ne se sont pas
intéressées aux propriétés de cette correspondance par rapport au fonctionnement de la langue humaine en
général et à celui de la langue française en particulier, ce qui leur aurait permis d’éviter l’hypothèse absurde de
l’inexistence des syllabes en français écrit et les profondes difficultés qui en résultent et auxquelles elles se
trouvent confrontées. A ce sujet, il y a lieu de noter en passant ce qui suit : d’une part, la théorie de la
correspondance grapho-phonologique postule implicitement l’existence d’une orthographe transparente du
français écrit et donc l’existence d’une relation bijective réciproque entre le français parlé et le français écrit,